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classe dirigeante

  • Le Pape François en République Centrafricaine : Rencontre avec la classe dirigeante et avec le Corps diplomatique à Bangui

    « C’est en pèlerin de la paix que je viens, et c’est en apôtre de l’espérance que je me présente. » Le Pape François, pour sa première intervention publique en République centrafricaine, s’est adressé ce dimanche 29 septembre 2015 aux autorités de transition et au corps diplomatique réunis dans un des salons du Palais de la Renaissance, la résidence du chef de l’État. Le Pape a tout de suite mis l’accent sur la situation politique délicate que connait la Centrafrique, pays qui a connu une guerre civile suivie de violences inter-communautaires.

    Dans ce discours, le Saint-Père a exprimé son « souhait le plus ardent » que « les différentes consultations nationales qui vont se tenir dans quelques semaines permettent au pays d’entamer sereinement une nouvelle étape de son histoire ».

    S’adressant tout particulièrement à ceux qui sont au pouvoir, le Pape a voulu les aider à éclairer l’horizon en s’appuyant sur la devise du pays : « Unité – Dignité – Travail ». L’unité « est à vivre et à construire à partir de la merveilleuse diversité du monde ambiant, en évitant la tentation de la peur de l’autre, de ce qui ne nous est pas familier, de ce qui n’appartient pas à notre ethnie, à nos options politiques ou à notre confession religieuse. » Et de poursuivre : « l’unité exige, tout au contraire, de créer et de promouvoir une synthèse des richesses que chacun porte en lui. L’unité dans la diversité, c’est un défi constant, qui appelle à la créativité, à la générosité, à l’abnégation et au respect d’autrui. »

    Dignité et travail

    Quant à la dignité, le Pape a repris à son compte une expression centrafricaine, rappelant à son auditoire que le pays est celui du « Zo kwe zo », autrement dit, « le pays où chaque personne est une personne ». Il a ainsi interpellé la classe dirigeante et les plus riches du pays. « Celui qui a les moyens d’une vie décente, au lieu d’être préoccupé par les privilèges, doit chercher à aider les plus pauvres à accéder eux aussi à des conditions respectueuses de la dignité humaine ». Cela passe par « le développement de leur potentiel humain, culturel, économique et social ». Autrement dit, a résumé le Pape François, « la dignité de l’être humain, c’est de travailler à la dignité de ses semblables ».

    Dernière valeur prônée par la devise centrafricaine, le travail. « C’est par le travail que vous pouvez améliorer la vie de vos familles », a expliqué le Pape. « L’effort des parents exprime leur amour pour les petits ».

    Le Saint-Père est ensuite revenu sur un sujet qui lui tient particulièrement à cœur : le respect de l’environnement dans les politiques de développement. Il a voulu attirer l’attention « de chacun, citoyens, responsables du pays, partenaires internationaux et sociétés multinationales, sur la grave responsabilité qui est la leur dans l’exploitation des ressources environnementales, dans les choix et les projets de développement, qui d’une manière ou d’une autre affectent la planète entière ». Le Pape a exprimé aussi sa confiance en les Centrafricains, affirmant que « cette vérité, la sagesse de votre peuple l’a comprise depuis longtemps et l’a traduite par ce proverbe : “Les fourmis sont petites, mais en étant nombreuses, elles ramènent leur butin dans leur nid”. »

    L'engagement de l'Église

    Le Pape François a tenu à saluer le travail par l’Église catholique depuis les premiers missionnaires qui vinrent évangéliser le pays, « dans le sens de ces valeurs de l’unité, de la dignité et du travail ». Cette action, le Saint-Père espère qu’il se poursuivra sans entraves, ne doutant pas que « les Autorités centrafricaines actuelles et futures se préoccuperont sans relâche de garantir à l’Église des conditions favorables à l’accomplissement de sa mission spirituelle ».

    Enfin, vu la situation particulière du pays, le Pape a eu un mot pour la communauté internationale. « Je l’encourage vivement à aller toujours plus loin sur le chemin de la solidarité, souhaitant que son engagement, uni à l’action des Autorités centrafricaines, aide le pays à progresser notamment dans la réconciliation, le désarmement, le maintien de la paix, l’assistance sanitaire et la culture d’une saine gestion à tous les niveaux. »

    Autocritique de la présidente de transition

    Auparavant, la présidente de transition de Centrafrique, Catherine Samba-Panza, a eu des mots très forts, livrant une analyse très critique envers son pays et son peuple, soulignant combien la visite du Pape à Bangui « est vécue comme une bénédiction du ciel » et « comme une victoire de la foi sur la peur, sur l’incrédulité et une victoire de la compassion et de la solidarité de l’Église universelle ». Cette victoire est d’autant plus belle que « le contexte politique du moment, les menaces sécuritaires réelles ou amplifiées qui ont émaillé les préparatifs de Votre visite, la résurgence ces derniers jours des mouvements extrémistes et du terrorisme avec une violence omniprésente, auraient pu vous décourager à prendre le risque de faire le déplacement de Bangui ».

    Or, le Pape a donné une « leçon de courage et de détermination ». Le Pape « des pauvres, des meurtris et de tous ceux qui sont dans la détresse », a tenu à venir pour « témoigner » sa « compassion » et sa « solidarité à un peuple tenaillé par la haine et l’esprit de vengeance, déchiré par des conflits interminables mais qui, malgré tout, n’a pas totalement perdu sa foi et est toujours debout par la force de l’espoir ».

    Reconnaitre ses fautes

    Rappelant la figure et l’héritage humaniste de celui qui est considéré comme le père fondateur de la République centrafricaine, Barthélémy Boganda, la présidente de transition s’est alors livrée à une critique sévère de son peuple. « Il revient aux filles et aux fils de ce pays de reconnaître leurs fautes et demander pardon, un pardon sincère que Votre bénédiction transformera en un nouveau levain pour la reconstruction du pays ». Usant d’un vocabulaire religieux, elle n’a pas hésité à confesser « tout le mal qui a été fait ici au cours de l’histoire et demande pardon » du fond de son cœur.

    « Nous avons absolument besoin de ce pardon à l’occasion de Votre visite simplement parce que les dernières évolutions de la crise dans notre pays sont apparues comme des abominations commises au nom de la religion par des gens qui se disent des croyants » a-t-elle déclaré, regrettant que « l’amour sincère du prochain » ait quitté les Centrafricains, « désormais ancrés dans l’intolérance, la perte des valeurs et le désordre qui en résulte ».

    La présidente a exprimé le grand espoir que les Centrafricains ont mis en cette visite du Pape François, dont les messages « sont attendus » pour « libérer » les habitants de ce pays « de la peur de l’autre », pour les « aider à cesser » leurs « conflits, à changer » leurs « cœurs » et à les « établir sur la voie de la sérénité, de la sagesse, de la fraternité et de la paix ». (XS)

    Résumé de Xavier Sastre et Discours intégral de la Présidente de transition Catherine Samba-Panza sur Radio Vatican.

    Texte intégral original du discours en français ci-dessous.

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  • Rencontre avec la classe dirigeante du Brésil

    Hier après-midi, le Pape François s'est rendu au théâtre municipal de Rio pour s'adresser à la classe dirigeante du Brésil, à laquelle il a d'emblée dire voir en ses représentants présents la mémoire, l’espérance et la conscience de l'avenir du pays :

    Je parle "d’une espérance toujours ouverte à la lumière qui émane de l’Evangile de Jésus-Christ, elle puisse continuer à se développer dans le plein respect des principes éthiques fondés sur la dignité transcendante de la personne. Ceux qui, dans une nation, ont un rôle de responsabilité, sont appelés à affronter l’avenir" doivent être calmes, sereins et sages : Avoir "d’abord l’originalité d’une tradition culturelle, ensuite une responsabilité solidaire pour bâtir l’avenir, et enfin le dialogue constructif pour affronter le présent. Il est important, avant tout, de valoriser l’originalité dynamique qui caractérise la culture brésilienne, avec son extraordinaire capacité d’intégrer des éléments divers. Le sentiment commun d’un peuple, les bases de sa pensée et de sa créativité, les principes fondamentaux de sa vie, les critères de jugement au sujet des priorités, des normes d’action, s’appuient sur une vision intégrale de la personne humaine. Cette vision de l’homme et de la vie, comme elle est propre au peuple brésilien, a beaucoup reçu de la sève de l’Evangile, à travers l’Eglise catholique : D’abord la foi en Jésus-Christ, en l’amour de Dieu et la fraternité avec le prochain. Mais la richesse de cette sève doit être pleinement valorisée. Elle peut féconder un processus culturel fidèle à l’identité brésilienne et constructeur d’un avenir meilleur pour tous... Faire croître l’humanisation intégrale et la culture de la rencontre et de la relation est la façon chrétienne de promouvoir le bien commun, la joie de vivre. Et ici convergent foi et raison, la dimension religieuse avec les divers aspects de la culture humaine : art, science, travail, littérature… Le christianisme, qui unit transcendance et incarnation, revitalise toujours la pensée et la vie, face à la déception et au désenchantement qui envahissent les cœurs et se répandent sur les routes". "Un deuxième élément...est la responsabilité sociale...qui réclame un certain type de paradigme culturel et, en conséquence, de politique. Nous sommes responsables de la formation de nouvelles générations, compétentes en économie et en politique, et fermes sur les valeurs éthiques. L’avenir exige de nous une vision humaniste de l’économie et une politique qui réalise toujours plus et mieux la participation des gens, évite les élitismes et déracine la pauvreté. Que personne ne soit privé du nécessaire et que dignité, fraternité et solidarité soient assurées à tous. Telle est la route à suivre. Déjà au temps du prophète Amos l’avertissement de Dieu était très fort : Ils vendent le juste à prix d’argent et le pauvre pour une paire de sandales… Ils écrasent la tête des faibles dans la poussière et dévient la route des humbles. Les cris qui demandent justice continuent aujourd’hui encore. Qui a un rôle de guide doit avoir des objectifs très concrets et rechercher les moyens spécifiques pour les atteindre, mais il peut y avoir le danger de la déception, de l’amertume, de l’indifférence, quand les aspirations ne se réalisent pas. La vertu dynamique de l’espérance pousse à aller toujours de l’avant, à employer toutes les énergies et les capacités en faveur des personnes pour lesquelles on agit, en acceptant les résultats et en créant des conditions pour découvrir de nouveaux parcours, en se donnant aussi sans voir de résultats, mais en maintenant vivante l’espérance. Le leadership sait choisir la plus juste des options après les avoir considérées en partant de sa propre responsabilité et de l’intérêt pour le bien commun ; c’est la façon d’aller au cœur des maux d’une société et aussi de les vaincre par l’audace d’actions courageuses et libres. Dans notre responsabilité, bien que toujours limitée, il est important de comprendre toute la réalité... Celui qui agit de manière responsable place sa propre action devant les droits des autres et devant le jugement de Dieu. Ce sens éthique apparaît aujourd’hui comme un défi historique sans précédents. Au-delà de la rationalité scientifique et technique, dans la situation actuelle s’impose le lien moral avec une responsabilité sociale et profondément solidaire".

    "Entre l’indifférence égoïste et la protestation violente il y a le dialogue, qui est toujours possible. Le dialogue entre les générations, le dialogue avec le peuple, la capacité de donner et de recevoir, en demeurant ouverts à la vérité. Un pays grandit quand dialoguent de façon constructive ses diverses richesses culturelles... Il est impossible d’imaginer un avenir pour la société sans une forte contribution d’énergies morales dans une démocratie qui n’est jamais exempte du fait de demeurer fermée dans la pure logique de représentation des intérêts constitués. La contribution des grandes traditions religieuses, qui exercent un rôle fécond de levain de la vie sociale et d’animation de la démocratie, est fondamentale. La laïcité de l’Etat, qui, sans assumer comme propre aucune position confessionnelle, mais respecte et valorise la présence du facteur religieux dans la société, en en favorisant ses expressions concrètes, est favorable à la cohabitation entre les diverses religions. Quand les leaders des divers secteurs me demandent un conseil, ma réponse est toujours la même : Dialogue, dialogue, dialogue. L’unique façon de grandir pour une personne, une famille, une société, l’unique manière pour faire progresser la vie des peuples est la culture de la rencontre, une culture dans laquelle tous ont quelque chose de bon à donner et tous peuvent recevoir quelque chose de bon en échange... C’est seulement ainsi que peut grandir une bonne entente entre les cultures et les religions, l’estime des unes pour les autres sans préjugés et dans le respect des droits de chacun. Aujourd’hui, ou bien on mise sur la culture de la rencontre, ou bien nous perdrons tous !".

    Source : Vatican Information Service (Publié VIS Archive 01 - 28.7.13)