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bioéthique

  • Projet de loi de bioéthique : une société progressiste sera celle qui « cherchera à s’enrichir de chacun »

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    Au-delà de l’extension de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes et aux femmes seules, dans une tribune collective, diverses personnalités au rang desquelles Frédérique Bedos, Pierre Deniziot ou Philippe Pozzo di Borgo, s’inquiètent des mesures contenues dans le projet de loi de bioéthique. Parmi ces mesures : l’élargissement du diagnostic prénatal, la suppression de l’obligation faite au médecin de proposer un délai de réflexion aux parents qui, apprenant « un diagnostic d’affection grave », envisagent une interruption médicale de grossesse (IMG), l’exonération des « mineures d’informer les parents d’une interruption médicale de grossesse » « et la femme enceinte, d’informer le père de cette intervention ». La PMA elle aussi « interroge » les signataires de la tribune. Selon eux, « ce mode de procréation étendu induit une forme de « fabrication » de l’enfant, et un état d’esprit où l’on attend une certaine conformité ».

    Ainsi, « le vote de cette loi semble (…) amplifier la recherche du bébé sain à tout prix, voire l’érection d’un droit à l’enfant sain, ce qui signifie concrètement l’élimination croissante des embryons et des fœtus présentant des risques d’affection grave ». « La banalisation de la suppression de ces enfants ne peut qu’inquiéter, dans une société qui a souvent du mal à tolérer la différence et la fragilité », affirment les signataires. Ils s’interrogent : « Ce que l’on peut légitimement nommer « eugénisme » – même s’il n’est pas d’Etat – aura, on peut en être sûr, des conséquences sur le moyen et long terme pour les personnes handicapées et leurs familles : ne reprochera-t-on pas à ceux qui n’ont pas effectué de tri, pas réalisé d’IMG, pas effectué de tests, de porter l’entière responsabilité du handicap et, par-là, de peser sur la société ? »

    A contre-courant de cette logique, ils témoignent de la richesse apportée par les personnes handicapées : « Nous constatons que les personnes handicapées, dans les familles qui les accueillent, dans les entreprises qui les intègrent, dans les écoles qui favorisent leur progression, apportent souvent un plus, en termes de lien social, de créativité, d’adaptation du groupe, et même parfois, osons le dire, de joie ». Ces réflexions les conduisent à une autre vision du progressisme : « Nous ne croyons pas qu’une société progressiste est une société qui aura éliminé la différence, l’écart par rapport à la norme, la fragilité. Au contraire : ce sera celle qui, tout en soignant autant que possible, saura partir des talents de chaque personne pour qu’elle donne le meilleur d’elle-même, et cherchera à s’enrichir de chacun ». Et d’interpeller les députés : « Messieurs et mesdames les député(e)s, nous comptons sur vous pour refuser l’amplification d’un eugénisme déjà à l’œuvre, et défendre les valeurs de fraternité et de respect de toute personne. Sinon, la belle utopie de l’inclusion risque bien de devenir une coquille vide, un mot d’ordre vain ».

    Sources : Gènéthique - Le Monde (14/10/2019) – Bioéthique : « La banalisation de la suppression des enfants porteurs d’un handicap ne peut qu’inquiéter »
  • Jean-Marie Le Méné commente le sondage publié par le journal La Croix

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    Un sondage publié par le journal La Croix sur « les Français et la bioéthique » montrerait une opinion publique largement favorable à la GPA, à la « PMA pour toutes », à la légalisation de l’euthanasie ou à la modification génétique des embryons humains [1]. Jean-Marie le Méné évoque pour Gènéthique les risques d’un débat entendu.

    Gènéthique : La Croix proposait aujourd’hui un sondage sur les questions de bioéthique. Ce sondage est présenté comme le signe d’un basculement de l’opinion publique sur ces sujets, notamment sur la fin de vie, la GPA... Pensez-vous que ce soit le cas ? Pourquoi ?
    Jean-Marie Le Méné : Commencer un débat de bioéthique avec un sondage est pour le moins regrettable. Je ne crois pas qu’on fasse de vraie politique à coups de sondages, sauf peut-être pour des questions matérielles, savoir s’il faut construire un rond-point dans le village… Mais pas pour demander à la population si elle souhaite qu’on autorise la fabrication, moyennant finances, de bébés sans père. Ni pour demander à l’opinion publique si elle envisage qu’on supprime les vieux, les handicapés et les malades. Ces questions sont trop graves pour faire l’objet d’opinions. Les personnages politiques qui ont une certaine épaisseur se moquent des sondages. Robert Badinter a fait abolir la peine de mort indépendamment des sondages.

    G : Pensez-vous que, sur ces questions, les enjeux soient bien posés et que les Français aient les informations suffisantes pour prendre une position argumentée ? Si non, quel est le risque de publier ces résultats ?
    JMLM : Le problème est que nous ne faisons plus de politique mais de la gestion. Les grands principes et le bien commun ne sont plus des priorités. Il faut être pragmatique et trouver une solution, la moins mauvaise possible. C’est « L’empire du moindre mal » décrit par le philosophe Jean-Claude Michéa dans son essai sur la philosophie libérale. Peu importe la vérité, le droit arrangera les choses. L’essentiel est de ne pas faire de vagues, de rester bienveillant et ouvert à la liberté de l’autre.
    Dans ces conditions, il est utile de nourrir un débat permettant de tendre vers une position consensuelle ou au moins acceptable par tous. Peu importe les questions et les réponses. Elles n’ont aucun intérêt, mais juste pour objet d’entretenir l’illusion du « prendre soin » et du « vivre ensemble ». C’est ce qui s’est passé aux États généraux entre 2009 et 2011. C’est ce qui risque fort de se passer en 2018. Commenter les sondages est une activité « occupationnelle » pour distraire l’opinion le temps que la technoscience et le marché s’entendent entre eux sur les transgressions à venir.

    G : L’article met en cause une « sacralisation » de la liberté individuelle. Le philosophe Pierre Le Coz « ne cache pas son inquiétude » : « On arrive à une logique selon laquelle la liberté individuelle l’emporte clairement et de manière quasi automatique. Mais si c’est le cas, nous prenons le risque d’aller vers la fin de l’éthique ». Êtes-vous d’accord avec ce constat ?
    JMLM : Je regrette que quelqu’un comme Pierre Le Coz « ne cache pas son inquiétude » après avoir été vice-président du CCNE pendant des années jusqu’en 2012. Que n’a-t-il manifesté son inquiétude quand il était encore au CCNE et qu’il aurait pu déjà s’opposer à la recherche sur l’embryon, à l’eugénisme, à la loi Léonetti qui anticipait l’euthanasie, etc. ?
    Nous ne prenons pas « le risque d’aller vers la fin de l’éthique », c’est fait. La création d’un comité d’éthique étatique signe la fin de l’éthique dès lors que celle-ci est discutée et mise aux voix.

    G : Quels sont les véritables enjeux de la révision des lois de bioéthique ?
    JMLM : Il n’y en a qu’un, c’est le respect de la vie et de la dignité de la personne humaine.
    Toutes les lois de bioéthique ont été des lois de transgression de cet unique principe. Elles sont faites pour cela. Je crains que celle de 2018 ne fasse pas exception.

    - Jean-Marie le Méné est l'un des fondateurs et président de la fondation Jérôme Lejeune, reconnue d'utilité publique.

    [1] La Croix, 3 janvier 2017, « Bioéthique, comment l’opinion a basculé » : 64% des Français seraient favorable à l’autorisation de la GPA, 60%  pour la « PMA pour toutes », que 89% d’entre eux pensent qu’il faut légaliser l’euthanasie et/ou le suicide assisté et qu’ils sont à 80% favorables à la modification génétique des embryons humains pour guérir les maladies les plus graves avant la naissance.

    Source : Gènéthique.org.

  • Primaire politique, primaire bioéthique : Infographie pour discerner

    fondation,jerome,lejeune,infographie,primaire,politique,bioethiqueL’année électorale 2017 est l’occasion d’interpeller sur les enjeux de bioéthique. A l’occasion de la Primaire de la droite et du centre, la Fondation publie une infographie synthétisant, pour chacun des sept candidats, leur participation aux travaux législatifs (essentiellement depuis 2012), et leurs prises de parole sur sept thèmes qui ont marqué l’actualité : avortement, euthanasie, genre en cours de SVT, planning familial, PMA, GPA, et recherche sur l’embryon.

    Fidèle à sa méthode de travail scientifique, la Fondation a pris la peine de soumettre à chaque candidat son infographie pour contradiction.

    Le document est composé de deux volets : un tableau de synthèse, une infographie pour chaque candidat.

    Accéder à l'infographie complète

    Télécharger l’infographie complète

  • Le Conseil Constitutionnel valide le naufrage bioéthique de la loi santé

    Le Conseil constitutionnel a rendu hier, jeudi 21 janvier 2016, sa décision concernant le recours en constitutionnalité de la loi de modernisation de notre système de santé, votée le 17 décembre dernier après plus d’un an de navette parlementaire (cf. Les députés votent définitivement le projet de loi santé).

    Le deux recours déposés par les parlementaires de chacune des chambres (cf. Projet de loi santé : les sénateurs ont saisi le Conseil constitutionnel et Après les sénateurs, les députés saisissent le Conseil Constitutionnel) portaient notamment sur les enjeux bioéthiques relatifs à la suppression du délai de réflexion avant l’IVG et la recherche sur l’embryon. Dans les deux cas, le Conseil constitutionnel a jugé les articles conformes à la constitution.

    La suppression du délai de réflexion avalisée

    Le Conseil constitutionnel a considéré que la demande d'IVG et la confirmation de l'IVG ne pouvant avoir lieu le même jour la suppression du délai de réflexion n'était pas contraire à « l'équilibre » de la loi Veil. Par ailleurs, répondant à ceux qui estimaient que tout achat ou a fortiori les actes médicaux pouvaient donner lieu à un délai de rétractation, il a mentionné qu'aucune disposition constitutionnelle n'imposant « de façon générale » de délai de réflexion avant un acte chirurgical, la suppression du délai de réflexion est conformé à la constitution.

    La recherche sur l’embryon est autorisée

    Dans son communiqué de presse, le Conseil constitutionnel a estimé que « le paragraphe III de l'article 155 qui permet, dans le cadre de l'assistance médicale à la procréation et avec le consentement des membres du couple, la réalisation de recherches biomédicales sur des gamètes destinés à constituer un embryon ou sur un embryon in vitro avant ou après son transfert à des fins de gestation » était conforme à la constitution.

    Le Conseil constitutionnel a considéré que cet article n'était pas un cavalier législatif comme les députés l'avaient soulevé dans leur saisine : ils estimaient qu’il n’avait pas sa place dans le projet de loi santé parce qu’il relevait de la loi de bioéthique. Le Conseil constitutionnel a justifié sa décision estimant qu’il présentait « un lien, même indirect, avec le texte déposé ou transmis ».

    Sur le fond, les arguments énoncés par le Conseil constitutionnel ont de quoi effrayer : les essais cliniques incriminées « destinés à améliorer l’efficacité des méthodes de PMA ou à prévenir ou soigner des pathologies chez l’embryon » « sont menées au bénéfice de l’embryon » et « ne conduisent pas à exposer l’embryon a un risque sans proportion avec le bénéfice attendu »… On est cependant en droit de se demander quel est le « bénéfice » que l’embryon, qui va être détruit, pourra tirer de ces recherches ?

    Par ailleurs, les autorisations de recherche ne seront plus attribuées par l’Agence de biomédecine mais par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), ce qui banalise ces recherches désormais soumises aux règles de l’industrie de la santé. Pourtant, le Conseil Constitutionnel parle bien de personne en parlant de l’embryon puisqu’il évoque « le principe de primauté de la personne qui se prête à la recherche ». Faudra-t-il parler d’incohérence ?

    Certains autres articles de la loi ont été retoqués par le Conseil constitutionnel. Ils n’empêcheront pas la mise en œuvre de ceux-ci dès promulgation du décret d’application.

    Source : Gènéthique.