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  • Méditation - Dans le secret de notre cœur

    « Le mystère de la vie spirituelle, c'est que Jésus désire nous rencontrer dans le secret de notre propre cœur pour nous y révéler son amour, nous libérer de nos craintes et nous faire découvrir notre moi le plus profond. Dans le secret de notre cœur, nous pouvons donc apprendre non seulement à connaître Jésus mais, à travers Jésus, à nous connaître nous-mêmes. En y réfléchissant un petit peu, vous allez découvrir une interaction entre l'amour de Dieu qui se révèle à vous et une croissance constante dans la connaissance de soi. Chaque fois que vous laissez l'amour de Dieu pénétrer plus profondément dans votre cœur, vous perdez un peu de votre angoisse ; et chaque fois que vous larguez un peu de votre angoisse, vous apprenez à mieux vous connaître et vous aspirez d'autant plus à être connu de votre Dieu d'amour.

    Ainsi donc, plus vous apprenez à aimer Dieu, plus vous apprenez à vous connaître et à vous apprécier vous-même. La connaissance et l'amour de soi sont le fruit de la connaissance et de l'amour de Dieu. Vous voyez mieux maintenant ce que veut dire le grand commandement : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit, et tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Mettre son cœur à nu devant Dieu nous conduit à un amour de nous-mêmes qui nous permet d'aimer sans réserve les autres humains. Dans le secret de notre cœur, nous apprenons à connaître la présence cachée de Dieu ; et cette connaissance spirituelle nous permet de vivre une vie d'amour. »

    Henri J.M. Nouwen (1932-1996), La seule chose nécessaire. Vivre une vie priante, Éditions Bellarmin, 2001.

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  • Méditation - Rencontre intérieure

    « L'âme ère complètement quand elle s'en va par monts et par vaux chercher le secret qui est en elle-même. La solution de la vie est d'aimer Celui qui est le principe de l'amour et de travailler à conduire son cœur plus près de son Cœur à Lui. »

    Saint Augustin (354-430).

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  • Méditation - Solitude

    « La solitude peut devenir l'écrin de la présence, de l'amour qui est Quelqu'un. « La cellule c'est le Ciel » écrivait Guillaume de Saint-Thierry dans sa Lettre aux Frères du Mont-Dieu. Ce n'est pas quelqu'un qu'on attend pour dans vingt ans ou après la mort... Il est là. Et s'Il est là, vraiment là, alors s'ouvre sur l'infini la porte de la chambre cachée. Elle s'ouvre afin que s'établisse une connivence avec ce qu'il y a, dans l'humanité, de plus universel, de plus ignoré aussi. C'est comme une complicité qui peut-être ne se concrétisera jamais sur cette terre mais qui est totalement réelle avec les millions de personnes humaines blessées par une solitude insupportable parce que non choisie, imposée par la vie : celle de l'isolement, de l'exclusion, de l'humiliation et de toutes ces formes de pauvreté qui privent l'homme de sa dignité. Le désert invisible de la souffrance qui attend dans le silence de leur cri le visage du véritable Amour.

    Cette solitude, c'est Quelqu'un. C'est l'Unique reconnu comme unique. C'est Dieu seul choisi pour Lui seul. Dans l'absolu d'une démarche qui n'a rien à voir avec un idéal de perfection inatteignable pour nos pauvres humanités. Mais c'est Lui parce qu'Il est Lui, parce qu'Il est l'Amour et que cela suffit. Cette solitude nous pousse irrésistiblement à rencontrer le Christ de la manière la plus directe qui soit, sans faire de détour : être face à sa Personne qui est là, présente dans le secret, et qui dans la foi nous montre le Père trop bon, mais vraiment trop bon, qui n'est que Père et qui n'a que faire de sa paternité sinon la donner. »

    Sœur Isabelle, sœur de Bethléem, in Inès de Warren, Cet Amour que le monde oublie (ch.4), Salvator, Paris, 2013.

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  • Méditation - « Un trésor caché dans un champ » (Mt 13, 44)

    « Que peux-tu vouloir de plus, ô âme, et que cherches-tu de plus en dehors de toi, alors qu'au-dedans de toi tu as tes richesses, tes délices, ta satisfaction, ton rassasiement et ton royaume, c'est-à-dire ton Bien-Aimé que désire et recherche ton âme ? Puisque tu le possèdes si proche, réjouis-toi et sois dans l'allégresse avec lui en ton recueillement intérieur ; désire-le là, adore-le là et ne vas pas le chercher loin de toi car tu te distrairais et tu te fatiguerais et tu ne le trouverais ni n'en jouirais plus sûrement, ni plus rapidement, ni plus intimement qu'en toi-même. [...]

    Donc, étant donné que ton Époux bien-aimé est le trésor caché dans le champ de ton âme, pour lequel le sage marchand a donné tous ses biens (Mt 13, 44), il te faudra, pour le trouver, oublier tout ce qui t'appartient, t'éloigner de toutes les créatures, te cacher dans la retraite intérieure de ton esprit et, fermant sur toi la porte, c'est-à-dire renonçant à ta volonté en toutes choses, prier ton Père dans le secret (Mt 6, 6). Ainsi, restant cachée en lui, tu le sentiras alors en secret, tu l'aimeras et tu en jouiras en secret, et tu prendras plaisir avec lui en secret, c'est-à-dire au-delà de toute parole et de tout sentiment.

    Courage donc, ô belle âme ! Puisque tu sais maintenant que le Bien-Aimé que tu désires demeure caché en ton sein, efforce-toi de rester bien cachée avec lui, et dans ton sein tu l'étreindras et tu le sentiras avec un tendre amour. »

    St Jean de la Croix, Cantique spirituel B, strophe 1, § 8-10, trad. Françoise Aptel et Marie-Agnès Haussièttre (Providence de la Pommeraye), Jean-Pierre Thibaut, carme, Cerf, 1995. In François Huguenin, "Les voix de la foi", Perrin, collection tempus, 2012.

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  • Pour en finir avec le « 4e secret » de Fatima. Un communiqué du Saint-Siège et une lettre de Benoît XVI, Pape émérite

    Article d'Yves Chiron, publié dans Aletheia - Lettre n°247 - 5 juin 2016.

    Aletheia-Lettre-247.GIFJ’ai cité, dans un récent numéro d’Aletheia (n° 245, 4 avril 2016), l’extrait d’une lettre personnelle du Pape émérite Benoit XVI, en date du 15 mars 2016, qui affirme sans ambiguïté : «un quatrième secret de Fatima n’existe pas. Le texte publié est intégral et il n’existe rien d’autre». 
              
    Je ne prétends pas que cette lettre aurait dû faire cesser tout débat sur le sujet, mais vu l’autorité de son auteur on aurait pu s’attendre à ce que les publications qui traitent encore de la question en tiennent compte. 
              
    La connaissance d’un fait historique s’appuie sur des témoignages et sur des documents, sur le degré de crédibilité des uns, sur l’authenticité des autres, et sur la confrontation des uns et des autres. L’historien catholique sera guidé dans son travail par cette recommandation de Léon XIII, faite lorsqu’il décida d’ouvrir des Archives secrètes vaticanes (ASV) aux chercheurs : « La première loi de l’Histoire est de ne pas oser mentir ; la seconde, de ne pas craindre d'exprimer toute la vérité ». 
              
    Or, après l’affirmation claire de Benoît XVI en date du 15 mars 2016, des publications catholiques ont continué à évoquer l’existence d’un supposé « 4e secret » de Fatima comme si le Pape émérite ne s’était pas exprimé ! Comme si ce qu’il affirmait n’avait aucune valeur ou était un mensonge. 
              
    Sans être exhaustif, je citerai deux déclarations récentes :
              
    • Le 13 mai 2016, dans un entretien accordé au National Catholic Register (traduit en français dans le n° 336 de DICI, 27 mai 2016), Mgr Fellay, supérieur général de la Fraternité Saint‐Pie X, affirme : « ce qui est sûr, c’est que tout n’a pas été révélé. Sœur Lucie, dans son troisième rapport, a donné les paroles de la Sainte Vierge avec un ”et cetera”, et dans ce qui a été publié par Rome il n’y a pas de paroles, seulement une vision. Alors évidemment il manque quelque chose. »
              
    • Le 15 mai 2016, sur le site catholique américain 1P5 (OnePeterFive), Maike Hickson [1] publie les confidences d’un prêtre allemand, Ingo Dollinger, ancien professeur de théologie au Brésil. Celui‐ci affirme qu’en 2000, après la publication de la troisième partie du secret de Fatima, le cardinal Ratzinger, « dans une conversation personnelle », lui aurait dit : « il y a plus que ce que nous avons publié ». Le futur Benoît XVI lui aurait dit aussi que la partie non encore publiée du Secret parle d’un « mauvais concile et d’une mauvais messe ». 
              
    J’ai souligné les deux paroles attribuées au cardinal Ratzinger par Dollinger. L’article dans lequel Maike Hickson les rapporte s’intitule : Cardinal Ratzinger : We have not published the Whole Third Secret of Fatima (« Cardinal Ratzinger : Nous n’avons pas publié la totalité du troisième secret de Fatima »). 
              
    Je signale encore que dans ce même article Maike Hickson rapporte une autre supposée confidence que lui a faite un autre prêtre (dont le nom n’est pas cité !). Benoît XVI aurait dit à ce prêtre, lors d’une rencontre en privé, qu’il considérait Mgr Lefebvre comme « le plus grand théologien du XXe siècle ».
              
    Il n’est pas besoin de démontrer l’invraisemblance du propos. 
    Un communiqué du Saint‐Siège 
    La soi‐disant révélation de l’abbé Dollinger a rencontré un grand écho dans une certaine presse catholique et sur de nombreux sites de la ”cathosphère”.
              
    Par exemple, le 18 mai, dans Corrispondenza romana, le site de l’Agence d’informations hebdomadaires fondée et dirigée par Roberto de Mattei, Cristina Siccardi relaie l’information diffusée par OnePeterFive. Elle présente Dollinger comme un «ami personnel de Benoît XVI» (ce que ne disait pas l’article cité) et estime à son tour que le 3e secret de Fatima « n’a pas été révélé dans sa totalité ».
               
    La controverse sur le sujet a commencé le jour‐même où la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a publié la 3e partie du Secret, il y a seize ans maintenant. 
              
    Pour mettre un terme à cette controverse, le Saint‐Siège a publié, le 21 mai 2016, un communiqué. Ce Communiqué n’est pas signé, mais sa diffusion par le Bureau de Presse du Saint‐Siège indique son caractère officiel. Le texte original est en italien. Deux traductions ont été publiées en même temps par le Bureau de Presse, en anglais et en espagnol. 
              
    Comme la presse française n’en a donné que des extraits, j’en propose ici une traduction complète à partir de l’italien : 
    Plusieurs articles publiés récemment ont rapporté des déclarations attribuées au Professeur Ingo Dollinger, selon lesquelles le Cardinal Ratzinger, après la publication du Troisième Secret de Fatima (qui a eu lieu en juin 2000), lui aurait confié qu’une telle publication n’était pas compète. À ce propos, le Pape émérite Benoît XVI fait savoir ”n’avoir jamais parlé de Fatima avec le Prof. Dollinger”, affirme clairement que les déclarations attribuées au Professeur Dollinger sur ce thème ”sont de pures inventions, absolument fausses” et confirme nettement : ”la publication du troisième secret de Fatima est complète”. 
    Ce Communiqué contient un triple démenti. Il n’y a pas eu un malentendu, l’abbé Dollinger n’a pas mal compris le cardinal Ratzinger : le Pape émérite déclare de façon formelle n’avoir jamais parlé de Fatima avec lui. Il réaffirme aussi que la publication du 3e Secret faite en 2000 est complète. 
              
    Les journalistes et commentateurs qui s’obstinent à croire, à dire, à écrire que le Vatican continue à cacher une partie du message de Fatima auront-ils l’humilité, intellectuelle et spirituelle, de tenir compte de la lettre (personnelle) du 15 mars 2016 et du Communiqué (officiel) du 21 mai 2016 ?
    Une lettre du Pape émérite Benoît XVI
    Pour compléter l’information de tous, je publie ci-dessous le texte intégral de la lettre que Benoît XVI m’avait adressée [2] avec bienveillance en français, et en réponse à des questions historiques sur le 3e Secret et son interprétation. 
    Benedictus XVI, Papa emeritus 
    Cité du Vatican, 15. 3. 2016 
    Monsieur, 
    Répondant à votre lettre très gentille du 22 février, je peux vous communiquer qu’un quatrième secret de Fatima n’existe pas. Le texte publié est intégral et il n’existe rien d’autre. 
    Quand j’ai dit que ce secret ne parle pas uniquement du passé, je voulais préciser et expliquer simplement le genre de telles paroles, qu’on ne peut jamais réduire uniquement sur un point précis. C’est une réalité continuelle que l’Église et le pape sont menacés par les forces du mal. 
    Même si on peut interpréter la vision sur un événement précis, on peut néanmoins voir en elle également un renvoi à des menaces toujours nouvelles et des dangers qui continuent. Avant tout il est important que l’invitation à la prière, qui soutient et aide le Pape et l’Église, restent actuelle même après le moment d’alors. 
    J’espère avoir éclairci ainsi votre demande et reste avec mes saluts et ma bénédiction. 
    Vôtre, Benedictus XVI 
    Sans entrer ici dans un commentaire de cette lettre et des suggestions qu’elle fait, on relève une confirmation factuelle (il n’y a pas d’autre texte à attendre) et une double incitation à la réflexion : sur le genre littéraire auquel appartient le « Secret de Fatima » et sur l’interprétation que ce genre de texte appelle.
              
    En fait, le Pape émérite a déjà amplement mené cette double réflexion. C’était en juin 2000. On la trouve dans le Commentaire théologique qu’il avait publié, en tant que Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, en complément de la Présentation du Secret que faisait Mgr Bertone, alors secrétaire de la même Congrégation.
              
    Relire ce Commentaire théologique serait plus utile et profitable, intellectuellement et spirituellement, que prêter l’oreille aux « pures inventions, absolument fausses » des Dollinger, Socci, et autres.
     
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    Notes :
    1 Maike Hickson, d’origine germanique, convertie au catholicisme, a fait des études de littérature et d’histoire. Elle vit en Suisse et se présente elle‐même, sur le site en question, comme « une mère de famille heureuse qui aime écrire des articles quand le temps lui permet ». 
    2 La lettre est dactylographiée, la signature manuscrite. Elle a été transmise par la Nonciature apostolique.
     
    Source : TradiNews.
  • Méditation : "vouloir peu et ne demander rien"

    « J’ai dit en deux ou trois lieux de la France une chose que je m’en vais vous dire maintenant : c’est que, pour parvenir à la perfection, il faut vouloir peu et ne demander rien. Il est vrai que c’est être bien pauvre d’observer ceci ; mais je vous assure que c’est un grand secret pour acquérir la perfection, et si caché néanmoins, qu’il y a peu de personnes qui le sachent, ou, s’ils le savent, qui en fassent leur profit. »

    St François de Sales, Entretiens spirituels, XV (De la tendreté que l'on a sur soi-même), in "Œuvres", nrf / Gallimard, 1969.
    Texte intégral en ligne à l'Abbaye Saint Benoît de Port-Valais (Suisse).

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  • Méditation : de la médisance

    « Le médisant par un seul coup de sa langue, fait ordinairement trois meurtres : il tue son âme et celle de celui qui l’écoute, d’un homicide spirituel, et ôte la vie à celui duquel il médit ; car, comme disait saint Bernard (1), et celui qui médit et celui qui écoute le médisant, tous deux ont le diable sur eux, mais l’un l’a en la langue et l’autre en l’oreille. David parlant des médisants "Ils ont affilé leurs langues", dit-il, comme un serpent. (2) Or le serpent a la langue fourchue et à deux pointes, comme dit Aristote (3) ; et telle est celle du médisant, qui d’un seul coup pique et empoisonne l’oreille de l’écoutant et la réputation de celui de qui elle parle.

    Je vous conjure donc, très chère Philothée, de ne jamais médire de personne, ni directement, ni indirectement : gardez-vous d’imposer des faux crimes et péchés au prochain, ni de découvrir ceux qui sont secrets, ni d’agrandir ceux qui sont manifestes, ni d’interpréter en mal la bonne œuvre, ni de nier le bien que vous savez être en quelqu’un, ni le dissimuler malicieusement, ni le diminuer par paroles, car en toutes ces façons vous offenseriez grandement Dieu, mais surtout accusant faussement et niant la vérité au préjudice du prochain ; car c’est double péché de mentir et nuire tout ensemble au prochain. »

    1. Saint Bernard, Sur le Cantique, sermon XXIV, 3. - 2. Ps. CXXXIX, 3. - 3. Aristote, Histoire des animaux, liv. I, chap. XI.

    St François de Sales, Introduction à la vie dévote (Troisième Partie ch. XXIX), in "Œuvres", nrf / Gallimard, 1969.
    Texte intégral en ligne à l'Abbaye Saint-Benoît de Port-en-Valais (Suisse).
    Texte intégral à télécharger ici.

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  • Méditation : de l'effacement

    « Si tu veux imiter à fond l'humilité de Jésus, tu devras participer à sa vie cachée, voilant, comme Lui, tout ce qui, en toi, peut attirer l'attention, les louanges d'autrui ; dérobant à leur vue tout ce qui peut te singulariser, te faire remarquer ; fuyant, pour autant qu'il dépende de toi, toute marque de distinction. « Aime à vivre inconnu et tenu pour rien », dit l'« Imitation de Jésus-Christ » (I, 2, 3) car de cette façon tu seras plus semblable à Jésus. « Lui, de condition divine, ... s'anéantit lui-même, prenant condition d'esclave et devenant semblable aux hommes » (Ph. II, 6 et 7). Jésus Lui-même nous a enseigné la pratique de la vie cachée, recommandant avec instance que le bien soit fait en secret, uniquement pour plaire à Dieu, sans aucune ostentation. Il t'enseigne ainsi à garder le secret de ta vie intérieure et de tes rapports avec Lui : « Pour toi, quand tu pries, retire-toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte » ; - à celer aux autres tes mortifications et pénitences : « quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage » ; - à ne pas mettre en évidence tes bonnes œuvres : « quand tu fais l'aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite », car ceux qui font leurs bonnes œuvres devant les hommes pour être vus d'eux... « ils ont déjà leur récompense » et n'en recevront plus de leur Père céleste (cf. Mt VI, 1-17).

    Je le confesse, Seigneur, et Vous le savez déjà, je suis bien loin de désirer, comme les Saints, l'oubli, l'indifférence des créatures, moi qui me sers souvent spontanément de petits artifices pour me faire remarquer, me mettre en évidence. Mais vous le savez, mon Jésus, je suis malade, et Vous savez aussi que je veux guérir en modelant ma vie sur la vôtre. C'est seulement pour Vous ressembler que je puis accepter et aimer l'effacement ; c'est uniquement pour mériter votre amour, vos regards, votre intimité, que je puis renoncer à la bienveillance, à l'estime des créatures... O Jésus, augmentez donc mon désir de vivre uniquement pour Vous, - et il me sera doux de vivre ignoré des hommes. »

    P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, Intimité Divine Tome I (3e Semaine de Carême, 10 : La vie cachée, 1 et Colloque), Monastère des Carmélites Déchaussées, Librairie du Carmel, 1963.

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  • Méditation : Le secret du pur amour

    « Un travail, si petit soit-il, fait en secret sans le désir qu'il soit connu (1), donne à Dieu plus de joie que mille autres faits avec l'envie d'en avertir les hommes. Quiconque agit pour Dieu, poussé par un très pur amour, non seulement ne se soucie pas d'être aperçu des hommes, mais encore n'agit pas pour que Dieu même le sache : alors même que jamais Dieu n'en pût rien savoir, son serviteur ne manquerait pas de faire comme il a fait, avec autant d'ardeur et de pureté d'amour. »

    1. attendite ne justitiam vestram faciatis coram hominibus ut videamini ab eis (Matth. 6, 1).

    St Jean de la Croix (1542-1591), in Dom Chevallier, "Les Avis, Sentences et Maximes de Saint Jean de la Croix" (Le livret de Françoise de la Mère De Dieu, 96-97), Desclée de Brouwer & Cie, 1933.

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  • Méditation : Marie, "paradis de Dieu"

    « Il n'y a point et il n'y aura jamais créature où Dieu soit plus grand, hors de lui-même et en lui-même, que dans la divine Marie, sans exception ni des bienheureux, ni des chérubins, ni des plus hauts séraphins, dans le paradis même...

    Marie est le paradis de Dieu et son monde ineffable, où le Fils de Dieu est entré pour y opérer des merveilles, pour le garder et s'y complaire. Il a fait un monde pour l'homme voyageur, c'est celui-ci ; il a fait un monde pour l'homme bienheureux et c'est le paradis ; mais il en a fait un autre pour lui, auquel il a donné le nom de Marie ; monde inconnu presque à tous les mortels ici-bas et incompréhensible à tous les anges et bienheureux, là-haut dans le ciel, qui, dans l'admiration de voir Dieu si relevé et si reculé d'eux tous, si séparé et si caché dans son monde, la divine Marie, s'écrient jour et nuit : Saint, Saint, Saint. (Is 6, 3)

    Qu'on ne s'imagine donc pas, avec quelques faux illuminés, que Marie, étant créature, elle soit un empêchement à l'union au Créateur : ce n'est plus Marie qui vit, c'est Jésus-Christ seul, c'est Dieu seul qui vit en elle. Sa transformation en Dieu surpasse plus celle de saint Paul et des autres saints, que le ciel ne surpasse la terre en élévation.

    Marie n'est faite que pour Dieu, et tant s'en faut qu'elle arrête une âme à elle-même, qu'au contraire elle la jette en Dieu et l'unit à lui avec d'autant plus de perfection que l'âme s'unit davantage à elle. Marie est l'écho admirable de Dieu, qui ne répond que : Dieu, lorsqu'on lui crie : Marie, qui ne glorifie que Dieu, lorsque, avec sainte Elizabeth, on l'appelle bienheureuse. »

    St Louis-Marie Grignion de Montfort, Le secret de Marie (19 & 21), in "Œuvres complètes", Éditions du Seuil, Paris, 1966.

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    William-Adolphe Bouguereau (1825-1905), La Vierge avec des Anges
    Musée du Petit-Palais, Paris (Source et crédit photo)

  • Méditation du Vendredi Saint

    « L'âme de Jésus avait une soif aussi ardente des âmes, que son corps de l'eau du puits. Sa pensée s'étendait sur tous les siècles à venir, et il désirait avec ardeur multiplier la multitude des âmes rachetées. Hélas ! nous pouvons mesurer approximativement le tourment de la soif physique ; mais nous n'avons pas même une ombre qui puisse nous donner une idée de la réalité du tourment qu'endurait son âme. Si l'amour du Créateur pour les créatures qu'il a tirées du néant ne ressemble à aucun amour des anges ni des hommes, si l'espèce en est unique, si le degré en dépasse la portée de notre intelligence, ainsi en est-il de l'amour spirituel pour les âmes que renferme l'âme du Sauveur du monde. L'amour sauveur reste sans terme de comparaison, comme l'amour créateur. [...] Le tourment de cette soif était incomparablement bien plus cruel que celui de l'autre soif. Marie le vit, et cette vue même la transporta aussitôt, pour ainsi dire, dans un monde nouveau et inconnu de douleurs. Elle vit que cette seconde soif serait presque aussi peu satisfaite que l'autre. Elle vit comment, à ce moment, Jésus contemplait dans son âme la procession sans fin des hommes qui s'avançaient chaque jour, sans interruption, d'une aurore à l'autre, en portant avec eux dans l'enfer le caractère du baptême et le sceau du précieux sang de leur Rédempteur. Voyez ! maintenant même, alors que le Sauveur est mourant de soif, le larron impénitent ne veut pas lui donner à boire son âme souillée ! Ainsi allait-il en être à jamais. Marie voyait tout cela. [...] Comme lui elle avait soif des âmes, et son cœur défaillait en voyant que la soif de Jésus ne serait pas étanchée. Ô malheureux enfants que nous sommes ! Combien de nos âmes n'avons-nous pas tenues éloignées, qui ce jour-là auraient consolé la Mère et le Fils ! »

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    Tableau de Pierre Paul Rubens (Source)

    « Il ne faut pas que nous quittions la croix. Nous ne devons pas descendre du Calvaire avant d'être crucifiés, et que la croix et nous soyons devenus inséparables. Mais le Calvaire est le grand théâtre de l'impatience humaine. Beaucoup ont le courage de gravir la colline, portant bravement leur croix sur leurs épaules. Mais, quand ils arrivent au sommet, ils posent leur croix à terre et descendent dans la cité pour prendre part au reste de la fête avec le peuple. Quelques-uns se laissent dépouiller, mais ils se retirent alors, refusant de se laisser attacher à la croix. D'autres y sont cloués, mais se détachent avant l'élévation de la croix. Quelques-uns supportent le choc de l'élévation, puis descendent de la croix avant que les trois heures soient passées ; ceux-ci dès la première heure, ceux-là dans la seconde, d'autres, hélas ! au moment même où la troisième heure est près de sa fin. Hélas ! le monde est plein des déserteurs du Calvaire, et il en est tellement plein que la grâce prudente ou dédaigneuse semble peu s'inquiéter de les arrêter. Car la grâce ne crucifie nul homme malgré lui ; elle laisse ce travail au monde et il le fait traîtreusement ou tyranniquement. [...] Nous voulons bien que notre sanctification ressemble à une opération douloureuse, mais nous désirons que cette opération soit de courte durée ; nous ne pouvons attendre, si elle vient sous la forme d'une guérison graduelle... [...]

    C'est seulement à l'aide de la grâce du silence que les saints portent de si lourdes croix. Une croix pour laquelle nous avons reçu de la sympathie, est bien plus lourde qu'elle ne l'était auparavant, ou il peut arriver que la sympathie nous ait énervés de telle sorte que le poids semble plus grand et la plaie plus douloureuse sur nos épaules. Le silence est l'atmosphère propre de la croix, comme le secret natal. Les meilleures croix sont secrètes, et nous pouvons être silencieux sous celles qui ne sont pas secrètes. Le silence crée réellement pour nous une sorte de secret, même en public. Car du moins nous pouvons cacher combien nous souffrons, si nous ne pouvons cacher tout à fait que nous souffrons. [...] D'une manière ou d'une autre, la sympathie humaine profane les opérations de la grâce. Elle mêle un élément avilissant à ce qui est divin : le Saint-Esprit s'en éloigne parce que c'est une chose qui "venant de la terre, est tout terrestre." Le consolateur ne donne ses meilleures consolations qu'aux cœurs inconsolables... »

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    « Mais il y a une vraie consolation, profondément cachée, il est vrai, et cependant à notre portée, dans ce renoncement à toute consolation humaine. C'est dans les ténèbres de la nature que nous trouvons réellement le voisinage de Jésus. C'est lorsque les créatures sont absentes que nous sommes soutenus dans l'embrassement sensible du Créateur. Les créatures apportent l'obscurité avec elles, partout où elles s'introduisent. Elles nous gênent toujours, interceptent les grâces, cachent Dieu, nous privent des consolations spirituelles, nous rendent languissants et irritables. Elles remplissent tellement nos sens extérieurs, que les sens intérieurs de nos âmes sont incapables d'agir. Nous désirons souvent que notre vie soit plus divine. Mais elle l'est en réalité plus que nous ne le croyons. C'est la douleur qui nous révèle cela... [...] Nous sommes avec Dieu, notre Créateur, notre Sauveur. il est tout à nous ; il est tel que nous l'a fait l'éloignement des créatures. Il était toujours là, toujours le même dans nos âmes ; seulement il était éclipsé par le faux éclat des créatures. Il paraît enfin dans la nuit comme les étoiles. La lune blanche du midi ne nous séduit pas par sa beauté, c'est seulement dans la nuit qu'elle nous charme. De même c'est l'obscurité d'un Calvaire spirituel qui répand sur nos âmes la douce clarté de notre admirable Sauveur. »

    R.P. F.W. Faber (1814-1863), Le pied de la Croix ou les douleurs de Marie (ch. VI), Quatrième édition, Paris, Ambroise Bray, 1862.

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     Plusieurs Chemins de Croix sont proposés ICI.

  • Méditation : de la purification des pensées

    « Il nous faut avant tout purifier les retraites profondes de notre cœur en toute vigilance. Le prix que les autres désirent obtenir par la pureté du corps, nous devons, nous, le mériter aussi dans le sanctuaire de la conscience. C'est là que réside le Seigneur, arbitre et président des jeux, perpétuel témoin de notre course et de nos combats. Ne laissons pas se développer en nous, par des pensées imprudentes, le mal que nous redoutons de commettre au grand jour ; ne nous souillons pas de la complaisance secrète des choses que nous rougirions de faire à la vue des hommes. De telles fautes peuvent bien échapper au regard humain ; mais elles ne trompent pas celui des anges saints ni du Dieu tout-puissant, auquel nul secret ne se dérobe. »

    St Jean Cassien (360-435), Institutions cénobitiques, L. VI, chap. 9 (extrait).

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  • Méditation : la prière de demande

    « La prière de demande est de tous les temps. Elle ne convient pas seulement au temps de la détresse, elle est un appel constant à sa puissance créatrice et à sa grâce sanctifiante.
    C'est bien pour cela qu'elle implique toujours cette condition : "non pas ma volonté, mais selon la vôtre" (Mt 26, 39). Nous ne savons pas si ce que nous demandons dans notre détresse est bon. Nous ne savons pas si l'orientation que nous voudrions imprimer à une situation donnée est la bonne. Notre vie ne ressemble pas au travail d'un commerçant ou d'un architecte, qui font des plans et ensuite s'y conforment. Notre vie n'est faite qu'en partie de ce que nous voyons et comprenons ; la plus grande part appartient au secret de Dieu. La prière de demande doit tenir compte de cela. Aussi est-elle disposée à accepter tout ce que Dieu juge bon.

    N'oublions pas non plus que dans toute demande, est contenue la volonté de celui qui la fait ; et pas seulement la bonne, le désir justifié de l'être et de la vie, ni l'effort en vue de l'action et de la création, mais aussi la mauvaise volonté, l'égoïsme qui considère sa propre existence comme le centre du monde et voudrait tout soumettre à ses exigences. Cette volonté anime aussi la demande qui est adressée à Dieu ; pour que cette demande soit valable devant le Dieu Saint, Seigneur de toutes choses, il faut qu'elle se soumette à son jugement, et soit prête à être écartée ou transformée par Lui. Au fond de toute demande il y a la demande des demandes : "Que votre volonté soit faite", et cela non seulement parce qu'elle est irrésistible et inévitable, mais parce qu'elle est vraie et sainte et contient tout ce qui mérite d'être.

    Disons enfin que la prière de demande ne s'adresse pas seulement à la Justice suprême, à la Puissance, à l'Ordre, mais à l'Amour du Dieu vivant. Or l'amour est liberté ; il est sans rien d'intérieur, don et création ; c'est à cela que la demande doit donner le champ libre. Cette prière n'a rien d'autre à faire valoir que sa détresse, son besoin, son appel pour que l'amour de Dieu agisse et crée, sans autre cause que lui-même. "Que votre volonté soit faite et non la mienne" signifie en définitive : "Que votre amour agisse." »

    Romano Guardini (1885-1968), Initiation à la prière, Trad. Jean Minéry s.j., Éditions Alsatia, Paris, 1951.

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  • 19 mars : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Joseph, son époux, qui était un homme juste, ne voulait pas la dénoncer publiquement ; il décida de la répudier en secret." (Mt 1, 16.18-21.24)

    « Pourquoi voulut-il la renvoyer ? Ecoutez ici encore non mon sentiment, mais celui des Pères. La raison pour laquelle Joseph voulut renvoyer Marie est celle qu'invoquait Pierre lui-même pour écarter de soi le Seigneur : "Retire-toi de moi, Seigneur, parce que je suis un pécheur", comme aussi le centurion pour l'éloigner de sa maison : "Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit." Ainsi en était-il de Joseph qui, se jugeant lui aussi indigne et pécheur, se disait à part soi : "Elle est si parfaite et si grande que je ne mérite pas qu'elle m'accorde plus longtemps le partage de son intimité ; sa dignité étonnante me dépasse et m'effraye." Il s'apercevait avec un religieux effroi qu'elle portait le signe très net d'une divine présence et, comme il ne pouvait pénétrer le mystère, il voulait la renvoyer. La peur saisit Pierre devant la grandeur de la puissance, la peur saisit le centurion davant la majesté de la présence. Une frayeur bien naturelle s'empare de Joseph, comme de tout homme, devant le caractère inouï de ce miracle extraordinaire, devant la profondeur du mystère : et voilà pourquoi il voulut en secret la renvoyer.

    Peux-tu être surpris si Joseph se jugeait indigne de vivre en commun avec la Vierge quand on te dit que sainte Elisabeth elle-même ne put supporter sa présence qu'avec tremblement et respect ? Voici ses paroles : "Comment m'est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne chez moi." Et voilà pourquoi Joseph voulut la renvoyer. Mais pourquoi en secret et non au grand jour ? Pour éviter toute enquête sur le motif de la séparation et échapper à l'obligation d'en rendre compte. Or, qu'aurait pu répondre cet homme juste à un peuple à la nuque raide, à un peuple fermé à la confiance et chicanier ? S'il avait dit son sentiment et la preuve qu'il s'était faite de la pureté de Marie, les Juifs, incrédules et cruels, n'allaient-ils pas à l'instant la bafouer et lapider Marie ? Comment ces Juifs auraient-il cru en la Vérité encore silencieuse au sein maternel alors que plus tard ils ont méprisé ses clameurs dans le Temple ? Que n'auraient-ils pas fait au Christ encore invisible, eux qui dans la suite jetèrent sur lui leurs mains sacrilèges malgré le rayonnement des miracles ? C'est donc à juste titre que Joseph, l'homme juste, pour ne pas être réduit à mentir ou à exposer au blâme une innocente, voulut en secret renvoyer Marie. »

    Saint Bernard, Deuxième homélie "super Missus est", Trad. R.P. Bernard, in "Saint Bernard et Notre-Dame", Desclée de Brouwer, Abbaye de Sept-Fons, 1953.

  • Anniversaire de l'Apparition de Notre-Dame de la Salette (19 septembre 1846)

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    « Souvenez-vous, ô Notre-Dame de La Salette, véritable Mère des douleurs, des larmes que vous avez versées pour moi sur le Calvaire ; souvenez-vous aussi de la peine que vous prenez toujours pour moi, afin de me soustraire à la justice de Dieu, et voyez si, après avoir tant fait pour votre enfant, vous pouvez maintenant l'abandonner. Ranimé par cette consolante pensée, je viens me jeter à vos pieds, malgré mes infidélités et mes ingratitudes. Ne repoussez pas ma prière, ô Vierge Réconciliatrice, mais convertissez-moi, faites-moi la grâce d'aimer Jésus par dessus tout, et de vous consoler vous-même par une vie sainte pour que je puisse un jour vous voir au ciel. Amen.

    Notre-Dame de La Salette, Réconciliatrice des pécheurs, priez sans cesse pour nous qui avons recours à vous. »

    Imprimatur: La Salette, le 26 juin 1966
    + André-Jacques Fougerat, Evêque de Grenoble

    A propos du secret de la Salette

  • 23 juin : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « "Cherchez, dit-il, premièrement le royaume et la justice de Dieu, et toutes ces choses vous seront données comme par surcroît." II ne dit pas seulement : "Vous seront données", mais vous seront données comme par "surcroît", pour montrer qu’il n’y a rien dans les dons qui regardent cette vie, qui mérite d’être comparé avec les biens à venir. C’est pourquoi il n’ordonne point qu’on lui demande ces choses, mais qu’on lui en demande de plus importantes et qu’on espère de recevoir en même temps celles-ci, "comme par surcroît". Cherchez les biens à venir et vous recevrez les biens présents. Ne désirez point les choses d’ici-bas et vous les posséderez infailliblement. Il est indigne de vous, d’importuner votre Seigneur pour des sujets qui le méritent si peu. Vous vous abaissez honteusement, si lorsque vous ne devez être occupés que des biens ineffables de l’autre monde, vous vous consumez dans les vains désirs des choses qui passent. Pourquoi donc, me direz-vous, Jésus-Christ nous commande-t-il de lui demander notre pain ? — Oui, Jésus-Christ nous commande cela, mais en ajoutant "notre pain de chaque jour", et en marquent expressément, donnez-nous "aujourd’hui". Il fait ici la même chose : "C’est pourquoi ne vous mettez point en peine pour le lendemain, car le lendemain se mettra en peine pour soi-même. A chaque jour suffit son mal." Il ne dit pas généralement : "Ne vous mettez point en peine", mais il ajoute, "pour le lendemain", nous donnant par ces paroles la liberté de lui demander les besoins du jour présent et bornant en même temps tous nos désirs aux choses les plus nécessaires. Car Dieu nous commande de lui demander ces choses, non parce qu’il a besoin que nous l’en avertissions dans nos prières, mais pour nous apprendre que ce n’est que par son secours que nous faisons tout ce que nous faisons de bien, pour nous lier et comme pour nous familiariser avec lui par cette obligation continuelle de lui demander tous nos besoins.

    Remarquez-vous comment il leur donne la confiance qu’il ne les laissera pas manquer des choses nécessaires, et que Celui qui leur donne si libéralement les plus grandes choses, ne leur refusera pas les plus petites ? Car je ne vous commande pas, leur dit-il, de ne vous mettre en peine de rien, afin que vous deveniez misérables et que vous n’ayez pas de quoi couvrir votre nudité, mais c’est afin que vous soyez dans l’abondance de toutes choses. Rien sans doute n’était plus propre à lui concilier les esprits que cette promesse. Ainsi comme en les exhortant à ne point rechercher une vaine gloire dans leurs aumônes, il les y porte en leur promettant une autre gloire plus grande et plus solide : "Votre Père", dit-il, "qui voit en secret, vous en rendra la récompense devant tout le monde" ; de même il les éloigne du soin des choses présentes, en leur promettant qu’il satisfera d’autant plus à tous leurs besoins, qu’ils se mettront moins en peine de les rechercher. Je vous défends, leur dit-il, de vous inquiéter, de ces choses, non afin qu’elles vous manquent, mais au contraire afin que rien ne vous manque. Je veux que vous receviez toutes choses d’une manière digne de vous et qui vous soit véritablement avantageuse. Je ne veux pas qu’en vous bourrelant vous-mêmes d’inquiétude, en vous laissant déchirer à mille soucis, vous vous rendiez indignes des secours du corps aussi bien que de ceux de l’âme, et qu’après avoir été misérables en cette vie, vous perdiez encore la félicité de l’autre. »

    Saint Jean Chrysostome (v.344-407), Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu (Homélie XXII, 3), in "Oeuvres complètes" (Tome VII), traduites pour la première fois sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, éditeurs, 1865.

    Source : Abbaye Saint Benoît

    NB : On peut lire dans l'Avertissement placé en tête de ces homélies les lignes suivantes :

    « Ces quatre-vingt-dix homélies [sur Saint Matthieu] ont, de tout temps, été regardées non-seulement comme le chef-d’oeuvre de saint Chrysostome, mais même comme ce qu’il y a au monde de plus complet et de plus excellent sur la morale chrétienne. Là, toutes les vertus, avec la manière de les acquérir et de les pratiquer ; tous les vices, avec les moyens à mettre en oeuvre pour les éviter et s’en corriger, sont définis, décrits, expliqués : là, rien n’est omis de ce qui concerne la vie sainte et la vie vicieuse, pour attirer à l’une et éloigner de l’autre. Nulle part saint Jean Chrysostome n’a montré tant d’invention, tant d’éloquence, tant de sagacité dans la formation des moeurs. C’est pourquoi saint Thomas d’Aquin disait, au rapport de Papire-Masson (De Romanis pontif., in Joanne XXI), qu’il attachait plus de prix à l’ouvrage de saint Chrysostome sur saint Matthieu, qu’à la possession de toute la ville de Paris. »

  • 20 juin : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « "Pour vous, quand vous priez, entrez  dans votre chambre." Or quelle est cette chambre, sinon le coeur lui-même, ainsi que le Psalmiste l'enseigne quand il dit : "Ce que vous dites dans votre coeur, repassez-le avec amertume sur votre couche (1). — Et, les portes fermées, priez votre Père en secret." C'est peu d'entrer dans sa chambre, si on en laisse la porte ouverte aux importuns, si les choses du dehors s'y introduisent et envahissent notre intérieur. Or nous avons dit que le dehors ce sont tous les objets temporels et visibles, qui pénètrent dans nos pensées par la porte, c’est-à-dire par les sens charnels, et troublent nos prières par une multitude de vains fantômes. Il faut donc fermer la porte, c'est-à-dire résister au sens charnel, en sorte que notre prière, toute spirituelle, s'élève vers le Père du fond du cœur où l'on prie le Père en secret. "Et votre Père qui voit dans le secret, vous le rendra." C'est par là qu'il fallait terminer ; car le Seigneur n'a pas en vue ici de nous recommander de prier, mais de nous appendre comment il faut prier ; comme plus haut, ce n'était point l'aumône qu'il recommandait, mais l'esprit dans lequel il faut la faire ; puisqu'il s'agit de la pureté du coeur, qui ne s'obtient qu'en fixant son intention unique, simple, sur la vie éternelle, par le seul et pur amour de la sagesse.

    "Or, en priant, ne parlez pas beaucoup, comme les païens ; ils s'imaginent qu'à force de paroles il seront exaucés." Comme le propre des hypocrites est de se donner en spectacle dans la prière et de n'en attendre d'autre fruit que l'approbation des hommes ; ainsi le propre des païens, c'est-à-dire des gentils, est de s'imaginer qu'à force de paroles ils seront exaucés. Et en effet toute abondance de paroles vient des gentils qui s'appliquent plus à exercer leur langue qu'à purifier leur coeur. Ils s'efforcent de transporter dans la prière ce ridicule verbiage, dans l'espoir de fléchir Dieu, et dans la conviction que Dieu se laisse, comme l'homme, séduire par des paroles. "Ne leur ressemblez donc pas," dit le seul et véritable Maître. "Car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez." Si en effet il faut une multitude de paroles pour informer et instruire celui qui ne sait pas, qu'en est-il besoin avec Celui qui connaît tout, à qui tout ce qui est parle, par cela seul qu'il est, et se présente comme un fait accompli ; à la science et à la sagesse duquel l'avenir n'est point caché ; pour qui tout ce qui est passé et tout ce qui passera est immuablement présent ? »

    (1) : Ps. IV, 5.

    Saint Augustin (354-430), Explication du Sermon sur la montagne (Livre II, ch. III, 11), Trad. de M. l'Abbé Devoille, des "Oeuvres complètes de Saint Augustin", Traduites pour la première fois sous la direction de M. Raulx, Bar-le-Duc, 1869.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 4 avril : Méditation

    « "Pour toi, quand tu veux prier, entre dans la chambre la plus retirée, verrouille la porte et adresse ta prière à ton Père qui est là dans le secret" (Mt 6, 6).
    Dieu qui est Esprit recherche des adorateurs en esprit et en vérité (Jn 4, 24). Sa recherche le met tout près de toi.
    Accueille-le et livre-toi à son Esprit.
    Ne prie jamais pour que ta prière soit faite, mais pour qu'elle réponde aux goûts de Dieu. C'est parce qu'Il t'aime que tu vas à Lui et tu ne peux te donner à Lui que dans l'amour.
    Deviens tel que la prière enseignée par le Seigneur soit en vérité l'expression de tes désirs personnels, à cause de Lui-même.
    Arrives-en à t'effacer au point que ce soit Lui qui désire et prie en toi. L'apparence c'est que tu vas à Lui ; la réalité c'est qu'Il te cherche. Laisse-toi saisir par Lui qui veut se donner à toi.
    Cette relation filiale ne peut se réaliser qu'appuyée sur ces actes consacrés uniquement à la prière, afin de développer l'amour qui doit devenir l'inspiration, le motif et la règle de toute activité et de toute réaction.
    Ces actes de prière, quels qu'ils soient, si courts soient-ils, si communautaires soient-ils, tu les voudras "en esprit et en vérité", au-dedans de toi, dans cette liberté, cette intimité sans partage pouvant répondre à la présence du Père dans le secret.
    Invite Marie et laisse-toi pénétrer par son esprit, pour te donner, comme elle, "à la Personne et à l'oeuvre de son Fils" (L. G, 56) et revivre son action de grâces ; pour savoir aussi demander, comme elle, à Cana ou au Cénacle.
    Sers-toi, si tu le peux, de ton Rosaire pour t'unir à elle.
    Que l'action de grâces et la bénédiction dominent dans ta prière pour devenir "louange de sa gloire et de la grâce dont Il nous a comblés en son Bien-Aimé" (Ep 1, 6). »

    P. Joseph-Marie Perrin o.p., Aujourd'hui l'Evangile de l'Amour, Editions du Cerf, Paris, 1980.

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