« Les mages, avant l'apparition de l'étoile, vivaient dans les ténèbres de la gentilité, et probablement leur vie laissait bien à désirer. Mais sitôt qu'ils ont vu l'étoile et entendu la grâce qui les appelle, ils se convertissent, quittent tout pour être entièrement à Jésus-Christ, et se livrent à la grâce pour la suivre avec simplicité et courage. A dater de ce moment, ce ne sont plus des hommes du monde, ce sont des hommes tout célestes ; ils vivent et meurent en saints, tellement que depuis dix-huit siècles l’Église leur rend un culte public et les honore du titre de saints. La cathédrale de Cologne conserve leurs corps avec respect, et les fidèles aiment à aller prier devant leurs restes vénérables.
Pourquoi ne correspondons-nous pas comme eux à notre sainte vocation ? pourquoi tant tenir au monde ? pourquoi ne pas le quitter, au moins d'affection, méprisant ce qu'il estime, estimant ce qu'il méprise, haïssant ce qu'il aime et aimant ce qu'il hait ? Pourquoi, après tant de sollicitations de la grâce qui nous presse, écouter encore la lâcheté qui nous retient, le caprice qui change, la paresse qui ne veut pas se gêner et l'amour-propre qui s'idolâtre ? Que ce bel exemple des mages nous réveille enfin, et nous fasse entrer dans une vie meilleure. »
Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année, Tome I (6 janvier, Vocation des mages, Second Point), Paris, Victor Lecoffre, 1886.
« La ville de Cologne ne serait pas ce qu'elle est sans les Rois Mages, qui ont tant de poids dans son histoire, dans sa culture et dans sa foi. Ici, l’Église célèbre toute l'année, en un sens, la fête de l’Épiphanie ! C'est pourquoi, avant de m'adresser à vous, chers habitants de Cologne, j'ai voulu me recueillir quelques instants en prière devant le reliquaire des trois Rois Mages, rendant grâce à Dieu pour leur témoignage de foi, d'espérance et d'amour. Parties de Milan en 1164, les reliques de ces Sages d'Orient, escortées par l'Archevêque de Cologne, Reinald von Dassel, franchirent les Alpes pour arriver à Cologne, où elles furent accueillies avec de grandes manifestations de liesse. Se déplaçant à travers l'Europe, les reliques des Mages ont laissé des traces évidentes, qui subsistent encore aujourd'hui dans les noms de lieu et dans la dévotion populaire. Pour les Rois Mages, Cologne a fait fabriquer le reliquaire le plus précieux de tout le monde chrétien et a élevé au-dessus de lui un reliquaire encore plus grand : la Cathédrale de Cologne. Avec Jérusalem, la "Ville Sainte", avec Rome, la "Ville éternelle", avec Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne, Cologne, grâce aux Mages, est devenu au fil des siècles un des lieux de pèlerinage les plus importants de l'Occident chrétien. »
Benoit XVI, extrait du discours prononcé lors de sa visite à la Cathédrale de Cologne, à l'occasion des XXe Journées Mondiales de la Jeunesse, le 18 août 2005.
Châsse des Rois Mages dans la Cathédrale de Cologne
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