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frère âne

  • Méditation : prier (aussi) avec son corps

    « Revenons au bon usage du corps. Rendons au corps l'honneur de nous fournir un premier et solide degré de notre ascension. La Sainte Église de Dieu est pleine de braves gens qui passent une partie de leur vie à essayer l'oraison sans la réussir. Ne serait-ce pas que, par mégarde, ils ont omis de mettre le pied sur la première marche de l'escalier ? Vous-même ne vous plaignez-vous pas de ces distractions incessantes ? Le mal ne cède à aucun traitement, dites-vous. Mais ne serait-ce pas que vous faites un peu trop l'ange, je veux dire, que vous comptez un peu trop sur les seules ressources de votre esprit ? Et votre corps, qu'en faites-vous ? Abandonné à lui-même, que saurait-il faire que dormir ou vous tourmenter ? Ce grossier, ce mal appris, vous eût, dans sa naïveté, enseigné bien des choses. Pour éviter les coups de pied de frère âne, vous n'avez donc jamais pensé que vous pourriez aussi bien monter sur lui ? Il aime tant à sympathiser, sitôt qu'il nous sent bien en selle ! Oui, le corps prie. Ces bras qu'à Lourdes vous teniez en croix, priaient, tout comme sur la croix priaient les bras de Jésus. Et lorsque vous joignez les mains l'une contre l'autre, ce renoncement à agir, ce recueillement de vos doigts en un seul consentement, cette présentation de votre être double en une seule créature de chair, dépouillée et attentive, ne sont pas seulement, comme on a pu vous le dire, des "conditions matérielles", ce sont les éléments mêmes de votre prière. Vos mains prient. Votre âme, comme dit l’Écriture, est recueillie dans vos doigts. Et cette légère pression des mains sous laquelle, de temps en temps, votre recueillement se concentre encore, est un acte de ferveur. Vous n'êtes pas seul à la sentir ; le Seigneur en vous en prend conscience comme d'un nouvel effort de votre amour. Et qu'avez-vous de si subtil à élaborer dans votre intellect pour charmer Dieu ? Ne comprend-il pas, et mieux que nous, tout ce qu'enferment d'esprit ces gestes éloquents qui ne veulent pas mentir ? »

    Victor Poucel s.j. (1872-1953) (Mystique de la Terre. I : Plaidoyer pour le corps, Paris, Plon, 1937), in "cahiers sur l'oraison" n°1, décembre 1957, Paris, éditions du Feu Nouveau, 1957.

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