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passé

  • Méditation - Les hommes d'honneur (I)

    « L’homme d’honneur, héros ou saint, souffre de la médiocrité ambiante, plus que nul autre ne peut en faire l’expérience. Mais cela ne le conduit pas au désespoir. Il n’essaie pas de défier cette médiocrité. Il ne la combat qu’en se jetant à corps perdu dans l’exercice de la charité. Pas celle qui s’affiche, succédané de vraie charité, sur les écrans de télévision ou dans les pages glacées des magazines, mais celle qui ne fait pas de bruit. L’homme d’honneur n’arrache rien et ne se fait pas justicier. Il comble au contraire de trésors invisibles ce qui se complaît dans le médiocre. Il n’est pas un réformateur. Saint François d’Assise n’est pas Martin Luther. [...]

    L’homme d’honneur n’est jamais corrompu par la médiocrité, alors que celui qui se pose en juge, subissant la fascination du mal, sera peu à peu transformé, défiguré par l’objet de sa haine. Certes, la douce pitié de Dieu cache toujours quelque stratagème insurpassable pour sauver même ce qui risque de se précipiter tête première vers l’enfer. L’homme d’honneur ne se jette jamais dans la révolte et ne laisse pas son cœur être entraîné par l’amertume.

    Quant à la caractéristique de l’homme d’honneur chrétien, elle tient dans la priorité accordée au Royaume de Dieu, un homme capable, idéalement, de consacrer une part égale de sa vie à l’action et à la pensée alliée à la contemplation. Un tel équilibre est rare. L’époque contemporaine n’est pas avare en hommes d’action, tout au moins en hommes qui en donnent l’apparence, qui bougent, qui voyagent, qui remuent et font remuer les choses, des choses... Elle est plus pingre en ce qui concerne la réflexion et la contemplation car elle ne les favorise point, ayant horreur de ce qui permet de juger, de discerner, de prendre du recul, d’admirer, de s’étonner. Elle rabote et piétine les esprits qui feraient preuve d’indépendance et de liberté. Il s’agit d’un vertige universel, qui nous saisit tous, dans une plus ou moins large mesure. Mais nous sommes libres de nous y soustraire si nous optons pour l’honneur, contre l’opportunisme et l’hédonisme. Il subsiste dans le monde des franges d’humanité où l’effort pour connaître et aimer n’est point mort, franges qui sont et seront de précieuses réserves, les dernières sans doute, pour répondre à l’agression contre les esprits et l’Esprit. »

    (à suivre demain)

    Père Jean-François Thomas s.j., Les Mangeurs de cendres. petit traité spirituel (ch.II), Via Romana, Versailles, 2016. (pp.68-70)

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    Constantin Meunier (1831-1905) & Alfred Verwee (1838-1895), Labourages des moines (1863)
    Abdijmuseum Ten Duinen, Koksijde (Collection Vlaamse Gemeenschap)
    (Crédit photo)

  • Méditation : utiliser le moment présent

    « Tendez au maximum de simplicité dans l'usage du moment présent, et quand ce moment est devenu du passé, il faut le remettre à Dieu et s'occuper du moment suivant qui est devenu le présent. Comme dit Notre-Seigneur, ce n'est pas quand on a la main à la charrue qu'il faut regarder derrière soi. Si ce qu'on a fait du sillon était de travers, ce n'est pas de le regarder qui le rendra droit, et pendant qu'on a les yeux détournés, on risque encore de faire de travers ce qui aurait pu être droit si on avait regardé devant soi. Saint Paul dit la même chose : « J'oublie ce qui est derrière moi et je m'étire vers ce qui vient (*) ». Vos lectures mêmes ne doivent pas vous faire mesurer de trop près la distance qu'il y a entre l'idéal et ce que vous en réalisez (qui est pour tout le monde très peu de chose). Il faut admirer l'idéal, non pas certes d'une admiration stérile, en se secouant au contraire comme on peut, mais sans désarroi devant l'abîme entre ce que nous devrions être et ce que nous sommes. Il n'y a qu'à confesser l'abîme, et prier la miséricorde de Dieu de le remplir. »

    (*) Ph III, 13.

    Abbé V.A. Berto (1900-1968), Lettre du 19 mai 1952, in "Notre Dame de Joie", N.E.L., Paris, 1973 (2ème éd.)

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    (Source et crédit photo)

  • Méditation - Prière : comme un petit enfant...

    « Ô mon Dieu,

    Lorsque je regarde l'avenir, la peur me prend.
    Mais pourquoi sonder le futur ?
    Pour moi, ce n'est que le moment présent qui est cher,
    Car l'avenir ne s'établira peut-être pas dans mon âme.

    Le temps passé n'est plus en mon pouvoir,
    Pour changer quelque chose, corriger ou ajouter,
    Car ni le sage, ni les prophètes ne sont parvenus à le faire,
    Donc, il faut remettre à Dieu ce que contenait le passé.

    Ô moment présent, tu m'appartiens tout entier.
    Je désire tirer profit de toi selon mes possibilités,
    Et bien que je sois faible et petite,
    Tu me donnes la grâce de Ta toute-puissance.

    Et donc avec confiance en Ta miséricorde,
    J'avance dans la vie comme un petit enfant,
    Et chaque jour je Te fais le sacrifice de mon cœur
    Brûlant d'amour pour Ta plus grande gloire. »

    Sainte Faustine, Petit Journal (Premier Cahier, 1), Parole et Dialogue, Paris, 2002.

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  • Méditation - Prière : Seigneur, réconcilie-moi avec moi-même...

    « Seigneur, réconcilie-moi avec moi-même.
    Comment pourrai-je rencontrer et aimer les autres
    si je ne me rencontre et ne m’aime plus ?
    Seigneur, Toi qui m’aimes tel que je suis et non tel que je me rêve,
    aide-moi à accepter ma condition d’homme,
    limité mais appelé à se dépasser.
    Apprends-moi à vivre avec mes ombres et mes lumières, mes douceurs et mes colères, mes rires et mes larmes, mon passé et mon présent.
    Donne-moi de m’accueillir comme Tu m’accueilles,
    de m’aimer comme Tu m’aimes.
    Délivre-moi de la perfection que je veux me donner,
    ouvre-moi à la sainteté que Tu veux m’accorder.
    Donne-moi le courage de sortir de moi-même.
    Dis-moi que tout est possible à celui qui croit.
    Dis-moi que je peux encore guérir,
    dans la lumière de ton regard et de ta Parole.
    Amen. »

    P. Michel Hubaut, franciscain (ordonné prêtre en 1969).

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  • 17 novembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "... il faut toujours prier sans se décourager" (Lc 18, 1-8)

    « Le Verbe de Dieu nous livre ses enseignements sur la prière lorsqu'il apprend aux disciples qui en sont dignes et qui cherchent avec ferveur à s'en instruire, avec quelles paroles il convient de prier pour se faire entendre de Dieu. [...] Au contraire, celui qui ne s'unit pas à Dieu par la prière, se détachera de lui. Ce discours devra donc nous faire comprendre en premier lieu qu'il faut toujours prier sans se décourager (Lc 18,1). Car la prière a pour effet d'unir l'homme à Dieu, et celui qui est en communion avec Dieu est loin de l'Adversaire.

    La prière sauvegarde la tempérance, maîtrise la colère, abat l'orgueil, extirpe la rancune. [...] La prière est le sceau de la virginité et la fidélité du mariage. Elle est le bouclier des voyageurs, la garde de ceux qui dorment, la confiance de ceux qui veillent, la prospérité des agriculteurs, la sécurité des navigateurs. [...]

    Vraiment, quand bien même nous passerions toute notre vie à converser avec Dieu dans la prière et l'action de grâce, nous resterions, je crois, aussi indignes de cet échange avec notre bienfaiteur que si nous n'avions même pas conçu le désir de lui manifester notre reconnaissance.

    Le temps se divise en trois moments : le passé, le présent et l'avenir. En chacun d'eux nous saisissons la bienveillance divine. Penses-tu au présent ? Tu es en vie grâce au Seigneur. Si tu envisages l'avenir, l'espoir de réaliser tes désirs repose sur le Seigneur. Quant au passé, tu n'aurais pas existé si le Seigneur ne t'avait pas créé.

    Il t'a accordé sa faveur en te faisant naître, et depuis ta naissance il te l'accorde encore. Comme l'Apôtre le dit : Tu as en lui la vie et le mouvement (cf. Ac 17,28). Tu fondes sur cette même faveur ton espoir des réalités à venir. Toi, tu n'es maître que du présent.

    Même si tu ne cesses de rendre grâce à Dieu durant toute ta vie, cela égalera à peine la grâce qu'il te fait au moment présent, et tu ne trouveras jamais le moyen de payer ta dette de reconnaissance pour le passé et pour l'avenir. Que nous sommes loin, d'ailleurs, de lui rendre grâce selon la mesure de nos capacités ! C'est au point que nous n'employons même pas les possibilités qui nous sont offertes de manifester notre gratitude. Nous négligeons, en effet, de réserver, je ne dis pas toute la journée, mais même une infime partie de celle-ci, à la méditation des réalités divines. [...]

    Qui a rétabli dans la grâce originelle l'image divine que le péché avait ternie en moi ? Qui me fait monter vers le bonheur que je possédais avant d'être exilé du paradis, privé de l'arbre de vie et englouti dans l'abîme de cette existence charnelle ? Il n'y a personne qui comprenne (Rm 3,11), dit l'Écriture. Car, en vérité, si nous y étions vraiment attentifs, durant toute notre vie nous ne cesserions de rendre grâce à Dieu. »

    Saint Grégoire de Nysse († 395), Homélies sur la prière du Seigneur, 1, PG 44, 1120 1124-1125.

    Source : Clerus.org.

  • 3 octobre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n'est pas fait pour le royaume de Dieu" (Lc 9, 62)

    « Se détacher des richesses de cette vie, c’est être pauvre ; on est riche et condamnable quand on les désire, même sans les posséder. Au désir du vrai pauvre Dieu se donnera lui-même. Mais alors au lieu de regarder en arrière, jetons-nous en avant : nous serions plus coupables de chercher notre joie dans cette vie passée, dans le vieil homme dont nous avons dû nous dépouiller. C’est donc l’Eglise qui aspire aux demeures célestes, qui n’a ici-bas d’autre joie que dans l’espérance. Son coeur et sa chair tressaillent, celui-là par de saints désirs, celle-ci par les oeuvres extérieures. C’est la tourterelle qui cherche un nid, et ce nid est l’Eglise qui a la vraie foi, et qui nous sauve par nos oeuvres. Le Prophète nous porte par les aspirations dans la maison du Seigneur, où nous posséderons Dieu lui-même, ne faisant rien par contrainte, mais bénissant Dieu par amour. C’est là que doit nous conduire la grâce, et plus vif sera notre désir, plus haute sera notre ascension, dont les degrés sont dans notre coeur. La loi montrait le péché sans le guérir, l’eau de la piscine ne guérissait qu’un seul malade quand elle se troublait ; ce trouble est l’image de la passion qui nous a guéris par la grâce, et le grâce nous conduira des vertus de cette vie à la vérité unique ou à Dieu, que nous verrons et vers qui nous élèvera l’humilité. »

    Saint Augustin, Discours sur les Psaumes, LXXXIII, in Oeuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la première fois en français, sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, L. Guérin et Cie Editeurs, 1868.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 18 septembre : Méditation

    « Ta sanctification est l'oeuvre de chaque jour, du moment présent. C'est l'heure d'aujourd'hui, en ce moment, non demain, non dans un instant.
    Laisse le passé à la Miséricorde divine ; abandonne l'avenir à la Sagesse ; contente-toi de t'adapter à la manifestation présente de l'Amour divin sous quelque forme qu'il se présente.
    C'est maintenant, maintenant que tu dois t'armer de courage, de virilité, de générosité calme et tranquille ; n'attends pas demain ; le moment qui suit ne t'appartient pas.
    [...]
    C'est en cet endroit, et non en tel autre, qu'il faut gravir la montagne, aussi rude que te semble le sentier. C'est ici, ce n'est pas là, quoi qu'en dise ton sentiment, malgré les apparences qui semblent te rendre l'ascension impossible ou difficile. Ah ! Tu crois que les difficultés disparaîtront quand tu auras fui l'endroit présent ? Non, non, mon frère, n'obéis pas à ces suggestions dangereuses, à ce mirage séducteur.
    Pourquoi désirer immodérément ce qui n'est pas encore ?
    Pourquoi rêver à des situations qui ne sont pas la réalité présente ? Pourquoi précipiter ton action ? Pourquoi éparpiller tes forces ?
    C'est en la circonstance présente, et non en la suivante, que tu dois secouer ta léthargie, te renoncer, accomplir ton devoir.
    Tout est disposé par Dieu pour t'élever au-dessus de toi-même, quoi qu'il puisse te paraître.
    Ainsi la maladie ou la santé, les déboires ou la prospérité, la ruine ou la fortune, la perte de tes proches ou la société de tes amis, l'abandon et la malveillance ou l'amitié et l'estime, l'oppression injuste ou la domination paternelle, le labeur pénible ou le travail joyeux, le repos ou le mouvement extérieur, tout, tout peut contribuer à te libérer, te sauver, te vivifier, te sanctifier. »

    Dom Idesbald van Houtryve (1769-1837), La vie dans la paix (T. I, L. VII ch. IV), Editions de l'Abbaye du Mont Cesar, Louvain (Belgique), 1944.

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  • 20 août : Méditation

    « ... Après avoir changé enfin votre volonté et réduit votre corps en servitude, après avoir tari la source du mal et soigneusement bouché toutes les ouvertures par lesquelles il pénétrait, il vous reste une troisième chose à faire, et ce n'est pas la moins difficile, il s'agit de purifier votre mémoire, de nettoyer ce cloaque infect. Comment, direz-vous, effacer de ma mémoire, l'impression qu'elle conserve de toute ma vie passée ? Le frêle et mince tissu sur lequel elle est écrite a bu l'encre et s'en est imprégné, comment l'effacer à présent ? Elle ne s'est pas arrêtée à la superficie seulement, mais elle a pénétré le tissu tout entier ; c'est en vain que je voudrais l'effacer maintenant, je détruirais le papier plutôt que d'en faire disparaître les caractères qui y sont gravés. Il en est de même de ma mémoire, il faudrait que l'oubli allât jusqu'à la détruire, comme cela arriverait, par exemple, si je venais à perdre l'esprit ; alors je ne conserverais plus aucun souvenir de mes actions. Autrement quel grattoir employer pour effacer les souillures de ma mémoire et la conserver intacte elle-même. Pas d'autre que cette parole pleine de vie et d'efficacité et plus pénétrante qu'un glaive à deux tranchants : "Vos péchés vous sont remis (Mc II, 5)." Laisser le Pharisien murmurer et dire : "Qui peut remettre les péchés si ce n'est Dieu ? (Ibid., 7)" Car c'est précisément Dieu même qui vous adresse ces paroles : "Or nul ne saurait se comparer à lui, il connaît le secret de toute science et il l'a révélé à Jacob son fils et à Israël son bien-aimé ; plus tard, il s'est fait voir lui-même sur la terre et il a conversé avec les hommes (Baruch III, 36,37,38)." C'est sa miséricorde qui efface le péché, non en en faisant perdre le souvenir à la mémoire, mais en faisant que ce dont le souvenir était en elle et la souillait, y soit encore et ne la souille plus. Et en effet, nous nous rappelons en ce moment une foule de péchés qui ont été commis ou par nous ou par d'autres ; or il n'y a que les nôtres qui nous souillent, ceux d'autrui ne sont pas une tache pour nous. D'où vient cela ? C'est qu'il n'y a que les nôtres qui nous fassent rougir et que nous craignions de nous voir reprocher. Otez la pensée du reproche, ôtez la crainte, ôtez la honte, c'est ce que fait la rémission du péché, et non seulement nos péchés ne font plus d'obstacle à notre salut, mais même ils peuvent y coopérer en nous excitant à rendre de vives actions de grâces à celui qui nous les a remis. »

    Saint Bernard (1091-1153), Sermon ou Livre de Saint Bernard, Abbé aux prêtres, sur la conversion (ch.XV,28), in Oeuvres Complètes de Saint Bernard (Tome II), Traduction nouvelle par M. l'Abbé Charpentier, Paris, Librairie Louis Vivès, 1866.

    (Source : Abbaye Saint-Benoît)
     

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