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pauvreté

  • Méditation - entre les mains de Dieu

    « Dieu est présent dans notre vie, comme la présence d'un amour qui y enveloppe tout. Tout Lui est confié. D'une confiance qui veut s'exprimer [...] en une parfaite souplesse entre ses mains.
    Cette présence de Dieu en notre vie est une présence cachée.
    Ce qu'Il réalise en nous, quels biens sa grâce nous apporte, Lui seul le voit, qui accomplit son œuvre en notre âme.
    Mais en entrevoir et en deviner quelque chose suffit pour Lui faire confiance et être dans la paix.

    Accepter tout ce qui demeure d'obscurité en cette présence, c'est encore un acte de confiance. Un acte d'humilité aussi.
    Laisser faire Dieu, en toute humilité. [...]
    Une confiance sans ombre - sans hésitations ni reculs - une confiance toute claire. [...]
    Être entre les mains de Dieu une petite chose bien humble, dont Il puisse faire ce qu'Il veut, comme Il veut.

    Le moyen de trouver Dieu, quand Il se cache, c'est de se faire plus humble, plus effacé devant Lui.
    Toute pauvreté, toute souffrance, toute humiliation - tout ce par quoi l'âme se sent plus impuissante, plus dépouillée - tout cela la met davantage entre les mains de Dieu. Il est plus libre de faire ce qui Lui plaît dans le vide ainsi créé en elle par l'humilité, par le sentiment de son total dénuement.
    Plus l'âme est humble, plus elle est confiée à Dieu. »

    Dom Georges Lefebvre, moine de Ligugé, Aimer Dieu, Desclée de Brouwer, 1960.

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    (Crédit photo : cepolina.com)

  • Méditation - une vallée d'humilité...

    « Lorsque le soleil envoie ses rayons et sa clarté jusque dans une profonde vallée, située entre deux montagnes... la vallée s'éclaire de la lumière que lui renvoient les montagnes, elle s'échauffe ainsi davantage et devient plus fertile qu'une plaine. De la même façon, lorsqu'un homme juste se tient en sa petitesse, au plus bas de soi-même, et qu'il reconnaît n'avoir rien de soi, n'être rien et ne pouvoir rien, ni persévérer ni progresser, et que souvent même il manque de vertus, et de bonnes œuvres, alors il prend conscience de sa pauvreté et de sa détresse, et il creuse ainsi une vallée d'humilité. Et parce qu'il est humble et indigent et qu'il connaît sa misère, il l'expose et en gémit devant la bonté et la miséricorde de Dieu. Ainsi il peut reconnaître, et la hauteur de Dieu et sa propre bassesse, et il devient une vallée profonde. Or, le Christ est un soleil de justice et aussi de miséricorde... et il brille jusqu'au fond des cœurs humbles ; car le Christ est toujours touché de la misère de l'homme qui en gémit et la découvre humblement. »

    Bx Jan van Ruysbroeck (1293-1381), L'Ornement des noces spirituelles.

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  • Premier Vendredi du mois, dédié au Sacré-Coeur de Jésus

    « Dans le Royaume de Jésus, être du côté des sages ou être du côté des tout-petits, c'est le choix qui s'offre sans cesse à nous, et qui est toujours délicat à effectuer. Prendre le parti des pauvres et plaider leur cause est encore relativement facile, bien plus facile que de se retrouver un jour à leur côté face à Dieu, tout aussi pauvre ou même encore plus pauvre qu'eux. Discréditer les savants et les penseurs dans l'Église est bien plus commode que de devoir avouer un jour ne plus rien savoir devant Dieu. Car ce qui nous est demandé – ou plutôt offert – est tout autre chose, au-delà de tout savoir, au-delà de toute activité caritative. C'est l'unique chose absolument nécessaire, dont nous ne pouvons seulement dire que nous ne l'avons pas encore reçue, mais que nous la désirons et la demandons tous les jours éperdument. Le seul nécessaire que Jésus seul peut nous apprendre, à son contact : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos » (Mt 11,29). Et, à travers le repos et la paix de votre cœur, des milliers autour de vous seront sauvés. »

    André Louf (1929-2010), extrait de l'Homélie sur Mt 11,25-30, in "Heureuse faiblesse - Homélies pour les Dimanches de l'Année A", Desclée de Brouwer, Paris, 1998.

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    (Crédit photo : El Grande Pics)

  • Méditation - regard d'enfant

    « Il y a dans un regard d'enfant un rayon qui vrille notre conscience d'adulte, suscitant le remords de n'être à aucun moment ce que nous devrions être. L'Innocence nous accuse, au sens où la lumière accuse un relief. Je ne dis pas que, si Dieu n'existait pas, la morale serait sans fondement, mais, simplement et sans théorie, que ce regard serait moins implacable. Comme l'ange de Rilke, il est terrible. Mais il le serait moins s'il n'était aussi absolument désarmé. C'est parce qu'il est pauvre et sans défense que je puis à peine le soutenir. Venu de très loin, d'un monde sans arme, sans calcul, sans intrigue et sans mensonge - le monde du Tout-Autre - il est aussi tout proche, signe du prochain pauvre et sans défense, envers qui le devoir, ici et maintenant, est de déposer toutes armes de calcul, d'intrigue et de mensonge. »

    P. François Varillon (1905-1978), L'humilité de Dieu, Le Centurion, 1974.

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  • Méditation - Ardent désir de la venue du Christ

    « Jésus-Christ ne vient en l'âme qu'autant qu'on le désire et dans la proportion où on le désire. Qui ne le désire pas ne l'apprécie pas, et se rend, par cela seul, indigne de le recevoir. Nous devons donc, pendant ce saint temps, être des hommes de désirs, soupirer, comme autrefois les patriarches, après la venue du Messie, et comme les saints de la loi nouvelle, après le règne de Jésus-Christ dans leur cœur, redisant souvent avec eux : « Ô cieux, versez sur nous votre rosée ; que les nuées nous envoient le Juste par excellence, principe de toute justice ; que la terre de notre cœur s'épanouisse et produise le Sauveur. » (*)

    Et ces saints désirs doivent être à la fois ardents et généreux : ardents, pour être en rapport avec l'excellence du don que nous demandons ; généreux, pour sacrifier tout ce qui déplaît à l'hôte divin que nous appelons en nous. Ce qui lui déplaît, nous ne pouvons l'ignorer, c'est l'amour des aises et du bien-être, c'est l'orgueil, c'est tout ce qui contraste avec l'humilité, la souffrance et la pauvreté de la crèche. »

    (*) Isaïe 45, 8 - A inspiré le "Rorate caeli desuper", chanté traditionnellement le 1er Dimanche de l'Avent.

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), Méditation pour le 1er dimanche de l'Avent.

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  • « ... il est resserré, le chemin qui conduit à la vie ; et ils sont peu nombreux, ceux qui le trouvent. » (Mt 7, 14)

    « Toute la vie chrétienne est en tension vers la béatitude, vers l'eschatologie, dans un surpassement incessant. Elle consiste à accueillir Dieu en soi, dans une démarche qui doit s'intensifier jour après jour, et qui donne au temps sa véritable dimension. Dans une aspiration infinie, qui a Dieu pour terme, et qu'aucune de nos actions ne pourra jamais combler.

    Plus que tout autre, le chrétien sait que la voie qui le mène à la béatitude est une voie qui l'engage tout entier. Une voie où, pour se vouloir lui-même, il lui faut vouloir Dieu et ses frères et le monde, sans espoir d'atteindre Dieu en plénitude avant la Parousie. Une voie qui le jettera inlassablement d'un élan à un autre, d'un don à un autre, d'un sacrifice à un autre. Voie dure, d'humilité, de sacrifices, de renoncements et de pauvreté, mais aussi voie joyeuse de perfection, de bonheur, de paix, de liberté spirituelle.

    Il faut le dire sans ambage : préférer à tout le reste ce consentement actif à Dieu, y subordonner toute notre vie, dans un dépassement qui se renouvelle sans cesse, c'est la loi de toute vie spirituelle authentique. En un sens, tout est déjà gagné, quand par-delà tous les soucis périssables, on a réveillé en soi le désir du paradis, quand on a dit oui à l'ouverture aux biens éternels, car ce oui profond libère une énergie spirituelle latente, capable de tarir en nous toutes les sources d'égoïsme.

    De la vie d'enfant de Dieu, de fils de lumière, d'héritier du Christ, la béatitude apparaît comme la véritable clef de voûte. »

    P. Marie-Joseph Le Guillou, Qui ose encore parler du bonheur ?, Mame, Paris, 1991.

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  • Méditation - Aimer Dieu d'abord

    « Il est très dangereux de faire d'abord de la prière ou de l'amour fraternel un idéal, parce qu'on en fait son idéal. Poursuivre un idéal, c'est souvent chercher à imiter l'amour par des efforts épuisants qui nous rendent la vie pénible et qui n'ont pas grand prix aux yeux de Dieu, parce qu'ils ne correspondent pas à son désir. N'essayons pas de faire comme si nous avions atteint un degré de plus que celui où nous sommes en réalité ; c'est encore un fruit de l'esprit d'enfance que de n'avoir pas de sur-moi. Ce n'est pas à la force de nos poignets que nous obtiendrons l'amour ; mais, vivant pauvres et désarmés, nous pourrons être envahis par l'amour trinitaire, qui est un amour reçu et accueilli.

    « L'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous fut donné » (Rm 5, 5).

    [...] Au sujet de cet amour véritable du prochain, je pense à ce très beau texte d'un fol en Christ du début du siècle :

    « Sans la prière, toutes les vertus sont comme des arbres sans terre ; la prière, c'est la terre qui permet à toutes les vertus de croître. Le chrétien, mon ami, c'est un homme de prière. Son père, sa mère, sa femme, ses enfants, sa vie, tout cela, pour lui, c'est le Christ. Quand il aimera à ce point le Christ, il aimera forcément aussi toutes les créatures de Dieu. Les hommes croient qu'il faut d'abord aimer les hommes, et ensuite aimer Dieu. Moi aussi j'ai fait comme cela, mais cela ne sert de rien. Quand, au contraire, j'ai commencé d'aimer Dieu, dans cet amour de Dieu j'ai trouvé mon prochain. Et dans cet amour de Dieu, mes ennemis sont devenus mes amis, des créatures divines. »

    [...] Sylvain de l'Athos disait que, finalement, le seul critère que l'on a pour connaître si on est vraiment sur la voie de la prière totale, c'est l'amour des ennemis au sens évangélique. Un signe évident, disait déjà Cassien, que l'âme n'est pas encore purifiée, c'est que l'on n'a pas de compassion pour les péchés d'autrui, mais qu'on prononce sur eux un jugement sévère. Au fond, il faut devenir un homme désarmé, qui n'a plus peur, qui s'avance les mains ouvertes dans l'accueil et dans l'amour, parce qu'il porte en lui la certitude de la résurrection. »

    P. Jean Lafrance (1931-1991), La prière du cœur (V, 1), Abbaye Ste Scholastique, Dourgne, 1978.
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  • Méditation - Un coeur pauvre pour aimer

    « Si souvent on nous a répété que nous devions faire des efforts pour aimer les autres ou vaincre une antipathie, que nous en sommes venus à croire que l'amour du prochain dépendait de notre bonne volonté. Certes, l'amour fraternel requiert notre activité, mais celle-ci est accueillie dans les profondeurs de notre cœur où l'amour est répandu. Il en va de l'amour du prochain comme de la prière ; tant que nous essaierons de le produire au dehors de nous par les seuls efforts de l'intelligence ou de la volonté, nous échouerons lamentablement. Cet amour n'est pas une vertu morale. Avant d'aimer Dieu et ses frères, il faut vivre cette réalité : Dieu m'aime. C'est donc un amour reçu, c'est la vie du Ressuscité répandue en nos cœurs. La charité est toujours le fruit de la Pâque du Christ. On comprend alors qu'un cœur, un corps, entièrement pénétrés de la vie de l'Esprit connaissent, en même temps que la prière continuelle, un véritable amour du prochain.

    À strictement parler, on ne fait pas d'effort pour la charité, on y risquerait bien des illusions sentimentales ou volontaristes... Mais vivant désapproprié, pauvre et désarmé, on est naturellement donné. C'est pourquoi le Christ insiste tant sur les Béatitudes, et surtout sur la pauvreté : un cœur pauvre sait accueillir l'amour et en donner. Le patriarche Athénagoras (*), qui était un homme de prière, était aussi un être de relation, capable de manifester à ses frères la tendresse de Dieu. Il disait au sujet de la pauvreté comme condition à l'amour :

    « Il faut mener la guerre la plus dure, qui est la guerre contre soi-même. Il faut arriver à se désarmer.
    J'ai mené cette guerre pendant des années, elle a été terrible. Mais maintenant, je suis désarmé. Je n'ai plus peur de rien car l'amour chasse la peur.
    Je suis désarmé de la volonté d'avoir raison, de me justifier en disqualifiant les autres.
    Je ne suis plus sur mes gardes, jalousement crispé sur mes richesses. J'accueille et je partage. Je ne tiens pas particulièrement à mes idées, à mes projets. Si l'on m'en présente de meilleurs, ou plutôt non pas meilleurs, mais bons, j'accepte sans regrets. J'ai renoncé au comparatif. Ce qui est bon, réel, vrai, est toujours pour moi le meilleur.
    C'est pourquoi je n'ai plus peur. Quand on n'a plus rien, on n'a plus peur.
    Si l'on se désarme, si l'on se dépossède, si on s'ouvre au Dieu-Homme qui fait toutes choses nouvelles, alors lui efface le mauvais passé et nous rend un temps neuf où tout est possible ». »

    P. Jean Lafrance (1931-1991), La prière du cœur (V, 1), Abbaye Ste Scholastique, Dourgne, 1978.
    Texte intégral en ligne (pdf)

    (*) : Athénagoras Ier de Constantinople (1886-1972), patriarche de Constantinople du 1er novembre 1948 au 7 juillet 1972. Sa rencontre avec le pape Paul VI à Jérusalem en 1964 conduisit à la levée mutuelle des Bulles d'excommunication auxquelles avait aboutit le Grand Schisme de 1054.

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  • Méditation - De la pauvreté intérieure

    « Nous sommes absolument pauvres, et la grande tromperie de l'argent est de nous masquer que nous sommes pauvres. Rien n'est naturel. Même ce que nous appelons la nature n'est pas naturel. Si nous savions regarder la vie autrement qu'avec des yeux habitués, nous y verrions un miracle constant, et nous verrions aussi notre dénuement total ; mais nous n'apercevons pas le miracle, parce que nous ne voulons voir que nous : alors, ce que nous avons comme objet de contemplation, c'est un pauvre bonhomme assez pénible et maladroit, et il faut avouer qu'il faut de la complaisance pour se régaler de ce spectacle ! J'ai connu un homme qui trouvait décourageant de devoir être, selon le mot de l’Évangile, un serviteur inutile. C'est extrêmement consolant au contraire. Quelle liberté totale l'âme trouve dans la conscience de son dénuement et de son inutilité ! Quand on croit être quelque chose, on n'est quand même jamais content : on a toujours quelque chose à demander et on ne demande jamais ce qu'il faut. Quand on sait qu'on n'est rien, on n'a plus qu'à tout demander et on a l'assurance que tout nous sera donné. Se mettre dans l'esprit de pauvreté, c'est simplement se mettre dans la vérité. »

    André Charlier (1895-1971), L'esprit de pauvreté, in revue "Itinéraires" n°109, Janvier 1967.

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  • Méditation - Bienheureuse pauvreté

    « Que vous êtes divinement bon, mon Dieu ! Si vous aviez appelé d'abord les riches, les pauvres n'auraient pas osé s'approcher de vous ; ils se seraient crus obligés de rester à l'écart à cause de leur pauvreté ; ils vous auraient regardé de loin, laissant les riches vous entourer.

    Mais vous avez appelé à vous tout le monde, tout le monde : les pauvres, puisque vous leur montrez par là, jusqu'à la fin des siècles, qu'ils sont les premiers appelés, les favoris, les privilégiés ; les riches, car d'une part, ils ne sont pas timides, de l'autre il dépend d'eux de devenir aussi pauvres que les bergers. En une minute, s'ils veulent, s'ils ont le désir d'être semblables à vous, s'ils craignent que leurs richesses les écartent de vous, ils peuvent devenir parfaitement pauvres.

    Que vous êtes bon ! Comme vous avez pris le bon moyen pour appeler d'un seul coup autour de vous tous vos enfants, sans aucune exception !

    Et quel baume vous avez mis jusqu'à la fin des siècles au cœur des pauvres, des petits, des dédaignés du monde, en leur montrant dès votre naissance qu'ils sont vos privilégiés, vos favoris, les premiers appelés - les toujours appelés autour de vous qui avez voulu être un des leurs et être dès votre berceau et toute votre vie entouré par eux. »

    Bx Charles de Foucauld (1858-1916), Méditations sur les passages des Saints Évangiles relatifs à quinze vertus, Nazareth 1897-98, n°263 (Œuvres Spirituelles, Seuil, 1958) .

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  • Méditation - Faisons place nette en nous

    « Vous avez accumulé un certain nombre d'erreurs et de sottises, qu'est-ce que ça fait ? Au moins, elles sont bien à vous et de vous : vous ne pouvez pas vous y tromper. Que cela ne vous donne aucune amertume. Vous y pourriez trouver au contraire une source de joie. Car, si vous regardez attentivement, vous vous apercevez que le bien que vous faites n'est pas de vous : cela se sent à une certaine qualité particulière de la joie qu'on en éprouve. Alors, il n'y a pas moyen d'être tristes de nos insuffisances et de nos fautes, ou plutôt, si nous nous en attristons parce qu'elles déplaisent à Dieu (ce qui est la seule tristesse féconde), nous pouvons toujours tourner cette tristesse en joie, parce qu'il est toujours excellent de savoir qu'on n'est rien par soi-même, qu'on est absolument pauvre et dénué, tant qu'on n'a pas fait la place nette pour que Dieu s'y installe. On n'a jamais rien à offrir à Dieu que ce que Lui-même nous a donné. Quand on a mesuré son propre néant, on commence alors d'apercevoir dans une lumière éclatante ce qui est en dehors de nous, c'est-à-dire ce devoir quotidien, simple et familier, par quoi se manifeste la volonté de Dieu sur nous. Quand on a aperçu cela, comme il devient beau et agréable !

    [...] N'attendez pas d'être au déclin de votre vie, qui opérera malgré vous ce dépouillement nécessaire, pour comprendre qu'on n'est véritablement soi-même que lorsqu'on s'est fait docile à la Grâce. Voyez-vous donc dans votre pauvreté, sans crainte et sans amertume, et faites la place nette en vous. L'humilité vous fera apercevoir l'action de la Grâce en vous, cette action qui échappe, hélas ! à la plupart des hommes, et par laquelle seule se réalise le bien dont nous contenons la possibilité. Ne redoutez pas de vous priver de quelque chose de la vie. C'est la vie au contraire que vous vous donnez. »

    André Charlier (1895-1971), Lettres au capitaines (Extrait de la Lettre d'Avril 1949), Éditions Sainte-Madeleine, 1990 (3e édition).

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  • Méditation - Prière dans la souffrance

    « Mon Dieu, je dépose à vos pieds mon fardeau de souffrances, de tristesses, de renoncements ; j'offre tout par le Cœur de Jésus, et demande à votre Amour de transformer ces épreuves en joie et en sainteté pour ceux que j'aime, en grâce pour les âmes, en dons précieux pour votre Église. Dans cet abîme d'accablement physique, de dégoûts et de lassitude morale, de ténèbres où Vous m'avez plongé(e), laissez passer une lueur de votre triomphante clarté. Ou plutôt (car les ténèbres de Gethsémani et du Calvaire sont fécondes), faites servir tout ce mal au bien de tous. Aidez-moi à cacher le dépouillement intérieur et la pauvreté spirituelle sous la richesse du sourire et les splendeurs de la charité. Lorsque la Croix se fait plus lourde, mettez votre douce main sous le fardeau posé par Vous-même sur mon âme et sur mon corps endolori. Seigneur, je Vous adore et suis encore, toujours, votre débiteur (débitrice), puisqu'en divin contre-pied à mes souffrances Vous avez mis l'Eucharistie et le Ciel. Alleluia ! »

    Elisabeth Leseur (1866-1914), Journal et Pensées de chaque jour (18 juillet 1922), J. de Gigord, Paris, 1920.

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  • Méditation - Heureuse faiblesse

    « A notre surprise, ce bonheur du Royaume, annoncé par Jésus, est presque toujours lié, à travers ses symptômes, soit à quelque disgrâce d'ici-bas : la pauvreté, les larmes, la faim et la soif, les persécutions ; soit à des attitudes qui, en ce monde, ne sont guère « payantes » comme on dit : la douceur, la miséricorde, le ministère de la réconciliation, des attitudes qui se retournent même souvent contre celui qui pense devoir les adopter.
    C'est comme si le Royaume de Jésus ne se laissait entrevoir qu'à travers un certain creux de l'existence humaine, à travers un vide qui attend d'être comblé, comme s'il se tenait dissimulé derrière un sentiment de dénuement, de besoins, qu'au premier abord nous n'arrivons pas à bien identifier. […]
    D'apercevoir ces signes au fond de son cœur, de sentir à quel point l'on est pauvre et faible et que sans Jésus l'on ne peut rien, c'est là la grâce des grâces. C'est la vraie pauvreté, notre seule richesse, dont l'avenir du Royaume dépend : "Heureux les pauvres de cœur : le Royaume des cieux est à eux." »

    Dom André Louf (1929-2010), Heureuse faiblesse – Homélies pour les Dimanches de l'Année A, 4° dimanche du Temps ordinaire, Paris, Desclée de Brouwer, 1998.

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  • Méditation - Acceptons-nous notre faiblesse ?

    « La première chose à faire pour entrer dans la voie de l'enfance spirituelle, c'est de se faire tout-petit devant Dieu. Or, se faire tout-petit, c'est à la fois ne pas juger les autres et se voir tel que l'on est soi-même ou tel que l'on serait sans la miséricorde. Se faire tout-petit, c'est jeter les masques et les mécanismes de défense ; c'est accepter de se présenter faible, pauvre et vulnérable devant Dieu et devant les hommes.
    On peut connaître à fond sa misère et être un grand orgueilleux. La vraie humilité n'est pas dans la prise de conscience de sa misère, mais la vue aimée de sa faiblesse et de sa misère. C'est cela être tout-petit.
    Il y a peu d'âmes qui acceptent sans réserve cette petitesse d'enfant, et qui se réjouissent sincèrement quand il leur est donné d'expérimenter leur faiblesse et leur impuissance. La plupart des hommes veulent bien se reconnaître faibles, mais jusqu'à un certain point. Et souvent, trop souvent, ils veulent surtout garder conscience de leurs propres forces. Ceux-là n'ont pas compris la pauvreté du cœur et la véritable humilité. Ils n'ont pas compris que ce qui fait la force du tout-petit, c'est sa faiblesse même.
    Redevenir enfant, au sens évangélique, c'est être pénétré de notre faiblesse. Dieu ne peut rien faire en nous ; sa grâce demeurera vaine si nous n'avons pas inscrit dans notre cœur le sentiment de notre impuissance et de notre faiblesse. »

    André Daigneault, Au cœur de la misère la miséricorde (ch.5), Éditions Sciences et Culture - Éditions Le Renouveau Charlesbourg, Québec, Nouvelle édition, 1993.

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  • Méditation : la sainteté des faibles et des infirmes

    « La sainteté n'est pas réservée aux vertueux et aux parfaits, mais aux blessés de toutes sortes. Lorsqu'on a tout perdu ou qu'on est au bas de l'échelle, il est plus facile de gravir l'échelle de la sainteté, qui est une échelle à l'envers, tournée vers le Très-Bas, comme dirait Christian Bobin. La porte étroite est celle qui mène dans les profondeurs de nos blessures et de nos fragilités, la sainteté est de les aimer parce qu'elles nous approchent du Dieu miséricordieux. L'espérance jaillit de cette pauvreté ; les saints la chantent dans une prière du cœur toute simple, où le nom de Jésus est le pouls de leur désir. Ce chemin de la sainteté est celui de l'imperfection. Pour André Daigneault, responsable d'un Foyer de Charité au Québec, cette sainteté doit devenir la grande spiritualité de ce troisième millénaire :

    La sainteté des pauvres, c'est s'ouvrir à l'amour miséricordieux ; c'est découvrir qu'aimer ce n'est pas d'abord être héroïque, mais offrir sa faiblesse et s'ouvrir au don de Dieu, en criant vers lui du fond de notre pauvreté. Nous ne construisons pas notre sainteté, même pas par notre générosité, nous ne fabriquons pas la sainteté à coup de fidélité dont nous pourrions nous enorgueillir, nous recevons la sainteté dans un cœur pauvre et humble, comme le bon larron l'a reçue sur la croix avec Jésus crucifié (*).

    Les saints imparfaits montent joyeusement vers le Père en descendant avec le Fils qui les porte dans ses bras et les prend contre son coeur, si près qu'ils ne voient pas son visage. Ils n'approchent pas de Dieu à la force des poignets, mais lui laissent toute la place. N'est-ce pas cela, l'humilité ? Leur vulnérabilité acceptée les ouvre à la miséricorde désarmante d'un Dieu qui a soif d'aimer et d'être aimé. Ils sont ces petits auxquels le Royaume est promis, ce qui faisait dire à François de Sales : « J'aime mieux être infirme que fort devant Dieu, car les forts, il les mène par la main tandis que les infirmes, il les prend dans ses bras. » »

    (*) : André Daigneault, Le chemin de l'imperfection, Sillery, Anne Sigier, 2000, p. 73.

    Jacques Gauthier, Tous appelés à la sainteté (ch. VII, 3), Parole et Silence, Novalis, Canada, 2008.

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    Dessin Greg Olsen

  • Méditation - Il n'y a pas de "technique" dans la voie de l'Amour

    « Thérèse (de l'Enfant-Jésus) nous met en garde sévèrement contre cette séduction, dont nous sommes tous plus ou moins victimes, des méthodes et des techniques, qu'elles soient psychologiques ou de provenance orientale. Sur beaucoup, elles exercent un envoûtement, parce qu'on y trouve des auto-certitudes, une maîtrise et une connaissance de soi, un système apparemment logique, ainsi qu'un épanouissement humain certain. Mais tout cela est redoutable, parce que cela risque de donner le change, et de faire confondre une « perfection », acquise comme le résultat d'une technique, avec la sainteté qui est le fruit d'un Amour donné gratuitement, auquel seuls les cœurs appauvris peuvent s'offrir.

    Aussi efficaces soient-elles, aussi innocentes paraissent-elles, ces techniques finissent par court-circuiter cette attitude de petit enfant qui se reçoit pauvrement de Dieu, tel que Dieu veut l'aimer. On se forge un masque, on se crée une personnalité, on se blinde, on s'enferme dans un personnage, et [...] Dieu n'arrive plus à trouver la faille pour atteindre la vulnérabilité de notre cœur. »

    P. Daniel-Ange, Les blessures que guérit l'amour, Éditions Saint François de Sales - Pneumathèque, Paris, 1979.

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    (Crédit photo : Jake Olson Studios)

  • Méditation - Prière d'offrande

    « Ô Dieu ! recevez mes louanges, mes adorations, tout mon amour. Hélas ! que puis-je rendre, moi qui suis si pauvre, si petite, mais je me sens si riche du désir de voir toutes les âmes vous consacrer leur cœur, leurs œuvres, leurs actions. Je fais le tour du monde et vais chercher et recueillir, pour vous les offrir, toutes les bonnes actions, grandes et petites, les œuvres, les travaux, les peines, les douleurs, les larmes, les épreuves de toutes sortes, les désolations, les souffrances, les soupirs des âmes qui ne pensent pas, qui oublient ou ne savent pas vous les offrir ; vous consacrer les joies, les espérances, les consolations, les succès, les bonheurs, les abondances de biens, toutes les grâces, les bienfaits qui, tous, sont l'effet de votre paternité et bonté envers nous, qu'elles ne savent reconnaître, vous attribuer, ne regardant jamais en haut ; toutes les prières faites trop en hâte, sans attention, celles récitées sur le bout des lèvres, et qui, pour cause, ne pénètrent pas jusqu'à vous, les communions faites sans véritable amour, avec trop peu de respect ou négligence : je vous apporte tout et vous offre tout, ô Dieu infiniment bon et miséricordieux, daignez les accepter et les agréer, vous à qui tout appartient, de qui tout découle, vers qui tout doit retourner. Soyez loué, béni de toutes les créatures qui furent, sont et seront jusqu'à la consommation des siècles. »

    Vénérable Marthe Robin (1902-1981), prière, 7 novembre 1930, in "Journal Décembre 1920 Novembre 1932", Les Cahiers de Marthe Robin, Editions Foyer de Charité, Châteauneuf-de-Galaure, 2013.

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  • Méditation : La vraie pauvreté

    « Mes enfants, il faut distinguer une pauvreté extérieure, qui est l'effet du hasard, et une pauvreté intérieure, qui est l'essence de la vraie pauvreté. La pauvreté extérieure n'est pas le fait de tout le monde, et tous les hommes ne sont pas appelés à être pauvres extérieurement. Mais à la pauvreté essentielle nous sommes tous appelés ainsi que tous ceux qui veulent être les amis de Dieu. Elle consiste en ce que Dieu doit, seul, posséder notre fond, et que nous ne devons être possédés par aucune autre chose, et nous devons posséder toutes choses comme Dieu veut que nous les possédions, c'est-à-dire dans la pauvreté spirituelle selon la parole de saint Paul : « Comme ceux qui n'ont rien et possèdent toutes choses » (1). Et voici ce qu'il faut entendre par là. Tout ce qui nous est cher, fortune, ou amis, ou corps ou âme, plaisir ou profit, doit être aimé de telle façon que, dans le cas où Dieu aurait sur nous quelque autre dessein, nous abandonnions volontiers ces biens à sa sainte volonté, pour son amour et pour sa gloire, exactement comme il veut que nous les laissions. Telle doit être notre entière bonne volonté. Si notre faible nature y répugne, peu importe, pourvu que notre volonté délibérée soit prête à ce sacrifice. Mes enfants, voilà la pauvreté véritable et essentielle à laquelle se doivent tous les hommes vertueux et que Dieu exige d'eux, afin qu'ils aient un vouloir foncier libre, vide et élevé, que rien ne captive, ni jouissance, ni affection, constamment prêt à tout abandonner, si Dieu le voulait ainsi. »

    1. 2 Co 6, 10.

    Jean Tauler (v.1360-1361), extrait du Sermon pour le premier vendredi de Carême, in "Sermons" (8, 5), Éditions du Cerf, Sagesses Chrétiennes, Paris, 1991.

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  • Méditation : confiance et humilité

    « Pour envahir le monde de son amour miséricordieux, Dieu attend des actes de confiance et d'humilité, d'une pureté telle que le moindre mouvement de retour sur soi apparaît comme un grain de sable qui enraie la machine. Quand Dieu trouve un homme comme Abraham qui lui fait confiance jusqu'à lui offrir ce qu'il a de plus cher, c'est-à-dire sa liberté, il comble tous ses désirs, mais il faut que cet homme n'exige aucune garantie.

    « Quand la Sainte Vierge est apparue à Catherine Labouré elle lui a montré les grâces sortant de ses mains sous forme de rayons - mais aussi les grâces qu'on ne reçoit pas, celles que les hommes ne pensent pas à demander. Je conseille de demander « effrontément » les grâces que les autres ne pensent pas à demander, en insistant bien sur le fait que nous ne réclamons aucune garantie. » (1)

    Le propre de la confiance est de vivre sans garantie, à tous les plans, en lâchant tout ce qui pourrait nous donner la moindre sécurité. C'est aussi le sens de la pauvreté, qui ouvre à la possession du Royaume des cieux. Dans l'évangile, tout se tient ; on ne peut pas prier le Père au nom de Jésus sans lui faire confiance, et pour faire confiance, il faut être pauvre et ne plus se regarder ; donc il faut devenir humble. Dès qu'un homme entre dans cette attitude de pauvreté absolue, il peut tout demander à Dieu, avec une audace sans limites. »

    1. P. Molinié o.p., Le courage d'avoir peur, Cerf 1975, p. 222.

    Jean Lafrance (1931-1991), La puissance de la prière (Troisième Partie, ch. I, 2), Abbaye Ste-Scholastique, Dourgne, 1978.

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  • Méditation : la pauvreté intérieure

    « La pauvreté d'esprit a trois degrés. Le premier est de nous voir en mendicité devant Dieu pour tous ses dons, étant nus par nous-mêmes et sans aucune grâce, et de vivre en esprit de mendiant pour être revêtus de ses biens.
    Le second est de nous pas approprier les dons et les grâces de Dieu, les considérant comme nôtres, et comme une chose qui serait passée en notre nature, lorsque nous les possédons. Il faut les regarder comme un homme regarde l'habit qu'il porte. Il sait que son corps est nu par soi-même, et dépourvu en soi des choses qui seraient nécessaires pour le mettre à couvert de l'incommodité des saisons : c'est pourquoi il vit continuellement dans l'obligation de se vêtir, et dans la dépendance d'emprunter hors de lui ce secours et ce soulagement.
    L'âme véritablement pauvre, quoiqu'elle soit revêtue et enrichie des dons de Dieu, se considère toujours devant lui dans une grande nudité. Car demeurant établie dans la connaissance de ce qu'elle est, quoiqu'elle soit possédée et revêtue de Dieu, elle se voit également en nudité par elle-même. Ainsi elle n'entre point en complaisance pour ce qu'elle est ; parce que étant toujours la même dans son fonds, elle ne s'estime point plus au milieu de tous ses dons, qu'elle faisait avant que d'en être remplie.
    [...]
    Le troisième degré de pauvreté spirituelle, est de porter en nous les dons de Dieu, et de garder ses trésors dans les coffres de notre cœur, sans y oser toucher, et sans en faire aucun usage pour nous-mêmes, laissant à Dieu à nous mettre son bien dans les mains, et à prendre dans ses coffres ce qu'il veut pour nous faire faire la dépense qu'il désire, afin qu'il soit lui-même l'auteur et le directeur de la dispensation de ses grâces.
    Et non seulement nous devons prendre garde à ne pas user des dons de Dieu pour nos intérêts temporels et grossiers, ou pour en acquérir de l'honneur ou de l'estime, ce qui serait un sacrilège infâme, mais il faut même s'abstenir de toucher à ses dons sacrés. Il les a mis en dépôt en notre âme, et nous devons lui laisser le soin de nous prendre la main, pour nous y faire prendre ce qui lui plaît et le distribuer en son nom. »

    M. Jean-Jacques Olier (1608-1657), Introduction à la vie et aux vertus chrétiennes (Chap. XI, IVe section), in "Œuvres complètes" publiées par M. l'Abbé Migne, J.-P. Migne Éditeur, 1856.

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