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  • Méditation - « Mettez une garde à mes lèvres, Seigneur, veillez au seuil de ma bouche. » (Ps 140 (141), 3)

    « Mettez, ô mon Dieu, mettez sur mes lèvres comme un corps de garde pour arrêter tout ce que vous m'ordonnez de retenir dans le cœur. Que la prudence et la circonspection servent de porte à ma bouche pour la fermer à tous les propos où la médisance aurait quelque part. Vous ne m'avez donné une langue que pour vous louer et pour porter les autres à vous bénir avec moi ; faites, s'il est possible, qu'elle ne se délie jamais que pour un si saint usage. Quoi ! cette langue que vous consacrez si souvent par les attouchements mystérieux de votre corps adorable, par le Sacrement de votre amour, serait-elle encore profanée par des discours contraires à la charité ? Non, Seigneur, vous ne le permettrez pas, et de mon côté, je n'oublierai rien pour me garantir de ce désordre. Je ne vous offense que trop par mes pensées, dont je ne suis pas toujours le maître ; mais, puisque je puis prendre sur ma langue un pouvoir entier et absolu, ou elle gardera un perpétuel silence, ou je veillerai sur tous ses mouvements avec tant de soin, que jamais elle ne profèrera de paroles qui ne tendent à votre gloire.
    Soit qu'il faille compatir aux peines des affligés, réunir les esprits où règne la division, instruire ceux qui ne vous connaissent pas assez, ô mon Dieu, entretenir tout le monde de votre puissance infinie et de votre miséricorde sans bornes, soit qu'il faille enfin allumer votre amour dans tous les cœurs, vous louer, vous bénir, vous glorifier ; voilà désormais à quoi je consacre ma langue et toutes mes paroles. Oui, ou je parlerai à vous, ô mon Dieu, ou je parlerai de vous, ou je me tairai par amour pour vous, afin que je puisse un jour mêler aux louanges que vous donnent vos élus, les louanges que je vous donnerai à mon tour dans la gloire, où nous conduisent le Père, le Fils et le Saint-Esprit ! Ainsi soit-il. »

    St Claude la Colombière, extraits du Sermon sur la médisance, in "Pensées et sentiments du Serviteur de Dieu le R. Père Claude de La Colombière de la Compagnie de Jésus" par le P. Pierre-Xavier Pouplard, Paris, Haton, 1877.

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  • Méditation - Prenons un peu de hauteur !

    « Consultons encore ceux qui ont disparu à nos yeux. Si Dieu leur permet de voir tout ce qui se passe ici-bas, qu'ils ont pitié de nos mouvements, de nos guerres, de nos intrigues, de nos espérances, de nos chagrins ! Ils nous regardent comme nous voyons les enfants qui font de petits édifices de carton ou de boue, se désoler, s’affliger, se lamenter lorsque le vent ou le passant vient à abattre leur ouvrage, ou bien comme nous voyons les fourmis s’entre-disputer un brin de paille, un grain de millet ou de froment. Entrons nous-mêmes en esprit dans le lieu du repos éternel. La figure du monde nous éblouit, c'est que nous le voyons de trop près. Voyons-le du lieu où nous serons dans cinq ou six millions d'années d’ici. Paraîtra-t-il encore ? sera-ce une étoile obscure et nébuleuse ? sera-ce un point ? ne sera-ce pas un songe, un rien ? Il est ce qu'il paraîtra alors. Monde, amis, richesses, charges, noblesse, biens, science, réputation, vous ne sauriez me suivre où je vais (1). Disparaissez dès maintenant ; je ne vous connais plus ; c'en est fait, je vous dis un éternel adieu.

    N’est-il point à craindre que ces pensées ne nous détachent trop peut-être, qu’elles ne nous donnent tant de mépris pour ce qui passe, que nous ne daignions plus nous appliquer à rien ? Ce n'est pas là ce que veut la Religion : Vivez comme si chaque jour vous deviez mourir ; étudiez comme si vous deviez toujours vivre (2) , disait Saint Jérôme, ou comme Saint Paul (3) : Usez du monde, il le faut ; mais usez-en sans trop d'empressement et sans attache. Moins nous avons de temps à vivre, et moins en avons-nous à perdre. Hâtons-nous de glorifier Dieu, et de nous acquitter fidèlement de nos devoirs.

    Ces pensées n'ôtent donc point l'application nécessaire ; mais elles modèrent cette grande activité, cette ivresse d'occupations et de travail qui fait perdre l'attention qu'on doit à Dieu, et aux biens solides. Faisons tout par devoir, et ne nous portons au devoir que par la volonté de Dieu : elle donne autant de feu que la passion, mais un feu pur et plus durable. »

    (1) Quo ego vado, vos non potestis venire. Joan. 13, 33.
    (2) Vive quasi quotidie moriturus ; stude quasi semper victurus.
    (3) Qui utuntur hoc mundo, tanquam non utantur. 1 Cor. 7, 31.

    P. Judde (1661-1735), Grande Retraite de trente jours, Méditation De la pensée de l’Eternité, Second Point, in "Collection complète des Oeuvres spirituelles du P. Judde recueillies par M. l'Abbé le Noir-Duparc", Tome premier, A Paris, Chez l'Esclapart, Libraire, 1781.

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  • Méditation - Elévation sur la prière de la Bse Elisabeth de la Trinité (*)

    « O mon Dieu, Trinité que j'adore... Tout le mystère est là, dans sa sublimité et sa profondeur, dans sa longueur et sa largeur ; et ce mystère adorable c'est Dieu, un en trois Personnes.

    D'un seul coup d'aile, l'âme qui croit, qui espère et qui aime, s'élève à Dieu et s'immerge en l'océan insondable du mystère de l'unité dans la trinité, de la trinité dans l'unité.

    Elle pénètre et demeure dans les profondeurs de Dieu (1) ; et, consciente aussitôt de son néant sans nom, elle se prosterne, elle adore, elle jette sa couronne devant la majesté sainte qu'elle sent si près d'elle.
    [...]
    « L'adoration, ah ! c'est un mot du ciel ; il me semble qu'on peut le définir : l'extase de l'amour. C'est l'amour, écrasé par la beauté, la force, la grandeur immense de l'objet aimé ; il tombe dans une sorte de défaillance, dans un silence profond, plein ; ce silence dont parlait David, lorsqu'il s'écriait : Le silence est ta louange ! (2) »

    O mon Dieu, Trinité que j'adore, avec avidité j'entre dans votre sanctuaire, ô Saint des saints, où Père, Fils, Saint-Esprit vous vous exprimez et vous rendez une mutuelle gloire.
    [...]
    Père, source de la divinité d'où s'écoulent le Fils et, avec lui, l'Esprit-Saint, vous, source de ce qu'ils sont, de ce qu'ils ont d'être, sans les précéder ! Ce qu'il y a de plus foncier en vous, c'est que vous êtes Père ; votre relation personnelle fait la première Lumière, la première Pensée, la première Beauté, le premier Amour... Et dire que vous êtes aussi mon Père, et que je suis votre enfant ! Je vous adore à cause de vous !

    Fils du Père, Sagesse incréée, Vérité sans limites ! Que mon ignorance s'efface devant votre visage de gloire ; qu'elle disparaisse et chante, en adorant, votre toute-science !
    [...]
    Esprit-Saint, Esprit-Amour du Père et du Fils, brasier inextinguible de la Trinité dans l'Unité, mon cœur s'abîme devant vous et se liquéfie, adorant l'Amour de mon Dieu Un et Trine !
    [...]
    Saint, Saint, Saint est le Seigneur, le Dieu des armées. Le ciel et la terre sont remplis de sa gloire. Hosannah au plus haut des cieux !
    [...]
    O mon Dieu, Trinité que j'adore ! Unité de la Trinité, Trinité de l'Unité ! »

    (*) Un décret de la Congrégation pour la cause des saints, approuvé le 3 mars dernier par le Pape François, a ouvert la voie vers sa canonisation prochaine.
    1. I Cor. II, 10. - 2. Bse Elisabeth de la Trinité, Souvenirs. Ps. LXV, 2, trad. d'Eyragues.

    Dom Eugène Vandeur (1875-1967), O mon Dieu Trinité que j'adore - Élévations (Troisième élévation), Duculot, Gembloux (Belgique), 1923.

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    Luca Valentino Rossetti (1708–1770), La Sainte Trinité
    fresque de l'église San Gaudenzio à Ivrea (Turin, Piémont italien)

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  • Méditation : les dangers de l'imagination

    « L'imagination est la plus légère des armes de Satan : imagination du passé et imagination du futur, imagination des œuvres bonnes et des œuvres mauvaises. Différentes pensées surviennent et occupent l'esprit, afin qu'il cesse de murmurer le Nom de Jésus. Il essaie de faire que l'homme ne conçoive plus d'intérêt pour Dieu, qu'il ne manifeste plus son amour. Surtout il lui rappelle la pensée des différentes fautes qu'il a commises durant sa vie, naguère ou jadis. Les saints Pères disent que cette guerre est souvent aussi forte qu'ont été fortes auparavant les passions. Il est nécessaire que chaque jouissance soit payée d'autant de souffrances. Dans la vie ascétique « dans la grâce » des Pères, un lien étroit existe entre plaisir et douleur. Le plaisir apporte la chute et la douleur, et par conséquent la douleur ramène l'homme dans son état ancien et le guérit. C'est ainsi qu'il souffrira beaucoup, qu'il paiera chaque pensée et jouissance mauvaises par autant de souffrances pour que l'équilibre soit rétabli. Des événements qui se sont produits de nombreuses années auparavant, qui lui ont causé du plaisir et qu'il avait oubliés entre-temps, lui apparaissent maintenant dans toute leur étendue, au point de le conduire au désespoir. [...]
    - Père, dites-moi la manière de faire front.
    - Ici, il faut de la patience, de la persévérance, du courage. Surtout du courage. Ne pas se laisser ébranler. Opposer à l'imagination l'invocation constante du Nom de Jésus et se maintenir dans les paroles. Se tenir courageusement dans l'étroitesse de la prière. Ne jamais penser, au moment de la prière, ni aux mauvaises ni aux bonnes œuvres. Dans la souffrance, être sûr, comme nous le disions plus tôt, que c'est la guérison qui commence. « La femme, quand elle enfante, est dans la douleur parce que son heure est venue. Quand l'enfant est né, elle ne se souvient plus de son affliction, car elle se réjouit de ce qu'un homme est venu au monde » (Jn 16, 21).
    Il en va de même ici. C'est dans la souffrance qu'est créé le nouvel homme, qu'est engendrée la nouvelle vie : la vie du Christ. »

    Hiérothée Vlachos, Entretiens avec un ermite de la sainte Montagne sur la prière du cœur, Coll. Points Sagesse Sa78, Le Seuil, 1988.

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  • Méditation : tentation et paix intérieure

    « Pourquoi dans la tentation es-tu triste, ô mon âme, et pourquoi me troubles-tu ? (1) Examinons devant Dieu s'il y a raison de perdre la paix dans ces circonstances. Serait-ce que nous croirions que la tentation en elle-même est un péché ? Mais Jésus-Christ, mais tous les saints ont été tentés ; mais aucune pensée mauvaise, aucune imagination, même la plus hideuse, n'est en soi un péché ; toutes ces pensées et imaginations sont sans cesse sous le regard de Dieu, qui voit tout, et elles ne souillent en rien sa pureté infinie.
    Serait-ce que nous craindrions d'avoir consenti à la tentation ? Mais quand même nous y aurions consenti, il ne faudrait pas nous en troubler, [car] même après ses chutes il faut garder la paix, et que la perdre serait une faute ajoutée à une autre faute. Puis, si la tentation nous a déplu, molestés, contristés ; si elle nous a inspiré de l'horreur, si nous ne l'avons subie que malgré nous et contre notre volonté, nous avons eu en cela même la preuve que nous n'avons pas consenti. On ne pèche que par la volonté ; ce qui est contre la volonté ne peut être imputable.
    Serait-ce que nous craindrions de consentir plus tard ? Mais pourquoi perdre la confiance en Dieu et ne pas espérer qu'il nous soutiendra, si nous le prions bien, si nous nous défions de nous-mêmes, si nous évitons les occasions et ne présumons pas de nos propres forces ?
    Serait-ce enfin que cette vie de combats et de luttes nous ennuie ? Mais 1° nous pouvons amoindrir ces combats et ces luttes en méprisant le tentateur jusqu'à ne pas daigner penser à lui pour lui répondre, jusqu'à lui tourner le dos au lieu de nous battre avec lui, [...] laissons le démon aboyer au dehors sans en tenir aucun compte, et continuons en paix ce que nous avons à faire. 2° Nous pouvons diminuer nos tentations en n'y réfléchissant pas, quand elles sont passées, pour voir si nous y avons consenti, parce qu'y réfléchir, ce serait un moyen de les faire revivre ; nous ne devons nous les rappeler qu'en gros, pour réveiller en nous la vigilance, l'esprit de prière, et nous abîmer devant Dieu, d'une part dans le sentiment de notre misère, comme sainte Thérèse, qui disait : « O Dieu ! que je ne vaux rien ! Voilà bien ce que mon mauvais fonds peut produire, voilà bien de l'herbe de mon jardin » ; d'autre part, dans l'admiration et l'amour de la bonté divine : « O Dieu ! que vous êtes bon d'abaisser votre amour jusqu'à moi ! »
    Est-ce ainsi que nous nous conduisons dans les tentations ? »

    1. Ps XLI 6, 12.

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome II, Jeudi de Quasimodo, Premier Point), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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  • Méditation : des distractions dans la prière

    « Comme votre esprit divague facilement, vous lui présenterez de temps à autre quelque bonne pensée, quelque passage de l’Écriture Sainte, et vous lui livrerez, dis-je, cette bonne pensée pour qu'il s'y amuse, mais ce ne sera pas là votre oraison ; pendant que l'homme sensible s'amuse avec cette pensée, vous vous tiendrez toujours dans votre intérieur, uni à Dieu à votre façon ordinaire. Il en est de cela comme de quelqu'un qui serait à table, son petit chien aboie contre lui, parce qu'il veut aussi avoir quelque chose, il le tourmente sans relâche et le tire par ses habits. Que fait alors le maître ? Il lui jette un morceau, et puis mange quelque temps en repos. Faites-en de même avec votre esprit ; jetez-lui de temps en temps un morceau pour le contenter, et demeurez toujours renfermé en toute paix et tranquillité dans votre intérieur. Votre oraison ne consistera pas dans cette bonne pensée que vous abandonnez à votre esprit, mais dans le repos intérieur de votre âme devant Dieu. Je sais bien que ce moyen ne vous servira pas toujours, mais, du reste, ne vous inquiétez jamais, allez toujours votre petit train, et ne cherchez que Dieu seul en toutes choses. »

    Vénérable François Libermann (1802-1852), Lettre 76 à un séminariste, 1837, cité par Auguste Saudreau, in "Les degrés de la vie spirituelle" Tome Second (3e P., ch. III, 3), Angers, Société anonyme des Éditions de l'Ouest, 1920.

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  • Méditation 2ème semaine de Carême : égoïsme et amour de Jésus-Christ (3)

    « Jésus-Christ régnant dans l'homme substitue sa pensée divine à la pensée humaine : il produit la foi au Verbe divin qui est lui-même ; l'Egoïsme de l'intelligence n'existe plus. L'homme, hier encore, disait en se posant en superbe dans l'empire de la science : « Mon idée, mon opinion, mon système. » Il dit aujourd'hui : « Je crois à Jésus-Christ : ma pensée, c'est sa pensée ; ma parole, c'est l'écho de sa voix ; il est la vérité, toute la vérité ; et c'est la joie de mon intelligence de se perdre et de s'évanouir elle-même dans les splendeurs du Verbe. »

    Jésus-Christ régnant dans l'homme substitue son amour divin à tout l'amour du cœur humain. Le cœur est le foyer de ses passions, et les passions sont égoïstes : elles ne sortent d'elles-mêmes que pour attirer à elles. Leur expansion la plus désintéressée n'est qu'un moyen de bonheur égoïste : elles ne donnent que pour avoir, et plus souvent encore elles prennent sans rien donner. Toutes ces aspirations viles d'un cœur que l'amour n'a pas ouvert se résument dans un mot : jouir ; et pour jouir, que fait le cœur ? Il se répand sur les sens et la chair avec ses trésors d'affections, comme un vase renversé épanche sur la terre et souille dans la boue sa liqueur précieuse. Jésus-Christ change tout ce mouvement égoïste. Il fait remonter le cœur en l'unissant au sien, et il lui donne, en le touchant, une expansion libérale ; et c'est la joie de ce cœur de sortir de lui-même, et de se faire une félicité de tous les dons de son amour, et de toutes les effusions de sa vie.

    Enfin Jésus-Christ régnant dans l'homme substitue sa souveraineté divine à la souveraineté humaine. L'homme, sous l'inspiration de l'Egoïsme, tend de toute manière à se poser en souverain. Jésus-Christ retourne l'ambition humaine de haut en bas, et, entraînant sur ses pas l'homme séduit par son amour, il le fait serviteur ; il lui dit : Regarde : moi Dieu, je suis esclave : toi homme, craindras-tu de servir ? Et l'homme, de souverain qu'il s'estimait, se fait serviteur ; c'est la joie et tout ensemble le triomphe de sa volonté transfigurée par l'amour, d'abdiquer pour servir sa souveraineté personnelle. »

    R.P. C.J. Félix s.j. (1810-1891), Le Progrès par le christianisme - Conférences de Notre-Dame de Paris, Année 1858 (Septième conférence : le progrès moral par la destruction de l'égoïsme), 4e édition, Paris, Librairie d'Adrien Le Clere et Cie, s.d.

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  • Méditation : le chemin de l'humilité

    « Au début, quand un homme commence à travailler pour le Seigneur, le Seigneur lui donne sa grâce et un zèle ardent pour le bien, et alors tout lui paraît facile et agréable ; et quand il voit cela en lui, dans son inexpérience il se dit : « J'aurai cette ferveur pendant toute ma vie. » Et alors il s'élève au-dessus de ceux qui vivent avec négligence et se met à les juger ; et ainsi il perd cette grâce qui l'avait aidé à accomplir les commandements de Dieu. L'âme ne comprend pas comment cela est arrivé : alors tout allait si bien, mais maintenant tout est pénible, et elle n'a plus aucune envie de prier. Mais il ne faut pas s'effrayer : c'est le Seigneur qui, avec bonté, éduque l'âme. Aussitôt que l'âme s'élève au-dessus de son frère, à cet instant même lui vient une mauvaise pensée qui ne plaît pas à Dieu. Si l'âme s'humilie, la grâce ne la quitte pas ; mais si elle ne s'humilie pas, surgit quelque légère tentation pour que l'âme s'humilie. Si de nouveau elle ne s'humilie pas, alors commence l'assaut de l'impureté. Si elle ne s'humilie toujours pas, elle tombe dans quelque péché. Et si, même alors, elle ne s'humilie pas, une grande tentation surgira et elle commettra un grand péché. Et ainsi la tentation s'amplifiera jusqu'à ce que l'âme se soit humiliée ; alors la tentation s'en ira, et même, si elle s'humilie beaucoup, elle connaîtra l'humble attendrissement du cœur et la paix, et tout mal disparaîtra.
    Ainsi donc, toute cette guerre n'a qu'un seul but : l'humilité. C'est l'orgueil qui a causé la chute des ennemis, et ils nous attirent dans l'abîme par la même voie. Les ennemis nous flattent, et si l'âme accueillent leur louange, la grâce se retire d'elle jusqu'à ce qu'elle se repente. Ainsi, durant toute la vie, l'âme apprend l'humilité du Christ, et tant qu'elle ne sera pas devenue vraiment humble, elle sera tourmentée par les mauvaises pensées. Mais l'âme humble trouve le repos et la paix dont parle le Seigneur (Jn 14,27). »

    St Silouane l'athonite (fêté ce jour, 1866-1938), in Archimandrite Sophrony, "Starets Silouane, Moine du Mont-Athos, Vie - Doctrine - Écrits" (XIX), Trad. du russe par le Hiéromoine Syméon, Éditions Présence, Paris, 1973.
    N.B. : Silouane a été canonisé par le patriarche de Constantinople (Église orthodoxe) le 26 novembre 1987.

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    Source et crédit iconographique : Alain Chenal (site remarquable, à visiter)

  • Méditation : tentation ou péché ?

    « Pour augmenter votre tranquillité et votre confiance, distinguez avec soin la négligence à chasser une mauvaise pensée, d'avec l'attention et le consentement libre donné à cette pensée déshonnête. Quand vous apportez un peu de négligence à chasser de votre esprit une représentation obscène, vous péchez véniellement. Pour que vous commettiez en ceci une faute mortelle, voici trois conditions requises ; remarquez-les bien, retenez-les pour toujours et tranquillisez-vous. Il faut votre liberté, votre réflexion et votre consentement ; je vais vous l'expliquer clairement.

    Il faut votre liberté, c'est-à-dire, que la pensée dépende de vous. Un objet dangereux s'offre à vos yeux, un mauvais discours frappe vos oreilles ; vous ne voulez ni fixer cet objet ni prêter l'oreille à ce discours ; la pensée alors que l'un et l'autre vous présentent n'est point libre, elle ne dépend nullement de vous.
    Cette liberté ne suffit pas ; il faut de plus votre réflexion ; c'est-à-dire, que vous y preniez garde, que vous fassiez attention à cette mauvaise pensée. Hélas ! tous les jours, à tous les instants notre esprit pervers forme, roule des pensées dans lesquelles nous nous trouvons comme enfoncés, sans que nous nous en soyons aperçus, sans que nous puissions rendre compte ni de l'objet qui les a occasionnées, ni du temps qu'elles ont duré ; alors il suffit, pour triompher, que vous fassiez ce qui dépend de vous pour éloigner cette pensée, du moment que vous vous en apercevez.

    Enfin il faut votre consentement, et voici surtout ce que vous examinerez. Prenez garde toutefois de ne pas trop vous arrêter à une recherche dangereuse. Avez-vous prétendu vous arrêter à cette mauvaise pensée, vous en êtes-vous occupé volontairement ? Si les mauvaises pensées ne sont accompagnées de ces diverses conditions, je veux dire, si, pensant à des objets défendus, vous n'apportez d'abord votre liberté et votre réflexion, et qu'ensuite vous ne vouliez pas vous arrêter à cette pensée, votre ennemi reste confus, et il ne vous aura procuré que de la gloire. »

    Abbé Boissard, Prédicateur ordinaire du Roi, La consolation du chrétien ou Motifs de confiance en Dieu dans les diverses circonstances de la vie (ch. XI), Paris, Méquignon-Junior, 1834.

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    Tentation d'Eve (détail d'un bas-relief du XIIe siècle), Musée Rolin, Autun (71)
    (Crédit photo et explications détaillées)

  • Méditation : écouter Jésus dans l'Evangile...

    « Marie :

    Mon fils, pour apprendre à vivre la vie de Jésus, il te faut d'abord apprendre à penser les pensées de Jésus.
    Le monde pense d'une façon, et Jésus d'une façon tout opposée. Ta pensée est souvent plus près de celle du monde que de celle de Jésus.

    La pensée de Jésus est consignée dans l’Évangile, et aussi dans des livres écrits par des hommes remplis de l'esprit de l’Évangile. C'est là, d'abord, qu'il te faut l'étudier.
    Réserve-toi chaque jour quelques instants pour les consacrer à une lecture pieuse. Ne peux-tu trouver au moins un quart d'heure par jour, ou tout au moins cinq minutes ? Tu trouves du temps pour une foule d'autres occupations bien moins nécessaires.
    Mais, si courte qu'elle doive être, n'omets jamais ta lecture quotidienne.
    Détermine bien le moment où tu t'y livreras, soit au début, soit au milieu, soit à la fin de ta journée, et sois ponctuel à la commencer au moment fixé.

    Au début de la lecture, demande-moi de te faire comprendre ce que Jésus va t'enseigner, et au cours de la lecture, communique-moi les réflexions qu'elle te suggère.
    En lisant, pense que c'est Jésus qui te parle.
    Lis respectueusement, pour faire honneur à la parole de Jésus.
    Lis lentement, sans empressement, non pour satisfaire ta curiosité mais pour comprendre l'esprit de Jésus et apprendre à vivre de sa vie.
    Applique la lecture à ta vie : vois ce que tu as à réformer dans tes idées et dans ta conduite, et termine ta lecture par une résolution que tu me confieras. »

    Émile Neubert, marianiste (1878-1967), Mon idéal, Jésus Fils de Marie (L. III, ch. II), Éditions Publiroc, Marseille, 1933.

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  • Méditation : demeurer en présence de Dieu

    « Il arrive souvent qu'une personne, tandis qu'elle se livre à ses devoirs extérieurs, n'est occupée d'aucune activité intérieure, de sorte que sa vie demeure sans âme. Comment pouvons-nous éviter cela ? Quelque devoir que l'on ait à accomplir, il faut y mettre un cœur plein de la crainte de Dieu, un cœur constamment imprégné de la pensée de Dieu ; et c'est par cette porte que l'âme rentrera dans la vie active. Tous nos efforts doivent tendre à garder la pensée incessante de Dieu, à rester continuellement conscients de sa présence : "Cherchez le Seigneur... Cherchez constamment sa face" (Ps 54, 4). La sobriété et la prière intérieure reposent sur cette base.

    Dieu est partout ; veillez à ce que vos pensées soient également toujours avec Dieu. Comment cela peut-il se faire ? Les pensées se pressent les unes contre les autres, comme des moucherons dans un essaim, et les émotions suivent les pensées. Afin d'attacher leur pensée à un objet unique, les Pères prenaient l'habitude de répéter continuellement une courte prière ; grâce à cette répétition constante, cette courte prière finissait par adhérer à la langue et par se répéter de son propre mouvement. De cette manière, leur pensée adhérait à la prière et par la prière, au souvenir continuel de Dieu. Une fois que cette habitude est acquise, la prière nous garde dans le souvenir de Dieu, et le souvenir de Dieu nous garde dans la prière ; ils se soutiennent mutuellement. Voici donc une voie pour arriver à marcher devant Dieu. »

    Théophane le Reclus (1815-1894), in Higoumène Chariton, "L'art de la prière - Anthologie de textes spirituels sur la prière du cœur" (III), Spiritualité orientale n°18, Abbaye de Bellefontaine, 1976.

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  • Méditation : "Priez sans cesse..."

    « Seigneur, quand ton Esprit Saint vient habiter dans un homme, cet homme ne peut plus cesser de prier, car l'Esprit en lui prie sans cesse. Qu'il dorme, qu'il Veille, dans son cœur la prière est toujours à l’œuvre. Qu'il mange, qu'il boive, qu'il se repose ou qu'il travaille, l'encens de la prière monte spontanément de son cœur. La prière en lui n'est plus liée à un temps déterminé, elle est ininterrompue.
    Même durant son sommeil, elle se poursuit, bien cachée. Car le silence d'un homme qui est devenu libre est en lui-même déjà prière. Ses pensées sont inspirées par Toi, mon Dieu. Le moindre mouvement de son cœur est comme une Voix qui, silencieuse et secrète, chante pour Toi l'Invisible. »

    St Isaac le Syrien (7ème siècle), moine et évêque de Ninive.

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  • Mai : le mois de la Vierge Marie - 19ème jour

    Dix-neuvième jour : Du péché


    Marie a été pure et Immaculée dans sa conception, et la robe blanche de son innocence n’a jamais été souillée par la plus petite faute. Hélas ! il n’en est pas de même pour nous ; et cependant nous savons que le péché est le plus grand malheur que l’homme doive redouter, puisqu’il le sépare de Dieu et donne la mort à son âme. Nous offensons le Seigneur, nous transgressons sa loi et nous ne pensons pas au tort immense que nous nous faisons ainsi à nous-mêmes. Cependant, la foi nous enseigne qu’aussitôt après notre mort nous serons jugés par Dieu. Notre conduite sera mise en regard de la loi divine, des obligations imposées à notre état. Nos pensées, nos paroles, nos actions seront pesées rigoureusement, et notre bonheur ou notre malheur dépendra pour l’éternité de la sentence qui sera prononcée. Aucune puissance humaine ni céleste ne pourra la changer. Cette pensée fait frémir ; qu’elle ne soit donc pas stérile pour nous ; il est temps encore de nous rendre notre juge favorable ; fuyons, détestons le péché ; et, comme les saints, préférons-lui tous les maux ; car la souffrance passe, mais les suites de l’iniquité demeurent éternellement. Blanche de Castille, qui aimait tendrement son enfant, lui disait souvent : « mon fils, je serais moins affligée de vous voir mourir que de vous voir tomber dans un seul péché mortel ! », lui faisant ainsi comprendre que la vie de l’âme est infiniment supérieure à celle du corps.

    Exemple. – L’empereur de Constantinople, hérétique, étant un jour violemment irrité contre Saint Jean Chrysostome qui lui reprochait ses fautes, dit en présence de ses courtisans : - Je voudrais bien me venger de cet évêque. Quatre ou cinq d’entre eux donnèrent leur avis. Le premier dit : Envoyez-le si loin en exil, que vous ne le voyiez jamais. Le second : Confisquez tous ses biens. Le troisième : Jetez-le dans une prison chargé de fers. Le quatrième : N’êtes-vous pas le maître ? Faites-le périr et délivrez-vous-en par la mort. Un cinquième, plus intelligent : Vous vous trompez tous, dit-il ; ce n’est point là le moyen de s’en venger et de le punir. Si vous l’envoyez en exil, la terre entière est sa patrie ; si vous confisquez tous ses biens, vous les enlevez aux pauvres et non à lui ; si vous le mettez dans un cachot, il baisera ses fers et s’estimera heureux ; si vous le condamnez à mort, vous lui ouvrez le ciel. Prince, voulez-vous vous venger ? Forcez-le à commettre un péché. Je le connais, cet homme ne craint que le péché en ce monde.
    Puisse-t-on toujours dire de nous que nous ne craignons que le péché.

    Prière de Saint Liguori. – Ô Vierge affligée ! ô âme grande en vertu comme en douleur ! ô ma Mère ! ayez pitié de moi, qui n’ai pas aimé Dieu et qui l’ai tant offensé ! Ô Marie ! Vous consolez tout le monde ; veuillez donc aussi être ma consolation. Ainsi soit-il.

    Résolution. – Je veillerai attentivement sur moi-même afin d’éviter d’offenser Dieu.
    Marie, Mère sans tache, priez pour nous.

    "Mois de Marie pour tous", par M.A.G.
    Approbation + Flavien, Evêque de Bayeux et Lisieux, le 13 octobre 1874.
    Imprimatur Brugis, 23a Februarii 1932. Jos. Van der Meersch vic. gen.
  • 9 mai : Méditation

    « "Les péchés par pensée sont les plus graves car la pensée est l'homme même."
    Maurice Barrès (1862-1923)

    Le péché est toujours une désobéissance à Dieu et à ce qu'Il nous demande. Le commandement suprême étant d'aimer Dieu de tout notre coeur, de toute notre âme et de toute notre force, la désobéissance à Dieu est le péché le plus grave, surtout si cette désobéissance porte sur l'autorité même de Dieu comme Père. Lorsqu'on désobéit par orgueil et qu'on refuse de se soumettre à Dieu, on est bien en face du péché le plus grave. Oui, le péché le plus grave est bien l'orgueil qui refuse de se soumettre à l'autorité de Dieu. c'est un refus formel, c'est l'exaltation de soi : on oublie qu'on est créature de Dieu, ou plutôt on ne veut pas se considérer comme tel. Ce péché est bien dans l'intelligence et dans le coeur : c'est l'inverse d'une adoration du coeur et de l'intelligence qui considère le Père comme Créateur et Le reçoit comme l'Ami des hommes.
    Maurice Barrès a donc raison d'affirmer que les péchés les plus graves sont dans l'esprit - ce qui implique à la fois l'intelligence et la volonté : l'intelligence dans son refus de considérer l'autorité paternelle, et la volonté, quand elle refuse l'Amour de Dieu qui nous enveloppe. »

    P. Marie-Dominique Philippe o.p. (avec Michel-Marie Zanotti-Sorkine), A l'âge de la lumière - Dialogues avec la pensée des hommes, Ad Solem, 2006.

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