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montagne

  • Méditation - La Transfiguration

    « Rejetons donc, frères, les œuvres des ténèbres et accomplissons les œuvres de la lumière (Rm 13, 12), afin que non seulement nous marchions dignement comme en un si beau jour, mais que nous devenions aussi fils du jour. Venez, montons sur la montagne (Is 2, 3) où le Christ a resplendi, afin de voir ce qui y advient ; ou plutôt, si nous sommes prêts et si nous sommes devenus dignes d'un tel jour, lui-même, le Verbe de Dieu, nous fera monter au moment opportun. A présent, je vous prie, tendez et élevez le regard de votre intelligence vers la lumière de la prédication évangélique, en vue d'être transformés par le renouvellement de votre esprit (cf. Rm 12, 2). Et ainsi, vous qui aurez attiré l'éclat divin venu d'en haut, vous deviendrez conformes à l'image de la gloire du Seigneur (cf. Ph 3, 21), lui dont le visage a aujourd'hui resplendi sur la montagne comme le soleil. »

    Grégoire Palamas (1296-1359), Seconde homélie sur la Transfiguration du Seigneur, in "Joie de la Transfiguration d'après les Pères d'Orient", Spiritualité Orientale n°39, Abbaye de Bellefontaine, 1985.

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  • Méditation - Les deux versants de la montagne de l'Ascension

    « Mes enfants, le lieu de l'Ascension de notre aimable Christ est au mont des Oliviers. (1) [...]

    Cette montagne est située entre Jérusalem et Béthanie. Mes enfants, celui qui veut suivre le Christ doit gravir la montagne. Si délicieuse et si belle que soit une montagne, il est cependant pénible d'y monter. C'est ainsi, mes enfants, que celui qui veut suivre le Christ doit donner congé à la nature. On trouve beaucoup de gens qui suivraient volontiers le Christ, à condition que cela n'exige ni peine ni labeur, que cela ne leur soit pas trop dur. Et ils voudraient bien se trouver sur cette montagne pour autant qu'elle se trouve à Jérusalem, ce qui veut dire « la paix ». Ces gens ressentent en eux-mêmes paix, joie et consolation. Mais de là, il ne sortira rien, s'ils ne vont aussi sur l'autre versant de la montagne qui regarde Béthanie, dont le nom signifie peine, obéissance, souffrance. C'est de cela que le prophète a dit dans le psautier : « Il a préparé sa place dans la vallée des larmes » (Voir Ps 84,7).

    Sachez, mes enfants, que celui qui ne s'est pas préparé une place dans cette vallée, celui-là reste en arrière, il n'en sort jamais rien ; si belle que paraisse sa paix, il doit rester en arrière. L'homme doit poursuivre de ses regrets et de ses brûlants désirs le Bien-Aimé qui est monté si haut et si loin et qui lui est maintenant si complètement invisible et caché. Plus le fond est véritablement et foncièrement touché, plus vraiment se creuse, d'un côté de la montagne, la vallée des larmes. Si ces larmes n'avaient pas meilleur motif, elles seraient encore bien nécessaires à raison des péchés et de l'ordure qui souillent notre misérable nature, et qui empêchent si souvent l'homme de se recueillir noblement, comme il pourrait et devrait faire sans cesse [...] Que la nature nous gouverne ainsi secrètement, alors que ce devrait être Dieu, sans cesse, et rien autre chose : voilà le versant de Béthanie.

    Mes enfants, celui qui considérerait bien cela en lui ne perdrait pas tout courage ; mais il trouverait sa grande consolation, saveur et joie à Jérusalem. C'est à cela qu'elle est utile : réconforter l'homme, afin qu'il supporte mieux la peine et le chagrin, afin que la souffrance et la misère ne l'affaiblissent pas et qu'il ne succombe pas quand il est abandonné de Dieu, sans consolation et en grande amertume. C'est pourquoi le sage dit : « Aux jours mauvais, tu ne dois pas oublier les bons » (Si 11,25). Ces deux versants de la montagne, Jérusalem et Béthanie, doivent toujours être l'un à côté de l'autre. »

    Jean Tauler (v.1300-1361), Sermon 20, 3ème pour l'Ascension, Coll. Sagesses Chrétiennes, Les Éditions du Cerf, 1991.
    (1) : Béthanie est située sur le flanc oriental du mont des Oliviers, à moins de trois kilomètres de Jérusalem. Comme Béthanie équivaut pratiquement au mont des Oliviers, on peut déduire une remarque théologique de la précision topographique. Deux textes de l'Ancien Testament font mention de « la montagne qui se trouve à l'orient de la ville » (Ezéchiel, XI 22-23), c'est-à-dire le Mont des Oliviers (Zacharie, XIV 4). Chez le prophète Ezéchiel, la gloire de Yahvé abandonne le Temple profané et voué à la destruction, pour aller se poser sur la montagne à l’orient de la ville. Chez le prophète Zacharie, à la fin des temps, lorsque Yahvé sortira pour le combat et le jugement eschatologiques, « ses pieds se poseront sur le Mont des Oliviers. » Ainsi le Mont des Oliviers est-il le lieu du départ et de la venue glorieuse de Yahvé. En transférant ce qui est dit de Yahvé à Jésus qui s'en va et qui viendra, saint Luc fait une profession de foi en la divinité de Jésus. (Source)

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    L'Ascension - Icône du monastère de Neamt, Roumanie
    Icône de l'Archimandrite Vartolomeu Florea avec les disciples de l'Ermitage, Année 2001
     
    Méditations sur l'Ascension précédemment proposées notre site internet :

    02 juin 2011 : Saint Augustin (354-430)

    17 mai 2012 : Dom Prosper Guéranger (1805-1875)

    09 mai 2013 : Mgr Raymond Bouchex (1927-2010)

    29 mai 2014 : Bx John Henry Newman (1801-1890)

    14 mai 2015 : Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874)

    05 mai 2016 : Les Bénédictins de l'Abbaye de Notre-Dame d'Einsiedeln (1936)

    25 mai 2017 : Père Alphonse de la Mère des Douleurs (1917)

    10 mai 2018 : Mgr Raymond Bouchex (1927-2010)
  • Méditation : du détachement

    « Tant que nous tiendrons à quelque chose ici-bas, tant qu'il y aura sur la terre quelque objet qui nous enchaînera, nous ne ferons que ramper misérablement dans les mêmes voies, que tournoyer dans le labyrinthe de nos misères au lieu d'avancer dans les routes de la vertu ; nous languirons au lieu de vivre et de nous fortifier. Notre âme eût-elle les ailes de la colombe que demandait le Roi-Prophète pour s'envoler dans le sein de Dieu, tant qu'elle restera attachée, ne fût-ce que par un fil, elle ne fera jamais que se débattre et se tourmenter péniblement autour de ce qui la retient, sans jamais prendre son essor. Mais aussi, si cette âme a enfin le courage de rompre ses liens, si elle se laisse conduire par Notre-Seigneur jusque sur la montagne (1), et que de là elle foule aux pieds tous les vains objets de ses attaches, aussitôt commenceront pour elle les progrès dans la perfection. Dans un seul jour et avec moins de peine, elle fera plus de chemin qu'elle n'en a fait pendant tout le temps qu'elle traînait le poids qui l'attachait. Rien ne retardera sa course, rien ne gênera ni ne distraira sa marche ; elle s'avancera avec aisance et liberté : car, dit l'Imitation, "quoi de plus libre que celui qui ne tient à rien sur la terre" (2) ?

    Si donc nous voulons devenir solidement vertueux, il faut nous détacher de tout ce qui flatte la vanité, de tout ce qui entretient la mollesse, de tout ce qui pique la curiosité, des inutilités qui amusent, des nouvelles qui distraient, des hommes qui dissipent ; il faut renoncer à la passion du plaisir et de la jouissance, et ne plus tant tenir à toutes les commodités de la vie ; il ne faut satisfaire à la nécessité qu'avec discernement, ne prendre des choses que le vrai besoin, et n'y toucher, pour ainsi dire, que légèrement et en passant, comme les soldats de Gédéon, ou comme Jonathas, qui prend du miel du bout de sa baguette sans s'arrêter. Il faut surtout nous détacher de nous-mêmes, de nos goûts et de notre humeur, de notre volonté propre et de ses fantaisies, de notre amour-propre et de son ambition, qui cherche à se placer en tout ce qu'on dit et à se retrouver en tout ce qu'on fait ; il faut rompre cette attache excessive à la santé qui rend si délicat, difficile sur tout ce qui contrarie et gêne les sens ; il faut enfin s'élever au-dessus de soi-même (3), et, sous peine de se perdre, vider son cœur de tout ce qui n'est pas Dieu.

    Où en sommes-nous de ce détachement universel ? C'est là une chose plus grave qu'on ne pense. Songeons-y sérieusement, et travaillons-y chaque jour. »

    1. In montem excelsum. (Mt XVII, 1). - 2. Quid liberius nil desiderante in terris ? (III "Imit." XXXI, 1). - 3. Levavit super se. (Je. III, 28).

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome I, Deuxième dimanche de Carême, Second Point), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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  • Méditation - Prière : La Transfiguration

    « Le ciel parlait, oui ; c'était le Père de ce ciel, le Père de Celui qui était là, transfiguré, le Visage brillant comme le soleil, avec des vêtements blancs comme neige.

    Cette Face du Fils de Dieu, volontairement voilée, si l'on peut dire, depuis plus de trente ans, une fois se découvrait, enfin, et laissait voir ce qu'elle est, ce que nous la verrons, un jour, dans les splendeurs de la gloire, lorsque cette gloire nous la révélera. A cette apparition, nous serons rassasiés.

    Pierre, Jacques et Jean, symboles de la foi, de l'espérance et de l'amour par lesquels on découvre le Visage de Jésus, ne pouvaient descendre de la montagne ; il y étaient si bien. Ils goûtaient l'ivresse d'une extase, qu'ils eussent voulue ainsi, éternelle. Ils ne voyaient plus que Jésus-Christ.

    Heureuse l'âme qui ne voit plus que Jésus-Christ ! Heureuse l'âme chez qui le détachement total est achevé, l'âme qui a dépassé la terre, qui s'est élevée vers Dieu, en se laissant elle-même ; l'âme qui ne voit plus, qui ne goûte plus en personne, en rien que Lui, Jésus, le suprême Amour, le Faîte de la vie !

    Seigneur Jésus, je le sais, pour être transfiguré, pour être transformé en vous, il faut que je reste sur cette montagne, au-dessus de tout, au-dessus de moi-même. Quand sera-ce que je ne verrai plus que Vous ? Quand sera-ce que mes yeux se perdront dans les vôtres et s'abîmeront en votre Lumière, Lumière de lumière, Splendeur de gloire, Candeur de la Lumière éternelle ?

    Seigneur, arrachez-moi à la terre, arrachez-moi à moi-même. Tournez, pour moi, en amertume toutes les choses de la vie, et faites-moi vivre de Vous seul. Que tout est vain sans Vous, hors de Vous ! Seigneur, Jésus-Amour, ravissez-moi ! »

    Dom Vandeur, Élévations sur la Messe de chaque jour - Temps après la Pentecôte I (Transfiguration de Notre Seigneur Jésus-Christ), Éditions de Maredsous, Belgique, 1950.

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    Alexander Andreyevich Ivanov (1806-1858)

  • Angélus de ce dimanche 16 mars 2014

    « L'Évangile d'aujourd'hui nous présente l'événement de la Transfiguration. C'est la deuxième étape du chemin du Carême : la première, les tentations dans le désert, dimanche dernier ; la deuxième : la Transfiguration. Jésus « prit avec lui Pierre, Jacques et Jean et les conduisit à part, sur une haute montagne » (Mt 17,01 ). La montagne dans la Bible représente le lieu de proximité avec Dieu et de la rencontre intime avec Lui ; le lieu de la prière, où vous vous trouvez en présence du Seigneur. Là-haut sur la montagne, Jésus se présente aux trois disciples transfigurés, lumineux, très beau ; et puis Moïse et Elie apparaissent, qui conversent avec Lui. Son visage est si brillant et son vêtement si blanc, que Peter reste ébloui, tellement qu'il voudrait y rester, presque s'arrêter à ce moment. Immédiatement résonne la voix du Père qui proclame Jésus son Fils bien-aimé, en disant : « Écoutez-le » (v. 5 ). Que cette parole est importante ! Notre Père qui a dit à ces apôtres, et qui nous dit à nous aussi : « Écoutez Jésus, parce qu'il est mon Fils bien-aimé. » Nous gardons, cette semaine, cette parole dans notre tête et dans notre cœur : « Écoutez Jésus ! » Et cela ce n'est pas le Pape qui le dit, c'est Dieu le Père, à tous : à moi, à vous, à tout le monde, tout le monde ! C'est comme une aide pour aller de l'avant dans le chemin du Carême. « Écoutez Jésus ! ». Ne l'oubliez pas.

    Il est très important cet appel du Père. Nous, disciples de Jésus, nous sommes appelés à être des gens qui écoutent sa voix et prennent au sérieux ses paroles. Pour écouter Jésus, vous devez être près de Lui, le suivre, tout comme le faisaient les foules de l’Évangile qui le couraient après lui sur les chemins de la Palestine. Jésus n'avait pas une chaise ou un pupitre fixe, mais il était un enseignant itinérant, qui a apporté ses enseignements, les enseignements qui lui ont été donnés par le Père, le long des routes, sur des trajets qui n'étaient pas toujours prévisibles et parfois peu praticables. Suivre Jésus pour l'écouter. Mais nous devons écouter Jésus dans Sa Parole écrite, dans l’Évangile. Permettez- moi de vous demander : lisez-vous chaque jour un passage de l'Évangile ? Oui, oui ... non, non ... Moitié-moitié... Certains oui et d'autres non. Mais c'est important ! Vous avez lu l'Évangile ? C'est une bonne chose ; c'est une bonne chose d'avoir un petit Évangile, un petit, et de le prendre avec nous, dans la poche, le sac à main, et de lire un petit passage à un moment de la journée. A n'importe quel moment de la journée, je prends l'Évangile de ma poche et je lis un peu, un petit passage. C'est Jésus qui nous parle dans l'Évangile ! Pensez à cela. Ce n'est pas difficile, il n'est pas nécessaire d'avoir les quatre : un des Évangiles, un tout petit, avec nous. Toujours l'Évangile avec nous, parce que c'est la Parole de Jésus que nous pouvons écouter.

    Dans cet épisode de la Transfiguration j'aimerais choisir deux éléments significatifs, que je résume en deux mots : montée et descente. Nous devons aller de côté, pour gravir la montagne dans un espace de silence, pour nous retrouver et mieux percevoir la voix du Seigneur. C'est ce que nous faisons dans la prière. Mais nous ne pouvons pas rester là ! La rencontre avec Dieu dans la prière nous pousse à nouveau à « descendre de la montagne » et à retourner en bas, dans la plaine, où nous rencontrons beaucoup de frères et sœurs accablés par la fatigue, la maladie, l'injustice, l'ignorance, la pauvreté matérielle et spirituelle. Pour nos frères en difficulté, nous sommes appelés à porter les fruits de l'expérience que nous avons faite avec Dieu, en partageant la grâce que nous avons reçue. Et cela est étrange. Quand nous entendons la Parole de Jésus, que nous écoutons la Parole de Jésus et que nous l'avons dans notre cœur, cette Parole grandit. Et vous savez comment elle se développe ? En la donnant à un autre ! La Parole du Christ grandit en nous lorsque nous la proclamons, lorsque nous la donnons aux autres ! C'est ça la vie chrétienne. C'est une mission pour toute l’Église, pour tous les baptisés, pour nous tous : écouter Jésus et l'offrir à d'autres. N'oubliez pas : cette semaine, écouter Jésus ! Et pensez à cette question de l’Évangile : vous le ferez ? Vous ferez cela ? Puis dimanche prochain vous me direz si vous avez fait cela, avoir un petit Évangile dans votre poche ou votre sac à main pour lire un petit passage dans la journée.

    Et maintenant tournons-nous vers notre Mère Marie, et confions-nous à sa direction pour continuer avec foi et générosité ce chemin du Carême, en apprenant un peu plus à "monter" par la prière et écouter Jésus, et à "descendre" avec la charité fraternelle, en annonçant Jésus. »

    Texte intégral italien sur le site internet du Vatican.

  • Méditation : la Transfiguration

    « "Seigneur, il nous est bon d'être ici !" Las de vivre au milieu de la foule, Pierre avait trouvé la solitude sur la montagne, où son âme se nourrissait du Christ. Pourquoi quitter ce lieu pour aller vers les fatigues et les peines, puisqu'il brûlait pour Dieu d'un saint amour et, par le fait même, sanctifiait sa vie ? Il voulait ce bonheur pour lui, si bien qu'il ajouta : "Si tu le veux, faisons ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie". Pierre désirait trois tentes : la réponse venue du ciel a montré que nous n'en avons qu'une : le Verbe de Dieu est le Christ, le Verbe de Dieu est dans la Loi, le Verbe de Dieu est dans les prophètes... Au moment où la nuée les enveloppa tous, et forma pour ainsi dire une seule tente au-dessus d'eux, une voix en sortit. Celui que la voix révélait est celui dont la Loi et les prophètes se glorifiaient : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis tout mon amour ; écoutez-le". Car vous l'avez écouté dans les prophètes, vous l'avez écouté dans la Loi, et où ne l'avez-vous pas entendu ? A ces mots, les disciples tombèrent à terre. En tombant à terre, les apôtres symbolisent notre mort, mais en les relevant, le Seigneur symbolise la résurrection. Et, après la résurrection, à quoi sert la Loi ? A quoi sert la prophétie ? Dès lors Elie disparaît, et Moïse disparaît. »

    Saint Augustin (354-430), Sermon 78, 2-6 (PL 38, 490-493), Trad. Delhougne, "Les Pères commentent", Brepols, 1991.

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    Gravure Gustave Doré

  • Le dernier Angélus dominical de Benoît XVI

    Deux cent mille fidèles sont venus pour prendre part au dernier Angélus dominical de Benoît XVI. La foule débordait sur la place Pie XII et l'avenue de la Conciliation. Salué à midi par une immense ovation, il a précédé sa méditation d'un chaleureux remerciement. En ce second dimanche de Carême, a-t-il dit, "la liturgie propose l'Evangile de la Transfiguration. Luc souligne tout particulièrement le fait que Jésus priait au moment de sa transfiguration. Ce fut une manifestation de son profond rapport avec le Père, une sorte de retraite spirituelle sur une montagne en compagnie de Pierre, Jacques et Jean, les disciples toujours présents lors des manifestations divines du Maître. Peu après avoir annoncé sa mort et sa résurrection, il leur offrit une anticipation de sa gloire. Dans la transfiguration comme dans le baptême, la voix du Père se manifeste pour dire : 'Celui-ci est mon fils, l'élu. Ecoutez-le !' La présence de Moïse et Elie, représentant la Loi et l'Antique Alliance, est hautement significative car toute l'histoire d'Israël tend vers le Christ, qui accomplit un nouvel Exode. Non vers une terre promise comme au temps mosaïque mais vers le ciel. Lorsque Pierre dit : 'Maître, comme il est beau d'être ici', cela représente l'impossibilité d'arrêter une pareille expérience mystique. Augustin dit que la nourriture spirituelle de Pierre en cette circonstance était le Christ même. Pourquoi aurait-il du redescendre vers des peines et des difficultés alors que sur la hauteur il était rempli d'un amour envers Dieu qui lui inspirait une sainte conduite. On tire d'importants enseignements de la méditation de ce passage évangélique, et d'abord le primat de la prière, sans laquelle l'engagement apostolique et la charité ne sont qu'activisme. Durant le Carême, il faut accorder toute sa place à la prière, personnelle comme communautaire pour animer notre vie spirituelle. Prier ne signifie pas s'isoler du monde et de ses contradictions...mais reprendre le chemin de l'action. La vie chrétienne...consiste en une perpétuelle ascension vers la rencontre avec Dieu, avant de redescendre de la montagne porter l'amour et la force qui en découle, de manière à servir nos frères et sœurs avec cet amour divin".
    Aujourd'hui, a ajouté le Saint-Père, "cette Parole de Dieu, je la ressent comme tout particulièrement appliquée à ma personne, en ce moment de ma vie. Le Seigneur m'invite à gravir la montagne pour encore mieux prier et méditer, ce qui ne signifie pas que j'abandonne l'Eglise. Si Dieu me demande ceci c'est ustement pour que je puisse continuer à la servir avec l'application et l'amour que j'ai tenté jusqu'ici de lui offrir, d'une manière plus adaptée a mon âge et à mes forces. Invoquons l'intercession de Marie pour toujours servir le Seigneur dans la prière et la charité".

    Après la prière mariale et les saluts linguistiques, le Pape a encore remercié les fidèles de leur solidarité et de leurs manifestations d'affection, les assurant de ses prières : "Nous devons aussi remercier Dieu pour l'apparition du soleil" au milieu d'une matinée qui s'annonçait pluvieuse. Benoît XVI s'est notamment adressé aux pèlerins polonais, auxquels il a rappelé qu'au Tabor le Christ "a révélé aux disciples la splendeur de sa divinité, en leur offrant l'assurance qu'au travers des tourments de la croix il parviendrait à la résurrection. Nous aussi devons percevoir cette présence, sa gloire et sa divinité dans la vie de l'Eglise, dans les événements de tous les jours". Il a enfin remercié les nombreux fidèles venus de diocèses et de paroisses italiennes, qu'il a assurés de leur rester proche dans la prière.

    Source : Vatican Information Service (VIS Archive 01 - 24.2.13).

  • 24 février : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    La Transfiguration

    « Il nous faut contempler, mes bien-aimés, et expliquer le spectacle saint due le Seigneur présenta sur la sainte montagne. C'est de cet évènement qu'il avait dit : "Je vous le déclare en vérité, il y en a quelques-uns ici présents qui ne goûteront pas la mort qu'ils n'aient vu le Fils de l'homme dans son royaume" (Mt XVII,1-8).

    Voici le commencement de la lecture qui vient de nous être faite. "Six jours après avoir prononcé ces paroles, il prit avec lui trois disciples, Pierre, Jean et Jacques, et alla sur la montagne." Ces disciples étaient ceux dont il avait dit : "Il y en a ici quelques-uns qui ne goûteront point la mort qu'ils n'aient vu le Fils de l'homme dans son royaume." Qu'est-ce que ce royaume ? Question assez importante. Car l'occupation de cette montagne n'était pas la prise de possession de ce royaume. Qu'est-ce en effet qu'une montagne pour qui possède le ciel ? Non seulement les Ecritures nous enseignent cette différence, mais nous la voyons en quelque sorte des yeux de notre coeur.

    Or Jésus appelle son royaume ce que souvent il nomme le royaume des cieux. Mais le royaume des cieux est le royaume des saints ; car il est dit : "Les cieux racontent la gloire de  Dieu" ; et aussitôt après : "Il n'y a point de langues ni d'idiomes qui n'entendent leurs voix" ; les voix de ces mêmes cieux. "L'éclat s'en est répandu sur toute la terre, et leurs paroles ont retenti jusqu'aux extrémités de l’univers" (Ps XVIII, 4,5). N'est-ce donc pas des Apôtres et de tous les prédicateurs fidèles de la parole de Dieu qu'il est fait ici mention ? Ces mêmes cieux régneront avec le Créateur du ciel, et voici ce qui s'est fait pour le démontrer.

    Le Seigneur Jésus en personne devint resplendissant comme le soleil, ses vêtements blancs comme la neige, et avec lui s'entretenaient Moïse et Elie. Jésus lui-même, Jésus en personne parut resplendissant comme le soleil, marquant ainsi qu'il était la lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde (Jn I,9). Ce qu'est ce soleil pour les yeux de la chair, Jésus l'est pour les yeux du coeur ; l'un est pour les âmes ce que l'autre est pour les corps.

    Ses vêtements représentent ici son Eglise ; car ils tombent s'ils ne sont portés et maintenus. Paul était dans ces vêtements comme l'extrémité de la frange ; aussi dit-il. "Je suis le moindre des Apôtres" (I Cor. XV, 9) ; et ailleurs : "Je suis le dernier des Apôtres" (Ibid. IV,19). Or la frange est ce qu'il y a de moindre et d'extrême dans le vêtement. Aussi, comme cette femme qui souffrait d'une perte de sang fut guérie en touchant la frange de la robe du Seigneur (Lc VII,44) ; ainsi l'Eglise des gentils se convertit à la prédication de Paul. Eh ! qu'y a-t-il d'étonnant que l'Eglise soit figurée par de blancs vêtements, puisque nous entendons le prophète Isaïe s'écrier : "Vos péchés fussent-ils rouges comme l'écarlate, je vous blanchirai comme la neige" (Is I,18) ?

    Que peuvent Moïse et Elie, la loi et les prophètes, s'ils ne communiquent avec le Seigneur ? Qui lira la loi ? qui lira les prophètes, s'ils ne rendent témoignage au Fils de Dieu ? C'est ce que l'Apôtre exprime en peu de mots. "La loi dit-il, fait seulement connaître le péché, tandis qu'aujourd’hui, dans la loi, la justice de Dieu a été manifestée" : voilà le soleil ; "annoncée par la loi et les prophètes" : voilà l'aurore.

    Pierre est témoin de ce spectacle, et goûtant les choses humaines à la manière des hommes : "Seigneur, dit-il, il nous est bon d'être ici." Il s'ennuyait de vivre au milieu de la foule, il avait trouvé la solitude sur une montagne où le Christ servait d'aliment à son âme. Pourquoi en descendre afin de courir aux travaux et aux douleurs, puisqu'il se sentait envers Dieu un saint amour et conséquemment des moeurs saintes ? Il cherchait son propre bien ; aussi ajouta-t-il. "Si vous voulez, dressons ici trois tentes : une pour vous, une pour Moïse et  une autre pour Elie." Le Seigneur ne répondit rien à cette demande, et toutefois il y fut répondu. En effet, comme il parlait encore, une nuée lumineuse descendit et les couvrit de son ombre. Pierre demandait trois tentes ; et la réponse du ciel témoigna que nous n'en avons qu'une, celle que le sens humain voulait partager. Le Christ est la parole de Dieu, la Parole de Dieu dans la loi, la Parole de Dieu dans les prophètes. Pourquoi, Pierre, chercher à la diviser ? Cherche plutôt à t'unir à elle. Tu demandes trois tentes, comprends qu'il n'y en a qu'une.

    Pendant que la nuée les couvrait et formait comme une seule tente au dessus d'eux, une voix sortit de son sein et fit entendre ces paroles "Celui-ci est mon Fils bien-aimé." Là se trouvaient Moïse et Elie. La voix ne dit pas : Ceux-ci sont mes Fils bien-aimés. Autre chose est d'être le Fils unique, et autre chose, des enfants adoptifs. Celui qui se trouve aujourd'hui signalé est Celui dont se glorifient la loi et les prophètes : "Voici, est-il dit, mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis mes douces complaisances ; écoutez-le" ; car c'est lui que vous avez entendu dans les prophètes, lui aussi que vous avez entendu dans la loi, et où ne l'avez-vous pas entendu ? Ils tombèrent à ces mots la face contre terre.

    Voilà donc dans l'Eglise le royaume de Dieu. Là en effet nous apparaissent le Seigneur, la loi et les prophètes : le Seigneur dans la personne du Seigneur même, la loi dans la personne de Moïse et les prophètes dans celle d'Elie. Ces deux derniers figurent ici comme serviteurs et comme ministres, comme des vaisseaux que remplissait une source divine ; car si Moïse et les prophètes parlaient et écrivaient, c'est qu'ils recevaient du Seigneur ce qu'ils répandaient dans autrui.

    Le Seigneur ensuite étendit la main et releva ses disciples prosternés. [...]

    Descends, Pierre, tu voulais te reposer sur la montagne, descends, annonce la parole, insiste à temps, à contre-temps, reprends, exhorte, menace, en toute patience et doctrine (II Tim IV,2) ; travaille, sue, souffre des supplices afin de parvenir par la candeur et la beauté des bonnes oeuvres accomplies avec charité, à posséder ce que figurent les blancs vêtements du Seigneur. »

    Saint Augustin, Sermons, Première série, Passages détachés de Saint Matthieu, Sermon LXXVIII (1-6), in Oeuvres complètes de saint Augustin , traduites pour la première fois en français sous la direction de M. l'abbé Raulx, Tome VI, Bar-Le-Duc, 1866.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 6 septembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Qui peut gravir la montagne du Seigneur
    et se tenir dans le lieu saint ?"
    Psaume XXIII, 3.

    « C'est une parole d'exhortation, mes frères ; puisque tous nous nous efforçons de monter, tous nous tendons en haut, tous nous aspirons à nous élever, et tous nous faisons des efforts pour grandir, efforçons-nous du moins de monter là où nous puissions être bien, où nous nous trouvions en sûreté, d'où nous ne puissions tomber, là enfin, où nous puissions nous tenir fermes. Mais si le Prophète demande où est celui qui montera sur cette montagne, ce n'est pas seulement pour exciter eu nous le désir d'y monter, mais encore afin de nous apprendre le moyen de le faire si nous en avons le désir. Heureux celui qui a disposé dans son coeur des degrés pour s'élever sur cette montagne et qui soupire après la maison du Seigneur, et tombe presque en défaillance par la force de ce désir. Cette montagne est fertile, où se trouve le comble de tous les biens, c'est la montagne d'éternelle volupté, la montagne de Dieu. Et "bienheureux ceux qui demeurent dans votre maison, Seigneur, ils vous loueront dans les siècles des siècles" (Ps LXXXIII, 5). Si vous voulez être sûrs que c'est effectivement une maison, écoutez un témoin fidèle qui vous le dira : "O Israël que la maison de Dieu est grande, et combien étendu est le lieu, qu'il possède ! Il est vaste et n'a point de bornes, il est élevé, il est immense" (Ba III, 24). Que dis-je, non seulement c'est une montagne, mais c'est le mont des monts ; on y voit beaucoup d'habitations, beaucoup d'autres montagnes, ses fondements mêmes se trouvent placés dans les montagnes saintes (Ps LXXXVI, 2).

    Le saint prophète Isaïe ne s'en tait pas non plus : "La montagne, dit-il, qui est la demeure du Seigneur, sera fondée sur le haut des monts, et s'élèvera au dessus des collines" (Is II, 2). Et pourquoi ne serait-ce pas le mont des monts (fondé sur les hauteurs mêmes) de la terre entière, où se trouve une abondance si variée de toutes sortes de délices, où seulement est la plénitude de toutes les abondances ? En effet, ce sera le mont de la paix, le mont de la joie, le mont de la vie, le mont de la gloire. Or, tous ces monts ne forment qu'un mont, le mont de la félicité consommée N'est-ce point le mont de la paix, la paix même sur la paix, la paix qui passe tout sentiment ? Oui, certainement c'est un mont bien élevé que la paix dans le coeur, la paix dans la chair, la paix du côté des hommes méchants, la paix avec tous nos proches, la paix de la part des démons mêmes, la paix avec Dieu. Or, cette paix sera sans fin. Il y aura aussi de la joie, mais une joie telle que le Seigneur la dépeint, "une joie pleine" (Jn XVI, 22). Une joie sûre, une joie que personne ne nous ravira. Nous aurons aussi la vie, nous l'aurons même avec une grande abondance, car la venue d'un si grand pasteur, qui n'est venu vers ses brebis, comme il le dit lui-même, que "pour qu'elles aient la vie et qu'elles l'aient avec abondance" (Jn X, 10), ne saurait demeurer sans effet. Est-ce qu'il ne vous semble pas aussi que cette montagne c'est ce poids éternel de gloire qui s'élève au delà de toute mesure ? Or, tout cela et tout ce qu'on peut encore se figurer d'aussi désirable, ce n'est point autre chose que la bonne mesure de la félicité, la mesure foulée, agitée, et qui se répand par dessus les bords (Lc VI, 38), c'est comme si on accumulait les uns sur les autres pour n'en plus faire qu'un seul, un mont d'or, un mont d'argent, un mont d'hyacinthe, un mont d'émeraudes et de toutes les plus belles pierres fines, un mont d'étoffes de pourpre, d'écarlate et de lin et de toutes choses aussi précieuses. En effet, tout nous sera rendu avec usure, ceux qui auront élevé sur le fondement un édifice d'or, d'argent, de pierres précieuses, verront avec surprise, leur humble construction se changer en d'immenses montagnes ; ils n'auront répandu qu'une modique semence et ils moissonneront, je ne dis pas de grandes gerbes, mais de grands monceaux de gerbes. »

    Saint Bernard (1091-1153), Sermons divers : Trente-troisième Sermon (1-2). in "Oeuvres complètes de Saint Bernard" (Tome III), Traduction nouvelle par M. l'Abbé Charpentier, Librairie Louis Vivès, Paris, 1866.

    Source : Abbaye Saint Benoît

  • 28 juin : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Le Seigneur nous dit : "Ce ne sont pas tous ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le royaume des cieux ; mais celui qui fait la volonté de mon Père, celui-là entrera dans le royaume des cieux." Par là nous sommes avertis de ne pas nous imaginer qu'il suffise de dire : "Seigneur, Seigneur", pour être un arbre bon et porter de bons fruits. Les bons fruits consistent à faire la volonté du Père qui est dans les cieux, selon l'exemple que le Seigneur lui-même nous en a donné dans sa personne. [...]
    Un point très important et relatif à ce sujet, c'est qu'en cherchant à connaître la vérité, nous ne nous laissions point tromper, non seulement par ceux qui se couvrent du nom du Christ sans que leur conduite y réponde, mais encore par certains faits et par certains prodiges, comme le Seigneur en a fait en vue des infidèles, tout en nous avertissant de ne pas nous y laisser prendre et de ne pas toujours supposer une sagesse invisible là où nous voyons un miracle visible. C'est pourquoi il ajoute : "Beaucoup me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n'est-ce pas en votre nom que nous avons prophétisé, en votre nom que nous avons chassé les démons, et en votre nom que nous avons fait beaucoup de miracles ? Et alors je leur dirai : Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, ouvriers d'iniquité." Le Seigneur ne reconnaîtra donc que celui qui pratique la justice. Car il a défendu même à ses disciples de se réjouir de telles choses, par exemple, de ce que les démons leur obéissaient. "Mais, leur dit-il, réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux" (Lc. X, 20), c'est-à-dire, je pense, dans cette cité de la Jérusalem céleste, où régneront seulement les justes et les saints. "Ne savez-vous pas, dit l'Apôtre, que les injustes ne posséderont pas le royaume de Dieu ?" (I Cor. VI, 9)
    Mais peut-être quelqu'un dira-t-il que les injustes ne peuvent faire ces miracles visibles, et regardera-t-il comme des menteurs ceux qui diront : "C'est en votre nom que nous avons prophétisé, et chassé les démons et fait beaucoup de miracles." Qu'il lise alors tout ce qu'ont fait les magiciens d'Égypte par opposition à Moïse, le serviteur de Dieu (Ex. VII, VIII) ; ou s'il ne le veut pas, par la raison que ces magiciens n'agissaient pas au nom du Christ, qu'il lise au moins ce que le Christ lui-même a dit, en parlant des faux prophètes : "Alors si quelqu'un vous dit : Voici le Christ, ici ou là, ne le croyez pas. Car il s'élèvera de faux Christs et de faux prophètes ; ils feront de grands signes et des prodiges, jusqu'à induire en erreur, s'il peut se faire, même les élus" (Mt. XXIV, 23-26). »

    Saint Augustin, Explication du Sermon sur la montagne (ch. XXV, 82-85), Trad. de M. l'Abbé Devoille, in "Oeuvres complètes de Saint Augustin", Traduites pour la première fois sous la direction de M. Raulx, Bar-le-Duc, 1869.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 20 juin : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « "Pour vous, quand vous priez, entrez  dans votre chambre." Or quelle est cette chambre, sinon le coeur lui-même, ainsi que le Psalmiste l'enseigne quand il dit : "Ce que vous dites dans votre coeur, repassez-le avec amertume sur votre couche (1). — Et, les portes fermées, priez votre Père en secret." C'est peu d'entrer dans sa chambre, si on en laisse la porte ouverte aux importuns, si les choses du dehors s'y introduisent et envahissent notre intérieur. Or nous avons dit que le dehors ce sont tous les objets temporels et visibles, qui pénètrent dans nos pensées par la porte, c’est-à-dire par les sens charnels, et troublent nos prières par une multitude de vains fantômes. Il faut donc fermer la porte, c'est-à-dire résister au sens charnel, en sorte que notre prière, toute spirituelle, s'élève vers le Père du fond du cœur où l'on prie le Père en secret. "Et votre Père qui voit dans le secret, vous le rendra." C'est par là qu'il fallait terminer ; car le Seigneur n'a pas en vue ici de nous recommander de prier, mais de nous appendre comment il faut prier ; comme plus haut, ce n'était point l'aumône qu'il recommandait, mais l'esprit dans lequel il faut la faire ; puisqu'il s'agit de la pureté du coeur, qui ne s'obtient qu'en fixant son intention unique, simple, sur la vie éternelle, par le seul et pur amour de la sagesse.

    "Or, en priant, ne parlez pas beaucoup, comme les païens ; ils s'imaginent qu'à force de paroles il seront exaucés." Comme le propre des hypocrites est de se donner en spectacle dans la prière et de n'en attendre d'autre fruit que l'approbation des hommes ; ainsi le propre des païens, c'est-à-dire des gentils, est de s'imaginer qu'à force de paroles ils seront exaucés. Et en effet toute abondance de paroles vient des gentils qui s'appliquent plus à exercer leur langue qu'à purifier leur coeur. Ils s'efforcent de transporter dans la prière ce ridicule verbiage, dans l'espoir de fléchir Dieu, et dans la conviction que Dieu se laisse, comme l'homme, séduire par des paroles. "Ne leur ressemblez donc pas," dit le seul et véritable Maître. "Car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez." Si en effet il faut une multitude de paroles pour informer et instruire celui qui ne sait pas, qu'en est-il besoin avec Celui qui connaît tout, à qui tout ce qui est parle, par cela seul qu'il est, et se présente comme un fait accompli ; à la science et à la sagesse duquel l'avenir n'est point caché ; pour qui tout ce qui est passé et tout ce qui passera est immuablement présent ? »

    (1) : Ps. IV, 5.

    Saint Augustin (354-430), Explication du Sermon sur la montagne (Livre II, ch. III, 11), Trad. de M. l'Abbé Devoille, des "Oeuvres complètes de Saint Augustin", Traduites pour la première fois sous la direction de M. Raulx, Bar-le-Duc, 1869.

    Source : Abbaye Saint Benoît.