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souffrances

  • Préparons notre Carême - 2. L'effort

    (Rappel : 1. Ne perdons pas notre temps !)

    « Il est clair que nous écrivons, parlons et agissons beaucoup mieux quand l'être tout entier goûte la paix. Il est certain que l'activité, quand nous sommes fatigués ou secoués, est beaucoup plus pénible ; elle exige un effort énorme et souvent douloureux.

    Mais la force d'âme consiste précisément à dominer cette difficulté, à accomplir cet effort pénible, à agir en un mot « comme si on était bien ». Rien ne développe le moral comme cet effort dans lequel on ne tient compte ni de sa souffrance, ni de l'infériorité pénible des résultats.

    Et si les résultats immédiats sont inférieurs, le résultat éloigné est merveilleux. En se commandant l'action malgré la difficulté des dispositions pénibles, on acquiert l'habitude d'agir à peu près toujours et on supprime une perte de temps énorme. Nous devons nous rendre compte que si pour agir nous devions attendre d'être très bien, nous passerions la moitié de notre vie dans cette attente.

    Non ! N'attendons plus ce qui pour certains ne vient jamais. Avec les forces que nous avons au jour le jour, faisons ce que réclame le devoir de chaque moment, sans nous occuper du résultat. Le résultat dépend de Dieu : ce qui dépend de nous c'est l'effort. Cet effort nous fera peu à peu une volonté forte, une vie concentrée et féconde. »

    Dom Augustin Guillerand (1877-1945), Écrits spirituels Tome II (Extraits de Lettres, Effort), Roma, Benedettine di Pricilla, 1967.

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    (Crédit photo : Stairs in the forest by RbknArnK)

  • Prière pour demander la grâce d'une bonne mort

    « Prosterné devant le trône de votre adorable majesté, je viens vous demander, ô mon Dieu, la dernière de toutes les grâces, la grâce d'une bonne mort. Quelque mauvais usage que j'aie fait de la vie que vous m'avez donnée, accordez-moi de la bien finir et de mourir dans votre amour.
    Que je meure comme les saints patriarches, quittant sans regret cette vallée de larmes, pour aller jouir du repos éternel dans la véritable patrie !
    Que je meure comme le bienheureux saint Joseph, entre les bras de Jésus et de Marie, en répétant ces deux noms que j'espère bénir pendant toute l'éternité !
    Que je meure comme la très sainte Vierge, embrasé de l'amour le plus pur, brûlant du désir de me réunir à l'unique objet de mes affections !
    Que je meure comme Jésus sur la croix, dans les sentiments les plus vifs de haine pour le péché, d'amour pour mon Père céleste, et de résignation au milieu des souffrances !
    Père saint, je remets mon âme entre vos mains : faites-moi miséricorde.
    Jésus, qui êtes mort pour mon amour, accordez-moi la grâce de mourir dans votre amour.
    Sainte Marie, mère de Dieu, priez pour moi, pauvre pécheur, maintenant et à l'heure de ma mort.
    Ange du ciel, fidèle gardien de mon âme, grands Saints que Dieu m'a donnés pour protecteurs, ne m'abandonnez pas à l'heure de ma mort.
    Saint Joseph, obtenez-moi, par votre intercession, que je meure de la mort des justes.
    Ainsi soit-il.
    Moriatur anima mea morte justorum, et fiant novissima mea horum similia (Num. XXIII, 10). (*) »

    (*) : Que moi-même je meure de la mort du juste, que la fin de ma vie soit pareille à la sienne.

    J. Guibert, Retraite spirituelle, Appendices (V. Préparation à la mort), Paris, Librairie Vve Ch. Poussielgue, 1909.

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  • Méditations de la Semaine Sainte - Vendredi

    (suite de la méditation d'hier)

    « Je suis convaincu qu'en dehors des sacrements et des actes de la liturgie, il n'y a pas de pratique plus utile pour nos âmes que le chemin de croix fait avec dévotion. Son efficacité surnaturelle est souveraine. Pourquoi cela ?

    D'abord parce que la passion de Jésus est son œuvre par excellence ; presque tous les détails en ont été prédits ; il n'y a pas de mystère de Jésus dont les circonstances aient été annoncées avec tant de soin par le psalmiste et les prophètes. Et quand on lit, dans l’Évangile, le récit de la passion, on est frappé de l'attention qu'apporte le Christ Jésus à « réaliser » ce qui a été annoncé de lui. [...]

    Nous devons encore aimer à méditer la passion parce que c'est là aussi que le Christ fait éclater ses vertus. Il possède toutes les vertus en son âme, mais l'occasion de les manifester se produit surtout dans sa passion. Son amour immense pour son Père, sa charité pour les hommes, la haine du péché, le pardon des injures, la patience, la douceur, la force, l'obéissance à l'autorité légitime, la compassion, toutes ces vertus éclatent d'une façon héroïque dans ces jours de douleurs.
    Lorsque nous contemplons Jésus dans sa passion, nous voyons l'exemplaire de notre vie, le modèle - admirable et accessible tout à la fois, - de ces vertus de componction, d'abnégation, de patience, de résignation, d'abandon, de charité, de douceur, que nous devons pratiquer pour devenir semblables à notre divin chef : Si quis vult post me venire, abneget semetipsum, et tollat crucem suam, et sequatur me (1).

    Il y a un troisième aspect que nous oublions trop souvent et dont l'importance est pourtant extrême. Lorsque nous contemplons les souffrances de Jésus, il nous donne, d'après la mesure de notre foi, la grâce de pratiquer les vertus qu'il a révélées durant ces heures saintes. Comment cela ?
    Quand le Christ vivait sur terre, « une force toute-puissante émanait de sa personne divine, qui guérissait les corps », éclairait les esprits et vivifiait les âmes : Virtus de illo exibat, et sanabat omnes (2).
    Il se passe quelque chose d'analogue lorsque nous nous mettons en contact avec Jésus par la foi. A ceux qui, avec amour, le suivaient sur le chemin du Golgotha ou assistaient à son immolation, le Christ a sûrement octroyé des grâces spéciales. Ce pouvoir, il le conserve encore à présent ; et, quand en esprit de foi, pour compatir à ses souffrances, et l'imiter, nous le suivons du prétoire au calvaire et nous nous tenons au pied de sa croix, il nous donne ces mêmes grâces, il nous fait part des mêmes faveurs. N'oubliez jamais que le Christ Jésus n'est pas un modèle mort et inerte ; mais, toujours vivant, il produit surnaturellement en ceux qui s'approchent de lui dans les dispositions voulues, la perfection qu'ils contemplent en sa personne. »

    1. Matth. XVI, 24 ; cf. Marc. VIII, 3-4 ; Luc. IX, 23 ; XIV, 27. - 2. Luc. VI, 19.

    (méditation poursuivie tout au long de la Semaine Sainte)

    Bx Columba Marmion (1858-1923), Le Christ dans Ses Mystères (ch. XIV, I), Abbaye de Maredsous, Desclée de Brouwer & Cie, Paris, 1937.

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    James Tissot (1836–1902), La mort de Jésus
    Brooklyn Museum, NY (USA)

  • Méditations de la Semaine Sainte - Mercredi

    (suite de la méditation d'hier)

    « Enfin nous pouvons encore nous associer à ce mystère en supportant, par amour pour le Christ, les souffrances et les adversités que, dans les desseins de sa providence, il nous donne à subir. [...] Notre-Seigneur nous dit : « Si quelqu'un veut être mon disciple, qu'il prenne sa croix, et me suive. » (1).

    Dans cette acceptation généreuse de notre croix, nous trouverons l'union avec le Christ. Car remarquez bien qu'en portant notre croix, nous prenons vraiment notre part de celle de Jésus. Considérez ce qui est raconté dans l’Évangile. Les Juifs, voyant faiblir leur victime, et craignant qu'elle n'arrive pas jusqu'au Calvaire, arrêtent, chemin faisant, Simon le Cyrénéen et le forcent à aider le Sauveur (2). Le Christ aurait pu, s'il l'avait voulu, puiser en sa divinité la force nécessaire ; mais il a consenti à être secouru. Il veut nous montrer par là que chacun de nous doit l'aider à porter sa croix. Notre-Seigneur nous dit : « Agréez cette part que, dans ma prescience divine, au jour de ma passion, je vous ai réservée de mes souffrances ». Comment refuserions-nous d'accepter, des mains du Christ, cette douleur, cette épreuve, cette contradiction, cette adversité ? de boire quelques gouttes à ce calice qu'il nous présente lui-même et auquel il a bu le premier ? Disons-lui donc : « Oui, divin Maître, j'accepte cette part, de tout cœur, parce qu'elle vient de vous ». Prenons-la donc, comme le Christ prit sa croix, par amour pour lui et en union avec lui. Nous sentirons parfois, sous le fardeau, fléchir nos épaules ; S. Paul nous fait l'aveu que certaines heures de son existence étaient si pleines d'ennui et de contrariétés que « la vie même lui était à charge » : Ut taederet nos etiam vivere (3). Mais, comme le grand Apôtre, regardons celui qui nous a aimés jusqu'à se livrer pour nous ; à ces heures où le corps est torturé, où l'âme est broyée, où l'esprit vit dans les ténèbres, où se fait sentir l'action profonde de l'Esprit en ses opérations purificatrices, unissons-nous au Christ avec plus d'amour encore. Alors la vertu et l'onction de sa croix se communiqueront à nous, et nous y trouverons, avec la force, la paix et cette joie intérieure qui sait sourire au milieu de la souffrance : Superabundo gaudio in omni tribulatione nostra (4). »

    1. Matth. XVI, 24 ; Marc. VIII, 34 ; Luc. IX, 23. - 2. Matth. XXVII, 32 ; Marc. XV, 21. - 3. II Cor. I, 8. - 4. Ibid. VII, 4.

    (méditation poursuivie tout au long de la Semaine Sainte)

    Bx Columba Marmion (1858-1923), Le Christ dans Ses Mystères (ch. XIII, IV), Abbaye de Maredsous, Desclée de Brouwer & Cie, Paris, 1937.

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    Icône de la Passion (détail), fresque de Théophane le Crétois (XVIe siècle)
    Monastère de Stavronikita, Mont Athos

    (Crédit photo)

  • Méditation : les petites occasions de servir Dieu

    « Préparez-vous donc, Philothée, à souffrir beaucoup des grandes afflictions pour Notre Seigneur et même le martyre ; résolvez-vous de lui donner tout ce qui vous est de plus précieux, s’il lui plaisait de le prendre : père, mère, frère, mari, enfants, vos yeux même et votre vie, car à tout cela vous devez apprêter votre cœur. Mais tandis que la divine Providence ne vous envoie pas des afflictions si sensibles et si grandes, et qu’il ne requiert pas de vous vos yeux, donnez-lui pour le moins vos cheveux : je veux dire, supportez tout doucement les menues injures, ces petites incommodités, ces pertes de peu d’importance qui vous sont journalières ; car par le moyen de ces petites occasions, employées avec amour et dilection, vous gagnerez entièrement son cœur et le rendrez tout vôtre. Ces petites charités quotidiennes, ce mal de tête, ce mal de dents, cette défluxion [fluxion, malaise], cette bizarrerie du mari ou de la femme, ce cassement d’un verre, ce mépris ou cette moue, cette perte de gants, d’une bague, d’un mouchoir, cette petite incommodité que l’on se fait, d’aller coucher de bonne heure et de se lever matin pour prier, pour communier, cette petite honte que l’on a de faire certaines actions de dévotion publiquement : bref, toutes ces petites souffrances, étant prises et embrassées avec amour, contentent extrêmement la Bonté divine, laquelle pour un seul verre d’eau a promis la mer de toute félicité à ses fidèles (1) ; et parce que ces occasions se présentent à tout moment, c’est un grand moyen pour assembler beaucoup de richesses spirituelles que de les bien employer.
    [...]
    Les grandes occasions de servir Dieu, se présentent rarement, mais les petites sont ordinaires : or, qui sera fidèle en peu de chose, dit le Sauveur même (2), on l’établira sur beaucoup. Faites donc toutes choses au nom de Dieu et toutes choses seront bien faites. Soit que vous mangiez, soit que vous buviez (3), soit que vous dormiez, soit que vous vous récréiez, soit que vous tourniez la broche, pourvu que vous sachiez bien ménager vos affaires, vous profiterez beaucoup devant Dieu, faisant toutes ces choses parce que Dieu veut que vous les fassiez. »

    1. Mt. X, 42. - 2. Mt. XXV, 21. - 3. I Co. X, 31.

    St François de Sales, Introduction à la vie dévote (Troisième Partie ch. XXXV), in "Œuvres", nrf / Gallimard, 1969.
    Texte intégral en ligne à l'Abbaye Saint-Benoît de Port-en-Valais (Suisse).
    Texte intégral à télécharger ici.

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  • Méditation : "montons avec Jésus-Christ à Jérusalem"

    « Mes frères, si Dieu nous aime, croyez qu'il ne permet pas que nous dormions à notre aise dans ce lieu d'exil. Il nous trouve dans nos vains divertissements, il interrompt le cours de nos imaginaires félicités, de peur que nous ne nous laissions entraîner aux fleuves de Babylone, c'est-à-dire au courant des plaisirs qui passent. Croyez donc très certainement, ô enfants de la nouvelle alliance, que lorsque Dieu vous envoie des afflictions, c'est qu'il veut briser les liens qui vous tenaient attachés au monde, et vous rappeler à votre patrie. Ce soldat est trop lâche qui veut toujours être à l'ombre, et c'est être trop délicat que de vouloir vivre à son aise et en ce monde et en l'autre. Il est écrit : « Malheur à vous qui riez, car vous pleurerez un jour (1). » Ne t'étonne donc pas, chrétien, si Jésus-Christ te donne part à ses souffrances, afin de t'en donner à sa gloire, et s'il te fait sentir les piqûres de tant d'épines qui percent sa tête. Est-ce être maltraité, que d'être traité comme Jésus-Christ ? Est-ce être maltraité que d'être inquiété où le plus grand malheur c'est d'être en repos ?

    Par conséquent, chrétiens, montons avec Jésus-Christ en Jérusalem : prenons part à ses opprobres et à ses souffrances, buvons avec lui le calice de sa passion. La matière ne manquera pas à la patience. La nature a assez d'infirmités, le monde assez d'injustices, ses affaires assez d'épines, ses faveurs assez d'inconstances, ses rebuts assez d'amertumes, ses engagements les plus agréables assez de captivités ; il y a assez de bizarreries dans le jugement des hommes, et assez d'inégalités, de contrariétés dans leurs humeurs. Ainsi, de quelque côté et par quelque main que la croix de Jésus-Christ nous soit présentée, embrassons-la avec joie, et portons-la du moins avec patience. « Regardez, dit le saint Apôtre, Jésus-Christ qui nous a donné et qui couronne notre foi. Songez que la joie lui étant offerte, il a préféré la croix, il a choisi la confusion ; et maintenant il est assis glorieux à la droite de son Père (2a) ». Voici une perte de biens, une insulte, une contrariété, une maladie : « Pensez donc sérieusement à celui qui a souffert une si horrible persécution par la malice des pécheurs, afin que votre courage ne défaille pas, et que votre espérance demeure ferme » : Ut ne fatigemini animis vestris deficientes (2b). »

    1. Luc., VI, 25. — 2a. Hebr., XII, 2. — 2b. Hebr., XII, 3.

    Bossuet, Premier Sermon pour le dimanche de la Quinquagésime (Second point), in "Œuvres" Tome XII, Versailles, 1816.

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    James Tissot (1836–1902), Jésus monte à Jérusalem
    Brooklyn Museum, NY (USA)
    (crédit photo)

  • Méditation : Le Chemin de la croix

    « C'est une sainte dévotion de faire souvent cet exercice. [...] Suivons N.-S. et la Sainte Vierge au Calvaire. Cette voie nous est tracée par le sang de J.-C. et les larmes de la sainte Vierge ; c'était avec elle que les saintes femmes pleuraient en suivant N.-S.
    Mais ne vous contentez pas d'aller au Calvaire méditer les souffrances et la mort de J.-C., allez-y pratiquement pour souffrir et mourir avec lui. Portons la croix et portons-la jusqu'à la mort, à l'exemple de N.-S. Notre croix se compose des peines de l'âme, qui viennent de nous-mêmes, ou du démon, ou de Dieu même. Acceptons ces inquiétudes, ces incertitudes, ces craintes que nous ressentons. Notre croix se compose encore des peines du corps, de toutes les petites souffrances que nous éprouvons, acceptons-les. Notre croix se compose de notre caractère qu'il faut régler, réprimer, combattre ; du caractère des autres qu'il faut supporter ; c'est bien juste : puisque nous avons des défauts, des inconvénients dont ils souffrent, il est juste de supporter les leurs. Consentons à être crucifiés avec N.-S., c'est-à-dire consentons à une vie toute crucifiée, à ne quitter la croix qu'avec la vie. La mort est la dernière croix, mais si elle est horrible pour les mondains, elle est quelquefois bien douce pour les âmes pieuses. Les personnes qui, pendant leur vie, ont eu une grande frayeur de ce dernier moment, le voient arriver avec joie.
    Toutes les profanations, impiétés, qui en tant de lieux outragent l'autel et la croix, doivent nous porter à rendre nos cœurs de véritables Calvaires d'honneur où la croix de J.-C. soit adorée, vénérée. Faire le chemin de la croix en réparation des outrages envers Jésus crucifié ; dans ce but lui offrir toutes les épreuves qui nous adviennent. »

    [P. Eusèbe Godfroy s.j.] Avis spirituels pour servir à la sanctification des âmes (LXXXI), Tome I, Vingt-et-unième édition, Paris, Ancienne Maison Ch. Douniol, P. Téqui, 1906 (1ère éd. 1861 - 2e éd. Vagner, Nancy, 1863 - 8e éd. Ch. Douniol 1869 - 13e éd. Ch. Douniol 1878).

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  • Méditation : les saintes larmes

    « Espérons, espérons, nous tous qui pleurons, qui versons des larmes innocentes ; espérons, si nous pleurons les douleurs de notre corps ou de notre âme : elles nous servent de purgatoire, Dieu s'en sert pour nous faire lever les yeux vers lui, nous purifier, nous sanctifier.

    Espérons encore plus si nous pleurons les douleurs des autres, car cette charité nous est inspirée de Dieu et lui plaît ; espérons encore plus si nous pleurons nos péchés, car cette componction est mise dans nos âmes par Dieu lui-même. Espérons encore plus si nous pleurons d'un cœur pur les péchés des autres, car cet amour de la gloire de Dieu et de la sanctification des âmes nous sont inspirés de Dieu et sont de grandes grâces.

    Espérons, si nous pleurons de désir de voir Dieu et de douleur d'être séparés de lui ; car ce désir amoureux est l'œuvre de Dieu en nous. Espérons encore plus si nous pleurons seulement parce que nous aimons, sans rien désirer ni craindre, voulant pleinement tout ce que Dieu veut et ne voulant que cela, heureux de sa gloire, souffrant de ses souffrances passées, pleurant tantôt de compassion au souvenir de sa Passion, tantôt de joie à la pensée de son Ascension et de sa gloire, tantôt simplement d'émotion parce que nous l'aimons à en mourir !

    Ô très doux Jésus, faites-moi pleurer pour toutes ces causes ; faites-moi pleurer toutes les larmes que fait répandre l'amour en vous, par vous et pour vous. Amen. »

    Bx Charles de Foucauld (1858-1916), Méditations sur les passages des saints Évangiles relatifs à quinze vertus, Nazareth 1897-98 (n°15), Œuvres Spirituelles, Seuil, 1958.

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    Colijn de Coter (v.1450-v.1540), Marie-Madeleine en deuil (détail)
    Museum of Fine Arts, Budapest, Hongrie

    (Crédit photo)

  • Méditations de la Semaine Sainte - Le deuil de Marie et des apôtres et l'épreuve de Madeleine

    « Madeleine nous donne un grand exemple de fidélité et de persévérance dans l'amour de Notre Seigneur. Elle n'a pas de repos, elle ne peut vivre loin de son Bien-Aimé. Il lui faut son Dieu, elle le cherchera. Son trésor est au sépulcre, là aussi est son cœur. Les épreuves n'ont pas éteint les flammes de son amour : Aquae multae non potuerunt extinguere caritatem. (Cant. 8.)
    Son amour s'est purifié dans le creuset des souffrances. Il faut que sa fidélité redouble : son Bien-Aimé a été si souvent trahi, abandonné ! Il faut que son dévouement soit vraiment réparateur. Aussitôt que la loi de Dieu le permet, elle sort avec les deux autres Marie pour acheter des parfums (Marc 16, 1.) Par modestie, elle ne sort pas seule. Elle consulte Pierre, Jean et Marie, comme elle ira leur rendre compte quand elle aura trouvé le tombeau vide. L'obéissance à l’Église et l'union à Marie sont les marques du véritable esprit de Dieu. Après l'achat des parfums, Madeleine fait une visite au sépulcre avec une seule compagne : Vespere autem sabbati, venit cum altera Maria videre sepulcrum. (Matt. 28, 1.) Elle prend le chemin du Calvaire, il fait sombre, elle revoit en esprit toutes les scènes du vendredi. Elle a peur de fouler aux pieds le précieux sang. La croix est encore là, elle est effrayante au milieu des ombres de la nuit. Le sépulcre est solitaire, les gardes sommeillent. Marie s'assied et pleure. L'heure de la consolation n'est pas venue. Notre-Seigneur la laisse dans ses angoisses et cependant il fortifie son courage. Elle retourne dans la maison de douleur, elle n'a pas trouvé son Bien-Aimé : Per noctem quaesivi quem diligit anima mea. Quaesivi et non inveni. (Cant. 3, 2) - Quand nous avons perdu la présence de Notre-Seigneur, cherchons-le assidûment comme Madeleine.

    Résolutions - Marie, Jean, Madeleine et les saintes femmes sont nos modèles dans cette journée de compassion et de réparation. Ils sont les seuls amis fidèles du Cœur de Jésus. Je m'unirai à eux aujourd'hui et tous les jours. Je chercherai mon Jésus comme Madeleine, toutes les fois que j'aurai perdu sa présence sensible. Je ne me découragerai jamais dans ma foi, ma confiance et mon amour. »

    Vénérable Léon Dehon (1843-1925), L'année avec le Sacré-Cœur, Tome I (Samedi Saint), Établissements Casterman, Tournai - Paris, s.d. (1909).

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    La garde du tombeau, James Tissot (1836-1902)

  • Méditation : "tout concours au bien de ceux qui aiment Dieu"

    « Apprenons à espérer constamment en notre Sauveur, jusqu'à ce qu'il vienne enfin nous consoler de ses grâces. Apprenons à ne pas nous lasser de souffrir, puisque c'est dans les souffrances que nous trouverons la vie. Et si l'extrémité des dangers affaiblit notre espérance, fortifions-nous par ces mêmes dangers en nous remettant en l'esprit que nous sommes à la veille de notre repos ; et que l'heure heureuse approche, que le Seigneur nous doit délivrer, puisque nous sommes dans le plus fort de la tribulation. Ainsi nous voyons dans l’Évangile qu'il laissa les Disciples sur la Mer, plus de la moitié de la nuit, agités des flots et tourmentés de la tempête ; et qu'à la fin il vint à eux pour les rassurer par sa présence, et pour les tirer de l'orage. Ainsi nous lisons dans l'Exode que lorsque le peuple Juif gémissait le plus sous le joug de la servitude, Dieu vint le délivrer, et lui apprendre qu'il ne l'avait ainsi éprouvé que pour lui imprimer la crainte, afin qu'en le craignant il ne péchât point. Et ainsi, ma Fille, il viendra à vous, lorsque vous penserez le moins à cette grâce, et lorsque vous serez le plus tourmentée. Cependant s'il vous semble que vous voudriez vivre si saintement, que vous puissiez employer à la gloire de Dieu tous les moments de votre vie, sachez qu'il y a des âmes si enflées de présomption, qu'elles ne peuvent reconnaître leur faiblesse, qu'en souffrant des grandes tentations, et quelquefois même de très grandes chutes. Car ces sortes de personnes sont si lâches à servir Dieu, qu'ils ne pourraient pas s'approcher de lui, si lui même ne les y poussait comme à coups d'éperon. Ils ont le cœur si dur, qu'il n'y a que le marteau des souffrances qui le puisse briser : comme la vanité de leurs pensées les aveugle, il faut qu'ils tombent en quantité d'égarements, afin d'acquérir de la prudence. Et comme enfin il s'estiment excessivement quand ils font quelque bonne œuvre, ils ont besoin de tomber en beaucoup de maux, afin de s'humilier devant Dieu et envers le prochain. Ainsi, dis-je, Dieu permet qu'ils soient accablés d'adversités, qu'ils souffrent de grandes peines, qu'ils aient l'esprit couvert de ténèbres ; et qu'ils succombent même à beaucoup de péchés, afin de les en délivrer dès qu'ils commenceront à s'humilier dans le sentiment de tant de misères. Il les laisse venir jusqu'en Babylone, pour les tirer de la main de leurs ennemis, selon le langage du Prophète : car la confusion où ils sont de leurs chutes les humilie et leur fait demander à Dieu le remède qu'ils n'eussent peut-être pas recherché s'ils ne fussent tombés, et qu'ils eussent peut-être perdu par leur arrogance, ou par leur tiédeur.

    Soyez donc, ô mon Dieu, soyez éternellement adoré, que toutes vos créatures vous bénissent à jamais, et que tous les hommes reconnaissent la grandeur de votre puissance, qui rend dignes du Ciel ceux qui étaient dignes de l'Enfer, et qui rend votre gloire aussi grande à pardonner aux pécheurs, comme à faire des justes et à les soutenir. Car vous sauvez par la douleur et par le regret d'un cœur contrit et humilié, celui qui ne pouvait vous être fidèle ; vous faites que nos offenses nous rendent humbles et prudents, et ardents à votre service. Enfin, que ceux qui vous ont le plus offensé vous aiment davantage, parce que vous leur pardonnez plus abondamment. En quoi nous reconnaissons l'accomplissement de ces paroles de votre Apôtre : "que vous faites avantage de tout à ceux qui vous aiment" (italiques), et de leurs péchés mêmes, selon saint Augustin. »

    St Jean d'Avila (1499-1569), Œuvres chrestiennes sur le verset Audi Filia et Vide (chap. XXIV), A Paris, Chez Edme Couterot, 1662.

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  • Méditation : épreuves, souffrances, et... joie

    « Celui qui va son chemin avec des larmes intérieures selon Dieu, il ne cesse pas d'être en fête. »
    Saint Jean Climaque, l'Echelle sainte, 7e degré, 38 (41)
     
    « Certes, la terre restera toujours la vallée des larmes, le lieu du combat. La joie, même celle qui vient de l'amour de Dieu, n'y est jamais parfaite et sans mélange. D'ailleurs Jésus n'a pas condamné les larmes (1).
    Mais ne l'oublie pas, mon frère, la souffrance elle même n'est pas exempte de joie ; la joie de l'espérance peut demeurer au milieu des larmes et de la douleur.
    Sache supporter avec endurance les difficultés, et tu obtiendras la victoire dans la paix.
    Le détachement de ceux en qui règne sans conteste la charité qui fait posséder Dieu leur permet de vivre dans la joie au milieu de toutes les dérélictions, de toutes les épreuves. La souffrance devient une occasion d'aimer davantage.
    Le monde extérieur n'accable que celui qui n'a pas la vraie vie intérieure.
    Cependant il est nécessaire de lutter contre la tristesse ; celle ci s'insinue parfois traîtreusement dans le cœur et revêt tant de formes variées.
    Si tu t'y abandonnes, tu deviens incapable de supporter avec vaillance les difficultés de la vie. Sois convaincu que la tristesse est une mauvaise passion qu'il faut bannir coûte que coûte. La joie est nécessaire à la santé morale, elle est un facteur de vie, une exigence de la vie.
    Tâche de prévenir les pensées et les impressions tristes.
    Si parfois la colère, la crainte, la tristesse te surprennent à l'improviste, que le trouble ne dure guère ! Que la lumière du cœur t'oriente vers Dieu, détaché de toi même !
    Dans la souffrance, prie l'Homme des douleurs qui a vaincu la mort et introduit la joie dans le monde par la croix. Ne seras tu pas heureux de Lui ressembler un peu et d'achever en ton âme ce qui manque à ses souffrances pour que sa rédemption te soit pleinement appliquée ? Aie recours à la mère de Jésus, la Vierge bénie, ta mère qui dans le froid et les ténèbres veille sur toi. Dans la nuit noire on croit difficilement que, hors des espaces obscurs, il puisse régner en ce moment une clarté radieuse. Et, cependant, il en est ainsi ; en pleine nuit, le soleil darde dans le ciel, là où tu ne vois rien, des rayons qui vivifient d'autres parties de la terre. Ainsi, pendant que ton âme se trouve dans la nuit obscure, d'autres âmes sont plongées dans un océan de lumière. Patience ; tu auras ton tour, tu ne seras pas toujours dans l'ombre ni le demi jour. Sache attendre et profiter de l'obscurité qui t'entoure pour purifier tes intentions, vivre dans l'espérance de la clarté et de la chaleur du jour, et te concentrer davantage en Dieu, source de la vraie lumière et de la vraie joie.
    […]
    Je le dis et le redis encore : Sers Dieu non dans la dépression, l'abattement, l'âpreté ou le scrupule ; mais dans la joie et l'épanouissement de l'âme (2).
    Si tu t'habitues à écouter toutes les voix joyeuses, à voir tout ce qui t'invite à la joie, tu ne tarderas pas à être joyeux du matin à ton réveil au soir à ton coucher. Alors tu auras trouvé l'atmosphère qui convient à ton âme, l'atmosphère sereine dans laquelle doit s'étendre toute ton existence.
    Heureux l'homme qui se complaît dans la vie intérieure, dans ce monde de pensées élevées, de sentiments généreux et nobles, de vouloirs énergiques !
    Ces réalités transfigurent sa conduite, resplendissent dans sa vie courante.
    Heureux surtout l'homme qui se délecte dans les pensées de foi, trouve sa joie dans l'amour de son Dieu, du Christ, dans la charité, et conforme sa conduite à la loi de Dieu, aux préceptes de l’Église !
    Oh ! Bienheureux est il s'il est prêt à sacrifier toute chose pour cet idéal qui dépasse infiniment tout autre idéal ! »

    (1) : « Mieux vaut au cœur humain pleurer et se consoler que de cesser en ne pleurant pas, d'être un vrai cœur humain », dit saint Augustin. (Sermon 179).
    (2) : « Ce n'est pas bien faire que de faire le bien à contrecœur. » (Saint Augustin, Confessions, L, I, c. 12.)

    Dom Idesbald Van Houtryve, o.s.b., Dans l'Esprit du Christ (Introduction à "La Vie dans la Paix"), Abbaye du Mont César – Louvain, L’Édition Universelle, S.A., Bruxelles, 1939.

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  • Méditation : les âmes du Purgatoire confiées à nos prières

    « Comment décrire les souffrances de ces âmes encore si imparfaites ? S'il était possible, elles voudraient souffrir davantage encore, tant est puissant le désir de leur union à Dieu, union qui se réalise progressivement jusqu'à ce que soit consumé tout ce qui les empêche de se donner entièrement. Alors ce sera la joie parfaite. Cependant elles sont heureuses. Pourquoi ? Parce qu'elles sont assurées de leur bonheur futur. Elles attendent celui qui vient :
    "J'espérais le Seigneur d'un grand espoir,
    il s'est penché vers moi." (Ps 39)
    Cette assurance de foi, ce désir d'espérance aboutiront à une vision et à une possession définitives. Aimons ces âmes. Dégagées, purifiées des appétits terrestres, elles sont plus que d'autres dignes de notre amour ! Humbles et joyeuses en leur douloureuse aspiration, ce sont bien authentiquement les filles du Père céleste. Elles nous sont confiées, elles sont nôtres. Comme est grande la délicatesse de notre Dieu ! Il nous les confie pour que nous les lui amenions. L'accomplissement total de son dessein d'amour sur telle âme est entre nos mains. Qu'il soit loué !
    Seigneur, accordez aux âmes des fidèles le repos éternel de votre amour ! »

    Cum Ecclesia - Méditations sur les textes du Missel et du Bréviaire (2 Novembre), Éditions J.H. Gottmer, Haarlem, 1961.

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    La Vierge intercède pour les âmes du Purgatoire, Luca Giordano (1634-1705), Abbaye de Montserrat

  • Méditation : le saint sacrifice de la Messe

    Suite de la méditation du vendredi 11 juillet

    « Chaque jour, le drame du Golgotha se reproduit et se perpétue sur nos autels ; le saint sacrifice de la messe est essentiellement le même que celui de la croix ; seul « le mode d'oblation diffère » : sola offerendi ratione diversa. Le même Christ qui, sur la croix, s'est offert d'une façon sanglante, est offert, par le ministère du prêtre, d'une manière non sanglante. Dieu y reçoit la même gloire, et nous y obtenons les mêmes grâces. Toutes les souffrances de Jésus sont à ce moment représentées au Père éternel : Mortem Domini annuntiabitis ; le Christ fait entendre le même appel à la miséricorde. Alors Dieu pardonne et se montre clément envers les hommes aux misères sans nombre, parce qu'ils sont les membres de son Fils.

    Oui, Dieu est vraiment admirable dans ses œuvres. Combien le psalmiste avait raison de s'écrier : Quam magnificata sunt opera tua, Domine ! Omnia in sapientia fecisti. « Ô Seigneur, vous avez marqué toutes vos œuvres du sceau de la magnificence et de la sagesse ! » Dans sa Sagesse et sa bonté adorables, Dieu a su combiner si parfaitement les choses qu'il tire sa gloire de notre propre misère. Non seulement, elle lui est une occasion d'exercer sa miséricorde, mais le Christ Jésus ayant pris sur lui nos fautes et nos faiblesses et les ayant expiées en sa personne, chaque fois que Dieu nous fait miséricorde, il glorifie son Fils et fait valoir les mérites de son sang précieux.

    Des satisfactions du Christ, s'élève continuellement vers « le Père des miséricordes » un encens d'adoration et de gloire infinie. »

    Bx Columba Marmion (1858-1923), Mélanges Marmion, in "Face à la souffrance - Venez au Christ vous tous qui peinez", Éditions de Maredsous, 30e mille, 1953.

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  • Mois du Sacré-Coeur - Trentième Jour

    Trentième Jour
     
    Prions, afin que nous soyons reconnaissantes des grâces que Dieu nous a faites.

    Les consolateurs du Cœur de Jésus, c’est nous qui sommes venues pendant ce mois méditer ses tendresses et étudier ses désirs.

    Jésus a été consolé, chaque matin, en nous voyant penser à lui, il veut encore quelque chose de nous. Le mois consacré à son Cœur finit aujourd’hui ; que d’âmes pieuses mettront de côté leurs pratiques, leurs prières accoutumées et oublieront ce qu’elles ont éprouvé de consolation… ! Jésus demande que nous n’oublions pas « son Cœur sacré », et veut que ce matin nous le lui promettions.
    Oui, Jésus, je vous promets de réciter tous les jours une prière à votre Cœur sacré ; je vous promets de vénérer les pieuses images qui le représenteront à ma piété ; je vous promets de faire connaître cette dévotion et de la propager… Soyez ma force, soyez ma joie, soyez mon bonheur !

    Je ferai un acte de consécration au Cœur de Jésus.

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    Consécration au Cœur de Jésus

    Je donne et consacre au Cœur adorable de Jésus ma personne, ma vie, mes pensées, mes paroles, mes actions, mes peines et mes souffrances. Je ne veux plus me servir d’aucune partie de mon être que pour l’aimer, l’honorer, le glorifier. Je vous prends donc, ô Cœur divin, pour l’objet de mon amour, le protecteur de ma vie, l’assurance de mon salut, le remède de mes inconstances, le réparateur de mes défauts, et mon asile assuré à l’heure de la mort. Soyez, ô Cœur plein de bonté, ma justification envers Dieu, et détournez de moi sa juste colère. Je mets toute ma confiance en vous, car je crains tout de ma faiblesse, comme j’espère tout de vos bontés. Anéantissez en moi tout ce qui peut vous déplaire et vous résister ; imprimez-vous comme un cachet sacré sur mon cœur, afin que jamais je ne puisse vous oublier ni être séparée de vous. Je vous en conjure, par toutes vos bontés : que mon nom soit écrit en vous qui êtes le livre de vie, et que vous fassiez de moi une victime toute consacrée à votre gloire ; que je sois dès ce moment embrasée, et un jour tout à fait consumée des flammes de votre amour ; là est tout mon bonheur, n’ayant plus d’autre ambition que celle de vivre et de mourir en vous et pour vous.
    Ainsi soit-il.

    La dévotion au Sacré-Coeur de Jésus
    Exposition sur l'histoire de cette dévotion

  • Méditation : consoler le Coeur de Jésus

    « Ce qui plaît à Dieu avant tout c'est l'accomplissement de ses desseins éternels en nous, par l'usage des moyens qu'Il choisit pour nous, selon l'ordre fixé par Lui de toutes les destinées et de tous les événements. "Il vaut mieux, s'écriait saint François de Sales, n'être qu'un tout petit moucheron, par la volonté divine, qu'un séraphin par sa volonté propre." Dieu s'est choisi pour moi des instruments qu'Il manie Lui-même, qu'Il exerce contre mes défauts et mes faiblesses, qu'Il donne comme un renfort ou un stimulant à ma vertu, dont Il fait pour ma vie surnaturelle tout à la fois un remède, un préservatif et un tonique ; il y a tant à faire en moi, et il est si bon que Dieu le fasse pour mon mérite et pour sa Gloire, que Dieu n'a pas trop de toute mon existence, ni de tout ce qu'Il peut y trouver de personnes exerçantes ou d'événements pénibles, pour me façonner comme Il veut, et me purifier comme il faut, au creuset de la patience. C'est donc à cela que tient tout ce qui touche le plus l'Amour de Dieu pour nous : "c'est avec la chaîne des souffrances patiemment supportées que le Christ forme l'anneau nuptial par lequel Il épouse une âme" (1).

    Qu'il est donc consolant et souvent nécessaire de penser, dans nos difficultés et nos peines, qu'elles sont, par l'amour que nous y mettons et que nous y trouvons, la meilleure consolation que nous puissions donner au Cœur de Jésus, parce que c'est le meilleur moyen de nous unir à ses souffrances et de les rendre fécondes en nous ; "ceux qui sont piqués de la Sainte Couronne, disait saint François de Sales, ne sentent pas les autres piqûres." Louis Veuillot, qui avait vu mourir sa femme, après huit ans de mariage, et qui, sur six enfants, en avait perdu quatre, dont trois en quarante jours, "ne pouvait plus reposer son cœur que sur la pierre d'un tombeau" ; et pourtant il demandait à Dieu de "lui laisser ce baume amer et purifiant" (2). Faisons nôtre cette pierre si aimante et si humaine tout à la fois, en nous souvenant d'ailleurs, avec le Bienheureux Grignion de Montfort, que c'est la très sainte Vierge qui nous aide à bien porter toutes nos croix "en les faisant confire dans le sucre de sa douceur maternelle, et dans l'onction du pur amour (3). »

    (1) : Cf. Mgr Ullathorne o.s.b., évêque de Birmingham, Humilité et patience, Collection Pax vol. IX, Lethielleux/ DDB/ Abbaye de Maredsous, Paris, 1923, p. 111
    (2) : Ce n'est d'ailleurs pas manquer à l'esprit de cette patience forte et aimante que de chercher à soulager les maux dont on souffre, soit pour mieux accomplir les devoirs de son état, soit même simplement pour en atténuer l'effet ou en éviter le retour. Tout cela est dans l'ordre, puisque la souffrance est un mal et qu'il faut se défier de sa faiblesse. Les plus grands saints nous en ont montré l'exemple. Le séraphique saint François faisait renouveler chaque jour, en dehors du vendredi et du samedi, par le bon frère Léon, des compresses d'eau fraîche sur ses plaies sanglantes ; et c'est sainte Thérèse qui, sans oublier sa devise : "ou souffrir ou mourir", mandait à la prieure du Carmel de Séville de lui envoyer "un peu d'eau de fleur d'orange", en "prenant bien garde qu'elle ne se répande pas en chemin" pour calmer ses "grands maux de cœur".
    (3) : Cf. Abbé Antonin Lhoumeau, Élévations mariales, A. Mame, 1919, p. 245.


    Abbé Paul Thône, Sur le Cœur de notre Sauveur (ch. II, II), Desclée de Brouwer et Cie, Éditeurs, Paris, 1934.

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    Icône Akhtyr de la Très Sainte Mère de Dieu
    (Histoire de l'icône, en anglais)
  • Regina Coeli de ce dimanche 4 mai 2014

     

    Dans son commentaire de l’Évangile de ce troisième dimanche de Pâques, qui parle des disciples d’Emmaüs, le Pape a comparé les fidèles aux deux disciples qui reconnurent le Christ Ressuscité. Pareils à eux, « nous arrivons souvent à la messe du dimanche avec nos préoccupations, nos difficultés et nos désillusions. La vie, parfois, nous blesse et nous nous en allons tristes, vers notre “Emmaüs”, tournant le dos au dessein de Dieu. Nous nous éloignons de Dieu. Mais la Liturgie de la Parole nous accueille : Jésus nous explique les Écritures et rallume dans nos cœurs la chaleur de la foi et de l’espoir, et dans la communion il nous donne la force. »

    Le Pape exhorte alors les fidèles présents place Saint-Pierre à lire chaque jour un extrait de l’Évangile et à communier le dimanche comme il l’a déjà fait au cours des mois précédents. « Quand tu es triste, prends la Parole de Dieu ! Quand tu ne te sens pas bien, prends la Parole du Christ ! La Parole de Dieu et l’Eucharistie nous remplissent de joie. »

    Appel du Pape pour l’Ukraine et l’Afghanistan

    A l’issue de la récitation du Regina Coeli, le Pape François a lancé un appel en faveur de la paix en Ukraine. « Je vous invite à confier à la Vierge la situation en Ukraine où les tensions ne cessent pas. Je prie avec vous pour les victimes de ces derniers jours, demandant au Seigneur de répandre dans les cœurs de chacun les sentiments de pacification et de fraternité. »

    Le Pape a également évoqué le drame qui a touché l’Afghanistan cette semaine, « l’énorme glissement de terrain qui s’est abattu sur un village ». « Que Dieu Tout-Puissant, qui connait le nom de chacun d’eux, les accueille tous dans sa paix et qu’il donne aux survivants la force d’aller de l’avant, grâce au soutien de tous ceux qui s’affairent pour soulager leurs souffrances. »

    Cette catastrophe est survenue vendredi dans le district d’Argo dans la province du Badakhshan, frontalière avec le Tadjikistan, la Chine et le Pakistan. Les survivants des glissements de terrain réclamaient ce dimanche une aide d’urgence alors que trois cents personnes sont mortes selon un dernier bilan officiel. De fortes pluies ont provoqué un torrent de boue et de pierres qui a ensuite emporté le village d’Aab Bareek.

    Les jeunes, protagonistes du futur

    A l’occasion de la 90e journée nationale pour l’Université catholique du Sacré Cœur, dont le thème est « avec les jeunes, protagonistes du futur », le Pape François a tenu à saluer cette institution, interpellant par la même occasion les jeunes présents sous ses fenêtres : « vous êtes entrés dans le futur, dans l’histoire ! »

    Le Pape François en a profité pour annoncer qu’il se rendrait prochainement dans la Faculté de médecine et de chirurgie et au « Policlino Gemelli », un des plus grands hôpitaux de Rome, qui fête ses cinquante ans et qui appartient à l’Université du Sacré Cœur.

    Le Pape a enfin salué les participants à la Marche pour la Vie « qui a cette année un caractère international et œcuménique », ainsi que l’association italienne Meter qui combat toute forme d’abus sur les mineurs, et l’association « Relais Sourds » de Lyon.

    Source : Radio Vatican.

    Texte intégral en italien sur le site internet du Vatican.

  • Méditation du Vendredi Saint

    « L'âme de Jésus avait une soif aussi ardente des âmes, que son corps de l'eau du puits. Sa pensée s'étendait sur tous les siècles à venir, et il désirait avec ardeur multiplier la multitude des âmes rachetées. Hélas ! nous pouvons mesurer approximativement le tourment de la soif physique ; mais nous n'avons pas même une ombre qui puisse nous donner une idée de la réalité du tourment qu'endurait son âme. Si l'amour du Créateur pour les créatures qu'il a tirées du néant ne ressemble à aucun amour des anges ni des hommes, si l'espèce en est unique, si le degré en dépasse la portée de notre intelligence, ainsi en est-il de l'amour spirituel pour les âmes que renferme l'âme du Sauveur du monde. L'amour sauveur reste sans terme de comparaison, comme l'amour créateur. [...] Le tourment de cette soif était incomparablement bien plus cruel que celui de l'autre soif. Marie le vit, et cette vue même la transporta aussitôt, pour ainsi dire, dans un monde nouveau et inconnu de douleurs. Elle vit que cette seconde soif serait presque aussi peu satisfaite que l'autre. Elle vit comment, à ce moment, Jésus contemplait dans son âme la procession sans fin des hommes qui s'avançaient chaque jour, sans interruption, d'une aurore à l'autre, en portant avec eux dans l'enfer le caractère du baptême et le sceau du précieux sang de leur Rédempteur. Voyez ! maintenant même, alors que le Sauveur est mourant de soif, le larron impénitent ne veut pas lui donner à boire son âme souillée ! Ainsi allait-il en être à jamais. Marie voyait tout cela. [...] Comme lui elle avait soif des âmes, et son cœur défaillait en voyant que la soif de Jésus ne serait pas étanchée. Ô malheureux enfants que nous sommes ! Combien de nos âmes n'avons-nous pas tenues éloignées, qui ce jour-là auraient consolé la Mère et le Fils ! »

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    Tableau de Pierre Paul Rubens (Source)

    « Il ne faut pas que nous quittions la croix. Nous ne devons pas descendre du Calvaire avant d'être crucifiés, et que la croix et nous soyons devenus inséparables. Mais le Calvaire est le grand théâtre de l'impatience humaine. Beaucoup ont le courage de gravir la colline, portant bravement leur croix sur leurs épaules. Mais, quand ils arrivent au sommet, ils posent leur croix à terre et descendent dans la cité pour prendre part au reste de la fête avec le peuple. Quelques-uns se laissent dépouiller, mais ils se retirent alors, refusant de se laisser attacher à la croix. D'autres y sont cloués, mais se détachent avant l'élévation de la croix. Quelques-uns supportent le choc de l'élévation, puis descendent de la croix avant que les trois heures soient passées ; ceux-ci dès la première heure, ceux-là dans la seconde, d'autres, hélas ! au moment même où la troisième heure est près de sa fin. Hélas ! le monde est plein des déserteurs du Calvaire, et il en est tellement plein que la grâce prudente ou dédaigneuse semble peu s'inquiéter de les arrêter. Car la grâce ne crucifie nul homme malgré lui ; elle laisse ce travail au monde et il le fait traîtreusement ou tyranniquement. [...] Nous voulons bien que notre sanctification ressemble à une opération douloureuse, mais nous désirons que cette opération soit de courte durée ; nous ne pouvons attendre, si elle vient sous la forme d'une guérison graduelle... [...]

    C'est seulement à l'aide de la grâce du silence que les saints portent de si lourdes croix. Une croix pour laquelle nous avons reçu de la sympathie, est bien plus lourde qu'elle ne l'était auparavant, ou il peut arriver que la sympathie nous ait énervés de telle sorte que le poids semble plus grand et la plaie plus douloureuse sur nos épaules. Le silence est l'atmosphère propre de la croix, comme le secret natal. Les meilleures croix sont secrètes, et nous pouvons être silencieux sous celles qui ne sont pas secrètes. Le silence crée réellement pour nous une sorte de secret, même en public. Car du moins nous pouvons cacher combien nous souffrons, si nous ne pouvons cacher tout à fait que nous souffrons. [...] D'une manière ou d'une autre, la sympathie humaine profane les opérations de la grâce. Elle mêle un élément avilissant à ce qui est divin : le Saint-Esprit s'en éloigne parce que c'est une chose qui "venant de la terre, est tout terrestre." Le consolateur ne donne ses meilleures consolations qu'aux cœurs inconsolables... »

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    « Mais il y a une vraie consolation, profondément cachée, il est vrai, et cependant à notre portée, dans ce renoncement à toute consolation humaine. C'est dans les ténèbres de la nature que nous trouvons réellement le voisinage de Jésus. C'est lorsque les créatures sont absentes que nous sommes soutenus dans l'embrassement sensible du Créateur. Les créatures apportent l'obscurité avec elles, partout où elles s'introduisent. Elles nous gênent toujours, interceptent les grâces, cachent Dieu, nous privent des consolations spirituelles, nous rendent languissants et irritables. Elles remplissent tellement nos sens extérieurs, que les sens intérieurs de nos âmes sont incapables d'agir. Nous désirons souvent que notre vie soit plus divine. Mais elle l'est en réalité plus que nous ne le croyons. C'est la douleur qui nous révèle cela... [...] Nous sommes avec Dieu, notre Créateur, notre Sauveur. il est tout à nous ; il est tel que nous l'a fait l'éloignement des créatures. Il était toujours là, toujours le même dans nos âmes ; seulement il était éclipsé par le faux éclat des créatures. Il paraît enfin dans la nuit comme les étoiles. La lune blanche du midi ne nous séduit pas par sa beauté, c'est seulement dans la nuit qu'elle nous charme. De même c'est l'obscurité d'un Calvaire spirituel qui répand sur nos âmes la douce clarté de notre admirable Sauveur. »

    R.P. F.W. Faber (1814-1863), Le pied de la Croix ou les douleurs de Marie (ch. VI), Quatrième édition, Paris, Ambroise Bray, 1862.

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     Plusieurs Chemins de Croix sont proposés ICI.

  • Méditation - Prière : "comment il faut aimer le bon Dieu"

    Ce 10 avril 2014 est le 98ème anniversaire du rappel à Dieu du chanoine Antoine Crozier (1850-1916), prêtre lyonnais d'une très haute spiritualité, qui avait reçu la grâce insigne des sacrés stigmates (le 1er janvier 1901 au cours de la Sainte Messe qu'il célébrait à l'autel du Saint-Sacrement dans la Primatiale Saint-Jean de Lyon) et qui était lié avec le Bienheureux Charles de Foucauld par les liens d'une profonde amitié.

    « Il est très important de prendre l'habitude de faire souvent des actes d'amour parfait, soit pour satisfaire au premier commandement de Dieu, soit pour retrouver l'état de grâce ou pour vaincre les tentations, mais surtout parce que le grand exercice de piété, c'est l'acte d'amour de Dieu.
    Non seulement, en effet, l'acte d'amour augmente la ferveur dans nos exercices de piété, mais même il peut les remplacer quand ils sont impossibles.
    Il arrive parfois qu'une âme, à cause de ses occupations multipliées ou pour d'autres circonstances, ne peut pas faire ses exercices de piété accoutumés ; mais toujours elle aura des actions et des souffrances à offrir au bon Dieu ; toujours, par conséquent, elle pourra faire des actes d'amour de Dieu.
    De plus, il est des exercices de piété qui peuvent paraître trop élevés à certaines âmes ; mais faire des actes d'amour de Dieu, c'est là une chose à la portée de toutes les intelligences, et pour laquelle il suffit d'avoir un peu de bonne volonté.
    [...]
    Il faut répandre partout l'amour de Dieu, le prêcher, le faire comprendre et pratiquer à beaucoup d'âmes.
    Dieu sera plus aimé quand il sera plus connu ; il sera aussi plus connu quand il sera plus aimé, et rien n'affermira et n'étendra mieux le règne de la vérité que le règne de l'amour.
    C'est un grand honneur et une joie profonde de prêcher l'amour divin et de procurer à Dieu des actes d'amour.
    [...]
    "Ah ! si je pouvais persuader à un seul d'entre vous de servir Jésus par amour, quelle joie ce serait dans le ciel ! quel bonheur pour Marie ! quelle consolation pour le Sacré-Cœur de Jésus ! Une âme de plus, dans le monde, qui sert Dieu par amour ! Ô doux Sauveur ! des milliers d'années passées dans la pénitence n'achèteraient point trop cher le plaisir de vous offrir une telle consolation ! Le soleil et ses voiles de pourpre, les cieux et leur couronne d'étoiles, les montagnes et leur parure, les mers et leur reflet brillant, les bois et leurs parfums, les fleurs et leur émail, sont loin d'égaler la beauté d'une âme qui sert Jésus par amour, au sein des douleurs communes, dans cette vallée de larmes." (P. Faber, Tout pour Jésus !). »

    Père Antoine Crozier (1850-1916), Comment il faut aimer le bon Dieu (I P., III, I & V), Lyon, Librairie Emmanuel Vitte, 1894.
    (Cf. Fr. Bernard-Marie, Le Père Crozier, l'ami stigmatisé du Père de Foucauld, Éditions du Chalet, Coll. "Visages de l’Église", Paris, 1988.)

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  • Méditation : se préparer à la Rencontre

    « Sans un véritable amour pour le Christ, nous ne saurions être Ses véritables disciples ; et nous ne saurions L'aimer si notre cœur n'est ému de gratitude envers Lui ; et nous ne saurions sentir dûment cette gratitude, si nous ne ressentons vivement ce qu'Il a souffert pour nous. En vérité, il nous semble impossible que quiconque puisse atteindre à l'amour du Christ s'il n'éprouve aucune détresse, aucune angoisse de cœur à la pensée des amères douleurs qu'Il a souffertes, et ne ressent aucun remords d'y avoir contribué par ses péchés.
    [...]
    Un jour, mes frères, nous nous lèverons. Chacun de nous se lèvera de sa tombe et verra Jésus-Christ. Nous verrons Celui qui fut suspendu à la Croix, nous verrons Ses blessures, nous verrons les plaies de Ses mains, de Ses pieds et de Son côté. Avons-nous le désir d'être de ceux qui gémiront et se lamenteront, ou de ceux qui se réjouiront ? Si nous ne voulons pas nous lamenter alors à Sa vue, nous devons nous lamenter à présent, en pensant à Lui.

    Préparons-nous à rencontrer notre Dieu. Venons à Sa Présence aussi souvent qu'il se peut. Essayons de nous figurer que nous voyons Sa Croix, que nous Le voyons sur cette Croix. Alors, approchons-nous de Lui...
    Représentez-vous que vous voyez Jésus-Christ sur la Croix, et dites-Lui comme le bon larron : "Seigneur, souvenez-Vous de moi quand Vous entrerez dans Votre royaume." C'est-à-dire : "Souvenez-Vous de moi, Seigneur, avec miséricorde ; ne Vous souvenez pas de mes péchés, mais de Votre propre Croix ; souvenez-Vous de Vos propres souffrances, souvenez-Vous que Vous avez souffert pour moi, pécheur ; souvenez-Vous au dernier jour que j'ai, durant ma vie, ressenti Vos souffrances, que j'ai souffert sur ma croix à Vos côtés. Souvenez-Vous alors de moi et faites-moi à présent souvenir de Vous." »

    Bx John-Henry Newman (1801-1890), Extraits du Sermon sur Isaïe 53,7, in "12 sermons sur le Christ", Trad. Pierre Leyris, Paris, Seuil, 1954.

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  • Méditation : le silence dans la souffrance

    « "Jésus, surtout au Très Saint Sacrement, est la brebis qui se laisse mener à l'immolation, l'Agneau qui ne fait pas de bruit au milieu de la multitude qui l'insulte et l'oublie."
    Vénérable Mère Marie-Thérèse du Coeur de Jésus (Théodelinde Dubouché, 1809-1863)
    fondatrice de la Congrégation de l'Adoration Réparatrice.

    Jésus-Hostie se plaint-Il de l'indifférence de si nombreux baptisés à l'égard de son Sacrement d'amour ? Il se tait. Jésus-Hostie s'irrite-t-Il contre les impies qui tournent en dérision et outragent le plus ineffable des dons ? Il se tait. Jésus-Hostie se révolte-t-Il devant l'attitude sans respect, jusque dans le sanctuaire, en son auguste présence, des chrétiens médiocres ? Il se tait. Jésus-Hostie se venge-t-Il enfin des profanateurs de son Corps sacré et des perpétuels Judas ? "Si mon ennemi me maudit, gémit le Psalmiste, je le supporterai ; mais que ferai-je si c'est l'ami qui partageait avec moi la douceur des mêmes festins ?" Que va donc inventer de terrible la sainte colère de ce Jésus qui pour affirmer jadis les droits de son Père, méprisés par les vendeurs du Temple, tressait des fouets, puis en frappait et labourait leur dos ? Il se tait, Jésus-Hostie se tait toujours.
    Il s'est tu durant sa Passion : roué de coups, sali de crachats, accablé d'injures, l’Évangéliste résume son attitude en ces simples mots : "Jesus autem tacebat - Or Jésus se taisait."
    Il s'est tu à Nazareth, Il s'est tu à Bethléem. Jésus a racheté le monde par ses souffrances et son silence.

    Quelle puissance réparatrice se cache donc dans le silence, dans le silence de patience ? Réparer avec Jésus ; c'est l'ambition de votre amour, mais réparer en silence, voilà son triomphe.
    Le Seigneur Lui-même confiait à une de ses servantes : "Souffre uniquement pour Moi... le plus grand nombre d'âmes, souvent même très pieuses, parlent beaucoup de mérites en racontant ce qu'elles endurent à qui veut les entendre... elles désirent la compassion de la créature... la nature est satisfaite... mais la grâce s'affaiblit..."
    Ne vous justifiez point devant une accusation injuste, à moins que ne l'exige l'obéissance ! Mordez votre langue, si sur vous à l'improviste l'humiliation tombe. On se fâche, on médit de vous, on calomnie vos intentions les plus droites, on ironise à votre endroit, n'oubliez pas que l'attitude la plus sage, la plus chrétienne, la plus réparatrice, c'est le silence.
    Viennent enfin les maladies, les angoisses, les aridités, le dégoût d'une vie parfaite et tant d'autres tentations, et ces nuits où l'âme désolée semble être abandonnée de tous, abandonnée de Dieu, abandonnée même de Celui qu'elle aime par-dessus tout : le Sauveur Jésus. En de telles heureuses épreuves, âme réparatrice, que ton œuvre s'achève en perfection dans le silence, à l'exemple de Jésus au très Saint Sacrement. »

    L. Mandin, Triduum Eucharistique, Foi Amour Réparation, Adoration Réparatrice, Rue d'Ulm à Paris, 1934.

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    "Le Christ aux liens" - Hospices de Beaune (salle des "pôvres")