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sainte triité

  • Méditation : St Bonaventure

    « O mon âme, ne te laisse pas ébranler parce que les méchants seraient dans la prospérité et toi dans la peine, parce qu'ils se réjouiraient et que tu serais en proie aux agitations du temps. Les méchants, hélas ! n'ont rien à prétendre dans la gloire ; tu dois donc ne point t'inquiéter de ne rien avoir en ce monde, et, dans la pensée du bien à venir, supporter avec calme et jubilation tout ce que la vie renferme d'adversités.

    Si quelquefois, ô mon âme , les plaisirs du monde, la fausse gloire du siècle, sa puissance caduque et passagère t'inspirent quelque complaisance, élève-toi bien vite vers les biens éternels, et tu regarderas toutes ces choses comme une vile bauge. Hâte-toi, non par des efforts corporels, mais par l'ardeur de tes affections et de tes désirs ; car non seulement les anges et les bienheureux t'attendent, mais encore le Seigneur et le Maître des anges et des saints. Dieu le Père t'attend comme sa fille chérie ; Dieu le Fils, comme son épouse très-chère ; Dieu le Saint-Esprit, comme sa bien-aimée pleine de délices. Dieu le Père t'attend pour te constituer l'héritière de tous ses biens ; Dieu le Fils, pour t'offrir à son Père comme le fruit de sa naissance dans le temps et le prix de son sang très-précieux ; Dieu le Saint-Esprit, pour te rendre participante de sa joie et de son éternelle béatitude. Enfin la famille entière du Roi céleste, cette famille qui comprend tous les Esprits bienheureux, t'attend pour t'admettre dans son sein. Que tes désirs soient donc par dessus tout d'entrer en cette société. Mais tu n'en approcherais qu'avec confusion si tu n'avais eu pour elle aucun amour en cette vallée de larmes. Ainsi transporte-toi en esprit dans les cieux et commence à être où tu dois habiter à jamais, toutes les fois que l'ambition te fait sentir ses atteintes, toutes les fois que tu vois quelqu'un exalté en ce monde. O mon âme, si ces joies célestes étaient bien présentes à ton cœur, cet exil ne serait pour toi qu'un avant-poste de la patrie, où tous les jours, par anticipation, tu goûterais spirituellement ses divines douceurs. Car lorsque nous embrassons par la pensée un objet éternel, notre demeure n'est plus sur cette terre, mais dans les cieux. Telle est la force de l'amour, que tu habites plus réellement où tu contemples ce qui t'est cher que là où tu es par ta nature. C'est là, ô ma bien-aimée, ce royaume de Dieu qui est au-dedans de nous et que nous négligeons, hélas ! misérablement lorsque nous nous répandons au-dehors sur des choses vaines et futiles. Nous sommes tout entiers dans ce qui est extérieur, dit saint Grégoire, et nous n'avons nul souci du royaume de Dieu qui est en nous ; nous cherchons la consolation en des objets frivoles et en des folies mensongères, et nous en sommes arrivés à perdre la ferveur des jours anciens sans même en conserver l'apparence. Pour toi, ô mon âme, fille du Roi éternel, écoute avec un soin pieux et prête une oreille attentive à mes saints et salutaires conseils. Considère par la contemplation les consolations du royaume céleste ; oublie par le mépris et l'aversion ton peuple et la maison de ton père, c'est-à-dire le monde, le démon, toi-même et toute vaine ambition. »

    Saint Bonaventure (1217-1274), Soliloque ch. IV (extrait), in "Œuvres Spirituelles de S. Bonaventure" Tome III, Traduites par M. l'Abbé Berthaumier, curé de Saint-Pallais, Paris, Louis Vivès, 1854.

    Source : Abbaye Saint-Benoît.

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