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amusement

  • Méditation - Humilité, vigilance, prière

    « Rien que deux mots, monsieur, pour vous conjurer de ne vous étonner point de vos faiblesses, ni même de vos ingratitudes envers Dieu, après tant de grâces reçues. ll faut vous voir dans toute votre laideur, et en avoir tout le mépris convenable ; mais il faut vous supporter sans vous flatter, et désespérer de votre propre fonds, pour n'espérer plus qu'en Dieu. Craignez-vous vous-même. Sentez la trahison de votre cœur, et votre intelligence secrète avec l’ennemi de votre salut. Mettez toute votre ressource dans l'humilité, dans la vigilance et dans la prière. Ne vous laissez point aller à vous-même ; votre propre poids vous entraînerait. Votre corps ne cherche que repos, commodité, plaisir ; votre esprit ne veut que liberté, curiosité, amusement. Votre esprit est, en sa manière, aussi sensuel que votre corps. Les jours ne sont que des heures pour vous, dès que le goût vous occupe. Vous courez risque de perdre le temps le plus précieux, qui est destiné ou aux exercices de religion, sans lesquels vous languissez dans une dissipation et dans une tiédeur mortelle, ou aux devoirs du monde et de votre charge. Soyez donc en défiance de vous-même. Renovamini spiritu mentis vestræ. (1) »

    1. Eph. IV, 23 : "Renouvelez-vous en esprit, dans l'intérieur de vos âmes".

    Fénelon (1651-1715), Lettre 215 (Au Vidame d'Amiens, fils puiné du Duc de Chevreuse), 10 février 1710, in "Œuvres de Fénelon" Tome Cinquième, A Paris, Chez Lefèvre, Éditeur, 1858.

    Fénelon

  • Méditation - Les exercices de piété

    « Pour vos exercices de piété, je ne vois que deux choses : l'une est de souffrir en paix l'ennui, la sécheresse et la distraction quand Dieu l'envoie, alors elle fait plus de bien que toutes les lumières, les goûts et les sentiments de ferveur ; l'autre est de ne se procurer jamais par infidélité cette espèce de distraction.

    ll faut se donner quelques amusements pour se délasser l'esprit ; mais il faut se les donner par pure complaisance, dans le besoin, comme on fait jouer un enfant. ll faut un amusement sans passion : il n'y a que la passion qui dissipe, qui dessèche et qui indispose pour la présence de Dieu. Prenez sobrement les affaires ; embrassez-les avec ordre, sans vous noyer dans les détails, et coupant court avec une décision précise et tranchante sur chaque article.

    Réservez-vous du temps pour être avec Dieu. Soyez-y dans la société la plus simple, la plus libre et la plus familière. Faites de toutes choses matière de conversation avec lui ; parlez-lui de tout selon votre cœur, et consultez-le sur tout ; faites taire vos désirs, vos goûts, vos aversions, vos préjugés et vos habitudes. Dans ce silence de tout vous-même, écoutez celui qui est la parole et la vérité : Audiam quid loquatur in me Dominus (1). Vous trouverez qu'un quart d'heure sera facilement rempli dans une telle occupation. Ne cherchez point plus qu'il ne faut dans l'oraison. Quand vous ne feriez que vous ennuyer avec Dieu, pour l'amour de lui, et que laisser tomber vos distractions quand vous les apercevez, sans vous rebuter de leurs importunités, ce serait beaucoup. ll faut une grande patience avec vous-même. Soyez gai, sans vous livrer avec passion à vos goûts. Il faut vous ménager sans vous flatter, comme vous ménageriez sans flatterie un bon ami que vous craindriez de gâter. La vraie charité place tout dans son ordre, et soi comme les autres. Point de tristesse, point d'évaporation, point de gêne, point de hauteur ni de mollesse. Pendant que vous êtes seul en liberté et en repos, accoutumez-vous à être souvent avec Dieu, en rappelant sa présence dans les occupations extérieures. Dès que vous sentez que quelque occupation vous passionne, flatte votre amour-propre, et vous éloigne de Dieu, interrompez-la : vous la reprendrez, s'il le faut, quand la passion n'y entrera plus. »

    1. Ps. 85 (84), 9 : "J'écouterai ce que le Seigneur va me faire entendre".

    Fénelon (1651-1715), Lettre 232 (Au Vidame d'Amiens, fils puiné du Duc de Chevreuse), 13 septembre 1710, in "Œuvres de Fénelon" Tome Cinquième, A Paris, Chez Lefèvre, Éditeur, 1858.

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    (Crédit photo)