« Je Te salue, très miséricordieux Cœur de Jésus,
Source vivante de toutes les grâces,
Unique abri et notre refuge,
En Toi je trouve l'éclat de l'espérance.
Je Te salue, très compatissant Cœur de mon Dieu,
Insondable, vivante source d’amour,
D’où jaillit la vie pour l’homme pécheur,
Ainsi que la source de toute douceur.
Je Te salue, plaie ouverte du Très Saint Cœur,
D’où sont sortis les rayons de miséricorde,
Et d’où il nous est donné de puiser la vie,
Uniquement avec le vase de la confiance.
Je Te salue, bonté de Dieu, inconcevable,
Jamais mesurée, ni approfondie,
Pleine d’amour et de miséricorde, mais toujours sainte,
Et cependant Tu es comme une bonne mère qui se penche sur nous.
Je Te salue, trône de la miséricorde, Agneau de Dieu,
Toi qui offris Ta vie en sacrifice pour moi,
Toi devant qui chaque jour mon âme s’abaisse,
Vivant en une foi profonde. »
Ste Faustine (1905-1938), Petit Journal, (1937, Quatrième cahier, n°1321)
Parole et Dialogue, Paris, 2002.
poesie
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Prière - Miséricordieux Cœur de Jésus
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Poème - Rien n'est vrai que d'aimer...
« Rien n’est vrai que d’aimer… Mon âme, épuise-toi,
Coule du puits sans fond que Jésus te révèle,
Comme un flot que toujours sa source renouvelle,
Et déborde, poussée en tous sens hors de moi.
Quels usages prudents te serviront de digue ?
Donne tout ! Donne plus et sans savoir combien.
Ne crains pas de manquer d'amour, ne garde rien
Dans tes mains follement ouvertes de prodigue.
Qu'aimeras-tu ? Quel temps perdrons-nous à ce choix ?
Aime tout ! Tout t'est bon. Sois aveugle, mais aime !
Le plus près, le plus loin, chacun plus que toi-même
Et, comment ce miracle, ô Dieu, tous à la fois.
Celui qui t'est pareil, celui qui t'est contraire.
Et n'aime rien uniquement pour sa beauté :
L'enchantement des yeux leur est trop vite ôté,
Du charme d'aujourd'hui demain te vient distraire.
N'aime rien pour ses pleurs : les larmes n'ont qu'un jour ;
N'aime rien pour son chant : les hymnes n'ont qu'une heure...
Ô mon âme qui veux que ton amour demeure,
Aime tout ce qui fuit pour l'amour de l'amour.
Aime tout ce qui fuit sur la terre où tu passes,
Le long de ton chemin aveugle et sans arrêts :
Les herbes des fossés, les bêtes des forêts,
Les matins et les soirs, les pays, les espaces.
Aime, l'enthousiasme est fort comme la mer
Qui d'un seul mouvement emporte les navires.
Laisse aller tes destins au fil de ses délires
Sans goûter si le flot qui te pousse est amer.
Rien n'est vrai que d'aimer, mon âme, et d'être dupe.
Si tu cherches un cœur où reposer ton front
Et si tu te sens lasse au bout de quelque affront,
Qu'est-ce que cet amour que son gain préoccupe ?
Ô préteuse sans fin de biens jamais rendus,
Laisse abuser chacun de ta folle abondance,
Tant que jetés au vent de l'amour sans prudence,
Ta paix, tes jours, ta force et ton cœur soient perdus.
[...]
Rien n'est vrai que d'aimer et que d'aimer toujours !
Tes aimés passeront mais ton amour demeure
Malgré les renouveaux qui te changent de leurre
Et les petites morts des petites amours.
Et tant qu'il y aura des vivants d'heure en heure
Menant leur sort à la rencontre de ton sort,
Ou t'ayant devancée au delà de la mort...
Toi-même, disparais, mais ton amour demeure !
Mon amour ! Mon amour ! quand ce cœur arrêté
Ne te contiendra plus... à ta source première,
A Jésus remontant d'un grand jet de lumière,
Mon amour, sois mon Dieu toute l'éternité ! »
Marie Noël (1883-1967), Les chansons et les heures, « À tierce » (extraits)
Les Éditions G. Crès et Cie, Paris, 1928. -
Premier Vendredi du mois, dédié au Sacré-Coeur de Jésus
« Près de ton Cœur divin, j’oublie tout ce qui passe
Je ne redoute plus les craintes de la nuit
Ah ! donne-moi, Jésus, dans ce Cœur une place
Rien que pour aujourd’hui. »
Ste Thérèse de l'Enfant-Jésus, Poésie n°5 (1894),
in "Œuvres complètes", Éditions du Cerf et Desclée de Brouwer, 1996.
(Texte intégral) -
Méditation - ... rien qu’aujourd’hui !
« Ma vie n’est qu’un instant, une heure passagère
Ma vie n’est qu’un seul jour qui m’échappe et qui fuit
Tu le sais, ô mon Dieu ! pour t’aimer sur la terre
Je n’ai rien qu’aujourd’hui !... »
Ste Thérèse de l'Enfant Jésus, Poésie n°5 (1894).
(Texte intégral) -
Méditation - Confiance et abandon
« Il est écrit dans l'Évangile que beaucoup de mystères sont cachés aux sages et aux savants, qui seront révélés aux petits enfants. Le génie de l'enfance est tout intuition. Il n'a ni science ni prétention pour le déformer. Par sa simplicité, la fraîcheur de ses impressions, l'enfant a les clés du royaume de la poésie. Car la poésie, c'est d'entrer naïvement dans le jeu du monde, de découvrir les merveilles cachées à ceux qui croient tout savoir et tout expliquer. Le mystère dont parlait notre Seigneur n'est pas le mystère poétique, mais le grand, le seul vrai mystère, celui de la sagesse de Dieu. Il se révèle aux enfants à cause de certaines dispositions qui leur sont propres et qui les ouvrent aux plus hautes vérités.
Les enfants jouissent un instant de ce qui passe, mais sans attachement, sans exigence. Et puis, les petits sont humbles. Un vrai enfant respecte ce qui est au-dessus de lui. Quand on ne le déforme pas par une tendresse excessive, il est indépendant, forme son petit monde à lui tout seul et ne prétend pas s'imposer. Enfin les petits sont confiants et abandonnés, à cause justement de leur faiblesse. Un enfant vous donne la main, lève vers vous son regard limpide, vous accompagne dans votre propre chemin sans demander où il aboutit. »
Madeleine Daniélou (1880-1956) -
Poème - Annonciation
« La Vierge Marie a fermé les yeux
Et voilé son cœur de ses deux paupières
pour ne plus rien voir, pour entendre mieux
Un souffle qui fait trembler ses prières...
Un frisson le long du petit jardin
A couru... Qui vient ? La feuille nouvelle ?
Qui passe ?... Un oiseau sort du ciel. Soudain,
La graine des champs les sent partir d'elle.
Le vent sur le toit vient de rencontrer
Dessus, un oiseau que l'azur apporte.
Qui vole ?... Le ciel a poussé la porte,
La porte a chanté, un Ange est entré.
Un Ange a parlé tout bas dans la chambre.
Toi seule, ô Marie, entends ce qu'il dit,
Toi seule dans l'ombre et le Paradis.
Il a semé Dieu tout grand dans tes membres.
Je ne l'ai pas vu. Mais en s'en allant,
- J'étais sur le pas ému de la porte -
Il a laissé choir dans mon coeur tremblant
Un grain murmurant du Verbe qu'il porte.
Il a fait tomber à la place en moi
La plus ignorée et la plus profonde,
Un mot où palpite on ne sait quoi,
Un mot dans mon sein pour le mettre au monde.
Ah ! comment un mot sortira-t-il bien
De moi que voilà qui suis peu savante ?
Mais le Saint-Esprit - je suis sa servante -
S'Il veut qu'il me naisse y mettra du sien.
......................................
La Vierge Marie est dans son bonheur.
La Vierge Marie est là qui se noie
Dans le miel de Dieu. L'épine est en fleur
Autour du jardin, autour de ma joie.
Il y a dans toi, Vierge, un petit Roi,
Ton petit enfant, un Dieu ! Trois ensemble !
Et nul ne s'en doute. Il y a dans moi
Un petit oiseau dont le duvet tremble... »
Marie Noël (1883-1967), Le Rosaire des joies ("Annonciation", extrait), Crès, 1930.Fra Angelico (v.1395–1455), Annonciation faite à Marie
Musée du Prado de Madrid (Espagne) -
Poésie - Prière du matin
« Le soleil éclatant a succédé encore une fois à la nuit d'argent bruni,
Lumière, lumière, lumière où s'épanouissent le corps et l'âme !
Invinciblement ma pensée monte vers Toi, unique Créateur de cette flamme
Où se réchauffe ce qui, de nous, prit racine dans l'infini !
Tu t'es donc effacée encore un jour, belle et terrible Obscure,
O grande nuit, plus claire que celle du Chaos, toi grande nuit d'argent niellé ?
Te voici donc vaincue aussi par la lumière et par les chants ailés,
Et nos mains se joignent sans bruit, remerciant d'être encore, au jour, ce qui dure !
L'Esprit de Dieu planait sans doute cette nuit sur les prés noirs et les muettes maisons
Et la vie sourdait de Lui comme elle fit en cette aube des origines...
Père, en silence, je plie mes genoux sur le sol et, ravie, je m'incline
Et vers Toi, lumière, chaleur, éclat, doucement s'élève mon oraison. »
Henriette Charasson (1884-1972), Sur la plus haute branche (XXXVIII), Flammarion, 1949. -
Poème - Épiphanie
« Il était trois grands rois jadis
Qu'une étoile du Paradis
Un soir mena jusqu'au lieu-dit
Où le Seigneur était petit.
Ils partirent pour voir l'Enfant,
Montés sur leurs trois éléphants.
Un nègre en pantalons bouffants
Jouait de la flûte devant.
Derrière allaient deux nains jumeaux
En balançant de grands plumeaux...
Ils traversèrent les hameaux,
Suivis de trente-trois chameaux.
Ils passèrent de bourg en bourg,
précédés de quatre tambours,
S'interrogeant aux carrefours
De peur de marcher à rebours.
Mais à l’Étable droit conduits,
Ils arrivèrent à minuit
Non sans faire quelque grand bruit...
Saint Joseph entrebâilla l'huis.
Ceints de pourpre qui resplendit,
Ils entrèrent. La Vierge dit :
"Prenez garde, sires hardis,
De faire peur à mon petit".
Mais les trois rois, très bas, très doux,
Baissant le front, ployant le cou,
Se prosternèrent tout d'un coup
Disant : "Ayez pitié de nous".
Et dans leurs trésors ayant pris,
Ils offrirent à Jésus-Christ
L'or, l'encens, la myrrhe prescrits
Plus un don qui n'est pas écrit :
La galette dorée au lait
Où leurs reines dans leurs palais
Ont pétri farine, œufs, sel et
La fève sans dire où elle est.
Lors tout riant le petit Dieu
De les voir si beaux, si pieux,
Leur fourra son doigt dans les yeux
Et tira la barbe au plus vieux.
Et le vieux roi barbu savant,
Et grave, et triste bien souvent
D'avoir souffert à tous les vents
Aussitôt redevint enfant.
Et quoique ayant eu des malheurs
Après - tous les rois ont les leurs -
Ce sire, malgré maux et pleurs,
Mourut à cent ans l'âme en fleur.
Veuille, ô Jésus, nous qu'ont raidis
Le temps passé, les ans partis,
Comme lui nous garder petits
Jusqu'aux portes du Paradis. »
Marie Noël (1883-1967), Les chansons et les heures,
Paris, Éditions G. Crès et Cie, 1928.Charles-André van Loo (1705-1765), L'Adoration des Mages
Los Angeles County Museum of Art
(Crédit photo) -
FÊTE-DIEU
Hosannah sur les blés ! Voici la Fête-Dieu,
Et la procession marche sous le ciel bleu.
Le soleil est encor très haut. Il est trois heures.
Des draps blancs sont tendus aux portes des demeures.
Les terres, cette année, ont de si beaux froments
qu'ils empêchent de voir les hommes par moments,
Et que les saints patrons brodés sur les bannières
Ont l'air de cheminer tout seuls dans la lumière.
Quatre grands paysans, vétérans des labours,
Soutiennent le dais d'or qui tangue à leurs pas lourds ;
L'ostensoir que le prêtre appuie à sa poitrine
Comme un autre soleil vers le soleil chemine.
Des enfants bruns, vêtus d'écarlate et de blanc,
D'encensoirs balancés embaument l'air brûlant ;
D'autres, qui ont les mains encor toutes petites,
Jettent des roses, des bleuets, des marguerites...
Et, du même gosier robuste et rocailleux
Dont ils chantaient, hier, en marchant près des boeufs,
Des chantres laboureurs disent, sans la comprendre,
La louange du Sacrement splendide et tendre.
Voici la Bénédiction !
Vers les quatre vents de l'espace,
L'ostensoir dans le soleil trace
Une croix lente de rayons.
Autour du reposoir en flammes
Les fidèles sont prosternés ;
L'on voit sur les front inclinés
Passer la lumière des âmes.
Il règne un silence divin :
Comme il n'est pas de langue humaine
Qui ne soit, à cette heure, vaine,
Les voix cessent, le chant s'éteint.
Même, dans le clocher rustique,
Les cloches, avec tremblements
Retiennent les beaux battements
De leur coeur ivre de cantiques.
Mais un souffle puissant et doux
Se lève au large, et sur la foule
Des épis frémissants, déroule
La rumeur d'un léger remous.
Seuls, les blés, enfants de lumière,
Les blés très purs, les blés très saints,
Au Dieu qui s'est fait notre pain
Osent adresser leur prière ! »
Louis Mercier, L’Église des blés, Calmann-Lévy,
in "Louange de l'Hostie - Anthologie de poèmes modernes en l'honneur du Très Saint Sacrement",
Préface de Charles Grolleau, Coll. "Ars et Fides", Librairie Bloud et Gay, Paris, 1929. -
Méditation - Annonciation
« Tu l'as entendu, Vierge Marie, tu concevras et enfanteras un fils, non d'un homme — tu l'as entendu — mais de l'Esprit Saint. L'ange attend ta réponse ; il faut qu'il retourne vers Celui qui l'a envoyé. Nous attendons nous aussi, notre Dame. Accablés misérablement par une sentence de condamnation, nous attendons une parole de pitié. Le prix de notre salut est entre tes mains. Si tu consens, nous sommes libres. Dans le Verbe éternel de Dieu nous avons tous été créés ; mais hélas, la mort fait son œuvre en nous. Une brève réponse de toi suffit pour nous recréer, de sorte que nous soyons rappelés à la vie...
Donne ta réponse, Vierge Marie, n'hésite pas... Prononce cette parole si attendue par la terre, les enfers, les cieux mêmes. Voici que le Roi et Seigneur de l'univers, lui qui a « désiré ta beauté » (Ps 44,12), désire aussi le oui de ta réponse. A ton consentement il a voulu suspendre le salut du monde. Tu lui as plu par ton silence ; tu lui plairas davantage à présent par ta parole. »
St Bernard (1091-1153), Homélies sur ces paroles de l'Évangile : « L'ange fut envoyé », n° 4, 8-9.« La Vierge Marie a fermé les yeux
Et voilé son cœur de ses deux paupières
pour ne plus rien voir, pour entendre mieux
Un souffle qui fait trembler ses prières...
Un frisson le long du petit jardin
A couru... Qui vient ? La feuille nouvelle ?
Qui passe ?... Un oiseau sort du ciel. Soudain,
La graine des champs les sent partir d'elle.
Le vent sur le toit vient de rencontrer
Dessus, un oiseau que l'azur apporte.
Qui vole ?... Le ciel a poussé la porte,
La porte a chanté, un Ange est entré.
Un Ange a parlé tout bas dans la chambre.
Toi seule, ô Marie, entends ce qu'il dit,
Toi seule dans l'ombre et le Paradis.
Il a semé Dieu tout grand dans tes membres.
Je ne l'ai pas vu. Mais en s'en allant,
- J'étais sur le pas ému de la porte -
Il a laissé choir dans mon cœur tremblant
Un grain murmurant du Verbe qu'il porte.
Il a fait tomber à la place en moi
La plus ignorée et la plus profonde,
Un mot où palpite on ne sait quoi,
Un mot dans mon sein pour le mettre au monde.
Ah ! comment un mot sortira-t-il bien
De moi que voilà qui suis peu savante ?
Mais le Saint-Esprit - je suis sa servante -
S'Il veut qu'il me naisse y mettra du sien.
......................................
La Vierge Marie est dans son bonheur.
La Vierge Marie est là qui se noie
Dans le miel de Dieu. L'épine est en fleur
Autour du jardin, autour de ma joie.
Il y a dans toi, Vierge, un petit Roi,
Ton petit enfant, un Dieu ! Trois ensemble !
Et nul ne s'en doute. Il y a dans moi
Un petit oiseau dont le duvet tremble... »
Marie Noël (1883-1967), Le Rosaire des joies
("Annonciation", extrait), Crès, 1930. -
"Moi si j'avais commis"
Textes de Ste Thérèse de l'Enfant-Jésus
Mise en musique d'Ephraïm (Béatitudes)
Chorale de Grenoble (CD n°3 : Totus Tuus, piste n°20)Ce chant a été composé à partir de deux textes de Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus :
- une parole de Ste Thérèse à sa soeur Pauline (Mère Agnès de Jésus, Derniers entretiens), le 11 juillet 1897 (6) :
« Dites bien, ma Mère, que si j'avais commis tous les crimes possibles, j'aurais toujours la même confiance, je sens que toute cette multitude d'offenses serait comme une goutte d'eau jetée dans un brasier ardent. »
- et 2 strophes extraites de la poésie "Au Sacré Cœur de Jésus" (PN 23) :
4. « J’ai besoin d’un cœur brûlant de tendresse,
Restant mon appui sans aucun retour ;
Aimant tout en moi, même ma faiblesse...
Ne me quittant pas, la nuit et le jour. »
Je n’ai pu trouver nulle créature
Qui m’aimât toujours, sans jamais mourir
Il me faut un Dieu prenant ma nature,
Devenant mon frère et pouvant souffrir !
7. Ah ! je le sais bien, toutes nos justices
N’ont devant tes yeux aucune valeur
Pour donner du prix à mes sacrifices
Je veux les jeter en ton Divin Cœur
Tu n’as pas trouvé tes Anges sans tache
Au sein des éclairs tu donnas ta loi !...
En ton Cœur Sacré, Jésus, je me cache
Je ne tremble pas, ma vertu, c’est Toi !...
--- "Moi si j'avais commis" ---
1. Moi si j'avais commis tous les crimes possibles,
Je garderais toujours la même confiance,
Car je sais bien que cette multitude d'offenses
N'est qu'une goutte d'eau dans un brasier ardent.
2. Oui, j'ai besoin d'un Cœur, tout brûlant de tendresse
Qui reste mon appui, et sans aucun retour,
Qui aime tout en moi, et même ma faiblesse,
Et ne me quitte pas, ni la nuit ni le jour.
3. Non, je n'ai pu trouver, nulle autre créature
Qui m'aimât à ce point, et sans jamais mourir,
Car il me faut un Dieu qui prenne ma nature,
Qui devienne mon frère, et qui puisse souffrir.
4. Je ne sais que trop bien que toutes nos justices
N'ont devant ton regard, pas la moindre valeur,
Et pour donner du prix à tous nos sacrifices
Oui, je veux les jeter jusqu'en ton divin Coeur.
5. Non, tu n'as pas trouvé créature sans tache,
Au milieu des éclairs, Tu nous donnas ta loi,
Et dans ton Cœur sacré, Ô Jésus je me cache
Non, je ne tremble pas, car ma vertu c'est Toi. -
Poésie : Vision (extrait)
« ............
Je n'ai pas de chemin, je n'ai pas de demeure
Hors de Toi...
Et tes saints ont raison pourtant. Il faut les croire.
Ils font bien
De me chasser de leur royaume et de leur gloire
Comme un chien.
Leur royaume... Est-ce là ce qui me fait envie ?
O mon Dieu,
Tu sais bien qu'il suffit d'un peu d'ombre à ma vie,
Rien qu'un peu.
Que je n'ai pas besoin de gloire et presque même
Pas besoin
De leur bonheur trop grand pour moi pourvu que j'aime
Dans un coin.
Qu'on les loue à jamais, qu'à jamais on m'oublie,
A jamais,
Puisqu'il faut que ta verge à leurs yeux m'humilie,
Seigneur, fais !
Je n'ai pas mérité de fixer ma prunelle
Sur leurs cieux !
Soit ! Éteins à jamais la lumière éternelle
Dans mes yeux.
Je n'ai pas mérité d'entendre leur cantique :
A jamais,
Soit ! jette sur mes sens un silence hermétique,
Noir, épais.
Mais dans ton sein garde mon cœur à tout le monde
Bien caché,
Comme un petit oiseau qui dans ta main profonde
S'est niché.
Un grésil à tes pieds tombé de quelque globe,
Un fétu,
Un duvet que le vent dans un pli de ta robe
A perdu.
Je ferai si peu d'ombre, ô Dieu, dans ta lumière
Que bien sûr
Les saints ne me verront pas plus qu'une poussière
Dans l'azur.
Mais Toi qui me verras en Toi comme une tache,
Nuit et jour,
Si j'offense ta vue, à son refuge arrache
Mon amour.
Écarte-moi du pied ou plutôt sur mon âme
Peu à peu
Efface mon péché. N'as-tu pas de la flamme
Et du feu ?
Appelle la douleur, Dis un mot, Fais un geste,
Seigneur, fais !
Fais-moi souffrir, nettoie en moi tout ce qui reste
De mauvais.
Vite, ne laisse rien en moi qui te déplaise,
O mon Roi !
Fais-moi vite souffrir mais viens dans la fournaise
Avec moi. »
Marie Noël (1883-1967), Les Chansons et les Heures (Vision, IV, strophes finales),
Paris, Éditions G. Crès et Cie, 1928. -
Poésie - Le regard de ma Mère
Poésie composée par l'auteur quelques jours avant sa mort,
au milieu de très grandes souffrances intérieures et physiques
« Le céleste regard d'incessante tendresse
Que votre cœur aimant déverse sur mon cœur,
Mère du bel Amour, est la douce caresse
Où je trouve toute douceur.
C'est un allégement dans la dure souffrance,
Où le Dieu qui me veut brise la résistance
De mon corps matériel à son Esprit d'Amour,
Venu pour l'emporter en son divin séjour.
C'est un soulèvement dans l'effort de mon âme,
Que voudrait retenir le néant passager,
C'est une voix qui la réclame
Sur les hauteurs, loin du danger.
C'est un lien sacré, comme un baiser de mère,
Qui forme autour de moi le rempart assuré
De Celui qui par elle est devenu mon frère,
Jésus, Maître adoré. »
Dom Augustin Guillerand (1877-1945), Contemplations Mariales, Benedittine di Priscilla, Roma, 1959.
Édition numérique disponible sur scribd.com et sur chartreux.org. -
Méditation - Poésie : A mon Ange Gardien
Hier 2 octobre, nous fêtions nos saints Anges gardiens. Cette fête ayant été éclipsée par la solennité du dimanche, pensons particulièrement à eux aujourd'hui avec Ste Thérèse de l'Enfant-Jésus, qui leur dédia l'une de ses poésies.
« Glorieux Gardien de mon âme,
Toi qui brilles dans le beau Ciel
Comme une douce et pure flamme
Près du trône de l’Éternel
Tu descends pour moi sur la terre
Et m'éclairant de ta splendeur
Bel Ange, tu deviens mon Frère,
Mon Ami, mon Consolateur !...
Connaissant ma grande faiblesse
Tu me diriges par la main
Et je te vois avec tendresse
Ôter la pierre du chemin
Toujours ta douce voix m'invite
A ne regarder que les Cieux
Plus tu me vois humble et petite
Et plus ton front est radieux.
Ô toi ! qui traverses l'espace
Plus promptement que les éclairs
Je t'en supplie, vole à ma place
Auprès de ceux qui me sont chers
De ton aile sèche leurs larmes
Chante combien Jésus est bon.
Chante que souffrir a des charmes
Et tout bas, murmure mon nom...
Je veux pendant ma courte vie
Sauver mes frères les pécheurs
Ô Bel Ange de la Patrie
Donne-moi tes saintes ardeurs
Je n'ai rien que mes sacrifices
Et mon austère pauvreté
Avec tes célestes délices
Offre-les à la Trinité.
A toi, le Royaume et la Gloire,
Les Richesses du Roi des rois.
A moi l'humble Hostie du ciboire,
A moi le trésor de la Croix.
Avec la Croix, avec l'Hostie
Avec ton céleste secours
J'attends en paix de l'autre vie
Les joies qui dureront toujours. »
Ste Thérèse de l'Enfant-Jésus, Poésie PN 46,
in "Œuvres complètes", Éditions du Cerf et Desclée de Brouwer, 1996.Les poésies de Ste Thérèse peuvent être téléchargées sur le site internet du Carmel de Lisieux (format .doc).
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Méditation - Poésie : La Messe Réparatrice
« Pour la première fois, au doux festin de l'ange,
Un bon petit enfant était venu s'asseoir ;
Mais, hélas ! son bonheur ne fut pas sans mélange,
On le vit triste tout le soir.
Il était allé seul, sans son père et sa mère,
A la Table de Dieu, comme un pauvre orphelin :
C'était pour lui douleur amère !
Il les avait priés, suppliés, mais en vain.
Ils ne vont même pas le Dimanche à la Messe.
Mais à ce cœur bien pur Jésus avait parlé ;
Et l'enfant avait fait une intime promesse
Qui l'avait un peu consolé :
Deux fois dans la semaine, à l'auguste Mystère
Il viendra : c'est son vœu ;
Une fois pour son père, une fois pour sa mère,
Et priera le bon Dieu !
La mère a remarqué l'heure de ses sorties ;
Elle observe le cher enfant,
Le suit jusqu'à l'église et l'aperçoit priant
Avec des ardeurs infinies.
Troublée, elle l'attend au portail du Lieu Saint ;
Et voyant quelques pleurs perler sur son visage :
- Qu'as-tu donc, ô mon fils ? Du chagrin à ton âge ?
Dépose ton secret dans un cœur qui te plaint.
Il se jette en ses bras : - Mère, plus de souffrance !
Aux pieds du bon Jésus j'ai pleuré d'espérance ;
Je vais dire pour qui j'étais à genoux :
Hier, c'était pour mon père ; aujourd'hui, c'est pour vous.
Dans cette classe populaire
Les bons cœurs, croyez-le, ne sont pas peu nombreux.
Le dimanche suivant on vit au sanctuaire
Un adolescent bien heureux :
Il avait près de lui, recueillis et pieux,
Et son père et sa mère. »
V.N.P., in "La Divine Hostie",
Bulletin mensuel de l'Archiconfrérie de la Messe Réparatrice,
Mars 1888 à Décembre 1891, Publié à Bonlieu (Drôme), novembre 1890.(Gravure d'après le tableau de Reynolds)
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Méditation - Poésie : "Priez pour nous"
« O Vierge immaculée,
O lis de la vallée,
Fleur près de qui nos fleurs
Perdraient de leurs couleurs,
Vierge et mère ingénue,
Étoile de la nue,
Nous sommes à genoux :
Priez, priez pour nous !
O Reine glorieuse,
Rose mystérieuse,
Sanctuaire où le cœur
Dépouille sa langueur,
Où l'âme est appelée
Et bientôt consolée,
Nous sommes à genoux :
Priez, priez pour nous !
Fontaine où l'on s'abreuve
Comme aux vagues du fleuve,
Où l'on boit chaque jour
L'eau pure de l'amour ;
Arche de l'alliance,
Aurore d'innocence,
Nous sommes à genoux :
Priez, priez pour nous !
Parfum, source efficace
De rosée et de grâce,
Miroir éblouissant,
Refuge caressant,
Ineffable patronne
Qui plaint et qui pardonne,
Nous sommes à genoux :
Priez, priez pour nous !
Auréole bénie,
Lumière indéfinie,
Perle au reflet si beau,
Doux et chaste flambeau,
Souveraine de gloire,
Lampe d'or, tour d'ivoire,
Nous sommes à genoux :
Priez, priez pour nous !
Priez pour nous, Marie,
Pour nous dont le cœur prie,
Vase rempli de miel,
Astre et porte du ciel,
Astre qui nous éclaire
D'un rayon tutélaire,
Nous sommes à genoux :
Priez, priez pour nous !
Priez pour nous, car l'âme
Tremble comme une flamme
Dans ce morne désert,
Où la foule se perd,
Dans cette ombre suivie
Qu'on appelle la vie ;
Nous sommes à genoux :
Priez, priez pour nous !
O Vierge aimable et pure,
L'encens de la nature
Touche moins votre cœur
Qu'un seul cri de douleur ;
Souriez donc, ô Mère,
Aux larmes de la terre,
Nous sommes à genoux :
Priez, priez pour nous ! »
Edouard Turquety, Poésie catholique (XXII),
Paris, Delaunay Libraire, 1836. -
Prière et Poésie anciennes à Sainte Anne
« Ô Dieu qui avez daigné conférer à la Bienheureuse Anne la grâce qu'elle méritât de devenir la mère de la Mère de votre Fils unique, accordez-nous, dans votre bonté, que Celle dont nous célébrons la fête nous fasse éprouver le secours de son intercession auprès de Vous. Par le même Notre-Seigneur Jésus-Christ, votre Fils, qui vit et règne avec Vous, dans l'unité du Saint-Esprit, pendant les siècles des siècles. Ainsi soit-il. »
« Quand un Breton endimanché
S'en vient prier dame sainte Anne,
A ses pieds bien agenouillé,
Il lui dit de toute son âme :
Bonjour, noble dame saint Anne,
Comment va la bénignité ?
Avez-vous encor pour notre âme
Quelques petits brins de bonté ?
Ah ! de bien grand cœur je vous confie
Nos pommiers, nos enfants, nos aïeux,
Nos défunts, nos espoirs, notre vie,
Pour avoir paix sur la terre et aux cieux.
Quand il a dit ses compliments,
Ses vœux, sa prière, il s'arrête
Très fier de tous ses arguments :
A quitter ces lieux il s'apprête.
Pour dernier adieu plein de cœur,
Et pour clore ses politesses,
Il reprend en grande ferveur
Et l'âme remplie d'allégresse :
Veuillez bien m'excuser, Madame,
A votre enfant je veux aussi
Offrir des vœux brûlants de flamme
Et vous les exprimer ici.
Ma femme serait bien contrite
Si je rentrais sans l'avoir fait ;
Adieu, Madame, et, s'il vous plaît,
Bien le bonjour à la Petite. »
La Divine Hostie, Bulletin mensuel de l'Archiconfrérie de la Messe Réparatrice, Mars 1888 à Décembre 1891, Publié à Bonlieu (Drôme), pp. 479 & 511-512 (juin et juillet 1890) -
Méditation - Poème : "Redonnez-moi, Seigneur..."
« Seigneur, vous écoutez la plus humble prière,
Et le cri de l'insecte et celui de l'oiseau,
Et cet agneau perdu qui demande sa mère,
Et cette herbe séchée à qui manque un peu d'eau.
Votre nom prononcé rafraîchit la pensée ;
Il rayonne dans l'ombre où je m'enveloppais.
Toute larme pieuse, à vos genoux versée,
Est, pour un cœur souffrant, le baume de la paix.
Vous m'entendrez, Seigneur, car je pleure et j'espère !
J'élève à vous mon cœur par le monde abattu.
J'espère ! et votre loi, tendre comme une mère,
De la douce espérance a fait une vertu.
Redonnez-moi, Seigneur, la vie et le courage ;
Que j'aille en vous servant jusqu'à la fin du jour ;
Dissipez des erreurs le stérile nuage
Au rayon de la foi rallumé par l'amour.
L'orgueil ferme le cœur aux innocentes joies
Et tient la porte ouverte à l'ennui triomphant.
Donnez-moi, pour marcher humblement dans vos voies,
La raison du vieillard et la foi de l'enfant.
Alors, Seigneur, alors, mon âme calme et forte
Souffrira, sans colère et sans fougueux transports
Le mal que chaque jour et chaque nuit apporte
A cette argile de mon corps.
1852. »
Victor de Laprade (1812-1883), Extrait de Les œuvres de la foi (V)
"Œuvres poétiques de Victor de Laprade. Poèmes évangéliques", Paris, Alphonse Lemerre, s.d. (v.1875)
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Automne
L’automne
Voici venu le froid radieux de septembre :
Le vent voudrait entrer et jouer dans les chambres ;
Mais la maison a l’air sévère, ce matin,
Et le laisse dehors qui sanglote au jardin.
Comme toutes les voix de l’été se sont tues !
Pourquoi ne met-on pas de mantes aux statues ?
Tout est transi, tout tremble et tout a peur ; je crois
Que la bise grelotte et que l’eau même a froid.
Les feuilles dans le vent courent comme des folles ;
Elles voudraient aller où les oiseaux s’envolent,
Mais le vent les reprend et barre leur chemin
Elles iront mourir sur les étangs demain.
Le silence est léger et calme ; par minute
Le vent passe au travers comme un joueur de flûte,
Et puis tout redevient encor silencieux,
Et l’Amour qui jouait sous la bonté des cieux
S’en revient pour chauffer devant le feu qui flambe
Ses mains pleines de froid et ses frileuses jambes,
Et la vieille maison qu’il va transfigurer
Tressaille et s’attendrit de le sentir entrer.
Comtesse Anna-Élisabeth de Noailles (1876-1933), Le coeur innombrableAutumn in the Catskills
Sanford Robinson Gifford (1823-1880) -
Méditations - Prières : St Grégoire de Nazianze
Prière du matin« Voici l’aurore
Voici mes mains
Ô mon Dieu
Je te les donne.
Les œuvres de la nuit
Ne pas les faire miennes
Ne pas y consentir.
Mon désir, cette journée
Te l’offrir sans réserve
Rester inébranlable
Libre de tout péché.
Je rougis, à mon âge
Être encore mauvais
Et partager ta table.
Vois mon désir
Ô mon Christ
Avec toi
Le chemin est aisé. »
St Grégoire de Nazianze
Extrait des Poèmes sur sa vie (PG 37, 1284, trad. L. Fritz).Hymne du soir« Nous Te bénissons maintenant,
ô mon Christ, Verbe de Dieu,
Lumière de la Lumière sans commencement,
dispensateur de l'Esprit.
Nous Te bénissons, triple lumière
de la gloire indivise.
Tu as vaincu les ténèbres
et produit la lumière
afin de tout créer en elle.
Tu as donné consistance à la matière
en y façonnant le visage du monde
et la forme de sa beauté.
Tu as éclairé l'esprit de l'homme
en lui donnant raison et sagesse.
Partout se retrouve
le reflet de la lumière éternelle,
pour que, dans la lumière,
l'homme découvre la splendeur
et tout entier devienne lumière.
Tu as éclairé le ciel
de lumière diaprées.
A la nuit et au jour,
Tu as commandé d'alterner en paix,
leur donnant comme règle
une fraternelle amitié.
La nuit met un terme
aux labeurs de notre corps,
le jour nous éveille au travail,
aux affaires qui nous préoccupent.
Mais nous fuyons les ténèbres,
vers le Jour sans déclin nous nous hâtons,
vers le Jour qui jamais ne connaîtra
la tristesse du crépuscule.
Accorde à mes paupières
un sommeil léger,
pour que ma voix
ne reste pas longtemps muette.
Ta Création veillera
pour psalmodier avec les Anges.
Que mon sommeil toujours
soit habité de Ta présence.
Que la nuit ne retienne rien
des souillures du jour passé.
Que les folies de la nuit
ne viennent point peupler mes songes.
Même séparé du corps,
l'esprit, ô Dieu, Te chante :
Père et Fils
et Saint-Esprit,
à Toi honneur, gloire et puissance,
dans les siècles des siècles.
Amen. »
St Grégoire de Nazianze
Poèmes Dogmatiques, Patrologie Grecque PG 37, 311-314.