Méditation : "Ayez pitié de moi, pécheur !" (15 mai 2015)

« Ecoutez tous, vous qui ne savez pas encore bien prier. Quand je dis à quelqu'un, priez Dieu, conjurez-le, suppliez-le ; on me répond : je l'ai prié une fois, deux fois, trois fois, dix fois, vingt fois, et je n'ai jamais rien reçu. Ne cessez pas, mon frère, jusqu'à ce que vous ayez reçu ; la fin de la prière, c'est le don reçu. Cessez, quand vous avez reçu, ou plutôt ne cessez pas, même alors persévérez encore. Si vous n'avez pas reçu, demandez pour recevoir ; si vous avez reçu, rendez grâces pour ce que vous avez reçu. Une foule de personnes entrent dans l'église, y récitent par milliers les vers en guise de prière et s'en vont, ne se doutant pas de ce qu'elles ont dit : ce sont les lèvres qui remuent, mais le cœur n'entend pas. Comment ! tu n'entends pas toi-même ta prière, et tu veux que Dieu l'entende ? J'ai fléchi, dis-tu, les genoux ; mais ta pensée s'était envolée dehors : ton corps était dans l'église, mais ton esprit, par la ville ; ta bouche récitait la prière, mais ta pensée supputait des intérêts d'argent, s'occupait de contrats, d'échanges, de terrains, de domaines à acquérir, de réunions avec des amis. Le démon est malin, il sait que la prière est ce qui avance le plus nos progrès, c'est alors qu'il fond sur vous. Souvent nous sommes étendus sur le dos dans notre lit, sans penser à mal ; mais si nous venons pour prier, c'est alors qu'il nous envoie mille et une pensées, pour nous chasser de l'église, les mains vides.
[...]
Quoique vous soyez hors de l'église, dites, criez : Ayez pitié de moi ! ne vous contentez pas de remuer les lèvres, criez par la pensée ; ceux mêmes qui se taisent sont entendus de Dieu... Vous êtes au bain, priez ; en voyage, dans votre lit, en quelque endroit que vous soyez, priez. Vous êtes le temple de Dieu, ne vous préoccupez pas du lieu ; la volonté seule est nécessaire...
Est-ce que le Seigneur est un homme, pour qu'il vous soit nécessaire de vous rendre dans un lieu déterminé ? Dieu est toujours près de vous. Si vous demandez une personne, vous cherchez à savoir ce qu'elle fait, si elle dort, si elle est de loisir, et le serviteur ne vous répond pas. Avec Dieu, rien de pareil ; partout où vous allez, où vous l'invoquez, il vous entend ; ni occupation, ni intermédiaire, ni serviteur pour barrer le chemin. Dites : Ayez pitié de moi, et aussitôt Dieu est présent. Vous n'aurez pas cessé de parler, dit-il, que je vous répondrai, me voici. (Isaïe, LVI11, 9.) O parole, pleine de douceur ! Il n'attend pas la fin de la prière ; tu n'as pas encore fini ta prière, et tu reçois le don. »

St Jean Chrysostome, Homélie sur la Cananéenne (10-11), Œuvres traduites sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, 1856. P.G. 51, 458.
Cf. La prière, Cahiers de la Pierre-qui-Vire, DDB, 1954.
Texte intégral de l'homélie en ligne ICI.

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