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diable

  • Angelus de ce dimanche 5 mars 2017

    En ce premier dimanche de Carême, le Pape François exhorte les fidèles à lutter contre le Mal « avec la force de la parole de Dieu ». Lors de l’Angélus, ce dimanche 5 mars 2017, le Saint-Père, prenant appui sur l’Évangile du jour selon Saint Mathieu, où pendant 40 jours “Jésus fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable”, invite à chérir la Bible pour éloigner toutes les tentations.

    « Jésus a un ennemi déclaré : le diable, qui tente de le détourner de la voie de l’obéissance et de l’humiliation » mais, affirme le Pape, le Christ l’affronte tout de suite “au corps à corps”. Face aux tentations, Jésus parvient à parer « les flèches vénéneuses du diable avec le bouclier de la Parole de Dieu qui exprime la volonté du Père ». Ainsi, observe le Saint-Père, « le Fils, empli de la force de l’Esprit Saint, sort victorieux du désert ».

    Le Pape François appelle ainsi les fidèles, en ce temps de montée vers Pâques, « à suivre les traces de Jésus en affrontant le combat spirituel contre le malin avec la force de la Parole de Dieu ». Pour cela, il est important de « se familiariser avec la Bible, la lire souvent, la méditer, l’assimiler. La Bible contient la Parole de Dieu, qui est toujours actuelle et efficace ». Le Pape établit alors une « comparaison paradoxale mais qui fait réfléchir » entre la Bible et notre téléphone portable.

    Que se passerait-il, interroge le Saint-Père, « si nous traitions la Bible comme nous traitions notre téléphone portable ; si nous l’emportions toujours avec nous ; si nous retournions la chercher quand nous l’oublions ; si nous l’ouvrions plusieurs fois par jour ; si nous lisions les messages de Dieu contenus dans la Bible comme nous lisons les messages du téléphone portable ».

    Et le Pape insiste : « Si nous avions toujours à cœur la Parole de Dieu (…) aucun obstacle ne pourrait nous faire dévier de la route du bien ». Nous serions ainsi capables de vaincre les tentations quotidiennes, « d’accueillir et d’aimer nos frères, en particulier les plus vulnérables et les plus faibles, et même nos ennemis ».

    Source : Radio Vatican (HD).

    Texte intégral des paroles du Pape traduites en français sur Zenit.org.

  • Nouveau Rituel du baptême : le cri d’alarme d’un exorciste

    Jesus_chasse_demon.jpgDans son ministère de prêtre exorciste le Père Jean-Régis Fropo a fait un double constat : le Rituel du baptême des petits enfants de 1970 a été tant expurgé qu’il ne combat pas l’influence démoniaque pouvant opérer dès la naissance et même dans la vie intra-utérine, comme les sept exemples qu’il donne le montrent.

    J’ai été prêtre exorciste dans le diocèse de Fréjus-Toulon (Mgr Dominique Rey) de 2005 à 2014 et j’ai reçu des centaines de personnes en souffrances diverses et pour des causes souvent mélangées, psychologiques et maléfiques. Plusieurs cas rencontrés dans mon ministère en France et à l’étranger m’ont alerté sur la question du Rituel utilisé lors du baptême des petits enfants.

    Un article essentiel du Père Jean-Régis Fropo à lire sur le blog de L'Homme Nouveau.

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    Billet publié dans l'hebdo L'Homme Nouveau (n°1625, 05 novembre 2016), je commande le numéro.

  • Méditation : de la médisance

    « Le médisant par un seul coup de sa langue, fait ordinairement trois meurtres : il tue son âme et celle de celui qui l’écoute, d’un homicide spirituel, et ôte la vie à celui duquel il médit ; car, comme disait saint Bernard (1), et celui qui médit et celui qui écoute le médisant, tous deux ont le diable sur eux, mais l’un l’a en la langue et l’autre en l’oreille. David parlant des médisants "Ils ont affilé leurs langues", dit-il, comme un serpent. (2) Or le serpent a la langue fourchue et à deux pointes, comme dit Aristote (3) ; et telle est celle du médisant, qui d’un seul coup pique et empoisonne l’oreille de l’écoutant et la réputation de celui de qui elle parle.

    Je vous conjure donc, très chère Philothée, de ne jamais médire de personne, ni directement, ni indirectement : gardez-vous d’imposer des faux crimes et péchés au prochain, ni de découvrir ceux qui sont secrets, ni d’agrandir ceux qui sont manifestes, ni d’interpréter en mal la bonne œuvre, ni de nier le bien que vous savez être en quelqu’un, ni le dissimuler malicieusement, ni le diminuer par paroles, car en toutes ces façons vous offenseriez grandement Dieu, mais surtout accusant faussement et niant la vérité au préjudice du prochain ; car c’est double péché de mentir et nuire tout ensemble au prochain. »

    1. Saint Bernard, Sur le Cantique, sermon XXIV, 3. - 2. Ps. CXXXIX, 3. - 3. Aristote, Histoire des animaux, liv. I, chap. XI.

    St François de Sales, Introduction à la vie dévote (Troisième Partie ch. XXIX), in "Œuvres", nrf / Gallimard, 1969.
    Texte intégral en ligne à l'Abbaye Saint-Benoît de Port-en-Valais (Suisse).
    Texte intégral à télécharger ici.

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  • Méditation : de la colère

    « La colère est le pire des vices, c'est presque le cœur du diable ; parfois elle se cache dans la caverne d'une couleuvre, et son habitude est d'assaillir l'homme : elle lui fait perdre la raison et fuir la bénédiction d'Abraham, qui a obéi avec bonne volonté à tous les préceptes de Dieu ; c'est pour cela que beaucoup des descendants d'Abraham ont transmis sa bénédiction.

    L'homme colérique corrompt tout germe de vertu, arrache avec les dents tout ce qui est en train de germer, tel un fieffé voleur, et mâche tous les dons accordés aux hommes par le doigt de Dieu. Il apporte courroux et discorde partout où il le peut, et, d'une façon non seulement insolente, mais impie, il enfreint les lois de Dieu. En effet, la colère est comme un dragon qui brûle tout partout où il passe ; c'est une voleuse qui vole et pille tout ce qu'elle peut voler et piller. Dans la colère, la sagesse devient sottise, la patience se transforme en impatience, et la modération se change en exagération.

    La colère est aussi l'amertume qui vomit la bonté et la douceur des lois et des préceptes de Dieu ; elle est un crime qui divise le corps et l'âme, et les empêche de s'unir. c'est aussi un rocher dur et immuable qui écrase toute bonté et toute justice ; elle a sa place en enfer depuis qu'elle désire bouleverser les choses célestes. Lorsqu'elle s'est emparée d'un homme, elle le met hors de lui, et le conduit vers une telle démence qu'il ne pense plus alors ni à la terre ni au ciel, car il écrase et met en pièces tout ce qui a été créé à l'image de Dieu ; et un tel sacrilège entraîne une impitoyable condamnation. »

    Ste Hildegarde de Bingen (1098-1179), Le Livre des mérites de la vie (Liber vitae meritorum, 1, 108), Trad. Lys-Marie Anibeaud, Éditions Bénédictines, 2012.

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  • Angélus de ce dimanche 20 juillet 2014

    Le Pape prie pour la paix au Proche-Orient et en Ukraine

    Nouvel appel du Pape François pour la Paix au Proche Orient, et ailleurs dans le monde, notamment en Ukraine. Un appel lancé ce dimanche midi, au terme de la prière de l’Angélus, avec une attention tout spéciale pour les chrétiens de Mossoul en Irak, chassés de leur ville par les djihadistes.

    « J’ai appris avec inquiétude les nouvelles qui arrivent des communautés chrétiennes de Mossoul (en Irak), et d’autres régions du Moyen-Orient, où depuis le début du christianisme elles ont vécu avec leurs concitoyens en offrant une contribution significative au bien de la société. Aujourd'hui elles sont persécutées, nos frères et sœurs sont persécutés, ils sont chassés, ils doivent quitter leurs maisons sans pouvoir rien emporter. A toutes toutes ces familles et ces personnes je veux exprimer ma proximité et ma prière constante. Très chers frères et sœurs, tellement persécutés, je sais combien vous souffrez, je sais que vous êtes privés de tout. Je suis avec vous dans la foi en Celui qui a vaincu le mal ! Vous qui êtes sur cette place, et vous qui nous suivez à la télévision, je vous invite à penser à ces communautés chrétiennes dans vos prières. Je vous exhorte aussi à persévérer dans la prière pour les situations de tension et de conflit qui persistent en différents endroits dans le monde, spécialement au Moyen-Orient mais aussi en Ukraine. Que le Dieu de la paix suscite en tous un authentique désir de dialogue et de réconciliation. La violence ne peut être vaincue par la violence. La violence ne peut être vaincue que par la paix ! Prions en silence, pour demander la paix ; tous en silence... Marie, Reine de la paix, priez pour nous ! »

    Le grain et la zizanie

    Dans sa catéchèse, le Pape est revenu sur quelques paraboles évangéliques, ces « brèves narrations qu’utilisait Jésus pour annoncer le Royaume des cieux ». Parmi celles présentes dans l’Évangile du jour, il en est une « plutôt complexe » : celle du « bon grain et de l'ivraie », qui affronte « le problème du mal dans le monde et met en avant la patience de Dieu » (cf. Mt 13, 24-30 ; 36-43).

    Le Souverain pontife raconte que « la scène a lieu dans un champ où le propriétaire sème le grain ». Mais une nuit arrive l’ennemi et sème l'ivraie, « un terme en hébreux qui dérive de la même racine que le nom de “Satan” et qui rappelle le concept de division ». Les ouvriers souhaitent alors arracher la mauvaise herbe, poursuit François, mais le maître les en empêche, craignant que ne soit aussi déraciné le grain.

    L’enseignement de cette parabole est double, analyse le Saint-Père. « Tout d’abord le mal qu’il y a dans le monde ne provient pas de Dieu, mais de son ennemi, le Malin. Cette ennemi est rusé : il a semé le mal au milieu du bien, afin qu'il nous soit impossible de les séparer nettement. Mais à la fin Dieu pourra le faire ».

    Puis le Pape a poursuivi sur le second thème : « le contraste entre l’impatience des servants et la patiente attente du propriétaire du champ, qui représente Dieu. Parfois, nous avons grande hâte de juger, classifier, mettre de ce côté les bons, de l’autre les méchants. Dieu au contraire sait attendre. Lui regarde dans le “champ” de la vie de chaque personne avec patience et miséricorde : Il voit bien mieux que nous la saleté et le mal, mais il voit aussi les germes du bien et attend avec confiance qu’elles arrivent à maturation. Dieu est patient, Il sait attendre. »

    « Le comportement du propriétaire est celui de l’espoir fondé sur la certitude que le mal n’a ni le premier ni le dernier mot, explique le Souverain Pontife. Et c’est grâce à ce patient espoir de Dieu que cette même ivraie peut finalement devenir du bon grain. » « Mais attention, prévient François : la patience évangélique n’est pas indifférente au mal ; on ne peut pas faire de confusion entre le bien et le mal. Face à l'ivraie présente dans le monde, le disciple du Seigneur est appelé à imiter la patience de Dieu, à alimenter l’espoir avec le soutien d’une indéfectible confiance dans la victoire finale du bien, autrement dit Dieu. »

    D'après Radio Vatican.

    Texte intégral italien sur le site internet du Vatican.

  • Méditation avec St Athanase : mort et résurrection

    « Le corps du Christ était de même substance que celui de tous les hommes, c'était un corps humain, et bien que par un nouveau prodige il fût issu de la vierge seule, il était cependant mortel, et il est mort selon le sort commun à ses semblables. Mais à cause de la venue en lui du Verbe, il n'était plus soumis à la corruption comme le voulait sa propre nature ; par la présence en lui du Verbe de Dieu, il était étranger à la corruption. Ainsi deux prodiges se rencontrent dans le même être : la mort de tous s'accomplissait dans le corps du Seigneur, et d'autre part la mort et la corruption étaient détruites par le Verbe qui habitait en ce corps (1). La mort était nécessaire, et il fallait qu'il mourût pour tous, pour payer la dette de tous. Aussi, comme je l'ai déjà dit, puisque le Verbe ne pouvait mourir lui-même, - il était immortel, - il prit un corps capable de mourir, afin de l'offrir pour tous comme son bien propre, et, souffrant lui-même pour tous dans ce corps où il était venu, de réduire à rien le maître de la mort, c'est-à-dire le diable, et "délivrer ceux qui par crainte de la mort, étaient leur vie durant assujettis à l'esclavage" (Hébr., II, 15).

    Assurément, puisque le Sauveur de tous est mort pour nous, nous les fidèles du Christ nous ne mourons plus de mort comme autrefois selon la menace de la loi, car cette peine a pris fin, mais puisque la corruption a cessé et a disparu par la grâce de la résurrection, il reste que, selon la condition de notre corps mortel, nous nous décomposons seulement pour le temps que Dieu a fixé à chacun, pour que nous puissions obtenir une plus belle résurrection (2). Car à la façon des semences jetées en terre, nous ne périssons pas dans la dissolution, mais nous sommes semés pour ressusciter, puisque la mort a été réduite à rien par la grâce du Sauveur. C'est pourquoi le bienheureux Paul, qui se fait pour tous le garant de la résurrection, dit : "Il faut que ce corps corruptible revête l'incorruptibilité, et que ce corps mortel revête l'immortalité. Quand le corruptible aura revêtu l'incorruptibilité, et le mortel l'immortalité, alors se réalisera la parole qui a été écrite : la mort a été absorbée dans la victoire ; où est, mort, ton aiguillon ? où, enfer, ta victoire ?" (I Cor., XV, 53-55). »

    (1) : Les métaphores du temple et de l'instrument sont familières à la christologie de saint Athanase. Bien qu'elles aient été reprochées à Nestorius, elles seront reprises dans la formule d'union de 433.
    (2) : Après la mort rédemptrice du Sauveur, la mort a perdu pour les hommes son caractère de pénalité, elle n'est plus que le résultat de leur condition de créatures, et le moyen pour eux de parvenir à la résurrection glorieuse. Une telle conception, qui semble oublier que la mort reste chose douloureuse et cruelle, et qu'elle demeure une conséquence du péché (Rom., VI, 12 ; I Cor., XV, 21), paraîtra assurément trop optimiste, même si elle peut s'appuyer sur certains textes de saint Paul (Rom., VIII, 17 ; II Tim., II, 11).


    St Athanase d'Alexandrie, Traité sur l'Incarnation du Verbe (20-21 : La Rédemption), Trad. et notes de P. Th. Camelot o.p., SC n°18, Le Cerf, 1946.

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    Saint Athanase le Grand, fresque du XIIIe siècle à Ohrid (Macédoine)
    (Source et crédit photo)

  • Méditation : se libérer de toute faim...

    « Compris dans toute sa profondeur, le jeûne est le seul moyen pour l'homme de recouvrer sa vraie nature spirituelle. c'est un défi, non théorique mais vraiment concret, au Menteur qui a réussi à nous convaincre que nous n'avons besoin que de pain, et qui a édifié sur ce mensonge toute la connaissance, la science et l'existence humaines. Le jeûne dénonce ce mensonge et prouve qu'il en est un. Il est très significatif que ce soit lors de son jeûne que le Christ rencontra Satan et que, plus tard, il ait dit que Satan ne peut être vaincu "que par le jeûne et la prière". Le jeûne est le véritable combat contre le diable parce qu'il est le défi à la loi singulière et universelle qui en fait le "prince de ce monde". Mais si quelqu'un a faim et découvre alors qu'il peut être vraiment indépendant de cette faim, ne pas être détruit par elle mais, tout au contraire, la transformer en une source d'énergie spirituelle et de victoire, alors plus rien ne subsiste de ce grand mensonge dans lequel nous avons vécu depuis Adam. »

    Alexandre Schmemann, Le Grand Carême (Le Carême dans nos vies, 3), Spiritualité Orientale n°13, Abbaye de Bellefontaine, 1977.

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    Psautier enluminé (v.1222), Copenhague, Det kongelige Bibliotek (Source)

  • Méditation : on ne triomphe des combats qu'avec Jésus-Christ

    « Depuis le commencement du monde, la Lumière du Christ cherche à conquérir l'empire que le mensonge du diable lui a ravi : il n'y a rien d'autre dans l'histoire des siècles. Les âmes sont l'enjeu de cette lutte gigantesque : les sauver ou les perdre.

    Il ne faut être qu'à Jésus-Christ ; sans quoi, on est livré à Lucifer ; là est la liberté, ici est l'esclavage. On ne peut être qu'à Celui qui détient les clefs de l'enfer et de la mort (Ap I,18). Qui n'est pas avec Lui est contre Lui (Cf. Mt XII,30).

    La vie chrétienne est un combat solennel et redoutable : on n'y triomphe que si l'on tient avec Jésus-Christ. Il n'y a pas, il ne peut y avoir deux manières de tenir avec Lui : il faut être et rester pur, ennemi juré du Démon impur, que le baptême a chassé des âmes ; il faut marcher dans la charité, celle dont nous a aimés le Christ, lorsqu'Il s'offrait à Dieu, en oblation de suave parfum (Ep V,2).

    Les purs sont ceux qui aiment ; ils se purifient toujours plus pour mieux aimer. Ils aiment pour croître en pureté : voilà les vrais soldats du Christ.

    [...]

    Sois, ô mon âme, ce soldat pur et généreux de Jésus-Christ ; ne touche jamais ce qui est souillé ; et, Moi, je t'accueillerai, dit le Seigneur tout-puissant (2Cor VI,17).

    Mon regard est inlassablement tendu vers Vous, Seigneur, oculi mei semper ad Dominum (Introit - Ps XXIV,15). J'accepte tous vos commandements : ils sont la justice même, ils reposent en mon cœur ; ils ont la douceur du miel. Je veux n'être qu'avec Vous, n'amasser qu'avec Vous ; Seigneur, défendez-moi de votre bras. »

    Dom Vandeur, Dimanche de la troisième semaine, in "Élévations sur la Messe de chaque jour" (Septuagésime - Carême - Passion), Éditions de Maredsous, 1955.

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    Tableau de Duccio di Buoninsegna (v. 1310), Frick Collection, New York (Source)

  • Méditation : qu'est-ce que le péché ?

    « Mais, dira-t-on, qu'est-ce donc enfin que le péché ? est-ce un animal ? est-ce un ange ? est-ce un démon ? quel en est le moteur ? Ce n'est pas, ô homme, un ennemi qui s'attaque de l'extérieur, mais une production mauvaise qui grandit à partir de toi. Regarde avec des yeux francs (cf. Pr 4, 25) et il n'y a pas de concupiscence. Garde ce qui t'appartient et ne prends pas ce qui est aux autres, et voici l'avarice par terre. Pense au jugement, alors ni la fornication ni l'adultère ni le meurtre ni aucune sorte de désobéissance ne prévaudra chez toi. Mais quand tu oublies Dieu, alors tu te mets à penser au mal et à commettre l'iniquité.

    Tu n'es pourtant pas le seul instigateur de la mauvaise action ; il en est un autre dont la perversité te la souffle : c'est le diable. Cet être souffle (le mal), mais il ne triomphe pas de ceux qui refusent de l'écouter. D'où la parole de l'Ecclésiaste : "Si l'esprit de celui qui possède la puissance s'élève contre toi, ne quitte pas ta place" (Qo 10, 4), verrouille ta porte, tiens-le loin de toi, et il ne te nuira pas. Que si tu accueilles à la légère la suggestion d'un désir, grâce à tes considérations, elle enfoncera en toi des racines, elle enchaînera ton intelligence et t'attirera dans la fosse de misère. Mais peut-être dis-tu : "Je suis un 'fidèle', et le désir ne me domine pas, même si je m'arrête à y réfléchir." Ignores-tu qu'une racine, à force de s'y accrocher, brise même une pierre ? N'accueille pas la graine, car elle brisera ta foi. Avant qu'elle ne fleurisse, arrache le mal jusqu'aux racines, de peur que ta nonchalance première ne te vaille plus tard d'avoir à beaucoup penser haches et feu. Commence par guérir tes mauvais yeux en temps opportun, pour n'avoir pas à chercher le médecin une fois devenu aveugle.

    Dieu aime l'homme, et son amour de l'homme n'est pas petit. De fait, ne dis pas : du fornicateur, de l'adultère, du grand pécheur que j'ai été non pas une fois mais bien des fois, Dieu se rapprochera-t-il ? consentira-t-il à oublier ? Écoute ce que dit le Psalmiste : "Qu'elle est grande, Seigneur, l'abondance de ta bonté !" (Ps 30, 20) L'accumulation de tes fautes ne l'emporte pas sur l'abondance des compassions divines. Tes blessures ne l'emportent pas sur le savoir-faire du prince des médecins. Donne-toi seulement toi-même avec foi, dis ton mal au médecin. Toi aussi, dis avec David : "J'ai dit : contre moi-même je confesserai au Seigneur ma transgression" (Ps 37, 19), la suite de sa parole te sera aussi applicable : "et toi, tu as enlevé l'impiété de mon cœur." (Ps 31,5) »

    St Cyrille de Jérusalem (v.315-387), Deuxième catéchèse baptismale improvisée à Jérusalem (2,3,6), au sujet de la pénitence et de la rémission des péchés, à partir d'une lecture d'Ezéchiel : "La justice du juste sera sur lui et l'impiété de l'impie sera sur lui. Et si l'impie se convertit de toutes ses impiétés..." (Ez 18, 20). Traduction française du Chanoine Bouvet. (Source)

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    St Cyrille de Jérusalem, par Francesco Bartolozzi (XVIIIe siècle)

  • 26 mars : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Amen, amen, je vous le dis : l'un de vous me livrera." (Jn 13, 21-38)

    « Jésus, sûr de sa résolution et intrépide dans l'accomplissement du plan de son Père, mettait un terme à l'ancienne alliance et fondait la nouvelle Pâque. En effet, ses disciples assis à table avec lui pour manger le repas mystique, et tandis que, dans la cour de Caïphe, on délibérait de la manière de le faire périr, le Christ, lui, posait les règles du sacrement de son corps et de son sang et enseignait quelle victime il faudrait offrir à Dieu, n'écartant même pas le traître de ce mystère ; il montrait ainsi que ce n'est pas sous l'exaspération d'une injustice qu'agit celui dont l'impiété volontaire était connue d'avance. Car il trouva en lui-même la matière de sa ruine et la cause de sa perfidie, en prenant le diable comme chef et en refusant d'être conduit par le Christ. Aussi lorsque le Seigneur dit : "En vérité, je vous le dis, l'un de vous me livrera", il montra que la conscience du traître lui était connue ; il ne confondit pas l'impie par une réprimande sévère et publique, mais chercha à l'atteindre par un avertissement doux et muet, afin que le repentir pût le corriger plus facilement, alors qu'aucune exclusive ne l'aurait aigri. Pourquoi, ô malheureux Judas, n'uses-tu pas d'une telle mansuétude ? Voici que le Seigneur pardonne tes entreprises, et que le Christ ne te révèle à personne, sinon à toi-même : ni ton nom ni ta personne n'est découvert, mais la parole de vérité et de miséricorde atteint seulement les replis de ton coeur. On ne te refuse ni l'honneur dû au titre d'apôtre, ni la communion aux sacrements. Retourne en arrière, laisse-là ta fureur et vient à résipiscence. La clémence t'invite, le salut te presse, la vie te rapelle à la vie. Vois, les autres disciples, purs et innocents, s'épouvantent à l'annonce du crime et craignent tous pour eux-mêmes, puisque l'auteur de cette impiété n'a pas été révélé. [...] Mais toi, Judas, au milieu de cette inquiétude des saints, tu abuses de la patience du Seigneur, et tu crois que ton audace te cache. Tu ajoutes l'impudence au crime, et un signe plus évident ne t'effraye pas. Alors que les autres n'osent pas toucher à l'aliment dont le Seigneur fait un indice (cf. Mt XXVI,23), toi tu ne retires pas ta main du plat, parce que tu ne détournes pas ton âme du crime ! »

    Saint Léon le Grand, Sermon VII sur la Passion (45, 4), in Sermons tome III, SC 74, Editions du Cerf, Paris, 1961.

  • 17 février : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Jésus quarante jours au désert (Lc 4, 1-13)

    « Le diable s'est attaqué au premier homme, notre parent, par une triple tentation : il l'a tenté par la gourmandise, par la vanité et par l'avidité. Sa tentative de séduction a réussi, puisque l'homme, en donnant son consentement, a été alors soumis au diable. Il l'a tenté par la gourmandise, en lui montrant sur l'arbre le fruit défendu et en l'amenant à en manger ; il l'a tenté par la vanité, en lui disant : "Vous serez comme des dieux" ; il l'a tenté enfin par l'avidité, en lui disant : "Vous connaîtrez le bien et le mal" (Gn 3,5). Car être avide, c'est désirer non seulement l'argent, mais aussi toute situation avantageuse, désirer, au-delà de toute mesure, une situation élevée...
    Le diable a été vaincu par le Christ qu'il a tenté d'une manière tout à fait semblable à celle par laquelle il avait vaincu le premier homme. Comme la première fois, il le tente par la gourmandise : "Ordonne que ces pierres se changent en pains" ; par la vanité : "Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas" ; par le désir violent d'une belle situation, quand il lui montre tous les royaumes du monde et lui dit : "Tout cela, je te le donnerai, si tu tombes à mes pieds et m'adores"...
    Il est une chose qu'il faut remarquer dans la tentation du Seigneur : tenté par le diable, le Seigneur a riposté par des textes de la Sainte Ecriture. »

    St Grégoire le Grand, Homélies sur l'Evangile n°16 (Trad. Maurice Véricel, L’Evangile commenté par les Pères, Editions Ouvrières, Paris, 1961).

  • 4 février : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Jésus chasse les esprits mauvais (Mc 5, 1-20 - cf. Mt 8, 28-34 ; Lc 8, 26-39)

    « Si quelqu’un veut entendre cette histoire dans le sens anagogique, je ne m’y oppose pas. Il suffit qu’il reconnaisse que la vérité de l’histoire est telle que l’Evangile la rapporte. Or la leçon que nous donne ce passage ainsi entendu c’est que lorsque les hommes vivent en pourceaux, ils tombent aisément sous la puissance du démon. Tant qu’ils demeurent encore hommes, et qu’ils ne sont pas tout à fait pourceaux, ils peuvent comme les deux possédés être encore délivrés de la puissance du diable ; mais lorsqu’ils ont étouffé en eux tous les sentiments de l’homme, le démon non seulement s’empare d’eux, mais il les précipite dans l’abîme. Afin que personne ne prît pour une fable l’expulsion des démons, mais que l’on y crût comme à un fait certain, Jésus-Christ permet que l’on en voie la preuve dans la mort des pourceaux.

    [...]

    Il y a encore aujourd’hui, mes frères, bien "des possédés qui demeurent dans des sépulcres", et dont rien ne saurait retenir la fureur : ni le fer, ni les chaînes, ni les exhortations, ni les menaces, ni la crainte de Dieu ou des hommes. Quelle différence y a-t-il entre un homme possédé du démon et un impudique, qui s’abandonne aux dérèglements les plus infâmes, dont le coeur commet autant de crimes qu’il se présente d’objets à ses yeux ? Il ne le croirait pas "nu" ; il l’est néanmoins, quelque magnifiquement habillé qu’il vous paraisse parce qu’ayant perdu Jésus-Christ dont il était revêtu, il a été dépouillé de toute sa gloire : "Il ne se frappe pas à coups de pierres", mais il se brise par ses péchés, qui font à l’âme des plaies plus sanglantes que les pierres n’en font au corps.

    Qui pourra donc lier un tel homme ? Qui pourra l’arrêter ? Qui pourra le délivrer de cette passion qui l’agite et le tourmente, qui l’emporte hors de lui-même, et qui le fait toujours demeurer "dans les sépulcres" ? Ne sont-ce pas en effet des sépulcres, ces lieux infâmes où il passe sa vie, et ces détestables repaires de femmes perdues, où la corruption et la pourriture répandent de toutes parts une odeur de mort ?

    Ne pouvons-nous pas dire aussi de l’avare ce que nous avons dit de l’impudique ? Qui peut le retenir ? Qui peut "le lier" ? N’est-il pas vrai "qu’il rompt ses chaînes", qu’il se rit également de toutes les exhortations, de toutes les menaces, et de tous les conseils ? Ne conjurent-ils pas tous ceux qui tâchent de le guérir de son avarice, de ne le pas faire ? et ne regarde-t-il pas comme un supplice, d’être délivré d’un cruel supplice ? Y a-t-il au monde un état plus misérable que celui-là ? Si ce "possédé" de l’Evangile méprisa les hommes, il se rendit au moins à la parole de Jésus-Christ ; mais l’avare n’écoute pas Jésus-Christ, même. Quoiqu’il l’entende dire tous les jours : "Vous ne pouvez pas servir Dieu et l’argent" (Mt VI,32) ; quoiqu’on le menace de l’enfer, quoiqu’on lui dise que ses tourments seront inévitables, il ne croit rien de ce qu’on lui dit ; il ne se rend point à la vertu des paroles de Jésus-Christ, non parce qu’il est plus puissant que Jésus-Christ, mais parce que ce divin médecin ne nous guérit point malgré nous. Aussi quoique ces avares demeurent au milieu des villes, ils y sont néanmoins comme dans le fond "d’un désert". Car quel est l’homme un peu raisonnable qui voulût demeurer avec eux ? Pour moi, j’aimerais mieux vivre avec mille possédés, qu’avec un seul de ceux qui seraient frappés de cette horrible maladie : et il ne faut que considérer l’état des uns et des autres pour voir la vérité de ce que je dis. »

    Saint Jean Chrysostome, Homélie XXVIII sur Saint Matthieu (4), in Oeuvres complètes (tome VIII) traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, 1865.

    Source : Abbaye Saint-Benoît.