Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samaritain

  • Méditation : Qui est mon prochain ?

    « "Qui est mon prochain ?" Jésus retourne le problème : "Il dépend de toi que tout homme devienne ton prochain." On connaît la parabole. Un homme est blessé, laissé sur le chemin. Qui va être son prochain ? Un prêtre, un lévite passent. Ils ne sont pas son prochain. Vient un Samaritain, celui qu'on considère comme un étranger, un schismatique et c'est lui, l'étranger, le schismatique qui va devenir proche. Il s'arrête, il écoute l'homme, il le charge sur sa monture. "De ces trois, prêtre, lévite, samaritain, qui te semble avoir été le prochain de l'homme blessé ?" Le scribe dit : "Celui qui a exercé la charité envers lui." Jésus dit : "Va, toi aussi, fais de même" (Lc 10, 36).

    Il ne s'agit donc pas tant de savoir qui matériellement est mon prochain que de devenir par l'amour, proche de mon frère. Le problème du prochain cesse d'être d'abord une question de proximité naturelle pour devenir d'abord une réalité spirituelle, une réalité d'amour. Sans nier les réalités naturelles, l’Évangile du Christ provoque dans le cœur un extraordinaire éclatement ; c'est de tout homme que je dois devenir "proche" par l'amour, surtout si cet homme est blessé et s'il est sur mon chemin de telle sorte que je doive changer de chemin pour ne pas le rencontrer. »

    P. B.-M. Chevignard o.p. (1909-1996), réconciliés avec Dieu (Je vous donne un commandement nouveau), Les Éditions du Cerf, Paris, 1966.

    Chevignard,prochain,proche,parabole,evangile,Jésus,prêtre,lévite,samaritain

  • Méditation : la vulnérabilité et la grâce

    « Il y a quelque chose de pire que d'avoir une mauvaise pensée. C'est d'avoir une pensée toute faite.
    Il y a quelque chose de pire que d'avoir une mauvaise âme ; et même de se faire une mauvaise âme. C'est d'avoir une âme toute faite.
    Il y a quelque chose de pire que d'avoir une âme perverse. C'est d'avoir une âme habituée.
    On a vu les jeux incroyables de la grâce et les grâces incroyables de la grâce pénétrer une mauvaise âme et même une âme perverse, et on a vu sauver ce qui paraissait perdu. Mais on n'a pas vu mouiller ce qui était verni, on n'a pas vu traverser ce qui était imperméable, on n'a pas vu tremper ce qui était habitué.
    De là viennent tant de manques (car les manques eux-mêmes sont causés et viennent), de là viennent tant de manques que nous constatons dans l'efficacité de la grâce, et que, remportant des victoires inespérées dans l'âme des plus grands pécheurs elle reste souvent inopérante auprès des plus honnêtes gens. C'est que précisément les plus honnêtes gens, ou simplement les honnêtes gens, ou enfin ceux qu'on nomme tels, et qui aiment à se nommer tels, n'ont pas de défauts eux-mêmes dans l'armure. Ils ne sont pas blessés. Leur peau de morale constamment intacte leur fait un cuir et une cuirasse sans faute. Ils ne présentent point cette ouverture que fait une affreuse blessure, une inoubliable détresse, un regard, un point de suture éternellement mal joint, une mortelle inquiétude, une invisible arrière-pensée, une amertume secrète, un effondrement perpétuellement masqué, une cicatrice éternellement mal fermée.
    Ils ne présentent point cette entrée à la grâce qu'est essentiellement le péché. Parce qu'ils ne sont pas blessés, ils ne sont plus vulnérables.
    Parce qu'ils ne manquent de rien, on ne leur apporte rien. Parce qu'ils ne manquent de rien, on ne leur apporte pas ce qui est tout. La charité même de Dieu ne panse point ce qui n'a pas de plaies (*). C'est parce qu'un homme était par terre que le Samaritain le ramassa. C'est parce que la face de Jésus était sale que Véronique l'essuya d'un mouchoir. Or celui qui n'est pas tombé ne sera jamais ramassé, et celui qui n'est pas sale ne sera jamais essuyé.
    Les honnêtes gens ne "mouillent" pas à la grâce. »

    (*) : NdR « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades... En effet, je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs. » (Mt 9, 12-13, Mc 2, 17 & Lc 5, 31)

    Charles Péguy, Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne, Gallimard, 1935.

    bon_samaritain_8a.jpg

    Tableau de George Frederic Watts RA (1817-1904), City Art Gallery, Manchester.
    (Source et crédits : Project Gutenberg / Victorian Web)

  • 14 novembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Action de grâce du lépreux samaritain (Lc 17, 11-19)

    « ... Heureux le Samaritain qui reconnut qu'il ne possédait rien qu'il ne l'eût reçu (1Co IV,7) ; aussi conserva-t-il le dépôt qui lui avait été confié (2Tm I,12), et revint-il vers le Seigneur, en lui rendant grâces. Heureux celui qui, à chaque don de la grâce, revient à celui en qui se trouve la plénitude de toutes les grâces, car si nous nous montrons reconnaissants à son égard pour tout ce que nous en avons reçu, nous préparons la place en nous à la grâce, et nous nous rendons dignes de la recevoir en plus grande abondance. Il n'y a, en effet, que notre ingratitude qui arrête nos progrès après notre conversion, attendu que le donateur, regardant comme perdu tout ce que l'ingrat a reçu, se tient, par la suite, sur ses gardes, de peur de perdre, d'autant plus qu'il lui donnerait davantage. Heureux donc celui qui se regarde comme un étranger, et qui rend de très grandes actions de grâces, même pour les moindres bienfaits, dans la pensée que tout ce qui se donne à un étranger et, à un inconnu est un don purement gratuit. Que nous sommes au contraire malheureux et misérables, lorsque, après nous être regardés dès le principe, comme des étrangers, et nous être montrés d'abord assez timorés, assez humbles et assez dévots, nous oublions ensuite si facilement combien était gratuit ce que nous avons reçu, et nous présumons à tort, en quelque sorte, de l'amitié de Dieu, sans remarquer que nous nous rendons dignes de nous entendre dire que "les ennemis du Seigneur sont les gens mêmes de sa maison" (Ps LIV,13). Nous l'offensons plus facilement alors, comme si nous ne savions pas que nos fautes seront bien plus sévèrement jugées, selon ce que nous lisons dans le Psalmiste : "Si ce fût mon ennemi qui m'eût chargé de malédictions, je l'aurais certainement supporté" (Ps LIII,13). Je vous en prie donc, mes frères, humilions-nous de plus en plus sous la main puissante de Dieu (1P V,6), et faisons en sorte de nous tenir éloignés du vice si grand et si affreux de l'ingratitude. Tenons-nous avec une entière dévotion dans l'action de grâces, et nous nous concilierons la grâce de notre Dieu qui seule peut sauver nos âmes. Montrons notre reconnaissance, non pas seulement en paroles et du bout des lèvres, mais par les oeuvres et en vérité, attendu que ce n'est pas le mot, mais l'acte de la reconnaissance qu'exige de nous Celui qui nous donne la grâce, le Seigneur notre Dieu qui est béni dans tous les siècles. Ainsi soit-il. »

    Saint Bernard (1091-1153), Sermons divers, Vingt-septième Sermon (Contre le vice détestable de l'ingratitude, 8), in Oeuvres complètes de Saint Bernard (Tome III), Traduction nouvelle par M. l'Abbé Charpentier, Paris, Louis Vivès, 1866.

    Source : Abbaye Saint Benoît.