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abbé hamon

  • Méditation - pèlerins sur la terre

    « Voyant mon Sauveur monter au ciel, je comprends que nous ne sommes ici-bas qu'en passant. Exilés, nous voyageons vers la patrie, gémissant dans l'attente de ce beau ciel où se fera l'adoption parfaite des enfants de Dieu (1). Plein de la même pensée, saint Pierre disait aux fidèles : Je vous conjure de vous abstenir de toute attache à ce qui passe, et de vous regarder ici-bas comme des étrangers en voyage, qui dressent leur tente le soir pour la lever le lendemain (2). Or c'est à la vue de Jésus-Christ montant au ciel et étalant à nos yeux dans la gloire tout le bonheur qui nous y attend, que ces hauts sentiments doivent se réveiller en nous. Appelés à de si sublimes destinées, nous ne pouvons plus nous attacher aux biens si petits, si misérables, si passagers de la vie présente. Appelés à une félicité infinie, nous devons dédaigner les jouissances mensongères que donnent l'amour-propre, la satisfaction des sens, l'usage des biens temporels. Appelés à une gloire incomparable, nous devons compter pour rien la gloire si fausse du monde, l'opinion des hommes, l'éclat des honneurs, et dire avec saint Ignace : Oh ! que la terre me semble vile quand je regarde le ciel (3) ! et avec saint Paul : Tout ne m'est rien, pourvu que je gagne Jésus-Christ (4). »

    1. Rom. VIII, 23. - 2. I Petr. II, 11. - 3. Quam sordet tellus cum caelum aspicio ! - 4. Omnia... arbitror ut stercora, ut Christum lucrifaciam. (Philipp. III, 8).

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année, Tome II (Vendredi d'après l'Ascension, Méditation pour le matin, premier point), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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  • Méditation - Effets merveilleux de la vocation des mages

    « Les mages, avant l'apparition de l'étoile, vivaient dans les ténèbres de la gentilité, et probablement leur vie laissait bien à désirer. Mais sitôt qu'ils ont vu l'étoile et entendu la grâce qui les appelle, ils se convertissent, quittent tout pour être entièrement à Jésus-Christ, et se livrent à la grâce pour la suivre avec simplicité et courage. A dater de ce moment, ce ne sont plus des hommes du monde, ce sont des hommes tout célestes ; ils vivent et meurent en saints, tellement que depuis dix-huit siècles l’Église leur rend un culte public et les honore du titre de saints. La cathédrale de Cologne conserve leurs corps avec respect, et les fidèles aiment à aller prier devant leurs restes vénérables.

    Pourquoi ne correspondons-nous pas comme eux à notre sainte vocation ? pourquoi tant tenir au monde ? pourquoi ne pas le quitter, au moins d'affection, méprisant ce qu'il estime, estimant ce qu'il méprise, haïssant ce qu'il aime et aimant ce qu'il hait ? Pourquoi, après tant de sollicitations de la grâce qui nous presse, écouter encore la lâcheté qui nous retient, le caprice qui change, la paresse qui ne veut pas se gêner et l'amour-propre qui s'idolâtre ? Que ce bel exemple des mages nous réveille enfin, et nous fasse entrer dans une vie meilleure. »

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année, Tome I (6 janvier, Vocation des mages, Second Point), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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    « La ville de Cologne ne serait pas ce qu'elle est sans les Rois Mages, qui ont tant de poids dans son histoire, dans sa culture et dans sa foi. Ici, l’Église célèbre toute l'année, en un sens, la fête de l’Épiphanie ! C'est pourquoi, avant de m'adresser à vous, chers habitants de Cologne, j'ai voulu me recueillir quelques instants en prière devant le reliquaire des trois Rois Mages, rendant grâce à Dieu pour leur témoignage de foi, d'espérance et d'amour. Parties de Milan en 1164, les reliques de ces Sages d'Orient, escortées par l'Archevêque de Cologne, Reinald von Dassel, franchirent les Alpes pour arriver à Cologne, où elles furent accueillies avec de grandes manifestations de liesse. Se déplaçant à travers l'Europe, les reliques des Mages ont laissé des traces évidentes, qui subsistent encore aujourd'hui dans les noms de lieu et dans la dévotion populaire. Pour les Rois Mages, Cologne a fait fabriquer le reliquaire le plus précieux de tout le monde chrétien et a élevé au-dessus de lui un reliquaire encore plus grand : la Cathédrale de Cologne. Avec Jérusalem, la "Ville Sainte", avec Rome, la "Ville éternelle", avec Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne, Cologne, grâce aux Mages, est devenu au fil des siècles un des lieux de pèlerinage les plus importants de l'Occident chrétien. »

    Benoit XVI, extrait du discours prononcé lors de sa visite à la Cathédrale de Cologne, à l'occasion des XXe Journées Mondiales de la Jeunesse, le 18 août 2005.

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    Châsse des Rois Mages dans la Cathédrale de Cologne
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  • Méditation - La Présentation de la Sainte Vierge

    « Voyons-la, cette sainte enfant : elle renonce au monde et à ses espérances, à sa famille et à toutes les joies du foyer domestique, à toutes les aises de la vie, pour embrasser l'austérité de la vie commune ; à sa volonté propre, pour ne plus vivre que d'obéissance, à ses sens et à son corps par le vœu de virginité, à tout ce qui n'est pas Dieu, pour être uniquement à Dieu ; enfin elle sacrifie tout ce qu'elle a, tout ce qu'elle est, tout ce qu'elle peut (1). Apprenons de là à nous donner à Dieu sans réserve ni partage. Nous appartenons tout entiers au Seigneur, tout entiers parce qu'il nous a créés, tout entiers parce qu'il nous a rachetés au prix de son sang (2). Corps et âme, tout est à lui, et nous n'en pouvons disposer que selon son bon plaisir. Aussi ne veut-il point des cœurs partagés. Avec lui, c'est tout ou rien. Il hait la rapine dans l'holocauste (3) ; et lui donner presque tout, ce n'est pas un acte religieux ; retenir la moindre chose, c'est de l'injustice et de la fraude (4). Oh ! que cette doctrine est peu comprise ! On se donne à Dieu en gros et l'on se reprend en détail. On donne à Dieu une partie de soi, mais à condition d'en garder une autre. On se donne à Dieu pour une bonne œuvre, mais à condition de garder son avarice, son amour-propre, sa volonté, son caractère.

    La Sainte Vierge, après s'être donnée une fois à Dieu, ne s'est jamais reprise ; elle a toujours persévéré dans l'immolation de tout son être au Seigneur et n'a vécu que pour lui. Que nous sommes loin de ce beau modèle ! Dans un moment de ferveur, nous sommes tout à Dieu. Que le dégoût ou l'ennui survienne, nous sommes tout à nous-mêmes. Que nous ayons à craindre le qu'en dira-t-on, nous quittons le bien commencé : la dissipation succède au recueillement, la tiédeur à la ferveur, l'amour de soi à l'amour de Dieu, d'où il résulte que notre vie est une alternance continuelle de bien et de mal, de vertu et de vice, de retours et de rechutes. Nous promettons sans tenir, nous projetons sans exécuter. Ce n'est pas ainsi qu'on se sauve. On n'arrive au salut que par une volonté ferme et constante de marcher toujours dans la ligne du devoir lors même qu'il déplaît. Là est le salut, et nulle part ailleurs. Examinons-nous : sont-ce là nos dispositions ? »

    1. Totam se Deo devovit (S. Bernard) - 2. Si totum me debeo pro me facto, quid pro refecto, et refecto hoc modo ? (S. Bernard, De Diligendo Deo, V) - 3. Isaïe LXI, 8. - 4. Non devotionis est dedisse prope totum, sed fraudis est retinuisse vel minimum.

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année, Tome III (La Présentation de la Sainte Vierge, Deuxième et Troisième Points), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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  • Méditation - La parabole du débiteur impitoyable : nos devoirs envers la miséricorde de Dieu

    « Nous devons 1° l'aimer, car n'est-elle pas infiniment aimable, la miséricorde de ce Dieu qui, offensé partout, à tous moments, par toutes sortes de personnes, et en toutes manières, supporte tout en silence et comble de biens ceux-là même qui l'offensent ; cette miséricorde, qui pouvait nous faire mourir quand nous étions en péché, qui nous a supporté jusqu'à ce jour (1), où il nous offre le pardon avec son paradis et nous conjure d'accepter l'un et l'autre ? Bonté touchante, que nous figure le roi de notre évangile, lequel a pitié de son serviteur et lui laisse le temps de s'acquitter (2).

    Nous devons 2° avoir confiance aux divines miséricordes. Oh ! que ceux-là entendent mal la bonté de Dieu, qui s'en défient, se découragent, se désolent et disent : Le ciel m'abandonne ; je ne me sauverai pas ! Comprenons mieux Dieu et ses miséricordes. Au service d'un Dieu si bon, se sauve qui veut : il suffit de le vouloir. Quelles que soient nos misères, nous devons toujours avoir courage et confiance, lutter contre les obstacles, et tenir pour assuré que nous serons sauvés si nous le voulons. Quelques revers que Dieu nous envoie, souvenons-nous qu'il ne frappe que pour guérir.

    3° Nous devons imiter les miséricordes de Dieu dans nos rapports avec le prochain. Le serviteur de l’Évangile, après avoir obtenu sa grâce, ne voulut point l'accorder à son compagnon ; le roi l'apprend, le mande, et rétracte la grâce accordée : J'avais eu pitié de vous, lui dit-il, ne deviez-vous pas aussi avoir pitié de votre compagnon ? Ainsi, remarque Jésus-Christ, fera le Père céleste à quiconque ne pardonnera pas à son frère du fond du cœur. Point donc de pardon pour qui ne pardonne pas, pour qui conserve du ressentiment des torts reçus. Dieu souffre toutes nos fautes sans se venger, sans s'emporter, sans même laisser voir qu'il est mécontent. C'est pour nous apprendre qu'il ne faut pas être si sensibles au mal qu'on nous fait, ou que nous nous imaginons qu'on a voulu nous faire ; ni être impatients, colères, vindicatifs, implacables, souvent pour des riens ; qu'il faut, au contraire, être toujours bons, doux, indulgents, miséricordieux, comme notre Père céleste (3), et avoir comme lui grande pitié des misères de l'humanité dans la personne de nos frères. »

    1. "qui solem suum oriri facit super bonos et malos, et pluit super justos et injustos" : il fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes (Mt V, 45) - 2. "Misertus autem dominus servi illius dimisit eum" : Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir (Mt XVIII, 27). - 3. "Estote ergo misericordes sicut et pater vester misericors est" : Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux (Lc VI, 36 ; cf. Mt V, 48).

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année, Tome III (Vingt et unième dimanche après la Pentecôte, Second Point), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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    Eugène Burnand (1850-1921), le débiteur impitoyable
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  • Méditation - Amende honorable et demandes à l'Esprit-Saint

    « Que de reproches n'ai-je pas ici à me faire, et à combien de réparations ne suis-je pas tenu envers l'Esprit-Saint ! Tant de fois je n'ai tenu aucun compte de ses grâces ! Il m'a inspiré de faire le bien, et j'ai fermé l'oreille à sa voix ; il a insisté, et j'ai encore fait résistance. O insolence ! ô lâcheté ! Je ne voudrais pas tourner le dos à un homme vénérable qui me parlerait, et lui manquer jusqu'à ne tenir aucun compte de ses pressantes recommandations. Il n'y a qu'envers vous, ô Esprit adorable ! ô troisième personne de la sainte Trinité, que j'ose me permettre une telle incivilité : je désobéis à vos inspirations, je ne me rends point à vos conseils. Ah ! je sens aujourd'hui ma faute ; je vous en demande pardon avec un esprit humilié et un cœur contrit. Je vous en offre réparation et amende honorable.

    Pardon, mon Dieu ! mille fois pardon ! Oubliez le passé et laissez-moi vous demander pour l'avenir de nouvelles grâces, dont je veux mieux profiter. Je suis un pauvre qui n'ai rien ; et, pressé par le sentiment de ma misère et celui de vos miséricordes, je viens vous demander, ô Esprit divin ! l'aumône de votre grâce, sans laquelle je ne peux rien (1), l'aumône des bonnes pensées, des bons désirs, des pieux mouvements, des fortes résolutions qui font les saints. Je vous ouvre la bouche de mon cœur par l'ardeur de mes prières (2). Venez, père des pauvres, lumière des cœurs ; ô bienheureuse lumière ! venez en moi. Que la lumière de votre grâce éclaire mon intelligence ; que le feu de votre amour embrase mon cœur (3). Pour me sauver, je compte non point sur moi, mais sur vous, qui vous communique à ceux qui vous implorent (4). »

    1. Cor. XII, 3. - 2. Ps. CXVIII, 131. - 3. Prosa et hymn. Pentecost. - 4. Luc. XI, 13.

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année, Tome II (Lundi de la Pentecôte, Second Point), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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  • Méditation - Mercredi des Rogations : « Père, non pas ma volonté, mais la vôtre »

    « Nous demandons souvent à Dieu des avantages temporels, le priant de disposer les événements au gré de notre orgueil ou de notre ambition, de notre vanité ou de notre sensualité, d'écarter de nous toutes les croix, toutes les maladies, la mort de toutes les personnes chères, enfin toutes les calamités temporelles. Ce n'est pas que ces demandes soient condamnables en elles-mêmes, pourvu qu'on ajoute : Mon Dieu, que non pas ma volonté se fasse, mais la vôtre ; si vous voyez qu'il vaut mieux que je ne sois pas exaucé, ne m'exaucez pas : autrement elles seraient mauvaises. [...]

    Tout en demandant à Dieu les biens spirituels, nous ne lui demandons ce qu'il faut qu'autant que nous nous en rapportons à lui pour le temps et la manière de nous les accorder ; car tantôt nous ne sommes pas préparés à recevoir utilement ce que nous demandons ; tantôt il nous vaut mieux avoir le temps d'apprécier notre misère, demander plus longtemps pour accroître nos mérites et enflammer nos désirs par le délai. Vouloir trop vite les meilleures choses, ce n'est pas demander ce qu'il faut.

    Nous conformons-nous à ces règles, soit pour l'ordre temporel, soit pour l'ordre spirituel ? »

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année, Tome II (Mercredi des Rogations, Premier Point), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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  • Méditation - Mardi des Rogations : la ferveur dans la prière

    « La ferveur dans la prière n'est autre chose que ces désirs ardents d'être exaucés qui s'exhalent en pieux gémissements par lesquels, sous l'inspiration de l'Esprit-Saint, on prie Dieu comme un enfant, dans une extrême détresse, prie et sollicite un père (1). [...] Pour comprendre combien fervents doivent être les désirs dont il faut accompagner la prière, il suffit de considérer la grandeur soit des biens que nous prions Dieu de nous accorder, soit des maux dont nous le prions de nous préserver.

    Nous lui demandons les dons de son Esprit-Saint ; ses grâces, dont la moindre vaut mieux que tous les empires ; ses vertus, dont la moindre participation l'emporte sur tous les trésors imaginables. Nous lui demandons le sang adorable de son Fils, ses mérites, son humilité, sa charité, sa douceur, toutes ses perfections. Or n'est-il pas évident que des biens si grands doivent être grandement désirés ; que les demander avec indifférence ou même avec peu d'ardeur, c'est en méconnaître l'excellence, c'est s'en rendre indigne ?

    Les grandes choses doivent être demandées avec grande affection, et la véhémence du désir doit être proportionnée à leur excellence. Examinons si c'est ainsi que nous demandons à Dieu ses grâces. »

    1. Rom. VIII, 26, 15.

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année, Tome II (Mardi des Rogations, Premier Point), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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  • Méditation - Lundi des Rogations - Une confiance filiale dans la prière

    « Ô mon Dieu, ne connaissez-vous pas tous mes besoins, puisque rien n'échappe à votre science infinie ? ne pouvez-vous pas les soulager, puisque vous êtes le Tout-Puissant ? ne voulez-vous pas les soulager, puisque vous êtes le Dieu infiniment bon, qui aime tant à se communiquer, qu'on dirait que vous avez comme un besoin de donner, égal au besoin que nous avons de recevoir ? « Vous avez, dit saint Augustin, placé à la porte de votre palais la miséricorde, avec mission d'accueillir tous ceux qui se présentent, de blâmer et de convier ceux qui tardent à venir. Vous n'avez encore rien demandé, leur criez-vous : demandez, et vous recevrez ; frappez, et l'on vous ouvrira. Mes anges sont là, non pour vous fermer la porte, mais pour vous l'ouvrir ; non pour vous repousser, mais pour vous introduire ; non pour éloigner vos requêtes, mais pour les présenter et les appuyer. Venez donc ; frappez avec confiance : je ne laisserai point périr de faim le juste à ma porte. » - « Je le crois, ô mon Dieu ! dit ailleurs le même saint Docteur ; car votre porte aime à voir une affluence de suppliants qui frappent, qui crient, qui importunent ; vos trésors souffrent et s'affligent de n'être point demandés et de ne point se répandre. »

    Aussi voulez-vous être appelé du nom de Père, plutôt que du nom de Juge et de Seigneur, pour nous montrer qu'ayant envers nous un amour de père, vous voulez que nous ayons envers vous une confiance d'enfant. Et comment ne l'aurais-je pas, Seigneur ? Si les hommes, tout méchants qu'ils sont, ne donnent pas à leurs enfants un caillou pour du pain, un serpent pour un poisson, un scorpion pour un œuf, vous le plus tendre des pères, pourriez-vous nous refuser votre esprit et vos grâces, vous dont la science sait tout, dont la puissance peut tout, et dont la bonté nous veut tant de bien ?

    O Dieu ! mon Père, je vous dirai donc avec David : J'ai mis en vous ma confiance. Je suis un pupille qui n'a d'autre soutien que vous (1) ; je fais appel à votre coeur, et il me semble l'entendre qui me répond : Confiez-vous en moi, je suis le père des orphelins (2).

    - Est-ce avec cette confiance filiale que nous parlons à Dieu dans la prière ? »

    1. Ps. X, sec Hebr., 14. - 2. Ps. LXVII, 6.

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année, Tome II (Lundi des Rogations, Premier Point), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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  • Méditation : tentation et paix intérieure

    « Pourquoi dans la tentation es-tu triste, ô mon âme, et pourquoi me troubles-tu ? (1) Examinons devant Dieu s'il y a raison de perdre la paix dans ces circonstances. Serait-ce que nous croirions que la tentation en elle-même est un péché ? Mais Jésus-Christ, mais tous les saints ont été tentés ; mais aucune pensée mauvaise, aucune imagination, même la plus hideuse, n'est en soi un péché ; toutes ces pensées et imaginations sont sans cesse sous le regard de Dieu, qui voit tout, et elles ne souillent en rien sa pureté infinie.
    Serait-ce que nous craindrions d'avoir consenti à la tentation ? Mais quand même nous y aurions consenti, il ne faudrait pas nous en troubler, [car] même après ses chutes il faut garder la paix, et que la perdre serait une faute ajoutée à une autre faute. Puis, si la tentation nous a déplu, molestés, contristés ; si elle nous a inspiré de l'horreur, si nous ne l'avons subie que malgré nous et contre notre volonté, nous avons eu en cela même la preuve que nous n'avons pas consenti. On ne pèche que par la volonté ; ce qui est contre la volonté ne peut être imputable.
    Serait-ce que nous craindrions de consentir plus tard ? Mais pourquoi perdre la confiance en Dieu et ne pas espérer qu'il nous soutiendra, si nous le prions bien, si nous nous défions de nous-mêmes, si nous évitons les occasions et ne présumons pas de nos propres forces ?
    Serait-ce enfin que cette vie de combats et de luttes nous ennuie ? Mais 1° nous pouvons amoindrir ces combats et ces luttes en méprisant le tentateur jusqu'à ne pas daigner penser à lui pour lui répondre, jusqu'à lui tourner le dos au lieu de nous battre avec lui, [...] laissons le démon aboyer au dehors sans en tenir aucun compte, et continuons en paix ce que nous avons à faire. 2° Nous pouvons diminuer nos tentations en n'y réfléchissant pas, quand elles sont passées, pour voir si nous y avons consenti, parce qu'y réfléchir, ce serait un moyen de les faire revivre ; nous ne devons nous les rappeler qu'en gros, pour réveiller en nous la vigilance, l'esprit de prière, et nous abîmer devant Dieu, d'une part dans le sentiment de notre misère, comme sainte Thérèse, qui disait : « O Dieu ! que je ne vaux rien ! Voilà bien ce que mon mauvais fonds peut produire, voilà bien de l'herbe de mon jardin » ; d'autre part, dans l'admiration et l'amour de la bonté divine : « O Dieu ! que vous êtes bon d'abaisser votre amour jusqu'à moi ! »
    Est-ce ainsi que nous nous conduisons dans les tentations ? »

    1. Ps XLI 6, 12.

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome II, Jeudi de Quasimodo, Premier Point), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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  • Méditation : Annonciation de la Bienheureuse Vierge Marie

    « Quelle humilité d'abord en Marie ! L'Ange l'appelle pleine de grâces ; et elle ne s'estime qu'une pauvre indigente, qui n'a rien que ce qu'elle a reçu du Seigneur. L'Ange l'appelle bénie entre toutes les femmes ; et elle ne s'estime qu'une femme de rien, que Dieu a élevée par bonté pure. L'Ange lui dit : Vous avez trouvé grâce devant Dieu ; et elle répond : C'est qu'il a regardé ma bassesse. L'Ange lui dit enfin : Vous êtes mère de Dieu ; et elle répond : Je suis sa servante. Tant d'humilité lui vaut de devenir à l'instant mère de Dieu, dit saint Bernard. Oh ! qu'il est donc bien vrai que les eaux de la grâce descendent dans les âmes humbles, ainsi que les pluies du ciel dans les vallées profondes, et que, comme les métaux précieux se trouvent cachés dans les entrailles de la terre et les perles au fond de la mer, c'est dans les âmes humbles que Dieu fonde les plus hautes vertus. L'humilité plaît tant à Dieu, qu'en venant sur la terre il en fait sa vertu propre et spéciale.

    Pour le comprendre, élevons-nous par delà tous les cieux, avançons-nous de hauteurs en hauteurs jusqu'à cette sublime solitude où le place l'excellence infinie de son être, à une distance incommensurable de tout être créé. Voilà le point de départ qui nous servira à mesurer l'humilité du Verbe incarné. Il descend d'abord à l'ordre brillant des séraphins ; déjà pour un Dieu la descente est immense : c'est l'infini à traverser ; il descend, il descend encore, il arrive jusqu'à notre nature. C'est dans notre boue qu'il veut sa majesté. Mais dans cette boue, il y a divers degrés. Il est de la boue qui brille sous l'éclat de l'or et de la pourpre. Faux éclat sans doute ; mais enfin cela brille : le Verbe de Dieu n'en veut pas. Il descend donc toujours : il trouve une étable d'abord, puis une chaumière d'ouvrier ; il trouve une pauvre ouvrière ignorée qui gagne son pain en travaillant : il descend encore, et il se cache dans ses entrailles ; il élit en cette obscure prison son premier domicile sur la terre. O abîme d'humilité ! Qui après cela voudra encore de l'estime et de la gloire ? qui voudra se montrer, se faire regarder, se faire applaudir ? qui n'aimera la vie cachée ? »

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome I, 25 mars : Fête de l'Annonciation, Second Point), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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  • Méditation : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5, 48) - Désirons-nous la perfection ?

    « Un désir ardent ne connaît rien d'impossible et rend capable de tout. Que l'amour de Madeleine est admirable ! et combien est ardent, combien intrépide le désir qui la consume de retrouver Jésus ! Heureuse l'âme qui aime Jésus jusqu'à le désirer ainsi ! Dieu fait de nos désirs la mesure de ses bienfaits, et auprès de lui les plus grands biens ne coûtent souvent qu'un désir. S'il diffère quelquefois de nous exaucer à l'instant même, ce n'est que pour nous faire désirer ses biens davantage, et nous les faire mieux apprécier quand il nous les donne. Oh ! si nous désirions posséder Jésus en nous par le recueillement et l'amour, je ne dis pas comme le désirait Madeleine, mais seulement comme l'homme du monde désire la fortune et la gloire, que nous serions promptement saints !
    Notre grand malheur, c'est de ne pas aimer, et par conséquent de ne pas désirer ardemment notre perfection. On perd une bagatelle, on s'en attriste ; on perd Jésus en perdant le recueillement, l'humilité, la patience, la mortification, la charité, et l'on n'en a aucune douleur, et l'on ne dit pas comme Madeleine : Dites-moi où il est ; je suis prêt à tout faire pour le recouvrer. Prions Notre-Seigneur de mettre dans notre cœur ces désirs ardents qui font les saints. »

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome II, Jeudi de Pâques, Premier Point), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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    Antonio Allegri da Correggio (v.1489-1534), Noli me tangere, 1525
    Museo Nacional del Prado, Madrid (Spanish Royal Collection)

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  • Méditation : du détachement

    « Tant que nous tiendrons à quelque chose ici-bas, tant qu'il y aura sur la terre quelque objet qui nous enchaînera, nous ne ferons que ramper misérablement dans les mêmes voies, que tournoyer dans le labyrinthe de nos misères au lieu d'avancer dans les routes de la vertu ; nous languirons au lieu de vivre et de nous fortifier. Notre âme eût-elle les ailes de la colombe que demandait le Roi-Prophète pour s'envoler dans le sein de Dieu, tant qu'elle restera attachée, ne fût-ce que par un fil, elle ne fera jamais que se débattre et se tourmenter péniblement autour de ce qui la retient, sans jamais prendre son essor. Mais aussi, si cette âme a enfin le courage de rompre ses liens, si elle se laisse conduire par Notre-Seigneur jusque sur la montagne (1), et que de là elle foule aux pieds tous les vains objets de ses attaches, aussitôt commenceront pour elle les progrès dans la perfection. Dans un seul jour et avec moins de peine, elle fera plus de chemin qu'elle n'en a fait pendant tout le temps qu'elle traînait le poids qui l'attachait. Rien ne retardera sa course, rien ne gênera ni ne distraira sa marche ; elle s'avancera avec aisance et liberté : car, dit l'Imitation, "quoi de plus libre que celui qui ne tient à rien sur la terre" (2) ?

    Si donc nous voulons devenir solidement vertueux, il faut nous détacher de tout ce qui flatte la vanité, de tout ce qui entretient la mollesse, de tout ce qui pique la curiosité, des inutilités qui amusent, des nouvelles qui distraient, des hommes qui dissipent ; il faut renoncer à la passion du plaisir et de la jouissance, et ne plus tant tenir à toutes les commodités de la vie ; il ne faut satisfaire à la nécessité qu'avec discernement, ne prendre des choses que le vrai besoin, et n'y toucher, pour ainsi dire, que légèrement et en passant, comme les soldats de Gédéon, ou comme Jonathas, qui prend du miel du bout de sa baguette sans s'arrêter. Il faut surtout nous détacher de nous-mêmes, de nos goûts et de notre humeur, de notre volonté propre et de ses fantaisies, de notre amour-propre et de son ambition, qui cherche à se placer en tout ce qu'on dit et à se retrouver en tout ce qu'on fait ; il faut rompre cette attache excessive à la santé qui rend si délicat, difficile sur tout ce qui contrarie et gêne les sens ; il faut enfin s'élever au-dessus de soi-même (3), et, sous peine de se perdre, vider son cœur de tout ce qui n'est pas Dieu.

    Où en sommes-nous de ce détachement universel ? C'est là une chose plus grave qu'on ne pense. Songeons-y sérieusement, et travaillons-y chaque jour. »

    1. In montem excelsum. (Mt XVII, 1). - 2. Quid liberius nil desiderante in terris ? (III "Imit." XXXI, 1). - 3. Levavit super se. (Je. III, 28).

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome I, Deuxième dimanche de Carême, Second Point), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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  • Méditation : Les 5 conditions d'une parfaite conversion

    « Pour une parfaite conversion, il faut
    1° une confiance dans les miséricordes divines, qui, par l'assurance du pardon, soutienne le courage, anime à bien faire et dispose à aimer. Or, nulle part la miséricorde divine ne se montre mieux que dans le grand miracle de la conversion de saint Paul. Il y a là de quoi encourager quiconque serait tenté de s'attrister de ses misères et de se défier des divines miséricordes. Il faut
    2° un parfait abandon de soi-même à la volonté de Dieu, qui laisse le gouvernement de tout son être au bon plaisir divin. Or, point de plus beau modèle de cet abandon que saint Paul, au jour de sa conversion : Seigneur, que voulez-vous que je fasse (1) ? dit ce grand apôtre. En ce seul mot est renfermée toute la vie parfaite ; n'avoir plus de désir que celui de plaire à Dieu, plus de volonté que la volonté divine : voilà le commencement, la suite et la consommation de la perfection. Il faut
    3° un détachement complet de tout ce qui passe, pour n'estimer plus que les biens éternels et ce qui y conduit. Or c'est ce que nous enseigne encore la cécité dont saint Paul demeure atteint pendant trois jours. Il tient ses yeux fermés à toutes les choses de la terre ; les biens célestes sont tout pour lui. Il faut
    4° une humble docilité à se laisser conduire. Quiconque se fie à moi se fie en un insensé, dit saint Bernard (2). Or, c'est ce que nous apprend le renvoi de saint Paul à Ananie.
    5° Enfin, il faut un dévouement entier à la gloire de Dieu et au bien du prochain. Or, inutile de dire comment saint Paul a rempli cette condition. Mais nous, comment remplissons-nous les cinq conditions d'une parfaite conversion ? Examinons-nous et jugeons-nous sévèrement. »

    1. Domine, quid me vis facere ? (Ac. IX, 6) - 2. Qui sibi confidit, stulto se discipulum subdit (S. Bern., Ep. LXXXVII.)

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome I, 25 janvier, Second Point), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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    Ananias restaurant la vue de St Paul, Pietro da Cortona (v.1596-1669)
    église des Capucins, S. Maria della Concezione, Rome

    (crédit photo)

  • Méditation : Le Saint Nom de Jésus-Christ (1)

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    « O Seigneur mon Dieu, que votre nom est grand et admirable ! Il est, au jugement de saint Paul, une digne récompense de vos humiliations et de vos souffrances. En l'entendant prononcer, toute créature doit s'incliner, tout genou doit fléchir, au ciel, sur la terre, dans les enfers, et toute langue doit confesser que votre gloire est incomparable (1). Votre nom est grand par son origine : c'est du ciel qu'il nous vient ; un ange l'a recueilli de la bouche du Père céleste et l'a apporté à la terre. Il est grand par sa signification : car il signifie Sauveur, c'est-à-dire une personne infinie en charité jusqu'à se sacrifier pour notre salut, et infinie en majesté pour donner à ce sacrifice une valeur infinie, seule capable de payer notre dette. Il est grand dans le ciel, où il apaise la justice divine et change les éclairs de sa colère en pluie de grâce (2). Il est grand sur la terre, où il opère les miracles et sanctifie les élus. Il est grand dans les enfers, où il enchaîne la fureur des démons. Il est grand partout, et si grand, qu'il est au-dessus de tout nom. [...] O Seigneur, que toutes les nations confessent la grandeur de votre nom, parce qu'il est saint et vénérable jusqu'à faire trembler de respect (3), et n'a rien de commun avec les noms vulgaires, qui ne suscitent dans les âmes qu'indifférence et froideur.

    Saint Paul l'a dit : "Quiconque invoque le nom du Seigneur sera sauvé" (4) ; c'est par lui qu'on arrive au salut (5). Jésus-Christ l'avait dit avant son apôtre : Mon nom rend la prière toute-puissante (6) ; et l’Église nous l'enseigne par sa pratique. C'est par le nom de Jésus qu'elle prie, qu'elle administre les sacrements, qu'elle nous bénit du berceau à la tombe (7)... Au nom de Jésus, le boiteux est redressé, le lépreux guéri, l'aveugle voit, le sourd entend, le muet parle, le paralytique recouvre l'usage de ses membres, la mort rend ses victimes, et le ciel s'ouvre au pécheur que ce divin nom a converti. Au nom de Jésus, les démons sont mis en fuite ; les lions, oubliant leur férocité, respectent le martyr qui a le nom de Jésus à la bouche. Au nom de Jésus, les chaînes tombent des mains du captif, les portes des prisons s'ouvrent, les éléments obéissent, la mer en fureur s'apaise et la terre transporte les montagnes. Oh ! qui n'aura donc confiance en ce divin nom ? qui ne l'invoquera dans le besoin ? "Toute notre espérance est dans le nom du Seigneur" (8) ; "heureux qui place en lui sa confiance" (9).
    [...]
    « La douceur du nom de Jésus, disait saint Bernard, me jette dans une sorte d'ivresse (10). Tout m'est insipide sans le nom de Jésus ; Jésus est du miel à ma bouche, une mélodie à mon oreille, une jubilation à mon coeur (11). » Est-ce ainsi que nous apprécions ce divin nom ? Ne le prononçons-nous jamais qu'avec respect et confiance, avec amour et délices ? »

    1. Ph II, 9 sq. - 2. Ps CXXXIV, 7 ; Jr LI, 16. - 3. Ps XCVIII, 3. - 4. Ac II, 21. - 5. Ac IV, 12 - 6. Jn XVI, 23. - 7. Per Dominum nostrum Jesum Christum. - 8. Ps CXXIII, 8. - 9. Ps XXXIX, 3. - 10. Quasi ebrietas spiritualis. - 11. Jesus mel in ore, in aure melos, in corde jubilus.

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome I, 2 janvier, Premier, Deuxième & Troisième Points), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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  • Méditation : Les Saints Innocents

    « Lorsque, dans une vie sans reproche, nous souffrons avec calme et résignation, nous participons au bonheur des saints Innocents : nous attestons non seulement notre foi en Jésus-Christ, le chef et le modèle des âmes souffrantes, mais encore la puissance de sa grâce, qui soutient sous le poids de la croix la faiblesse humaine ; l'excellence de la religion, qui seule fait les fortes et grandes âmes ; la magnificence de nos espérances au-delà de la tombe ; enfin la vérité de ces doctrines évangéliques auxquelles le monde a tant de peine à croire : Heureux ceux qui souffrent, bienheureux ceux qui pleurent (1). Réjouissez-vous, vous qui participez aux souffrances de Jésus-Christ (2)... Tout ce qu'il y a d'honneur, de gloire, de grand courage, repose sur vous (3). C'est par la souffrance dans l'innocence que ces saints Innocents sont arrivés au bonheur éternel, et aucun chrétien n'y peut arriver autrement. Être innocent et souffrir, c'est le caractère du prédestiné ; c'est le gage de l'amour que Dieu porte à une âme et la mesure de la félicité qu'il lui destine au paradis ; c'est le trait de ressemblance le plus parfait avec Jésus-Christ, et la garantie du ciel la plus sûre. Oh ! qu'on se trompe donc quand on hait ou qu'on fuit la souffrance, quand on la regarde comme un abandon de Dieu, ou qu'on ne la supporte qu'avec une mauvaise grâce qui lui ôte tout son mérite ! N'est-ce point là notre histoire, et ne donnons-nous pas trop souvent dans cette erreur ? »

    1. Mt V. - 2. 1P IV, 13. - 3. 1P IV, 14.

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome I, 28 décembre, Second point), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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    Le Massacre des Innocents, Giotto di Bondone (v.1266-1337)
    Chapelle Scrovegni, Padoue, Italie

    (Crédit photo)

  • Méditation : Du respect dû aux églises

    « On ne peut lire sans saisissement, dans l'Ancien Testament, tout ce que Dieu demandait de respect soit pour le tabernacle, soit pour les lieux divers où il manifestait sa présence. Tremblez à l'approche de mon sanctuaire (1), disait-il. Laissez là votre chaussure, dit-il à Moïse ; la terre où vous êtes est sainte (2). Comment oserai-je parler à mon Seigneur, moi qui ne suis que cendre ? s'écrie Abraham, le front dans la poussière (3). Que ce lieu est terrible ! s'écrie Jacob ; vraiment le Seigneur est ici (4). Seigneur, dit David à son tour, j'entrerai dans votre maison, mais ce sera avec une crainte respectueuse (5). Car vous êtes celui qui a son trône dans les cieux (6). Rappelons-nous la dédicace du temple de Salomon : le feu descend du ciel, la majesté du Seigneur remplit le saint lieu ; tous les enfants d'Israël tombent la face contre terre, adorent et louent le Seigneur, assez bon, assez miséricordieux pour s'abaisser jusqu'à sa créature (7). Or, si l'on portait un tel respect à l'ancien temple, quelle religion plus profonde n'est pas due à nos églises ? car ici ce ne sont plus des signes et des figures, une arche grossière et des séraphins en image, qu'on honore, mais Dieu lui-même aussi substantiellement présent par son Verbe dans le tabernacle que dans le paradis ; Dieu entouré de millions d'anges qui font jour et nuit une garde invisible autour de son trône. Oh ! qu'il est juste d'y observer un extérieur profondément religieux, d'y contenir nos regards, nos paroles et nos sourires, d'y éviter tout air libre et familier, toute démarche précipitée, toute génuflexion brusque, toute posture lâche et peu respectueuse ! Comme nous devons surtout y tenir notre intérieur pur et sans tache, recueilli et occupé de la grande majesté devant laquelle nous sommes (8) ! Comme nous devons enfin avoir à coeur la décoration des églises, la décence et la majesté du culte divin ! »

    1. Levit. XXVI, 2. - 2. Exod. III, 5. - 3. Gen. XVIII, 27. - 4. Gen. XXVIII, 16-17. - 5. Ps. V, 8. - 6. Ps. X, 3. - 7. II Paralip. VII, 3. - 8. Sancta sanctis, le Saint des saints !

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome III, Fête de la Dédicace, Première méditation, Premier point), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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    Tabernacle de la cathédrale Saint Louis de Versailles
    (Crédit photo)

  • Méditation : Il faut croître tous les jours dans l'amour

    « La religion nous enseigne que le moyen d'atteindre à la félicité des saints, c'est de beaucoup aimer (1). Aimer Dieu sur la terre est le moyen de l'aimer dans le ciel : aimer est l'unique voie du bonheur. Si donc nous voulons aller au ciel, il ne faut plus vivre que d'amour ; il faut croître tous les jours dans l'amour, et avec cela on est sûr du paradis (2). Et qui n'aimerait un Dieu si magnifique envers ceux qui le servent ? Qui n'aimerait le Dieu que les saints trouvent toujours si aimable qu'ils ne peuvent se lasser de l'aimer ; le Dieu que les séraphins célèbrent par l'éternel cantique : Saint, saint, saint, est le Seigneur Dieu des armées ! le Dieu auquel les vierges chantent le cantique qu'elles seules peuvent chanter, et aux pieds duquel les vingt-quatre vieillards déposent leurs couronnes, en protestant qu'à lui seul appartient l'honneur, la louange, la bénédiction ? Oh ! comme ces hautes pensées que nous rappelle la fête de la Toussaint sont propres à embraser le cœur d'amour ! »

    1. Plenitudo legis est dilectio. (Rm XIII, 10). 2. Qui diligit... legem implevit. (Rm XIII, 8).

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome III, 3 novembre, Seconde méditation sur la Toussaint, III), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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  • Méditation : Devenir saint

    « Moi, être un saint ! n'est-ce pas là une entreprise au-dessus de mes forces ? nous dira notre faiblesse. Non, répondent en ce jour, par leurs exemples, tous les saints du ciel. Nous voyons, en effet, parmi eux des saints de tout âge, de toute condition et de tout sexe. Or ce qu'ils ont pu, pourquoi ne le pourrais-je pas (1) ? Tant de chrétiens dans le monde se sont conservés purs parmi tous les dangers de la séduction, recueillis parmi les dissipations et le tumulte, pauvres et détachés parmi les richesses, mortifiés parmi les occasions de jouissance ! Pourquoi ne pourrais-je pas, dans des conditions meilleures, faire ce qu'ils ont fait dans une position plus difficile (2) ? - Il n'y a point ici à dire : J'ai des passions qui m'entraînent, des tentations qui me sollicitent. Les saints en ont eu aussi, et de plus violentes, et ils en ont triomphé. Pourquoi ne pourrais-je pas en triompher comme eux ? - Il n'y a point à dire : Le sérieux de la sainteté, la monotonie du devoir m'ennuient ; je n'y puis tenir. Est-ce que les saints n'ont pas, eux aussi, éprouvé ces ennuis, ces dégoûts ? Ils les ont supportés, et plus longtemps que moi ; et maintenant qu'ils sont au ciel, comme ils s'en savent bon gré ! comme ils comprennent qu'ils ont bien fait ! - Mais ma faiblesse me fait peur ; je crains de ne pouvoir persévérer. Hélas ! les saints étaient faibles comme moi ; la grâce les a soutenus. Pourquoi n'espérerais-je pas qu'elle me soutiendra comme eux ? C'est ainsi que tout prétexte est confondu, toute excuse tombe devant ce seul mot de saint Augustin : Ne puis-je pas ce que d'autres ont pu ? (3) »

    1, 2 & 3. Quod isti et istae, cur non ego ? : Ce que ceux-ci et celles-là ont fait, pourquoi ne le ferais-je pas ? (St Augustin, Confessions, Livre VIII).

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome III, 1er novembre, Fête de tous les saints, III), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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    Fra Angelico (v.1400-1455)
    Retable de l'église du couvent San Domenico à Fiesole (Italie)

  • Méditation - Prière : Consécration à Marie

    « O Marie, notre bonne Mère, voyez-nous tous à vos pieds, ce sont vos enfants à vous ; ô bonne Mère, ouvrez vos bras, ouvrez votre cœur et recevez cette grande famille sous votre protection. Oui, Marie, vous êtes notre Mère et nous sommes vos enfants ; c'est pour moi une joie de me rappeler ce titre pour m'encourager, pour m'inspirer l'horreur du mal et l'amour de la vertu. Un enfant de Marie doit être un ange sur la terre ; oui, bonne Mère, nous venons nous donner à vous, nous consacrer à vous pour obtenir votre protection ; nous nous appliquerons tous les jours à vous imiter, à être modestes comme vous, obéissantes comme vous, toujours dévouées à Jésus comme vous l'avez été, toutes dévouées à ce qui est de notre devoir. O bonne Mère, recevez cette petite famille sous votre protection : quand vous verrez ces enfants chancelants dans le chemin de la vertu, approchez-vous d'eux ; quand vous les verrez tristes, venez les consoler ; quand ils seront abattus, venez les relever. O tendre Mère, soignez ce petit troupeau, il vous appartient, les loups l'environnent et veulent le dévorer. O bonne Mère, vous protégerez ces enfants qui sont venus à vous pour se consacrer à votre service ; avec votre secours ils parcourront heureusement le chemin de la vie et ils iront vous contempler, chanter vos louanges, dire vos grandeurs, bénir votre amour. O bonne Mère, quelle joie quand nous irons au pied de votre trône, avec les anges et les saints, vous bénir et vous aimer ; mais il nous faut du courage pour atteindre à ce but. Oh ! pour cela, tendre Mère, nous avons recours à vous, nous nous mettons sous votre protection, car nous voulons être à Marie dans le temps, à Marie dans l'éternité. »

    D'après l'Abbé Hamon, in Abbé J. Guillermin, "Choix de Discours & Allocutions des plus célèbres orateurs contemporains sur la Très Sainte Vierge", Tome II, Paris, Librairie Bloud et Barral, s.d. (1892).

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    Sanctuaire de la Médaille Miraculeuse (AP Photo/Matt Rourke)
    Quartier de Germantown à Philadelphie

  • Méditation : Réformer son caractère

    « Il faut bien étudier ce qu'il y a de répréhensible dans notre caractère. En tous les caractères, il y a quelque chose à réformer ; et ce côté défectueux, on ne le connaît qu'à force de s'étudier soi-même ou de consulter un sage ami. Ce défaut une fois connu, il faut travailler chaque jour à le réformer, en agissant en sens contraire, et ne cesser la lutte qu'on ne s'en soit rendu maître ; il faut que le caractère trop vif se modère, que le caractère trop lent s'aiguillonne et s'anime, que l'humeur brusque ou susceptible se taise et attende pour parler que l'âme soit calme et en pleine possession de soi-même. Saint François de Sales avait reçu de la nature une humeur bouillante et colère ; saint Ignace, un caractère vif et impatient ; saint Vincent de Paul, une humeur austère et peu agréable : mais ces grands saints, à force de les combattre, en vinrent à se former ce caractère si bon, si aimable, qui rendra à jamais leur mémoire délicieuse devant Dieu et devant les hommes. Il faut s'examiner tous les jours sur ce sujet, et pour chaque manquement s'imposer une pénitence, ne fût-ce que de mettre à part chaque fois une petite pièce de monnaie à donner aux pauvres. Cela aura l'avantage d'éveiller notre attention sur nous-mêmes et de nous faire connaître, pour les confesser, le nombre exact de nos manquements. »

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome III, Seizième Mercredi après la Pentecôte, III), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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