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frapper

  • 21 février : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Demandez, vous obtiendrez ; cherchez, vous trouverez ; frappez, la porte vous sera ouverte."
    (Mt 7, 7-12 - cf Lc 11, 9-13 & Lc 6, 31)

    « Croyez-vous donc, mes frères, que Dieu ignore ce qu'il vous faut ? Il le sait, il connaît notre pauvreté et prévient nos désirs. Aussi, lorsqu'il apprend à prier et qu'il avertit ses Apôtres de ne point parler beaucoup dans la prière, "Gardez-vous, dit-il, de parler beaucoup en priant ; car votre Père céleste sait de quoi vous avez besoin avant que vous le lui demandiez" (Mt VI, 7-8).

    Le Seigneur cependant dit autre chose. Qu'est-ce ? Pour nous défendre de parler beaucoup dans la prière : "Ne parlez pas beaucoup, a-t-il dit, lorsque vous priez ; car votre Père sait de quoi vous avez besoin avant que vous le lui demandiez."

    Mais si notre Père sait de quoi nous avons besoin avant que nous le lui demandions, pourquoi parler, si peu même que ce soit ? A quoi bon même la prière, si notre Père sait de quoi nous avons besoin ? Il dit à chacun : Ne me prie pas longuement ; je sais ce qu'il te faut. — Si vous savez ce qu'il me faut, Seigneur, pourquoi vous prier même tant soit peu ? Vous ne voulez pas que ma supplique soit longue, vous exigez même qu'elle soit presque nulle.

    Mais qu'enseigne-t-il ailleurs différemment ? Il dit bien : "Ne parlez pas longuement dans la prière". Cependant il dit encore dans un autre endroit : "Demandez et vous recevrez." Et pour ôter la pensée qu'il n'aurait recommandé la prière que d'une manière accidentelle, il ajoute : "Cherchez et vous trouverez." Dans la crainte encore que ces derniers mots ne paraissent prononcés qu'en passant, voici ceux qu'il y joint, voici comment il conclut : "Frappez et il vous sera ouvert" (Mt VII, 7). Ainsi donc il veut que l'on demande pour recevoir, que l'on cherche Pour trouver et que pour entrer on frappe. Mais puisque notre Père sait d'avance de quoi nous avons besoin, pourquoi demander ? pourquoi chercher ? pourquoi frapper ? pourquoi, en demandant, en cherchant et en frappant, nous fatiguer à instruire plus savant que nous ? Ailleurs encore le Seigneur parle ainsi : "Il faut prier toujours sans jamais se lasser" (Lc XVIII, 1). S'il faut prier toujours, comment dire : "Gardez-vous de parler beaucoup ?" Comment prier toujours quand on finit sitôt ? D'un côté vous me commandez de terminer promptement ; d'autre part vous m'ordonnez de "prier toujours sans me lasser" ; qu'est-ce que cela signifie ?

    Eh bien ! prie aussi pour comprendre, cherche et frappe à la porte. Si ce mystère est profond, ce n'est pas pour se rendre impénétrable, c'est pour nous exercer.

    Ainsi donc, mes frères, nous devons vous exhorter tous à la prière, et nous avec vous. Au milieu des maux innombrables de ce siècle, nous n'avons d'autre espoir que de frapper par la prière, que de croire invariablement que notre Père ne nous refuse que ce qu'il sait ne pas nous convenir. Tu sais bien ce que tu désires, mais lui connaît ce qu'il te faut. Figure-toi que tu es malade et entre les mains d'un médecin, ce qui est incontestable. Notre vie en effet n'est qu'une maladie et une longue vie n'est qu'une maladie longue. Figure-toi donc que tu es malade entre les mains d'un médecin. Tu voudrais boire du vin nouveau, tu voudrais en demander à ce médecin. On ne t'empêche pas d'en demander, car il pourrait se faire qu'il ne te nuisit pas, qu'il te fût même bon d'en prendre. Ne crains doue pas d'en demander, demande sans hésitation ; mais ne t'attriste point si on t'en refuse. Voilà ta confiance à l'homme qui soigne ton corps ; et tu n'en aurais pas infiniment plus envers Dieu, qui est à la fois le médecin, le créateur et le réparateur de ton corps aussi bien que de ton âme ? »

    Saint Augustin, Sermons détachés sur l'Evangile de Saint Matthieu, Sermon LXXX (2), in Oeuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la première fois en français, sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, L. Guérin et Cie Editeurs, 1868.

    Source : Abbaye Saint Benoît.