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  • Méditation - pauvres plaisirs et vraie Joie

    « Mon Dieu, voici l'heure du silence revenue... La nuit enveloppe la terre, le ciel est noir et couvert de nuages. On n'entend d'autre bruit qu'un chant lointain. Qu'il est triste ce chant qui sort de quelque maison mondaine et qu'apporte le vent ! Comme il est faux ! C'est bien le cri que pousse la nature humaine quand elle n'est pas divinisée par vous, mon Sauveur... Ce chant qui voudrait être un chant de joie et qui est si plaintif, c'est le son des plaisirs humains qui, plus ils font d'efforts pour être joyeux, plus ils sont gros de larmes. Oh ! que nous sommes heureux, mon Seigneur Jésus, d'être loin de ce triste monde dont nous arrive avec les rafales du vent un écho lointain ! Qu'il fait bon se serrer près de vous dans cette chambre close, entre votre Mère, sainte Magdeleine et vos apôtres, à vous regarder, vous contempler, vous écouter et, maintenant que la nuit s'avance, à prier à vos pieds entre ces saintes âmes en se perdant avec elles dans votre contemplation. »

    Bx Charles de Foucauld, Nazareth, 17 mars 1898.

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  • Méditation - Christ-Roi

    « Notre siècle est affamé de bonheur. Se libérant chaque jour davantage de toute discipline des moeurs et de l'esprit, il se rue vers le plaisir avec une impétuosité que rien n'entrave plus. En haut comme au bas de l'échelle sociale, les hommes veulent jouir de la vie et se hâter de faire rendre à cette existence éphémère tout ce qu'elle peut contenir de bonheur. "Le temps dont nous pouvons disposer est court, disent-ils avec les impies dont le livre de la Sagesse rapporte les paroles ; il est comme le passage d'une ombre, et notre fin est sans retour... Venez donc et jouissons des biens présents ; usons de la créature, hâtons-nous tant que dure notre jeunesse. Abusons des vins rares et des parfums, et ne laissons pas passer l'agrément du temps présent. Couronnons-nous de roses, avant qu'elles ne flétrissent (11, 3 et suiv.)."

    C'est à tous ces insensés, à tous ces malheureux qui se mettent volontairement sous l'esclavage de leurs passions, du monde et des démons, que le Christ-Roi parle par la bouche du Psalmiste : "O fils des hommes, jusqu'à quand votre cœur sera-t-il appesanti ? Pourquoi cherchez-vous votre bonheur dans la vanité et le mensonge (PS 4, 3)." ? Ce ne sont ni les honneurs, ni les plaisirs, ni les richesses du temps présent qui peuvent étancher la soif du cœur humain. Quand même il posséderait toute la terre... que dis-je ?... quand même il posséderait le ciel et jouirait de la familiarité des Anges, l'homme ne serait pas heureux sans son Dieu. La capacité de son cœur est infinie et seul l’Être infini est en mesure de le combler :
           Qui de tout son cœur met en Dieu,
           Il a son cœur et si a Dieu.
           Et qui le met en autre lieu,
           Il perd son cœur et il perd Dieu.
           (extrait d'un livre d'heures imprimé en 1502 par Thielman Kerver) »

    Dom de Monléon, Le Christ-Roi, Coll. de la revue du Christ-Roi IV, Téqui, 1933.

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  • Méditation - La joie véritable

    « Il ne faut pas confondre la joie avec ses différentes expressions à tous les niveaux : il y a le plaisir, le confort, la joie intellectuelle et artistique, la joie du travail bien fait ou de l'entreprise réussie ; il y a surtout les innombrables joies des relations humaines y compris la joie de l'amour qui doit accompagner l'homme pendant toute sa vie. Et cependant, toutes ces expériences ne sont que des formes extérieures de la joie. Plus ces formes sont importantes, plus leurs racines sont profondes. La joie véritable est située à une grande profondeur, et nous devrions creuser profondément en nous pour lui permettre de jaillir. C'est sans doute là le sens de l'expression que nous employons spontanément pour exprimer un grand bonheur : Je suis profondément heureux. C'est pourquoi tout grand bonheur est aussi silencieux. il ne peut être exprimé. Il est indicible. Il affleure rarement à la surface, et nous serions incapables d'en faire étalage. C'est à la racine même de notre être que nous sommes habités par notre joie. »

    Dom André Louf (1929-2010), Au gré de sa grâce - Propos sur la prière, Desclée de Brouwer, Paris, 1989.

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  • Méditation - Jésus en nous

    « Qui que vous soyez et quelle que soit votre situation dans le monde, permettez-moi, âme chrétienne, de vous dire :

    - Gardez Jésus en vous. N'oubliez jamais que le plus grand malheur qui puisse vous arriver, c'est d'obliger Notre-Seigneur à quitter votre âme.

    - Veillez sur Jésus en vous. Le défendre contre ses ennemis qui Le poursuivent jusque dans votre âme ; faire tout ce qui dépend de vous pour Lui assurer un séjour agréable dans votre cœur, c'est le grand devoir de l'hospitalité que vous devez à Notre-Seigneur.

    - Restez avec Jésus en vous. Tenir compagnie à Celui qui habite en vous, vivre constamment dans le rayonnement de sa présence et de son amour, jouir à tout instant de son intimité divine, c'est le plus grand bonheur que vous puissiez avoir sur la terre.

    Jésus, vous suffisez à mon bonheur. Vous remplissez mon esprit, mon cœur, toute mon âme. En moi, autour de moi, partout je trouve votre présence paternelle, et filialement, amoureusement je vis avec Vous. Aussi, j'aime ma solitude apparente, et je ne connais pas le déprimant ennui de l'isolement.

    Il faut, cependant, âme chrétienne, que vous sachiez que la présence de Jésus dans votre âme ne vous met pas à l'abri des misères et des épreuves de la vie. c'est le cas de vous rappeler les paroles de Bossuet : « On n'a pas Jésus pour rien. - Quand Jésus entre quelque part, il y entre avec sa croix, il y porte avec lui toutes ses épines, et il en fait part à tous ceux qu'il aime. »

    Il faut aussi ne pas oublier cette vérité d'expérience : Quand nous trouvons autour de nous un plaisir, une joie, une consolation, il arrive souvent que Jésus nous ménage un sacrifice, une peine, une déception. Cette souffrance est une grâce qui purifie ce qu'il peut y avoir de trop naturel, de trop humain dans cette jouissance.

    Ah ! si nous comprenions bien cette manière de faire de Jésus avec ses amis, nous souffririons moins, et, au lieu de gémir et de nous plaindre, nous dirions au Bon-Maître : Merci ! »

    Chanoine F. Astruc, Allons à la Vie (chap. III), Œuvre de Propagande du Sacré-Cœur, Lyon, 1940.

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  • Méditation - Humilité, vigilance, prière

    « Rien que deux mots, monsieur, pour vous conjurer de ne vous étonner point de vos faiblesses, ni même de vos ingratitudes envers Dieu, après tant de grâces reçues. ll faut vous voir dans toute votre laideur, et en avoir tout le mépris convenable ; mais il faut vous supporter sans vous flatter, et désespérer de votre propre fonds, pour n'espérer plus qu'en Dieu. Craignez-vous vous-même. Sentez la trahison de votre cœur, et votre intelligence secrète avec l’ennemi de votre salut. Mettez toute votre ressource dans l'humilité, dans la vigilance et dans la prière. Ne vous laissez point aller à vous-même ; votre propre poids vous entraînerait. Votre corps ne cherche que repos, commodité, plaisir ; votre esprit ne veut que liberté, curiosité, amusement. Votre esprit est, en sa manière, aussi sensuel que votre corps. Les jours ne sont que des heures pour vous, dès que le goût vous occupe. Vous courez risque de perdre le temps le plus précieux, qui est destiné ou aux exercices de religion, sans lesquels vous languissez dans une dissipation et dans une tiédeur mortelle, ou aux devoirs du monde et de votre charge. Soyez donc en défiance de vous-même. Renovamini spiritu mentis vestræ. (1) »

    1. Eph. IV, 23 : "Renouvelez-vous en esprit, dans l'intérieur de vos âmes".

    Fénelon (1651-1715), Lettre 215 (Au Vidame d'Amiens, fils puiné du Duc de Chevreuse), 10 février 1710, in "Œuvres de Fénelon" Tome Cinquième, A Paris, Chez Lefèvre, Éditeur, 1858.

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  • Méditation : les dangers de l'imagination

    « L'imagination est la plus légère des armes de Satan : imagination du passé et imagination du futur, imagination des œuvres bonnes et des œuvres mauvaises. Différentes pensées surviennent et occupent l'esprit, afin qu'il cesse de murmurer le Nom de Jésus. Il essaie de faire que l'homme ne conçoive plus d'intérêt pour Dieu, qu'il ne manifeste plus son amour. Surtout il lui rappelle la pensée des différentes fautes qu'il a commises durant sa vie, naguère ou jadis. Les saints Pères disent que cette guerre est souvent aussi forte qu'ont été fortes auparavant les passions. Il est nécessaire que chaque jouissance soit payée d'autant de souffrances. Dans la vie ascétique « dans la grâce » des Pères, un lien étroit existe entre plaisir et douleur. Le plaisir apporte la chute et la douleur, et par conséquent la douleur ramène l'homme dans son état ancien et le guérit. C'est ainsi qu'il souffrira beaucoup, qu'il paiera chaque pensée et jouissance mauvaises par autant de souffrances pour que l'équilibre soit rétabli. Des événements qui se sont produits de nombreuses années auparavant, qui lui ont causé du plaisir et qu'il avait oubliés entre-temps, lui apparaissent maintenant dans toute leur étendue, au point de le conduire au désespoir. [...]
    - Père, dites-moi la manière de faire front.
    - Ici, il faut de la patience, de la persévérance, du courage. Surtout du courage. Ne pas se laisser ébranler. Opposer à l'imagination l'invocation constante du Nom de Jésus et se maintenir dans les paroles. Se tenir courageusement dans l'étroitesse de la prière. Ne jamais penser, au moment de la prière, ni aux mauvaises ni aux bonnes œuvres. Dans la souffrance, être sûr, comme nous le disions plus tôt, que c'est la guérison qui commence. « La femme, quand elle enfante, est dans la douleur parce que son heure est venue. Quand l'enfant est né, elle ne se souvient plus de son affliction, car elle se réjouit de ce qu'un homme est venu au monde » (Jn 16, 21).
    Il en va de même ici. C'est dans la souffrance qu'est créé le nouvel homme, qu'est engendrée la nouvelle vie : la vie du Christ. »

    Hiérothée Vlachos, Entretiens avec un ermite de la sainte Montagne sur la prière du cœur, Coll. Points Sagesse Sa78, Le Seuil, 1988.

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  • Méditation : du détachement

    « Tant que nous tiendrons à quelque chose ici-bas, tant qu'il y aura sur la terre quelque objet qui nous enchaînera, nous ne ferons que ramper misérablement dans les mêmes voies, que tournoyer dans le labyrinthe de nos misères au lieu d'avancer dans les routes de la vertu ; nous languirons au lieu de vivre et de nous fortifier. Notre âme eût-elle les ailes de la colombe que demandait le Roi-Prophète pour s'envoler dans le sein de Dieu, tant qu'elle restera attachée, ne fût-ce que par un fil, elle ne fera jamais que se débattre et se tourmenter péniblement autour de ce qui la retient, sans jamais prendre son essor. Mais aussi, si cette âme a enfin le courage de rompre ses liens, si elle se laisse conduire par Notre-Seigneur jusque sur la montagne (1), et que de là elle foule aux pieds tous les vains objets de ses attaches, aussitôt commenceront pour elle les progrès dans la perfection. Dans un seul jour et avec moins de peine, elle fera plus de chemin qu'elle n'en a fait pendant tout le temps qu'elle traînait le poids qui l'attachait. Rien ne retardera sa course, rien ne gênera ni ne distraira sa marche ; elle s'avancera avec aisance et liberté : car, dit l'Imitation, "quoi de plus libre que celui qui ne tient à rien sur la terre" (2) ?

    Si donc nous voulons devenir solidement vertueux, il faut nous détacher de tout ce qui flatte la vanité, de tout ce qui entretient la mollesse, de tout ce qui pique la curiosité, des inutilités qui amusent, des nouvelles qui distraient, des hommes qui dissipent ; il faut renoncer à la passion du plaisir et de la jouissance, et ne plus tant tenir à toutes les commodités de la vie ; il ne faut satisfaire à la nécessité qu'avec discernement, ne prendre des choses que le vrai besoin, et n'y toucher, pour ainsi dire, que légèrement et en passant, comme les soldats de Gédéon, ou comme Jonathas, qui prend du miel du bout de sa baguette sans s'arrêter. Il faut surtout nous détacher de nous-mêmes, de nos goûts et de notre humeur, de notre volonté propre et de ses fantaisies, de notre amour-propre et de son ambition, qui cherche à se placer en tout ce qu'on dit et à se retrouver en tout ce qu'on fait ; il faut rompre cette attache excessive à la santé qui rend si délicat, difficile sur tout ce qui contrarie et gêne les sens ; il faut enfin s'élever au-dessus de soi-même (3), et, sous peine de se perdre, vider son cœur de tout ce qui n'est pas Dieu.

    Où en sommes-nous de ce détachement universel ? C'est là une chose plus grave qu'on ne pense. Songeons-y sérieusement, et travaillons-y chaque jour. »

    1. In montem excelsum. (Mt XVII, 1). - 2. Quid liberius nil desiderante in terris ? (III "Imit." XXXI, 1). - 3. Levavit super se. (Je. III, 28).

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome I, Deuxième dimanche de Carême, Second Point), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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  • Méditation : « Ô miséricorde infinie ! »

    « Quelle miséricorde ! Je l'offense, et, sans autre réparation que la douleur de l'avoir fait, il me pardonne. Je retombe, et il me pardonne encore. Je l'offense tous les jours, et il ne me rebute point. Sa patience n'est point épuisée par de si fréquentes rechutes. Si tous les jours je m'égare, et que je revienne tous les jours de bonne foi, il me reçoit avec joie, il me pardonne avec plaisir, il oublie ma perfidie, il me rend tous mes biens spirituels, avec un surcroît de grâces et de mérites ! Il n'a pas moins d'empressement à me rétablir dans le premier état, après cent infidélités, qu'il en eut après le premier égarement. Tant de preuves de ma légèreté ne l'empêchent pas de me pardonner sur ma parole, quoique mille fois je l'aie trahie par mon inconstance, quoiqu'il prévoie que dès demain, peut-être qu'aujourd'hui même, j'oublierai ses bontés et mes résolutions. O miséricorde vraiment infinie ! O bonté digne d'un Dieu ! »

    St Claude la Colombière (1641-1682), Réflexions chrétiennes N°26 (De la miséricorde de Dieu envers les pécheurs), in "Écrits spirituels", Coll. Christus N°9, Desclée de Brouwer - Bellarmin, 2e édition, Paris, 1962.
    (Cf. Œuvres Tome IV, Sermon 66).

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  • Méditation sur l'année écoulée

    « - La brièveté du temps. La plus longue suite des jours, lorsqu'ils sont écoulés, n'est plus rien. Qu'est-ce que l'année qui vient de finir ? Qu'est-ce que tout le temps que nous avons vécu ?... Qu'est-ce que tout le temps qu'a duré le monde ? Tout cela est passé, et dans un temps passé, un siècle, un an, huit jours, un jour, sont la même chose. Le temps à venir n'est pas d'une autre nature. L'année qui commence, le temps qui nous restera à vivre, tout celui que doit durer le monde, passera, et quand il sera passé, il ne sera plus rien ; mais l’Éternité ne passe point. O insensés que nous sommes de nous attacher aux biens du temps qui sont si peu durables, et de ne pas soupirer pour les biens spirituels.

    - L'incertitude du temps. Combien y en a-t-il eu de tout âge, de toute condition, de toute complexion, qui ont vu commencer l'année dernière, et qui ne l'ont pas vu finir ? Il en sera de même de celle-ci ; peut-être serons-nous du nombre de ceux qui n'en verront pas la fin ; nous n'y avons pas un jour, un moment d'assuré. Commençons-la donc comme si elle devait être la dernière pour nous.

    - L'emploi du temps. La manière dont nous aurons employé le temps décidera de notre sort dans l’Éternité. Examinons comment nous avons employé l'année qui vient de s'écouler. Si nous ne sommes pas tombés dans les plus grands désordres, remercions-en Dieu ; mais au moins, avouons-le, quelle lâcheté au service du Seigneur, quelle dissipation dans la prière, quelle négligence dans l'usage des Sacrements, que de défauts dans toutes nos actions ! Combien de fautes que nous aurions pu éviter, de bonnes œuvres que nous aurions pu faire, d'occasions de pratiquer la vertu, d'exercer la charité, la patience, le zèle, l'humilité, la mortification que nous avons perdues ! Pleurons amèrement de si grandes pertes, et demandons-en pardon à Dieu. Voici une nouvelle année qu'il nous donne pour les réparer : ah ! s'il l'accordait aux âmes réprouvées, s'il l'accordait même aux âmes du Purgatoire, comment l'emploieraient-elles ?

    - La fin du temps. A la fin du temps il ne reste plus rien des peines et des plaisirs que l'on a eus dans le temps. Le pénitent et le voluptueux parvenus à leur dernière heure se trouvent égaux, en ce que les mortifications de l'un et les délices de l'autre sont également évanouies ; il ne leur reste que leurs œuvres ; c'est-à-dire, leurs mérites ou leurs démérites. Quels regrets pour l'un ! Quelle consolation pour l'autre ! Quelle satisfaction ne ressentirions-nous pas nous-mêmes aujourd'hui si nous avions passé l'année dernière dans la sainteté et dans la ferveur ! Il ne nous resterait rien de la peine que nous aurions prise ; et que nous reste-t-il des plaisirs qui nous ont détournés de Dieu ? Regrettons un temps si précieux et si mal employé. Remercions Dieu de ce qu'il nous a conservés jusqu'à ce moment, et de ce que la fin du temps n'est pas encore venue pour nous : mais songeons que nous y touchons. Quels seront alors nos sentiments ? Ce que nous voudrions avoir fait alors ne dépendra plus de nous, mais il en dépend maintenant. Soyons donc prudents, et profitons d'un avis qui sera peut-être lui-même le dernier que nous recevrons. »

    P. Bonaventure Giraudeau s.j. (1697-1774), L’Évangile médité Tome I (Chap. XII, Troisième Point : Du premier jour de l'an), Revu et corrigé par M. l'Abbé L. Duquesne, Nouvelle édition, Tournay, Chez J. Casterman Aîné, 1826.

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  • Méditation : La joie (1) - plaisir et joie

    « Il y a une grande différence entre la joie et le plaisir.
    Si une âme est trop terre à terre, si elle ne cherche à se satisfaire que dans la sensation du moment, il lui arrivera certes de se procurer des agréments de plus d'une sorte, mais elle ne saura seulement pas ce que c'est que la joie. La joie est d'ordre spirituel. Elle est en proportion de la spiritualité. Sans doute elle peut avoir son retentissement dans la sensibilité, et c'est pourquoi il y a de vraies joies qui deviennent sensibles ; mais toujours elles demeurent spirituelles dans leur principe et dans leur essence.
    La joie est pacifiante, elle se caractérise par une espèce de quiétude et de béatitude. Le plaisir agite, il est troublant, il excite puis déprime, il inquiète au fond plus qu'il n'apaise.
    La joie, à mesure qu'elle augmente, se fait plus discrète : elle ne se dissipe pas ; volontiers même elle se cache, se renferme. Le plaisir, plus il est vif, plus il s'extériorise.
    La joie est durable de sa nature, même si elle est traversée par la douleur et qu'elle se paie par le sacrifice. Le plaisir ne résiste pas à l'épreuve et s'évanouit à la moindre alerte en ne laissant souvent qu'amertume après lui.
    Il y a des êtres vulgaires qui ne savent prendre en tout que du plaisir, sans jamais s'élever à la joie. En revanche, il y en a de si nobles qu'ils sont comme incapables de s'arrêter au plaisir et s'ingénient toujours à le changer en joie. A ce signe vous reconnaîtrez un grand cœur : les plaisirs ne le satisfont pas, ils flottent dans sa capacité, il n'y a que les joies qui s'y fixent et qui s'y puissent installer. »

    (à suivre demain)

    Fr. R. Bernard, O.P., in "Notre-Dame de Toute Joie", Les Cahiers de la Vierge N°4, Éditions du Cerf, Juvisy, Juillet 1934.

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  • Méditation : les joies et la joie

    « Au plus profond de nos cœurs, il doit toujours y avoir cette joie d'être un enfant de Dieu. »
    Charles Journet.
     
    « Il ne faut pas confondre la joie avec ses différentes expressions à tous les niveaux : il y a le plaisir, le confort, la joie intellectuelle et artistique, la joie du travail bien fait ou de l'entreprise réussie ; il y a surtout les innombrables joies des relations humaines y compris la joie de l'amour qui doit accompagner l'homme pendant toute sa vie. Et cependant, toutes ces expériences ne sont que des formes extérieures de la joie. Plus ces formes sont importantes, plus leurs racines sont profondes. La joie véritable est située à une grande profondeur, et nous devrions creuser profondément en nous pour lui permettre de jaillir. C'est sans doute là le sens de l'expression que nous employons spontanément pour exprimer un grand bonheur : Je suis profondément heureux. C'est pourquoi tout grand bonheur est aussi silencieux. il ne peut être exprimé. Il est indicible. Il affleure rarement à la surface, et nous serions incapables d'en faire étalage. C'est à la racine même de notre être que nous sommes habités par notre joie. »

    Dom André Louf (1929-2010), Au gré de sa grâce - Propos sur la prière, Desclée de Brouwer, Paris, 1989.

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    « Revêts-toi donc de la joie, lieu des complaisances divines, fais-en tes délices. Car tout homme joyeux agit bien, pense juste, et foule aux pieds la tristesse. L'homme triste, au contraire, agit toujours mal. »

    Hermas, Le Pasteur, 42, 1-2.
  • Méditation : ennui, négligence, découragement, dégoût et abandon de la prière, de la pénitence, des lectures spirituelles...

    « Les amis des plaisirs de la vie présente vont des pensées aux fautes ; car, emportés par un jugement inconsidéré, ils désirent faire passer presque toutes les idées de leurs passions en des discours iniques et des œuvres impies. Mais ceux qui entreprennent de pratiquer la vie ascétique vont des fautes aux mauvaises pensées ou à certaines paroles perverses et nuisibles. Car si les démons voient de tels hommes accepter de railler, se livrer à des propos oisifs et intempestifs, rire indécemment, s'emporter plus que de raison ou désirer la gloire vide et futile, alors, d'un commun accord, ils s'arment contre eux : c'est la gloriole surtout qu'ils prennent pour occasion de leur propre malice, ils sautent par elle dans les âmes comme par une fenêtre obscure et les saccagent. Il faudrait donc que ceux qui veulent vivre dans la multitude des vertus n'aspirent pas à la gloire, ne rencontrent pas beaucoup de gens, ne sortent pas continuellement, ne se raillent pas d'autrui, même si ceux qu'ils raillent méritent ces railleries, et qu'ils ne parlent pas beaucoup, alors même qu'ils pourraient tout dire comme il faut. C'est que l'abondance des paroles, en dissipant l'esprit sans mesure, non seulement lui enlève toute aptitude à l'activité spirituelle, mais encore le livre au démon de "l'acédie" (*), qui, en l'énervant sans mesure, le livre à celui de la tristesse, puis à celui de la colère. Il faut donc que l'esprit se consacre toujours à l'observation des saints commandements et à un souvenir profond du Seigneur de gloire. Car "celui qui garde le commandement, dit l’Écriture, ne connaîtra pas de propos pervers" (Eccl. 8,5), c'est-à-dire qu'il ne se tournera pas vers des pensées ou des paroles mauvaises. »

    (*) : en résumé : mal de l'âme qui conduit à l'ennui, l'abattement, la torpeur, la négligence - l'indifférence, le découragement, le dégoût et l'abandon de la prière, de la pénitence, des lectures spirituelles...
    Plus précisément, l'acédie est le découragement, l'état de dégoût "que tous les Pères spirituels regardent comme le plus grand danger pour l'âme. L'acédie est l'impossibilité pour l'homme de reconnaître quelque chose de bon ou de positif ; tout est ramené au négativisme et au pessimisme. c'est vraiment un pouvoir démoniaque en nous, car le diable est fondamentalement un menteur. Il ment à l'homme au sujet de Dieu et du monde ; il remplit la vie d'obscurité et de négation. Le découragement est le suicide de l'âme, car lorsque l'homme en est possédé, il est absolument incapable de voir la lumière et de la désirer."
    Alexandre Schmemann, in "Le Grand Carême", Spiritualité Orientale n°13, Abbaye de Bellefontaine, 1977.

    St Diadoque de Photicé (fêté ce jour), Cent chapitres sur la perfection spirituelle (Cent chapitres gnostiques), XCVI, Introduction et traduction Edouard des Places S.J., Éditions du Cerf, coll. Sources Chrétiennes n°5, Paris, 1943.

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    Le rêve du Docteur d'Albrecht Dürer (1471-1528) - détail (Source)

  • Méditation : les petites choses...

    « Attacher beaucoup d'importance aux petites choses bien faites, par amour. Il n'y a que le fini qui compte, en matière de perfection comme en matière d'art.

    Crainte des petites négligences qui peuvent mener aux abîmes. Amour des petits devoirs de chaque instant qui, bien remplis, conduiront sûrement à la perfection.

    Soyez fidèle dans les détails, mais avec liberté d'esprit et grand désir de faire plaisir à Jésus.

    Sanctifiez-vous dans votre emploi et par votre emploi. C'est une mine si vous savez l'exploiter. Élevez souvent votre âme à Dieu dans les allées et venues.

    Demandez souvent la générosité dans les petites choses.

    [...]

    Les détails ont leur importance, malheureusement ce ne sont pas les plus importants qui nous touchent, mais seulement ceux où nous sommes personnellement en jeu.

    Ne voir que Dieu en tout : ne pas s'arrêter à éplucher des minuties. Il serait préférable que vous fissiez quelques faux pas en allant tout droit votre chemin que de tâtonner comme cela.

    Communiez donc tout le long du jour à la volonté de Dieu, cachée sous les espèces souvent amères pour la nature, du petit devoir présent. »

    Robert de Langeac (P. Augustin Delage p.s.s., 1877-1947), Conseils aux âmes d'oraison - Deuxième série (ch.I), Paris, Lethielleux, 1954.

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  • Méditation avec St Jérôme : les tentations

    « Oh ! combien de fois moi-même, retenu dans le désert, et dans cette vaste solitude qui, dévorée des feux du soleil, n'offre aux moines qu'une demeure affreuse, je croyais assister aux délices de Rome ! Je m'asseyais seul, parce que mon âme était pleine d'amertume. Mes membres étaient couverts d'un sac hideux, et mes traits brûlés avaient la teinte noire d'un Éthiopien. Je pleurais, je gémissais chaque jour, et si le sommeil m'accablait malgré ma résistance, mon corps décharné heurtait contre une terre nue. Je ne dis rien de ma nourriture ni de ma boisson, car, au désert, les malades eux-mêmes boivent de l'eau froide, et regardent comme une sensualité de prendre quelque chose de cuit. Eh bien ! moi qui, par terreur de l'enfer, m'étais condamné à cette prison, habitée par les scorpions et les bêtes farouches, je me voyais en imagination transporté parmi les danses des vierges romaines. Mon visage était pâle de jeûnes, et mon corps brûlait de désirs ; dans ce corps glacé, dans cette chair morte d'avance, l'incendie seul des passions se rallumait encore. Alors privé de tout secours, je me jetais aux pieds de Jésus-Christ, je les arrosais de larmes, je les essuyais de mes cheveux, et je domptais ma chair indocile par des jeûnes de plusieurs semaines. Je ne rougis pas de mon malheur ; au contraire, je regrette de n'être plus ce que j'ai été (*). Je me souviens que plus d'une fois je passai le jour et la nuit entière à pousser des cris, et à frapper ma poitrine, jusqu'au moment où Dieu renvoyait la paix dans mon âme (cf. Lc 8,24). Je redoutais l'asile même de ma cellule ; il me semblait complice de mes pensées. Irrité contre moi-même, seul je m'enfonçais dans le désert. Si je découvrais quelque vallée plus profonde, quelque cime plus escarpée, j'en faisais un lieu de prière et une sorte de prison pour ma chair misérable. Souvent, le Seigneur m'en est témoin, après des larmes abondantes, après des regards longtemps élancés vers le ciel, je me voyais transporté parmi les chœurs des anges, et triomphant d'allégresse, je chantais : "Nous courrons après vous, attirés par l'odeur de vos parfums". »

    (*) : C’est-à-dire : de n’être plus aussi fervent qu’au début de ma profession monacale.

    St Jérôme (fêté ce jour), Lettre XVIII à Eustochium, in "Lettres de St Jérôme" traduites par J.-F. Grégoire et F.-B. Collombet (Tome I), Librairie catholique de Perisse Frères, Lyon - Paris, 1837.
    Source : Bibliothèque Saint Libère.

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    Saint Jérôme au désert - Tableau de Lazzaro Bastiani (v.1430-1512)

  • Méditation : paix de l'esprit et du coeur

    « Pourquoi est-il si difficile d'avoir la paix dans cette vie ? Pourquoi nous laissons-nous troubler par tant de petites choses et d'aussi petites choses ? Dieu, la source d'où nous tirons notre origine, est le père de la paix, pourquoi donc sommes-nous si agités ? [...] C'est que notre intelligence est d'une activité dévorante, et qu'en même temps elle n'a pas de plaisir comparable à celui d'errer libre et à l'aventure. Elle a besoin d'une occupation continuelle ; elle demande toujours à se nourrir d'images ; elle est prompte à les épuiser, et, néanmoins, elle est toujours insatiable. C'est ce besoin d'images qui rend la vie contemplative si difficile.
    [...]
    La plus grande partie du pouvoir que le monde exerce sur nous vient de ce que nous l'avons laissé prendre possession de notre intelligence. Il serait bien moins difficile de le chasser de nos coeurs, si nous pouvions une fois bannir ses images de notre esprit. Le pouvoir de Satan sur le coeur procède de son pouvoir sur l'esprit. Notre affaire à tous, dans la vie spirituelle, sera donc, ou de nous débarasser des images qui nous obsèdent, ou de les changer.
    [...]
    Tel est notre esprit, tel sera notre coeur. Si notre esprit est rempli d'images du monde, jamais nous ne serons détachés du monde ; s'il est rempli d'images de lui-même, jamais nous ne triompherons de notre amour-propre. Si notre esprit ne veut pas demeurer en repos sans que des processions sans fin se déroulent au dedans de lui, eh bien ! que ce soient des processions religieuses. Que les images qu'il admet soient les images de Dieu, de Jésus, de Marie, les images des choses célestes. Je ne prétends pas dire qu'il soit tout à fait facile d'arriver à ce résultat ; mais c'est comparativement peu difficile ; d'ailleurs, il faut nécessairement que nous en venions à bout. »

    R.P. F.W. Faber (1814-1863, Le Précieux Sang ou le Prix de notre salut, Ambroise Bray, Paris, 1867 (4e éd.).

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  • 2 mai : Méditation

    « Il ne faut pas confondre la joie avec ses différentes expressions à tous les niveaux : il y a le plaisir, le confort, la joie intellectuelle et artistique, la joie du travail bien fait ou de l'entreprise réussie ; il y a surtout les innombrables joies des relations humaines y compris la joie de l'amour qui doit accompagner l'homme pendant toute sa vie. Et cependant, toutes ces expériences ne sont que des formes extérieures de la joie. Plus ces formes sont importantes, plus leurs racines sont profondes. La joie véritable est située à une grande profondeur, et nous devrions creuser profondément en nous pour lui permettre de jaillir. C'est sans doute là le sens de l'expression que nous employons spontanément pour exprimer un grand bonheur : Je suis profondément heureux. C'est pourquoi tout grand bonheur est aussi silencieux. il ne peut être exprimé. Il est indicible. Il affleure rarement à la surface, et nous serions incapables d'en faire étalage. C'est à la racine même de notre être que nous sommes habités par notre joie. »

    Dom André Louf (1929-2010), Au gré de sa grâce - Propos sur la prière, Desclée de Brouwer, Paris, 1989.

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