« Quand vous vous sentez blessé, c'est-à-dire, quand vous voyez que vous avez fait quelque faute, soit par pure fragilité, soit avec réflexion et par malice, ne vous affligez pas trop pour cela ; ne vous laissez pas aller au chagrin et à l'inquiétude, mais adressez-vous aussitôt à Dieu, et dites-lui avec une humble confiance : C'est maintenant, ô mon Dieu, que je fais voir ce que je suis. Car que pouvait-on attendre d'une créature faible et aveugle comme moi, que des égarements et des chutes ?
Arrêtez-vous un peu là-dessus, afin de vous confondre en vous-même, et de concevoir une vive douleur de votre faute.
Puis, sans vous troubler, tournez toute votre colère contre les passions qui vous dominent, principalement contre celle qui a été la cause de votre péché.
Seigneur, direz-vous, j'aurais commis de bien plus grands crimes, si par votre infinie bonté vous ne m'aviez secouru.
Rendez ensuite mille actions de grâces à ce Père de miséricorde ; aimez-le plus que jamais, voyant que bien loin de se ressentir de l'injure que vous venez de lui faire, il vous tend encore la main, de peur que vous ne tombiez de nouveau dans quelque pareil désordre.
Enfin, plein de confiance, dites-lui : Montrez, ô mon Dieu ! ce que vous êtes ; faites sentir à un pécheur humilié votre divine miséricorde ; pardonnez-moi toutes mes offenses ; ne permettez pas que je me sépare, ni que je m'éloigne tant soit peu de vous ; fortifiez-moi tellement de votre grâce, que je ne vous offense jamais. »
R.P.D. Laurent Scupoli (1530-1610), Le Combat spirituel (ch. 26), Trad. P. J. Brignon, Nouvelle édition, Perisse Frères, Lyon - Paris, 1841.
Sir John Everett Millais, Bt (1829–1896), Le fils prodigue
(Collection Tate - Crédit photo)