« La première chose qui nous frappe dans les douleurs de la sainte Vierge, c'est leur immensité, non dans le sens littéral, mais dans le sens que nous donnons ordinairement à ce mot, en l'appliquant à des choses créées. [...]
Elle voit sa nature humaine, et elle est la Mère, la Mère au-dessus de toutes les autres mères, aimant comme jamais mère n'aima, comme toutes les mères ensemble ne pourraient aimer si elles pouvaient unir leurs myriades d'amours dans le plus énergique et le plus indicible des actes. Il est son Fils, et quel Fils ! et de quelle merveilleuse manière ! Il est son trésor et son tout. Quelle source de misères aiguës, vives, mortelles, incomparables il y avait dans cette contemplation ! Et cependant il y avait encore bien plus que cela : il y avait la nature divine du Sauveur. [...]
Il est inutile de songer à donner un nom à une misère telle qui submergeait l'âme de Marie... Nul martyre ne fut jamais égal à celui-là, et l'on ne saurait lui comparer aucun nombre donné de martyres. C'est une somme de douleurs, que des unités matérielles, indéfiniment ajoutées ensemble et multipliées les unes par les autres, ne pourraient jamais former ; c'est une question de genre aussi bien que de degré, et les douleurs de Marie étaient d'un genre qui a seulement certaines affinités avec d'autres genres de douleurs, mais qui est simplement sans nom, si ce n'est celui que lui donnent les fidèles enfants de l’Église : les douleurs de Marie. »
R.P. F.W. Faber (1814-1863), Le pied de la Croix ou les douleurs de Marie, Quatrième édition, Paris, Ambroise Bray, 1862.
José de Ribera (1591-1652), Mater Dolorosa
Museumslandschaft Hessen Kassel, Cassel, Allemagne
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