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relâchement

  • Méditation : Lire l'Evangile

    « On ne peut attribuer à autre chose, selon les Saints Pères, ce relâchement déplorable qu'on voit dans les mœurs des Chrétiens et qui déshonore tant l’Église, qu'à ce peu de soin qu'on a de lire la parole de Dieu, et de considérer les actions et les souffrances du Sauveur. Comme c'est le moyen le plus puissant pour nous défendre contre la corruption du monde, et pour nous faire résister au torrent de la coutume qui nous entraîne insensiblement, et qui nous porte souvent malgré nous à vivre comme les personnes du siècle ; que pouvons-nous faire quand nous nous privons nous-mêmes de ce secours que Dieu a mis en notre main ?

    Comment pouvons-nous alors éviter les maux où nous jettent les accommodements humains, les fausses traditions, les maximes corrompues, les faux raisonnements de l'esprit de l'homme, si nous ne nous raidissons contre ces eaux violentes qui nous emportent, si nous ne nous souvenons de ces paroles de Jésus Christ : Les choses n'allaient pas de cette sorte au commencement de l’Église (Mt XIX, 8), et si nous ne consultons l’Écriture en toutes choses, en disant comme saint Paul : Sed quid dicit Scriptura ? (Ga IV, 29). Les hommes disent cela : ils veulent me porter à ce relâchement, leur conduite, leur coutume, toute leur manière de vie me porte à satisfaire cette passion et à étouffer ce scrupule que je sens au fond de mon cœur ; mais que dit l’Écriture ? Que dit le Fils de Dieu ? Que dit la Vérité même qui me jugera ?

    Ce sont là les sentiments où nous devons entrer dans ce jour, et dans la fête de l'un de ces hommes divins qui nous ont donné l’Évangile. Nous devons regarder leurs écrits sacrés comme un miroir sans tache, selon l'expression de saint Jacques (Jc I, 23), pour nous y considérer dans la vérité, pour y remarquer avec soin tous nos défauts, pour y apprendre à nous reconnaître tels que nous sommes, et sans nous flatter.

    Nous devons y considérer l'estime qu'il est juste que nous fassions de ce dépôt sacré que la miséricorde de Dieu a fait passer jusqu'à nous. Nous devons y apprendre à révérer la Religion Chrétienne qui a un Dieu-homme pour auteur, et pour règle l’Évangile prêché et publié sur la terre par la bouche du Fils de Dieu, et écrit depuis par les Apôtres du doigt même du Saint Esprit. Quand nous regarderons l’Évangile avec cet oeil de foi, il ne nous sera plus nécessaire de nous exhorter à le lire, et à le lire avec ferveur. Il fera toutes nos délices. Nous y trouverons notre souverain plaisir, et il sera vrai alors de dire de nous ces paroles que l'on a choisies pour le sujet de cette instruction : Lex Dei eius in corde ipsus. La Loi de son Dieu est dans son coeur. (Ps XXXVI) »

    M. de Singlin (Antoine de Singlin, supérieur de Port-Royal, 1607-1664), in "Instructions chrétiennes sur les Mystères de Notre Seigneur Jésus-Christ et les principales fêtes de l'année", Quatrième édition, Tome IV (Pour le jour de saint Marc, p. 468 sq.), A Paris, Chez André Pralard, 1681.

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    Le lion de St Marc, Vittore Carpaccio (v.1460-v.1526), Palais ducal de Venise
    (Web Gallery of Art)

  • Méditation : Pas de relâchement !

    « L'erreur commune regarde le temps pascal comme un temps de relâchement, de repos, de liberté et de plaisirs... Il n'est que trop vrai que la plupart des fidèles croient avoir droit de se délasser et de donner moins de soins à leur salut éternel, quand une fois ils sont arrivés au bout de cette carrière de pénitence ; qu'ils ne font consister le privilège de la résurrection que dans des mœurs plus douces ; dans un usage plus libre des plaisirs de la table, du jeu, des spectacles ; et dans la rareté des prières publiques, et des autres devoirs de la Religion...

    L’Église en ce saint temps, fournissant moins de secours extérieurs à la piété des fidèles, vous devez remplacer ce défaut par un renouvellement de zèle et d'attention. En effet, dans les jours de pénitence, dont nous venons de sortir, il semble que la foi et la piété étaient soutenues par les dehors tout seuls du culte. L'assistance plus assidue à nos Temples ; la parole de l’Évangile plus souvent et en plus de lieux annoncée ; les prières de l’Église plus longues et plus solennelles ; tout cet appareil de deuil et de tristesse dont elle était couverte ; le souvenir des Mystères douloureux qu'elle nous rappelait ; la loi des jeûnes et des abstinences ; les plaisirs publics suspendus ; la liberté des tables modérée ; [... ] tout cela pouvait servir de soutien à une piété naissante. Mais dans le temps où nous allons entrer, la vertu ne trouve presque plus rien dans les dehors de la Religion, qui l'aide, qui la réveille, qui la défende : toute la beauté de la Fille du Roi est, pour ainsi dire, au-dedans. L’Église supposant que nous sommes devenus des hommes tout spirituels et célestes par la Résurrection, fournit à notre piété moins de secours sensibles : les jeûnes cessent, les prières publiques diminuent ; les chaires chrétiennes se taisent ; les cérémonies du culte sont plus unies et plus simples ; les solennités finissent ; la révolution des Mystères s'accomplit ; l’Église de la terre ressuscitée est une image de celle du Ciel, où l'amour, l'adoration, l'action de grâces et le silence tiennent lieu d'hymnes et de cantiques, et forment toute la religion et tout son culte.

    Or, pour vous, qui êtes encore faible dans la foi, cette privation de secours sensibles, cette vie intérieure et parfaite a des dangers. Il est à craindre que ne trouvant plus autour de vous les appuis extérieurs de la piété, vous ne puissiez vous soutenir tout seul : il est à craindre que la fin des abstinences ne soit pour vous un attrait d'intempérance et de volupté ; que l'éloignement des choses saintes ne vous jette dans l'oubli de Dieu ; [...] que la rareté des prières publiques ne vous désaccoutume d'élever votre cœur à Dieu ; que le silence des chaires chrétiennes ne vous endorme sur les vérités du salut ; en un mot, que la sainte liberté de ce temps ne soit pour vous une occasion de rechute et de libertinage. »

    Jean-Baptiste Massillon (1663-1742), Sermon sur la Résurrection de Notre Seigneur, in "Sermons - Mystères", A Paris, Chez Froullé, 1792.

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    Mitzpe Ramon, Désert du Negev, Israël (Crédit photo)

  • Méditation : des négligences dans la prière...

    « Rien ne m'effraie chez les âmes pieuses comme des négligences volontaires, de plus en plus accentuées dans la prière. Ces négligences peuvent les conduire aux plus honteux désordres. N'a-t-on pas vu des ascètes, héros de la mortification, longtemps considérés comme des colonnes de l’Église, perdre peu à peu l'habitude de la vertu et s'écrouler lamentablement dans la fange de honteuses turpitudes ? Ne cherchons pas ailleurs le secret de leur chute : ils avaient progressivement cessé de prier en esprit et en vérité.
    Tout fléchissement dans la piété chez un chrétien est la manifestation d'un fléchissement dans la volonté orientée vers Dieu. Tout relâchement à la prière révèle chez une âme un affaiblissement de ses forces ; prier moins, c'est, surnaturellement parlant, s'anémier ; prier moins, c'est opposer de moins en moins de résistance à ce courant de paganisme sur lequel, bon gré, mal gré, nous sommes obligés de vivre, qui tend à nous entraîner vers l'abîme du mal, et contre lequel tous, moi comme toi, nous devons lutter continuellement, si nous ne voulons pas être emportés, avec la masse, loin du devoir, à l'océan de tous les désordres.
    D'autre part, à la diminution de la piété, à la négligence dans la prière, correspond normalement une diminution de grâces actuelles, car Dieu donne son secours à l'homme dans la mesure où l'homme l'implore...
    Tu ne devrais jamais t'endormir sans te demander loyalement où en est ta constance et ta ferveur dans l'habitude de la prière. Tu vaux devant Dieu ce que vaut ta prière ; c'est à ta prière que se mesure la fécondité de ta vie et la fertilité surnaturelle de ton âme. Songe que, sans la grâce de Dieu, l'homme est incapable de prononcer, d'une manière surnaturellement agréable au Seigneur et méritoire, le nom de Jésus-Christ (I Cor XII, 3). "Sans moi, affirme le Sauveur, vous ne pouvez rien" (Jn XV, 5) dans l'ordre de votre destinée surnaturelle. Qui néglige de prier assidûment renonce donc à tout progrès sérieux dans la vie spirituelle ; peut-être même à son insu, a-t-il renoncé à son ciel !
    ...
    Je te conjure donc, ô mon frère, de pratiquer la première de toutes les sagesses, de croire à ta faiblesse radicale, à ton indigence absolue, aux dangers graves et nombreux qui de toutes parts menacent ta divine destinée, l'intégrité de ta conscience et ton bonheur chrétien et de ne point compter sur toi pour ne pas périr ; mais sur Dieu seul...
    Prie sans cesse. »

    Chanoine Marie-Eugène Henry, Chapelain de Paray-le-Monial, Lueurs Divines Tome II (ch. XV), Éditions Alsatia - Paray-le-Monial, 1940.

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