Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Lettre du Cardinal Robert Sarah aux paroissiens de Fontainebleau

Cardinal_Sarah_2a.jpg

Une église a été incendiée à Fontainebleau, en Seine-et-Marne, dans le diocèse de Meaux, dans la nuit du samedi 9 au dimanche 10 janvier. Trois foyers d'incendie ont été allumés dans l'église, provoquant des dégâts matériels. Un autel du XVIIe siècle, qui appartenait autrefois au château de Fontainebleau, a été détruit par le feu, et une Vierge à l'Enfant polychrome du XIVe siècle, dite de Notre-Dame-de-Flanchard, a disparu, brûlée ou volée. Les hosties consacrées ont été jetées sur le sol et un ciboire a été volé.
Mardi 12 janvier, le parquet a annoncé l'internement en psychiatrie d'un marginal de 48 ans soupçonné d'être l'auteur des profanations et des départs de feu.

Comme il ne s'agit pas d'un simple acte de vandalisme mais bien d'une profanation, Mgr Jean-Yves Nahmias, l'évêque de Meaux, présidera une Messe de réparation en l'église Saint-Louis ce dimanche 24 janvier à 10h30.

Depuis Rome, dans une lettre datée du 12 janvier, le Cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, s’associe à la douleur des paroissiens de Fontainebleau, auxquels il avait rendu visite l'an dernier, et les invite au jeûne et à la prière.

Texte intégral de la lettre du Cardinal Sarah ci-dessous.

« Chers amis,

Avec beaucoup d’émotion, je viens d’apprendre l’épreuve qui frappe votre paroisse. Il y a quelques mois, le 3 mars 2015, j’étais parmi vous. Je revois les visages des chrétiens de Fontainebleau et de leurs pasteurs.

Je revois chaque détail de cette belle église Saint-Louis où je vous avais adressé la parole. J’avais ensuite dédicacé mon livre sous le doux regard de la Vierge de Franchard, qui a malheureusement disparu dans l’incendie sacrilège. Mais le visage d’une mère ne peut disparaître. La Vierge Marie, notre tendre Mère, est encore là qui vous regarde. Elle veille sur vous et vous console de toute tristesse. Elle vous couvre de son manteau virginal pour protéger votre cœur de toute haine et de toute rancœur.

Certes vous ressentez une profonde amertume et une certaine révolte. Mais laissons les autorités civiles et judiciaires mener l’enquête et trouver les coupables. Aujourd’hui, je veux vous dire mon amitié et mon soutien. Peu importe les responsables. On a voulu brûler votre église, la détruire. Au travers du bâtiment, c’est Jésus, notre Seigneur et notre Dieu, qu’on attaque frontalement ; c’est votre communauté et toute l’Église qui est visée, qui est touchée. Quand un lieu consacré au culte de Dieu est attaqué, le cœur de chaque chrétien est comme brisé. Aujourd’hui, je veux vous dire que mon cœur de pasteur souffre avec vous.

Les profanateurs s’en sont pris au Saint-Sacrement, traitant avec haine et mépris le Dieu Tout-Puissant, qui s’est fait petit et faible pour nous sauver. Prions pour eux, pour que la haine diabolique cède la place en leurs âmes à la crainte respectueuse de Dieu et à l’adoration reconnaissante. En vérité, c’est leur cœur, habité par Satan, qui est profondément profané.

Mes chers amis, ne vous étonnez pas de faire l’expérience du rejet et de la haine. L’amour de Dieu pour les hommes, qui s’est manifesté à nous lors de la Nativité, a déclenché la colère du Diable. Souvenez-vous que l’horreur du massacre des saints Innocents a suivi de peu la joie de Noël. Quand Dieu révèle sa douceur et son Amour, le monde répond par la violence aveugle et gratuite. Comment s’étonner que l’Enfant-Jésus de votre crèche ait été dérobé ?

L’Église est dans le monde comme un signe de contradiction ! Plus elle prêche Celui qui est « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 4, 6), plus elle dérange et plus elle est rejetée.

Les communautés chrétiennes, les églises, rappellent sans cesse au monde ce qu’il refuse d’entendre : c’est par la Croix que nous sommes sauvés. La Croix révèle tout à la fois l’amour infini de Dieu et l’insondable misère de l’homme. Comment s’étonner que le signe de la croix déclenche tant de haine et que la croix de Guise ait été elle aussi profanée ?

« Le serviteur n’est pas plus grand que le maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront vous aussi », nous a prévenu Jésus (Jean XV, 20).

De nombreux chrétiens sont aujourd’hui persécutés à travers le monde dans le silence assourdissant des médias et l’indifférence complice des puissants. Comme je vous le disais le 3 mars dernier sur les lieux mêmes qui sont aujourd’hui profanés : «Les martyrs sont non seulement la présence physique de Jésus dans un monde hostile et fermé à l’Évangile, mais ils sont aussi la réponse la plus radicale de l’homme à l’amour de Dieu. Il n’y a pas en effet de plus grande preuve d’amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Dieu s’est réellement donné à nous jusqu’à la mort. C’est par la mort que nous répondons de façon vraie et totale à l’amour de Dieu». Toutefois, « le sang des martyrs chrétiens n’exige ni vengeance, ni punition, mais il est pardon et réconciliation. Le martyr représente un témoignage d’amour et un exemple de foi pour ceux qui s’ouvrent au Dieu de miséricorde et de vérité » (Dieu ou Rien, Fayard, 2015, p.407-408).

Vous n’avez pas eu à souffrir dans votre chair, mais c’est votre église qui a été touchée par ceux qui éprouvent de la haine pour Christ. Réagissez avec l’esprit des martyrs. Demeurez dans la paix et la confiance. Soyez prêts à tout donner par amour pour Jésus. Vous rebâtirez votre église par un surcroît de Foi et de charité. Que cette épreuve fortifie vos cœurs et votre communauté. Que la Vierge de Frauchard vous garde et vous guide.

Prions et jeûnons pour consoler le Cœur de Dieu meurtri par l’indifférence des hommes. Adorons Jésus dans la sainte Eucharistie pour réparer le sacrilège. Prions pour nos persécuteurs qui se détruisent et ruinent eux-mêmes par la haine qui habite leur cœur.

À votre curé le père José Antonini, à chacun de vous, je dis ma prière et mon amitié.

Je vous bénis du fond du cœur. »

Cardinal Robert Sarah

Source : Radio Vatican.

Les commentaires sont fermés.