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possession

  • Méditation - De la vraie liberté

    « Cherche la liberté comme un bonheur suprême ;
    Mais souviens-toi, mon fils, de cette vérité,
    Qu'il te faut renoncer tout à fait à toi-même,
    Ou tu n'obtiendras point d'entière liberté.

    Ceux qui pensent ici posséder quelque chose
    La possèdent bien moins qu'ils n'en sont possédés,
    Et ceux dont l'amour-propre en leur faveur dispose
    Sont autant de captifs par eux-mêmes gardés.

    Les appétits des sens ne font que des esclaves ;
    La curiosité comme eux a ses liens ;
    Et les plus grands coureurs ne courent qu'aux entraves
    Que jettent sous leurs pas les charmes des faux biens.

    Ils recherchent partout les douceurs passagères
    Plus que ce qui conduit jusqu'à l'éternité ;
    Et souvent pour tout but ils se font des chimères
    Qui n'ont pour fondement que l'instabilité.

    Hors ce qui vient de moi, tout passe, tout s'envole ;
    Tout en son vrai néant aussitôt se résout ;
    Et, pour te dire tout d'une seule parole,
    Quitte tout, mon enfant, et tu trouveras tout. »

    Pierre Corneille, L'Imitation de Jésus-Christ,
    traduite et paraphrasée en vers français,
    Livre troisième Ch. XXXII, in "Œuvres complètes de P. Corneille",
    Tome deuxième, A Paris, chez Lefèvre, Libraire-Editeur, 1834.

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  • Méditation : La vraie pauvreté

    « Mes enfants, il faut distinguer une pauvreté extérieure, qui est l'effet du hasard, et une pauvreté intérieure, qui est l'essence de la vraie pauvreté. La pauvreté extérieure n'est pas le fait de tout le monde, et tous les hommes ne sont pas appelés à être pauvres extérieurement. Mais à la pauvreté essentielle nous sommes tous appelés ainsi que tous ceux qui veulent être les amis de Dieu. Elle consiste en ce que Dieu doit, seul, posséder notre fond, et que nous ne devons être possédés par aucune autre chose, et nous devons posséder toutes choses comme Dieu veut que nous les possédions, c'est-à-dire dans la pauvreté spirituelle selon la parole de saint Paul : « Comme ceux qui n'ont rien et possèdent toutes choses » (1). Et voici ce qu'il faut entendre par là. Tout ce qui nous est cher, fortune, ou amis, ou corps ou âme, plaisir ou profit, doit être aimé de telle façon que, dans le cas où Dieu aurait sur nous quelque autre dessein, nous abandonnions volontiers ces biens à sa sainte volonté, pour son amour et pour sa gloire, exactement comme il veut que nous les laissions. Telle doit être notre entière bonne volonté. Si notre faible nature y répugne, peu importe, pourvu que notre volonté délibérée soit prête à ce sacrifice. Mes enfants, voilà la pauvreté véritable et essentielle à laquelle se doivent tous les hommes vertueux et que Dieu exige d'eux, afin qu'ils aient un vouloir foncier libre, vide et élevé, que rien ne captive, ni jouissance, ni affection, constamment prêt à tout abandonner, si Dieu le voulait ainsi. »

    1. 2 Co 6, 10.

    Jean Tauler (v.1360-1361), extrait du Sermon pour le premier vendredi de Carême, in "Sermons" (8, 5), Éditions du Cerf, Sagesses Chrétiennes, Paris, 1991.

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  • 17 février : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Jésus quarante jours au désert (Lc 4, 1-13)

    « Le diable s'est attaqué au premier homme, notre parent, par une triple tentation : il l'a tenté par la gourmandise, par la vanité et par l'avidité. Sa tentative de séduction a réussi, puisque l'homme, en donnant son consentement, a été alors soumis au diable. Il l'a tenté par la gourmandise, en lui montrant sur l'arbre le fruit défendu et en l'amenant à en manger ; il l'a tenté par la vanité, en lui disant : "Vous serez comme des dieux" ; il l'a tenté enfin par l'avidité, en lui disant : "Vous connaîtrez le bien et le mal" (Gn 3,5). Car être avide, c'est désirer non seulement l'argent, mais aussi toute situation avantageuse, désirer, au-delà de toute mesure, une situation élevée...
    Le diable a été vaincu par le Christ qu'il a tenté d'une manière tout à fait semblable à celle par laquelle il avait vaincu le premier homme. Comme la première fois, il le tente par la gourmandise : "Ordonne que ces pierres se changent en pains" ; par la vanité : "Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas" ; par le désir violent d'une belle situation, quand il lui montre tous les royaumes du monde et lui dit : "Tout cela, je te le donnerai, si tu tombes à mes pieds et m'adores"...
    Il est une chose qu'il faut remarquer dans la tentation du Seigneur : tenté par le diable, le Seigneur a riposté par des textes de la Sainte Ecriture. »

    St Grégoire le Grand, Homélies sur l'Evangile n°16 (Trad. Maurice Véricel, L’Evangile commenté par les Pères, Editions Ouvrières, Paris, 1961).

  • 14 octobre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Il s'en alla tout triste, car il avait de grands biens" (Mc 10, 17-30)

    « Imite la terre, homme, porte comme elle des fruits, ne te montre pas plus dur qu'une matière inanimée. La terre ne mûrit pas ses fruits pour en jouir elle-même, mais pour les mettre à ton service. Et toi, les fruits que répand ta bienfaisance, c'est toi en fait qui les engranges, puisque la récompense des bonnes actions retombe sur leurs auteurs. Tu as donné à manger à l'affamé ; ce que tu as donné te revient, augmenté des intérêts. Comme le grain jeté en terre profite au semeur, de même le pain tendu à l'affamé rapporte un gain immense, pour plus tard. Quand se termine la moisson sur la terre, c'est le moment pour toi de semer dans le ciel. "Faites vos semailles pour la justice" (Os 10, 12) !
    Pourquoi ces angoisses ? Pourquoi te tourmenter et mettre tant d'ardeur à enfermer tes richesses dans du mortier et de la brique ? "Le bon renom vaut mieux que les grandes richesses" (Pr 22, 1). Si tu admires l'argent pour la considération qu'il procure, dis-toi que tu gagneras bien plus de gloire à être appelé le père de milliers d'enfants qu'à posséder des milliers d'écus dans une bourse. »

    Saint Basile le Grand († 379), Homélie 6, 3 (Trad. M. Poirier, "Riches et Pauvres dans l'Eglise ancienne", Lettres chrétiennes, coll. Ichtus n°6, Grasset, Paris, 1962).

  • 21 août : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Que dit Jésus-Christ, mes frères ? ... "Je vous le dis en vérité : il est bien difficile qu’un riche entre dans le royaume des cieux" ; marquant par ce mot de "riche", non pas en général celui qui a du bien, mais celui qui en est l’esclave. [...]
    Ceci nous fait voir qu’un riche qui use chrétiennement de ses richesses, doit espérer de Dieu une grande récompense. Mais Jésus-Christ montre dans la suite que cela ne peut être que l’ouvrage de Dieu seul, et qu’un riche a besoin d’une grâce très-puissante pour se détacher ainsi de ses richesses. [...]

    Si vous désirez, mes frères, savoir comment "ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu", je veux bien vous l’expliquer. Car Jésus-Christ n’a point dit cette parole afin qu’elle vous abatte et que vous désespériez de pratiquer cette vertu, comme vous étant impossible, mais afin que, considérant sa grandeur, vous vous y appliquiez avec courage ; que vous invoquiez la grâce de Dieu, afin qu’elle vous soutienne dans un combat si pénible et qu’elle vous fasse acquérir enfin la vie éternelle. Comment donc cela peut-il devenir possible ? Si vous renoncez tous à l’attachement aux biens, si vous méprisez les richesses et si vous foulez aux pieds une passion si basse. Nous voyons assez par la suite que Jésus-Christ ne parle pas de la sorte afin qu’en croyant que Dieu fait tout, vous demeuriez sans rien faire, mais plutôt pour vous exciter à travailler, d’autant plus que ce qu’il vous propose est plus grand et plus difficile. [...]

    Ainsi, mes frères, ne nous embarrassons point en tant de soins inutiles. Renonçons entièrement à cette passion inquiète de l’argent qui ne nous laisserait jamais en repos. Pensons à un autre monde, où nous trouverons des biens sans inquiétude, qui rendent vraiment heureux, et ne désirons que les trésors qui sont dans le ciel. L’acquisition n’en est point pénible, et la possession est le comble de tous les biens. Ce commerce n’est exposé ni aux pertes ni aux périls. Nous n’avons seulement qu’à veiller sur nous-mêmes et à mépriser tout ce que nous voyons ici-bas. Car celui qui s’attache aux richesses de la terre et s’en rend esclave, perdra nécessairement celles du ciel. »

    Saint Jean Chrysostome (v.344-407), Homélie sur Saint Matthieu (LXIII, 2,3), in "Oeuvres complètes" (Tome VIII) traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, éditeurs, 1865.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 10 août : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Notre Seigneur Jésus Christ a dit à tous, à plusieurs reprises et en donnant diverses preuves : "Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il se renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive" ; et encore : "Celui d'entre vous qui ne renonce pas à tout ce qu'il a ne peut être mon disciple". Il nous paraît donc exiger le renoncement le plus complet... "Où est ton trésor, dit-il ailleurs, là est ton coeur" (Mt 6,21). Si donc nous nous réservons des biens terrestres ou quelque provision périssable, notre esprit y demeure enlisé comme dans de la boue. Il est alors inévitable que notre âme soit incapable de contempler Dieu, et devienne insensible aux désirs des splendeurs du ciel et des biens qui nous sont promis. Nous ne pourrons obtenir ces biens que si nous les demandons sans cesse, avec un ardent désir qui, du reste, nous rendra léger l'effort pour les atteindre.
    Se renoncer, c'est donc délier les liens qui nous attachent à cette vie terrestre et passagère, se libérer des contingences humaines, afin d'être plus à même de marcher dans la voie qui conduit à Dieu. C'est se libérer des entraves afin de posséder et user de biens qui sont "beaucoup plus précieux que l'or et que l'argent" (Ps 18,11). Et pour tout dire, se renoncer, c'est transporter le coeur humain dans la vie du ciel, en sorte qu'on puisse dire : "Notre patrie est dans les cieux" (Ph 3,20). Et surtout, c'est commencer à devenir semblable au Christ, qui pour nous s'est fait pauvre, de riche qu'il était (2Co 8,9). Nous devons lui ressembler si nous voulons vivre conformément à l'Évangile. »

    Saint Basile (v.330-379), Grandes Règles monastiques, Question 8 (trad. Brésard, 2000 ans C, et Lèbe, Maredsous).

  • 4 juillet : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « De celui que possédait une légion de démons (Lc VIII, 26-39). — L'homme possédé par une légion de démons, qui l'eut délivré par Jésus dans le pays des Géraséniens, figurait les Gentils, esclaves d'une multitude de démons. Il était sans vêtement, c'est-à-dire qu'il n'avait point la foi et les autres vertus. Il ne demeurait point dans sa maison : sa conscience n'était point en repos. Il habitait dans les tombeaux; les tombeaux figurent les oeuvres de mort, c'est-à-dire les péchés dans lesquels il se plaisait. Les entraves et les chaînes de fer dont il était garrotté, sont les lois rigoureuses et pesantes des gentils, les lois répressives du mal dans les républiques idolâtres. Il brisait ses liens, et le démon le poussait dans le désert ; c'est-à-dire, au sens figuré, qu'il violait même ces lois de la cité terrestre, précipité par la passion dans des crimes d'une rare énormité. Les pourceaux paissant sur les montagnes, et dans lesquels il fut permis aux démons d'entrer, sont l'image des hommes impurs et orgueilleux que les démons tiennent sous leur domination par le règne de l'idolâtrie. Ces animaux se précipitent dans un étang; cela signifie que l'Eglise étant purifiée aujourd'hui et le peuple gentil délivré de la servitude du démon, c'est dans les lieux secrets et retirés que les malheureux esclaves d'une superstition aveugle et ténébreuse accomplissent leurs rites sacrilèges, après avoir refusé de croire en Jésus-Christ. Les gardiens des pourceaux prenant la fuite et publiant ce qui vient d'arriver, sont la figure de certains princes des nations idolâtres, qui, frappés d'admiration et d'étonnement, publient la puissance et les merveilles de la loi chrétienne, en fuyant le joug qu'elle impose. Les Géraséniens sortent pour voir l'événement ; ils trouvent aux pieds de Jésus l'énergumène qui avait repris ses vêtements et qui était sain d'esprit ; à la vue de ce miracle ils sont saisis d'une grande crainte, et prient Jésus de s'éloigner d'eux. Ceci désigne la multitude livrée aux goûts dépravés du vieil homme : elle honore la loi de Jésus-Christ, refusant d'en supporter les rigueurs, quelle déclare au dessus de ses forces, remplie d'admiration toutefois pour le peuple fidèle guéri des habitudes mauvaises de sa vie perdue d'autrefois. Le possédé après sa délivrance désire demeurer avec Jésus-Christ, mais le Sauveur lui dit : « Retourne dans ta maison, et publie les choses étonnantes que le Seigneur a faites pour toi. » On peut voir très-justement le sens du mystère caché ici, dans ces paroles de l'Apôtre. "Etre dissous, et aller à Jésus-Christ, voilà ce qui est le meilleur de beaucoup ; mais il faut à cause de vous demeurer dans la chair" (Phil. I, 23) : après la rémission des péchés il faut rentrer en soi-même dans la paix d'une bonne conscience et se dévouer au service de l'Évangile pour le salut de ses frères, afin de reposer plus tard avec Jésus-Christ, et il ne faut pas négliger, en désirant d'être réuni prématurément au Seigneur, le ministère de la prédication établi pour le salut du prochain.  »

    Saint Augustin (354-430), Questions sur les Evangiles (Livre Second, Quest. XIII), in "Oeuvres Complètes de Saint Augustin", Traduites pour la première fois en français, sous la direction de M. Raulx, Tome V, Commentaires sur l'Écriture, Bar-Le-Duc, L. Guérins & Cie éditeurs, 1867.

    Source : Abbaye Saint-Benoît.

  • 16 avril : Méditation

    « J'ai envie de dire : "Nous ne nous connaissons pas" ; c'est au moment où nous ne nous sentons pas coupables, parce que Dieu est là, que nous risquons de l'être le plus. Méfie-toi de ce que tu fais quand tout va bien. C'est au moment où tu te sens le plus pauvre, le plus "moche" et le plus pécheur, qu'aux yeux de Dieu tu l'es moins, car Dieu a pitié de toi. Quand tout va bien, ne prends pas de la complaisance en toi et va jusqu'au bout du don.

    Ne t'installe pas confortablement dans ce sentiment d'être bien aux yeux de Dieu, et dépêche-toi d'être généreux et de tout donner, surtout ce petit millimètre que tu gardes toujours. Il y a des moments où tu peux tout donner, ensuite tu ne le pourras peut-être plus, parce que tu seras ligoté par tes tendances et tes peurs, tu auras alors des excuses, tandis que durant ces cinq minutes de grâce, tu pouvais tout livrer à Dieu. Saint Alphonse de Liguori dit qu'il y a certaines tendances tellement envahissantes qu'il n'est pratiquement pas possible de leur résister si on n'a pas pris le pli de prier et de supplier avant qu'elles n'arrivent ("Le grand moyen de la prière").

    "Même si je donne tous mes biens aux pauvres, si je livre mon corps aux flammes, s'il me manque l'amour, cela ne me sert de rien" (1Co 13, 3). Ainsi tu peux tout donner, si tu n'as pas donné ta substance, comme dit Jésus à propos de la pauvre veuve, tu n'as pas tout donné. Laisse-toi prendre ton manteau ; si tu le donnes toi-même, tu ne donnes pas tout. Tu dois tout donner, surtout ta "liberté de décision", comme dit Ignace dans le "Suscipe" : "Prends, Seigneur, et reçois toute ma liberté... tout ce que j'ai et possède." »

    P. Jean Lafrance (1931-1991), Quand vous priez, dites : «Père...», Abbaye Ste Scholastique, Dourgne, 1981.

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