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oisiveté

  • Méditation de la 3ème semaine de l'Avent : le recueillement (1er jour)

    « La dissipation est opposée au recueillement. Être dissipé, c'est penser à plusieurs choses lorsqu'on ne devrait penser qu'à une seule. Être recueilli, c'est se fixer à ce qui doit occuper actuellement sans penser à autre chose.
    Le recueillement consiste à éviter la dissipation, et par conséquent à retenir ses sens intérieurs, qui sont l'esprit et l'imagination, ainsi que les sens extérieurs qui sont la langue, les yeux, les oreilles, afin qu'ils ne se portent pas à toutes sortes d'objets, et que l'esprit puisse s'appliquer entièrement à ce qui doit l'occuper.
    ...
    Évitez l'oisiveté. Un esprit oisif court partout et ne s'arrête nulle part ; c'est un oiseau, c'est un papillon qui ne fait que voltiger.
    Évitez l'empressement, modérez l'activité naturelle. Que votre âme ne sorte jamais de vos mains. Et si vous sentez que votre cœur veut vous échapper, dites-lui aussitôt : mon cœur, où vas-tu ? reviens, tu ne m'abandonneras pas.
    ...
    Dieu pense toujours à nous, pensons le plus souvent que nous pouvons à Dieu. Que les yeux de notre âme soient toujours, comme ceux du prophète, fixés sur le Seigneur (1). Puissions-nous dire avec lui : je ne perds point de vue le Seigneur, qui est ma défense ; il m'accompagne et me met à couvert de ce qui peut me nuire (2). Un saint abbé disait souvent à ses moines, que l'exercice de la présence de Dieu était le moyen des moyens pour devenir parfait ; il leur répétait sans cesse ces paroles du Seigneur au père des croyants, afin qu'ils les méditassent : « Marchez en ma présence et soyez parfait, j'établirai pour toujours une alliance entre vous et moi » (3). »

    1. "Oculi mei semper ad Dominum." (Ps 24, 15) - 2. "Providebam Dominum in conspectu meo semper, quoniam a dextris est mihi ne commovear." (Ps 15, 8) - 3. "Ambula coram me et esto perfectus ; ponamque foedus meum inter me et te." (Gn 17, 1-2).

    [Jean-Baptiste Lasausse], La science de l'oraison mentale ou Instructions pour chaque jour du mois (IXe Jour), A Paris, De l'Imprimerie de Crapart, 1791.

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  • Méditation : "Mets Seigneur une garde à ma bouche, veille sur la porte de mes lèvres..."

    « La langue de l’homme a grand besoin d’être bien réglée et tenue en bride, parce que nous sommes tous fort enclins à parler à tout propos des choses qui flattent les sens. L’intempérance de langage vient le plus souvent d’un certain orgueil qui nous persuade que nous avons de grandes connaissances. Pleins d’admiration pour nos propres pensées, nous nous efforçons, à force de les redire, de les imprimer dans l’esprit des autres et de nous constituer leurs maîtres, comme s’ils avaient besoin de nos leçons... La loquacité est une source d’oisiveté, une marque d’ignorance, une folie, une porte ouverte à la médisance, une source de mensonges et un obstacle à la ferveur. L’affluence des paroles fortifie les passions mauvaises, et cette force qu’elle donne aux passions porte la langue à se livrer de plus en plus à l’indiscrétion du langage... Évitez le ton magistral et les éclats de voix. Cette manière de parler est fort désagréable et dénote beaucoup de suffisance et de présomption. Ne parlez jamais de vous, de vos actions... à moins que la nécessité ne vous y oblige ; et en ce cas, faites-le brièvement et avec beaucoup de retenue... Parlez le moins possible du prochain et des choses qui le concernent, si ce n’est pour en dire du bien quand l’occasion s’en présente. Parlez volontiers de Dieu et tout spécialement de son amour et de sa bonté pour nous, mais en cela même craignez de dépasser les bornes ; prenez plutôt plaisir à écouter ce que les autres disent à cet égard, et conservez leurs paroles dans le fond de votre cœur. Quant aux discours profanes, qu’ils s’arrêtent à vos oreilles et laissent votre pensée absorbée dans le Seigneur. Que s’il est nécessaire d’écouter celui qui parle pour le comprendre et être à même de lui répondre, ne laissez point pourtant d’élever de temps en temps un regard vers le Ciel où votre Dieu habite ; considérez sa majesté suprême, comme lui-même regarde votre bassesse. Pesez bien les choses qui vous viennent à l’esprit avant de les confier à la langue, et vous en trouverez beaucoup qu’il serait mieux de taire. Parmi les choses même qui vous sembleront bonnes à dire, plusieurs pourront avec avantage être passées sous silence... Le silence est une grande force dans le combat spirituel ; c’est le gage assuré de la victoire. Le silence est ami de celui qui se défie de lui-même et se confie en Dieu ; il conserve l’esprit d’oraison et nous aide merveilleusement dans l’exercice des vertus. Pour vous accoutumer à vous taire, considérez souvent les maux et les dangers qu’entraîne l’intempérance de langage, les avantages immenses que procure le silence. Excitez-vous à l’amour de cette vertu et, pour en acquérir l’habitude, taisez-vous durant quelque temps, alors même que vous auriez sujet de parler, pourvu toutefois que votre silence ne soit préjudiciable ni aux autres, ni à vous-même... »

    Lorenzo Scupoli, Le combat spirituel (chap. XXIV), Trad. R.P. Jean Brignon, Chez Durand, Paris, 1774.
    Texte intégral (Abbaye Saint-Benoît - format pdf).

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  • Méditation : ennui, négligence, découragement, dégoût et abandon de la prière, de la pénitence, des lectures spirituelles...

    « Les amis des plaisirs de la vie présente vont des pensées aux fautes ; car, emportés par un jugement inconsidéré, ils désirent faire passer presque toutes les idées de leurs passions en des discours iniques et des œuvres impies. Mais ceux qui entreprennent de pratiquer la vie ascétique vont des fautes aux mauvaises pensées ou à certaines paroles perverses et nuisibles. Car si les démons voient de tels hommes accepter de railler, se livrer à des propos oisifs et intempestifs, rire indécemment, s'emporter plus que de raison ou désirer la gloire vide et futile, alors, d'un commun accord, ils s'arment contre eux : c'est la gloriole surtout qu'ils prennent pour occasion de leur propre malice, ils sautent par elle dans les âmes comme par une fenêtre obscure et les saccagent. Il faudrait donc que ceux qui veulent vivre dans la multitude des vertus n'aspirent pas à la gloire, ne rencontrent pas beaucoup de gens, ne sortent pas continuellement, ne se raillent pas d'autrui, même si ceux qu'ils raillent méritent ces railleries, et qu'ils ne parlent pas beaucoup, alors même qu'ils pourraient tout dire comme il faut. C'est que l'abondance des paroles, en dissipant l'esprit sans mesure, non seulement lui enlève toute aptitude à l'activité spirituelle, mais encore le livre au démon de "l'acédie" (*), qui, en l'énervant sans mesure, le livre à celui de la tristesse, puis à celui de la colère. Il faut donc que l'esprit se consacre toujours à l'observation des saints commandements et à un souvenir profond du Seigneur de gloire. Car "celui qui garde le commandement, dit l’Écriture, ne connaîtra pas de propos pervers" (Eccl. 8,5), c'est-à-dire qu'il ne se tournera pas vers des pensées ou des paroles mauvaises. »

    (*) : en résumé : mal de l'âme qui conduit à l'ennui, l'abattement, la torpeur, la négligence - l'indifférence, le découragement, le dégoût et l'abandon de la prière, de la pénitence, des lectures spirituelles...
    Plus précisément, l'acédie est le découragement, l'état de dégoût "que tous les Pères spirituels regardent comme le plus grand danger pour l'âme. L'acédie est l'impossibilité pour l'homme de reconnaître quelque chose de bon ou de positif ; tout est ramené au négativisme et au pessimisme. c'est vraiment un pouvoir démoniaque en nous, car le diable est fondamentalement un menteur. Il ment à l'homme au sujet de Dieu et du monde ; il remplit la vie d'obscurité et de négation. Le découragement est le suicide de l'âme, car lorsque l'homme en est possédé, il est absolument incapable de voir la lumière et de la désirer."
    Alexandre Schmemann, in "Le Grand Carême", Spiritualité Orientale n°13, Abbaye de Bellefontaine, 1977.

    St Diadoque de Photicé (fêté ce jour), Cent chapitres sur la perfection spirituelle (Cent chapitres gnostiques), XCVI, Introduction et traduction Edouard des Places S.J., Éditions du Cerf, coll. Sources Chrétiennes n°5, Paris, 1943.

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    Le rêve du Docteur d'Albrecht Dürer (1471-1528) - détail (Source)

  • Méditation : l'usage du temps (la lecture)

    « L'usage du temps... voilà une autre grande difficulté de la vie spirituelle. Si nous pouvions bien voir la différence du voeu de sainte Thérèse, de faire toujours ce qu'il y a de plus parfait, et de celui de saint Alphonse, de ne jamais perdre un instant, c'est ce dernier qui nous effraierait le plus ; et parmi les merveilles des quatre-vingt-huit ans de saint André Avellin, la plus étonnante est de n'avoir jamais laissé un seul moment passer oisif et inaperçu. Il y a dans cette pensée de quoi effaroucher la foi, et nous pouvons douter sérieusement que même les saints puissent tenir si constamment leur attention fixée sur Dieu ; mais, n'ayant nulle expérience de la sainteté, nous ne pouvons nous prononcer sur ce qui les regarde. Quant à nous, ce serait une présomption de vouloir l'essayer : et cependant, presque dans toutes nos journées, il y aura des intervalles qui seront vraisemblablement remplis par des inutilités ; ces inutilités sont fort innocentes, mais malheureusement combien l'esprit s'y évapore ! C'est alors qu'une lecture bien choisie, même sur un sujet tout séculier (pour ne point parler de notre lecture spirituelle régulière qui nous met plus sérieusement et plus directement en rapport avec Dieu), viendra fort à propos, non seulement pour nous faire éviter le mal, mais encore pour nous procurer un bien positif.

    Ce passe-temps prend possession de l'âme, l'occupe et y met garnison de pensées plus ou moins directement divines, empêchant par là l'esprit du mal, qui est toujours en alerte, de pouvoir s'y insinuer. Il y a de nos jours, dans l'atmosphère qui nous environne, deux influences dont la contagion est très nuisible à la vie spirituelle : la multiplicité d'intérêts et la succession rapide des objets. Il est triste de voir combien ces deux choses réussissent à chasser Dieu de nos âmes en empiétant ligne par ligne ; de sorte que l'occupation à des sujets religieux est devenue pour nos esprits une chose importante en dévotion, surtout pour ceux qui, vivant dans le monde, sont obligés d'entendre le fracas et de voir les révolutions effrayantes de cette espèce de machine divine qui a brisé son frein. Je n'ai pas besoin d'insister là-dessus, mais il serait difficile d'exagérer le danger ; car on peut dire que ce qui s'empare de toutes nos pensées est maître de nous. Il est donc nécessaire d'avoir du goût pour la lecture, à cause des périls et des moeurs de notre temps. »

    R.P. Frederick William Faber (1814-1863), Conférences spirituelles, Bray et Retaux, Paris, 1872 (6e éd.).

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  • Mai : le mois de la Vierge Marie - 9ème jour

    Neuvième jour : Le travail

    Lorsque le premier homme eut péché, Dieu lui infligea, comme l’une des punitions de sa faute, la nécessité du travail. « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front, lui dit-il ; la terre ne produira d’elle-même que des ronces et des épines. »
    Cette obligation est générale, quelle que soit la position dans laquelle la Divine Providence nous ait placés. L’ennui, la peine, la fatigue, la souffrance que nous y trouvons, ne doivent ni nous étonner, ni nous décourager, car le travail est une expiation. Si parfois nous y rencontrons une certaine jouissance, c’est que Dieu, dans sa bonté, veut bien nous aider à accomplir notre tâche.
    Le divin Maître a sanctifié ce labeur quotidien dont nous nous plaignons parfois : Jésus a été ouvrier ; Il s’est occupé à de pénibles travaux, et Marie, fille des rois, qui devait être un jour la Reine des Anges, a été soumise à la même loi. La tradition nous la représente, tantôt filant et tissant les étoffes nécessaires à ses vêtements et à ceux de son Fils, tantôt vaquant aux humbles soins de son ménage. Levons souvent les yeux vers la Sainte Famille de Nazareth, lorsque nous nous sentons accablés par la longueur ou l’aridité de notre travail, et demandons-lui de nous aider à l’imiter.

    Exemple. – Saint Sylvain, qui habitait le mont Sinaï avec ses religieux, reçut un jour la visite d’un ermite qui, voyant les moines travailler, s’en étonna.
    - Pourquoi, leur dit-il, travaillez-vous avec tant d’ardeur pour vous procurer une nourriture périssable ? Marie n’a-t-elle pas choisi la meilleure part ? et Marthe n’a-t-elle pas été reprise par le Seigneur à cause de son occupation ?
    Sans répondre à cette interpellation, Saint Sylvain fit donner un livre à l’ermite étranger et lui assigna une cellule inhabitée. A 3h. de l’après-midi, l’ermite s’étonna de ne voir personne l’appeler pour le repas ; il attendit jusqu’au moment où, ne pouvant plus résister à la faim qui le tourmentait, il alla alors trouver l’abbé Sylvain.
    - Mon père, lui dit-il, les moines ne mangent-ils pas aujourd’hui ?
    L’abbé lui répondit que tous avaient déjà dîné.
    - Et comment se fait-il que vous ne m’ayez pas invité à partager leur repas ?
    - Comment ? reprit Saint Sylvain en souriant ; mais parce que, comme Marie, vous prétendez avoir choisi la meilleure part. Puisque vous regardez le travail comme superflu, il est probable que vous ne vivez que de nourriture spirituelle ; quant à nous qui sommes revêtus d’un corps, nous sommes condamnés à le nourrir pour entretenir la vie en lui, à le nourrir et par là même à travailler.
    L’ermite confondu lui demanda pardon de s’être permis un blâme aussi inconsidéré.
    - Je suis heureux, lui dit Saint Sylvain avec bienveillance, que vous reconnaissiez votre erreur, au reste il m’est d’avis que Marie eut besoin du secours de Marthe. Car si Marthe n’eût pas travaillé, Marie n’aurait jamais pu se reposer aux pieds de Jésus.

    Prière. – Nous vous supplions, ô Marie, de ne point nous abandonner dans les labeurs de cette vie. Vous avez voulu vous soumettre à la loi commune du travail ; faites qu’à votre exemple, nous acceptions avec résignation les fatigues et les souffrances qui sont le résultat du péché et qu’ainsi nous acquerrions de vrais mérites aux yeux du Seigneur. Ainsi soit-il.

    Résolution. – Je fuirai l’oisiveté comme un grand mal.
    Mère admirable, priez pour nous.

    "Mois de Marie pour tous", par M.A.G.
    Approbation + Flavien, Evêque de Bayeux et Lisieux, le 13 octobre 1874.
    Imprimatur Brugis, 23a Februarii 1932. Jos. Van der Meersch vic. gen.