« La sainte Église célèbre aujourd'hui, avec une pieuse dévotion, l'établissement de la première chaire de l'apôtre saint Pierre. Remarquez-le bien, la foi doit trouver place en nos âmes avant la science ; car les points de foi catholique proposés à notre respect, loin d'être inutiles pour nous, sont, au contraire, et toujours, et pour tous, féconds en fruits de salut. Le Christ a donné à Pierre les clefs du royaume des cieux, le pouvoir divin de lier et de délier ; mais l'Apôtre n'a reçu en sa personne un privilège si étonnant et si personnel, que pour le transmettre d'une manière générale, et en vertu de son autorité, à l’Église de Dieu. Aussi avons-nous raison de regarder le jour où il a reçu de la bouche même du Christ sa mission apostolique ou épiscopale, comme celui où la chaire lui a été confiée ; de plus, cette chaire est une chaire non de pestilence (Ps I,1), mais de saine doctrine. Celui qui s'y trouve assis, appelle à la foi les futurs croyants ; il rend la santé aux malades, donne des préceptes à ceux qui n'en connaissent pas et impose aux fidèles une règle de vie ; l'enseignement tombé du haut de cette chaire, de notre Église, c'est-à-dire de l’Église catholique, nous le connaissons, nous y puisons notre joie ; c'est l'objet de notre croyance et de notre profession de foi ; c'est sur cette chaire qu'après avoir pris des poissons, le bienheureux Pierre est monté pour prendre des hommes et les sauver. »
St Augustin, Premier sermon sur la Chaire de l'Apôtre Saint Pierre.
Source : Abbaye St Benoît.
« Voici, mes frères, une solennité consacrée à l'honneur du Chef des Apôtres, et que nous devons célébrer avec tout l'empressement, toute la ferveur, et toute la joie dont nous sommes capables. Si le jour du martyr de ce grand Apôtre est en si grande vénération par toute la terre, la Fête d'aujourd'hui ne doit pas être moins vénérable à toute l’Église. il fut couronné aux acclamations des Anges, qui chantaient de concert pour honorer son triomphe le jour de son martyr ; mais aujourd'hui il a été élevé sur son Trône Pontifical à la vue d'une foule infinie de fidèles, qui en ont donné de grands témoignages de réjouissance. Son martyr lui a ouvert la porte de la félicité éternelle ; mais aujourd'hui il a été assis sur le premier Siège de l’Église pour notre sanctification : si la mort l'a fait entrer dans la compagnie des Esprits bienheureux, pour recevoir des récompenses éternelles, il a été aujourd'hui fait Pontife du peuple de Dieu, pour nous ouvrir la porte du Ciel. Cette première fête est proprement la Fête des Anges ; celle-ci est la Fête des Fidèles. Mais par la grâce de celui "qui a éteint les inimitiés afin de former en soi-même un seul homme nouveau de ces deux peuples en mettant la paix entre eux" (Eph 2,15), cette solennité réjouit également les Anges, et les hommes.
Cette Fête, mes frères, nous doit donc être recommandable par un double motif : ainsi il faut que les sentiments intérieurs répondent aux mouvements extérieurs, et que la conformité des cœurs suive le concert des voix ; que les illuminations rendent l’Église toute brillante, et que la conscience soit parée de l'éclat des vertus ; qu'on ôte toutes les ordures des murs, et du pavé de l’Église, et que le Temple intérieur de l'homme soit purgé de toutes sortes de vices, selon cette belle parole de l'Apôtre : "Ne savez-vous pas que vous êtes le Temple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en vous ? Si quelqu'un profane le Temple de Dieu, Dieu le perdra ; car le Temple de Dieu est saint, et c'est vous qui êtes ce Temple" (1Co 3,16). Qu'il n'y ait rien de discordant dans la musique, et qu'il n'y ait point de division dans les mœurs. Si les fêtes doivent être accompagnées de solennités, notre esprit a aussi sa dignité ; les unes nous défendent de vaquer aux œuvres serviles ; mais l'autre veut que nous modérions les ardeurs de la concupiscence, et que nous renoncions au commerce des vices ; les unes demandent des ornements extérieurs et sensibles ; l'autre demande les parures de la vertu. »
St Léon le Grand, Sermon XCVI sur la Chaire de l'Apôtre S. Pierre, in "Sermons de S. Léon Pape surnommé Le Grand", Trad. du R.P. Quesnel, Prêtre de l'Oratoire, A Paris, Chez André Pralard, 1698. (Google Books)
Statue de St Pierre par Arnolfo di Cambiao (XIIIe), basilique Saint-Pierre de Rome (Crédit photo)