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abeille

  • Méditation : pour bien communier...

    « Commencez le soir précédent à vous préparer à la sainte Communion par plusieurs aspirations et élancements d'amour, vous retirant un peu de meilleure heure afin de pouvoir aussi lever plus matin. Que si la nuit vous vous réveillez, remplissez soudain votre cœur et votre bouche de quelques paroles odorantes, par le moyen desquelles votre âme soit parfumée pour recevoir l’Époux, lequel, veillant pendant que vous dormez, se prépare à vous apporter mille grâces et faveurs, si de votre part vous êtes disposée à les recevoir. Le matin levez-vous avec grande joie, pour le bonheur que vous espérez, et vous étant confessée, allez avec grande confiance, mais aussi avec grande humilité, prendre cette viande céleste qui vous nourrit à l'immortalité. Et après que vous aurez dit les paroles sacrées : Seigneur, je ne suis pas digne (*), ne remuez plus votre tête ni vos lèvres, soit pour prier soit pour soupirer, mais ouvrant doucement et médiocrement votre bouche, et élevant votre tête autant qu'il faut pour donner commodité au prêtre de voir ce qu'il fait, recevez pleine de foi, d'espérance et de charité Celui lequel, auquel, par lequel et pour lequel vous croyez, espérez et aimez. Ô Philothée, imaginez-vous que comme l'abeille ayant recueilli sur les fleurs la rosée du ciel et le suc plus exquis de la terre, et l'ayant réduit en miel, le porte dans sa ruche, ainsi le prêtre ayant pris sur l'autel le Sauveur du monde, vrai Fils de Dieu, qui comme une rosée est descendu du Ciel, et vrai Fils de la Vierge, qui comme fleur est sorti de la terre de notre humanité, il le met en viande de suavité dedans votre bouche et dedans votre corps. L'ayant reçu, excitez votre cœur à venir faire hommage à ce Roi de salut ; traitez avec lui de vos affaires intérieures, considérez-le dedans vous, où il s'est mis pour votre bonheur ; enfin, faites-lui tout l'accueil qu'il vous sera possible, et comportez-vous en sorte que l'on connaisse en toutes vos actions que Dieu est avec vous. »

    (*) Mt VIII, 8.

    St François de Sales, Introduction à la vie dévote (Seconde partie, ch. XXI), in "Œuvres", nrf-Gallimard, 1969.

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    Paolo Caliari, dit Véronèse (1528-1588) : Jésus et le centurion
    (Musée National du Prado, Madrid)

  • 22 octobre : Méditation

    « Oui, il est indispensable de travailler à se connaître soi-même à l'oraison ; oui, il est souverainement bon de contempler ses misères, de se plonger dans son néant, de descendre jusqu'aux dernières profondeurs de l'humilité, là où l'on touche infailliblement à Dieu. N'oublions point, toutefois, qu'ici comme ailleurs la discrétion doit être gardée. Manquer de mesure dans le mépris de soi-même et s'obstiner, sous l'influence de l'esprit mauvais ou de je ne sais quel instinct maladif, à réfléchir sans cesse à ses défauts et à ses péchés, risque de jeter dans le découragement et de paralyser complètement les forces de l'âme...

    Sainte Thérèse [d'Avila]... découvre avec clairvoyance les tentations que cette erreur amène naturellement. "Lorsque nous demeurons enfoncés dans la considération de notre misère, écrit-elle, au lieu de couler pur et limpide, ce fleuve de nos oeuvres entraîne dans son cours la fange, des craintes, de la pusillanimité, de la lâcheté et mille pensées qui troublent, telles que celle-ci : n'a-t-on pas les yeux sur moi ? En marchant par ce chemin, ne vais-je point m'égarer ?... Etant si misérable, me sied-il de m'occuper d'une chose si relevée que l'oraison ? N'aura-t-on pas de moi une opinion trop favorable ? Ne faut-il pas éviter ce qui est extrême même dans la vertu ? Pécheresse comme je suis, n'est-ce pas m'exposer à tomber de plus haut ? Enfin, étant ce que je suis, me convient-il de prétendre à rien de particulier (Le château intérieur, ch.II)".

    On le voit sans peine : dans cet état, le retour trop prolongé sur notre misère native brise l'élan de l'âme, arrête son essor et dès lors ne peut être que mauvais. Aux personnes atteintes de ce mal, nous conseillons de méditer attentivement ce dernier conseil de la Réformatrice du Carmel : "Je le répète, que jusque dans la demeure de la connaissance de soi-même, l'âme garde sa liberté, car l'humilité travaille toujours comme l'abeille, qui fait son miel dans la ruche... Or, considérez l'abeille... Elle quitte la ruche et va de fleur en fleur chercher son butin. Que cette âme, si elle veut m'en croire, fasse de même : que de temps en temps elle quitte ce fond de sa propre misère et prenne son vol, pour considérer la grandeur et la majesté de son Dieu. Là, bien mieux qu'en elle-même, elle découvrira sa bassesse et trouvera plus de force pour s'affranchir des reptiles... A mon avis, nous croîtrons bien plus en vertu en contemplant les perfections divines qu'en tenant les yeux de l'âme fortement attachés sur ce vil limon d'où nous tirons notre origine (Ibid.)". »

    Abbé Louis Gillot (Supérieur des Chapelains de Paray-le-Monial), L'Oraison - Etude pratique (ch. V), Paray-le-Monial, Charles Diard, 1894.

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