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  • Méditation : la Miséricorde, venue de la lumière en nos ténèbres

    « Comme vous savez bien, ô mon Dieu, exprimer les nuances ! En vous il n'y a qu'amour, et je ne l'avais pas remarqué encore avec assez de netteté. La Miséricorde n'est que le reflet de cet amour quand sa lumière traverse la zone d'ombre dont le péché nous a enveloppés. La Miséricorde c'est le mouvement de la lumière dans les ténèbres. "La lumière luit dans les ténèbres" (Jn 1, 5). Elle est venue les illuminer ; elle a quitté son royaume pour les visiter et les refaire à votre image rayonnante ; elle est venue parce qu'elle est l'amour ; elle procède de l'amour ; elle en est le rayon éclatant candor lucis aeternae (Sg 7, 26). Elle a besoin de se répandre, de se communiquer, de rayonner. Elle porte en elle ce besoin parce qu'elle est née du sein paternel d'où procède ce mouvement. Les ténèbres où elle ne brille pas l'attirent, sollicitent ce besoin ; un appel semble en sortir qui lui crie : "Viens en nous". Cet appel est irrésistible pour elle ; il correspond tellement à ce besoin essentiel de son être qu'elle en sort, qu'elle jaillit, qu'elle s'élance, qu'elle fait ce pas de géant sur la route qui s'ouvre devant elle : "Il s'élance comme un géant pour fournir sa carrière" (Ps 19, 6). Elle devient la Lumière qui se donne aux ténèbres, qui luit dans les ténèbres : et c'est la Miséricorde, l'amour de Celui qui est pour ce qui n'est pas.

    Celui qui est peut donner au néant le pouvoir de se donner comme il se donne lui-même, librement et par amour : c'est le privilège de l'homme, la liberté. L'homme peut correspondre à l'Amour ou le refuser. S'il correspond, il s'unit à lui, ne fait qu'un avec lui, partage sa vie et sa grandeur. S'il le refuse, il reste en lui-même, en son néant, mais dans un néant qui aurait pu s'unir à l’Être, qui était appelé à le faire, qui était pourvu de puissance pour s'en emparer et en jouir, et qui a manqué sa destinée, donc tout en lui est manqué, déçu, ruiné. Et c'est là proprement la misère que la divine Miséricorde a voulu secourir.

    Et c'est là aussi que s'accordent ces deux sœurs que nous ne savons pas assez associer : la Miséricorde et la Justice. »

    Dom Augustin Guillerand (1877-1945), Face à Dieu - La prière selon un Chartreux, Parole et Silence, 1999.

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  • Angélus de ce dimanche 21 juillet 2013

    Revenant sur l'épisode évangélique de la visite de Jésus à Marthe et Marie à Béthanie, le Pape a évoqué ce matin à l'Angélus deux points forts pour la vie du chrétien : L'écoute de la Parole de Dieu et le service concret du prochain, qui ne doivent pas être vécus séparément mais "en profonde unité et harmonie". Il a expliqué aux milliers de fidèles réunis Place St Pierre que ces deux femmes "accueillent Jésus mais de façon différente". Marie s'assoit à ses pieds et l'écoute alors que Marthe s'affaire aux tâches domestiques, réprimandant sa sœur qui ne l'aide pas, et dit au Seigneur : 'Cela ne te fais rien que ma sœur me laisse seule à faire le service ? Dis-lui donc de m'aider'. Et Jésus lui répond avec douceur : 'Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et tu t'agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire'. "Que veut dire Jésus par là ? : Avant tout, il est important de comprendre qu'il ne s'agit pas d'opposer deux attitudes : l'écoute de la parole du Seigneur, la contemplation, et le service concret envers le prochain. Ces deux attitudes ne s'opposent pas, au contraire, elles sont toutes deux essentielles pour notre vie chrétienne et ne doivent jamais être séparées, mais vécues en profonde unité et harmonie".

    "Alors, pourquoi Jésus reprend Marthe ? Parce qu'elle a pensé que l'essentiel était seulement ce qu'elle était en train de faire, c'est-à-dire qu'elle était trop absorbée et préoccupée par les choses à faire. Chez un chrétien, les œuvres de service et de charité ne sont jamais détachées de la source principale de chacune de nos actions c'est à dire de l'écoute de la Parole du Seigneur, d'être aux pieds de Jésus, comme Marie, dans une attitude de disciple. C'est pour cela que Jésus a réprimandé Marthe. Dans notre vie chrétienne également, prière et action sont toujours profondément unies. Une prière qui ne conduit pas à une action concrète envers le frère pauvre, malade, dans le besoin...est une prière stérile et incomplète. Mais, de la même façon, quand, dans le service ecclésial, on ne pense qu'à faire, que l'on donne plus de poids aux choses, aux fonctions, aux structures, et que l'on oublie la centralité du Christ, que l'on ne prend pas de temps pour dialoguer avec lui dans la prière, on risque de servir soi-même et non Dieu présent dans le frère nécessiteux... Demandons donc à la Vierge Marie, Mère de l'écoute et du service de nous enseigner à méditer dans notre cœur la Parole de son fils, à prier fidèlement, pour être toujours plus attentifs aux besoins de nos frères".

    Source : Vatican Information Service (Publié VIS Archive 01 - 22.7.13).

  • 7 juillet : Méditation

    « "Que dis-tu de toi-même ?" (Jn 1, 22). Cette question, comment le Baptiste pouvait-il y répondre ? Comment un être peut-il dire : voilà ce que je suis. De toutes les questions en effet qui puissent nous être posées, c'est de toutes la plus difficile, et aucun de nous n'est capable d'y répondre. Si l'on nous demande "Que dis-tu de toi-même ?", si nous tentons de donner à cette question une réponse, nous verrons immédiatement l'impossibilité de le faire. Nous ne savons pas qui nous sommes. Et quand nous cherchons à le définir, nous trouvons un être préfabriqué, qui peut bien entrer dans certaines catégories psychologiques, mais jamais nous ne pourrons trouver ce secret et ce mystère que nous sommes. Ce secret qu'une mère cherche dans son petit enfant : elle le regarde, il lui sourit... Qu'est-ce qu'elle cherche à travers ce sourire, sinon la révélation de ce qu'il est ?
    Cette question, qui paraît simple, est donc l'une des questions les plus profondes et les plus insolubles, tout au moins quand on la pose directement et qu'on demande à un être : "Mais toi, que dis-tu de toi-même ?" Il y a cependant une manière latérale en quelque manière d'arriver à la connaissance de nous-même, et nous n'avons qu'à songer à tout ce que pouvait évoquer en nous - à tout ce que peut évoquer encore, heureusement - le jeu de Clara Haskil. Qu'est-ce qui a attaché tant d'êtres à cette incomparable musicienne, sinon justement que, chacun en l'écoutant, sentait jaillir et sourdre en lui une mélodie où le mystère de lui-même s'exprimait. Parce que le jeu de Clara était si intérieur, si silencieux, qu'il nous appelait tous et chacun dans sa musique, qu'il nous invitait tous et chacun à devenir cette musique. Et lorsqu'on devient la musique, lorsque tout l'être jaillit comme un chant, c'est qu'on s'est perdu de vue, c'est que déjà on s'est fixé dans un Autre, c'est qu'on est dans ce monde de l'émerveillement où luit le Visage adorable, toujours inconnu et toujours reconnu, qui est le Visage du Dieu vivant.
    Nous saisissons ainsi dans cette expérience de la musique, nous saisissons la possibilité pour ce secret que nous sommes, de s'exprimer et de se communiquer. Nous exprimer en effet et nous communiquer, c'est nous exprimer dans un Autre et pour Lui. Aussi bien Clara à son piano comme tant d'autres artistes, comme tous les vrais artistes, lorsqu'ils sont à leur piano, ils deviennent entièrement musique pour que nous la devenions à notre tour. Ils ne s'écoutent pas, ils ne se regardent pas. Ils laissent passer à travers elle tout ce monde silencieux qui est le berceau de toutes les mélodies. »

    Maurice Zundel (1897-1975), extraits d'une Homélie donnée à Lausanne en 1962.
    Citation d'Elizabeth Sombart, au cours de l'entretien accordé à KTO en 2011, proposé ci-dessus.

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