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contrition

  • Méditation - l'enfant prodigue

    « Voyez l'enfant prodigue à son retour au foyer paternel. Nous le figurons-nous, après sa rentrée, prenant des airs insouciants et des allures dégagées, comme s'il avait été toujours fidèle ? Oh ! non. - Vous me direz : son père ne lui a-t-il pas tout pardonné ? - Certainement ; il a reçu son fils, les bras ouverts ; il ne lui a pas fait de reproches ; il ne lui a pas dit : "Vous êtes un misérable" ; non, il l'a serré sur son cœur. Et le retour de ce fils procure même au père une telle joie que celui-ci prépare pour le repenti un grand festin. Tout est oublié, tout est pardonné. Cette conduite du père du prodigue est l'image de la miséricorde de notre Père céleste. - Mais lui, l'enfant pardonné, quels sont ses sentiments, quelle est l'attitude qu'il conserve ? N'en doutons pas, ce sont les sentiments, c'est l'attitude qu'il avait quand il s'est jeté repentant aux pieds de son père : "Père, j'ai péché contre vous, je ne suis plus digne d'être appelé votre fils ; traitez-moi comme le dernier de vos serviteurs". Soyons certains que, pendant toutes les réjouissances par lesquelles on célébrait son retour, ce sont là les dispositions qui dominaient dans son âme. Et si plus tard la contrition y a diminué d'intensité, jamais ce sentiment ne s'en est effacé tout à fait, même après que l'enfant eut repris pour toujours au foyer paternel sa place de jadis. Que de fois il a dû dire à son père : "Vous m'avez tout pardonné, je le sais, mais mon cœur ne se lassera pas de répéter avec gratitude, combien il a de regret de vous avoir offensé, combien il veut racheter par une plus grande fidélité les heures perdues et l'oubli qu'il a fait de vous".
    Tel doit être le sentiment d'une âme qui a offensé Dieu, méprisé ses perfections, apporté sa part aux souffrances du Christ Jésus. »

    Bx Columba Marmion (1858-1923), Le Christ Idéal du Moine (VIII.I), Abbaye de Maredsous - Desclée de Brouwer, Namur - Paris, 1939.

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    Eugène Burnand (1850-1921), L’enfant prodigue
    (Crédit photo)

  • Méditation - confiance en la miséricorde divine

    « Quand vous vous sentez blessé, c'est-à-dire, quand vous voyez que vous avez fait quelque faute, soit par pure fragilité, soit avec réflexion et par malice, ne vous affligez pas trop pour cela ; ne vous laissez pas aller au chagrin et à l'inquiétude, mais adressez-vous aussitôt à Dieu, et dites-lui avec une humble confiance : C'est maintenant, ô mon Dieu, que je fais voir ce que je suis. Car que pouvait-on attendre d'une créature faible et aveugle comme moi, que des égarements et des chutes ?
    Arrêtez-vous un peu là-dessus, afin de vous confondre en vous-même, et de concevoir une vive douleur de votre faute.
    Puis, sans vous troubler, tournez toute votre colère contre les passions qui vous dominent, principalement contre celle qui a été la cause de votre péché.
    Seigneur, direz-vous, j'aurais commis de bien plus grands crimes, si par votre infinie bonté vous ne m'aviez secouru.
    Rendez ensuite mille actions de grâces à ce Père de miséricorde ; aimez-le plus que jamais, voyant que bien loin de se ressentir de l'injure que vous venez de lui faire, il vous tend encore la main, de peur que vous ne tombiez de nouveau dans quelque pareil désordre.
    Enfin, plein de confiance, dites-lui : Montrez, ô mon Dieu ! ce que vous êtes ; faites sentir à un pécheur humilié votre divine miséricorde ; pardonnez-moi toutes mes offenses ; ne permettez pas que je me sépare, ni que je m'éloigne tant soit peu de vous ; fortifiez-moi tellement de votre grâce, que je ne vous offense jamais. »

    R.P.D. Laurent Scupoli (1530-1610), Le Combat spirituel (ch. 26), Trad. P. J. Brignon, Nouvelle édition, Perisse Frères, Lyon - Paris, 1841.

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    Sir John Everett Millais, Bt (1829–1896), Le fils prodigue
    (Collection Tate - Crédit photo)

  • Méditation : le Sacré-Coeur de Jésus

    « Le Sacré-Cœur est l'asile de la miséricorde et du pardon : « Les pécheurs, dit Notre-Seigneur, trouveront dans mon Cœur l'océan infini de la miséricorde. » - « Que pouvez-vous craindre d'y aller, dit Marguerite-Marie, puisqu'il vous invite à y aller ? N'est-il pas le trône de la miséricorde où les misérables sont les mieux reçus, pourvu que l'amour les présente dans l'abîme de leur misère ? » - « Le Père éternel, par un excès de miséricorde, a fait de cet or précieux une monnaie inappréciable, marquée au coin de sa divinité, afin que les hommes en puissent payer leurs dettes et négocier la grande affaire de leur salut éternel. » - « Vous demeurerez dans le Sacré-Cœur de Jésus comme un criminel qui, par les regrets et la douleur de ses fautes, désire apaiser son juge en se renfermant dans cette prison d'amour. » - « Il m'a donné à connaître que son Sacré-Cœur est le Saint des Saints, qu'il voulait qu'il fût connu à présent pour être le médiateur entre Dieu et les hommes, car il est tout puissant pour faire leur paix et pour obtenir miséricorde. »

    « Choisissez le Cœur de Notre-Seigneur, nous dit Marguerite-Marie, pour votre oratoire sacré. Entrez-y pour y faire vos prières et oraisons, afin qu'elles soient agréables à Dieu. Vous y trouverez de quoi lui rendre ce que vous lui devez. » - [...] « Ce divin Cœur est une source intarissable où il y a trois canaux qui coulent sans cesse : premièrement de miséricorde pour les pécheurs d'où découle l'esprit de contrition et de pénitence ; le second, de charité pour tous les besoins, et particulièrement pour ceux qui tendent à la perfection, qui y trouveront de quoi vaincre les obstacles ; du troisième, découlent l'amour et la lumière pour ceux qu'il veut unir à lui pour leur communiquer sa science et ses lumières. Cherchons dans ce divin Cœur tout ce dont nous aurons besoin ; ayons recours à lui en tout temps et en tout lieu. C'est un trésor caché et infini qui ne demande qu'à s'ouvrir à nous. »

    Résolutions. - Le divin Cœur est donc une douce retraite, j'y veux demeurer toujours ; c'est un asile, un refuge où je trouverai le pardon de mes fautes et la protection dans tous les périls ; c'est l'oratoire sacré où je prierai pour être toujours exaucé. »

    Vénérable Léon Dehon (1843-1925), L'année avec le Sacré-Cœur, Tome I (20 juin), Établissements Casterman, Tournai - Paris, s.d. (1909)

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  • Méditation : Une bonne confession

    « Quand j'ai dit mes péchés et que j'écoute attentivement les admirables leçons, les réconfortantes paroles et les religieux encouragements que Jésus me fait par son fidèle ministre, quand surtout il prononce d'une voix que je sens très émue : dans un instant Jésus va se donner à vous, Jésus va être tout à vous et vous serez vous-même toute à lui, il est le grand ami qui va vous consoler, vous combler de ses grâces, vous montrer son amour et sa tendresse infinie ; recueillez-vous, mon enfant, et faites du plus profond de votre cœur votre acte de contrition, pendant que je vais vous donner l'absolution... tout mon être palpite d'émotion que je puis à peine contenir. Je voudrais pleurer abondamment, mais Jésus ne me laisse pas toujours le bienfait des larmes à ce moment-là. Dans son amour il préfère, je crois, que je pleure seule avec lui. Je dis aussi tout bas à mon Dieu : pardonnez-moi mon Dieu, ô mon Père plein de miséricorde pour votre enfant ; pardonnez-moi, ô Jésus, je me repens de toute mon âme de vous avoir contristé, vous qui êtes la bonté même, vous qui n'êtes que tendresse envers moi, petit grain de sable. Ah ! je vous promets, ô Bonté suprême, que je ne retomberai plus, que je ne vous offenserai plus... mais je vous supplie humblement d'aider ma faiblesse. »

    Vénérable Marthe Robin (1902-1981), 18 août 1930, in "Journal Décembre 1929 - Novembre 1932", Les Cahiers de Marthe Robin, Éditions Foyer de Charité, Châteauneuf-de-Galaure, 2013.

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    Acte de contrition

    « Mon Dieu, j'ai un très grand regret de vous avoir offensé parce que vous êtes infiniment bon, infiniment aimable, et que le péché vous déplaît.
    Je prends la ferme résolution, avec le secours de votre sainte grâce, de ne plus vous offenser et de faire pénitence. »

  • Méditation : le Mercredi des Cendres

    « Dès les temps les plus anciens, la cendre imposée sur la tête a été un emblème de pénitence et de douleur. Job, repentant d'avoir plaidé la cause de son innocence dans un langage trop peu mesuré, s'écrie : Je m'accuse moi-même, Seigneur, et je fais pénitence de ma faute dans la poussière et la cendre (1). En pénitence du vol sacrilège commis par Achan à la prise de Jéricho, Josué et les anciens d'Israël se couvrent la tête de cendres (2). Plus tard, Judith, Esther, Mardochée, Judas Machabée, emploient ce moyen pour fléchir la colère du ciel ; Jérémie et tous les prophètes conseillent cette pratique aux Juifs frappés de Dieu (3). Enfin Notre-Seigneur lui-même donne la cendre comme un symbole de pénitence, lorsqu'il dit des habitants de Tyr et de Sidon, que, s'ils eussent vu les miracles opérés par lui au milieu de la Judée, ils eussent fait pénitence dans le cilice et la cendre (4). C'est ce qui explique pourquoi l’Église primitive distinguait par la cendre les pénitents d'avec les fidèles et même, le premier jour du Carême, elle couvrait de cendre la tête de tous ses enfants sans distinction, par cette raison que tout chrétien, dit Tertullien, est né pour vivre dans la pénitence.

    Cette cérémonie des Cendres est donc comme un sceau qui nous dévoue à la pénitence, de telle sorte que recevoir les cendres sur la tête, sans avoir la contrition dans le cœur, c'est simuler un sentiment qu'on n'a pas, c'est une hypocrisie. Entrons de bon cœur dans l'esprit de pénitence, dès le premier jour de cette sainte quarantaine. L'intérêt de notre salut l'exige ; Jésus-Christ le déclare formellement par cette parole : "Si vous ne faites pénitence, vous périrez tous" (5) ; et il nous l'enseigne encore mieux par son exemple : toute sa vie n'a été qu'une pénitence continuelle. Tous les saints, à son imitation, ont fait pénitence, et nous donc, de quel droit nous en dispenserions-nous ? Nous avons péché bien des fois ; or tout péché, même remis, demande pénitence. Nous avons des passions à vaincre, des tentations à combattre ; or la pénitence est le plus sûr préservatif contre les unes et contre les autres. Interrogeons ici notre conscience : avons-nous l'esprit de pénitence propre au saint temps du Carême ? »

    1. Job XLII, 6 - 2. Josué VII, 6 - 3. "Aspergite vos cinere." (Jer. XXV, 34) - 4. Mt XI, 21 - 5. "Si poenitentiam non egeritiis, omnes similiter peribitis." (Luc XIII, 5).

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome I, Mercredi des Cendres), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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  • Méditation : "tout concours au bien de ceux qui aiment Dieu"

    « Apprenons à espérer constamment en notre Sauveur, jusqu'à ce qu'il vienne enfin nous consoler de ses grâces. Apprenons à ne pas nous lasser de souffrir, puisque c'est dans les souffrances que nous trouverons la vie. Et si l'extrémité des dangers affaiblit notre espérance, fortifions-nous par ces mêmes dangers en nous remettant en l'esprit que nous sommes à la veille de notre repos ; et que l'heure heureuse approche, que le Seigneur nous doit délivrer, puisque nous sommes dans le plus fort de la tribulation. Ainsi nous voyons dans l’Évangile qu'il laissa les Disciples sur la Mer, plus de la moitié de la nuit, agités des flots et tourmentés de la tempête ; et qu'à la fin il vint à eux pour les rassurer par sa présence, et pour les tirer de l'orage. Ainsi nous lisons dans l'Exode que lorsque le peuple Juif gémissait le plus sous le joug de la servitude, Dieu vint le délivrer, et lui apprendre qu'il ne l'avait ainsi éprouvé que pour lui imprimer la crainte, afin qu'en le craignant il ne péchât point. Et ainsi, ma Fille, il viendra à vous, lorsque vous penserez le moins à cette grâce, et lorsque vous serez le plus tourmentée. Cependant s'il vous semble que vous voudriez vivre si saintement, que vous puissiez employer à la gloire de Dieu tous les moments de votre vie, sachez qu'il y a des âmes si enflées de présomption, qu'elles ne peuvent reconnaître leur faiblesse, qu'en souffrant des grandes tentations, et quelquefois même de très grandes chutes. Car ces sortes de personnes sont si lâches à servir Dieu, qu'ils ne pourraient pas s'approcher de lui, si lui même ne les y poussait comme à coups d'éperon. Ils ont le cœur si dur, qu'il n'y a que le marteau des souffrances qui le puisse briser : comme la vanité de leurs pensées les aveugle, il faut qu'ils tombent en quantité d'égarements, afin d'acquérir de la prudence. Et comme enfin il s'estiment excessivement quand ils font quelque bonne œuvre, ils ont besoin de tomber en beaucoup de maux, afin de s'humilier devant Dieu et envers le prochain. Ainsi, dis-je, Dieu permet qu'ils soient accablés d'adversités, qu'ils souffrent de grandes peines, qu'ils aient l'esprit couvert de ténèbres ; et qu'ils succombent même à beaucoup de péchés, afin de les en délivrer dès qu'ils commenceront à s'humilier dans le sentiment de tant de misères. Il les laisse venir jusqu'en Babylone, pour les tirer de la main de leurs ennemis, selon le langage du Prophète : car la confusion où ils sont de leurs chutes les humilie et leur fait demander à Dieu le remède qu'ils n'eussent peut-être pas recherché s'ils ne fussent tombés, et qu'ils eussent peut-être perdu par leur arrogance, ou par leur tiédeur.

    Soyez donc, ô mon Dieu, soyez éternellement adoré, que toutes vos créatures vous bénissent à jamais, et que tous les hommes reconnaissent la grandeur de votre puissance, qui rend dignes du Ciel ceux qui étaient dignes de l'Enfer, et qui rend votre gloire aussi grande à pardonner aux pécheurs, comme à faire des justes et à les soutenir. Car vous sauvez par la douleur et par le regret d'un cœur contrit et humilié, celui qui ne pouvait vous être fidèle ; vous faites que nos offenses nous rendent humbles et prudents, et ardents à votre service. Enfin, que ceux qui vous ont le plus offensé vous aiment davantage, parce que vous leur pardonnez plus abondamment. En quoi nous reconnaissons l'accomplissement de ces paroles de votre Apôtre : "que vous faites avantage de tout à ceux qui vous aiment" (italiques), et de leurs péchés mêmes, selon saint Augustin. »

    St Jean d'Avila (1499-1569), Œuvres chrestiennes sur le verset Audi Filia et Vide (chap. XXIV), A Paris, Chez Edme Couterot, 1662.

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  • Méditation : l'utilité de l'oraison mentale

    « Un chrétien ne devrait mesurer l'utilité d'un exercice, que par le fruit spirituel qui lui en revient. N'est-ce pas une chose déplorable, qu'élevés comme nous le sommes à un état surnaturel, nous ne soyons sensibles qu'à ce qui est naturel, qu'à ce qui regarde le corps ? On juge utile tout ce qui sert au bien de ce corps ; tout ce qui nous procure quelque intérêt temporel ; et on ne forme pas le même jugement de ce qui sert au bien de l'âme, et qui procure l'intérêt éternel. O mon Dieu ! jusques à quand ramperons-nous ainsi dans la poussière ? Ne nous élèverons-nous jamais au-dessus des sens ? Les biens spirituels ne règleront-ils jamais nos jugements ?

    Considérez donc que l'oraison mentale est une source féconde de toute sorte de biens spirituels ; de toutes les connaissances surnaturelles ; de toutes les affections saintes qui naissent de ces connaissances ; de toutes les grâces attachées à la prière. C'est là où on se remplit l'esprit des vérités de la foi, et où l'on apprend à pratiquer toutes les vertus ; là où l'on apprend à connaître Dieu, à le craindre, à l'aimer, à le servir. On apprend à se connaître soi-même, et à se mépriser, à connaître le néant des créatures, et à s'en détacher ; à estimer les biens de la grâce, et à les rechercher. Là on apprend à connaître l'énormité du péché, et à le fuir comme le souverain mal ; la nécessité de la pénitence ; le danger de la différer. C'est là qu'on étudie les leçons et la morale de Jésus-Christ, qu'on travaille à former en soi un esprit et un cœur chrétien. C'est là où l'on reçoit les lumières qui découvrent les perfections de Jésus-Christ, les obligations infinies que nous lui avons, de quelle nécessité il est de lui devenir semblables par l'imitation de ses vertus, etc. C'est dans l'oraison que l'on s'exerce à toutes sortes d'actes de vertus, de foi, d'espérance, d'amour, d'adoration, de louange, d'actions de grâces, d'offrande, de contrition, d'humilité, etc. C'est là où les saintes affections s'excitent et s'enflamment ; et où les saintes résolutions se forment. C'est là où la prière et les demandes sont plus ferventes, et plus efficaces. C'est là où l'on apprend à parler à Dieu, à se tenir en sa présence, à s'unir à lui. En un mot, c'est dans l'oraison où l'on apprend la science des saints, qui renferme tout ce qu'on vient de dire. Et on peut ajouter avec vérité, que ce n'est que là où cette science s'apprend. Qu'on trouve un homme qui ait acquis cette science sans le secours de l'oraison ? Qu'on en trouve un qui avec ce secours n'y ait pas fait de grands progrès ? »

    R.P. Joseph de Gallifet s.j., Sujets de méditations pour une retraite de huit jours Sur la fin de l'homme, et la grande affaire du Salut (Préliminaire, IV), A Lyon, Chez Pierre Valfray, 1734.

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  • Méditation : les distractions dans la prière

    « Les distractions que vous aurez dans la prière ne doivent point vous étonner ; elles sont inévitables après tant d'agitations et dissipations volontaires ; mais elles ne vous nuiront point, si vous les supportez avec patience. L'unique danger que j'y crains est qu'elles ne vous rebutent. Qu'importe que l'imagination s'égare, et que l'esprit même s'échappe en mille folles pensées, pourvu que la volonté ne s'écarte point, et qu'on revienne doucement à Dieu sans s'inquiéter, toutes les fois qu'on s'aperçoit de sa distraction. Pourvu que vous demeuriez dans cette conduite douce et simple, vos distractions mêmes se tourneront à profit, et vous en éprouverez l'utilité dans la suite, quoique Dieu la cache d'abord. La prière doit être simple, beaucoup du cœur, très peu de l'esprit ; des réflexions simples, sensibles et courtes, des sentiments naïfs avec Dieu, sans s'exciter à beaucoup d'actes dont on n'aurait pas le goût. Il suffit de faire les principaux de foi, d'amour, d'espérance et de contrition (*) ; mais tout cela sans gêne, et, suivant que votre cœur vous y portera. Dieu est jaloux de la droiture du cœur ; mais autant qu'il est jaloux sur cette droiture, autant est-il facile et condescendant sur le reste. Jamais ami tendre et complaisant ne le fut autant que lui. Pour votre prière, vous pouvez la faire sur les endroits des Psaumes qui vous touchent le plus. Toutes les fois que votre attention se relâche, reprenez le livre et ne vous inquiétez pas. L'inquiétude sur les distractions est la distraction la plus dangereuse. »

    Fénelon, extrait de la Lettre au Marquis de Seignelai, 1690, in "Œuvres spirituelles", Correspondance, Coll. Les maîtres de la spiritualité chrétienne, Aubier, Paris, 1954.

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    (*) : Actes de foi, d'espérance, de charité et de contrition, pour mémoire, ci-dessous :

    Acte de Foi

    Mon Dieu, je crois fermement toutes les vérités que vous avez révélées, et que vous nous enseignez par votre Église, parce que vous ne pouvez ni vous tromper, ni nous tromper.

    Acte d’Espérance

    Mon Dieu, j’espère, avec une ferme confiance, que vous me donnerez, par les mérites de Jésus-Christ, votre grâce en ce monde, et si j’observe vos commandements, le bonheur éternel dans l’autre, parce que vous l’avez promis, et que vous êtes fidèle dans vos promesses.

    Acte de Charité

    Mon Dieu, je vous aime de tout mon cœur, et par-dessus toutes choses, parce que vous êtes infiniment bon et infiniment aimable, et j’aime mon prochain comme moi-même pour l’amour de vous.

    Acte de contrition

    Mon Dieu, j'ai un très grand regret de vous avoir offensé, parce que vous êtes infiniment bon, infiniment aimable et que le péché vous déplaît. Je prends la ferme résolution, avec le secours de votre Sainte Grâce, de ne plus vous offenser et de faire pénitence.

  • Méditation : le péché

    « Le péché n'est qu'un renversement de l'amour. L'amour, en effet, est don de soi à l'autre, jusqu'à l'oubli de soi ; le péché au contraire, est repliement sur soi, pour se faire le centre de tout et de tous, au service de ses convoitises personnelles : c'est de là qu'il tire son nom d'"amour-propre".

    Tout homme se trouve affronté à son propre vide. Face à cette constatation, douloureuse à la nature, il peut s'y refuser, prétendre avoir sa plénitude en soi et donc se suffire par soi-même ; c'est la réaction de l'orgueil : "vous serez comme des dieux". "Toi qui disais en ton coeur... : Je monterai au sommet des nuages, je ressemblerai au Très-Haut" (Is 14,14). La conséquence est alors la chute : son vide lui devient plus évident, plus inexorable : "leurs yeux s'ouvrirent, et ils virent qu'ils étaient nus", dépouillés de tout.

    Mais la réaction peut être aussi celle de l'homme humble et pénitent qui, en face de son vide, de sa nullité, y découvre un appel à se tourner vers Celui qui peut le combler, vers Dieu. "De toi mon âme a soif... Comme une terre sèche, épuisée, sans eau" (Ps 62,2). La réponse de Dieu ne se fait pas attendre ; pour combler ce vide, il donne sa présence, selon sa mesure propre : "bonne, secouée, tassée, débordante" (Lc 6,38) : une plénitude qui peut alors rejaillir pour se communiquer aux autres.

    Le propre de l'attitude pénitente est de reconnaître notre pauvreté foncière et de regretter, au lieu de nous être tourné vers Dieu, d'avoir succombé au mal du repliement sur nous-mêmes, empêchant ainsi l'amour de Dieu de se communiquer à notre âme et, par nous, à nos frères. »

    Dom Gabriel Braso o.s.b., Sentier de Vie - Au seuil de notre conversion, Coll. spiritualité orientale et vie monastique n°2, Abbaye de Bellefontaine, 1974.

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  • 23 novembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Les marchands du Temple (Lc 19, 45-48)

    « 2. Il y avait une figure, quand le Seigneur chassa du temple ces hommes qui cherchaient leurs intérêts, et n’y entraient que pour vendre et acheter (Jn II, 15). Or, si ce temple était une figure, il devient évident que le corps de Jésus-Christ, qui est le véritable temple, et dont cet autre n’était que la figure, renferme aussi des vendeurs et des acheteurs, ou des hommes qui recherchent leurs intérêts, et non pas ceux de Jésus-Christ (Ph II, 21). Mais un fouet de cordes va les en chasser. La corde en effet signifie les péchés, comme il est dit par un Prophète : "Malheur à ceux qui traînent leurs péchés, comme une longue chaîne (Is V, 18) ". Or, c’est traîner ses péchés comme une longue chaîne qu’ajouter péchés sur péchés ; que recouvrir un péché que l’on vient de commettre par un autre que l’on commet ensuite. De même en effet, que pour faire une corde on joint filasse à filasse, et qu’on la tord au lieu de la tirer en droite ligne, de même, ajouter l’une à l’autre des actions perverses et qui sont des péchés, aller de faute en faute et enrouler péché sur péché, c’est en composer une longue chaîne. "Leurs voies sont contournées, leurs démarches tortueuses (Jb, VI, 18)". Mais à quoi servira cette corde, sinon à leur lier les pieds et les mains pour les jeter dans les ténèbres extérieures ? Vous savez ce que dit l’Evangile à propos de certain pécheur : "Liez-lui les pieds et les mains, et jetez-le dans les ténèbres extérieures ; c’est là qu’il y aura pleur et grincement de dents (Mt XXII, 13)". Il n’y aurait pas moyen de lui lier les pieds et les mains, si lui-même ne s’était fait une corde. De là ce mot si clair d’un autre endroit : "Chacun est garrotté par les liens de ses péchés (Pr V, 22)". C’est donc parce que les hommes sont frappés par les cordes de leurs péchés que le Seigneur se fit un fouet avec des cordes, et qu’il chassa du temple ceux qui cherchaient leurs intérêts, et non ceux du Christ (Jn II, 15 ; Ph II, 21).

    3. Tel est donc le temple qui parle dans notre Psaume. C’est dans ce temple, ai-je dit, que l’on prie le Seigneur ; c’est là, et non dans le temple matériel, qu’il nous exauce en esprit et en vérité. Car le temple de Jérusalem n’était qu’une figure qui annonçait l’avenir ; et voilà pourquoi il est tombé ; mais la maison de notre prière est-elle tombée ? Loin de là ; car ce n’est point ce temple qui est tombé que l’on pouvait appeler maison du Seigneur, et dont il est dit "Ma maison sera appelée chez tous les peuples une maison de prière". Vous entendez en effet cette parole de Notre-Seigneur Jésus-Christ : "Il est écrit", nous dit-il, "que ma maison sera appelée chez tous les peuples une maison de prière, et vous en avez fait une caverne de voleurs (Mt XXI, 12, 13)". Mais ceux qui ont pu faire de la maison de Dieu une caverne de voleurs, ont-ils bien pu détruire ce même temple (Jn II, 19) ? De même ceux qui dans l’Eglise catholique ont unie vie déréglée, font de la maison de Dieu une caverne de voleurs, autant qu’il est en eux ; mais ils n’en renversent point le temple. Un temps viendra qu’ils en seront chassés par le fouet de leurs iniquités. Or, ce temple de Dieu, ce corps du Christ, cette assemblée des fidèles n’a qu’une même voix, et chante notre Psaume comme un seul homme. Déjà nous avons entendu sa voix dans bien des psaumes, écoutons-la encore dans celui-ci. C’est notre voix, si nous le voulons ; si nous le voulons encore, écoutons de l’oreille et chantons du coeur, Si nous refusons, au contraire, nous serons dans ce temple comme des vendeurs et des acheteurs, c’est-à-dire, cherchant nos propres intérêts. Nous entrerons dans l’Eglise, non pour y chercher ce qui est agréable aux yeux de Dieu. Que chacun de vous, dès lors, examine sa manière d’écouter, s’il écoute pour tourner en dérision, s’il écoute pour négliger ce qu’il entend, s’il écoute pour correspondre, c’est-à-dire, s’il reconnaît sa propre voix et s’il joint la voix de son coeur à la voix qu’il entend. Notre Psaume néanmoins ne laisse point de chanter: que ceux-là s’en instruisent qui le peuvent, et même qui le veulent ; pour ceux qui ne le veulent point, qu’ils ne soient un obstacle pour personne. Que l’on nous prêche l’humilité; c’est ainsi qu’il commence.

    4. "Seigneur, mon coeur ne s’est point élevé". L’interlocuteur a offert un sacrifice. Comment prouver qu’il a offert un sacrifice ? C’est qu’il y a sacrifice dans l’humilité du coeur. Il est dit dans un autre Psaume : "Si vous eussiez voulu un sacrifice, je vous l’eusse offert (Ps L, 18)". Le Prophète voulait alors satisfaire à Dieu pour ses péchés, l’apaiser et en recevoir le pardon de ses fautes. Et comme s’il se fût demandé comment il l’apaiserait : "Si vous eussiez voulu un sacrifice", dit-il, "je vous l’eusse offert ; mais les holocaustes ne vous seront point agréables". C’est donc en vain qu’il cherchait, pour apaiser le Seigneur, des béliers, des taureaux, ou toute autre victime. Quoi donc ! parce que le Seigneur n’agrée pas les holocaustes, ne recevra-t-il point le sacrifice, et sans sacrifice pourra-t-on l’apaiser ? S’il n’y avait aucun sacrifice, il n’y aurait aucun prêtre. Et toutefois, nous avons un prêtre qui intercède pour nous auprès de son Père (Hb IX, 12). Car il est entré dans le Saint des Saints, dans l’intérieur du voile, où le grand prêtre entrait en figure une fois l’année seulement, comme Notre-Seigneur n’a été offert qu’une fois dans le cours des temps. C’est lui-même qui s’est offert, lui le prêtre, lui la victime, qui est entré une fois dans le Saint des Saints, qui ne meurt plus ; la mort n’aura plus d’empire sur lui (Rm VI, 9). Nous sommes donc en sûreté, puisque nous avons ce grand prêtre dans le ciel ; offrons aussi une victime. Et toutefois, voyons quel sacrifice nous devons offrir : car notre Dieu n’aime point les holocaustes, comme il est dit dans le Psaume, lequel néanmoins nous désigne aussitôt le sacrifice que nous devons offrir : "Le sacrifice agréable à Dieu est une âme brisée de douleur ; vous ne rejetterez pas, ô Dieu, un coeur contrit et humilié (Ps L, 19)". Si donc le coeur humilié est un sacrifice à Dieu, il a offert ce sacrifice celui qui a dit : "Seigneur, mon coeur ne s’est point élevé". Vois encore ailleurs qu’il offre un sacrifice, quand il dit à Dieu : "Voyez mon humiliation et mon labeur, et pardonnez-moi tous mes péchés (Id. XXIV, 18). »

    Saint Augustin, Discours sur le Psaume CXXX (2-4).

    Source : jesusmarie.com

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    Traduits par M. l’abbé Morisot, 1875.

  • 9 novembre : Méditation

    « O mon tendre Maître ! vous êtes mort pour conquérir mon âme ; mais moi, qu'ai-je fait pour vous conquérir, Dieu infini ? Ah ! mon Jésus, combien de fois je vous ai perdu au contraire ! Misérable, je savais que je perdais votre grâce par mes péchés ; je savais que je vous causais un grand déplaisir, et cependant je l'ai fait. Ce qui me rassure, c'est que j'ai affaire à une bonté infinie qui oublie les péchés lorsque le pécheur s'en repent et l'aime. Oui, mon Dieu, je me repens et je vous aime. De grâce, pardonnez-moi et régnez désormais dans ce coeur si longtemps rebelle : je vous le confie et je me donne entièrement à vous. Dites-moi ce que vous voulez : je suis prêt à le faire. Mais, mon Sauveur, je veux vous aimer, je veux vous contenter en tout : donnez-moi la force nécessaire, et j'espère accomplir ma résolution.
    [...]
    Je vous aime, ô mon Amour crucifié ; je vous aime de tout mon coeur, et vous donne cette âme tant recherchée et tant aimée de vous. Ah ! par les mérites de cette mort qui sépara avec tant de douleur votre sainte âme de votre corps, détachez-moi de toute affection qui pourrait m'empêcher d'être tout à vous, et de vous aimer de tout mon coeur. Marie, mon espérance, aidez-moi à n'aimer que votre divin Fils, en sorte que je puisse toujours dire avec vérité le reste de ma vie : Mon Amour a été crucifié, mon Amour a été crucifié. Amen. »

    Monseigneur Gaume (1802-1879), Horloge de la Passion ch.16 (29e édition), Librairie Catholique Emmanuel Vitte, Lyon - Paris, 1905.

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  • 26 juin : Méditation

    « Voyez l'enfant prodigue à son retour au foyer paternel. Nous le figurons-nous, après sa rentrée, prenant des airs insouciants et des allures dégagées, comme s'il avait été toujours fidèle ? Oh ! non. - Vous me direz : son père ne lui a-t-il pas tout pardonné ? - Certainement ; il a reçu son fils, les bras ouverts ; il ne lui a pas fait de reproches ; il ne lui a pas dit : "Vous êtes un misérable" ; non, il l'a serré sur son coeur. Et le retour de ce fils procure même au père une telle joie que celui-ci prépare pour le repenti un grand festin. Tout est oublié, tout est pardonné. Cette conduite du père du prodigue est l'image de la miséricorde de notre Père céleste. - Mais lui, l'enfant pardonné, quels sont ses sentiments, quelle est l'attitude qu'il conserve ? N'en doutons pas, ce sont les sentiments, c'est l'attitude qu'il avait quand il s'est jeté repentant aux pieds de son père : "Père, j'ai péché contre vous, je ne suis plus digne d'être appelé votre fils ; traitez-moi comme le dernier de vos serviteurs". Soyons certains que, pendant toutes les réjouissances par lesquelles on célébrait son retour, ce sont là les dispositions qui dominaient dans son âme. Et si plus tard la contrition y a diminué d'intensité, jamais ce sentiment ne s'en est effacé tout à fait, même après que l'enfant eut repris pour toujours au foyer paternel sa place de jadis. Que de fois il a dû dire à son père : "Vous m'avez tout pardonné, je le sais, mais mon coeur ne se lassera pas de répéter avec gratitude, combien il a de regret de vous avoir offensé, combien il veut racheter par une plus grande fidélité les heures perdues et l'oubli qu'il a fait de vous".
    Tel doit être le sentiment d'une âme qui a offensé Dieu, méprisé ses perfections, apporté sa part aux souffrances du Christ Jésus. »

    Bx Dom Columba Marmion (1858-1923), Le Christ Idéal du Moine (VIII.I), Abbaye de Maredsous - Desclée de Brouwer, Namur - Paris, 1939.

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    "Le Retour de l'enfant prodigue" de Leonello (Lionello) Spada (1576-1622)