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14 juillet : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

« Le serviteur de Dieu ne devrait jamais penser, parler, agir en toute chose autrement que s'il voyait Dieu face à face ; car il est aussi certain que nous sommes devant lui et qu'il nous voit, que si nous étions dans le ciel, sur le trône de la Vierge bienheureuse, quoique sa présence ne se fasse pas aussi vivement sentir ici-bas que dans la gloire. C'est pourquoi, bien qu'il soit invisible, dès lors que nous savons qu'il est près de nous, que même il réside en nos coeurs, nous ne devons parler et faire ni plus ni moins, ni autrement que s'il nous était donné de le contempler de nos propres yeux. Le serviteur d'un roi, s'il savait être proche de son maître et devant lui, bien qu'il ne pût le voir de son côté, ce serviteur, dis-je, craindrait autant que s'il se montrait à ses regards, peut-être même davantage. Il n'est, en effet, aucun serviteur qui ne redoute d'être observé par son maître ; et s'il savait d'une manière certaine que celui-ci ne peut le considérer ni connaître ce qu'il fait, il n'en aurait pour le moment aucune crainte ; tandis qu'au contraire il craindrait beaucoup s'il savait en être vu, quand même lui-même ne pourrait le voir. Combien donc plus devons-nous craindre le Seigneur, qui est avec nous et en nous, le Seigneur qui connaît tout ? Aussi est-ce pour nous un devoir d'être toujours en sa présence pleins de crainte, de respect, de dévotion, d'amour, et en même temps de honte pour nos péchés. Il est étonnant qu'une étincelle aussi faible que mon coeur ne soit pas absorbée totalement par la bonté infinie du Seigneur. Il est étonnant que le serviteur de Dieu ne se sente pas sans cesse enivré de l'amour de son maître. Je crois qu'il en serait ainsi s'il voulait bien approcher son coeur de cette charité immense. Que personne donc ne doute que plus on se met en contact avec cette divine charité, plus on acquiert de sainteté, et plus on s'avance dans la perfection. Celui qui pourrait appliquer son coeur à ce bien souverain de façon à oublier toute chose, excepté ce même bien ; celui qui tendrait à lui de tous ses efforts et se reposerait en lui sans chercher à s'éloigner trop vite d'un trésor aussi grand, celui-là, je le crois, absorbé dans une mer de douceur, se trouverait bientôt consommé en perfection. Car, au milieu des consolations et des tribulations, des injures et des honneurs, des louanges et des opprobres , il demeurerait uni inséparablement à son Seigneur, il n'aurait soif que de son Dieu et n'ambitionnerait que sa gloire. Alors il pourrait être appelé un possesseur de la patrie céleste et non un voyageur sur la terre, un homme heureux et non un misérable, un ange et non un homme mortel, un saint et non un pécheur. Si vous désirez arriver là, ô homme, voici en peu de mots le moyen : Quiconque veut être consommé en perfection, doit perdre entièrement confiance en sa propre vertu et se tourner pleinement vers la bonté infinie de Dieu, se mettre entre ses mains, avoir en lui une confiance illimitée, agir avec toute la fidélité possible et ne rien omettre de ce qu'il croit pouvoir rapporter quelque honneur à Dieu. Mais c'est là un don extraordinaire du Seigneur. Celui donc qui le possédera doit reconnaître sincèrement que ce n'est pas de lui-même, mais de son Dieu qu'il le tient, et être bien assuré que l'on ne saurait s'élever à une telle hauteur par ses propres forces ; car, par nous-mêmes, nous inclinons plutôt vers les tourments de la mort éternelle. Daigne nous garder d'une pareille mort celui qui est béni dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il. »

Saint Bonaventure, L'aiguillon de l'Amour divin (Livre II ch. IX), in "Oeuvres spirituelles de saint Bonaventure" (vol. III), traduites par M. l'Abbé Berthaumier, curé de Saint-Pallais, Paris, Louis Vivès, 1854.

Source : Abbaye Saint Benoît.

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