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éternité - Page 2

  • Méditation : Fête des Saints Anges Gardiens

    « Saint Bernard (12e sermon sur le Psaume 90) dit que nous devons honorer nos saints anges gardiens de trois manières : par le respect, par la dévotion et par la confiance.
    Nous devons les honorer par notre respect car ces esprits purs, ces princes du ciel sont toujours près de nous et ils sont témoins de toutes nos actions. Ainsi, par respect pour notre ange gardien, nous devons éviter tout acte qui blesserait ses regards. Sainte Françoise, dame romaine, voyait son ange à ses côtés sous une forme humaine ; chaque fois que quelqu'un se permettait en sa présence une action ou une parole inconvenante, il se couvrait le visage de ses mains.
    Ah ! mon saint ange gardien ! combien de fois ne vous ai-je pas contraint, par mes péchés, à vous couvrir la face ! Je vous en demande pardon et je vous prie d'intercéder pour moi auprès du Seigneur ; je suis résolu de ne plus déplaire à Dieu ni à vous par mes fautes.

    Nous devons, en second lieu, honorer nos saints anges par notre dévotion, à cause de la vénération qu'ils méritent et de l'amour qu'ils nous portent. Il n'est point de père, ni de frère, ni d'ami, dont l'affection puisse surpasser l'amour que les anges gardiens ont pour chacun de nous. Les hommes nous aiment souvent par intérêt, et c'est ce qui fait qu'ils nous oublient facilement lorsque nous sommes dans le malheur, et bien plus encore lorsque nous les offensons ; mais notre ange gardien nous aime uniquement par charité ; c'est pourquoi il nous assiste surtout dans nos tribulations, et il ne nous abandonne pas lors même qu'il nous arrive de tomber dans le péché : Il ne te pardonnera point lorsque tu pécheras (Exode 23, 21) ; il s'efforce alors de nous ouvrir les yeux et de nous ramener à Dieu par un prompt repentir.
    O mon bon ange ! combien je vous suis redevable pour les lumières que vous m'avez communiquées ! que ne vous ai-je toujours obéi ! Ah ! continuez de m'éclairer, reprenez-moi lorsque je manque, et ne m'abandonnez pas jusqu'au dernier instant de ma vie.

    Nous devons enfin avoir une grande confiance dans le secours de nos anges gardiens. Dieu n'a pas contenté son amour pour nous en nous donnant son Fils Jésus pour notre Rédempteur, et Marie pour notre Avocate ; il a voulu nous donner encore ses anges pour nous garder, et il leur a commandé de nous assister durant toute notre vie : Il a commandé à ses anges à ton sujet, de te garder dans toutes tes voies. (Psaume 90, 11)
    O Dieu d'infinie miséricorde ! quels moyens vous reste-t-il donc encore à me donner pour me sauver ? Je vous remercie de tant de bontés, Seigneur !
    Et vous aussi, je vous remercie, ô mon ange, prince du paradis, qui m'avez assisté durant tant d'années ! Moi, je vous ai oublié ; mais vous, vous n'avez pas laissé de penser à moi. J'ignore combien de chemin il me reste à faire pour entrer dans l'éternité. Ah ! mon charitable gardien ! guidez-moi dans la voie du ciel, et ne cessez de m'assister que vous ne me voyiez devenu votre compagnon pour toujours dans le royaume des élus. »

    St Alphonse de Liguori, in « Méditations pour les Fêtes de Saint Michel et des Saints Anges Gardiens », Archivum Angelicum, 1994 (hors commerce).

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    Vitrail de l'église Saint-Martin de Florac (Lozère) : l'Ange Gardien

    « O Dieu créateur et conservateur de toutes choses, qui régnez en souverain au plus haut des cieux, et qui jetez vos regards bienfaisants sur toute la terre, vous avez confié le salut des hommes à la garde et à la vigilance de vos saints anges ; vous avez même porté la bonté jusqu'à nous donner à chacun de nous un de ces esprits bienheureux pour veiller plus spécialement sur nous et sur les intérêts de notre âme ; soyez à jamais béni de vos ineffables miséricordes envers nous.

    Cœur adorable de Jésus, quelle joie, quelle consolation pour moi de savoir que des millions d'anges veillent et prient continuellement autour de vos saints autels pour vous former une cour toute céleste et digne de vous ! Permettez-moi de m'unir à eux pour vous offrir mes adorations. Que pourrais-je, hélas ! par moi-même ? Mais que n'ai-je pas à espérer de cette union sainte, si vous daignez l'agréer !

    Faites, ô Cœur adorable ! que les saints anges, également empressés et pour votre gloire et pour notre salut, viennent sans cesse vous présenter nos hommages, vous offrir nos sentiments, vous consacrer nos cœurs, et suppléer à tous les devoirs que nous voudrions vous rendre, mais dont notre faiblesse et notre impuissance nous mettent hors d'état de nous acquitter.

    Adorable Jésus, qui êtes par excellence l'Agneau sans tache, accordez-moi cette pureté sainte, cette pureté inviolable, cette pureté si agréable à vos yeux, si chère à votre Cœur et qui attire tous les regards de votre complaisance sur ceux qui l'aiment, et que je la conserve plus précieusement que tous les trésors et toutes les vies. »

    Abbé Barthélémy Baudrand, Premier jour de la Neuvaine à l'honneur du Sacré-Cœur de Jésus en union avec les neuf chœurs des anges, in "Pratiques de piété envers les saints anges et en union avec eux", Archivum Angelicum, 1994 (hors commerce).

  • Méditation : Précipitamment ou paisiblement ?

    « La nature est prompte, brusque, impétueuse et ardente en ce qu'elle désire, d'autant que la passion, qui est son guide, et dont le mouvement est de soi nécessaire, et non point libre, est ainsi faite. Omne vitium praeceps est, dit le chancelier de Paris : Tout vice est précipité et étourdi, même celui de la paresse qui va trop lentement en besogne, parce que tout vice est le défaut d'un esprit qui ne considère pas assez les choses. La grâce au contraire est retenue et considérée : Desiderium Justorum omne, dit Salomon, bonum est ; praestolatio impiorum furor (1), et comme traduit Vatable, Indignatio, excandescentia : Tous les désirs des justes sont bons, non seulement à raison de la matière et de l'intention, mais encore à cause de la façon, parce qu'ils ne sont point trop pressants ; ils ne sont ni trop chauds ni trop froids : tandis que ceux des pécheurs sont toujours brûlants ; ils ne sauraient attendre si on ne fait aussitôt ce qu'ils veulent ; ils se fâchent, ils tempêtent, ils entrent en fureur. Omnia tempus habent (2), dit le même : Chaque chose a son temps propre et déterminé ; celle que vous souhaitez n'est pas dans sa maturité ; son temps n'est pas encore venu ; donnez-vous un peu de loisir, l'impétuosité gâte tout.

    Da spatium tenuemque moram, male cuncta ministrat impetus.
    "Attends, diffère un moment : la précipitation est un guide funeste."
    Publius Papinius Statius (c.40-c.96), Thebais, X, 703.

    Comme nous voyons qu'en la montre d'une horloge, où toutes les heures du jour sont marquées, l'aiguille marche de l'une à l'autre sans se presser ni courir, mais posément et avec ordre ; nous devons faire de même aux actions de notre journée et de notre vie. Et pour prendre un exemple bien plus illustre, le décret en vertu duquel Dieu a créé le monde, a précédé d'une éternité toute entière son exécution, sans que Dieu se soit hâté d'un moment de le mettre en effet, mais attendant doucement et paisiblement l'heure qu'il avait résolue pour ce grand ouvrage. La grâce nous enseigne d'agir de la même sorte. »

    1. Prov. 11, 23. - 2. Eccl. 3, 1.

    P. J.-B. Saint-Jure s.j. (1588-1657), L'Homme spirituel où la vie spirituelle est traitée par ses principes (Chap. III Sect. XIV), Tome Premier, Nouvelle édition, Lyon, Pélagaud, Lesne et Crozet, 1836.

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  • Méditation : "Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l'heure." (Mt 25, 13)

    "Il arriva que l'on portait en terre un mort, fils unique d'une femme, et cette femme était veuve..." (Lc 7, 11-17)

    « Nous ne savons pas à quelle heure nous serons appelés. Vous ne le savez pas, vous ne le pouvez savoir. Cependant vous ne veillez pas, c'est-à-dire que vous risquez votre salut, votre éternité. Songez-vous de quelle importance est le bien que vous risquez ? Songez-vous à ce que vous vous risquez de perdre ? Songez-vous à tous les malheurs dont vous êtes menacés ?... Le seul moyen de ne pas tomber dans tous ces malheurs, c'est de veiller continuellement. L'heure de la mort est incertaine ; nous ne savons quand nous mourrons. Donc il faut être prêt, et veiller sans intermission...
    Vous mourrez ; pourquoi donc tant d'attachement à la vie et aux biens de la terre ? Vous mourrez dans peu ; pourquoi donc ne vous hâtez-vous pas de vous convertir à Dieu ? Vous mourrez dans le temps que vous y penserez le moins ; pourquoi donc ne veillez-vous pas, afin de n'être point surpris ? Quand la mort menacera, il sera trop tard ; pourquoi donc ne vous préparez-vous pas pendant qu'il est encore temps ? O terrible instant que celui qui suit la mort ! Instant malheureux pour les pécheurs endurcis ! Instant qui ne peut être heureux que pour ceux qui veillent, et qui recevront la récompense promise aux serviteurs vigilants, dans la bienheureuse éternité. »

    Joseph Lambert, Instructions courtes et familières pour tous les dimanches de l'année, Première année sur les Évangiles (XVe Dimanche après la Pentecôte), Nouvelle édition, A Paris, Chez Brajeux, Libraire, 1789.

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  • Méditation : Marie, refuge des pécheurs

    « Ne craignez point de vous confier à Marie, malheureux pécheurs ; jetez-vous dans son sein avec une entière confiance. Vous avez un moyen assuré de salut, et vous vous laisseriez périr ! La bonne Vierge Marie veut vous arracher à l'éternelle damnation, et vous iriez affronter la colère de Dieu, et vous vous condamneriez vous-mêmes aux souffrances de l'enfer. Oh ! non ; voilà que vous renoncez sans retour à tous vos dérèglements, à toute une vie de péchés et de scandales. Voilà que vous dites à la Très-Sainte Vierge : Me voici confus et humilié ; recevez votre enfant, qui ne mérite plus ce titre ; cachez-le sous vos ailes maternelles, et priez Dieu pour lui, pour qu'il lui fasse miséricorde. Marie aura pitié de vous. La considération de vos crimes pourrait vous arrêter peut-être. Vous avez foulé aux pieds toutes les vertus dont Marie vous donnait un si bel exemple. Vous avez profané peut-être cette angélique pureté si chère à la Vierge sans tache. Votre cœur, fait pour être la demeure des pensées chastes et saintes, s'est souillé de mille pensées impures, de mille désirs obscènes ; vous vous êtes abandonnés à tous vos penchants dépravés. Ah ! Marie a bien souffert d'une conduite si opposée à la sienne. Mais, enfin, elle est mère. A votre tour, pleurez sur toutes vos erreurs. Marie aura égard à vos larmes, elle vous aidera à recouvrer votre innocence. Quelque grands que soient vos crimes, sa bonté est plus grande encore ; pourvu que vous les détestiez, elle intercèdera pour vous, elle vous défendra auprès de Dieu, et Dieu se laissera toucher.

    Ô admirable tendresse de Marie pour les âmes pécheresses ! Souvent elle n'attend pas que le pécheur aille à elle. Comme le bon pasteur, elle court à la recherche de la brebis égarée. Que de conversions obtenues par sa protection toute puissante, que d'âmes arrachées à l'enfer par ses supplications auprès de Dieu ! Non, Chrétiens, elle ne vous laissera pas périr ; elle vous fera ouvrir les yeux à la lumière, elle vous montrera l'horrible état de votre conscience, et vous frémirez, et vous reviendrez à Dieu... Un peu de confiance, un peu de bonne volonté, et vous sentirez tous les effets de sa puissante intercession.

    Ô Marie, douce Vierge, ayez pitié de tous les coupables. Du haut du ciel, jetez un regard favorable sur les crimes de la terre. Assise sur le trône éclatant où vous ont élevé vos vertus, intercédez pour les pécheurs. Dieu ne peut rien vous refuser. Jésus-Christ vous accordera, puissante souveraine, tout ce que vous lui demanderez pour le salut des âmes. Ces âmes pécheresses, qui vous devront leur bonheur, vous loueront pendant toute une éternité ; toute une éternité, elles chanteront votre gloire. Ô Marie, refuge des pécheurs, priez pour nous ! »

    M. l'Abbé Martin, Le Livre de Marie - Cours d'instructions neuves et surtout pratiques (Vingt-sixième jour), A Taillard-Jaunet, Guincourt (Ardennes), 1857.

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  • Méditation : « Réjouissons-nous »

    « « Réjouissons-nous » me crie l’Église qui, elle aussi, est mère et partage avec Marie la joie d'enfanter des enfants de Dieu, des frères de Jésus.
    « Réjouissons-nous » à la première personne du pluriel. Toutes ces voies unies par la sainte mère Église autour de la sainte mère de Dieu font un concert unique qui n'est plus du temps, n'est pas encore de l'éternité, qui participe des deux, qui n'est pas plus beau que l'hymne des élus et ne peut l'être, mais... je ne sais vraiment pas dire cela.
    La vie menacée d'ici-bas, la marche incessante vers un terme qu'on peut ne pas atteindre, donnent à nos notes une nuance toute particulière. Elles viennent de la patrie ; elles viennent d'une part de nous-mêmes, qui est la terre de notre Père, elles y retournent. Elles sont ses notes en nous ; son Esprit les inspire, les règle, les anime ; ce sont les notes de son Amour, qui nous enseignent à l'aimer. Mais ce ne sont que des exercices, et nous sommes souvent de bien pauvres élèves. Que de notes nettement fausses, que d'intervalles hésitants, que d'accords défectueux ! Pourtant nous devons les jeter dans la joie si nous voulons les jeter avec amour. La mère du bel Amour reconnaît en elles, comme toute mère, son « petit », son pauvre petit, un enfant blessé et qui lui tend les bras.
    « Réjouissons-nous ». La joie d'amour, la joie d'être aimé et de pouvoir aimer, voilà la nuance qui doit passer dans tous nos chants d'exil. Même au bord des fleuves de Babylone, les harpes suspendues à des saules étrangers demeurent les harpes de Jérusalem ; et les notes dont le vent d'exil les fait vibrer rendent le son de la patrie. Une mère, une mère surtout, reconnaît cela ; elle n'entend que cela, elle entend ce son comme un rappel de tendresses passées et un appel aux tendresses futures.
    C'est là la nuance des chants d'exil. Ils expriment un présent mouvant et mêlé à travers lequel l'amour retrouve la note de fond, l'harmonie essentielle qui ne passe pas. Je puis mêler ma joie et ma louange à celle de là-haut. Elles s'accordent, elles ne font qu'un. Ma patrie est à l'octave inférieure ; elle a des arrêts, des intermittences, des silences et des soupirs, des retards et des précipitations, mais elle entre dans l'ensemble si elle aime, parce qu'elle est aimée. L'amour et la joie d'aimer, voilà sa lumière où vibrent toutes les notes des enfants.
    Les textes sacrés où se sont incarnées ces notes - et que la divine mère, où la parole du Père s'est incarnée, doit aimer à ce seul titre - ont une richesse de sens et d'horizons qui me stupéfie et m'épouvante presque. J'ai peur de trop voir et de dépasser les lignes où s'arrête la prudence. Mais dans une parole de l’Écriture n'y a-t-il pas un reflet de la Lumière infinie, et en la regardant, en la suivant longuement, n'est-il pas normal qu'on rejoigne le foyer d'où elle procède ?
    O liens subtils qui rattachent tous nos mots de la terre et du temps au seul mot du ciel et de l'éternité, ceux qui vous perçoivent sont-ils imprudents, parce que tant d'harmonies secrètes les ravissent, que nos inattentions ne savent pas découvrir ? »

    Dom Augustin Guillerand (1877-1945), Hauteurs sereines (Deuxième Partie : La Vierge, de "Contemplations mariales"), Deuxième édition, Roma, Benedettine di Priscilla, 1959.

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  • Méditation : Oeuvrons en vue de notre fin (Ps 39 (38), 8-14)

    « Fais-moi connaître, Seigneur, ma fin, et quel est le nombre de mes jours pour que je sache ce qu'il me manque. (Ps 38, 5) Si tu me faisais connaître ma fin, dit le psalmiste, et si tu me faisais connaître quel est le nombre de mes jours, je pourrais par là même savoir ce qui me manque. Ou peut-être, par ces mots, il semble encore indiquer ceci : tout métier a une fin ; par exemple la fin d'une entreprise de construction, c'est de faire une maison ; la fin d'un chantier naval, de construire un bateau capable de triompher des flots de la mer et de supporter l'assaut des vents ; et la fin de chaque métier est quelque chose de semblable pour laquelle le métier lui-même semble inventé. Ainsi peut-être est-il aussi une certaine fin de notre vie et du monde entier pour laquelle se fait tout ce qui se fait en notre vie, ou pour laquelle le monde lui-même a été créé ou subsiste. De cette fin, l'apôtre Paul aussi se souvient quand il dit : « Ensuite viendra la fin, quand il remettra la royauté à Dieu le Père. » (1Co 15, 24) Vers cette fin-là, il faut assurément se hâter, puisque c'est le prix même de l’œuvre, ce pour quoi nous sommes créés par Dieu. Comme notre organisme corporel, petit et réduit au début de sa naissance, pousse pourtant et tend au terme de sa grandeur en croissant en âge, et encore comme notre âme reçoit un langage d'abord balbutiant, puis dans la suite plus clair, pour arriver enfin à une manière de s'exprimer parfaite et correcte, de cette façon aussi toute notre vie commence à présent, certes, comme balbutiante parmi les hommes sur la terre, mais elle est achevée et parvient à son sommet dans les cieux près de Dieu. Pour ce motif, le prophète désire donc connaître la fin pour laquelle il a été fait, pour qu'en regardant la fin, en examinant ses jours et en considérant sa perfection, il voie ce qui lui manque par rapport à cette fin où il tend. C'est comme si ceux qui sont sortis d’Égypte avaient dit : « Fais-moi connaître, Seigneur, ma fin » qui est une terre bonne et une terre sainte, « et le nombre de mes jours » où je marche, « pour que je sache ce qui me manque », combien il m'en reste jusqu'à ce que je parvienne à la terre sainte qui m'est promise. »

    Origène, Homélie sur le Ps 39 (38).

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    Fresque de l’Anastasis (La Résurrection), Chora Church/Museum, Istanbul
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  • Méditation - Poésie : n'oublions pas les âmes du Purgatoire (3)

    « ... Du Rédempteur voici les croix, signes sacrés,
    Vous les portez sur vous, ô morts qui m'entourez ;
    Ici, vous avez tous la croix divine, l'arbre
    Qui dans le bronze ou l'or, le granit ou le marbre,
    Donne la même fleur au calice sanglant.
    C'est la fleur de la Mort qu'avec l'eau de son flanc
    Le Christ arrose et fait renaître et qu'il déploie
    Pour que l'homme l'adore et pour que Dieu la voie,
    La fleur de l'Espérance aux immortels parfums.
    Heureux si vous avez dans l'ombre, ô chers défunts,
    Jadis dans le secret des terrestres misères,
    Versé toute votre âme et des larmes amères,
    Les pleurs de vos chagrins les plus mystérieux
    Sur l'arbre qui porta le Mystère des Cieux.
    Heureux ceux dont les cœurs brûlaient comme les cierges
    Sur des autels fleuris. Bienheureuses les vierges
    Qui tenaient, pour le temps et pour l'éternité,
    En de fragiles mains, les lys pleins de beauté,
    Pleins de grâce, avec leurs corolles renversées
    Et pâles sous le poids des célestes pensées.

    Du champ des morts j'ai vu la terre des vivants.
    La moisson qui frémit aux caresses des vents,
    Haute, droite, sans bruits, demeurait immobile
    Dans la lueur du soir magnifique et tranquille.
    Pas un vol, pas un cri ne partait des sillons.
    Dans le lointain les chars manquaient, mais aux rayons
    Que le soir envoyait, les croix souriaient toutes
    A l'étrange abandon de la plaine et des routes.
    Du champ des morts, là-bas, à l'occident vermeil,
    J'ai vu, dans l'agonie énorme du soleil,
    S'évanouir les bois le long des étendues
    Et disparaître, au fond des campagnes perdues,
    Un noir fourmillement de troupeaux qui fuyaient.
    Seules, devant la nuit proche, les croix brillaient,
    Car l'ombre qui semblait couvrir la terre entière,
    L'ombre laissait survivre, autour du cimetière,
    Pur et d'autant plus doux sous le ciel attristé,
    Comme un reflet de gloire et d'immortalité. »

    Paul Harel (1854-1927), Dans le cimetière, in "Les Heures lointaines"
    Paris, Alphonse Lemere, Éditeur, 1902.

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  • Méditation : la messe et l'unité éternelle de Dieu

    « Les prêtres qui disent la messe se succèdent dans l'espace et le temps ; il en est de même des chrétiens qui ont la faveur d'y assister. Tous ces hommes passent ; mais ils passent dans l’Église qui reste. Par la messe, la vie de Jésus-Christ coule sans cesse dans l’Église, son jardin mystérieux, pour la féconder. Dieu, auquel Jésus-Christ, pontife et victime, s'immole, ne connaît ni le passé, ni le présent, ni l'avenir ; il est en dehors du temps, il est éternel. Du haut de son éternité, il embrasse d'un seul regard ceux qui passent, personnes et besoins ; tout lui est présent. Cette unité éternelle, à qui le sacrifice va, l'unité continuelle du sacrifice qui lui est offert donnent son sens à la communion des Saints, à la portée de nos oraisons. Qui veut en comprendre les formules ne doit jamais les perdre de vue. »

    R.P. Dom Besse (1861-1920), La Messe (L'éternité de Dieu), A l'Art Catholique, Paris, 1918.

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  • Méditation : la béatitude éternelle

    « Quel spectacle que celui que donne aujourd'hui le ciel ! Voyez-vous le Père éternel, l'Ancien des jours, assis sur le trône de sa gloire ? Entre Lui et l'univers, l'Agneau se tient debout, comme égorgé, dans la fulgurance de sa Divinité, en possession des trophées de sa victoire.

    Et puis, les quatre animaux symboliques, Évangélistes de son Œuvre ; et puis les vingt-quatre vieillards, prophètes et apôtres du Fils de Dieu, couronnés d'or et éclatants de blancheur, symboles de ses triomphes ; et puis ces myriades d'Anges de Dieu ; et puis ces milliers et ces milliers d'êtres, marqués au front du sceau de l'Agneau Rédempteur, avec leurs harpes et leurs coupes d'or, pleines de parfums, qui sont les prières et les louanges des saints !

    Et toute cette foule, prosternée, adorant, chantant à Dieu et à l'Agneau, car on ne les sépare pas : Amen, oui, c'est ainsi, il est bon qu'il en soit ainsi, il le fallait, il le faut toujours : A vous, la gloire, l'action de grâces ; à vous, l'honneur, la puissance et la force de notre Dieu, dans les siècles des siècles ! ...

    L’Église du ciel et de la terre, avec celle du Purgatoire se retourne vers son Sauveur, pour le remercier ; car c'est Lui la couronne même de ses saints, ceux qui furent les bienheureux, c'est-à-dire les pauvres, les doux, les affligés, les affamés, les assoiffés de justice, les miséricordieux, les purs, les pacifiques et les opprimés de la terre ; tous, ayant à la main la palme de leur victoire, l'élevant et l'agitant vers leur Sauveur Dieu, reconnaissant que, s'ils sont quelque chose, c'est par Lui, le grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ, qu'ils le sont.

    Seigneur Jésus, du fond de ma vallée d'exil, aspirant moi aussi à la sainteté, malgré ma pauvreté et mon affreuse misère, je vous crie aussi : Gloire à l'Agneau ; et j'adore, adoro te, vous répétant l'hymne de gloire, le seul qui vous sied : Saint, saint, saint, vous êtes, ô mon Dieu, celui qui était, et qui vient, et qui reviendra. Venez donc, Seigneur Jésus !

    Vous reviendrez et vous nous prendrez avec Vous, afin que là où vous êtes, nous soyons aussi. La vie n'est qu'un rêve, un songe de nuit ; tout passe, tout lasse ; mais Vous, vous êtes Celui qui demeure, tu autem permanens, et idem ipse es.

    Le bonheur, c'est uniquement d'être à Vous, beati. Le bonheur, c'est de vous connaître, de vous aimer, de vous servir ; le bonheur, c'est d'être détaché de toutes choses ; c'est d'être doux avec tous les hommes ; le bonheur, c'est de savoir pleurer, c'est de répondre à votre appel : Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi... Venite et ego reficiam vos. Venez et je vous referai, Moi !

    Le bonheur, c'est de pouvoir pardonner ; c'est de faire le vide en soi-même, pour devenir le vase spirituel où la Face de Dieu resplendit sa lumière ; le bonheur, c'est d'être fils et filles de la Paix. Le bonheur, enfin, c'est de savoir souffrir, et même le vouloir ; c'est de savoir adorer Dieu et lui baiser la main, dans l'abandon.

    Ô Saints et Saintes de Dieu, qui adorez ainsi, laissez-nous vivre ce Sanctus éternel qui chante les droits de Dieu sur nos âmes ! »

    Dom Vandeur, Élévations sur la Messe de chaque jour - Temps après la Pentecôte II (Fête de la Toussaint, extrait), Éditions de Maredsous, Belgique, 1950.

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    Le jugement dernier, Fra Angelico

    A (re)lire également :

    L'exercice spirituel de St Maximilien Marie Kolbe : "Devenir un saint et un grand saint", proposé le 1er novembre 2010 (sur notre site internet)
    et "Que veut dire être saint ?" par Benoît XVI (audience générale du 13 avril 2011), méditation proposée le 1er novembre 2013 (sur ce blog).

  • Méditation : louange et action de grâces

    « Mon Dieu, merci pour mon Baptême ; il m'a arraché à la tyrannie d'un maître plus dur que le pharaon d’Égypte. Merci pour votre Eucharistie ; elle me soutient comme la manne dans le désert de cette vie et dans la marche vers la terre promise. Merci pour toutes les grâces dont, à chaque instant, vous comblez ma pauvre âme altérée de vous. Merci pour tous vos bienfaits. Ô que ce mot est vrai ! Tout ce que vous faites est "bien fait". Bien fait, parce que la réalisation en est soignée et parfaite. Bien fait, parce que cela nous est bon. Merci pour l'air que je respire, pour la lumière qui éclaire mes pas, pour le soleil qui me réchauffe, pour les fleurs qui me réjouissent et les plantes qui refont mes forces. Merci pour les joies et pour les peines dont je puis enrichir ma couronne éternelle ; merci pour la douce clarté qui me révèle dans les unes et les autres votre tendre amour éternel !
    Confitebor... Je vous loue pour tout cela, je vous loue à plein cœur, je vous loue pour ceux qui ne le font pas ; je veux le faire sans respect humain, très haut et très fort, devant ceux qui, comme moi, peuvent comprendre que la suprême intelligence et la plus haute sagesse consistent en cette louange :
    "Vraiment avisés sont ceux que dirige la crainte du Seigneur ; sa louange subsiste à jamais." »

    Dom Augustin Guillerand (1877-1945), Liturgie d'âme (Louange de la création), 2e édition, Roma, Benedettine di Priscilla, 1962.

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  • Méditation: garder l'espérance dans les épreuves présentes

    « Avec le Christ, soyons tristes jusqu'à la mort pourvu que notre tristesse devienne joie. Le monde peut rire avec le diable, que ce ne soit pas là notre joie : si nous voulons être heureux maintenant, ne le soyons que dans l'espérance, pour posséder ensuite le vrai, le réel bonheur ; attristons-nous de nos péchés, réjouissons-nous dans l'espérance de la vie éternelle ; soyons tristes de l'absence du Christ, mais joyeux également de ceci que nous lisons : Nous le verrons tel qu'il est (1 Jn III, 2). Si nous sommes accablés par la tristesse de nos misères présentes et par la fréquence de nos fautes, la victoire sur les unes et les autres est aussi la voie qui nous libère et nous relève. Ce n'est que pour un temps que nous pérégrinons loin du Seigneur et pour être à jamais vainqueurs d'un combat de peu de durée. Ne soyons donc pas exagérément tristes, puisque nous sommes sûrs d'aller bientôt auprès de Dieu et d'y rester toujours ; car c'est pour cela qu'il nous a créés, pour régner avec lui dans les siècles des siècles, le louer et le remercier sans fin. Sachant cela, ne nous laissons pas abattre par le travail ou l'adversité, ne nous laissons pas vaincre par la tristesse, ni fatiguer par les combats, ni décourager par les difficultés de l'étude, ni amollir par la vie facile, ni décevoir par les flatteurs. Ainsi, nous pourrons dire avec l'Apôtre : que rien ni personne ne vienne nous séparer de l'amour du Christ, ni l'affliction, ni l'angoisse, ni la persécution, ni la faim, ni le dénuement, ni le danger, ni la mort par l'épée, par le feu, par la croix ou le meurtre ; que ni la tristesse, ni la douceur, ni la dureté, ni la flatterie, que rien des vanités du monde ne nous sépare du Christ, afin que nous lui restions attachés ici-bas et dans l'éternité. Amen ! (Rm VIII, 38-39). »

    Saint Colomban (563-615), fête locale ce jour (mémoire le 23 novembre), Instruction 4, in "Instructions, Lettres et poèmes", L'Harmattan, 2000.

    Benoît XVI, catéchèse sur St Colomban, Audience générale du 11 juin 2008.

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  • Méditation - Prière pour demander les grâces de l'Esprit-Saint

    « Ô Esprit-Saint, divin Paraclet, Père des pauvres, Consolateur des affligés, Sanctificateur des âmes, me voici prosterné en votre présence, je vous adore avec la plus profonde soumission, et je répète mille fois avec les séraphins qui se tiennent devant votre trône : Saint ! Saint ! Saint !

    Je crois fermement que vous êtes éternel, consubstantiel au Père et au Fils. J'espère que, par votre bonté, vous sanctifierez et sauverez mon âme. Je vous aime, ô Dieu d'amour ! Je vous aime plus que toutes les choses de ce monde ; je vous aime de toutes mes affections, parce que vous êtes une bonté infinie qui mérite seule tous les amours. Et puisque, insensible à toutes vos inspirations saintes, j'ai eu l'ingratitude de vous offenser par tant de péchés, je vous en demande mille pardons et je regrette souverainement de vous avoir déplu, ô Bien suprême ! Je vous offre mon cœur, tout froid qu'il est, et je vous supplie d'y faire entrer un rayon de votre lumière et une étincelle de votre feu, pour fondre la glace si dure de mes iniquités.

    Vous qui avez rempli d'immenses grâces l'âme de Marie et enflammé d'un saint zèle les cœurs des apôtres, daignez aussi embraser mon cœur de votre amour. Vous êtes un esprit divin, fortifiez-moi contre les mauvais esprits ; Vous êtes un feu, allumez en moi le feu de votre amour ; Vous êtes une lumière, éclairez-moi en me faisant connaître les choses éternelles ; Vous êtes une colombe, donnez-moi des mœurs pures ; Vous êtes un souffle plein de douceur, dissipez les orages que soulèvent en moi les passions ; Vous êtes une langue, enseignez-moi la manière de Vous louer sans cesse ; Vous êtes une nuée, couvrez-moi de l'ombre de votre protection ; enfin, Vous êtes l'Auteur de tous les dons célestes : Ah ! je vous en conjure, vivifiez-moi par la grâce, sanctifiez-moi par votre charité, gouvernez-moi par votre sagesse, adoptez-moi pour votre enfant par votre bonté, et sauvez-moi par votre infinie miséricorde, afin que je ne cesse jamais de vous bénir, de vous louer, et de vous aimer, d'abord sur la terre pendant ma vie, et ensuite dans le ciel durant toute l'éternité. »

    St Alphonse de Liguori (1696-1787), In "Œuvres ascétiques", P. Dujardin, Paris, Casterman, 1886, vol. VI.

    Autres textes et prières sur notre site : Les plus belles pages sur le Saint-Esprit.

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  • Mois de Marie - Vingt-neuvième jour

    Vingt-neuvième jour

    Reine des patriarches, Reine des prophètes, priez pour nous.
     
    Reine des patriarches, Reine des prophètes, vous avez surpassé les uns par une espérance plus pure, plus ferme et plus tranquille ; vous avez surpassé les autres par une foi plus vive, plus soumise et plus étendue ; vous avez été l’objet des désirs et des vœux des uns et des autres, ils attendirent votre venue sur la terre ; ils vous glorifient dans le ciel. Obtenez-nous cette foi vive et cette espérance ferme qui nous conduisent au bonheur qu’ils ont de vous louer dans toute l’éternité.

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  • Méditation : « Jésus-Christ est le même hier, aujourd'hui et pour toujours » (He 13, 8)

    « Ô Verbe fait chair, Fils de Dieu et Fils de Marie, Divinité abaissée jusqu'à nous pour nous élever jusqu'à Vous, faites-moi bien comprendre que vous êtes la grande réalité des temps et de l'éternité. Montrez-moi clairement que c'est perdre son existence que de la passer loin de Vous, et que c'est gaspiller les trésors de son cœur que de ne Vous les consacrer pas. Oh ! faites-moi voir clairement que c'est n'avoir point le sens ni de l'ordre ni de son bien véritable et que c'est se tromper lamentablement, que de poursuivre autre chose que Vous.

    Tout passe, dans la nature, en nous et en dehors de nous. Ne sont-ce pas de perpétuels écroulements, en toutes ces petites choses qui nous donnent l'illusion du bonheur possédé ou rêvé, en tous nos espoirs, en tous nos biens terrestres, en toutes nos affections ? En notre être naturel, physique ou moral, au sein du monde où se meut notre existence passagère, n'est-ce pas sans cesse, toujours renouvelé, le désolant effondrement de la créature ?

    Mais Vous, ô Jésus, Vous, Fils de Dieu et Fils de la Vierge, Vous êtes l'Humanité rendue divine, par votre Incarnation ; Vous êtes le principe et la fin de toutes choses. Agneau si tendre et si doux, si faible et si persécuté, si meurtri, si sanglant, Agneau sans tache, Victime très sainte immolée journellement pour nous, Vous êtes le Roi universel des siècles et des nations. Vous êtes la glorieuse Majesté d'Amour qui subsiste à jamais.

    Les années s'écoulent, les siècles s'enfuient, les générations disparaissent, les royaumes s'effondrent. Tout meurt, à vos pieds. Sous votre regard tranquille, qui embrasse comme un point les temps et les espaces, les gloires pâlissent, les chefs-d’œuvre se flétrissent, les souvenirs s'effacent, les astres s'éteignent... Et Vous, ô mon Maître adoré, Vous, Vous restez debout, victorieux, toujours bon, toujours grand, toujours puissant, toujours souverain, toujours aimable, humble et doux : toujours le même, éternellement jeune, éternellement beau, éternellement digne de tous les hommages, éternellement digne de tous les amours. Christus heri, et hodie : ipse et in saecula. »

    Chanoine Marie-Eugène Henry, Chapelain de Paray-le-Monial, Lueurs Divines Tome I, Paray-le-Monial, Imprimerie nouvelle, 1935.

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    Adoration de l'Agneau mystique des frères Van Eyck (panneau central)

  • Mois de Marie - Seizième jour

    Seizième jour

    Cause de notre joie, priez pour nous.
     
    Cause de notre joie, dans la vie, à la mort, dans l’éternité. Vous l’avez fait naître cette joie, en nous donnant un Sauveur ; vous la soutenez, en nous assistant dans tous les temps ; vous la comblerez par votre bonté, en nous procurant le bonheur éternel, comme nous l’espérons. Ah ! daignez, parmi les tentations et les épreuves, ne pas nous laisser succomber à la tristesse ni au désespoir ; mais ranimez-nous sans cesse par la joie de l’espérance et de la bonne conscience, en nous obtenant l’une et l’autre.

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  • Méditation : pas de hasard ni de chance pour qui croit en Dieu...

    « Je l’ai vu en vérité : Dieu fait toute chose, si petite soit-elle. Rien n’arrive par chance ou hasard, mais tout est ordonné par la sagesse prévoyante de Dieu. Si l’homme y voit la chance ou le hasard, c’est à cause de notre aveuglement ou vue courte. Ces choses que Dieu, en sa sagesse, a prévues de toute éternité et qu’il conduit sans cesse parfaitement et glorieusement jusqu’à leur fin la meilleure, surviennent pour nous à l’improviste, et nous disons dans notre aveuglement ou avec notre courte vue qu’il y a là hasard ou accident. Mais il n’en est pas ainsi aux yeux du Seigneur Dieu. Nous devons donc reconnaître que tout ce qui est fait est bien fait, puisque c’est Dieu qui fait tout… Plus tard, Dieu m’a montré le péché dans sa nudité, ainsi que la façon dont il met à l’œuvre sa miséricorde et sa grâce [...].

    J’ai vu parfaitement que Dieu ne change jamais ses desseins en quoi que ce soit et qu’il ne les changera jamais durant toute l’éternité. Il n’y a rien que, dans sa disposition parfaite des choses, il ne connaisse de toute éternité… Rien ne fera défaut à cet égard, car c’est dans la plénitude de sa bonté qu’il a créé toutes choses. C’est pourquoi la sainte Trinité est à jamais pleinement satisfaite de ses œuvres. Dieu me l’a montré pour mon plus grand bonheur :

    Vois ! Je suis Dieu. Vois ! Je suis en toute chose. Vois ! Je fais toute chose ! Vois ! Je ne retire jamais ma main de mes œuvres, et jamais je ne la retirerai dans les siècles des siècles. Vois ! Je conduis toute chose à la fin que je lui ai assignée de toute éternité, avec la même puissance, la même sagesse, le même amour que lorsque je t’ai créée. Qu’est-ce qui pourrait tourner mal ? »

    Ste Julienne de Norwich (1342-1416, fête ce jour), Les Révélations (ch. 11), Alfred Mame et Fils, 1925.
    Télécharger les 16 visions (Abrégé par les Recluses Missionnaires des Révélations de l'Amour Divin)
    Catéchèse de Benoît XVI sur Ste Julienne de Norwich (Audience générale du mercredi 1er décembre 2010).

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  • Méditation avec St Athanase : mort et résurrection

    « Le corps du Christ était de même substance que celui de tous les hommes, c'était un corps humain, et bien que par un nouveau prodige il fût issu de la vierge seule, il était cependant mortel, et il est mort selon le sort commun à ses semblables. Mais à cause de la venue en lui du Verbe, il n'était plus soumis à la corruption comme le voulait sa propre nature ; par la présence en lui du Verbe de Dieu, il était étranger à la corruption. Ainsi deux prodiges se rencontrent dans le même être : la mort de tous s'accomplissait dans le corps du Seigneur, et d'autre part la mort et la corruption étaient détruites par le Verbe qui habitait en ce corps (1). La mort était nécessaire, et il fallait qu'il mourût pour tous, pour payer la dette de tous. Aussi, comme je l'ai déjà dit, puisque le Verbe ne pouvait mourir lui-même, - il était immortel, - il prit un corps capable de mourir, afin de l'offrir pour tous comme son bien propre, et, souffrant lui-même pour tous dans ce corps où il était venu, de réduire à rien le maître de la mort, c'est-à-dire le diable, et "délivrer ceux qui par crainte de la mort, étaient leur vie durant assujettis à l'esclavage" (Hébr., II, 15).

    Assurément, puisque le Sauveur de tous est mort pour nous, nous les fidèles du Christ nous ne mourons plus de mort comme autrefois selon la menace de la loi, car cette peine a pris fin, mais puisque la corruption a cessé et a disparu par la grâce de la résurrection, il reste que, selon la condition de notre corps mortel, nous nous décomposons seulement pour le temps que Dieu a fixé à chacun, pour que nous puissions obtenir une plus belle résurrection (2). Car à la façon des semences jetées en terre, nous ne périssons pas dans la dissolution, mais nous sommes semés pour ressusciter, puisque la mort a été réduite à rien par la grâce du Sauveur. C'est pourquoi le bienheureux Paul, qui se fait pour tous le garant de la résurrection, dit : "Il faut que ce corps corruptible revête l'incorruptibilité, et que ce corps mortel revête l'immortalité. Quand le corruptible aura revêtu l'incorruptibilité, et le mortel l'immortalité, alors se réalisera la parole qui a été écrite : la mort a été absorbée dans la victoire ; où est, mort, ton aiguillon ? où, enfer, ta victoire ?" (I Cor., XV, 53-55). »

    (1) : Les métaphores du temple et de l'instrument sont familières à la christologie de saint Athanase. Bien qu'elles aient été reprochées à Nestorius, elles seront reprises dans la formule d'union de 433.
    (2) : Après la mort rédemptrice du Sauveur, la mort a perdu pour les hommes son caractère de pénalité, elle n'est plus que le résultat de leur condition de créatures, et le moyen pour eux de parvenir à la résurrection glorieuse. Une telle conception, qui semble oublier que la mort reste chose douloureuse et cruelle, et qu'elle demeure une conséquence du péché (Rom., VI, 12 ; I Cor., XV, 21), paraîtra assurément trop optimiste, même si elle peut s'appuyer sur certains textes de saint Paul (Rom., VIII, 17 ; II Tim., II, 11).


    St Athanase d'Alexandrie, Traité sur l'Incarnation du Verbe (20-21 : La Rédemption), Trad. et notes de P. Th. Camelot o.p., SC n°18, Le Cerf, 1946.

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    Saint Athanase le Grand, fresque du XIIIe siècle à Ohrid (Macédoine)
    (Source et crédit photo)

  • Méditation : "Que ta volonté soit faite"

    « "Que ta volonté soit faite." Telle doit être la règle de la vie chrétienne, ordonnant la journée du matin jusqu’au soir, le cours de l’année, la vie entière : unique préoccupation du chrétien. Tous les autres soucis, le Seigneur les assume.

    Un seul, toutefois, demeure aussi longtemps que nous vivons. Objectivement, nous ne sommes pas définitivement assurés de demeurer toujours dans les voies du Seigneur. Comme nos premiers parents ont pu tomber de la famille de Dieu dans le camp des rebelles, ainsi chacun de nous se tient toujours sur la corde raide entre le néant et la plénitude de la vie divine. Et, tôt ou tard, nous en ferons subjectivement l’expérience.

    Dans l’enfance de la vie spirituelle, alors que nous avons tout juste commencé de nous abandonner à la conduite de Dieu, nous savons qu’une main très ferme et très forte nous dirige ; et ce que nous devons faire ou abandonner nous apparaît en pleine clarté. Mais il n’en sera pas toujours ainsi. Celui qui appartient au Christ doit vivre toute la vie du Christ. Comme Lui il atteindra l’âge adulte et, un jour, entrera dans le chemin de la Croix, qui, par Gethsémani, conduit au Golgotha. Et toutes les souffrances qui nous atteignent extérieurement ne sont rien en comparaison de la nuit obscure de l’âme lorsque la lumière divine ne l’éclaire plus et que la voix du Seigneur ne se fait plus entendre. Dieu est là, mais il est caché et se tait.

    Pourquoi en est-il ainsi ? Ce sont les mystères de Dieu que nous abordons et ils ne se laissent pas entièrement pénétrer. Nous ne pouvons que commencer à les contempler.

    Dieu s’est fait homme pour nous donner de participer de nouveau à sa vie. Participation qui était au principe et qui est l’ultime fin. Mais dans l’intervalle, nous avons à vivre. Le Christ est à la fois Dieu et Homme, et qui veut partager sa vie doit prendre part à sa vie divine et à sa vie humaine. La nature humaine qu’Il revêtit Lui donna la possibilité de souffrir et de mourir. La nature divine qu’Il possède de toute éternité confère à sa souffrance et à sa mort une valeur infinie et une force rédemptrice. La souffrance et la mort du Christ continuent dans son Corps mystique et en chacun de ses membres. Tout homme doit souffrir et mourir. Mais s’il est membre vivant du Christ, sa souffrance et sa mort reçoivent alors, de la divinité du Chef, une puissance de rédemption. C’est la raison objective pour laquelle tous les saints ont appelé la souffrance. Il ne s’agit pas là d’un désir morbide. Ce qui, au regard de l’intelligence naturelle, apparaît presque comme une perversion, se révèle pourtant, dans la lumière du mystère de la Rédemption, comme la raison la plus haute.

    Ainsi lié au Christ, le chrétien demeure inébranlé même dans la nuit obscure où Dieu lui paraît lointain et où il se croit abandonné ; et peut-être la Providence divine lui impose-t-elle ce supplice afin qu’un de ses frères, effectivement prisonnier de l’erreur, soit délivré.

    Disons-nous aussi : "Que ta volonté soit faite", même au cœur de la plus sombre nuit. »

    Édith Stein (Ste Thérèse-Bénédicte de la Croix, 1891-1942), Le mystère de Noël, Éditions de l’Orante, 1955.

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  • Méditation : confiance en la Bienheureuse Vierge Marie, notre Mère

    Marie veut être surtout la Mère de la belle dilection. Personne sur la terre n'a aimé comme elle Dieu le Père dont elle est la Fille privilégiée, Dieu le Fils dont elle est la Mère, Dieu le Saint-Esprit dont elle est l’Épouse. Aussi, elle appelle tous ses enfants pour leur communiquer le feu du saint amour. C'est le plus grand désir de son Cœur immaculé ! C'est la grâce qu'elle veut nous accorder avant toutes les autres. Aussi, quand elle voit à ses pieds un de ses enfants qui soupire après la vie d'amour de Dieu, elle entre chez lui comme elle entrait jadis dans la maison de saint Jean : ouvrons-lui donc toutes les avenues de notre âme.
    Notre cœur, qu'elle en soit la Mère bien-aimée ;
    Notre intelligence, qu'elle en soit l'idéal perpétuel ;
    Notre volonté, qu'elle en soit la force ;
    Qu'elle soit avec moi dans toutes mes peines, dans toutes mes démarches, dans toutes mes œuvres ;
    Qu'elle soit avec moi dans tous mes travaux, qu'elle y préside ;
    Qu'elle soit avec moi dans mes infirmités pour être mon salut ;
    Qu'elle soit avec moi, non pas dans mes fautes, mais dans le pauvre pécheur qui les a commises pour être son refuge ;
    Qu'elle soit dans mes faiblesses, mes lacunes, mes misères, pour y être mon secours ;
    Qu'elle soit avec moi dans toute ma vie pour en être la compagne ;
    Qu'elle soit avec moi à l'heure de ma mort pour en être le soutien et l'espérance ;
    Qu'elle soit avec moi au tribunal du Christ pour y être mon avocate ;
    Qu'elle soit avec moi à mon entrée dans le ciel pour en être la porte ;
    Qu'elle soit avec moi dans l'éternité, pour être avec la très sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, avec la sainte Humanité de Jésus, l'infinie félicité. »

    Abbé Granger, Chanoine honoraire de Bayeux, La vie d'amour de Dieu - Ier Traité (IV, VII), Avignon, Aubanel Frères, 1921.

    « Car il ne faut jamais craindre, il ne faut jamais désespérer, sous la conduite, sous les auspices, sous le patronage, sous la protection de Celle qui a pour nous un cœur de Mère, et qui, traitant elle-même l'affaire de notre salut, étend sa sollicitude sur tout le genre humain ;
    qui, établie par le Seigneur Reine du Ciel et de la terre, et élevée au-dessus de tous les chœurs des anges et de tous les rangs des saints, se tient à la droite de son Fils unique, Notre-Seigneur Jésus-Christ, intercède efficacement par toute la puissance des prières maternelles, et trouve ce qu'elle cherche, et son intercession ne peut être sans effet. »

    Bx Pape Pie IX, In Constitution apostolique "Ineffabilis Deus" (pour la définition et la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception), 8 décembre 1854.

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  • Méditation : tout à Jésus pour nos frères

    « Il faut avoir le cœur ouvert à Jésus-Christ sans s'arrêter aux créatures et à cet extérieur du monde. C'est un exercice qui est pénible à la chair, mais il faut se résoudre à lui faire souffrir cette peine. Il lui faut du bâton de la Croix pour la réduire ; il faut lui faire violence pour l'empêcher de se complaire au monde, et pour faire que notre âme n'ait rien à goûter que Jésus.

    Que notre esprit, notre âme et notre cœur soient tout à Jésus, et que rien ne leur donne lieu de s'épancher hors de lui. Que la terre se ferme, que le soleil s'obscurcisse, que tout le monde nous persécute, pour nous retenir en Jésus. Tout est à lui en nous : tout doit vivre de lui, tout doit être recueilli en lui pour être participant de lui, et être ainsi très puissant en sa vertu et en sa grâce. C'est le moyen d'agir ensuite sur les cœurs de nos frères avec toute vertu. La grâce répandue en nos sens et la joie de la chair qui se dilate dans les objets sensibles, énerve souvent la vigueur de l'esprit, qui, pour être puissant, doit toujours être renfermé dans le sein et l'intérieur de Dieu en nous.

    Il n'y a point d'autre principe ni d'autre fondement à jeter que la Croix, et il n'y a rien par quoi Jésus-Christ notre Tout nous veuille mieux instruire et nous attirer, que par ce saint et adorable moyen. C'est par là qu'il nous consommera, et qu'il nous fera tous un en lui pour l'éternité. »

    Jean-Jacques Olier (1608-1657), Lettre 93, Paris, Victor Lecoffre, 1885.

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