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  • Méditation - Jésus t'aime !

    « ... Est-ce que vous vous sentez aimés de Jésus ? Est-ce que, pour employer l'expression de saint Jean, vous croyez à l'amour de Jésus pour vous ? Est-ce que vous croyez à cet amour, non pas seulement parce qu'il s'est révélé à la crèche, à Nazareth, au Calvaire, au Cénacle, avec une grandeur, une magnificence si éclatante que le mettre en doute est chose impossible, mais parce qu'il a très certainement arrangé tous les détails de votre vie avec la sollicitude la plus prévoyante ? Nous croyons à l'amour que Dieu a eu pour le monde en général, nous ne croyons pas assez à l'amour qu'il a eu spécialement pour nous.

    Et, cependant, lorsque, nous retournant vers le passé, lentement nous évoquons les unes après les autres les années que nous avons déjà vécues, est-ce que chacune, à son apparition dans notre mémoire, ne produit pas les témoignages les plus frappants de l'amour le plus profond ? Est-ce que chacun de nous n'a pas été l'objet des plus délicates attentions de la Providence ? Par malheur nous ne réfléchissons pas, et nous croyant perdus dans la masse du genre humain à la manière de la goutte d'eau perdue dans l'immensité de l'océan, nous ne sommes ni convaincus ni touchés. Oh ! redevenons enfants ! Comme l'enfant a la naïveté de se sentir aimé de sa mère, ayons la consolante simplicité de nous sentir aimés du bon Dieu, et notre cœur, tout de suite, trouvera des ardeurs qu'il ne soupçonnait pas. La simplicité du chrétien c'est la vérité ; or la vérité est l'un des plus précieux aliments de la vie intérieure. »

    Abbé Joseph Théloz (1850-1896), Commentaires des Billets-Zélateurs de la Garde d'Honneur (Premier Office), Bourg - Paris, 1895.

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  • Méditation - les mains de la Providence

    « Aimer toutes les mains de la Providence. Ces mains ce sont les créatures par lesquelles Dieu nous atteint et complète son action sur nos âmes. Si nous savons le voir en elles, nous les aimons toutes. Il y a des mains qui crucifient... Il y en a qui, sans y prendre garde, nous ont broyé le cœur... Il y a des mains qui nous flagellent... ce sont les propos venimeux... Et toutes ces mains ont travaillé à notre sanctification. Il y a aussi des mains qui nous consolent... qui nous expriment la bonté et l'amabilité de la Providence... Dieu m'en a entourée et m'en a donné cette année une de plus par sa sollicitude.
    Il y a des mains qui nous bénissent et font réussir tout ce que ne pourraient nos seuls efforts... Ce sont les prières des petits et des malheureux...

    Il y a des mains, bien petites parfois, qui entouraient notre cœur d'un rayon de soleil, et qui, un jour, en un instant, laissent ce pauvre cœur brisé, parce qu'elles en ont emporté la moitié avec elles au ciel... Mais par elles, Dieu donne le baume avec la blessure ; ces petites mains qui adorent déjà le Père dans leur éternité, font descendre dans l'âme affligée l'écho céleste de la béatitude. Dieu nous rend en lui plus qu'il ne nous a pris par elles. Il y a enfin des mains qui nous conduisent... qui nous portent vers Dieu, et nous soutiennent dans la voie du ciel... Que Dieu les bénisse mille fois ces mains sacrées ! Qu'il les comble comme des coupes saintes ! Que la lumière, la grâce et l'amour en débordent pour sa gloire, pour leur bien et le bien des âmes ! Qu'il leur rende tout ce que notre gratitude ne pourra jamais ni apprécier, ni reconnaître !

    Et puis il y a une main au-dessus de toutes, sans nom qui soit digne d'elle. C'est elle qui, d'un signe, peut pulvériser l'univers ; c'est elle aussi qui atteint, au fond du cœur de l'homme, à ce point intime que nul ne touche. C'est son contact divin qui panse les blessures que rien ne pourrait guérir : ce sont ses impulsions qui nous vivifient, nous transforment, nous poussent vers le ciel ; c'est elle qui nous fait agir avant que nous l'ayons aperçue, qui nous guide, qui amène et dispose toutes choses et tout événement dans le sens de la grâce principale qui nous est donnée, pour nous faire parvenir à glorifier Dieu en ce monde et dans l'autre selon la manière voulue de lui, et à la place précise que son amour nous destine. »

    Lucie-Christine (Mathilde Bertrand, 1844-1908), Journal Spirituel de Lucie-Christine, 20 octobre 1890, publié par Aug. Poulain, Paris, Gabriel Beauchesne, 1910.

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  • Méditation - Tout tordus...

    « Bien souvent Dieu fait voir la grandeur de sa clémence et miséricorde, en se servant d'intentions qui d'elles-mêmes ne sont nullement bonnes, pour faire de grands serviteurs de sa divine Majesté : le divin Artisan se plaît à faire de beaux édifices avec des bois fort tordus et qui n'ont nulle apparence d'être propres à aucune chose du monde. Et tout ainsi qu'une personne qui ne sait que c'est de la menuiserie, voyant quelque bois tout tordu en la boutique d'un menuisier, s'étonnerait d'entendre dire que l'on puisse faire de celui-ci quelque beau chef d'œuvre (car, dirait-il, si cela est comme vous dites, combien de fois faudra-t-il passer le rabot par-dessus, avant que d'en pouvoir faire un bel ouvrage), ainsi la divine Providence fait pour l'ordinaire de beaux chefs-d'œuvre avec des bois tordus... »

    St François de Sales (1567-1622), Entretiens spirituels (Entretien XVII), Blaise, Paris, 1821.

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  • Méditation - On me dit Qu’il y a des hommes qui ne dorment pas...

    « Je n'aime pas celui qui ne dort pas, dit Dieu.
    Le sommeil est l'ami de l'homme.
    Le sommeil est l'ami de Dieu.
    Le sommeil est peut-être ma plus belle création.
    Et moi-même, je me suis reposé le septième jour.
    Celui qui a le cœur pur, dort. Et celui qui dort a le cœur pur.
    C'est le grand secret d'être infatigable comme un enfant.
    D'avoir comme un enfant cette force dans les jarrets.
    Ces jarrets neufs, ces âmes neuves
    Et de recommencer tous les matins, toujours neuf,
    Comme la jeune, comme la neuve
    Espérance. Or on me dit qu'il y a des hommes
    Qui travaillent bien et qui dorment mal.
    Qui ne dorment pas. Quel manque de confiance en moi.
    C'est presque plus grave que s'ils travaillaient mal mais dormaient bien.
    [...]
    Comme l'enfant se couche innocent dans les bras de sa mère ainsi ils ne se couchent point.
    Innocents dans les bras de ma Providence.
    Ils ont le courage de travailler. Ils n'ont pas le courage de ne rien faire.
    Ils ont la vertu de travailler. Ils n'ont pas la vertu de ne rien faire.
    De se détendre. De se reposer. De dormir.
    Les malheureux ils ne savent pas ce qui est bon.
    Ils gouvernent très bien leurs affaires pendant le jour.
    Mais ils ne veulent pas m'en confier le gouvernement pendant la nuit.
    Comme si je n'étais pas capable d'en assurer le gouvernement pendant une nuit.
    Celui qui ne dort pas est infidèle à l'Espérance. »

    Charles Péguy (1873-1914), Le Porche du Mystère de la deuxième vertu,
    "Œuvres poétiques complètes", Bibliothèque de la Pléiade, NRF, 1975.
    (Texte intégral en ligne)

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  • Méditation - Total abandon

    « Vivre au jour la journée, heure à heure, moment à moment, sans m'embarrasser de tout l'avenir, ni du jour de demain. Demain aura soin de lui-même : le même qui nous soutient aujourd'hui nous soutiendra demain par sa main invisible. La manne du désert n'était donnée que pour le jour présent : quiconque, par défiance ou par une fausse sagesse, en ramassait pour le lendemain, la trouvait corrompue (Ex 16, 19-20). Ne nous faisons pas, par notre industrie et par notre prévoyance inquiète et aveugle, une providence aussi fautive que celle de Dieu est éclairée et pleine d'assurance. Comptons uniquement sur ses soins paternels, abandonnons-nous-y entièrement pour tous nos intérêts temporels, spirituels et même éternels.
    Voilà le vrai et total abandon qui engage Dieu à avoir soin de tout, à l'égard de ceux qui lui abandonnent tout pour honorer ainsi en esprit et en vérité son souverain domaine, sa puissance, sa sagesse, sa bonté, sa miséricorde et toutes ses infinies perfections. Amen, amen. »

    Jean-Pierre de Caussade (1675-1751), Lettre 19, in "Lettres spirituelles", Desclée, Collection "Christus" n°8, Paris, 1962.

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    « Regardez les oiseaux du ciel... » (Mt 6,26)
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  • au gré des rencontres de l'été...

    « Tout besoin rencontré sur notre route est une visite de Dieu. »

    « Va chercher celui qui n'osait t'attendre. Donne à celui qui ne te demande pas. Aime celui qui te repousse. »

    « Tous les nouveaux venus que tu croises durant la suite des jours sur les chemins de ta vie, regarde-les pour leur faire place en ton âme avec le regard qu'avait le patriarche de jadis pour l'hôte, l'hôte de passage, mystérieux toujours et sacré. Dans les plans divins, nulle rencontre n'est indifférente... »

    Bx Vladimir Ghika (1873-1954)
    Citations extraites de la vidéo "Vladimir Ghika, une vie au service de Dieu et du prochain"

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  • Méditation - Pas d'inquiétude inutile...

    « Il me semble que vous devriez vous résoudre à faire avec calme ce que vous pouvez. Ne soyez pas inquiet de tout le reste, mais abandonnez à la divine Providence ce que vous ne pouvez accomplir par vous-même.
    Sont agréables à Dieu notre soin et notre sollicitude raisonnables pour mener à bien les affaires dont nous devons nous occuper par devoir.
    Ne plaisent pas à Dieu l’anxiété et l’inquiétude de l’esprit, parce que le Seigneur veut que nos limites et nos faiblesses prennent appui en sa force et en sa toute-puissance ; il veut que nous espérions que sa bonté suppléera à l’imperfection de nos moyens.
    Ceux qui se chargent d’affaires nombreuses, même avec une intention saine et droite, doivent se résoudre à faire simplement ce qui est en leur pouvoir, sans s’affliger s’ils ne parviennent pas à tout réaliser comme ils le voudraient, à condition qu’ils aient accompli tout ce que la nature humaine peut et doit faire selon les indications de la conscience.
    Si on doit laisser de côté certaines choses, il faut s’armer de patience et ne pas penser que Dieu attend de nous ce que nous ne pouvons faire ; il ne veut pas davantage que l’homme s’afflige de ses limites.
    Pourvu que l’on donne satisfaction à Dieu - ce qui est plus important que de donner satisfaction aux hommes – il n’est pas nécessaire de se fatiguer exagérément. Bien plus, lorsqu’on s’est efforcé d’agir de son mieux, on peut abandonner tout le reste à Celui qui a le pouvoir d’accomplir tout ce qu’il veut.
    Plaise à la divine Bonté de nous communiquer toujours la lumière de sa sagesse pour que nous puissions voir clairement et accomplir fermement son bon plaisir en nous et dans les autres. Amen. »

    St Ignace de Loyola (1491-1556), Extraits d'une Lettre à Jérôme Viñes, Rome, le 17 novembre 1555, Éditions du Soleil Levant, Namur, 1957.

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  • Méditation - « Demain aura soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine. » (Mt 6, 34)

    « Je vous recommande la sainte simplicité. Regardez devant vous et ne regardez pas à ces dangers que vous voyez de loin. Il vous semble que ce soient des armées ; ce ne sont que des saules ébranchés, et cependant que vous regardez là, vous pourriez faire quelque mauvais pas. Ayons un ferme et général propos de vouloir servir Dieu de tout notre cœur et toute notre vie ; au bout de là, n'ayons soin du lendemain. Pensons seulement à bien faire aujourd'hui, et quand le jour de demain sera arrivé, il s'appellera aussi aujourd'hui, et lors nous y penserons. Il faut encore en cet endroit avoir une grande confiance et résignation en la providence de Dieu. Il faut faire provision de manne pour chaque jour, et non plus (cf. Ex 16, 16-21) ; et ne doutons point, Dieu en pleuvra demain d'autre, et passé demain, et tous les jours de notre pèlerinage. »

    St François de Sales, Lettre CXC du 22 juillet 1603, in "Anthologie mystique", FAC, Centre Saint-Jean-de-la-Croix, 1999.

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  • Méditation - L'Abandon à la Providence divine

    « Vous voulez que je vous indique la voie la plus courte pour arriver à la perfection ?... La voici : c'est l'abandon, oui, l'abandon entier, absolu ; c'est là le comble et le résumé de la perfection, parce que la perfection consiste dans le pur amour, et que l'exercice du pur amour consiste dans l'abandon. »

    P. de Caussade s.j. (1675-1751), L'Abandon à la Providence divine, Collection Christus n°22, Desclée de Brouwer, Paris, 1966.

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    « Si vous ne devenez pas comme de petits enfants... » (Mt 18,3)

  • Méditation - « Considérez les lys des champs... »

    « La Providence est l'un de nos dogmes fondamentaux, un des plus nourrissant pour la piété. Ouvrons la Bible, nous verrons la Providence en action presque à chaque page (1), en sorte que le meilleur commentaire de cet évangile, c'est toute l’Écriture... Relisons-la quelquefois avec ce souci d'y découvrir l'action de Dieu, mais souvenons-nous que si cette conduite de Dieu dans le passé nous paraît actuellement toute naturelle, les personnages d'autrefois la trouvaient pour lors mystérieuse et déconcertante, absolument comme nous celle de l'heure présente (2). L’œuvre divine est une tapisserie splendide, mais... dont on ne voit guère, sur le moment, que l'envers. Il faut savoir attendre.

    Croyons donc, et confessons que Dieu ne laisse rien au hasard, qu'il a un but en toutes ses démarches, en toutes les permissions qu'il donne aux puissances du mal ; croyons qu'il est père, père infiniment prudent et infiniment aimant, et que par conséquent, après et avec sa propre gloire, il a pour fin ultime le bien spirituel et le bonheur éternel de ses enfants.

    C'est dire qu'il importe souverainement de lui faire crédit et de lui abandonner nos désirs, en restant convaincus qu'il disposera toutes choses infiniment mieux que nous. Il serait difficile de relever le nombre de saintes âmes auxquelles Notre-Seigneur lui-même daigna donner cette leçon : Occupe-toi simplement de mes intérêts. Les tiens, je m'en charge... »

    1. Relire en particulier l'Exode, le Deutéronome, Tobie, les Psaumes, et surtout les Actes des Apôtres.
    2. Le génie de Racine a su tirer tout le parti possible de ce côté mystérieux de l'action divine dans Athalie.

    P. J.-B. Gossellin s.j., Sujets d'Oraison pour tous les jours de l'année, Tome III (XIVe dimanche. 111, II), 3e édition, Apostolat de la Prière, Toulouse, 1950.

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  • Méditation - Pendant les tempêtes de notre vie...

    « Considérez que dans cette misérable vie, il s'élève pour nous bien des orages dangereux, dans lesquels la barque de notre cœur est comme ballotée ça et là par les vagues. C'est pourquoi l'Imitation de Jésus-Christ dit : Aussi longtemps que nous vivons, nous ne serons pas sans luttes, quand l'une est passée, une autre suivra (1) comme l'une vague bat l'autre. Dans toutes ces luttes, on ne peut rien conseiller de plus utile que de se soumettre à la volonté de Dieu et à toutes les dispositions de sa sagesse infinie.

    Jésus dort tranquillement au milieu des plus grands orages ; ainsi une âme peut aussi demeurer tranquille, quand elle se repose entre les bras de la Providence divine dans les orages des contrariétés. Elle est assurée que rien n'arrive sans la volonté du Seigneur, elle sait que Dieu ordonne tout pour le mieux, qu'il ne permet la souffrance que pour notre plus grande utilité. Elle sait aussi par expérience, que Dieu peut tirer le bien du mal. Ô quelle consolation, quelle joie, quelle paix goûte une âme qui est unie à la volonté divine ! Cependant quoique l'âme s'abandonne entièrement à la volonté divine et repose dans le sein de la Providence, pendant les tempêtes des tentations et des contrariétés, il est nécessaire à cause de notre faiblesse d'avoir recours à la prière ; à l'exemple des apôtres, nous devons éveiller le Sauveur endormi, le prier de fortifier notre faiblesse et de nous assister de sa grâce dans les tribulations. Jésus paraît dormir, quand les eaux des tribulations s'élèvent au-dessus de nos têtes, quand tout nous semble perdu ; quand il nous retire pendant quelque temps sa consolation et nous fait ainsi sentir que de nous-mêmes et par nos propres forces, nous ne pouvons rien.

    Alors il est temps d'appeler le Seigneur comme les apôtres effrayés : Seigneur ! aidez-nous, nous périssons. Cet appel éveillera l'aimable Sauveur ; ces soupirs pénètrent son Cœur compatissant ; ces prières le déterminent à commander aux vents, et à nous accorder soit la cessation des troubles ou des tentations, soit la force nécessaire pour tout supporter pour son honneur et le salut de notre âme. »

    1. Imitation L. I, ch. XIII.

    Père Alphonse de la Mère des Douleurs, Pratique journalière de l'oraison et de la contemplation divine d'après la méthode de Sainte Thérèse et de Saint Jean de la Croix, Tome premier (Quatrième dimanche après l’Épiphanie, Méditation), Desclée, De Brouwer, Lille - Paris - Bruges, 1917.

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    Rembrandt (1606-1669), Le Christ dans la tempête sur la mer de Galilée
    Tableau conservé au musée Isabella Stewart Gardner à Boston jusqu'en 1990.
    Le 18 mars 1990, le tableau a été volé, avec 12 autres chefs-d’œuvre.
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  • Méditation - Faisons fructifier notre temps

    « Seigneur, si je parcours du regard cette année écoulée, année que votre divine providence m'avait accordée pour augmenter en moi votre amour, je ne puis que me lamenter quand je constate une nouvelle fois combien je Vous ai peu aimé, ô mon Dieu ! Comme j'ai mal employé mon temps !

    Ô comme mes désirs ont tardé à s'enflammer, et comme Vous avez commencé de bonne heure, ô Seigneur, à m'amener à Vous et à m'appeler, pour que je me consacre à Vous tout entière ! Est-ce que, par hasard, ô Seigneur, vous abandonneriez le misérable, ou bien éloigneriez-Vous le pauvre mendiant quand il veut se rapprocher de Vous ? Est-ce que, par hasard, ô Seigneur, il y aurait des limites à vos grandeurs et à la magnificence de vos œuvres ? Ô mon Dieu et ma Miséricorde, comme il Vous serait facile de manifester aujourd'hui en votre servante les trésors de votre amour ! Vous êtes tout-puissant, ô grand Dieu ! Montrez donc maintenant si mon âme se comprend bien, quand elle considère le temps qu'elle a perdu, et affirme que vous pouvez en un instant le lui faire regagner. Mais il semble que je déraisonne, car le temps perdu ne saurait, dit-on, se recouvrer.

    Mais béni soit mon Dieu ! ô Seigneur, je confesse votre grand pouvoir. Si Vous êtes tout-puissant et Vous l'êtes certainement, qu'y a-t-il d'impossible à Celui qui peut tout ?

    « Vous le savez bien, ô mon Dieu, malgré toutes mes misères, je n'ai jamais cessé de reconnaître la grandeur de votre pouvoir et de votre miséricorde. En cela, je ne Vous ai point offensé ; ô Seigneur, que ce me soit un titre auprès de Votre bonté ! Réparez donc, mon Dieu, le temps que j'ai perdu, donnez-moi votre grâce pour le présent et pour l'avenir, afin que je paraisse devant Vous revêtue de la robe nuptiale. Si Vous le voulez, Vous le pouvez » (Thérèse de Jésus, Exclamations IV). »

    P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, Intimité Divine Tome I (31 décembre, Colloque), Monastère des Carmélites Déchaussées, Librairie du Carmel, 1963.

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  • Méditation - Dans les aridités

    « Dans les aridités, ne vous découragez jamais. Recevez de la main de Dieu Notre Seigneur cet état d'impuissance (car cette épreuve, surtout avec la bonne volonté que vous avez, est un bienfait de la bonté paternelle de Dieu) ; avec humilité, songeant que de vous-même vous n'êtes rien, vous ne pouvez rien ; avec patience, supportant cet état pénible, aidée de la grâce et voulant le supporter tant qu'il plaira à la divine Volonté ; enfin, avec une entière confiance que Notre Seigneur vous envoie tout cela pour votre bien, que ce bon Maître n'est pas mécontent de vous, qu'il demeure toujours avec vous, pour vous défendre et vous soutenir, selon le besoin, et qu'il vous fera sentir de nouveau sa sainte présence, lorsque sa divine et bien aimante Sagesse le jugera meilleur pour sa gloire et pour votre bien spirituel.

    Contentez-vous donc alors de faire de grands actes de foi, d'espérance, de charité, d'humilité, de patience, d'abandon total de tout vous-même et de toutes choses à la douce Providence de Notre-Seigneur. - Vous pourriez encore renouveler vos saints vœux, ou bien simplement vous tenir en la présence de Dieu, attendant avec une résignation amoureuse l'heure de sa visite.

    Terminer par la résolution, ferme quoique sèche : 1° de ne commettre aucune faute délibérée avec le secours de la grâce ; 2° de bien observer toutes vos règles ; 3° de bien remplir vos emplois et faire toutes choses, en vue seulement de plaire à Notre-Seigneur et de le glorifier ; 4° enfin de ne rien laisser paraître de votre désolation mais d'aller quand même et toujours. »

    P. Paul Ginhac s.j. (1824-1895), Extrait d'une Lettre à la Mère Marie de Saint Ignace (c. 1871), in "Choix de Lettres de Direction" (CXIV), Apostolat de la Prière, Toulouse, 1927.

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  • Méditation - Heureux les hommes de miséricorde !

    « Nous avons tous un besoin extrême des miséricordes du Seigneur, et pour cette vie et pour l'autre. C'est sa providence miséricordieuse qui, par rapport aux élus, arrange les événements de telle façon qu'ils arrivent sûrement à leur fin dernière. C'est par une pure miséricorde que Dieu nous pardonne nos péchés, autant de fois que nous revenons à lui avec un humble repentir. C'est par une attention pleine de miséricorde, qu'il nous préserve d'une foule de tentations, où notre faiblesse succomberait. Toutes les grâces personnelles, connues ou inconnues, qu'il ne cesse de nous faire malgré nos infidélités, sont autant d'effets de sa miséricorde. C'est à elle que nous devons la grâce spéciale qui nous assure la persévérance et qui nous prépare à la sainte mort ; qui tranche le fil de nos jours au moment que nous sommes en bon état. Enfin, c'est elle qui couronne et récompense nos bonnes œuvres, et, si Dieu y est engagé par sa justice, ce n'est pas qu'il nous la doive, mais il se la doit à lui-même, en conséquence de ses promesses toutes gratuites. Hélas ! que sont nos bonnes œuvres en elles-mêmes ? Et quel jugement Dieu en porterait-il, s'il les examinait avec rigueur ? Malheur à la vie la plus louable, s'écriait saint Augustin, si vous la discutez, sans égard à votre miséricorde ! Cette miséricorde qui, selon l’Écriture, est au-dessus de toutes les œuvres de Dieu, nous accompagne donc depuis la naissance jusqu'au dernier soupir. [...]

    Or, il est de la nature de la miséricorde d'être gratuite ; ce n'est point une dette, mais un bienfait pur ; et le bienfaiteur est en droit de l'attacher à telle condition qui lui plaît. Jésus-Christ nous déclare ici, et en quantité d'endroits de son Évangile, que Dieu fera miséricorde à ceux qui auront fait miséricorde au prochain, qui auront eu pour lui un cœur charitable et compatissant, qui l'auront assisté, au moins par leurs désirs et par leurs prières, dans ses nécessités corporelles et spirituelles : Heureux donc, par rapport à la vie éternelle, les hommes de miséricorde ! »

    P. Jean-Nicolas Grou s.j. (1731-1803), L’École de Jésus-Christ, Tome premier (Treizième leçon), Société Saint-Augustin, Lille & Retaux-Bray, Paris, s.d. [1885] (Quatrième édition).

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    Gainsborough Dupont, La Charité soulageant la misère (détail)
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  • Méditation - L'inquiétude de l'avenir

    « Rien ne m'inquiète comme l'avenir.

    Le passé, si pénible soit-il, je l'ai vécu ; j'ai souffert, j'ai supporté, c'est fini ; j'ai peut-être triomphé de ce passé.
    J'ai même l'âme en paix pour tout ce qui a pu le souiller ; car, j'ai demandé pardon. Et Dieu, parce que je pardonne, a pardonné.

    Le présent, je le vis, si dur soit-il ; je sais où je suis ; je me rends compte de mes difficultés ; je travaille à les vaincre.
    Je l'ai devant moi, je n'ai pas à craindre qu'il me surprenne, à mon insu, à l'improviste. Au besoin, je me défends ; et je sais à quelle place je puis frapper.

    Mais l'avenir, l'avenir ? De quoi l'avenir sera-t-il fait ? Que m'arrivera-t-il demain, après-demain, dans un an, dans dix ans ?
    Où serai-je, que ferai-je ? Et moi, et les miens, et tous ceux et celles que j'aime, que deviendront-ils ? Oh ! le souci des miens !...
    Et ma fortune qui s'émiette ?
    Et mes enfants qui grandissent, turbulents, audacieux, passionnés déjà ?
    Et ma santé ébranlée ? Et l'âge qui vient ?
    Et cette éternelle importune, la mort qui m'apparaît proche, traîtresse, inopinée, souvent, peut-être sans prêtre ! Tout cela m'agite...
    Et tout ce qu'on appelle ce mystère : l'avenir, cauchemar parfois si troublant, et que, de lassitude souvent, on voudrait ne plus regarder, ne plus pressentir ; car le bon Dieu se l'est réservé à Lui seul.

    Ah ! vous avez raison... L'avenir !... C'est Dieu, c'est le bon Dieu qui le connaît et le garde.
    Et cette pensée-là, précisément, c'est elle qui, tout-à-coup, jette lumière en moi et l'espérance, et calme, et quiétude parfaite.
    Mon Dieu, Vous, le bon Dieu, Vous savez mon avenir ? Bien sûr. Qui peut douter de cela ?
    Vous l'avez devant Vous, aussi présent à Vous-même que Vous-même, ô Vous, qui vivez et régnez dans un éternel présent.
    Vous tenez mon avenir dans vos mains.
    Vous l'y gardez puissamment, et avec tant de sainte prévoyance, avec tant d'amour aussi...
    Autant dire que Vous me serrez, moi-même, dans le creux de cette Main adorable en laquelle sont toutes choses, oui, l'univers entier (1).

    Ah ! si je me décidais à croire, enfin, à cette Providence que Vous être et que j'adore ;
    A la Providence d'un Père, de toute bonté, au bon Dieu !... J'éprouve une telle consolation et une telle force à vous le redire : « Vous êtes le bon Dieu » Et je suis, moi, votre pauvre petite créature qui s'abandonne, aveuglément, pour son avenir, à Vous seul.
    Vous êtes mon Père, un vrai Père à qui l'enfant que je suis, se laisse aller, sans réserve, si sûr de Vous...

    Pourquoi, si je crois en Vous, si j'espère en Vous, pourquoi me laisseriez-Vous choir de cette Main-là, qui gouverne tout ce qui est, tout ce qui se meut, tout ce qui vit ?
    Pourquoi hésiterais-je, un seul instant, à refuser à mon âme tout souci d'avenir, toute inquiétude, toute crainte, toute défiance aussi ?
    Ah ! n'est-ce pas me défier de Vous que de vivre ainsi, continuellement, dans cette attitude d'âme si peu chrétienne, si indigne de Vous ?
    Non, je ne veux plus regarder ainsi dans l'inconnu de la vie, en me troublant.
    « A chaque jour suffit sa peine, et demain aura souci de lui-même » (2) dit Jésus.
    C'est du pur Évangile, si toutefois je veux croire à la Parole infaillible de la Vérité.

    Père, c'est fait... Je vous abandonne mon avenir, quel qu'il puisse être.
    S'il doit être rempli et débordant de joies pures, de consolations, de succès, de rêves enfin réalisés, je vous bénis, dès aujourd'hui.
    Si, au contraire, Vous me l'avez préparé plein de dégoûts, d'ennuis, de tristesses et de déceptions, je veux vous en bénir, dès maintenant.
    Mes joies, Vous les sanctifierez, dans l'humilité de mon cœur.
    Mes peines, Vous en ferez un élément de grande pénitence, qui sauve.
    Je m'abandonne, je ne regarde plus, je ne veux plus être inquiet.
    Je suis dans vos mains de Père, souveraine Providence ; et j'y veux rester, toujours, avec l'aide de votre grâce.

    Seigneur, ne me laissez plus succomber à la tentation, à l'épreuve de l'inquiétude. »

    1. Ps. XCIV, 4. - 2. Matth. VI, 34.

    Dom Eugène Vandeur o.s.b. (1875-1967), L'abandon à Dieu Voir de la Paix. Commentaire du Pater (Vingt-et-unième élévation), Deuxième édition, Abbaye de Maredsous, 1938.

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  • Méditation : le Christ t'appelle, maintenant !

    « Tout le long de notre vie, Christ nous appelle. Il nous a appelés d'abord par le baptême, mais plus tard aussi ; que nous obéissions ou non à sa voix, il nous appelle encore en sa miséricorde. Si nous manquons à nos promesses baptismales, il nous appelle à nous repentir. Si nous nous efforçons de répondre à notre vocation, il nous appelle toujours plus avant, de grâce en grâce, de sainteté en sainteté, tant que la vie nous est laissée pour cela.

    Abraham a été appelé à quitter sa maison et son pays (Gn 12,1), Pierre ses filets (Mt 4,18), Matthieu son emploi (Mt 9,9), Elisée sa ferme (1R 19,19), Nathanaël sa retraite (Jn 1,47). Sans cesse, tous nous sommes appelés, d'une chose à l'autre, toujours plus loin, n’ayant pas de lieu de repos, mais montant vers notre repos éternel, et n'obéissant à un appel intérieur que pour être prêts à en entendre un autre. Christ nous appelle sans cesse, pour nous justifier sans cesse ; sans cesse, de plus en plus, il veut nous sanctifier et nous glorifier.

    Nous devons le comprendre, mais nous sommes lents à nous rendre compte de cette grande vérité, que Christ marche en quelque sorte parmi nous, et que de sa main, de ses yeux, de sa voix, il nous fait signe de le suivre. Nous ne saisissons pas que son appel est quelque chose qui a lieu en ce moment même. Nous pensons qu'elle a eu lieu au temps des apôtres ; mais nous n’y croyons pas, nous ne l'attendons pas vraiment pour nous-mêmes. [...]

    Il n'y a rien de miraculeux ou d'extraordinaire dans ses rapports avec nous. Il agit par l'intermédiaire de nos facultés naturelles et des circonstances de notre vie. Pourtant, sa Providence est pour nous, dans tous les points essentiels, ce qu'était sa voix pour ceux qu'il appelait quand il était sur la terre : qu'il commande par une présence visible, ou par une voix, ou par notre conscience, cela importe peu, du moment que nous sentons qu'il y a commandement. S'il y a un commandement, on peut y obéir, ou y désobéir ; on peut l'accepter comme l'acceptèrent Samuel ou saint Paul, ou le repousser comme fit le jeune homme qui avait de grands biens. »

    Bx John Henry Newman (1801-1890), Parochial and Plain Sermons (PPS) vol. 8, n° 2 « Divine Calls ».

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    Jésus appelle Saint André et Saint Pierre
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  • Méditation : « Ayez confiance »

    « Allez à Dieu suavement, faites tout par amour, avec une sainte familiarité. Il dit à l'âme de bonne volonté comme à ses apôtres : Ayez confiance, je vous donne ma paix, je ne vous la donne pas comme le monde la donne. Ce n'est pas une paix qui consiste dans le sentiment ; cette paix est quelquefois amère, mais elle établit la confiance au fond de l'âme. On sent qu'on veut être tout à Dieu. La vue de ses propres misères humilie bien utilement, car étant quelquefois porté à se croire un peu de vertu, la propre expérience nous apprend que l'on est bien peu de chose, même rien sans le secours de Dieu.

    Que la paix de Dieu, la paix de N.-S., qui est au-dessus de tout sentiment, soit avec vous. Tenez-vous dans le calme, la tranquillité ; soyez bien maîtresse de votre âme, de votre cœur, pour les donner à Dieu. Combien il vous a aimée ! avec quelle tendresse paternelle il vous a suivie toute votre vie, et vous a protégée. Vous lui êtes plus chère que la prunelle de l’œil. Une mère aime moins son enfant qu'il ne vous aime. Répondez à tant d'amour par un amour efficace ; acceptez toutes les dispositions de sa Providence à votre égard, soit dans l'ordre spirituel, soit dans l'ordre de votre position. Les peines du cœur, de la conscience sont les plus difficiles à supporter. Vous direz à N.-S. : Eh bien ! vous voulez que je les ressente, je le veux aussi, pourvu qu'elles viennent de vous ; il n'y a que les peines qui viennent de moi que je ne veux pas ; je désavoue tout ce qui vous offense, mais je vous offre la peine que j'en éprouve. On peut dire que dans le péché il y a deux maux, et qu'il y en a un capable de glorifier Dieu. L'un est le mal du péché, que Dieu déteste ; l'autre est la honte, la confusion, le mécontentement de soi-même qui en est la suite ; supporter celui-ci avec humilité, l'offrir à Dieu, il lui sera agréable. »

    Avis spirituels pour servir à la sanctification des âmes (CXCVI), Seconde édition, Nancy, 1863.

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  • Méditation : « Ne vous inquiétez pas... »

    « Le contraire de l'inquiétude et de la peur, ce n'est pas pour Jésus l'insouciance ni l'imprévoyance, mais la confiance. Une confiance à toute épreuve. De celle-ci, il révèle le secret : « Votre Père céleste sait que vous avez besoin de toutes ces choses. » « Votre Père », voilà le mot clé. Et quand Jésus prononce ce mot, il le charge de toute la vérité, de toute la profondeur, de toute l'émotion de son expérience filiale, c'est-à-dire de cette proximité nouvelle, inouïe, de Dieu à l'homme, de cette communication gracieuse de Dieu offerte à tous dans le Fils. A la lumière de cette expérience, Jésus ne promet certes pas aux hommes une vie facile, protégée, à l'abri de toutes les turbulences et de toutes les souffrances ; il ne leur révèle pas une Providence qui serait une assurance contre tous les risques et tous les maux. Non, mais il leur offre une sécurité dernière et indestructible, au cœur même des pires drames de la vie. Car celui qui, à la suite de Jésus, accueille la nouvelle proximité de Dieu, pourra toujours, et quoi qu'il arrive, entretenir des relations filiales avec le Principe suprême de l'univers et se comporter comme un enfant à son égard. »

    P. Eloi Leclerc, Le Royaume Caché (chap. 7), Desclée de Brouwer, Paris, 1987.

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  • Méditation : Ne rien vouloir d'autre que Dieu

    « Allez joyeusement, et ne regardez point si vous avez de la clarté, de l'intelligence, et semblables : contentez-vous que notre Seigneur est riche de tous ces dons et grâces ; aimez-les en lui, et ne les désirez nullement pour vous. Bienheureux sont les pauvres d'esprit. O la grande richesse, de ne vouloir chose quelconque que Dieu ! en cela consiste notre bonheur. Il faut que je vous dise la vérité, ma très chère fille. Je suis grandement touchée de vous voir toujours marcher avec ces ennuis et abattements d'esprit. Ne sauriez-vous faire cet entier et irrévocable délaissement de vous-même entre les mains de Dieu, vous dépouillant de tout soin de vous, et du désir des vertus ; n'en voulant que celles qu'il vous donnera, et selon les occasions qui s'en présenteront, auxquelles il faut être fidèle. Nue et sans vertus, je suis venue au monde ; et sans vertu quelconque je me remets, mon Dieu, en vos mains. Dites cela, ma fille ; et quand vous verrez que votre esprit se voudra revêtir, à cause qu'il s'est dépouillé, ne faites autre chose que de le retourner simplement à son Dieu, et demeurez entre les bras de sa providence comme un enfant, lui laissant sans réserve le soin de ce qui vous regarde : car ces ennuis d'esprit ne procèdent que de ce que vous n'avez pas la perfection que vous désirez. Or il vous faut contenter de celle que notre Seigneur veut que vous ayez ; étant la vraie perfection, que cette résignation et ce repos d'esprit. Je vous écris ceci avec un extrême désir que vous le pratiquiez soigneusement, et ne devez jamais chercher exercice que celui-ci, qui vous est grandement propre, et servira de remède à tout ce qui vous pourra arriver. Que si votre travail n'est suivi de la victoire, embrassez ces croix amoureusement, et soyez joyeuse de n'être pas joyeuse. Bienheureux sont les nus, car Dieu les revêtira. Sa bonté nous fasse la grâce d'être parfaitement dépouillées. »

    Ste Jeanne de Chantal, extrait de la 195e Lettre à une Supérieure, in "Lettres de Sainte Chantal" (p. 377-378), Nouvelle édition, Tome I, A Paris, J.J. Blaise, 1823.

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  • Méditation : Confiance en la Providence

    « D'où vient que tant de gens entreprennent des bonnes œuvres sans aucun succès ? C'est qu'ils les entreprennent avec peu de foi ; c'est qu'ils ne renoncent point à eux-mêmes dans ces entreprises ; c'est qu'ils se regardent toujours eux-mêmes par quelque endroit, et qu'ils ne veulent point préférer en tout l'intérêt de l'ouvrage, qui est celui de Dieu, à leurs inclinations mal réglées, à leur humeur inquiète, à la faiblesse de leur cœur qui cherche de vaines consolations, à des amitiés indiscrètes qu'il faudrait retrancher, à une jalousie d'autorité et de considération qui gâte les meilleures choses ; en un mot, c'est qu'on veut toujours servir Dieu avec sûreté pour soi-même, qu'on ne veut rien hasarder pour sa gloire, et qu'on se croirait malheureux si on s'exposait à quelque mécompte pour l'amour de lui. Ce n'est pas qu'il ne soit permis de prendre modérément de justes mesures pour la conduite des bonnes œuvres ; mais, en vérité, il y a bien loin entre ne vouloir pas tenter Dieu, et l'irriter par une injurieuse défiance de sa bonté. Peut-on attendre de ces âmes craintives et mercenaires la générosité et la force qui est nécessaire pour soutenir les desseins de Dieu ? Quand on ne s'abandonne point à la Providence, on est indigne d'en être l'instrument. »

    Abbé Noël Courbon (+ 1710), Entretiens spirituels sur divers sujets de piété (I. De la vraie et solide piété, première partie), Nouvelle édition, Casterman, Tournai (Paris, P.-M. Laroche & Leipzig, L.A. Kittler), 1867.

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    Rays of light, par (c) Maurizio Fecchio - Copyright © Maurizio51
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