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unicité

  • 22 mars : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Le Père est en moi, et moi dans le Père" (Jn 10, 31-42)

    « Jésus-Christ, notre Seigneur et notre Dieu, Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, qui est né de Dieu le Père sans le concours d'aucune mère, et de la Vierge sa mère sans le concours d'aucun père mortel, Jésus-Christ a dit, vous venez de l'entendre : "Mon Père et moi nous sommes un." (Jn X, 0) Accueillez, croyez cette assertion de manière à mériter de la comprendre ; car la foi doit précéder l'intelligence et l'intelligence doit être la récompense de la foi, comme l'enseigne expressément un Prophète : "Si vous ne croyez, dit-il, vous ne comprendrez point." (Is VII,9). Ainsi donc c'est à la foi que s'adresse la prédication en exposant simplement les mystères, et c'est l'intelligence que veut éclairer la discussion en les approfondissant. Aussi, afin de commencer par répandre la foi dans vos âmes, nous vous prêchons Jésus-Christ, Fils unique de Dieu.

    Pourquoi dire unique ? Parce que le Père de ce Fils unique s'est fait par sa grâce beaucoup d'autres enfants. Tous les saints en effet sont fils de Dieu par grâce, Jésus-Christ seul l'est par nature. Etre fils de Dieu par grâce, c'est n'avoir pas la nature du Père ; voilà pourquoi aucun saint n'a osé dire jamais, comme le Fils unique : "Mon Père et moi nous sommes un." Le Père toutefois n'est-il pas aussi notre Père ? S'il ne l'est pas, comment lui disons-nous en priant : "Notre Père qui êtes aux cieux" (Mt VI,9) ? Il est vrai, nous sommes ses enfants ; mais il nous a rendus tels par sa volonté, sans nous avoir engendrés de sa substance ; et s'il est dit qu'il nous a engendrés, c'est pour exprimer qu'il nous a adoptés en nous communiquant ses bienfaits et non point en nous transmettant sa nature. Aussi portons-nous ce titre d'enfants pour avoir été appelés par lui à l'adoption de ses fils (Eph I,6). Nous sommes des hommes adoptés par Dieu. Si Jésus-Christ est appelé Fils unique, c'est qu'il a la même nature que son Père ; nous au contraire nous ne sommes que des hommes et notre Père est Dieu. Or c'est parce que Jésus a la même nature que son Père qu'il a dit et qu'il a dit avec vérité : "Mon Père et moi nous sommes un." Que signifie "nous sommes un" ? Nous sommes d'une seule et même nature, d'une seule et même substance. »

    Saint Augustin, Traité sur saint Jean CXXXIX : Consubstantialité du Fils avec le Père (1), in Œuvres complètes de Saint Augustin traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Poujoulat et de M. l’abbé Raulx, Tome X, Bar-Le-Duc 1864.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 30 octobre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "L'homme quittera son père et sa mère, il s'attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu'un." (Ep 5, 21-33)

    « Ainsi, de même que le Fils de Dieu participe de notre nature, nous participons, nous, de sa substance : et de même qu'il nous a en lui, nous l'avons en nous. "A cause de cela, l'homme laissera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme ; et ils seront deux dans une seule chair"... Il montre que l'on quitte ses parents, les auteurs de ses jours, pour s'attacher à sa femme : et dès lors le père, la mère et l'enfant forment une chair unique résultant de l'union conjugale : car c'est la combinaison des semences qui produit l'enfant, de sorte que tous trois ne forment qu'une chair. De même, nous devenons une seule chair avec le Christ par la participation ; et cela, encore bien plus effectivement que l'enfant. Pourquoi ? Parce qu'il en a été ainsi dès l'origine. Ne venez pas me dire que votre femme est comme ceci ou comme cela. Ne voyons-nous pas que dans la chair aussi nous sommes sujets à beaucoup d'imperfections ? L'un est boiteux, l'autre pied bot, un autre perclu des mains, un autre faible dans quelque autre membre : néanmoins, il ne se plaint pas de ce membre imparfait, il ne le retranche pas : souvent même il le préfère à tout autre : rien de plus naturel, il est le sien. — Paul veut donc que nous ayons pour notre femme autant d'affection que chacun en a pour soi-même : non comme participant de la même nature ; notre rapport légitime avec notre femme est plus étroit : il consiste en ce que nous ne formons plus deux corps, mais un seul, dont l'un forme la tête, l'autre le corps. — Et comment dit-il ailleurs que "Dieu est la tête du Christ ?" — Oui, de même que nous formons un seul corps, de même le Christ et le Père ne font qu'un. Il en résulte que le Père aussi est notre tête. Paul allègue deux exemples, celui du corps et celui du Christ : de là ce qu'il ajoute : "Ce mystère est grand : je le dis dans le Christ et dans l'Eglise". Qu'entend-il par là ? Il appelle ce mystère grand parce que le bienheureux Moïse, ou plutôt Dieu avait fait allusion à quelque chose de grand et de merveilleux. Il ajoute : "Je le dis dans le Christ", parce que le Christ aussi a quitté son Père pour descendre, pour venir vers l'épouse, et former un seul esprit : "Car celui qui s'unit au Seigneur est un seul esprit avec lui" (I Co VI, 17). C'est fort à propos qu'il dit : "Ce mystère est grand" ; cela revient à dire : D'ailleurs l'allégorie ne détruit pas le précepte d'amour.
    [...]
    Et voyez comme il s'étend sur l'amour, et en rappelant l'exemple du Christ, et en insistant sur l'identité de chair, en disant : "A cause de cela, l'homme laissera son père et sa mère" ; ... ce qu'il veut voir régner surtout, c'est la tendresse. Qu'elle existe, tout le reste s'ensuit ; en son absence, tout fait défaut. Celui qui aime sa femme, la trouvât-il médiocrement docile, saura tout supporter ; pareillement, la concorde sera la chose du monde la plus difficile, si la liaison n'est pas resserrée par l'instinct impérieux de l'amour ; quant à la crainte, elle ne saurait jamais produire un tel effet. Voilà pourquoi il insiste davantage sur ce point, qui est capital. Et en réalité l'avantage est pour la femme, à qui pourtant la crainte est ordonnée : l'obligation la plus essentielle est celle de l'homme qui doit aimer. Et si ma femme ne me craint pas ? dira-t-on. Aimez-la, payez votre contingent... Peu importe que les autres ne nous secondent pas : il faut obéir de nôtre côté. Par exemple, il est écrit : "Soumis les uns aux autres dans la crainte du Christ". Mais si les autres ne pratiquent pas cette soumission ? Eh bien ! obéissez, vous, à la loi de Dieu. Il en est de même ici : La femme doit craindre, ne fût-elle pas aimée , afin qu'aucun obstacle ne vienne d'elle ; et l'homme doit aimer sa femme, n'en fût-il pas craint, afin de ne pas se mettre lui-même en faute ; car chacun a son devoir particulier. Voilà le mariage selon le Christ, le mariage spirituel, la génération spirituelle, qui ne procède pas du sang, que n'accompagne point la douleur. De ce genre fut la génération d'Isaac : écoutez plutôt ce que dit l'Ecriture : "Et les pertes de Sara avaient cessé" (Gen. XVIII, 11). Voilà le mariage qui ne procède ni de la passion ni du corps, le mariage tout spirituel que contracte une âme jointe à Dieu par des liens ineffables que lui seul connaît. De là ces paroles : "Celui qui est uni au Seigneur est un seul esprit avec lui" (I Co VI, 17). »

    St Jean Chrysostome, Commentaire sur l'Epitre aux Ephésiens, Homélie XX (4-5), in Oeuvres complètes (Tome X) traduites pour la première fois sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, 1865.

    Source : Abbaye Saint Benoît.