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éphémère

  • Méditation - La gratitude : une éducation à refaire

    (Cette méditation est proposé en prolongement de celle du jeudi 11 août)

    « Dans une société où chacun a constamment la bouche pleine de revendication de ses droits réels ou supposés, il subsiste peu de place pour une éducation à la gratitude qui est une habitude acquise dès le plus jeune âge. Si cette vertu n'est pas développée, sa privation ne peut que conduire à l'ingratitude, pour les choses essentielles et pour les choses ordinaires. Une caractéristique moderne est d'être à la fois tragique et malotru. Tragique car l'homme ne conçoit plus l'existence comme une source de bonheur mais regarde la vie comme une maladie. Malotru car il ne réagit qu'en fonction de lui, ou d'abord en fonction de lui avant de penser au bien commun et de considérer chaque personne dont il reçoit des bienfaits comme digne de reconnaissance. Les règles les plus élémentaires de la politesse se trouvent être mises à mal dans ces conditions. Le phénomène est essentiellement révolutionnaire. La Révolution française s'était appliquée à détruire tout code de politesse envers les « citoyens ». La gratitude ne pouvait pas garder sa place dans une société où personne ne devait être redevable à quiconque de quoi que ce soit. Il n'existe pas de gratitude là où est établie une égalité idéologique. La gratitude devient aussi désuète si on admet qu'il faut cueillir à la hâte la fleur qui est éclose et s'empresser de respirer son parfum avant de la jeter parce qu'elle est flétrie. [...]

    Ainsi, la gratitude nous fait pénétrer de plain-pied dans le mystère de l'éternité car, en ce qui concerne les choses ordinaires, elle s'applique souvent à l'éphémère et, en même temps, elle trouve sa source dans ce qui est transcendant. Elle est une révérence de l'honnête homme devant chaque beauté de sa vie fragile. En quelque sorte, elle pose un sceau sur ce qui s'écoule irrémédiablement en affirmant que ce qui passe ne meurt pas pour autant dès lors qu'une âme est capable d'action de grâces et de reconnaissance. »

    Père Jean-François Thomas s.j., Les Mangeurs de cendres. petit traité spirituel (ch.II), Via Romana, Versailles, 2016.

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