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abnégation

  • Méditation - Devenir saints - Invitation à l'intériorité

    « Si quelqu'un veut me suivre, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge de sa croix, et qu'il me suive. »
    (Mt 16, 24 ; Lc 9, 23)

    « Nous ne deviendrons saints qu'en nous acceptant, en assumant l'entière responsabilité de nos vies telles qu'elles sont, avec leurs désavantages et leurs limites, et en nous soumettant à l'action purifiante et transformante du Sauveur.
    [...]
    La haine de soi morbide, qui passe parfois pour de l'humilité, ne renferme aucun bien. Un idéal spirituel teinté d'une horreur manichéiste du corps et des choses matérielles ne renferme aucune espérance. Un angélisme qui n'est qu'un raffinement d'égoïsme infantile ne peut donner ni liberté spirituelle ni sainteté.

    Et cependant nous devons, en même temps, maîtriser nos passions, pacifier notre esprit avec une humilité et une abnégation profondes, pouvoir dire NON, fermement et définitivement, à nos désirs excessifs, et mortifier même certains de nos besoins légitimes, pour nous discipliner.

    Le travail qui consiste à nous donner à Dieu [...] est profondément sérieux et n'admet pas de compromis. Il ne suffit pas de méditer sur une voie permettant d'arriver à la perfection par le sacrifice, la prière et le renoncement au monde.

    Il faut vraiment jeûner, prier, renoncer à nous-mêmes et devenir des hommes intérieurs si nous voulons un jour entendre la voix de Dieu en nous. Il ne suffit pas d'essayer de devenir parfaits au moyen d’œuvres actives et de croire que les observances et les devoirs [...] suffisent, par eux-mêmes, à transformer nos vies dans le Christ. Celui qui se contente de « travailler » pour Dieu extérieurement n'a peut-être pas, pour Lui, cet amour intérieur qui est indispensable à la véritable perfection, qui cherche non seulement à Le servir mais à Le connaître, à s'unir à Lui dans la prière, à s'abandonner à Lui dans la contemplation. »

    Thomas Merton (1915-1968), Vie et Sainteté (chap. II), Traduit par Marie Tadié, Aux Éditions du Seuil, Paris, 1966.

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    (Crédit photo)

  • Méditations de la Semaine Sainte - Vendredi

    (suite de la méditation d'hier)

    « Je suis convaincu qu'en dehors des sacrements et des actes de la liturgie, il n'y a pas de pratique plus utile pour nos âmes que le chemin de croix fait avec dévotion. Son efficacité surnaturelle est souveraine. Pourquoi cela ?

    D'abord parce que la passion de Jésus est son œuvre par excellence ; presque tous les détails en ont été prédits ; il n'y a pas de mystère de Jésus dont les circonstances aient été annoncées avec tant de soin par le psalmiste et les prophètes. Et quand on lit, dans l’Évangile, le récit de la passion, on est frappé de l'attention qu'apporte le Christ Jésus à « réaliser » ce qui a été annoncé de lui. [...]

    Nous devons encore aimer à méditer la passion parce que c'est là aussi que le Christ fait éclater ses vertus. Il possède toutes les vertus en son âme, mais l'occasion de les manifester se produit surtout dans sa passion. Son amour immense pour son Père, sa charité pour les hommes, la haine du péché, le pardon des injures, la patience, la douceur, la force, l'obéissance à l'autorité légitime, la compassion, toutes ces vertus éclatent d'une façon héroïque dans ces jours de douleurs.
    Lorsque nous contemplons Jésus dans sa passion, nous voyons l'exemplaire de notre vie, le modèle - admirable et accessible tout à la fois, - de ces vertus de componction, d'abnégation, de patience, de résignation, d'abandon, de charité, de douceur, que nous devons pratiquer pour devenir semblables à notre divin chef : Si quis vult post me venire, abneget semetipsum, et tollat crucem suam, et sequatur me (1).

    Il y a un troisième aspect que nous oublions trop souvent et dont l'importance est pourtant extrême. Lorsque nous contemplons les souffrances de Jésus, il nous donne, d'après la mesure de notre foi, la grâce de pratiquer les vertus qu'il a révélées durant ces heures saintes. Comment cela ?
    Quand le Christ vivait sur terre, « une force toute-puissante émanait de sa personne divine, qui guérissait les corps », éclairait les esprits et vivifiait les âmes : Virtus de illo exibat, et sanabat omnes (2).
    Il se passe quelque chose d'analogue lorsque nous nous mettons en contact avec Jésus par la foi. A ceux qui, avec amour, le suivaient sur le chemin du Golgotha ou assistaient à son immolation, le Christ a sûrement octroyé des grâces spéciales. Ce pouvoir, il le conserve encore à présent ; et, quand en esprit de foi, pour compatir à ses souffrances, et l'imiter, nous le suivons du prétoire au calvaire et nous nous tenons au pied de sa croix, il nous donne ces mêmes grâces, il nous fait part des mêmes faveurs. N'oubliez jamais que le Christ Jésus n'est pas un modèle mort et inerte ; mais, toujours vivant, il produit surnaturellement en ceux qui s'approchent de lui dans les dispositions voulues, la perfection qu'ils contemplent en sa personne. »

    1. Matth. XVI, 24 ; cf. Marc. VIII, 3-4 ; Luc. IX, 23 ; XIV, 27. - 2. Luc. VI, 19.

    (méditation poursuivie tout au long de la Semaine Sainte)

    Bx Columba Marmion (1858-1923), Le Christ dans Ses Mystères (ch. XIV, I), Abbaye de Maredsous, Desclée de Brouwer & Cie, Paris, 1937.

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    James Tissot (1836–1902), La mort de Jésus
    Brooklyn Museum, NY (USA)

  • Méditation : Qu'est-ce qu'une vie véritablement chrétienne ?

    « Le christianisme n'est autre chose que la vie de Jésus-Christ reproduite dans ses disciples. Qui dit chrétien, dit un autre Christ : Christianus, alter Christus. Or, ouvrez l’Évangile, et voyez ce qu'est Jésus-Christ, c'est une crèche pauvre ; c'est une croix douloureuse ; c'est, entre cette crèche et cette croix, trente années d'abnégation et de sacrifice. Jésus-Christ, c'est la lutte à mort contre la chair, contre le péché ; c'est la guerre à outrance contre le monde. Certes, un tel exemple est assez éloquent, et il semble que l'Homme-Dieu n'avait plus besoin de paroles pour établir sa doctrine.
    Cependant, écoutez cet oracle du Maître : « Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il se renonce soi-même, qu'il porte sa croix et qu'il me suive. (1) » [...] Le Maître continue : « Celui qui ne prend pas sa croix pour me suivre n'est pas digne de moi (2) » ; et ailleurs : « Et si quelqu'un ne porte pas le fardeau de sa croix à ma suite, il ne peut pas être mon disciple (3) ». [...] Le chemin de quiconque veut suivre Jésus-Christ, de quiconque veut se rendre digne de Jésus-Christ, de quiconque veut être disciple de Jésus-Christ, c'est le chemin du renoncement à soi-même, c'est le chemin de l'immolation, c'est le chemin du Calvaire. Il n'y aura jamais d'autre christianisme que celui qui a été ainsi défini par son auteur.
    [...]
    Que chacun de ceux qui entendent nos paroles ne porte pas sa pensée sur autrui, mais la replie vers soi-même, et se demande si, à un degré ou un autre, il n'appartient pas à cette école idolâtre de l'intérêt et du plaisir, à cette école égoïste et sensuelle, pour qui la morale du chacun pour soi, chacun chez soi, a remplacé totalement la maxime évangélique du renoncement à soi et de l'immolation aux autres. Je sais que la religion du moi, qui règne effrontément chez un grand nombre, a la prétention de se concilier avec la religion de Jésus-Christ chez plusieurs autres, et c'est à ceux-ci que je dois m'adresser d'abord, pour leur montrer combien ils se sont insensiblement éloignés de la véritable vie chrétienne qu'ils se persuadent professer toujours.

    La plus grande plaie qui, dans ces derniers temps, ait affligé l’Église de J.-C., c'est l'introduction dans la société chrétienne de mœurs profanes et d'habitudes efféminées et voluptueuses. L'austérité, nous ne disons pas des premiers âges du christianisme, mais de temps qui ne sont pas encore loin de nous, s'efface de plus en plus au milieu même des familles qui ont conservé quelques autres traditions ; et si nous continuons à suivre la pente qui nous entraîne, l'époque n'est pas éloignée où il n'en restera plus trace que dans les livres. Le nom de J.-C. pourra se trouver encore parmi nous ; sa vie ni sa morale ne s'y rencontreront plus. Le crucifix d'or ou d'ivoire pourra conserver une place d'honneur dans l'oratoire, ou demeurer suspendu aux murailles ; la croix vivante ne sera plus imprimée sur la chair et dans les cœurs. [...] Nous avons emprunté à un peuple séparé depuis trois cents ans de la croyance, et aussi de la morale de l’Église, cet amour d'un luxe commode, cette recherche de l'aisance et du bien-être, disons le mot puisque nous l'avons pris avec la chose, ce confortable qui énerve les caractères, qui dévore, comme une plante parasite, les forces vitales de l'âme, qui rapetisse les intelligences, et concentre l'homme tout entier dans les soins minutieux d'un ameublement de boudoir, dans les détails d'une parure, dans l'ordonnance de divertissements pleins de mollesse, que sais-je ? dans ces superfluités de bon ton, dans ces mille riens qui sont devenus une nécessité du temps présent. [...]

    « Nous disons qu'on peut se sauver dans le monde, mais pourvu qu'on y vive dans un esprit de détachement ; qu'on peut se sauver parmi les richesses, mais pourvu qu'on les répande dans le sein des pauvres ; enfin qu'on peut se sauver dans les dignités et les honneurs, mais pourvu qu'on en use avec modération (4) ». Ainsi parlait Bossuet dans son panégyrique du plus grand des moralistes chrétiens de ces derniers âges, saint François de Sales. Les écrits de cet aimable restaurateur de la piété parmi les personnes du siècle, sont entre toutes les mains ; puisse sa forte et rigide doctrine de renoncement et de sacrifice n'être jamais séparée de son incomparable esprit de mansuétude et de miséricorde ! Car, s'il a ramené la dévotion au milieu du monde, « ne croyez pas que ce soit en la déguisant pour la rendre plus agréable aux yeux des mondains ; non, il l'amène dans son habit naturel, avec sa croix, avec ses épines, avec son détachement et ses souffrances (5) ». Instruisez-vous à cette école, vous qui avez résolu de vivre chrétiennement dans le siècle, et vous rentrerez dans cette route royale de la sainte croix, dont vous vous êtes plus ou moins écartés, et qui demeurera toujours la seule route du ciel tracée par Jésus-Christ. »

    1. Mt XVI, 24. - 2. Mt X, 38. - 3. Lc XIV, 27. - 4. Panégyrique de saint François de Sales, Premier point, Ed. Lebel, Tome IX, p.37. - 5. d°, p.36.

    Mgr Louis-Édouard Pie (1815-1880), extraits de l'Instruction pastorale sur l'esprit de renoncement et de sacrifice (I-III-IV-V), Carême 1853, in "Œuvres de Monseigneur l’Évêque de Poitiers" (LVI), Dixième édition, Tome I, Paris, Ancienne Librairie Religieuse H. Oudin, 1890.

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  • Méditation 3ème semaine de Carême : la concupiscence (5)

    La vertu, c'est l'ordre dans l'amour.
    (Saint Augustin)

    « La vertu, c'est la force, force courageuse et libre qui ramène l'amour et avec lui tout l'homme vers son centre divin, et par là le fait remonter, en cherchant l'infini, vers les sommets glorieux du vrai progrès humain.
    Aussi, voyez l'homme ou le peuple qui a rétabli par réaction contre la concupiscence l'ordre dans son amour. Ô spectacle digne de l'ambition des hommes et des regards de Dieu ! le cœur tout entier est tourné vers l'infini qu'il cherche et qu'il aspire ; les affections s'en élèvent comme une vapeur d'encens qui glorifie Dieu et embaume les hommes en s'évanouissant elle-même. Le poète a dit : Dieu a donné à l'homme un visage sublime et regardant le ciel ; mais voici bien autre chose : l'homme, par son courage, s'est refait à lui-même un cœur haut qui appelle Dieu et cherche l'infini. Le dévouement, l'abnégation, la pureté, la fraternité, la charité, s'en enlèvent comme ses naturelles aspirations. En un mot, tout cet amour, qui est le fond et le mouvement de la vie, monte ; et tout ce qui est dans l'homme s'élève, rapporté dans son mouvement, et ne redescend vers la terre que comme descendent les eaux attirées par le soleil, pour se répandre en douce pluie ou une féconde rosée. »

    R.P. C.J. Félix s.j. (1810-1891), Le Progrès par le christianisme - Conférences de Notre-Dame de Paris, Année 1857 (Deuxième conférence : la concupiscence obstacle au progrès), 4e édition, Paris, Librairie d'Adrien Le Clere et Cie, s.d.

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  • Méditation 2ème semaine de Carême : égoïsme et amour de Jésus-Christ (2)

    « Voilà en effet le plus grand miracle accompli par l'amour de Jésus-Christ, la défaite de l’Égoïsme dans les coeurs dont il s'est emparé. Jésus-Christ avait osé fonder la restauration du monde sur cette parole inouïe : Abnega metipsum ["Si vis esse discipulus meus: abnega temet ipsum : qu'il renonce à lui-même" NR]. C'était demander à l'homme ce que l'homme seul ne pouvait accomplir, c'était lui demander en lui-même avec la mort du moi l'extermination de l’Égoïsme. Mais il comptait, pour l'obtenir, sur la puissance de son amour ; il savait que son coeur pouvait tout vaincre, et que même l’Égoïsme ne lui résisterait pas. C'est ce qui est arrivé ; l'amour de Jésus-Christ, en prenant possession des cœurs, y a exterminé le moi, ou du moins il a fait que les saints ont parlé et qu'ils ont agi comme si ce moi n'existait plus. Écoutez cet amour de Jésus-Christ attestant lui-même son règne au fond du cœur humain, et avec ce règne la défaite de l’Égoïsme vaincu : « Je vis ; mais non, ce n'est pas moi qui vis, c'est Jésus-Christ qui vit en moi. » Vivo autem, jam non ego, vivit vero in me Christus (1). Jamais rien de pareil n'avait été dit ; et il est impossible que le cœur humain laisse échapper un cri qui atteste mieux, dans le triomphe de l'amour de Jésus-Christ, la défaite du moi et la mort de l’Égoïsme : Vivo, jam non ego... Le moi n'existe plus, il n'y a plus de moi, ou s'il existe encore, il est absorbé dans l'amour qui a pris possession de tout. Le moi ne règne plus, le moi ne gouverne plus, le moi ne commande plus : Jam non ego : il n'y a plus dans mon être, pour tout gouverner, tout diriger, tout entraîner, que Jésus-Christ, Jésus-Christ encore, Jésus-Christ toujours : Jésus-Christ qui est mon impulsion, Jésus-Christ qui est mon terme, Jésus-Christ qui est ma route, Jésus-Christ qui est ma vie : Mihi vivere Christus est ; Jésus-Christ toute ma pensée, Jésus-Christ tout mon amour, Jésus-Christ toute ma volonté, toute ma puissance et toute ma souveraineté ; Jésus-Christ qui est tout dans tous les chrétiens comme il est tout en moi : Omnia et in omnibus Christus (3). Périsse tout mon être, s'il y a en moi une fibre que fasse vibrer un autre nom que son nom ; meure toute ma vie, s'il y a dans cette vie un mouvement dont Jésus-Christ ne soit pas le principe, le but et la règle ! Périsse mon intelligence, si j'ai une pensée contre sa pensée ! Périsse mon cœur, s'il garde une affection qui ne cherche son amour avant tout autre amour ! Périsse mes puissances, et que je sois condamné à une stérilité éternelle, si je fais une action qui ne soit pas pour sa gloire ! »

    1. Gal. II, 20. - 2. Philipp. I, 21. - 3. Col. III, 11.

    R.P. C.J. Félix s.j. (1810-1891), Le Progrès par le christianisme - Conférences de Notre-Dame de Paris, Année 1858 (Septième conférence : le progrès moral par la destruction de l'égoïsme), 4e édition, Paris, Librairie d'Adrien Le Clere et Cie, s.d.

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  • Mois du Sacré-Coeur - Vingt-huitième Jour

    Vingt-huitième Jour
     
    Prions pour les personnes que le monde méprise, afin qu’elles supportent patiemment leurs ennuis.

    Les troisièmes consolateurs du Cœur de Jésus, ce sont les âmes humbles, inconnues et heureuses d’être oubliées.

    Ce sont celles qui imitent le plus parfaitement la vie de Jésus-Christ dans l’Eucharistie et sa vie cachée à Nazareth, sous le regard de Marie ; - âmes que personne ne connaît, à qui personne ne pense et qui amassent tous les jours des trésors de patience, d’abnégation, de résignation, de charité, en supportant les défauts des autres, souvent leur dédain, en se dévouant à tous… et qui, chaque soir, sans vanité, sans même avoir conscience de leur mérite, offrent à Dieu un cœur immolé et pur, qui console le Cœur de Jésus…

    Je m’appliquerai aujourd’hui à peu parler et à faire quelques bonnes actions loin de tous les regards.
  • Un mois avec Marie - Vingt et unième jour

    UN MOIS AVEC MARIE

    VINGT ET UNIÈME JOUR
    La Mortification

    Stabat MaterBeaucoup accompagnent volontiers le Sauveur au Thabor, mais combien peu au Calvaire !
    Seul, saint Jean représentait le Collège apostolique au pied de la Croix. Il est vrai que tous les Apôtres moururent martyrs par la suite, lorsqu'ils se furent ressaisis.
    Ils formaient une élite.
    Le véritable amour de Dieu ne consiste pas à éprouver une ferveur sensible, une jouissance égoïste, il est un don, une immolation de soi par la pratique du devoir. Il ne peut donc naître, vivre et grandir que dans l'atmosphère de l'abnégation, de la mortification.
    Parmi la foule des humains, clairsemés sont ceux qui le comprennent. Peu d'âmes marchent rapidement dans la voie de cet amour, parce qu'il y en a bien peu qui entrent généreusement dans la voie du sacrifice.
    Cependant, notre céleste Mère nous le dit : « La mortification et le sacrifice plaisent beaucoup à Jésus. »
    Une seule chose importe vraiment ici-bas : aimer Dieu en vérité, c'est-à-dire devenir un Elu : un Saint. Cela requiert une sincère et persévérante bonne volonté, car la nature déchue est fertile en fruits sauvages ; mais pour en produire de bons, elle demande à être greffée.
    Qui veut se sauver doit donc tout d'abord réprimer énergiquement ses inclinations défectueuses, c'est-à-dire, les mortifier.
    Mortifier, c'est donner la mort à quelque chose qui vit : à un désir, un sentiment répréhensibles, à un jugement faux, à une pensée, un dessein mauvais. Depuis la chute originelle, mourir à soi-même demeure la loi - austère assurément, mais nécessaire - loi vitale sans laquelle la meilleure semence spirituelle demeurerait infructueuse.
    La pierre de touche de la sainteté se nomme : mortification.
    Pourquoi tant la redouter puisqu'elle est le creuset dans lequel se forme la vertu ?
    L'or se purifie dans le feu. De même, l'âme se purifie et se fortifie dans la tribulation. Il y a peu de Saints parce qu'il y a peu d'âmes mortifiées. « Si l'on avait plus de foi, on vivrait de mortification comme de pain, tandis qu'on la fuit comme la peste. »
    Comme notre adorable Sauveur, aimons le monde des âmes. Il l'a aimé, Lui, jusqu'à la Passion : « Je suis venu pour le sauver (1) ».
    Aimons-le avec le Père qui ne cesse point de l'aimer : « Dieu a tellement aimé le monde (2).... »
    Mais gardons-nous de l' « esprit mondain » : esprit terrestre, esprit charnel de jouissance, d'orgueil, de cupidité : infusé par le prince des ténèbres, prince de ce monde.
    Travaillons à soumettre notre nature à la raison. Qu'importe si elle gémit pourvu que l'esprit triomphe. Plus nous avançons dans le chemin de la mortification, plus nous nous rapprochons de Dieu. Jésus prend place en nous selon l'espace libre qu'il y trouve.
    « Fais-toi capacité, je me ferai torrent », disait-il à une sainte âme (3).
    Oh ! le merveilleux stimulant ! Mourir à ses passions, se vider de soi-même pour se remplir de Dieu !
    Mais hâtons-nous car le temps a des ailes : il s'enfuit sans retour. Que voudrions-nous avoir fait à l'heure de la mort ?
    Écoutons les avis du bon Maître : « La mortification est comme le canal par où passent mes grâces de choix. Si ce canal est petit, il en passe peu, mais s'il est grand, il en passe beaucoup. Si tu veux demeurer dans l'embrassement de l'Amour, reste dans l'embrassement du sacrifice. »
    Nul aussi bien que Marie n'a pratiqué ces divins conseils ; livrons-nous à son Cœur maternel, afin qu'elle nous aide à mourir au « moi » et à ses convoitises malsaines. Là, sont notre perfection et notre bonheur, même sur cette terre, où ne sont intimement, réellement heureux que les Saints.

    PRIÈRE

    Ô Cœur très pur de ma divine Mère, daignez m'obtenir du Cœur de Jésus cet esprit chrétien qui conduit à la pureté du cœur, qui n'entretient que de bonnes pensées, qui ne forme que de généreux desseins, qui réserve ses empressements pour les choses de l’Éternité. Que toutes les autres préoccupations soient déjà pour moi ce qu'elles seront à ma dernière heure, ce qu'elles sont aux yeux de Dieu : vanité, néant, misère.

    Reine de tous les Saints, priez pour nous.

    (1) Jo. III, 17.
    (2) Jo. III, 16.
    (3) Sainte Catherine de Sienne.

    Œuvre de Propagande du Sacré-Cœur, Lyon, 1945.
    Nihil obstat : Montepessulano, 12.03.1945 – A. Bonjean, c.d.
    Imprimatur : Montepessulano, 13.03.1945 – Jean Rouquette, v.g.

  • Audience générale de ce mercredi 29 août à Castelgandolfo

    La vie chrétienne exige le martyre de la fidélité quotidienne à l’Evangile

    Une foule en fête massée sur la place devant le Palais apostolique. Benoît XVI leur a rappelé que les chrétiens ne peuvent accepter aucun compromis quand il s’agit de l’amour du Christ. Sa catéchèse était centrée cette semaine sur le martyre de Saint Jean-Baptiste dont l’Eglise fait mémoire le 29 août. La vie chrétienne exige le martyre de la fidélité quotidienne à l’Evangile.

    « Le martyre de Saint Jean-Baptiste nous aide à comprendre que la foi rend les hommes capables de rester fidèles à la vérité et au bien, même au prix de l’abnégation et du sacrifice.
    Son exemple nous invite à ne pas faire de compromis dans notre vie avec l’amour du Christ, avec sa Parole et avec la Vérité. »
    Benoît XVI a invité les fidèles à être persévérants dans la prière afin que notre vie ne soit pas falsifiée par des compromis avec le mal et avec le mensonge. Il ne peut y avoir de compromis avec la vérité.
    « Nous devons avoir le courage de laisser grandir Dieu en nous afin qu’il puisse orienter nos pensées et nos actions. Seule une vie de prière fidèle, constante et confiante nous en rendra capables.
    La prière n’est donc pas une perte de temps, un espace volé à nos activités y compris apostoliques. Au contraire, elle permet à Dieu de nous donner la force et la capacité de vivre dans la joie et la sérénité et de lui rendre fidèlement témoignage. »

    Source : Radio Vatican.


    Benoît XVI aux servants d’autel français :

    « Faites grandir votre relation avec Jésus »

    Quelques 2.600 servants d'autel sont en pèlerinage à Rome depuis dimanche dernier.
    Le Colisée, le Forum ou la basilique Saint Clément, ils découvrent la Rome antique afin de mieux comprendre le monde dans lequel est né le christianisme. Visite aussi des catacombes.

    Mais ce mercredi matin, ils étaient à Castelgangolfo pour l'audience générale du mercredi. Et Benoît XVI, au-delà de sa catéchèse sur le martyr de Saint Jean-Baptiste, a pris le temps de s'adresser directement à tous ces jeunes qui "servent la messe". Le Pape leur a rappelé que ce service à l'église était un privilège :

    « C’est avec affection que je vous salue chers servants d’autel venus de France pour leur pèlerinage national à Rome, ainsi que Mgr Breton, les autres Évêques présents et les accompagnateurs de ce groupe important. Chers jeunes, le service que vous accomplissez fidèlement vous permet d’être particulièrement proches du Christ-Jésus dans l’Eucharistie. Vous avez l’énorme privilège d’être près de l’autel, près du Seigneur. Ayez conscience de l’importance de ce service pour l’Église et pour vous-même. Que ce soit pour vous l’occasion de faire grandir une amitié, une relation personnelle avec Jésus. N’ayez pas peur de transmettre avec enthousiasme autour de vous la joie que vous recevez de sa Présence ! Que votre vie tout entière resplendisse du bonheur de cette proximité avec le Seigneur Jésus ! Et si un jour vous entendez son appel à le suivre sur le chemin du sacerdoce ou de la vie religieuse, répondez-lui avec générosité ! À tous je souhaite un bon pèlerinage aux tombeaux des Apôtres Pierre et Paul ! »

    Source : Radio Vatican

    Message aux pèlerins francophones et vidéo sur le site internet du Vatican.

  • 5 août : Méditation

    « Au moment d'instituer l'Eucharistie, J'ai vu toutes ces âmes privilégiées qui se nourriraient de mon Corps et de mon Sang et y trouveraient le remède à leur faiblesse, le feu qui consumerait leurs misères et les enflammerait d'amour.
    Je les vis aussi, toutes réunies pour Moi, comme dans un Jardin fermé où chacune Me donnerait sa fleur et Me récréerait par son parfum... Mon Corps Sacré serait le soleil qui leur donnerait la vie et réchaufferait leur froideur... J'irais aux unes pour Me consoler ; aux autres, pour Me cacher ; près d'autres, encore, pour Me reposer... Si vous saviez, âmes très aimées, comme il est facile de consoler, de cacher et de reposer un Dieu !...
    Ce Dieu qui vous aime infiniment, a semé en vous la grâce incomparable de son Appel et vous a attirées d'une façon mystérieuse au jardin de ses délices : ce Dieu qui est votre Rédempteur, s'est fait votre Epoux.
    Lui-même, maintenant, vous nourrit de son Corps très pur et vous désaltère par son Sang, et c'est en Lui que vous trouverez toujours le repos et la félicité.

    Hélas ! pourquoi faut-il que tant d'âmes comblées de mes grâces de choix, deviennent pour mon Coeur un sujet de tristesse ? Ne suis-Je pas toujours le même ? Ai-Je changé pour vous ? Non, mon Amour ne change jamais et, jusqu'à la fin des siècles, Je vous aimerai avec tendresse et prédilection.
    Si vous êtes misérables, Je le sais et mon regard très tendre ne se détourne pas de vous. Au contraire, J'attends avec ardeur que vous veniez à Moi, non seulement pour soulager vos misères, mais pour vous combler de nouveaux bienfaits.
    Si Je vous demande votre amour, ne Me le refusez pas ; il est si facile d'aimer Celui qui est l'Amour même.
    Si J'exige quelque chose de coûteux à votre nature, sachez bien que Je vous donne en même temps la grâce et la force nécessaires pour vous vaincre.
    c'est pour trouver en vous ma consolation que Je vous ai choisies. Laissez-Moi donc entrer dans votre âme et, si vous n'avez rien qui soit digne de Moi, dites avec humilité, mais confiance : "Seigneur, vous connaissez les fleurs et les fruits de mon jardin ! Venez et dites-moi ce qu'il faut que je fasse pour que, dès maintenant, croisse la fleur que vous désirez."

    A l'âme qui Me parle ainsi, avec le vrai désir de Me prouver son amour, Je réponds : "Ame chérie, si tu veux que ton jardin produise la fleur que J'aime, laisse-Moi le cultiver Moi-même... laisse-Moi labourer cette terre... laisse-Moi arracher aujourd'hui ces racines qui Me gênent et que tu n'as pas la force d'enlever !... Si Je te demande le sacrifice de tes goûts ou de ton caractère... tel acte de charité, de patience ou d'abnégation... telle preuve de zèle, d'obéissance ou de mortification, c'est l'engrais qui bonifiera le sol dont J'attends les fleurs et les fruits... Sais-tu quels sont ces fleurs et ces fruits ? La victoire remportée sur toi-même, donnera la lumière à un pécheur... Un ennui, supporté avec joie, cicatrisera les blessures qu'il M'a faites, réparera ses offenses et expiera ses fautes... Une observation acceptée sans trouble et même avec allégresse, obtiendra à des âmes aveuglées par l'orgueil le courage de s'humilier.
    Je ferai cela dans ton âme, si tu M'y laisses la liberté. Alors, non seulement les fleurs y croîtront rapidement, mais tu seras la consolation que cherche mon Coeur..." »

    Jésus à Soeur Josefa Menéndez (1890-1923), in Un Appel à l'Amour, Apostolat de la Prière, Toulouse, 1938.

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