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  • Méditation - paix intérieure...

    « Chacun doit se connaître ou apprendre à se connaître pour savoir où et comment trouver le calme. Le mieux, si cela est possible, est de retourner pour un court laps de temps devant le tabernacle pour y décharger tous ses soucis. Pour celui à qui cela est impossible, il s'agit de s'enfermer en soi-même un instant, de se réfugier auprès du Seigneur. Ainsi le reste de la journée s'écoulera, peut-être dans une grande lassitude et dans la peine, mais au moins dans la paix. Et quand la nuit vient et que d'un coup d’œil rétrospectif on s'aperçoit que tout n'a été que rapiéçage, et que de nombreux projets sont restés en plan, lorsque tant de choses éveillent honte et regret : il faut alors tout prendre tel quel, le déposer dans les mains de Dieu et s'en remettre à lui. C'est ainsi qu'on pourra se reposer en lui, et commencer la nouvelle journée comme une nouvelle vie. »

    Edith Stein (Ste Thérèse-Bénédicte de la Croix, 1891-1942), La puissance de la Croix, Textes réunis et présentés par Waltraud Herbstrith, Nouvelle Cité, 1982.

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  • Méditation - Les deux versants de la montagne de l'Ascension

    « Mes enfants, le lieu de l'Ascension de notre aimable Christ est au mont des Oliviers. (1) [...]

    Cette montagne est située entre Jérusalem et Béthanie. Mes enfants, celui qui veut suivre le Christ doit gravir la montagne. Si délicieuse et si belle que soit une montagne, il est cependant pénible d'y monter. C'est ainsi, mes enfants, que celui qui veut suivre le Christ doit donner congé à la nature. On trouve beaucoup de gens qui suivraient volontiers le Christ, à condition que cela n'exige ni peine ni labeur, que cela ne leur soit pas trop dur. Et ils voudraient bien se trouver sur cette montagne pour autant qu'elle se trouve à Jérusalem, ce qui veut dire « la paix ». Ces gens ressentent en eux-mêmes paix, joie et consolation. Mais de là, il ne sortira rien, s'ils ne vont aussi sur l'autre versant de la montagne qui regarde Béthanie, dont le nom signifie peine, obéissance, souffrance. C'est de cela que le prophète a dit dans le psautier : « Il a préparé sa place dans la vallée des larmes » (Voir Ps 84,7).

    Sachez, mes enfants, que celui qui ne s'est pas préparé une place dans cette vallée, celui-là reste en arrière, il n'en sort jamais rien ; si belle que paraisse sa paix, il doit rester en arrière. L'homme doit poursuivre de ses regrets et de ses brûlants désirs le Bien-Aimé qui est monté si haut et si loin et qui lui est maintenant si complètement invisible et caché. Plus le fond est véritablement et foncièrement touché, plus vraiment se creuse, d'un côté de la montagne, la vallée des larmes. Si ces larmes n'avaient pas meilleur motif, elles seraient encore bien nécessaires à raison des péchés et de l'ordure qui souillent notre misérable nature, et qui empêchent si souvent l'homme de se recueillir noblement, comme il pourrait et devrait faire sans cesse [...] Que la nature nous gouverne ainsi secrètement, alors que ce devrait être Dieu, sans cesse, et rien autre chose : voilà le versant de Béthanie.

    Mes enfants, celui qui considérerait bien cela en lui ne perdrait pas tout courage ; mais il trouverait sa grande consolation, saveur et joie à Jérusalem. C'est à cela qu'elle est utile : réconforter l'homme, afin qu'il supporte mieux la peine et le chagrin, afin que la souffrance et la misère ne l'affaiblissent pas et qu'il ne succombe pas quand il est abandonné de Dieu, sans consolation et en grande amertume. C'est pourquoi le sage dit : « Aux jours mauvais, tu ne dois pas oublier les bons » (Si 11,25). Ces deux versants de la montagne, Jérusalem et Béthanie, doivent toujours être l'un à côté de l'autre. »

    Jean Tauler (v.1300-1361), Sermon 20, 3ème pour l'Ascension, Coll. Sagesses Chrétiennes, Les Éditions du Cerf, 1991.
    (1) : Béthanie est située sur le flanc oriental du mont des Oliviers, à moins de trois kilomètres de Jérusalem. Comme Béthanie équivaut pratiquement au mont des Oliviers, on peut déduire une remarque théologique de la précision topographique. Deux textes de l'Ancien Testament font mention de « la montagne qui se trouve à l'orient de la ville » (Ezéchiel, XI 22-23), c'est-à-dire le Mont des Oliviers (Zacharie, XIV 4). Chez le prophète Ezéchiel, la gloire de Yahvé abandonne le Temple profané et voué à la destruction, pour aller se poser sur la montagne à l’orient de la ville. Chez le prophète Zacharie, à la fin des temps, lorsque Yahvé sortira pour le combat et le jugement eschatologiques, « ses pieds se poseront sur le Mont des Oliviers. » Ainsi le Mont des Oliviers est-il le lieu du départ et de la venue glorieuse de Yahvé. En transférant ce qui est dit de Yahvé à Jésus qui s'en va et qui viendra, saint Luc fait une profession de foi en la divinité de Jésus. (Source)

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    L'Ascension - Icône du monastère de Neamt, Roumanie
    Icône de l'Archimandrite Vartolomeu Florea avec les disciples de l'Ermitage, Année 2001
     
    Méditations sur l'Ascension précédemment proposées notre site internet :

    02 juin 2011 : Saint Augustin (354-430)

    17 mai 2012 : Dom Prosper Guéranger (1805-1875)

    09 mai 2013 : Mgr Raymond Bouchex (1927-2010)

    29 mai 2014 : Bx John Henry Newman (1801-1890)

    14 mai 2015 : Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874)

    05 mai 2016 : Les Bénédictins de l'Abbaye de Notre-Dame d'Einsiedeln (1936)

    25 mai 2017 : Père Alphonse de la Mère des Douleurs (1917)

    10 mai 2018 : Mgr Raymond Bouchex (1927-2010)
  • Méditation - Jésus en nous

    « Qui que vous soyez et quelle que soit votre situation dans le monde, permettez-moi, âme chrétienne, de vous dire :

    - Gardez Jésus en vous. N'oubliez jamais que le plus grand malheur qui puisse vous arriver, c'est d'obliger Notre-Seigneur à quitter votre âme.

    - Veillez sur Jésus en vous. Le défendre contre ses ennemis qui Le poursuivent jusque dans votre âme ; faire tout ce qui dépend de vous pour Lui assurer un séjour agréable dans votre cœur, c'est le grand devoir de l'hospitalité que vous devez à Notre-Seigneur.

    - Restez avec Jésus en vous. Tenir compagnie à Celui qui habite en vous, vivre constamment dans le rayonnement de sa présence et de son amour, jouir à tout instant de son intimité divine, c'est le plus grand bonheur que vous puissiez avoir sur la terre.

    Jésus, vous suffisez à mon bonheur. Vous remplissez mon esprit, mon cœur, toute mon âme. En moi, autour de moi, partout je trouve votre présence paternelle, et filialement, amoureusement je vis avec Vous. Aussi, j'aime ma solitude apparente, et je ne connais pas le déprimant ennui de l'isolement.

    Il faut, cependant, âme chrétienne, que vous sachiez que la présence de Jésus dans votre âme ne vous met pas à l'abri des misères et des épreuves de la vie. c'est le cas de vous rappeler les paroles de Bossuet : « On n'a pas Jésus pour rien. - Quand Jésus entre quelque part, il y entre avec sa croix, il y porte avec lui toutes ses épines, et il en fait part à tous ceux qu'il aime. »

    Il faut aussi ne pas oublier cette vérité d'expérience : Quand nous trouvons autour de nous un plaisir, une joie, une consolation, il arrive souvent que Jésus nous ménage un sacrifice, une peine, une déception. Cette souffrance est une grâce qui purifie ce qu'il peut y avoir de trop naturel, de trop humain dans cette jouissance.

    Ah ! si nous comprenions bien cette manière de faire de Jésus avec ses amis, nous souffririons moins, et, au lieu de gémir et de nous plaindre, nous dirions au Bon-Maître : Merci ! »

    Chanoine F. Astruc, Allons à la Vie (chap. III), Œuvre de Propagande du Sacré-Cœur, Lyon, 1940.

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  • Méditation - de la confiance en Dieu

    « Vous me demandez, monsieur, la manière dont il faut prier, et s'occuper de Dieu pour s'unir à lui, et pour se soutenir contre les tentations de la vie. Je sais combien vous désirez de trouver, dans ce saint exercice, le secours dont vous avez besoin. Je crois que vous ne sauriez être avec Dieu dans une trop grande confiance. Dites-lui tout ce que vous avez sur le cœur, comme on se décharge le cœur avec un bon ami sur tout ce qui afflige ou qui fait plaisir. Racontez-lui vos peines, afin qu'il vous console ; dites-lui vos joies, afin qu'il les modère ; exposez-lui vos désirs, afin qu'il les purifie ; représentez-lui vos répugnances, afin qu'il vous aide à les vaincre ; parlez-lui de vos tentations, afin qu'il vous précautionne contre elles ; montrez-lui toutes les plaies de votre cœur, afin qu'il les guérisse. Découvrez-lui votre tiédeur pour le bien, votre goût dépravé pour le mal, votre dissipation, votre fragilité, votre penchant pour le monde corrompu. Dites-lui combien l'amour-propre vous porte à être injuste contre le prochain ; combien la vanité vous tente d'être faux, pour éblouir les hommes dans le commerce ; combien votre orgueil se déguise aux autres et à vous-même. Quand vous lui direz ainsi toutes vos faiblesses, tous vos besoins et toutes vos peines, que n'aurez-vous point à lui dire ! Vous n'épuiserez jamais cette matière ; elle se renouvelle sans cesse. »

    Fénelon (1651-1715), Lettre 167 (Au Vidame d'Amiens, fils puiné du Duc de Chevreuse), 31 mai 1707, in "Œuvres de Fénelon" Tome Cinquième, A Paris, Chez Lefèvre, Éditeur, 1858.

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  • Méditation - Courage !

    « Du courage ! Encore du courage ! Et toujours du courage ! Nous n'avons pas le droit de dire ni même de penser que la vie est triste. La vie est une chose magnifique ; seulement il faut l'envisager sous son vrai jour. Si vous la regardez dans la réalité présente, avec sa succession d'ennuis, de séparations, de deuils, etc, etc, etc... il est évident que c'est le plus atroce tissu de misères qu'on puisse imaginer. Mais si vous la regardez comme une marche vers la maison du Père qui est aux cieux, vers le foyer de famille, vers le lieu de réunion définitive et de tendresse sans nuages et sans fin, et si vous songez que chaque minute et chaque épreuve sont les moyens fixés par Celui qui sait tout, qui peut tout et qui nous aime pour nous acheminer au terme, alors vous ne songerez plus à vous plaindre, vous serez plutôt tentés de dire : « Mon Dieu, encore des jours tristes, encore des peines... tout ce que vous voudrez, pour que nous nous retrouvions là où on ne se quitte plus. » Cela ne supprime pas la souffrance, cela n'empêche pas de la sentir, parfois bien rudement, mais cela lui donne un aspect qui la fait accepter avec bien plus de courage, et parfois qui la fait aimer. »

    Dom Augustin Guillerand (1877-1945), Écrits spirituels Tome II (Extraits de Lettres, Souffrance), Roma, Benedettine di Pricilla, 1967.

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  • Méditation - dans le temps de l'aridité

    « Il est certain qu'il y a un état de sécheresse et de peine qui est une pure épreuve de Dieu, par lequel Dieu fait passer, quand il lui plaît, les âmes qui lui sont les plus dévouées. Comme les arbres qui sont battus des vents et ébranlés par ses orages, jettent de plus profondes racines, et s'affermissent davantage par ces agitations, de même on peut dire que Dieu voulant affermir et perfectionner la foi, et toutes les autres vertus dans une âme, il permet qu'elle soit exposée à la violence des tentations, et qu'elle se trouve dans un état d'autant plus pénible, qu'elle a été favorisée de Dieu par les douceurs et les consolations qu'il lui a fait goûter dans son service.
    [...]
    Apprenez maintenant comment vous devez vous comporter, quand il plaira à Dieu de vous faire passer par ces sortes d'épreuves.

    Premièrement, vous devez d'abord vous bien examiner vous-même, pour voir s'il n'y a point quelque chose en vous qui ait pu refroidir Dieu à votre égard, pour vous en humilier profondément, et lui en demander pardon de tout votre cœur.

    Secondement, vous devez vous souvenir que c'est à Dieu à vous conduire comme il lui plaît, et à vous à accepter également tout de sa main.

    Troisièmement, vous devez savoir que les plus grands serviteurs de Dieu ont été souvent exercés par ces sortes d'aridités et de dégoûts ; que la grâce de Dieu ne manque point à ceux qui veulent bien combattre pour lui, et qu'il n'y a rien qu'on ne puisse vaincre avec elle ; que Dieu est toujours à nos côtés, qu'il est témoin de tous les mouvements de notre cœur, et de tout ce qu'il nous en coúte pour tenir contre nos répugnances naturelles, et que nous ne formons pas un désir, que nous ne prononçons pas une parole dont il ne nous en récompense dans l'éternité, si nous lui sommes fidèles et attachés à son service, que nous lui donnons plus de gloire dans une heure dans cet état d'épreuve, que nous lui en donnions dans toute une journée auparavant, parce qu'une heure nous est plus pénible qu'une journée, et même une semaine et un mois ne nous l'étaient lorsque tout ce que nous faisions pour Dieu nous était si agréable et si facile que moins nous aurons de ces grâces sensibles qui adoucissent le joug par une onction intérieure, et plus nous aurons de mérite. »

    P. Noël Courbon, curé de St Cyr (+ 1710), Entretiens spirituels sur les principaux devoirs des personnes consacrées à Dieu, et autres qui tendent à la perfection (IIe Partie, Entretien XXXIX), Paris, J.J.E. Collombat, 1752.

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  • Méditation - Aridité dans la prière

    « Persuadez-vous que quand vous ne feriez autre chose, durant tout le temps de l’oraison, que de tenir ferme dans le combat des pensées importunes que vous avez, sans y consentir, et de souffrir la peine, l’ennui et le dégoût que vous ressentez sans vous laisser abattre, ce serait une fort bonne oraison.
    Quand votre esprit se trouvera si aride que vous ne puissiez ni méditer ni produire des affections, souffrez cette sécheresse avec patience, et tenez-vous doucement en la présence de Dieu.
    [...]
    Souvenez-vous que, puisque la meilleure oraison n’est pas celle où l’on a plus de goût, plus de consolation et de facilité, mais celle où l’on est plus fidèle, plus constant et plus soumis aux dispositions de la volonté de Dieu, le moyen le plus assuré pour réussir dans l’oraison est la fidélité, la constance, la résignation à la volonté de Dieu, pour porter le poids de nos peines et de nos misères, sans jamais nous décourager. Faisons de notre côté tout ce qui est en notre pouvoir, et tenons pour certain qu’en quelque disposition que nous nous trouvions à l’oraison, si nous sommes fidèles à la souffrir, Dieu la fera réussir à sa plus grande gloire et à notre plus grand bien. »

    Jean Rigoleuc (1596-1658), Traités spirituels (Traité II ch. I, XI à XIV), in [Père Champion (1633-1701)], "La Vie du Père Jean Rigoleu de la Compagnie de Jésus avec ses traitez de dévotion et ses lettres spirituelles", Paris, Chez Estienne Michallet, 1698 (Troisième édition revue, corrigée et augmentée).

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  • Méditation - « Père, que votre volonté soit faite »

    Le Bx Charles de Foucauld met dans la bouche de Jésus les mots suivants :

    « Priez ainsi, mes petits enfants, et que ce soit là, pour ainsi dire, votre unique prière « Mon Père, que votre volonté soit faite. » (*) Cette prière contient tout : à la vérité elle exprime une chose qui arrivera toujours, qui arrivera nécessairement, mais elle exprime aussi le seul désir final de votre cœur, puisqu'elle exprime le seul désir final du mien... Priez ainsi, voulant tout ce que je veux, cela seul que je veux, comme je le veux, dans la mesure où je le veux « Mon Père, que votre volonté se fasse »... Je vous le répète dans cet état de prière et de volonté, votre prière et votre volonté sont noyées, perdues dans la volonté de Dieu, ne font qu'une avec elle, sont vraiment divines elles-mêmes...

    Cette prière sera celle que vous ferez éternellement dans le ciel... Mais, à cause de votre faiblesse, de l'infirmité de la nature humaine, de votre vue si trouble, si obscurcie, de votre cœur sans cesse défaillant, blessé, souffrant, malade, Dieu qui est un Père et qui veut que vous lui confiiez vos peines, vos misères, que vous vous jetiez dans son sein, sur son Cœur, dans ses bras, tels que vous êtes avec toutes vos infirmités, mes pauvres petits enfants, Dieu permet, il aime même que quand vous vous sentez pressés dans votre pauvre cœur humain d'un désir (pourvu qu'il soit pur, sans péché), quelconque, soit pour sa gloire, soit pour la consolation de mon Cœur, soit pour le bien du corps ou de l'âme de votre prochain ou de votre propre corps ou de votre propre âme, vous le lui exposiez en toute sincérité et vérité : pour vous décharger l'âme avec un abandon filial et lui faisant cet aveu, pour vous soulager en disant et demandant cela à votre bon père : mais il veut que toujours, toujours implicitement ou explicitement, vous ajoutiez : Mon Père, que votre volonté soit faite... Ainsi c'est toujours à ces derniers mots que revient votre prière... Que votre prière ne consiste qu'en ces seuls mots, ou qu'ils viennent à la suite de beaucoup d'autres, ils font toujours le fond, l'essence de toute prière, ils la résume quelle qu'elle soit... Que vous demandiez la glorification de Dieu, la sanctification d'une âme, toute autre chose, vous ne voulez et ne demandez jamais ces choses que dans la mesure où Dieu les veut parce qu'Il les veut, comme Il les veut... Tout ce que désire Dieu, et par conséquent tout ce que vous désirez, tout ce que veut Dieu, et par conséquent tout ce que vous voulez se trouve donc compris dans ces mots : « Père, que votre volonté soit faite ! » (*) »

    (*) : cf. Mt 6, 10.

    Bx Charles de Foucauld, Crier l’Évangile. Retraites en Terre Sainte (Retraite de huit jours à Ephrem, Dimanche), nouvelle cité, Paris, 1974.

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    Dessin ©J.-F. Kieffer

  • Méditation - L'esprit de miséricorde : 3. heureux les miséricordieux !

    (suite et fin de la méditation d'hier)

    « Ainsi, peu à peu, la miséricorde envahira toute la vie ; elle en exclura toute colère, tout procédé violent ou méprisant, jusqu'à ne pas injurier son frère de peur d'être passible du tribunal divin (1) ; elle bannira toute recherche personnelle faisant préférer la compagnie des pauvres et des infirmes qui ne peuvent nous rendre nos bienfaits, à celle des riches qui ont de quoi nous donner en retour (2). Elle ira plus loin encore : elle nous inclinera vers ceux qui souffrent et, dans un élan de pure bonté, nous fera charger leurs fardeaux sur notre cœur et sur nos épaules. « Portez les fardeaux les uns des autres et ainsi vous accomplirez la loi du Christ (3) », nous crie le grand Apôtre ; ces fardeaux, ce sont aussi bien les peines du cœur que les tentations ou les difficultés matérielles. Tout ce qui peine notre frère, nous devons nous offrir pour le porter avec lui, en lui donnant notre âme, notre temps et nos biens. La tristesse née de l'amour, la compassion qui se fait douleur de celle d'autrui ont une beauté et une saveur divine : Dieu même en a eu envie et pour l'éprouver, il a pris un cœur de chair. Saint Paul nous l'affirme : « Il a dû en tout se rendre semblable à ses frères, afin de devenir dans leurs rapports avec Dieu un grand prêtre miséricordieux et fidèle (4). » Oh oui ! heureux, divinement heureux, les miséricordieux ! »

    1. Cf. Mt. 5, 22. - 2. Cf. Lc. 14, 14. - 3. Ga. 6, 2. - 4. Hé. 2, 17.

    Joseph-Marie Perrin O.P., Le Mystère de la Charité (Livre IV, Première partie, chap. IV : L'esprit de miséricorde), Desclée de Brouwer, 1959.

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  • Méditation : le chemin de la croix

    « Seigneur, la souffrance est la grande loi de ce monde, et, quelques efforts que l'on fasse pour l'oublier, il faut bien comprendre enfin que la vie humaine est souvent un chemin de la croix. Ce que vous y ajoutez pour nos fils n'est pas une augmentation de peines et de douleurs, mais une consolation céleste, un secours tout-puissant, le don d'une sagesse supérieure qui change les stériles souffrances en sacrifices féconds, les tristesses découragées en résignation tranquille et en espérance. Je crois à votre parole. Au lieu de demeurer comme anéanti sous le fardeau de ma croix, j'entreprends de la soulever et de la porter à votre suite, de renoncer à mon sens propre, à mes révoltes, à mes regrets, à mes désirs impuissants, et de marcher avec vous dans cette voie du sacrifice chrétien où vous m'appelez.

    Seigneur, à peine engagé sur le chemin de la croix, j'entends déjà tomber de vos lèvres des paroles d'une pénétrante douceur ; à peine ai-je commencé le sacrifice, et déjà vous m'apportez la consolation ; à peine ai-je entrepris de porter ma croix, et déjà votre main divine en allège le poids et me force de reconnaître « que votre joug est doux et votre fardeau léger ».

    O Jésus ! qui commandez des sacrifices nécessaires, mais qui sans cesse en adoucissez la peine par votre tendre amour ; ô Jésus ! qui commandez le renoncement, mais qui faites trouver à l'âme détachée d'elle-même plus de trésors qu'elle n'en posséda jamais dans ses attaches ; ô Jésus ! qui nous ordonnez de porter la croix de chaque jour si nous voulons vous suivre, mais qui changez cette croix en un joug doux et un fardeau léger ; ô Jésus ! qui vous contentez souvent de la moindre bonne volonté de nos cœurs, et qui récompensez par des consolations surabondantes nos plus faibles efforts, non, je ne vous crains plus ! Je ne m'effraye plus de votre évangile ; je ne tremble plus au seul nom de la croix ! Je sais qu'en elle est le secret des grandes consolations et des vrais soutiens dans ce chemin de la vie, où, quoi qu'on veuille, il faut souffrir. Je m'approche d'elle avec confiance, et, aujourd'hui, en particulier, je viens chercher à ses pieds et dans le souvenir de votre passion des grâces nouvelles de force et de patience. Ne me les refusez pas, ô généreux maître ! et recevez-moi dans votre cortège, parmi ces âmes fidèles qui trouvent en vous suivant au Calvaire la force de profiter de leurs peines, et de changer en richesses inépuisables toutes les amertumes du monde. »

    Abbé Henri Perreyve (1831-1865), Le sacrifice chrétien, in "Élévations Prières et Pensées de l'Abbé Perreyve, recueillies par l'Abbé Peyroux", A la Librairie de l'Art Catholique, Paris, 1917.

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  • Mois du Sacré-Coeur - Huitième Jour

    Huitième Jour
     
    Prions, afin que le bon Dieu nous accorde la grâce de repousser les tentations que nous éprouverons aujourd’hui.

    Jésus et les affligés.

    Quelle impression devaient faire sur les cœurs ces paroles de Jésus : « Vous tous, qui êtes dans la peine et dans la souffrance, venez à moi et je vous soulagerai. » Personne encore n’avait parlé ainsi ; personne, surtout, n’avait accueilli comme Jésus… Aussi, voyez : ce sont les pauvres, les malades, les délaissés qui l’accompagnent. – Qui les voulait auparavant ? Qui ne les chassait de sa société ? Oh ! Jésus, apprenez-moi à avoir un bon cœur, à aimer ceux que personne n’aime, à chercher ceux que tout le monde repousse… Donnez-moi de pouvoir consoler beaucoup dans ma vie.

    J’essayerai, aujourd’hui, d’être utile à quelqu’une de mes compagnes.
  • Méditation : la douceur, fruit de l'Esprit Saint

    « Réprimer l'impatience, enchaîner la colère, lui arracher ses victimes, arrêter les paroles amères, soumettre enfin à la loi souveraine de Dieu la créature révoltée, ce n'est qu'une des parties du rôle modérateur de la douceur. Réprimer est bien ; agir est mieux.

    C'est alors que la douceur, montant des sources du cœur sous la pression du plus généreux amour, broyant sans pitié tout orgueil et tout égoïsme, se doit répandre dans tout l'être, s'étendre, l'envelopper, l'oindre et le parfumer tout entier, semblable à l'huile qui sort du pressoir où étaient entassées les olives les plus belles, les plus grasses et les plus mûres (Cant. I, I) : c'est à ce prix que le chrétien est digne de Jésus, dont le nom est "une huile répandue", parce que son Cœur est la douceur en sa plénitude.

    Dans l'âme, la douceur est la bienveillance des pensées, l'indulgence des jugements, la créance facile au bien, l'espérance soutenue, l'encouragement donné à tout effort, l'applaudissement à tout succès, la consolation empressée auprès de toute peine ; c'est la condescendance, la patience et la longanimité ; c'est, d'un mot, le plus doux des mots : la bonté : le bon cœur, l'esprit bon, le bon caractère, la bonne humeur.

    Puis, épanchée au dehors, la douceur brille dans le regard simple, limpide et bienveillant ; dans la parole affable, modeste et discrète ; dans le sourire aimable ; dans l'accueil ouvert et prévenant ; dans la modération du ton, de l'attitude et de la démarche ; dans la condescendance à se faire tout à tous, à écouter, à s'intéresser et à se dévouer. Rien de rude, rien de brusque, rien de dur ; pas d'empressement fébrile ; pas de signes, pas de gestes qui trahissent l'impatience devant la lenteur, l'ennui de l'importunité, la fatigue sous la surcharge ; aucune raideur, aucune hauteur, aucun dédain ; même à l'égard de ceux qui ont eu des torts, commis des offenses et fait injure, de ceux qui poursuivent l'assouvissement d'une haine ou la satisfaction d'une rivalité, pas de ressentiment, de dépit, voire de froideur.

    Dieu ! que voilà bien les traits d'une vertu peu ordinaire, toute surnaturelle, le chef d’œuvre de l'Esprit de suavité ! Ne voyez-vous pas réunies dans cette fleur exquise les nuances les plus harmonieusement mêlées de l'amour, que saint Paul énumérait ainsi, les assemblant et fondant en la douceur : "Les fruits de l'Esprit sont l'amour, la joie, la paix, la bénignité, la bonté, la patience et la longanimité, la douceur." (Gal. V, 22). S'il fallait résumer les traits constitutifs et les effets de la douceur, je dirais en deux mots : qu'être doux c'est être parfaitement bon et parfaitement patient ; c'est tout entier se donner à tous, et tout supporter de tous. »

    R.P. Albert Tesnière, Somme de la Prédication Eucharistique - Le Cœur de Jésus-Christ, Livre premier (La douceur, I), Paris, Bureau des Œuvres Eucharistiques, 1896.

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  • Méditation : l'Ascension

    « Le retour du Christ à son Père est à la fois source de peine, parce qu'il implique son absence, et source de joie, parce qu'il implique sa présence. De la doctrine de sa Résurrection et de son Ascension jaillissent ces paradoxes chrétiens souvent mentionnés dans l’Écriture : nous sommes dans l'affliction, mais sans cesser de nous réjouir, "comme n'ayant rien et possédant tout" (2Co 6,10).

    Telle est en vérité notre condition présente : nous avons perdu le Christ et nous l'avons trouvé ; nous ne le voyons pas, et pourtant nous le discernons. Nous étreignons ses pieds (Mt 28,9), mais il nous dit "Ne me retiens pas" (Jn 20,17). Comment cela ? C'est que nous avons perdu la perception sensible et consciente de sa personne ; nous ne pouvons pas le regarder, l'entendre, parler avec lui, le suivre de lieu en lieu ; mais nous jouissons spirituellement, immatériellement, intérieurement, mentalement et réellement de sa vue et de sa possession ; une possession qui enveloppe plus de réalité et plus de présence que celle dont les apôtres jouissaient aux jours de sa chair, justement parce qu'elle est spirituelle, justement parce qu'elle est invisible.

    Nous savons que dans ce monde plus un objet est proche de nous, moins nous pouvons le percevoir et le comprendre. Le Christ est venu si près de nous dans l’Église chrétienne, si je puis dire, que nous ne pouvons pas le fixer du regard ou le distinguer. Il entre en nous, et prend possession de l'héritage qu'il s'est acquis. Il ne se présente pas à nous, mais il nous prend avec lui. Il fait de nous ses membres... Nous ne le voyons pas ; nous ne connaissons sa présence que par la foi, parce qu'il est au-dessus de nous et en nous. Ainsi, nous sommes dans la peine, parce qu'inconscients de sa présence..., et nous nous réjouissons parce que nous savons que nous le possédons : "Sans le voir, vous l'aimez ; sans le voir encore vous croyez en lui ; et vous tressaillez d'une joie inexprimable qui vous transfigure, car vous allez obtenir votre salut, l'aboutissement de votre foi" (1P 1,8-9). »

    Bx John Henry Newman (1801-1890), Sermon "The Spiritual Presence of Christ in the Church", PPS, T. 6, n°10.

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    Les Très Riches Heures du duc de Berry, Folio 184r : L'Ascension (Musée Condé, Chantilly)

  • Méditation : le Sacrement du mariage

    « Le mariage, mes chers enfants, on l’oublie trop à l’heure actuelle (et jamais le moment n’est mieux choisi de le rappeler que celui où il va se contracter irrévocablement), le mariage est un engagement définitif, que rien ni personne ne peut rompre, un contrat bilatéral, obligeant également et de la même manière, les deux parties contractantes, qui promettent solennellement devant Dieu, devant les parents, leurs amis, témoins de leurs serments, d’y rester fidèles jusqu’à la mort.

    Contrat bien facile à observer, pensent les jeunes époux, au jour radieux des noces. Le mariage n’est-il pas l’évènement ardemment désiré, capable à lui seul de combler tout désir, d’apporter la joie parfaite, sans mélange, le bonheur inaltérable que rien ne viendra plus troubler ?…

    Oui! Il pourrait, il devrait en être ainsi. Et cependant, comment se fait-il que l’expérience nous révèle quotidiennement le contraire? Pourquoi tant de foyers brisés, de ménages désunis, de cœurs désenchantés ? Je vais vous le dire : c’est parce que l’on perd de plus en plus de vue la nature de l’amour au foyer conjugal. Celui qui se marie uniquement pour le plaisir, les commodités de la vie, un bien-être que l’on recherchera à tout prix, au prix même de la suppression de la race qu’on devait propager, celui-là n’a rien compris aux lois du mariage chrétien, tel que l’a enseigné le Christ, il n’a rien compris à la loi même de l’amour.

    L’amour, a dit Leibnitz, cité par Lacordaire, c’est le bonheur de l’objet aimé. On n’aime donc pas pour soi: on aime pour rendre heureux. Et voilà comment l’amour conjugal, c’est le dévouement à la personne élue, dévouement de tous les jours, de tous les instants, c’est l’assistance inlassable dans les difficultés, le soutien jamais rebuté dans l’épreuve. Aimer, c’est se dévouer, et donc, nous voilà loin de la conception jouisseuse de notre époque légère, où l’on s’engage sans réflexion, sans souci des obligations contractées. L’amour dans le dévouement, voilà la conception chrétienne: elle exige des qualités naturelles, elle appelle aussi la grâce de Dieu, et c’est pourquoi le Christ en a fait un sacrement. Il y a mis quelques gouttes de son sang. C’est cela que vous venez chercher ce matin, en vous agenouillant au pied des autels, devant le Maître de toute existence et de toute félicité, qui dispose pour nous toutes choses avec son infinie sagesse et sa providence paternelle, et qui reste l’unique et véritable fondement de la famille.

    Vous avez accordé vos pensées, vos sentiments dans la plus parfaite harmonie. C’est bien ! Mais, si vous voulez que cela dure, que vos deux âmes continuent à ne faire qu’une âme, vos deux cœurs un seul cœur, il faut les placer sous le regard de Dieu, les y tenir toujours et continuer à vous aimer ainsi, dans le cadre de son amour et de ses commandements. Si Dieu ne reste la base de votre amour, considérez-le comme atteint dans son principe vital.

    Saint-Paul disait aux premiers chrétiens : « Aimez vos épouses comme le Christ a aimé l’Église », c’est-à-dire aimez-vous indissolublement, à la vie, à la mort ! ». Si vous voulez réaliser cet idéal, faites toujours à votre foyer la part de Celui qui tient en ses mains divines nos destinées passagères et notre avenir immortel. Aimez-Le, servez-Le !

    Joies et tristesses, peines et consolations, désirs et espérances, vous recevrez tout de la main de Dieu, dispensateur de tout bien, Maître de la douleur. Ensemble vous supporterez les épreuves de la vie, car, j’exagérerais si, malgré l’allégresse d’un tel jour, je ne vous prédisais qu’un soleil sans nuage…
    Et c’est à la clarté de ces enseignements que vous vous dirigerez pour la tâche délicate entre toutes, et à laquelle vous ne vous déroberez pas, de l’éducation des enfants, tâche qui exigera du sacrifice et du dévouement.

    Évidemment, le mariage ainsi entendu n’est plus la partie de plaisir, comme on le voudrait dans un certain monde; ce n’est plus l’engagement à la légère que le caprice ou la fantaisie peuvent faire cesser à la guise de l’un ou l’autre des époux, au premier nuage qui surgit à l’horizon. C’est le pèlerinage à deux sur la route du devoir, illuminée par la grâce de Dieu.
    Cette route, mes chers enfants, je vous la souhaite la plus longue possible, ensoleillée et couverte de fleurs. Si, néanmoins, la tempête survient et que le soleil se voile, vous continuerez à marcher la main dans la main, cœur contre cœur, jusqu’à ce que le chemin redevienne agréable et fleuri.
    Vous, mon cher Jean, vous chérirez la compagne que Dieu vous a donnée. Votre bon cœur saura lui rendre heureuse une existence qu’elle va vous consacrer. Ainsi, vous comblerez les vœux des chers parents qui la remettent aujourd’hui entre vos mains, de cette mère qui ne s’est pas séparée 24 heures durant, de celle qui vous appartient désormais.

    Et vous, ma chère Madeleine, vous vous acquitterez envers votre époux, en réalisant pour son bonheur et sa satisfaction, tout ce que les qualités de grâces et de délicatesse que le Ciel vous a départies.
    Maintenant, il ne me reste plus qu’un doux devoir à remplir : celui de recevoir vos serments de fidélité, de demander au Ciel ses bénédictions, et de vous dire avec l’accent d’un cœur que vous connaissez bien : « Jeunes époux, soyez heureux, vivez heureux ! »

    Ce sera ma prière au cours du Saint Sacrifice qui va être célébré pour vous, c’est mon souhait le plus sincère et le plus affectueux. »

    Bx Daniel Brottier († 28 février 1936), extrait de l'Homélie du P. Brottier pour le mariage de sa nièce Madeleine Brottier avec Mr Jean Chuteau, le 19 Octobre 1925.
    Source : Documents historiques des OAA, Cahier 5, réf. 513.

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  • Méditation : le salut par la croix

    Le salut par la croix
    L'auteur met ces paroles dans la bouche de Marie :

    « Mon fils, écoute et comprends. Je veux t'enseigner une doctrine d'autant plus difficile à saisir que tu t'imagines la connaître depuis longtemps : la doctrine du salut par la croix.

    Tous ceux qui s'occupent d'apostolat chrétien savent que la souffrance joue un rôle capital dans le rachat des âmes ; que c'est par sa Passion et sa mort que Jésus a délivré le monde ; que, pour être co-rédemptrice, j'ai dû devenir la Mère des Douleurs ; et que tous les grands apôtres ont passé par de grandes tribulations.

    Mais quand la souffrance vient les visiter eux-mêmes, beaucoup d'entre eux ne se souviennent plus de sa signification ; ils s'étonnent et se découragent. Pour eux comme pour les juifs, la croix est restée un sujet de scandale. Pensent-ils donc participer à l'action rédemptrice du Christ sans participer aussi à sa Passion rédemptrice ?

    Quant à toi, regarde en face la croix qui t'attend.

    Il faudra t'imposer de durs sacrifices ; il te faudra travailler, peiner, te dépenser, t'épuiser au service des âmes. Et cela non seulement pendant quelques heures ou quelques jours, mais aussi longtemps qu'il y aura des âmes à sauver ; non seulement dans les moments d'enthousiasme et de succès, mais parmi les difficultés et les dégoûts.

    Et il faudra te charger de volontaires immolations, il faudra te faire victime à la place des âmes à racheter ; et plus tes efforts paraîtront stériles ou ardus, plus il te faudra y joindre de mortifications et d'expiations. »

    Emile Neubert, marianiste (1878-1967), Mon idéal, Jésus Fils de Marie d'après l'esprit du Père Chaminade (Publiroc, 1933), cité par Jean-Louis Barré s.m., in "La mission de la Vierge Marie d'après les écrits d'Emile Neubert", Salvator, Paris, 2013.

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  • Méditation : "ne nous laissez pas succomber à la tentation..."

    « Je vous confesserai, Seigneur, mon infirmité. Souvent un rien m'abat et me jette dans la tristesse. Je me propose d'agir avec force ; mais, à la moindre tentation qui survient, je tombe dans une grande angoisse. Souvent c'est la plus petite chose et la plus méprisable qui me cause une violente tentation. Et quand je ne sens rien en moi-même, et que je me crois un peu en sûreté, je me trouve quelquefois presque abattu par un léger souffle.
    Voyez donc, Seigneur, mon impuissance et ma fragilité, que tout manifeste à vos yeux. Ayez pitié de moi, "et retirez-moi de la boue de crainte que je n'y demeure à jamais enfoncé" (Ps LXVIII, 15). Ce qui souvent fait ma peine et ma confusion devant vous, c'est de tomber si aisément, et d'être si faible contre mes passions. Bien qu'elles ne parviennent pas à m'arracher un plein consentement, leurs sollicitations me fatiguent et me pèsent, et ce m'est un grand ennui de vivre toujours ainsi en guerre. Je connais surtout en ceci mon infirmité : que les plus horribles imaginations s'emparent de mon esprit, bien plus facilement qu'elles n'en sortent.
    Puissant Dieu d'Israël, défenseur des âmes fidèles, daignez jeter un regard sur votre serviteur affligé et dans le travail, et soyez près de lui pour l'aider en tout ce qu'il entreprendra. Remplissez-moi d'une force toute céleste, de peur que le vieil homme, et cette chair de péché qui n'est pas encore entièrement soumise à l'esprit, ne prévale et ne domine. »

    Imitation de Jésus-Christ, L. III, ch. XX.

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    La tentation de Saint Antoine par Jérome Bosch, 1506 (panneau central)
    Musée national, Lisbonne

  • 21 septembre : Méditation

    « Pour aimer ceux qui souffrent, il faut les aimer en Jésus-Christ et comme Jésus-Christ. Naturellement ils sont peu attrayants, les malades, les vieillards, les affligés de toute espèce ; ils ne savent guère parler que de leurs maux, et ils ne se lassent jamais de ce refrain lamentable et monotone... Si, de notre côté, nous ne pensons qu'à nos propres chagrins, il n'y aura guère moyen de s'entendre ; nos paroles de sympathie et de consolation seront froides, banales, sans résultat ; le malheureux que nous visitons sentira que nous remplissons une corvée et non un apostolat, que notre intérêt pour lui est tout de surface, que nous ne le comprenons pas, que nous ne l'aimons pas.
    Si, au contraire, en entrant chez un affligé - et je ne parle pas seulement de ceux qui habitent les mansardes, il y en a aussi beaucoup dans les salons luxueux - nous mettons généreusement de côté toutes nos occupations et nos préoccupations, nos chagrins, nos soucis, nos craintes et nos espoirs, pour ne penser qu'à celui que nous allons consoler et à ce qui le touche, oh ! comme tout en nous sera différent.
    Nous nous intéresserons vraiment à l'exposé de ses peines, que nous connaissons peut-être par coeur, c'est vrai, mais qui n'en sont sans doute pas moins crucifiantes pour cela ; et quand même ces peines seraient en soi assez légères, si elles paraissent lourdes à celui sur qui elles pèsent, elles constituent un fardeau réel, relativement accablant pour ces épaules si faibles de notre frère que nous aimons. Nous aurons vraiment pitié de cette souffrance, quand même elle serait un brin ridicule dans ses manifestations nous plaindrons sérieusement celui qui l'éprouve, parce que nous l'aimons ; et si nous l'aimons, oh ! quelle onction suave et aimable dans notre langage, quelle douceur reposante dans notre sourire, quelle grâce bienfaisante et discrète dans les soins que nous donnerons !
    Mais pour tout cela il faut de l'amour, et cet amour ne se puise que dans l'amour de Jésus. Humainement peut-être nous sommes ennuyés, rebutés par cette sorte de corvée, mais surnaturellement nous voyons Jésus en celui qui est attristé ; nous pensons que plus l'homme souffre, plus il ressemble à l'Homme-Dieu ; nous nous rappelons qu'il a surtout aimé ceux qui étaient dans l'affliction, qu'il a appelé à lui tous ceux qui étaient courbés sous la douleur et les fardeaux afin de les soulager ; nous entendons cette parole si consolante : "Tout ce que vous faites pour ces malheureux, c'est pour moi-même que vous le faites." Alors les yeux de notre âme s'ouvrent et nous entrevoyons ce merveilleux spectacle qu'il fut parfois donné à certains saints de contempler, le pauvre, le malade subitement transfiguré, et à sa place le Sauveur nous remerciant avec un doux sourire et nous redisant tout bas : "C'est pour moi que vous le faites ! merci !"
    Habituons-nous donc à aimer ceux qui souffrent, ceux qui pleurent, ceux qui sont abandonnés, à les aimer chrétiennement, parce qu'ils sont comme nous fils de Dieu et frères de Jésus-Christ, parce qu'ils ressemblent plus que personne au divin crucifié du Calvaire ; redisons-nous souvent que Dieu ne nous demande pas seulement de les secourir, qu'il nous demande de les aimer. »

    J.T. de Miramont, Messager du Coeur de Jésus, Novembre 1901.

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