Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

volupté

  • Méditation - Qu'il est difficile d'aimer...

    « A voir les choses à la surface, rien ne paraît plus facile que d'aimer ; en réalité, rien n'est plus difficile [...]
    Le facile, c'est de s'aimer soi-même, ou - ce qui diffère peu - d'aimer pour soi, à l'exclusion des autres, telles créatures dont les charmes empruntés nous captivent. Seulement, loin d'être de l'amour, ce n'est que de l'égoïsme sous sa double forme : égoïsme solitaire, ou égoïsme à deux. Le sacrifice n'a que faire en un tel désordre ; il en est absolument exclu.
    Mais aimer tous les hommes, les aimer comme les a aimés le Christ du Calvaire, malgré leurs défauts et leurs fautes, aimer les faibles et les petits, les pauvres, les malheureux, les délaissés, les pécheurs, jusqu'à ceux qui nous font du mal et qui nous haïssent, les aimer pratiquement et leur faire du bien, les aimer surnaturellement, pour Dieu et en Jésus, aimer ce qu'il y a en eux d'immortel et de divin, leurs âmes et l'immatérielle beauté de ces âmes, voilà le difficile !
    Et ce qui ne l'est pas moins, en un sens contraire, c'est de résister aux fascinations des choses extérieures et aux innommables entraînements de la chair ; c'est d'éviter ce double écueil placé de chaque côté de la route du cœur : la vanité où il se pulvérise et la volupté où il s'avilit ; c'est de lui imprimer enfin un coup d'aile vigoureux qui le dégage à la fois des apparences et des sens, du faux et de l'abject, et qui l'emporte jusqu'à l'Incréé à travers les mille réseaux du périssable.
    Le difficile, en un mot, c'est d'aimer dans l'ordre, comme l’Épouse des Cantiques (*), c'est d'aimer purement et saintement, c'est d'aimer Dieu dans l'homme et l'homme à cause de Dieu. »

    (*) : Ordinavit in me caritatem. Cant., II, 4.

    Abbé J.M. Buathier (1850-190.), Le Sacrifice dans le dogme catholique et dans la vie chrétienne (ch. XV, 2), Paris, Gabriel Beauchesne, 1920 (dixième édition).

    Buathier,amour,aimer,égoïsme,faibles,petits,pauvres,malheureux,délaissés,pécheurs,vanité,volupté,pureté,sainteté,Christ,Dieu

  • Méditation : Pas de relâchement !

    « L'erreur commune regarde le temps pascal comme un temps de relâchement, de repos, de liberté et de plaisirs... Il n'est que trop vrai que la plupart des fidèles croient avoir droit de se délasser et de donner moins de soins à leur salut éternel, quand une fois ils sont arrivés au bout de cette carrière de pénitence ; qu'ils ne font consister le privilège de la résurrection que dans des mœurs plus douces ; dans un usage plus libre des plaisirs de la table, du jeu, des spectacles ; et dans la rareté des prières publiques, et des autres devoirs de la Religion...

    L’Église en ce saint temps, fournissant moins de secours extérieurs à la piété des fidèles, vous devez remplacer ce défaut par un renouvellement de zèle et d'attention. En effet, dans les jours de pénitence, dont nous venons de sortir, il semble que la foi et la piété étaient soutenues par les dehors tout seuls du culte. L'assistance plus assidue à nos Temples ; la parole de l’Évangile plus souvent et en plus de lieux annoncée ; les prières de l’Église plus longues et plus solennelles ; tout cet appareil de deuil et de tristesse dont elle était couverte ; le souvenir des Mystères douloureux qu'elle nous rappelait ; la loi des jeûnes et des abstinences ; les plaisirs publics suspendus ; la liberté des tables modérée ; [... ] tout cela pouvait servir de soutien à une piété naissante. Mais dans le temps où nous allons entrer, la vertu ne trouve presque plus rien dans les dehors de la Religion, qui l'aide, qui la réveille, qui la défende : toute la beauté de la Fille du Roi est, pour ainsi dire, au-dedans. L’Église supposant que nous sommes devenus des hommes tout spirituels et célestes par la Résurrection, fournit à notre piété moins de secours sensibles : les jeûnes cessent, les prières publiques diminuent ; les chaires chrétiennes se taisent ; les cérémonies du culte sont plus unies et plus simples ; les solennités finissent ; la révolution des Mystères s'accomplit ; l’Église de la terre ressuscitée est une image de celle du Ciel, où l'amour, l'adoration, l'action de grâces et le silence tiennent lieu d'hymnes et de cantiques, et forment toute la religion et tout son culte.

    Or, pour vous, qui êtes encore faible dans la foi, cette privation de secours sensibles, cette vie intérieure et parfaite a des dangers. Il est à craindre que ne trouvant plus autour de vous les appuis extérieurs de la piété, vous ne puissiez vous soutenir tout seul : il est à craindre que la fin des abstinences ne soit pour vous un attrait d'intempérance et de volupté ; que l'éloignement des choses saintes ne vous jette dans l'oubli de Dieu ; [...] que la rareté des prières publiques ne vous désaccoutume d'élever votre cœur à Dieu ; que le silence des chaires chrétiennes ne vous endorme sur les vérités du salut ; en un mot, que la sainte liberté de ce temps ne soit pour vous une occasion de rechute et de libertinage. »

    Jean-Baptiste Massillon (1663-1742), Sermon sur la Résurrection de Notre Seigneur, in "Sermons - Mystères", A Paris, Chez Froullé, 1792.

    mitzpe-ramon-makhtesh_1a.jpg

    Mitzpe Ramon, Désert du Negev, Israël (Crédit photo)

  • Méditation 4ème semaine de Carême : le sensualisme (4)

    Nota Bene : En lisant les lignes qui suivent, ne perdez pas de vue qu'elles ont été rédigées en 1857... Un regard lucide sur l'état du saint Sacrifice tel qu'il est célébré aujourd'hui dans de très nombreuses églises vous montrera que - hélas, mille fois hélas - la barrière est tombée, laissant le champ libre au sensualisme ici dénoncé...

    « Ce besoin de sentir, de s'émouvoir était devenu si universel et si impérieux, qu'un moment il parut vouloir envahir même la religion du sacrifice ; et si, fidèles aux traditions du Calvaire, nous n'eussions été là, armés de la croix de Jésus-Christ, pour l'arrêter au seuil de nos temples et de nos sanctuaires, le sensualisme fût venu nous demander devant les autels de Dieu crucifié des harmonies comme ses harmonies, des spectacles comme ses spectacles, et une parole comme sa parole. Il eût demandé même à l'austère prédication de l’Évangile de conspirer avec cette faiblesse du siècle, et de se faire avant tout un instrument de sensations, de vibrations et de tressaillements. Que voulez-vous ? le siècle en était venu à vouloir, même dans les choses de l'esprit, du ciel et de Dieu, l'émotion quand même, l'émotion à tout prix, l'émotion toujours. On rêvait un christianisme où rien de chrétien n'apparaissait plus ; christianisme moins l'austérité chrétienne ; christianisme moins le sacrifice chrétien ; christianisme moins Jésus-Christ même ; christianisme sensuel, rêvant d'unir dans un culte presque voluptueux tous les enivrements de la terre avec tous les enivrements du ciel. On s'était persuadé que, pour faire accepter la religion rappelée par l'instinct religieux survivant aux débauches de l'impiété, il fallait l'offrir comme une poésie pleine d'enchantements sacrés à des âmes affaiblies, qui ne cherchaient dans le christianisme qu'une correspondance de plus à leur besoin de sentir, de s'émouvoir et de rêver. Religion des poètes, des artistes et des amants de l'idéal, apparaissant à travers je ne sais quelle lumière douteuse comme une rêverie sentimentale, une douce mélancolie et une vague aspiration de la patrie dans les tristesses de l'exil. »

    R.P. C.J. Félix s.j. (1810-1891), Le Progrès par le christianisme - Conférences de Notre-Dame de Paris, Année 1857 (Troisième conférence : le sensualisme obstacle au progrès), 4e édition, Paris, Librairie d'Adrien Le Clere et Cie, s.d.

    veau-d-or_poussin_2a.jpg

    Nicolas Poussin (1594-1665), L’adoration du veau d’or
    National Gallery, Londres

  • Méditation 4ème semaine de Carême : le sensualisme (1)

    « L'empire du sensualisme dans l'homme embrasse tout à la fois le domaine des sens, de l'imagination et du cœur. Les sens constituent son principal domaine. Le sensualisme est avant tout sensation, c'est-à-dire impression, émotion, vibration et tressaillement des sens. Mais il appelle à lui, comme puissances auxiliatrices, l'imagination et le cœur. L'imagination conspire avec les sens pour leur envoyer par l'image l'impression des voluptés absentes. Le cœur lui-même, quand il n'est pas soulevé par les attractions de l'esprit, se met, lui aussi, au service des sens... »

    R.P. C.J. Félix s.j. (1810-1891), Le Progrès par le christianisme - Conférences de Notre-Dame de Paris, Année 1857 (Troisième conférence : le sensualisme obstacle au progrès), 4e édition, Paris, Librairie d'Adrien Le Clere et Cie, s.d.

    sensualisme,sens,imagination,coeur,sensation,impression,émotion,vibration,sentiment,plaisirs,volupté,passion

    « Vous le voyez, la pensée en est absente, l'intelligence en est exclue, et la volonté n'y a rien à faire. Aussi, que fait le sensualisme alors qu'il vient à se personnifier et à s'incarner dans un homme ? Il s'émeut, il tressaille, il palpite, il rêve ; il se nourrit d'images, il se repaît de sensations, il s'enivre de sentiments. Il ouvre son cœur à toutes les sympathies qui lui promettent, ne fût-ce que pour une heure, l'ivresse du sentiment ; il ouvre ses sens à tous les contacts qui lui promettent la volupté de la sensation ; il ouvre son imagination à tous les rêves qui lui montrent, par delà toutes les réalités qu'il touche, des plaisirs et des voluptés dont il remplit, pour s'en repaître, tout un monde idéal. Et pour trouver à la fois toutes ces voluptés, toutes ces images et tous ces tressaillements qu'ambitionne et poursuit sa passion de sentir, il court, il vole, il se précipite de fête en fête, de spectacle en spectacle, de festins en festins et de voluptés en voluptés. »

    R.P. C.J. Félix s.j. (1810-1891), Le Progrès par le christianisme - Conférences de Notre-Dame de Paris, Année 1857 (Troisième conférence : le sensualisme obstacle au progrès), 4e édition, Paris, Librairie d'Adrien Le Clere et Cie, s.d.

    sensualisme,sens,imagination,coeur,sensation,impression,émotion,vibration,sentiment,plaisirs,volupté,passion

  • Méditation : il est difficile d'aimer...

    « A voir les choses à la surface, rien ne paraît plus facile que d'aimer ; en réalité, rien n'est plus difficile, car depuis le péché, tout ce qu'il y a de mauvais soit en nous soit dans le monde est en révolte contre l'amour.
    Le facile, c'est de s'aimer soi-même, ou - ce qui diffère peu - d'aimer pour soi, à l'exclusion des autres, telles créatures dont les charmes empruntés nous captivent. Seulement, loin d'être de l'amour, ce n'est que de l'égoïsme sous sa double forme : égoïsme solitaire, ou égoïsme à deux. Le sacrifice n'a que faire en un tel désordre ; il en est absolument exclu.
    Mais aimer tous les hommes, les aimer comme les a aimés le Christ du Calvaire, malgré leurs défauts et leurs fautes, aimer les faibles et les petits, les pauvres, les malheureux, les délaissés, les pécheurs, jusqu'à ceux qui nous font du mal et qui nous haïssent, les aimer pratiquement et leur faire du bien, les aimer surnaturellement, pour Dieu et en Jésus, aimer ce qu'il y a en eux d'immortel et de divin, leurs âmes et l'immatérielle beauté de ces âmes, voilà le difficile !
    Et ce qui ne l'est pas moins, en un sens contraire, c'est de résister aux fascinations des choses extérieures et aux innommables entraînements de la chair ; c'est d'éviter ce double écueil placé de chaque côté de la route du cœur : la vanité où il se pulvérise et la volupté où il s'avilit ; c'est de lui imprimer enfin un coup d'aile vigoureux qui le dégage à la fois des apparences et des sens, du faux et de l'abject, et qui l'emporte jusqu'à l'Incréé à travers les mille réseaux du périssable.
    Le difficile, en un mot, c'est d'aimer dans l'ordre, comme l’Épouse des Cantiques (*), c'est d'aimer purement et saintement, c'est d'aimer Dieu dans l'homme et l'homme à cause de Dieu. »

    (*) : Ordinavit in me caritatem. Cant., II, 4.

    Abbé J.M. Buathier, Le Sacrifice dans le dogme catholique et dans la vie chrétienne (ch. XV, 2), Paris, Gabriel Beauchesne, 1920 (dixième édition).

    oiseau-soleil-2a.jpg