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  • Prière - « Ô Christ, Lumière véritable ! »

    « Ô Vérité, lumière de mon âme, ne permettez pas que règnent sur moi les ténèbres. Vous avez permis que je m'y enfonce, et je me suis trouvé dans l'obscurité. Mais même de là, oh ! oui, même de là je Vous ai aimé. J'ai erré et je me suis souvenu de Vous. J'ai entendu votre voix, derrière moi, qui m'invitait à revenir, je l'ai entendue à grand'peine à cause du fracas soulevé par mes passions rebelles. Et voici que je reviens, brûlant et haletant à votre source. Que rien ne me retienne désormais ! Puissé-je m'y abreuver et vivre...
    Comme le cerf aspire à la fontaine, ainsi mon âme soupire vers Vous, Seigneur ! Mon âme a soif de Vous ô Dieu, source vive ; quand viendrai-je et comparaîtrai-je en votre présence ? ô source de vie, veine d'eau des vivants, quand parviendrai-je aux eaux de votre mansuétude, en cette terre déserte, escarpée et aride, afin que je voie votre puissance et votre gloire, et que ma soif s'apaise aux eaux de votre miséricorde ? J'ai soif, ô Seigneur, j'ai soif de Vous, source vive...
    Ô feu qui brûlez toujours et ne vous consumez jamais, embrasez-moi ! Ô Lumière qui resplendissez toujours et ne vous voilez jamais, illuminez-moi ! Oh ! s'il m'était donné de brûler de votre flamme, ô feu sacré ? Avec quelle douceur Vous Vous consumez, combien secrètement Vous resplendissez, qu'il est désirable d'être embrasé par Vous ! Malheur à ceux qui ne brûlent pas de votre amour ! Malheur à ceux qui ne sont pas illuminés par Vous, ô Lumière véritable, qui éclairez tout homme, ô Lumière qui remplissez le monde de vos clartés !
    Grâces Vous soient rendues, à Vous qui m'illuminez et me libérez, car Vous m'avez éclairé et je Vous ai connu. Tard je Vous ai connue, ô Vérité ancienne, tard je Vous ai connue, ô Vérité éternelle ; Vous étiez dans la lumière, et moi dans les ténèbres, et je ne Vous connaissais pas, car je ne pouvais être illuminé sans Vous ; et sans Vous, il n'existe pas de lumière ! » (Saint Augustin)

    P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine O.C.D., Intimité Divine - Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année, Tome I (Mercredi de Pâques, Colloque), Monastère des Carmélites Déchaussées, Alost (Belgique) - Librairie du Carmel, Paris, 5ème éd., 1963 (1ère éd. 1955).

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  • Méditation - Heureuse faiblesse

    « A notre surprise, ce bonheur du Royaume, annoncé par Jésus, est presque toujours lié, à travers ses symptômes, soit à quelque disgrâce d'ici-bas : la pauvreté, les larmes, la faim et la soif, les persécutions ; soit à des attitudes qui, en ce monde, ne sont guère « payantes » comme on dit : la douceur, la miséricorde, le ministère de la réconciliation, des attitudes qui se retournent même souvent contre celui qui pense devoir les adopter.
    C'est comme si le Royaume de Jésus ne se laissait entrevoir qu'à travers un certain creux de l'existence humaine, à travers un vide qui attend d'être comblé, comme s'il se tenait dissimulé derrière un sentiment de dénuement, de besoins, qu'au premier abord nous n'arrivons pas à bien identifier. […]
    D'apercevoir ces signes au fond de son cœur, de sentir à quel point l'on est pauvre et faible et que sans Jésus l'on ne peut rien, c'est là la grâce des grâces. C'est la vraie pauvreté, notre seule richesse, dont l'avenir du Royaume dépend : "Heureux les pauvres de cœur : le Royaume des cieux est à eux." »

    Dom André Louf (1929-2010), Heureuse faiblesse – Homélies pour les Dimanches de l'Année A, 4° dimanche du Temps ordinaire, Paris, Desclée de Brouwer, 1998.

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    (Crédit photo)

  • Méditation : Soif de Dieu

    « Au fond du cœur de tout homme venant en ce monde, il y a une soif, la soif de l'infini. Cette soif, c'est quelque chose que l'homme ne peut pas arracher de son cœur ; Dieu lui-même l'y a mise comme sa marque de fabrique. Nous sommes libres de chercher cet infini hors de Dieu, mais nous ne sommes pas libres de ne pas chercher l'infini. Si l'homme le cherche en Dieu, il le trouve, mais si, oubliant son Dieu, il le demande aux créatures, au lieu de l'eau vive, il ne trouve en ces pauvres créatures que quelques gouttes d'une eau bourbeuse qui ne saurait apaiser sa soif. [...]

    « Fecisti nos ad te, Domine, et irrequietum est cor nostrum donec requiescat in te. »
    « Vous nous avez faits pour vous, Seigneur, c'est pourquoi notre cœur ne sera jamais tranquille tant qu'il ne reposera pas en vous. »
    St Augustin

    « Seigneur, vous nous avez faits pour vous ». « Pour vous » est une traduction un peu faible. Le Docteur, en effet, ne dit pas tibi mais bien ad te ; or ad exprime la tendance ; il faut dire : « Seigneur, vous nous avez faits vers vous ». Dieu nous a créés dans une tendance vers lui ; tout notre être est une tendance vers l'infini et alors la conséquence : irrequietum est cor nostrum - notre coeur est sans repos possible, - donec requiescat in te - jusqu'à ce qu'il se repose en vous. [...]

    Quand l'homme s'éloigne de Dieu qui est la source des eaux vives, il se met à creuser d'autres citernes et, en les creusant, il les crève du même coup, parce qu'il veut y mettre l'infini ; il les fabrique, il les fait éclater par l'immensité de son désir : Foederunt sibi cisternas dissipatas... »

    [P. Pierre-Thomas Dehau (1870-1956)], Des fleuves d'eau vive (Les nourritures terrestres), Lyon, Les Éditions de l'Abeille, 1941.

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  • Méditation : Jésus, donnez-moi à boire !

    « Tandis que Dieu me poursuit de ses invitations, mon âme, peut-être, ressemble à la terre aride dont parle le Psalmiste : Mon âme, comme une terre aride, desséchée, soupire après vous (1). Quand répondra-t-elle à l'invitation de Notre-Seigneur, qui crie à tous les hommes : Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive... Comment se fait-il que j'entende de pareils appels, que j'aie tout près de moi de quoi étancher ma soif, et que je puise si rarement, si négligemment à cette source divine (2) ?

    Jésus, je vous demande à boire : donnez-moi cette eau vitale. Donnez-moi la foi, l'espérance et la charité, non pas pauvrement, comme des sources qui suintent à peine, mais largement comme des sources bien jaillissantes. Donnez-moi l'eau de votre grâce, afin que mon âme soit lavée, calmée, fécondée. Si l'eau de la terre lave, purifie, si elle arrose et féconde les jardins, si elle calme un instant la soif du corps, que ne fera pas cette eau spirituelle dans mon âme ! Qu'elle jaillisse de votre sainte Passion, qu'elle jaillisse de votre Croix, qu'elle jaillisse en moi de votre Cœur et de vos plaies ; qu'elle jaillisse de votre sainte Eucharistie, de tous vos sacrements et de votre parole divine ; qu'elle jaillisse en moi par Marie, qui est le canal de la divine grâce, Mater divinae gratiae, et que mon âme attentive et avide s'y abreuve, afin qu'elle n'ait plus à venir puiser au puits de Jacob, au puits des frivoles satisfactions et affections humaines (3)... »

    1. Ps 142, 6. - 2. Voir Sauvé, La Sainte Trinité, pp. 185-186. - 3. A. Chometon s.j., Le Christ, vie et lumière, p. 107.

    P. J.-B. Gosselin s.j., Sujets d'Oraison pour tous les jours de l'année, Tome V (12), 2ème édition revue et augmentée, Apostolat de la Prière, Toulouse, 1947.

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  • Méditation : Sainte Marie-Madeleine

    « C'est une pécheresse, « peccatrix » (1), perdue par la liberté, le faste et les affections de la terre. Jésus, pour nous montrer la puissance de la grâce, nous dit qu'il y avait en elle tant d'esprits mauvais, qu'il fut obligé d'en chasser jusqu'à sept... Mais la voyez-vous coeur droit, ardent, généreux encore ? On lui a dit où est le Messie, le Sauveur ; elle y va, elle court vers ce Maître, son Dieu, sa fin... elle a besoin de Lui ; ses fausses joies font son tourment, son âme a soif d'un autre bonheur, est avide d'un autre amour. En un instant elle a tout compris : ses hontes et la sainteté divine... sous le rayon de cette double lumière, elle s'avance, elle se traîne aux pieds, sous les pieds, en arrière... Elle entend le mystère de l'amour d'un Dieu ; tout lui dit : « Tu es aimée ! » Elle veut répondre : « Je vous aime ! » mais elle n'ose, mais elle ne peut... Son être tout entier du moins parlera : ses yeux qu'elle purifie dans les larmes, ses lèvres par d'humbles et saints baisers, ses mains qu'elle emploie à une onction sacrée où se mêlent les parfums et les pleurs, ses cheveux dont, craintive et aimante, elle essuie les pieds du Sauveur, son cœur... C'est là surtout qu'il faut aller ; tout amour humain y est effacé ; ce ne sont plus les mêmes pensées, les mêmes aspirations, les mêmes démarches ; elle est convertie, elle est changée, il n'y a plus que fidélité et amour, un grand, un immense amour ! - Le pharisien murmure : « S'Il savait, Il ne souffrirait pas... » (2) Jésus sait, Jésus voit... Il reproche à l'hôte son inhospitalière réception : « Elle vient faire ce que tu n'as pas fait ; vois-tu cette femme ? (3) elle pleure, elle est délicate en ses soins pieux, elle aime, elle aime beaucoup, voilà pourquoi beaucoup lui est pardonné (4) ».
    « Vois-tu cette femme ?... » Mon âme, à toi aussi Jésus le demande. Elle a des larmes ; est-ce que jamais tu as pleuré ?... Elle a des parfums, elle a de la ferveur, elle a de l'amour... Et toi ? réponds... »

    1. Luc VII, 37. 2. Si esset propheta, sciret, Luc VII, 39. - 3. Vides hanc mulierem, Ibid. 44. - 4. Remittuntur ei peccata multa quoniam dilexit multum, Ibid. 47.

    Jésus-Christ médité et contemplé tous les jours de l'année, T. IV, Sainte Marie-Madeleine (1er Point), Imp. de la Société St-Augustin, Desclée, De Brouwer et Cie, Lille, 1888.

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    Marie-Madeleine aux pieds de Jésus, James Tissot (1836-1902)

  • Méditation : Chrétien, as-tu vraiment soif ?

    « Le prophète dit : « Vous qui avez soif, allez à la fontaine » (Is 55,1). C'est la fontaine de ceux qui ont soif, non de ceux qui sont abreuvés. Elle appelle ceux qui ont faim et soif, qu'ailleurs elle dit bienheureux (Mt 5,6), eux dont la soif n'est jamais étanchée, et qui ont d'autant plus soif qu'ils se sont déjà abreuvés à la fontaine. Nous devons donc désirer, frères, la fontaine de la sagesse, le Verbe de Dieu dans les hauteurs, nous devons la chercher, nous devons l'aimer. En elle sont cachés, comme le dit l'apôtre Paul, « tous les trésors de la sagesse et de la science » (Col 2,3) et elle invite tous ceux qui ont soif à s'abreuver.

    Si tu as soif, va boire à la fontaine de vie. Si tu as faim, mange le pain de vie. Bienheureux ceux qui ont faim de ce pain et soif de cette fontaine. Buvant et mangeant sans fin, ils désirent encore boire et manger ; douce est cette nourriture et douce cette boisson. Nous mangeons et nous buvons, mais nous avons encore faim et nous avons encore soif ; notre désir est comblé et nous ne cessons de désirer. C'est pourquoi David, le roi prophète, s'écrie : « Goûtez et voyez comme est doux le Seigneur » (Ps 33,9). C'est pourquoi, frères, suivons notre appel. La Vie, la fontaine d'eau vive, la fontaine de la vie éternelle, la fontaine de lumière et la source de clarté nous invite elle-même à venir et à boire (Jn 7,37). Là nous trouvons la sagesse et la vie, la lumière éternelle. Là, buvons l'eau vive, jaillissant pour la vie éternelle (Jn 4,14). »

    St Colomban (563-615), Instruction spirituelle, 13,3 (Trad. Bouchet, Lectionnaire, p. 311 ; cf bréviaire 21e jeu).

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  • Méditation : Providence de Dieu envers ses créatures

    « 1.- Maintenant, ma fille bien-aimée, dilate ton cœur, et que ton intelligence contemple à la lumière de la foi avec quel amour ma providence a créé l’homme, et tout préparé pour qu’il puisse jouir de mon suprême et éternel bonheur. J’ai tout disposé pour l’âme et le corps, pour les imparfaits et pour les parfaits, pour les bons et pour les mauvais, temporellement et spirituellement, au ciel et sur la terre, dans la vie qui passe et dans celle qui ne finit jamais.

    2.- Dans cette vie, où vous êtes étrangers et voyageurs, je vous ai liés par les liens de la charité ; car l’homme est forcément uni à son semblable. S’il veut s’en séparer en manquant de charité, il lui est uni cependant par la nécessité. Afin de vous unir par les œuvres en même temps que par l’amour, je n’ai pas donné à chacun ce qui est nécessaire à son existence, de sorte que celui qui par le péché perd l’amour du prochain ne peut s’en séparer à cause de ses besoins. Vous êtes ainsi tous liés ensemble par des actes de charité. L’ouvrier a nécessairement recours au laboureur, et le laboureur à l’ouvrier ; l’un se sert de l’autre parce qu’il ne sait pas faire ce qu’il fait. De même le religieux a besoin du séculier, et le séculier du religieux ; l’un ne peut agir sans l’autre : il en est ainsi du reste des hommes.

    3.- Ne pouvais-je pas donner à chacun tout ce qui lui est nécessaire ? Si, assurément ; mais j’ai voulu que chacun fût soumis à son semblable, afin que tous soient contraints de s’unir par un échange de bons services. J’ai montré la grandeur et la bonté de ma providence en eux, et ils préfèrent marcher dans les ténèbres de leur propre faiblesse.

    4.- Les membres de votre corps doivent vous faire rougir, car ils ont en eux l’union, qui vous manque. Quand la tête a besoin de la main, la main ne lui aide-t-elle pas sur-le-champ ? Si le doigt, qui est si peu considérable dans le corps, vient à souffrir quelque chose, la tête lui refuse-t-elle son secours parce qu’elle est plus noble et plus considérable ? Elle ne néglige au contraire aucun moyen de lui être utile par la vue, par l’ouïe ou par la parole. Tous les membres agissent ainsi entre eux.

    5.- Pourquoi l’homme orgueilleux ne fait-il pas de même lorsqu’il voit le pauvre, malade et manquant de tout ? N’est-ce pas un de ses membres ? Et cependant, loin de l’assister de ses biens, il ne lui fait même pas l’aumône d’une bonne parole ; il n’a pour lui que des reproches, et il s’en détourne comme d’une chose qui lui donne des nausées. Il regorge de richesses, et il laisse son semblable mourir de faim, Il ne songe pas que sa cruauté déplorable est d’une odeur infecte en ma présence, et que le fond des enfers est destiné à sa corruption.

    6.- Ma providence secourt le pauvre d’une autre manière, et c’est au poids de sa pauvreté que lui seront comptées d’abondantes richesses. Le riche au contraire sera durement repris par ma Vérité, ainsi qu’il est annoncé dans l’Évangile ; et s’il ne se corrige, il entendra cette parole : "J’ai eu faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’ai eu soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas vêtu ; j’étais infirme et en prison, et vous ne m’avez pas visité." (Mt XXV, 42).

    7.- Dans ce moment terrible, il lui sera inutile de dire : Je ne vous ai jamais vu, et si je vous avais vu, j’aurais tout fait pour vous bien volontiers. Ce misérable ne savait-il pas que mon Fils a déclaré dans l’Évangile que ce qui serait fait par amour pour Dieu au plus petit des hommes, il le tiendrait fait à lui-même ? Ce sera donc justement qu’il partagera avec les démons un supplice éternel ; car j’ai tout disposé sur la terre pour qu’il évite ce malheur. »

    Ste Catherine de Sienne, Dialogue, Traité de la Providence (CXLVIII), Trad. Abbé J. Hurtaud, o.p., Imprimatur 31 mai 1913 H. Odelin, vicaire général.

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  • Méditation - 1er vendredi du mois, dédié au Sacré-Coeur de Jésus

    « N'ayez pas l'ambition d'être saints d'un seul coup, mais petit à petit... Il n'y a rien de petit quand l'amour est grand. La vertu est une croissance, et la grâce, comme la nature, ne procède pas par bonds violents.
    Cependant comme à l'heure de la marée le flot monte, monte toujours, de même en ces heures de recueillement, si vous êtes fidèles, l'amour en vous doit monter : laissez-le tout envahir et tout submerger.
    Soyez puissants dans une seule idée.
    Quittez tout, oubliez tout : ayez l'obsession de Jésus, la folie du Christ :
    "Vous, rien que vous, Seigneur... votre Cœur... votre gloire... la soif des âmes ! Vous aimer, travailler pour vous, vous, vous seul... Ma vie c'est votre vie.
    - Et la récompense ?
    - Nulle autre que vous aimer et vous faire aimer, Seigneur. (1)
    - A l'agonie, à l'heure de la justice ?
    - Vous aimer et me confier en votre miséricorde.
    - Et au ciel ?
    - Votre Cœur encore, Jésus : une petite place dans votre Cœur, près de saint Jean, de Marguerite-Marie... Vous aimer aussi, là-Haut, et voir votre Règne !"
    Apôtres du Sacré-Cœur, vivez en aimant, vivez en chantant l'amour.
    Amour pour amour !
                Folie pour folie !
                            Cœur pour Cœur ! »

    (1) : "Pourvu que le Cœur de mon aimable Jésus soit connu et aimé et qu'il règne, cela me suffit." Sainte Marguerite-Marie (Vie et Œuvres, II, 579).

    R.P. Mateo Crawley-Boevey, Vers le Roi d'Amour (Paray, Fribourg, Sept-Fons, Notes manuscrites), Œuvre de Propagande du Sacré-Cœur, Lyon, 1920.

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    Mosaïque du chœur, chapelle La Colombière, Paray-le-Monial

  • Mois du Sacré-Coeur - Quatrième Jour

    Quatrième Jour
     
    Prions en union avec les personnes qui ont fait la sainte Communion aujourd’hui.

    Jésus et la Samaritaine.

    Je vous vois, Seigneur, accablé de fatigue, sur le bord du puits de Jacob, attendant tous ceux qui passent, à tous disant : « Donnez-moi à boire ; j’ai soif de votre cœur, donnez-le moi ; j’ai soif de votre innocence, conservez-la moi… » Que de fois, Jésus, je vous ai refusé cette aumône, pour la donner à l’étourderie, à la passion, à la vanité !... et vous ne vous rebutez point, et vous la demandez toujours… Ô Jésus, oui, je veux vous donner ce soulagement que vous voulez et dont vous semblez avoir besoin… Aujourd’hui que voulez-vous ?... fidélité à mes devoirs, amour dans mes prières ?... Me voici, Seigneur… demandez.

    Je dirai avec plus d’attention mes petites prières pendant la journée.
  • Méditation : "mon coeur a soif de Vous, Seigneur..."

    « C'est une grâce du ciel, une des plus grandes grâces, que de ressentir le désir de Dieu. Il y a tant d'âmes qui ne l'éprouvent jamais ou qui l'éprouvent peu. C'est une "grâce" au sens propre du mot, c'est-à-dire une gracieuseté que nous ne méritions pas, une faveur que nous n'avions même pas songé à demander.
    En matière de salut et de perfection comme en toutes choses, c'est toujours Dieu qui a l'initiative : "Personne ne vient à moi, a dit Jésus, si mon Père n'a commencé par l'attirer." Et comment l'attire-t-il au Christ ? Par le désir. En lui communiquant un besoin intense de vérité, de beauté, d'amour, de pureté, et en lui montrant que le Christ est tout cela.

    Ô Jésus, je crois que c'est une grande faveur et un grand bonheur que d'avoir soif de vous, soif de votre vie, soif de votre amour. Cette soif, c'est votre grâce, c'est votre appel au fond de mon cœur... Quand il n'y a pas de désir, on ne cherche pas ; quand il n'y a pas d'appel, on ne s'approche pas... Complétez donc, Seigneur, l’œuvre que vous avez commencée en mon âme, afin que je me désaltère pleinement auprès de vous et que "de mon sein coulent les fleuves d'eau vive" promis par vous... »

    Bx Charles de Foucauld, in "Écrits spirituels", de Gigord, 1933.

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  • Méditation : "Ecoute la voix de ma prière quand je crie vers Toi"

    « Lorsque Dieu découvre un véritable homme de désir, un être qui est tendu vers lui de toutes ses forces, il vient le saisir et l'enlève jusqu'à lui. Comme dit Simone Weil : "Il ne vient qu'à ceux qui lui demandent de venir ; il ne peut pas s'empêcher de descendre vers eux." (Attente de Dieu, p.76)

    La vie habituelle en présence de Dieu ne résulte donc pas de nos efforts ; en toute rigueur de termes, nous ne pouvons même pas faire un pas vers Dieu, mais si nous regardons assez longtemps vers lui, il descendra et nous enlèvera facilement : Vers Toi, Yahvé, j'appelle (Ps 27, 1), Daigne, Yahvé, me secourir ! Yahvé, vite à mon aide ! (Ps 69, 2). Il faut donc accepter d'être pauvre en renonçant à vouloir mettre la main sur Dieu pour le capter ou l'obliger à descendre. La première attitude qui nous met en présence de Dieu est le geste d'abaisser et d'ouvrir les mains en l'appelant avec des cris véhéments : Écoute la voix de ma prière quand je crie vers toi, quand j'élève les mains, Yahvé, vers ton saint des saints (Ps 27, 2).

    L'acte par lequel Dieu se rend présent à nous correspond à une disposition de notre part. C'est l'attitude de Moïse au buisson ardent. Il doit renoncer à faire "le tour de la question de Dieu" pour se déchausser devant lui, le regarder à distance, l'adorer et le désirer de toutes les forces de son cœur. Lorsqu'on demeure indéfiniment à regarder Dieu, à contempler sa face, en lui exprimant faim et soif de lui, sans vouloir l'annexer ou l'accaparer, il descend vers nous et imprègne notre cœur de Son Visage. Le moment décisif où commence la vie en présence de Dieu n'est pas dans le mouvement que je fais vers lui, mais dans le mouvement de recul où je m'efface devant lui. »

    Jean Lafrance (1931-1991), Préférer Dieu (ch. 15), Médiaspaul, Paris, 1996.

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  • Méditation du Vendredi Saint

    « L'âme de Jésus avait une soif aussi ardente des âmes, que son corps de l'eau du puits. Sa pensée s'étendait sur tous les siècles à venir, et il désirait avec ardeur multiplier la multitude des âmes rachetées. Hélas ! nous pouvons mesurer approximativement le tourment de la soif physique ; mais nous n'avons pas même une ombre qui puisse nous donner une idée de la réalité du tourment qu'endurait son âme. Si l'amour du Créateur pour les créatures qu'il a tirées du néant ne ressemble à aucun amour des anges ni des hommes, si l'espèce en est unique, si le degré en dépasse la portée de notre intelligence, ainsi en est-il de l'amour spirituel pour les âmes que renferme l'âme du Sauveur du monde. L'amour sauveur reste sans terme de comparaison, comme l'amour créateur. [...] Le tourment de cette soif était incomparablement bien plus cruel que celui de l'autre soif. Marie le vit, et cette vue même la transporta aussitôt, pour ainsi dire, dans un monde nouveau et inconnu de douleurs. Elle vit que cette seconde soif serait presque aussi peu satisfaite que l'autre. Elle vit comment, à ce moment, Jésus contemplait dans son âme la procession sans fin des hommes qui s'avançaient chaque jour, sans interruption, d'une aurore à l'autre, en portant avec eux dans l'enfer le caractère du baptême et le sceau du précieux sang de leur Rédempteur. Voyez ! maintenant même, alors que le Sauveur est mourant de soif, le larron impénitent ne veut pas lui donner à boire son âme souillée ! Ainsi allait-il en être à jamais. Marie voyait tout cela. [...] Comme lui elle avait soif des âmes, et son cœur défaillait en voyant que la soif de Jésus ne serait pas étanchée. Ô malheureux enfants que nous sommes ! Combien de nos âmes n'avons-nous pas tenues éloignées, qui ce jour-là auraient consolé la Mère et le Fils ! »

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    Tableau de Pierre Paul Rubens (Source)

    « Il ne faut pas que nous quittions la croix. Nous ne devons pas descendre du Calvaire avant d'être crucifiés, et que la croix et nous soyons devenus inséparables. Mais le Calvaire est le grand théâtre de l'impatience humaine. Beaucoup ont le courage de gravir la colline, portant bravement leur croix sur leurs épaules. Mais, quand ils arrivent au sommet, ils posent leur croix à terre et descendent dans la cité pour prendre part au reste de la fête avec le peuple. Quelques-uns se laissent dépouiller, mais ils se retirent alors, refusant de se laisser attacher à la croix. D'autres y sont cloués, mais se détachent avant l'élévation de la croix. Quelques-uns supportent le choc de l'élévation, puis descendent de la croix avant que les trois heures soient passées ; ceux-ci dès la première heure, ceux-là dans la seconde, d'autres, hélas ! au moment même où la troisième heure est près de sa fin. Hélas ! le monde est plein des déserteurs du Calvaire, et il en est tellement plein que la grâce prudente ou dédaigneuse semble peu s'inquiéter de les arrêter. Car la grâce ne crucifie nul homme malgré lui ; elle laisse ce travail au monde et il le fait traîtreusement ou tyranniquement. [...] Nous voulons bien que notre sanctification ressemble à une opération douloureuse, mais nous désirons que cette opération soit de courte durée ; nous ne pouvons attendre, si elle vient sous la forme d'une guérison graduelle... [...]

    C'est seulement à l'aide de la grâce du silence que les saints portent de si lourdes croix. Une croix pour laquelle nous avons reçu de la sympathie, est bien plus lourde qu'elle ne l'était auparavant, ou il peut arriver que la sympathie nous ait énervés de telle sorte que le poids semble plus grand et la plaie plus douloureuse sur nos épaules. Le silence est l'atmosphère propre de la croix, comme le secret natal. Les meilleures croix sont secrètes, et nous pouvons être silencieux sous celles qui ne sont pas secrètes. Le silence crée réellement pour nous une sorte de secret, même en public. Car du moins nous pouvons cacher combien nous souffrons, si nous ne pouvons cacher tout à fait que nous souffrons. [...] D'une manière ou d'une autre, la sympathie humaine profane les opérations de la grâce. Elle mêle un élément avilissant à ce qui est divin : le Saint-Esprit s'en éloigne parce que c'est une chose qui "venant de la terre, est tout terrestre." Le consolateur ne donne ses meilleures consolations qu'aux cœurs inconsolables... »

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    « Mais il y a une vraie consolation, profondément cachée, il est vrai, et cependant à notre portée, dans ce renoncement à toute consolation humaine. C'est dans les ténèbres de la nature que nous trouvons réellement le voisinage de Jésus. C'est lorsque les créatures sont absentes que nous sommes soutenus dans l'embrassement sensible du Créateur. Les créatures apportent l'obscurité avec elles, partout où elles s'introduisent. Elles nous gênent toujours, interceptent les grâces, cachent Dieu, nous privent des consolations spirituelles, nous rendent languissants et irritables. Elles remplissent tellement nos sens extérieurs, que les sens intérieurs de nos âmes sont incapables d'agir. Nous désirons souvent que notre vie soit plus divine. Mais elle l'est en réalité plus que nous ne le croyons. C'est la douleur qui nous révèle cela... [...] Nous sommes avec Dieu, notre Créateur, notre Sauveur. il est tout à nous ; il est tel que nous l'a fait l'éloignement des créatures. Il était toujours là, toujours le même dans nos âmes ; seulement il était éclipsé par le faux éclat des créatures. Il paraît enfin dans la nuit comme les étoiles. La lune blanche du midi ne nous séduit pas par sa beauté, c'est seulement dans la nuit qu'elle nous charme. De même c'est l'obscurité d'un Calvaire spirituel qui répand sur nos âmes la douce clarté de notre admirable Sauveur. »

    R.P. F.W. Faber (1814-1863), Le pied de la Croix ou les douleurs de Marie (ch. VI), Quatrième édition, Paris, Ambroise Bray, 1862.

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     Plusieurs Chemins de Croix sont proposés ICI.

  • Méditation - Prière : "Ô Jésus, faites que je n'aie soif que de vous !"

    « Ô Jésus, fontaine de vie, faites-moi boire de cette eau vive (1) qui jaillit de vous, afin que, vous ayant goûté, je n'aie soif que de vous durant toute l'éternité. Submergez-moi tout entière dans les profondeur de votre miséricorde. Baptisez-moi dans la sainteté de votre précieuse mort. Renouvelez-moi dans votre sang par lequel vous m'avez rachetée. Lavez, dans l'eau qui sortit de votre très saint côté, toutes les taches dont j'ai souillé mon innocence baptismale. Remplissez-moi de votre Esprit, et possédez-moi tout entière dans la pureté de l'âme et du corps.
    [...]
    Faites-moi porter sans cesse sur mes épaules, ô Jésus, par amour pour votre amour, le joug si doux et le fardeau si léger (2) de vos commandements, et conserver toujours sur ma poitrine le mystère de votre foi sacrée comme un bouquet de myrrhe (3), afin que vous soyez toujours pour moi le crucifié, sans cesse fixé dans mon cœur. Amen. »

    (1) : S. Jean IV, 10.
    (2) : S. Matth. XI, 30
    (3) : Cant. I, 12.

    Ste Gertrude (1256-1301), in "Les Exercices de Sainte Gertrude", Extrait du Premier Exercice, Traduction par Dom Albert Schmitt, Moine de Solesmes, Plon, Paris, 1942.

    Ste Gertrude,

    Vitrail de l'église de Chirens (détail)
    (Source et crédit photo)

  • Méditation avec la Bse Maria Candida dell'Eucaristia, fêtée ce jour

    « Quel hymne nous faudrait-il entonner, pour pouvoir célébrer l'obéissance de notre Dieu au Saint-Sacrement ? Qu'est-ce que l'obéissance de Jésus à Nazareth, comparée à son obéissance dans ce Sacrement depuis voici vingt siècles ? ... Après m'avoir enseigné l'obéissance, comme Tu sais bien m'instruire sur la pauvreté, oh blanche Hostie ! Que pourrions-nous trouver de plus dépouillé, de plus pauvre que Toi ? ... Tu n'as rien, Tu ne demandes rien ! ... Divin Jésus, fais que les âmes religieuses soient assoiffées de détachement et de pauvreté sincère ! »

    « Tu me parles d'obéissance et de pauvreté ... mais quelle fascination de pureté Tu suscites aussi en moi, rien qu'à Te regarder ! Seigneur, si vraiment Tu prends ton repos dans les âmes pures, est-il une âme capable de Te fréquenter sans se rendre pure ? »

    « Si je pouvais, je voudrais jeter l'humanité entière dans les bras de mon Jésus eucharistique : tous connaîtraient ainsi le bonheur. Si les hommes savaient, tous iraient à cette source, à cette fournaise, pour se reposer, pour renaître ! Dans la très sainte Communion, ils auraient un barrage puissant qui empêcherait le débordement de leurs propres passions. »

    « Ô mon doux Jésus, mon coeur blessé se déchire lorsque je vois des âmes avares de leur temps avec Toi : j'en pleurerais ! On a du temps pour tout, on en gaspille tant, on en consacre parfois trop à des choses pour lesquelles il en faudrait moins. Et pour Toi, mon Jésus, on compte les minutes, on t'en soustrait si facilement. Jésus, Jésus, prends pitié et attire-nous ! »

    « Ô Jésus, que les âmes viennent à Toi, elles apprendront à s'aimer, à supporter les autres et à les secourir. Par ton contact, toute passion contre la belle charité s'estompe et se transforme, chez Toi on puise toute la force et nous rendons le Bien pour le mal et toujours le Bien, rien que le Bien. Dans la très sainte Communion nous pouvons faire provision de charité et courir à tes pieds pour nous en nourrir lors des combats, quand elle chancelle et voudrait s'éloigner. »

    « Dans mes communions, je garde toujours Marie présente. C'est de ses mains que je veux recevoir Jésus, c'est à Elle de faire de moi une seule chose avec Lui. Je ne puis séparer Marie de Jésus. Salut à Toi, Ô Corps né de Marie ! ... Salut à Toi Marie, aurore de l'Eucharistie ! »

    « Le ciel lui-même n'a rien de plus. Ce trésor unique est ici, et c'est Dieu ! Oui vraiment, oui en toute vérité, mon Dieu et mon Tout. »

    Bse Maria Candida dell'Eucaristia (Maria Barba, 1884-1949), carmélite italienne fêtée ce jour (béatifiée le 21 mars 2004 par Jean-Paul II).

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  • Méditation : le péché

    « Le péché n'est qu'un renversement de l'amour. L'amour, en effet, est don de soi à l'autre, jusqu'à l'oubli de soi ; le péché au contraire, est repliement sur soi, pour se faire le centre de tout et de tous, au service de ses convoitises personnelles : c'est de là qu'il tire son nom d'"amour-propre".

    Tout homme se trouve affronté à son propre vide. Face à cette constatation, douloureuse à la nature, il peut s'y refuser, prétendre avoir sa plénitude en soi et donc se suffire par soi-même ; c'est la réaction de l'orgueil : "vous serez comme des dieux". "Toi qui disais en ton coeur... : Je monterai au sommet des nuages, je ressemblerai au Très-Haut" (Is 14,14). La conséquence est alors la chute : son vide lui devient plus évident, plus inexorable : "leurs yeux s'ouvrirent, et ils virent qu'ils étaient nus", dépouillés de tout.

    Mais la réaction peut être aussi celle de l'homme humble et pénitent qui, en face de son vide, de sa nullité, y découvre un appel à se tourner vers Celui qui peut le combler, vers Dieu. "De toi mon âme a soif... Comme une terre sèche, épuisée, sans eau" (Ps 62,2). La réponse de Dieu ne se fait pas attendre ; pour combler ce vide, il donne sa présence, selon sa mesure propre : "bonne, secouée, tassée, débordante" (Lc 6,38) : une plénitude qui peut alors rejaillir pour se communiquer aux autres.

    Le propre de l'attitude pénitente est de reconnaître notre pauvreté foncière et de regretter, au lieu de nous être tourné vers Dieu, d'avoir succombé au mal du repliement sur nous-mêmes, empêchant ainsi l'amour de Dieu de se communiquer à notre âme et, par nous, à nos frères. »

    Dom Gabriel Braso o.s.b., Sentier de Vie - Au seuil de notre conversion, Coll. spiritualité orientale et vie monastique n°2, Abbaye de Bellefontaine, 1974.

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    (Crédit photo)

  • 4 mars : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Comme un cerf altéré
    cherche l'eau vive,
    ainsi mon âme te cherche
    toi, mon Dieu."
    (Ps 41)

    « Ce cerf altéré désigne les membres de l’Eglise, qui sont les fils de Coré ou du Calvaire. Le désir de la vie éternelle a de l’analogie avec les moeurs des cerfs qui sont agiles, qui tuent les serpents, ce qui leur occasionne une grande soif, qui se soulagent mutuellement du fardeau de leur tête. Le cerf du psaume se nourrit de ses larmes, quand on lui dit : Où est ton Dieu ? Il le trouve dans les régions spirituelles de la méditation,  en s’élevant jusqu’aux saintes harmonies qui lui font désirer le ciel. Il s’afflige d’être encore ici-bas, il s’effraie des abîmes. Il veut aller au ciel par l’espérance, par l’humilité et surtout par la prière, qui est le meilleur des sacrifices. »

    Saint Augustin, Discours sur le Psaume XLI, in Oeuvres complètes de saint Augustin, traduites pour la première fois en français sous la direction de M. l'abbé Raulx, Bar-Le-Duc, 1866.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • 10 janvier : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "L'amour de Dieu, c'est cela : garder ses commandements." (1Jn 5, 1-4)

    « Nous avons reçu de Dieu la tendance naturelle à faire ce qu'il commande et nous ne pouvons donc pas nous insurger comme s'il nous demandait une chose tout à fait extraordinaire, ni nous enorgueillir comme si nous apportions plus que ce qui nous est donné... En recevant de Dieu le commandement de l'amour, nous avons aussitôt, dès notre origine, possédé la faculté naturelle d'aimer. Ce n'est pas du dehors que nous en sommes informés ; chacun peut s'en rendre compte par lui-même car nous cherchons naturellement ce qui est beau... ; sans qu'on nous l'apprenne, nous aimons ceux qui nous sont apparentés par le sang ou par l'alliance ; nous manifestons enfin volontiers notre bienveillance à nos bienfaiteurs.

    Or, quoi de plus admirable que la beauté de Dieu ?... Quel désir est ardent comme la soif provoquée par Dieu dans l'âme purifiée, s'écriant dans une émotion sincère : « L'amour m'a blessée » ? (Ct 2,5)... Cette beauté est invisible aux yeux du corps ; l'âme seule et l'intelligence peuvent la saisir. Chaque fois qu'elle a illuminé les saints, elle a laissé en eux l'aiguillon d'un grand désir, au point qu'ils se sont écriés : « Malheur à moi, parce que mon exil s'est prolongé » (Ps 119,5), « Quand irai-je contempler la face du Seigneur ? » (Ps 41,3) et « Je voudrais m'en aller et être avec le Christ » (Ph 1,23). « Mon âme a soif du Seigneur vivant » (Ps 41,3)... C'est ainsi que les hommes aspirent naturellement vers le beau. Mais ce qui est bon est aussi souverainement aimable ; or Dieu est bon ; donc tout recherche le bon ; donc tout recherche Dieu...

    Si l'affection des enfants pour leurs parents est un sentiment naturel qui se manifeste dans l'instinct des animaux et dans la disposition des hommes à aimer leur mère dès leur jeune âge, ne soyons pas moins intelligents que des enfants, ni plus stupides que des bêtes sauvages : ne restons pas devant Dieu qui nous a créés comme des étrangers sans amour. Même si nous n'avons pas appris par sa bonté ce qu'il est, nous devrions encore, pour le seul motif que nous avons été créés par lui, l'aimer par-dessus tout, et rester attachés à son souvenir comme des enfants à celui de leur mère. »

    Saint Basile (v.330-379), Les Règles Monastiques, Grandes Règles, Q. 2 (Trad. Léon Lèbe, Editions de Maredsous, 1969).

  • 23 novembre : Méditation

    « Occupons-nous des choses de Dieu, pour ne pas nous laisser prendre à celles des hommes, et tels des pèlerins, soupirons vers la patrie et désirons-la sans cesse ; c'est le terme du voyage que souhaitent et désirent les voyageurs, et puisque nous sommes en ce monde des voyageurs et des pèlerins, songeons sans relâche au terme de la route, qui est celui de notre vie ; la fin de notre pèlerinage, c'est l'entrée dans la patrie.[...] Quand on a une belle patrie, on doit l'aimer. Gardons solidement ancrée en nous la certitude que notre vie n'est qu'un voyage : nous ne sommes que des voyageurs, des pèlerins, les hôtes passagers de ce monde ; ne nous attachons pas aux convoitises terrestres, mais emplissons-nous l'esprit des beautés spirituelles et célestes, en chantant avec le Psalmiste : "Mon âme a soif du Dieu vivant ; quand pourrai-je aller contempler la face de Dieu ?" (Ps XLI, 3), et "Mon âme, comme une terre desséchée a soif de toi" (Ps CXLII, 6). Disons encore avec l'Apôtre : "Mon souhait est de m'en aller pour être avec le Christ" (Phil, 23). Nous savons bien que tout le temps que nous passons dans ce corps est un exil loin du Seigneur (II Co V, 6-8), mais tout ce temps, nous devons le passer sous le regard de Dieu. Aussi, fuyant toute paresse et toute tiédeur, appliquons-nous à plaire à l'Omniprésent, afin de passer heureusement, la conscience en paix, dans la béatitude éternelle de notre Père, du présent à l'absent, de la tristesse à la joie, du caduc à l'éternel, du terrestre au céleste, du pays de la mort à celui des vivants, là où nous voyons face à face le Ciel et le Roi des rois à la tête de son Royaume, Notre Seigneur Jésus-Christ à jamais dans la gloire ! Amen. »

    Saint Colomban (563-615), Instruction 8, in "Instructions, Lettres et poèmes", L'Harmattan, 2000.

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  • 11 octobre : Méditation

    « Ô Jésus, ô mon Dieu, ô mon tout, ô mon amour, aimez-moi et faites-moi vous aimer ! Toutes mes puissances et surtout mon coeur s'ouvrent comme les fleurs épanouies pour recevoir la céleste rosée. Sur votre croix vous aviez soif d'amour ; et moi aussi j'ai soif de votre amour. Je suis comme la terre desséchée qui crie vers la pluie ; je ne cesserai de crier tant qu'elle ne sera pas venue. Pourquoi m'avez-vous donné un coeur si vous ne voulez pas que je vous aime ? Pourquoi m'ordonnez-vous de vous aimer, de brûler pour vous, si vous n'allumez vous-même le feu ? Pourquoi m'attirez-vous vers vous si vous devez me laisser dans ma langueur ? Bon Maître, ayez pitié de moi, guérissez-moi, prenez-moi, faites de moi une âme sincèrement aimante.
    Je vous le demande au nom de votre Sacré-Coeur, au nom de cet amour crucifié qui vous a arraché des plaintes si déchirantes, à la vue de l'indifférence des hommes. Vous avez tant souffert, vous avez si amèrement gémi de ne pas être aimé ! Eh bien, moi je gémis de ne pas vous aimer : me laisserez-vous plus longtemps dans les larmes de mon impuissance ?
    Très sainte Vierge Marie, ma bonne et tendre mère, venez à mon aide, joignez vos instances aux miennes pour m'obtenir l'amour de votre Fils Jésus. Dites-lui comme à Cana, que "je n'ai plus de vin", le vin du divin amour qui réjouit le Coeur de Dieu et de l'homme : demandez-lui de changer mon eau, ma glace, en vin, en saintes et indéfectibles ardeurs. Si je ne l'aime pas ou si je l'aime trop peu, je ne le glorifierai pas ; mais si je l'aime comme les saints, quel chant de triomphe en son honneur sera toute ma vie !
    Au reste, vous savez bien, ô mon Dieu, que l'objet de mes désirs est le grand amour, le véritable amour, celui qui ne se borne pas à d'éphémères tressaillements de la sensibilité, mais mène infailliblement l'âme jusqu'au sacrifice complet d'elle-même, jusqu'à la recherche et à l'accomplissement intégral de votre sainte volonté. L'amour généreux, l'amour viril, l'amour qui vous demeure fidèle dans la tristesse comme dans la joie, dans la guerre contre les passions comme dans la paix, l'amour qui vise plus à donner, à vous donner qu'à recevoir, voilà celui que j'implore. Donnez-le moi, ô Jésus.
    Oh si j'étais à Paray-le-Monial, dans le sanctuaire de vos apparitions, au pied de l'autel toujours rayonnant de vos splendeurs aux yeux de la foi ! Si j'étais agenouillé sur ces dalles sacrées pour vous faire ma prière d'amour !
    Mais vous êtes ici, dans votre tabernacle, le même, avec le même Coeur et les mêmes mains bénissantes : Seigneur, ouvrez-les, bénissez-moi, créez en moi un coeur tout brûlant de votre amour. Amen ! »

    Abbé Louis Gillot (Supérieur des Chapelains de Paray-le-Monial), L'oraison, sujets développés - Première série : Flammes d'Amour divin, Librairie Charles Diard, Paray-le-Monial, 1896 (2e éd.).

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  • Juin : mois du Sacré-Coeur - 15ème jour

    Quinzième jour : La soif du Cœur de Jésus


    J’ai soif ! s’écrie le Sauveur. Pourquoi fait-il entendre ce cri ? Ne sait-il pas qu’aucune main charitable ne lui présentera seulement quelques gouttes d’un breuvage rafraichissant ?... Ah ! c’est qu’il veut élever nos esprits à la pensée de la soif bien autrement ardente, allumée dans son Cœur par le feu de la charité. C’est donc comme s’il criait aux pécheurs : Voyez, dans mon corps, il n’y a plus de place pour la douleur ; dans ma vie, plus de place pour l’humiliation ; c’est ainsi que mon Cœur vous a témoigné son amour ! Et pourtant, ce Cœur a soif de faire encore plus pour vous, si c’était possible. Pour vous, il voudrait pouvoir souffrir mille morts encore plus cruelles et plus ignominieuses !... C’est encore comme s’il eût crié à Dieu son Père : Mon Dieu, j’ai fait connaître votre nom, j’ai accompli l’œuvre que vous m’avez confiée, ce sang que vous avez mis dans mes veines, je l’ai répandu jusqu’à la dernière goutte ; ma mort approche, et pourtant j’ai soif de faire encore plus pour vous, si c’était possible…
    Secoue donc ta torpeur, ô mon âme, rachetée par la mort de Jésus-Christ, et paye d’un juste retour la charité de son Cœur.
    Ubertin de Casal (1259-v.1330)

    Exemple : (Neuvième Promesse) Je bénirai moi-même les maisons où l’image de mon Sacré Cœur sera exposée et honorée
    Nous lisons dans le bulletin du Vœu National de février 1883 ce touchant récit :
    Voici une conversion due au Sacré Cœur de Jésus et dont la publicité peut servir à la gloire de Celui qui a tant aimé les hommes. Naguère, le voyageur ou le pèlerin de Saint-Antoine en Dauphiné, pouvait, en traversant le dernier village qui le séparait de ce pays et de son église monumentale, apercevoir un homme assis contre les murs de sa cabane. Cet homme à la chevelure en désordre, à la barbe hérissée, à l’œil fauve, à la figure découpée en traits saillants, aurait, au milieu d’un désert, fait frissonner le voyageur le plus courageux ; au milieu d’un groupe d’habitations si bien situées, à l’entrée d’une plaine aussi riche que belle, son aspect avait au moins quelque chose d’étrange. Cet extérieur si sauvage devait accuser un intérieur aussi négligé. Il poussait le manque de convenance jusqu’à insulter à la religion de ceux qu’il voyait aller à la Sainte Messe le dimanche. C’est dire qu’il n’avait pas souvent fréquenté l’église depuis sa Première Communion.
    Usé à la fin par un régime malsain autant que par les privations, il s’affaissa sur un grabat. Qui eut le courage et la charité de pénétrer dans cette antre se rappelle encore l’odeur nauséabonde qui s’en dégageait. Mais, en face du malade, quelque chose frappait la vue et étonnait : c’était une grande image du Sacré-Cœur de Jésus, mal peinte, noircie par la poussière. Les yeux du Sauveur se portaient grands ouverts sur le malade : c’était saisissant. Pour lui, il avait la dévotion de son image (plus encore que celle de Garibaldi placée en face) ; il en parlait avec admiration, l’invoquait, il aimait son Sacré-Cœur. Les promesses du Sacré-Cœur devaient se réaliser pour lui. On avait espéré que son image le sauverait, elle le sauva. Du reste, une neuvaine au Cœur divin avait été commencée par des personnes d’une piété exemplaire qui s’intéressaient et se dévouaient à lui, pour demander sa conversion ! Pendant ce temps, le prêtre l’aborda et quel ne fut pas son étonnement quand il vit cet homme le prévenir lui-même en quelque sorte, se hâter de mettre en ordre aux affaires de son âme, se confesser avec larmes ! N’était-ce pas le loup changé en agneau ? Aussi comme il réclamait dès lors son sacrement (le sacrement par excellence de l’Eucharistie) pour ne pas mourir, disait-il, comme un vieil animal ! Il le reçut avec une piété vraiment touchante en présence d’un groupe de personnes tout étonnées et ravies de ce changement. Et comme il fut fidèle à dire son chapelet tous les jours jusqu’à la mort ! Marie et le Sacré-Cœur l’ont conduit au ciel ! Gloire donc au Sacré-Cœur de Jésus qui a tant aimé et qui aime tant les hommes !

    Page d’histoire :
    Garcia Moreno n’avait pas toujours vécu en disciple dévoué de Jésus. Catholique convaincu, il avait cependant négligé longtemps la pratique de ses devoirs. Il était étudiant à Paris, lorsqu’un jour, faisant une promenade au Luxembourg avec quelques amis, la conversation se transforma en discussion religieuse. Garcia Moreno défendit avec vigueur et succès la cause de sa foi. Un de ses interlocuteurs, se voyant vaincu, crut sortir d’embarras en mettant Garcia Moreno lui-même en cause : « Vous parlez très bien, dit-il, mais cette religion si belle, vous en négligez un peu la pratique… Depuis quand vous êtes-vous confessé ? » Moreno baissa la tête, puis regardant en face son interlocuteur : « Cet argument peut être excellent aujourd’hui, il ne le sera plus demain. » Rentré dans sa chambre, il médita longtemps sur sa vie passée, pleura ses fautes devant Dieu ; son amour s’était réveillé sous l’injure faite à son Dieu ; le lendemain, il était à la sainte Table, et jamais depuis, tant s’en faut, il n’a mérité le reproche qui causa son retour à Dieu.
    (Vie de Garcia Moreno, par le P. Berthe)

    ☞   Rappel : des précisions dans notre dossier dédié au Sacré-Cœur, concernant Garcia Moreno et le Sacré-Cœur de Jésus – voir en juillet 1873.

    Bouquet spirituel :
    Vrai Dieu ! que le Cœur divin est amoureux de notre amour ! Ne suffirait-il pas qu’il nous eût permis de l’aimer ? Mais non, il nous commande de l’aimer.
    Saint François de Sales (1567-1622)

    C’est au Cœur affligé de Jésus que je veux donner toute ma tendresse ; je veux m’occuper à pleurer ses douloureuses blessures ; je veux surtout déplorer tant de souffrances rendues inutiles pour un si grand nombre d’âmes.
    Saint Claude La Colombière (1641-1682)

    Pratique :
    Tous les soirs, examiner sa conscience et faire un acte de contrition parfaite, afin de n’être jamais en état de péché mortel.

    Oraison jaculatoire :
    Mon Jésus, miséricorde.

    "Mois du Sacré Cœur - à l’usage des personnes occupées", par Franc, Maison de la Bonne Presse, 1901.
    Nihil Obstat Lutetiae Parisiorum, die 7 maii 1901. Franc. Picard
    Imprimatur Lutetiae Parisiorum, die 9 maii 1901. E. Thomas, Vic. Gen.
    et
    "Mois du Sacré Cœur – Tiré des écrits des Saints, des Pères et des auteurs ascétiques", par le P. Vincent Jeanroy, Paris, Bayard, 1900 (nlle édition).
    Imprimatur Luxemburgi, in festo Ascensionis, 1896. + Joannes-Josephus, Epis. Luxemburgensis.
    Parisiis, die 13 junii 1900. E. Thomas, Vic. Gen.