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agneau

  • Méditation - Prière pour demander la douceur quotidienne

    « Ô Jésus, très doux agneau, qui ne maudissiez pas ceux qui Vous maudissaient, ne menaciez pas ceux qui Vous injuriaient, qui répondiez avec une divine douceur au cruel mépris dont on Vous couvrait, ou Vous taisiez dans un admirable silence, aidez-moi, afin qu'à votre exemple, je puisse réprimer la colère, embrasser la mansuétude et, armé de patience, souffrir volontiers toute peine, afin d'arriver à jouir avec Vous de l'éternel repos » (Vén. Louis Du Pont).

    « Ô Seigneur, avec votre aide, je veux m'exercer particulièrement à la douceur et à la résignation à votre volonté, moins dans les choses extraordinaires que dans les rencontres et les contrariétés quotidiennes.
    Dès que je m'apercevrai que la colère s'allume en moi, je recueillerai mes forces, non avec impétuosité, mais suavité, non avec violence, mais doucement, et je chercherai à rétablir mon cœur dans la paix. Mais, sachant bien que seul je ne pourrai rien faire, je prendrai soin de Vous appeler au secours, comme le firent les Apôtres tourmentés par la tempête et ballotés par la mer en furie. Permettriez-Vous Seigneur, que je Vous invoque en vain ? En ces moments, daignez accourir à mon secours et commander aux passions de se taire, daignez lever votre main bénissante, et il s'ensuivra un grand calme. Enseignez-moi à être doux avec tous, même avec ceux qui m'offensent ou me sont opposés, et jusqu'avec moi-même, ne m'indisposant pas à cause de mes rechutes et de mes défauts. Quand je me retrouverai à terre, malgré mes efforts, je me reprendrai doucement et dirai : Allons ! mon pauvre cœur, nous voici de nouveau tombé dans cette fosse que nous nous étions proposé si souvent d'éviter. Relevons-nous et quittons-la pour toujours. Recourons à la miséricorde de Dieu, mettons notre espoir en elle et elle nous viendra en aide. Me confiant en Vous, Seigneur, je recommencerai, reprenant le chemin de l'humilité et de la mansuétude » (cfr. St François de Sales). »

    P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, Intimité Divine Tome II (15e semaine après l'Octave de la Pentecôte - 10. La Mansuétude Colloque), Monastère des Carmélites Déchaussées, Librairie du Carmel, 1963.

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  • Méditation - Jésus, doux et humble de Coeur

    « Jésus était doux par nature : c'est l'Agneau de Dieu ; doux par vertu, pour glorifier son Père par cet état ; doux par mission de son Père : la douceur devait être le caractère du Sauveur, afin qu'il pût attirer les pécheurs, les encourager à venir, se les attacher et les fixer dans la loi divine.
    Nous aurions grand besoin de cette douceur de cœur ! Nous ne l'avons pas ; bien souvent, au contraire, nous nous sentons pleins d'irritation dans nos pensées et nos jugements. Nous jugeons trop des choses et des personnes au point de vue du succès, à notre point de vue, et nous brisons ceux qui s'opposent à nous ; nous devrions en juger comme Notre-Seigneur, ou dans sa sainteté, ou dans sa miséricorde : toujours nous serions charitables, et notre cœur garderait sa paix...
    [...]
    O mon âme, sois douce envers le prochain qui t'exerce, comme Dieu, comme Notre-Seigneur, comme la sainte Vierge sont doux envers toi ; sois douce envers lui, afin que ton juge le soit pour toi : car on te rendra dans la mesure que tu auras donné. Et si tu penses à tes péchés, à ce que tu as mérité et à ce que tu mérites ; en voyant avec quelle bonté et quelle douceur, quelle patience et quel honneur Notre-Seigneur te traite, ô pauvre âme, tu devras te confondre envers le prochain en douceur et en humilité de cœur. »

    St Pierre-Julien Eymard (1811-1868), La Divine Eucharistie, extraits des Écrits et Sermons du Bienheureux Pierre-Julien Eymard, Première Série, La Présence réelle (Jésus doux et humble de cœur, II et V), Société Saint-Augustin, Desclée de Brouwer & Cie, Bruges - Lille - Paris - Lyon, 1928 (seizième édition).

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  • Méditation : Ametur Cor Jesu !

    Lamentation pour mon Amour

    Si l’amour a fait mourir l’Éternel pour nous, ne cessons pas de crier avec sainte Thérèse contre la plus grande de toutes les horreurs :

    « L’amour n’est pas aimé. »

    Oui, prophètes, séchez vos larmes, laissez tarir ces torrents de pleurs qui coulèrent de vos yeux sur les malheurs dont vous menaciez Jérusalem. Mais ouvrez vos yeux à des ruisseaux de pleurs, des larmes de sang ne seront jamais assez éloquentes pour crier à tous les hommes :

    « L’amour n’est pas aimé. »

    Et vous,
    qui nous vantez la sensibilité de vos cœurs,
    qui vous passionnez pour un héros de roman,
    qui versez des larmes au récit d’une aventure fabuleuse,
    gardez donc votre tendresse,
    gardez vos pleurs
    et vos amours pour l’unique
    AMOUR
    qui n’est pas aimé.

    Amour de Jésus-Christ

    Oui, amour de Jésus-Christ,
    que des torrents de grâces coulent dans tous les cœurs.

    Oui, Père éternel,
    je vous le présente ce Cœur brûlant de votre amour
    au nom duquel on ne vous prie jamais en vain.

    Ne le reconnaissez-vous pas à la blessure que l’amour lui a faite ?
    Les flammes ne seraient-elles pas assez ardentes pour consumer nos iniquités,
    la voix de cet agneau égorgé ne crierait-elle pas plus haut que nos crimes ?

    Non, mon Dieu,
    j’en suis sûr, vous voulez nous pardonner ;
    vous nous aimez, nous vous aimons tous.

    Oui, dès cette heure,
    nous ne faisons tous qu’une voix pour vous dire :

    « Amour pour amour,
    vie pour vie,
    tous nos cœurs à Dieu ! »

    Ah ! Ces pauvres cœurs que ne sont-ils aussi grands que les abîmes de la mer pour vous aimer avec les plus vives ardeurs !

    Que ne peuvent-ils, pleins de votre amour, lancer des traits de flamme sur le vôtre comme vous en lancez sur nous !

    Que ne peuvent-ils s’anéantir, fondre en votre présence, s’abîmer comme ceux des saints dans l’étendue infinie de vos bontés !

    Que ne pouvons-nous arroser sans cesse vos bienfaits de nos larmes, nous exhaler sans cesse en sanglots, en soupirs, jusqu’à cet instant où nous irons vous aimer, dans notre éternelle patrie ! »

    P. André Coindre (1787-1826), Notes de prédication, MS 30 pp. 52-54.
    Source : "Collection Prier et Méditer avec André Coindre" 1, Invitation à s'abreuver au Coeur de Jésus, "Notes de prédication", Textes colligés par Guy Brunelle, s.c., Décembre 2005Frères du Sacré-Coeur du Canada

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    Ametur Cor Jesu : Aimé soit le Coeur de Jésus
    Blason et devise de l'Institut des Frères du Sacré-Coeur,
    fondé par André Coindre
    Vitrail / © Les Frères du Sacré-Coeur 2010
    Source : Répertoire du patrimoine culturel du Québec

  • Méditation : « La miséricorde est accordée aux petits »

    1er vendredi du mois, dédié au Sacré-Cœur

    « Ne croyez pas que je nage dans les consolations, oh non ! ma consolation c'est de n'en pas avoir sur la terre. Sans se montrer, sans faire entendre sa voix, Jésus m'instruit dans le secret, ce n'est pas par le moyen des livres, car je ne comprends pas ce que je lis, mais parfois une parole comme celle-ci que j'ai tirée à la fin de l'oraison (après être restée dans le silence et la sécheresse) vient me consoler : « Voici le Maître que je te donne, il t'apprendra tout ce que tu dois faire. Je veux te faire lire dans le livre de vie, où est contenue la science d'Amour. » La science d'Amour, ah oui ! cette parole résonne doucement à l'oreille de mon âme, je ne désire que cette science-là, pour elle, ayant donné toutes mes richesses, j'estime comme l'épouse des sacrés cantiques n'avoir rien donné... Je comprends si bien qu'il n'y a que l'amour qui puisse nous rendre agréables au Bon Dieu que cet amour est le seul bien que j'ambitionne. Jésus se plaît à me montrer l'unique chemin qui conduit à cette fournaise Divine, ce chemin c'est l'abandon du petit enfant qui s'endort sans crainte dans les bras de son Père... « Si quelqu'un est tout petit, qu'il vienne à moi » a dit l'Esprit Saint par la bouche de Salomon, et ce même Esprit d'Amour a dit encore que « La miséricorde est accordée aux petits ». En son nom le prophète Isaïe nous révèle qu'au dernier jour « Le Seigneur conduira son troupeau dans les pâturages, qu'il rassemblera les petits agneaux et les pressera sur son sein », et comme si toutes ces promesses ne suffisaient pas, le même prophète dont le regard inspiré plongeait déjà dans les profondeurs éternelles s'écrie au nom du Seigneur : « Comme une mère caresse son enfant, ainsi je vous consolerai, je vous porterai sur mon sein et je vous caresserai sur mes genoux. » O Marraine chérie ! après un pareil langage, il n'y a plus qu'à se taire, à pleurer de reconnaissance et d'amour... Ah ! si toutes les âmes faibles et imparfaites sentaient ce que sent la plus petite de toutes les âmes, l'âme de votre petite Thérèse, pas une seule ne désespérerait d'arriver au sommet de la montagne de l'amour, puisque Jésus ne demande pas de grandes actions, mais seulement l'abandon et la reconnaissance... »

    Ste Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte-Face, Lettre à sœur Marie du Sacré-Cœur, sept. 1896 (LT 196), in "Œuvres complètes", cerf/DDB, Paris, 1996.

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  • Méditation : « Jésus-Christ est le même hier, aujourd'hui et pour toujours » (He 13, 8)

    « Ô Verbe fait chair, Fils de Dieu et Fils de Marie, Divinité abaissée jusqu'à nous pour nous élever jusqu'à Vous, faites-moi bien comprendre que vous êtes la grande réalité des temps et de l'éternité. Montrez-moi clairement que c'est perdre son existence que de la passer loin de Vous, et que c'est gaspiller les trésors de son cœur que de ne Vous les consacrer pas. Oh ! faites-moi voir clairement que c'est n'avoir point le sens ni de l'ordre ni de son bien véritable et que c'est se tromper lamentablement, que de poursuivre autre chose que Vous.

    Tout passe, dans la nature, en nous et en dehors de nous. Ne sont-ce pas de perpétuels écroulements, en toutes ces petites choses qui nous donnent l'illusion du bonheur possédé ou rêvé, en tous nos espoirs, en tous nos biens terrestres, en toutes nos affections ? En notre être naturel, physique ou moral, au sein du monde où se meut notre existence passagère, n'est-ce pas sans cesse, toujours renouvelé, le désolant effondrement de la créature ?

    Mais Vous, ô Jésus, Vous, Fils de Dieu et Fils de la Vierge, Vous êtes l'Humanité rendue divine, par votre Incarnation ; Vous êtes le principe et la fin de toutes choses. Agneau si tendre et si doux, si faible et si persécuté, si meurtri, si sanglant, Agneau sans tache, Victime très sainte immolée journellement pour nous, Vous êtes le Roi universel des siècles et des nations. Vous êtes la glorieuse Majesté d'Amour qui subsiste à jamais.

    Les années s'écoulent, les siècles s'enfuient, les générations disparaissent, les royaumes s'effondrent. Tout meurt, à vos pieds. Sous votre regard tranquille, qui embrasse comme un point les temps et les espaces, les gloires pâlissent, les chefs-d’œuvre se flétrissent, les souvenirs s'effacent, les astres s'éteignent... Et Vous, ô mon Maître adoré, Vous, Vous restez debout, victorieux, toujours bon, toujours grand, toujours puissant, toujours souverain, toujours aimable, humble et doux : toujours le même, éternellement jeune, éternellement beau, éternellement digne de tous les hommages, éternellement digne de tous les amours. Christus heri, et hodie : ipse et in saecula. »

    Chanoine Marie-Eugène Henry, Chapelain de Paray-le-Monial, Lueurs Divines Tome I, Paray-le-Monial, Imprimerie nouvelle, 1935.

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    Adoration de l'Agneau mystique des frères Van Eyck (panneau central)

  • Méditation : Ô merveilles nouvelles !

    « Les richesses du salut, c'est la conception très pure du Christ par laquelle je puis racheter l'impureté de ma propre conception. Mais ce n'est pas encore assez, Seigneur Jésus, ajoutez encore des miracles, ajoutez des merveilles nouvelles aux anciennes (Eccl. XXXVI, 6)...
    A qui pourra-t-il sembler rude ou dur, celui qui n'a apporté pour sa mère, à sa naissance, ni souffrance, ni dommage ? Ô merveille vraiment toute nouvelle ! Il fut conçu sans honte, enfanté sans douleur. Dans notre Vierge, la malédiction d'Eve s'est changée : car elle enfante son fils sans douleur. La malédiction, dis-je, a été changée en bénédiction, selon la parole de l'ange Gabriel : "Vous êtes bénie entre toutes les femmes" (Lc I, 28). Ô bienheureuse, tu es la seule d'entre les femmes qui soit bénie au lieu d'être maudite, la seule qui soit exempte de la malédiction générale et étrangère aux douleurs de l'enfantement...
    Les richesses croissent encore, la gloire augmente, les signes sont renouvelés et les miracles changent de nature. Non seulement la conception est sans honte et l'enfantement sans douleur, mais la mère est sans corruption. Ô nouveauté vraiment inouïe ! Une vierge a enfanté et après l'enfantement elle est demeurée intacte, donnant le jour à un enfant et gardant l'intégrité de sa chair, et la joie de la mère avec l'honneur de la virginité...
    Mais il y a de plus grandes richesses encore et une gloire plus vaste. La Mère n'a pas perdu sa virginité, le Fils est exempt de toute souillure du péché. Si la malédiction d'Eve ne tombe pas sur la mère, l'enfant ne tombe pas non plus sous cette condition générale... Voilà cet enfant sans souillure, seul vrai entre tous les hommes, ou plutôt la Vérité même. "Voici l'Agneau sans tache, l'Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde" (Jn I, 29). Qui, en effet, enlèverait mieux les péchés que celui en qui le péché n'est pas survenu ? Oui, celui-là seul peut sans nul doute me laver, qui manifestement n'est pas souillé. Que sa main, la seule que la poussière n'a pas salie, vienne enlever la boue dont mon œil est couvert. Qu'il enlève la paille de mon œil, celui qui n'a pas de poutre dans le sien (cf. Mt VII, 3 ; Lc VI, 41), ou plutôt, qu'il enlève la poutre du mien, lui qui n'a pas dans le sien la moindre poussière. »

    Saint Bernard, IVe Sermon pour la veille de Noël (3-5), in Œuvres traduites par M.-M. Davy, Tome II, Aubier, Coll. "Les maîtres de la spiritualité chrétienne", 1945.

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  • Méditation : le silence dans la souffrance

    « "Jésus, surtout au Très Saint Sacrement, est la brebis qui se laisse mener à l'immolation, l'Agneau qui ne fait pas de bruit au milieu de la multitude qui l'insulte et l'oublie."
    Vénérable Mère Marie-Thérèse du Coeur de Jésus (Théodelinde Dubouché, 1809-1863)
    fondatrice de la Congrégation de l'Adoration Réparatrice.

    Jésus-Hostie se plaint-Il de l'indifférence de si nombreux baptisés à l'égard de son Sacrement d'amour ? Il se tait. Jésus-Hostie s'irrite-t-Il contre les impies qui tournent en dérision et outragent le plus ineffable des dons ? Il se tait. Jésus-Hostie se révolte-t-Il devant l'attitude sans respect, jusque dans le sanctuaire, en son auguste présence, des chrétiens médiocres ? Il se tait. Jésus-Hostie se venge-t-Il enfin des profanateurs de son Corps sacré et des perpétuels Judas ? "Si mon ennemi me maudit, gémit le Psalmiste, je le supporterai ; mais que ferai-je si c'est l'ami qui partageait avec moi la douceur des mêmes festins ?" Que va donc inventer de terrible la sainte colère de ce Jésus qui pour affirmer jadis les droits de son Père, méprisés par les vendeurs du Temple, tressait des fouets, puis en frappait et labourait leur dos ? Il se tait, Jésus-Hostie se tait toujours.
    Il s'est tu durant sa Passion : roué de coups, sali de crachats, accablé d'injures, l’Évangéliste résume son attitude en ces simples mots : "Jesus autem tacebat - Or Jésus se taisait."
    Il s'est tu à Nazareth, Il s'est tu à Bethléem. Jésus a racheté le monde par ses souffrances et son silence.

    Quelle puissance réparatrice se cache donc dans le silence, dans le silence de patience ? Réparer avec Jésus ; c'est l'ambition de votre amour, mais réparer en silence, voilà son triomphe.
    Le Seigneur Lui-même confiait à une de ses servantes : "Souffre uniquement pour Moi... le plus grand nombre d'âmes, souvent même très pieuses, parlent beaucoup de mérites en racontant ce qu'elles endurent à qui veut les entendre... elles désirent la compassion de la créature... la nature est satisfaite... mais la grâce s'affaiblit..."
    Ne vous justifiez point devant une accusation injuste, à moins que ne l'exige l'obéissance ! Mordez votre langue, si sur vous à l'improviste l'humiliation tombe. On se fâche, on médit de vous, on calomnie vos intentions les plus droites, on ironise à votre endroit, n'oubliez pas que l'attitude la plus sage, la plus chrétienne, la plus réparatrice, c'est le silence.
    Viennent enfin les maladies, les angoisses, les aridités, le dégoût d'une vie parfaite et tant d'autres tentations, et ces nuits où l'âme désolée semble être abandonnée de tous, abandonnée de Dieu, abandonnée même de Celui qu'elle aime par-dessus tout : le Sauveur Jésus. En de telles heureuses épreuves, âme réparatrice, que ton œuvre s'achève en perfection dans le silence, à l'exemple de Jésus au très Saint Sacrement. »

    L. Mandin, Triduum Eucharistique, Foi Amour Réparation, Adoration Réparatrice, Rue d'Ulm à Paris, 1934.

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    "Le Christ aux liens" - Hospices de Beaune (salle des "pôvres")

  • 31 mars : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Pâques : le lion et l'agneau

    « Selon cette vérité qu'ont fait retentir les Apôtres, et dont l'éclat s'est répandu sur toute "la terre, et les paroles jusqu'aux derniers rivages du monde (Ps XVIII, 5), le Christ, notre Pâque, a été immolé (Rm X, 18)". C'est de lui que le Prophète avait dit : "Il a été conduit à la mort comme une brebis, et comme l'agneau est sans voix devant celui qui le tond, ainsi il n'a point ouvert la bouche (Is LIII, 7)". Quel est cet homme ? Assurément celui dont il est dit ensuite : "Son jugement a été précipité au milieu de ses humiliations. Qui racontera sa génération (Ibid. 8) ?" C'est dans un Roi si puissant que je vois un tel exemple d'humilité. Car, celui qui n'ouvre la bouche, non plus que l'agneau devant celui qui le tond, est aussi "le lion de la tribu de Juda (Ap V, 5)". Quel est cet agneau et ce lion tout ensemble ? Agneau, il a subi la mort ; lion, il l'a donnée. Quel est cet agneau et ce lion tout ensemble ? Il est doux et fort, aimable et terrible, innocent et puissant, muet quand on le juge, frémissant quand il jugera. Quel est cet agneau et ce lion tout ensemble ? Agneau dans sa passion, lion dans sa résurrection ? Ou plutôt, ne serait-il point agneau et lion dans sa passion, agneau et lion dans sa résurrection ? Voyons l'agneau dans la passion. Nous l'avons dit tout à l'heure : "Il n'a pas ouvert sa bouche, non plus que l'agneau qui est sans voix devant celui qui le tond". Voyons le lion dans cette même passion. Jacob a dit : "Tu t'es élancé dans ton repos, tu as dormi comme le lion (Geti. XLIX, 9)". Voyons l'agneau dans la résurrection. Nous lisons dans l'Apocalypse, à propos de la gloire éternelle des vierges : "Elles suivent l'agneau partout où il va (Ap XXV, 4)". Voyons le lion dans la résurrection. L'Apocalypse nous dit encore cette parole déjà citée plus haut : "Voici que le lion de la tribu de Juda a vaincu et peut ouvrir le livre (Id. 5)". Comment agneau dans la passion ? Parce qu'il a reçu la mort, sans avoir d'iniquité. Comment lion dans la passion ? Parce qu'en mourant il a tué la mort. Comment agneau dans la résurrection ? Parce qu'il possède l'innocence éternelle. Comment lion dans la résurrection ? Parce qu'il a la puissance éternelle. Quel est cet agneau et ce lion tout ensemble ? Comment demander qui est-il ? Mais si je demande ce qu'il était ? "Au commencement, il était le Verbe". Où était-il ? "Et le Verbe était en Dieu". Quel était-il ? "Et le Verbe était Dieu". Quelle était sa puissance ? "Tout a été fait par lui". Et lui, qu'a-t-il été fait ? "Et le Verbe a été fait chair (Jn X, 1, 2, 14)". Comment est-il né d'un père et non d'une mère, d'une mère et non d'un père ? "Qui racontera sa génération ?" Engendré par l'un, il est coéternel à celui qui l'engendre. Il devient chair en demeurant Verbe. Il a créé tous les temps, a été créé au temps convenable ; proie de la mort, et faisant de la mort sa proie, exposé sans beauté, aux yeux des fils des hommes, sachant supporter l'infirmité, faisant ce qui est humble, dans sa grandeur, et ce qui est grand dans son humilité ; Dieu homme, et homme Dieu ; premier-né, et Créateur des premiers-nés ; unique, et auteur de toutes choses ; né de la substance du Père, et participant à la nature des fils adoptifs, Dieu de tous et serviteur d'un grand nombre. Tel est l'agneau "qui efface les péchés du monde (Id. I, 29)". Le lion qui triomphe des potentats du monde. Je demandais quel est-il ; cherchons plutôt quels sont ceux pour qui il est mort. Serait-ce pour les justes et les saints ? Ce n'est point ce que dit l'Apôtre ; mais bien : "Le Christ est mort pour les impies (Rm V, 6)". Non point assurément pour qu'ils demeurent dans leur impiété, mais afin que, par la mort du juste, le pécheur fût justifié et que la cédule du péché fût effacée par l'effusion d'un sang exempt de péché. »

    Saint Augustin, Quatrième Sermon - Sur la Pâques, in Oeuvres complètes de Saint Augustin, (Suppl. II, Sec. I, Sermons édités par Michel Deny), traduites pour la première fois en français, sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, L. Guérin et Cie Editeurs, 1868.

  • 29 mars : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    La Sainte Passion du Christ

    « Qu’Avril de ses bourgeons Lui fasse une couronne !
    Pour les foules il a fait un tapis d’herbe : elles ont mangé tout leur saoul.
    Merveille que cette bombance sur une autre bombance étendue !
    L’Avril visible à l’invisible a fait un beau décor !
    Les victoires aux fleurs se mêlent,
    Et les lis des champs, dans toute leur splendeur,
    Aux signes éclatants que fait Notre-Seigneur.

    Refrain :   
    En Avril ils ont tué
    L’Agneau et L’ont mangé,
    L’Agneau de Dieu qui vit
    Et qui donne la Vie !

    Avril avait commencé : il a conclu, il a fini ;
    De ses fleurs il a couronné le Peuple indigne
    Qui mangeait et prisait plus que tout un agneau transitoire ;
    Au lieu d’herbes amères, ce sont épines qu’ils ont glanés, ces égarés,
    Pour tourner en dérision l’Agneau véritable,
    Pour couronner le Roi dans une comédie
    Et pour tuer le Juste ; oh ! quelle vilenie !

    Que Moïse des justes T’offre la couronne,
    Lui qui tressa aussi les ossements des justes, rassemblés ;
    Au tonnerre de Ta voix, les fleurs s’ouvrirent, s’épanouirent !
    Au mois d’Avril, ce fut un vrai printemps en Enfer !
    Le visage des morts s’est éclairé,
    Leurs os tout desséchés, les voilà mis en liesse,
    Et leur grâce fanée, la voilà qui rayonne !

    Le soleil en pleines ténèbres T’a fait belle couronne !
    En se retirant il l’a tressée, en trois heures il l’a achevée,
    Pour couronner les trois jours de Sa mort ;
    Il a proclamé qu’avec la Mort Il avait maille à partir ;
    Parce que sur la croix tout homme à la Mort succombe,
    Il a saisi la croix et par elle a vaincu la Mort,
    Comme périt Goliath, tué par sa propre épée.

    De Lui le soleil proclame qu’Il est invisible et visible,
    Que Son corps s’est habillé de souffrance, Sa Nature étant impassible ;
    Selon Son corps Il a pâti, selon Sa Force Il a relui.
    Ô soleil visible, de l’Invisible endeuillé !
    Ô luminaire, de la Lumière tout marri !
    Consolé, il s’est levé, nous a consolés,
    Car du tombeau Lui s’est levé pour Son Église.

    Le soleil s’est caché là-haut, la lune tout en bas,
    Et les justes ont fui de tous côtés vers un refuge, un abri ;
    Le soleil correspond aux anges, la lune aux ensevelis ;
    Au milieu, les imposteurs déboussolés, meurtriers de leur Seigneur.
    Le soleil a paru, comme les anges envoyés ;
    La lune s’est levée avec les morts réveillés :
    Au piège, au beau milieu, les crucifieurs sont pris !

    Que l’Orient de sa droite Lui offre une couronne
    Tressée avec les symboles et les figures de l’Arche,
    Des fleurs que sur les Monts Qardu il a cueillies !
    Car c’est de là que viennent Noé, Sem et le Chef du monde,
    De là Abraham au grand nom,
    Et les Mages bénis, et puis l’Étoile encore,
    Et puis son glorieux voisin, le Paradis !

    Que l’Occident Lui offre deux couronnes magnifiques
    Dont le parfum s’en va en tout point cardinal,
    L’Occident où les deux Luminaires ont sombré !
    Les deux Apôtres ensevelis là-bas continuent de darder
    Leurs rayons qui jamais n’ont connu de couchant :
    Le soleil ? Voilà que Simon le surpasse,
    Tandis que par l’Apôtre la lune est éclipsée !

    Que du Parân le Sud Lui offre une couronne !
    Il a bourgeonné, il a fleuri de fleurs hébraïques !
    La redoutable Loi jamais accomplie par quiconque
    Est la couronne de Notre-Seigneur : Il l’a accomplie, Lui, bouclée.
    En prenant de l’âge, elle s’est calmée, assoupie,
    Et c’est en témoignage seulement qu’on la cite,
    Cette aïeule fourbue entrée en son repos.

    Le Nord était trop dur et sa terre sans fleurs…
    Rien que neiges et glaces, rien que violentes bises ;
    (les aquilons figurent le paganisme grec.)
    Mais voilà que de fleurs nouvelles il offre une couronne
    Au Soleil de l’Amour qui l’a rendu fécond !
    Voilà qu’exultent chez lui les ossements des martyrs,
    Que les vierges en fleur, radieuses, s’épanouissent !

    L’En Haut, l’En Bas, Seigneur, Te couronnent eux aussi :
    Voilà les six Côtés qui T’offrent leurs guirlandes,
    Puisque le sixième jour on T’a tressé une couronne d’épines.
    Qu’ils Te couronnent, et Ton Père par Toi !
    Le corps d’Adam par Toi triomphait :
    Grande humiliation lorsqu’il fut vaincu !
    Sa dette, sous les fleurs Tu l’as ensevelie.

    Au Né du Sixième Âge, merci de tous côtés !
    Parfait, le nombre Six : il n’est rien qui lui manque ;
    Couronne en la main droite : tel est le nombre Cent.
    En guise de couronne, notre droite offre des hymnes !
    De sénestre, par son symbole, sauve-nous,
    Et par ce qu’il représente conduis-nous à la Dextre,
    Là où le nombre Cent en guirlande est tressé ! »

    Saint Ephrem, Hymne VII sur la Passion, SC 459, Cerf, 2011.

  • 4 décembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "... ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l'as révélé aux tout-petits." (Lc 10, 21-24)

    « "Leurs petits enfants, dit l'Ecriture, seront portés sur les épaules et consolés sur les genoux. Comme un enfant que sa mère console, moi aussi je vous consolerai" (Is 66,12-13). La mère attire à elle ses petits enfants et nous, nous cherchons notre mère, l'Eglise. Tout être faible et tendre, dont la faiblesse a besoin de secours, est gracieux, doux, charmant ; Dieu ne refuse pas son secours à un être si jeune. Les parents vouent une tendresse particulière à leurs petits... De même, le Père de toute la création accueille ceux qui se réfugient auprès de lui, les régénère par l'Esprit et les adopte pour ses fils ; il connaît leur douceur et c'est eux seuls qu'il aime, secourt, défend ; c'est pourquoi il les nomme ses petits enfants (cf Jn 13,33)...
    Le Saint Esprit, parlant par la bouche d'Isaïe, applique au Seigneur lui-même le terme de petit enfant : "Voici qu'un petit enfant nous est né, un fils nous a été donné..." (Is 9,5). Quel est donc ce petit enfant, ce nouveau-né, à l'image de qui nous sommes de petits enfants ? Par le même prophète, l'Esprit nous décrit sa grandeur : "Conseiller admirable, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix" (v.6).
    O le grand Dieu ! O l'enfant parfait ! Le Fils est dans le Père et le Père est dans le Fils. Pourrait-elle n'être pas parfaite, l'éducation que donne ce petit enfant ? Elle nous englobe tous pour nous guider, nous, ses petits enfants. Il a étendu sur nous les mains, et nous avons mis en elles toute notre foi. A ce petit enfant, Jean Baptiste rend témoignage lui aussi : "Voici, dit-il, l'agneau de Dieu" (Jn 1,29). Puisque l'Écriture nomme agneaux les tout petits enfants, il a appelé "agneau de Dieu" le Verbe Dieu qui pour nous s'est fait homme et a voulu être en tout semblable à nous, lui, le Fils de Dieu, le petit enfant du Père. »

    St Clément d'Alexandrie (150-v.215), Le Pédagogue, I, 21-24, coll. "Les Pères dans la foi", Migne, Paris, 1991.

  • 28 septembre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Jésus leur dit : "Pour vous, qui suis-je ?" (Lc 9, 18-22)

    « Jésus est Fils de l'homme, à cause d'Adam et à cause de la Vierge, dont il descend... Il est Christ, l'Oint, le Messie, à cause de sa divinité ; cette divinité est l'onction de son humanité..., présence totale de Celui qui le consacre ainsi... Il est la Voie, parce qu'il nous conduit lui-même. Il est la Porte, parce qu'il nous introduit au Royaume. Il est le Berger, parce qu'il guide son troupeau vers le pâturage et lui fait boire une eau rafraîchissante ; il lui montre la route à suivre et le défend contre les bêtes sauvages ; il ramène la brebis errante, retrouve la brebis perdue, panse la brebis blessée, garde les brebis qui sont en bonne santé et, grâce aux paroles que lui inspire son savoir de pasteur, il les rassemble dans le bercail d'en haut.
    Il est aussi la Brebis, parce qu'il est victime. Il est l'Agneau, parce qu'il est sans défaut. Il est Grand prêtre, parce qu'il offre le sacrifice. Il est Prêtre selon Melchisédech, parce qu'il est sans mère dans le ciel, sans père ici-bas, sans généalogie là-haut car, dit l'Ecriture, "qui racontera sa génération ?" Il est aussi Melchisédech, parce qu'il est Roi de Salem, Roi de la paix, Roi de la justice... Voilà les noms du Fils, Jésus Christ, "hier, aujourd'hui, toujours le même", corporellement et spirituellement, "et il le sera à jamais". Amen. »

    (références bibliques : Mt 24,27 ; Mt 1,16 ; Jn 14,6 ; Jn 10,9 ; Jn 11 ; Ps 22 ; Is 53,7 ; Jn 1,29 ; He 6,20 ; He 6,20 ; He 7,3; Is 53,8 ; He 7,2 ; He 13,8)

    Saint Grégoire de Nazianze (330-390), Discours théologique 4 (Trad. coll. "Les Pères dans la foi", Migne, 1995, rev.)

  • 5 avril : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Le mystère du Seigneur – qui a été préfiguré depuis longtemps et, aujourd’hui, est rendu visible – trouve sa créance parce qu’il a été accompli, bien qu’il soit jugé inouï pour les hommes. En effet ancien et nouveau est le mystère du Seigneur. Ancien selon la préfiguration, nouveau selon la grâce. Mais si tu regardes vers la préfiguration, tu verras le vrai à travers sa réalisation. Si donc tu veux que le mystère du Seigneur apparaisse, regarde vers Abel pareillement tué, vers Isaac pareillement lié, vers Joseph pareillement vendu, vers Moïse pareillement exposé, vers David pareillement persécuté, vers les prophètes pareillement souffrants à cause du Christ ; regarde aussi vers l’agneau qui fut immolé en Égypte, vers celui qui frappa l’Égypte et sauva Israël par le sang.

    C’est lui, le Seigneur, qui pour avoir été amené comme une brebis et immolé comme un agneau, nous délivra du service du monde comme de la terre d’Égypte, nous délia des liens de l’esclavage du démon comme de la main de Pharaon, marqua nos âmes de son propre Esprit comme d’un sceau et les membres de notre corps de son propre sang. C’est lui qui couvrit la mort de confusion, qui mit le démon dans le deuil, comme Moïse Pharaon. C’est lui qui frappa l’iniquité, qui priva l’injustice de postérité comme Moïse l’Égypte, c’est lui qui nous arracha de l’esclavage pour la liberté, des ténèbres pour la lumière, de la mort pour la vie, de la tyrannie pour une royauté éternelle, lui qui fit de nous un sacerdoce nouveau et un peuple élu, éternel. C’est lui qui est la Pâque de notre salut. C’est lui qui en une vierge prit chair, qui sur le bois fut suspendu, qui en terre fut enseveli, qui ressuscita d’entre les morts et vers les hauteurs fut exalté. C’est lui, l’agneau sans voix, lui l’agneau égorgé, lui, né de Marie, lui pris du troupeau et traîné à l’immolation, et le soir, tué, et de nuit enseveli. »

    Méliton de Sardes, IIIe siècle, Sur la Pâque 58.64...71, SC 123, p. 93..123.

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