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  • Message final du IVe Forum orthodoxe-catholique européen

    En clôture du IVe Forum orthodoxe-catholique européen qui s’est tenu à Minsk, en Biélorussie, du 2 au 6 juin 2014, les évêques ont publié un message final :

    Le IVe Forum catholique-orthodoxe Religion et diversité culturelle : défis pour les Églises chrétiennes en Europe s’est tenu à Minsk, Biélorussie, du 2 au 6 juin 2014. Le Forum a été organisé avec le soutien de l'Exarchat de Biélorussie de l’Église russe-orthodoxe, sous la coprésidence du Métropolite Gennadios de Sassime du Patriarcat Œcuménique et du Cardinal Peter Erdő, Archevêque de Esztergom-Budapest, Président du Conseil des Conférences Épiscopales d'Europe. Suite aux expériences positives des trois premières rencontres du Forum catholique-orthodoxe européen (Trente, 11-14 décembre 2008; Rhodes, Grèce, 18-22 Octobre 2010; Lisbonne, Portugal, 5-8 juin 2012), les participants de l’Église Catholique et des Églises Orthodoxes en Europe ont parlé des défis que le christianisme européen doit aborder dans un milieu culturel de plus en plus polarisé.
    Les participants au Forum désirent exprimer leur gratitude à l'égard de l'Exarchat de Biélorussie de l’Église russe-orthodoxe et de l'Archidiocèse catholique de Minsk-Mohilev, ainsi que de l'État biélorusse et des autorités locales pour l'accueil et le niveau excellent de l'organisation.
    Après la présentation, la discussion et la réélaboration conséquente, le Forum a adopté le message suivant.

    1 Le thème "Religion et diversité culturelle : défis pour les Églises chrétiennes en Europe" a été choisi en réponse à une demande provenant de nos communautés qui se sentent fortement remises en cause par les changements culturels et moraux qui caractérisent l'Europe d’aujourd'hui. Durant les vingt dernières années, la globalisation au niveau mondial ainsi que la sécularisation dans la législation européenne sur les questions morales ont soulevé un certain nombre de questions qui requièrent des réponses communes. Notre préoccupation est de plus en plus grande car nous voyons, entre autres, que le processus d'éloignement de l'Europe de ses racines chrétiennes semble vivre une phase d'accélération.

    2. Notre message vise à donner, avant tout, un signe de joie et d'espérance à tous ceux qui sont engagés dans la mission de l’Église. Nous partageons les conditions de vie de tous les Européens frappés par cette crise économique et culturelle et nous savons que nombreux sont ceux qui souffrent et qui sont à la recherche d'une parole qui donne un sens à leur vie. En effet, là où la foi et la morale chrétienne ont été bannies, un sentiment de vide conduit souvent au désespoir et au nihilisme. L’Église offre des valeurs cohérentes en incorporant l'humanité en Jésus-Christ, source de toutes les véritables valeurs. Ainsi, l’Église invite le monde à se laisser transformer par la prière, par le culte et par le témoignage chrétien.

    3. Nous partageons avec les Européens aujourd'hui notre conviction selon laquelle la foi chrétienne constitue la source primaire de la culture et de la moralité européennes. Des siècles d'histoire témoignent, aussi bien en Orient qu’en Occident, la richesse extraordinaire des conquêtes culturelles de notre continent par le biais de l'apport de la foi chrétienne. La foi a généré la culture, et la culture a été constamment remise en discussion par la foi. Nous désirons rendre hommage au patrimoine chrétien de l'Europe qui a forgé notre vision du monde et a attribué des principes moraux aux peuples d'Europe.

    4. Dans leur diversité, les cultures européennes ont toutes puisé des racines communes chrétiennes. Tout comme dans d'autres contextes culturels, nous devons reconnaître qu'une partie considérable des cultures humaines se base sur une inspiration religieuse. L'anthropologie chrétienne a exercé une profonde influence sur la culture européenne. Reconnaître Dieu comme Créateur n’annule pas la raison humaine mais, bien au contraire, cela la rapproche de la vérité. Le christianisme n'oppose jamais la raison à la foi. Dieu c'est la Raison éternelle qui crée tout ce qui existe. En se révélant Lui-même, Il n’a pas éliminé l'intelligence humaine, mais il l’a plutôt affirmée. La contribution la plus importante que le christianisme a offert à l'histoire humaine c'est justement l'alliance entre foi et raison, qui a produit la vision de la dignité de chaque personne humaine, le besoin de liberté et de solidarité, l'ouverture au mystère de notre existence.

    5. Nous désirons souligner que la foi chrétienne est une garantie de notre recherche de liberté et de bonheur : elle n'enlève rien à cela. La foi chrétienne veut dire acceptation totale de Jésus-Christ présent dans son Église moyennant le Saint Esprit. "Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique" (Jn 3, 16). Ainsi, le Christ n'est pas un produit des cultures humaines. En tant que Dieu incarné, Il défie l'histoire humaine et les cultures humaines. Nos Églises chrétiennes témoignent la venue du Christ comme événement dans les cultures de nos peuples. La foi en Jésus-Christ n'élimine pas la diversité humaine ; bien au contraire, elle l'enrichit et promeut les éléments de vérité et de bonté déjà présents dans les cultures humaines.

    6. Nos Églises chrétiennes d'Orient et d'Occident ne craignent pas la diversité culturelle. Dès sa fondation, l’Église a été culturellement pluraliste. Il y a eu des approches culturelles différentes chez les disciples du Christ, par exemple entre ceux qui parlaient l’araméen et ceux qui parlaient le grec. "Il y a diversité de dons, mais le même Esprit" (1 Cor 12, 4). Le christianisme proclame l'Évangile du Christ dans la vérité des cultures humaines.

    7. La liberté religieuse est un élément essentiel de la foi chrétienne. À nos yeux, liberté religieuse veut dire liberté de chercher et adhérer à la vérité. Elle ne se base pas sur l'attitude subjective d'un individu ou d'un groupe, mais sur la dignité transcendante de toute personne faite pour l'Absolu, pour la Vérité et pour Dieu. La législation qui tend à promouvoir l'indifférence religieuse, le relativisme ou le syncrétisme, même en termes de tolérance, tend à réduire à la sphère privée un droit qui est fondamental pour la dignité de la personne. Promouvoir la liberté religieuse signifie, pour les Églises chrétiennes, établir un dialogue œcuménique sans prosélytisme, ni fondamentalisme, ni permissivité morale.

    8. L'écart moderne entre le christianisme et la mentalité dominante entraîne de graves conséquences pour l'avenir des institutions et de la vie en Europe. Aujourd'hui, pour beaucoup d'européens, il n'y a plus de points de repères stables qui puissent constituer un modèle pour leur conduite morale et qui leur permettent d'évaluer ce qui est juste et ce qui ne l'est pas, car ils vivent assujettis à la volonté du « Je autonome et souverain ». L'individualisme conduit au relativisme moral. La vérité objective et le bien commun ne méritent plus aucune considération. L'écart entre la vision des Églises en matière de moralité et les tendances principales postmodernes consiste justement en cela : nous sommes convaincus que les principes moraux sont inscrits par le Créateur dans le cœur de tous les êtres humains, alors que dans un contexte postmoderne, la moralité correspond à ce que chacun décide individuellement. Nous invitons donc les européens à reconnaître que la clé de la liberté consiste à accepter que nous-mêmes, nous nous recevons de Dieu et que nous ne pouvons pas disposer arbitrairement des choses comme si nous étions nos propres créateurs.

    Il n'y a aucune opposition entre les principes de l'Évangile et les valeurs humaines. Le christianisme signifie que tout ce qui est bon et vrai dans l'humanité est couvert par la grâce du Christ, notre Sauveur. Dieu s’est humilié pour notre humanité non pas pour annuler ses potentialités, mais pour guérir ce qui était malade et pour conduire notre humanité à sa perfection.

    9. Foi et morale vont ensemble, tout comme culture et morale. Nous ne pouvons pas oublier que les énormes progrès accomplis au fil de l'histoire européenne en matière de droits de l'homme et de protection des plus faibles viennent des principes que le christianisme a donné à l’Europe. Comme pasteurs, nous voulons continuer à offrir la meilleure partie de notre enseignement moral à nos peuples et, comme citoyens, nous voulons la présenter à nos gouvernements ainsi qu'aux institutions européennes. Nous sommes convaincus que les communautés chrétiennes sont en mesure d'agir comme témoins de ce qui est bon pour tous, car elles tirent leur inspiration de l'Évangile du Christ.
    En Jésus-Christ, nous trouvons notre foi inspiratrice qui nous renouvelle et nous permet d'avoir un plus grand sentiment de responsabilité en Europe et dans le monde actuel.

    Source : CCEE (Concilium Conferentiarum Episcoporum Europae)

    Texte intégral à télécharger ICI.