Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

invisible

  • Méditation : langage d'âme, offrande de silence

    « Lorsque le remous des pensées s'apaise et que s'estompe le bruissement de l'imagination, comme les ombres portées du mur dans l'avènement du soir, quelque chose, en effet, se produit, qui n'est pas la cessation de la vie ni le dépérissement de la joie, mais l'amplitude de l'Autre, la résurgence de Dieu en nous, ce vertige des lèvres désormais closes sur le bien du cœur enveloppé de son Dieu.

    « Je vous bénis, Père, de ce que vous avez montré aux petits, de ce que vous avez laissé aux savants et aux prudents » (Mt 11, 25).

    ainsi priait Jésus devant les foules ébahies de cet éloge de l'enfance qui ne sait rien, mais qui, dans  l'offertoire de son silence, reçoit sa nourriture. Il faut se laisser combler de cet éblouissement qui nous saisit là dans le secret et nous conduit sans bruit vers Celui qui Est. Le langage d'âme est silencieux. Il remonte comme un fleuve vers sa source et nous libère des bois flottants de la parole, nous plongeant inexorablement dans la réalité divine. C'est cela être attiré à plus de silence, ce cheminement intérieur jusqu'à la diminution de soi où s'exhale l'invisible, ce consentement au Dieu de notre vie dont nous ne percevons que le parfum, là au centre de notre étourdissement, comme un soleil d'amour insaisissable mais vivant et fort qui nous fait murmurer aux heures sombres de la vie :

    L’Éternel est ma force et mon bouclier ; En lui mon cœur se confie, et je suis secouru ; J'ai de l'allégresse dans le cœur. (Ps 28, 7)...
    Tant que nous ne sommes pas parvenus à la nudité nous ne pourrons devenir ni obéissants, ni patients, ni doux, ni pacifiés, ni parfaits dans la charité, vertus sans lesquelles notre cœur ne peut être la demeure du Saint-Esprit, puisque le Seigneur déclare à son prophète : « Sur qui reposera mon esprit, sinon sur le paisible, l'humble et celui qui tremble à mes paroles. » (Is 66, 2). (*)

    Et dans ce repos paisible où veille notre prière, Dieu est cette touche intérieure qui fait frémir l'être et le vivant. »

    (*) : Jean Cassien, Institutions cénobitiques, L. XII, ch. 31, Jean-Claude Guy éd., « Sources chrétiennes » n°109, Cerf, Paris, p.497-499.

    Nathalie Nabert, Le Maître intérieur (Silence), Ad Solem, Genève, 2006. (p.35 + cit. p.38)

    Christ_blessing_little_child_1a.jpg

    Christ blessing the little child (1873)
    (courtesy of Sankt Nikolai Kirke, Holbaek, Denmark)

  • Audience générale de ce mercredi 29 octobre 2014

    Dimensions visible et spirituelle de l’Église

    Durant l'Audience générale tenue place St Pierre, le Pape a poursuivi sa catéchèse sur l’Église, évoquant sa dimension visible et sa dimension spirituelle, qui se rejoignent dans le Christ.

    Comment percevoir ces deux réalités ? a-t-il demandé  "La réalité de l’Église est faite de la multitude des baptisés. On entend souvent dire, l’Église dit ceci, fait ceci et non cela. Alors, qui est l’Église ? Le Pape, les évêques et les prêtres. Non, tous ensemble sommes l’Église... Ainsi peut-on comprendre que la réalité visible de l’Église ne peut se mesurer ni être exactement connue... De fait, comment pourrait-on connaître toutes les merveilles qu'à travers nous le Christ opère ? Cette réalité nous dépasse. Elle est hors contrôle, dépasse nos forces. C'est un mystère puisqu'elle vient de Dieu."

    "Pour comprendre dans l’Église le rapport entre réalité visible et réalité spirituelle, il faut se tourner vers le Christ dont elle est le Corps. C'est le Christ qui la génère perpétuellement en acte d'amour infini. En raison de l'Incarnation le Christ possède une nature humaine et divine unies de manière indissoluble dans sa personne. Il en va de même pour l’Église...qui est elle aussi un mystère en qui l'invisible est supérieur à ce qui ne se voit qu'avec les yeux de la foi" ... (cf. Const. dogm. sur l’Église Lumen gentium, 8).

    "Mais comment la réalité visible peut-elle se placer au service de la réalité spirituelle ?... Dans les sacrements et le témoignage des fidèles l’Église est chaque jour proche de tout homme, à commencer par le plus pauvre, celui qui souffre ou est marginalisé. Ainsi manifeste-t-elle la compassion et la miséricorde de Jésus".

    En conclusion, le Saint-Père a recommandé à l'assemblée de prier pour obtenir le don de la foi, "afin de comprendre comment, malgré nos limites et notre pauvreté, le Seigneur fait de nous des instruments de sa grâce et des signes de son amour pour l'humanité. Certes, nous pouvons être cause de scandale, mais nous devons être des témoins qui expriment par leur vie ce que le Seigneur attend de nous".

    Après la catéchèse, le Pape a lancé un nouvel appel en faveur des africains touchés par l'épidémie d'Ebola : Face à l'aggravation de la situation et l'extension d'une terrible maladie qui frappe les plus pauvres, il a assuré les victimes de sa solidarité et de sa prière, qu'il étend au corps médical, aux volontaires, instituts religieux et associations qui assistent de façon admirable nos frères et soeurs malades : "Je renouvelle mon appel à la communauté internationale afin qu'elle fasse tout ce qui est possible pour faire cesser cette épidémie tout en portant assistance aux patients. Prions donc pour toutes ces personnes durement éprouvées et pour les défunts."

    Source : Vatican Information Service (Publié VIS Archive 01 - 29.10.14).

     

    Résumé :

    « Frères et sœurs, l’Église est à la fois visible et spirituelle. La réalité visible est constituée non seulement par les Évêques, les prêtres et les religieux, mais aussi par tous les baptisés qui, dans le monde, suivent le Christ. Cette réalité ne peut être mesurée ; tout le bien que Dieu opère à travers nous et dans les cœurs, va au-delà de notre contrôle et de ce qui peut être connu. De même que dans le Christ la nature humaine et la nature divine sont réunies dans l’unité d’une seule personne, de même Dieu agit par la réalité visible de l’Église pour réaliser son dessein de rédemption et de salut. L’Église est habitée par l’Esprit Saint, elle est un mystère de foi, dans lequel ce qui ne se voit pas est plus important que ce qui se voit. Par son témoignage et par les sacrements, elle se fait proche de chacun pour lui faire sentir la miséricorde de Jésus. »

    « Je salue cordialement les pèlerins francophones, en particulier le pèlerinage de la province de Lyon, avec le Cardinal Philippe Barbarin, et celui du diocèse de Luxembourg avec son Archevêque, Mgr Jean-Claude Hollerich.
    Demandons à Dieu le don de la foi, pour que nous puissions comprendre comment, malgré notre faiblesse et notre pauvreté, nous sommes appelés à être les signes visibles de l’amour de Dieu pour toute l’humanité. Que Dieu vous bénisse ! »

    Source : site internet du Vatican.

    Texte intégral en italien sur le site internet du Vatican.

  • Méditation : l'Ascension

    « Le retour du Christ à son Père est à la fois source de peine, parce qu'il implique son absence, et source de joie, parce qu'il implique sa présence. De la doctrine de sa Résurrection et de son Ascension jaillissent ces paradoxes chrétiens souvent mentionnés dans l’Écriture : nous sommes dans l'affliction, mais sans cesser de nous réjouir, "comme n'ayant rien et possédant tout" (2Co 6,10).

    Telle est en vérité notre condition présente : nous avons perdu le Christ et nous l'avons trouvé ; nous ne le voyons pas, et pourtant nous le discernons. Nous étreignons ses pieds (Mt 28,9), mais il nous dit "Ne me retiens pas" (Jn 20,17). Comment cela ? C'est que nous avons perdu la perception sensible et consciente de sa personne ; nous ne pouvons pas le regarder, l'entendre, parler avec lui, le suivre de lieu en lieu ; mais nous jouissons spirituellement, immatériellement, intérieurement, mentalement et réellement de sa vue et de sa possession ; une possession qui enveloppe plus de réalité et plus de présence que celle dont les apôtres jouissaient aux jours de sa chair, justement parce qu'elle est spirituelle, justement parce qu'elle est invisible.

    Nous savons que dans ce monde plus un objet est proche de nous, moins nous pouvons le percevoir et le comprendre. Le Christ est venu si près de nous dans l’Église chrétienne, si je puis dire, que nous ne pouvons pas le fixer du regard ou le distinguer. Il entre en nous, et prend possession de l'héritage qu'il s'est acquis. Il ne se présente pas à nous, mais il nous prend avec lui. Il fait de nous ses membres... Nous ne le voyons pas ; nous ne connaissons sa présence que par la foi, parce qu'il est au-dessus de nous et en nous. Ainsi, nous sommes dans la peine, parce qu'inconscients de sa présence..., et nous nous réjouissons parce que nous savons que nous le possédons : "Sans le voir, vous l'aimez ; sans le voir encore vous croyez en lui ; et vous tressaillez d'une joie inexprimable qui vous transfigure, car vous allez obtenir votre salut, l'aboutissement de votre foi" (1P 1,8-9). »

    Bx John Henry Newman (1801-1890), Sermon "The Spiritual Presence of Christ in the Church", PPS, T. 6, n°10.

    Ascension-heures-Berry.jpg

    Les Très Riches Heures du duc de Berry, Folio 184r : L'Ascension (Musée Condé, Chantilly)

  • Méditation : confiance en notre Ange gardien !

    « Ayez confiance dans les saints Anges. Les Anges sont nos amis très chers, à la foi délicats et puissants : ils admirent nos combats, nos détresses, nos tristesses d'amour ; ils voient dans les souffrances de la terre quelque chose de mystérieux et de sacré qui leur rappelle la Passion et la Croix du Seigneur Jésus. Mériter et grandir en amour, opérer le salut par la douleur et le sacrifice, voilà choses qu'ils ignorent, retenus qu'ils sont par les éternelles chaînes d'or de la vision béatifique. Comment voulez-vous qu'ils ne s'émerveillent pas devant ce palais de la douleur, où se consomment les noces mystérieuses du Ciel et de la Terre ? Saint Pierre dit même qu'ils désirent y plonger leurs regards, tellement le spectacle de la Rédemption les ravit. Quant à notre Ange gardien, il plonge carrément tout entier dans notre monde sublunaire et se montre à notre égard un compagnon fidèle - invisible, mais si amical ! Un guide sûr, parfois un tuteur ou un précepteur véhément. Mais, par une mystérieuse disposition de la Providence, nos Anges veulent être priés. S'ils sont priés, alors ils décuplent leur service d'amour : une mère chrétienne qui prierait assidûment l'Ange gardien de ses enfants assisterait à une floraison de miracles. Relisez le livre de Tobie. C'est une famille entière que l'Ange Raphaël est venu réconforter en guidant le jeune Tobie, en délivrant sa fiancée Sara qui était possédée du démon, en guérissant le vieux Tobie de sa cécité. Ce personnage céleste faisant irruption dans les malheurs d'une famille d'exilés, c'est toute la tendresse du ciel qui se déverse sur la terre ; c'est la souveraine liberté de Dieu faisant sauter la carapace de notre univers conditionné et technicisé, où il semble qu'il n'y ait plus de place pour la libéralité divine. Je vous exhorte donc à avoir fréquemment recours au ministère des saints Anges, à entrer avec joie dans ce monde de gratuité qui, au milieu de tant d'abandons et de turpitudes, constitue la marque indestructible de notre honneur catholique. »

    Dom Gérard - Bénédictus, Écrits spirituels Tome I (avril 1985), Éditions Sainte-Madeleine, Le Barroux, 2009.

    Ange_Gardien_4.jpg

    notre dossier dédié aux saints Anges gardiens

  • Méditation avec St François d'Assise

    « Aimons tous, de tout notre cœur, de toute notre âme, de tout notre esprit, de toute notre force et de toute notre puissance, de toute notre intelligence et de toutes nos facultés (1), de tous nos efforts, de toute notre affection, de toutes nos entrailles, de tous nos désirs et nos volontés, le Seigneur Dieu qui nous a donné et qui nous donne à tous tout notre corps, toute notre âme et toute notre vie, qui nous a créés et rachetés et qui nous sauvera par sa seule miséricorde, qui nous a donné et nous donne tous les biens, à nous misérables et malheureux, corrompus et infects, ingrats et méchants.

    Que nos désirs et notre volonté, nos goûts et nos joies n'aient donc d'autre objet que notre Créateur, Rédempteur et Sauveur, seul vrai Dieu, qui est le bien dans sa plénitude, tout le bien, le bien entier, le vrai et souverain bien, qui seul est bon (2), miséricordieux et doux, aimable et plein de suavité, qui seul est saint, juste, vrai et droit, qui seul est bienveillant, immaculé et pur, de qui, par qui et en qui sont tout pardon, et toute grâce, et toute gloire de tous les pénitents et de tous les justes, de tous les bienheureux qui se réjouissent ensemble dans les cieux. Ainsi donc que rien ne nous arrête, que rien ne nous sépare, que rien ne s'interpose entre nous. Partout, en tout lieu, en toute heure et en tout temps, croyons tous, chaque jour et continuellement, vraiment et humblement, possédons dans notre cœur et aimons, honorons, adorons, servons, louons et bénissons, glorifions et exaltons au-dessus de tout, magnifions et remercions le très haut et souverain Dieu éternel, Trinité et Unité, Père, Fils et Saint-Esprit, Créateur de toutes choses, Sauveur de ceux qui croient en lui, qui espèrent en lui et qui l'aiment, lui qui n'a ni commencement ni fin, qui est immuable, invisible, inénarrable, ineffable, incompréhensible, insondable, béni, digne de louanges, glorieux, exalté au-dessus de tout, sublime, élevé, suave, aimable, délectable, et toujours, et entièrement, et par-dessus toutes choses désirable dans les siècles des siècles. »

    (1) : Deutéronome VI,5 ; Marc XII,30-33 ; Luc x,27.
    (2) : Luc XVIII,19.

    St François d'Assise, Première Règle des Frères Mineurs (XXIII : Prière, louange et action de grâces), in "Œuvres de Saint François d'Assise", Traduction, Introduction et Notes par Alexandre Masseron, Albin Michel, Paris, 1959.

    Saint_Francois_d_Assise_0.jpg

  • 9 octobre : Prière

    « O mon Dieu, Vous surabondez en miséricorde ! Vivre par la foi est ma nécessité, à cause de mon mode présent d'existence, et à cause de mes péchés ; mais Vous avez prononcé une bénédiction sur cet état. Vous avez dit que je serais plus heureux si je croyais en Vous que si je Vous voyais. Donnez-moi ce bonheur, donnez-le moi dans sa plénitude. Rendez-moi capable de croire comme si je voyais : que je vous aie toujours présent à l'esprit comme si Vous m'étiez toujours corporellement et sensiblement présent. Que je me maintienne toujours en communion avec Vous, mon Dieu caché, mais mon Dieu vivant. Vous êtes dans le plus intime de mon coeur. Vous êtes la vie de ma vie. Chaque souffle de ma poitrine, chaque pensée de mon esprit, chaque bon désir de mon coeur vient de la présence en moi du Dieu invisible. Par la nature et par la grâce, Vous êtes en moi. Je ne Vous vois que vaguement dans le monde matériel, mais je reconnais votre voix dans ma propre conscience intime. Je me retourne, et je dis : Rabboni ! Oh ! soyez toujours ainsi avec moi ! et si je suis tenté de Vous quitter, Vous, ô mon Dieu, ne me quittez pas ! »

    Bx John Henry Newman, Méditations et Prières (VII,2), traduites par Marie-Agnès Pératé, Librairie Lecoffre, Paris, 1919.

    Rabboni_Herbert_Schmalz1.jpg

    Rabboni, par Herbert Gustave Schmalz (1856–1935)

  • 11 juillet : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Selon la tradition des Pères et l'autorité des saintes Écritures, les renoncements sont au nombre de trois… Le premier concerne ce qui est matériel ; il nous fait mépriser toutes les richesses et les biens du monde. Par le deuxième, nous répudions notre ancienne manière de vivre, avec les vices et les passions de l'âme et de la chair. Par la troisième, nous détachons notre esprit de toutes les réalités présentes et visibles pour ne contempler que les réalités futures et ne désirer que les réalités invisibles. Ces renoncements doivent être observés tous les trois, comme le Seigneur l'a ordonné à Abraham, lorsqu'il lui a dit : "Quitte ton pays, ta famille et la maison de ton père" (Gn 12,1).
    Il a dit en premier lieu : "Quitte ton pays", c'est-à-dire les richesses de la terre. En second lieu : « Quitte ta famille », c'est-à-dire les habitudes et les vices passés qui, en s'attachant à nous depuis notre naissance, nous sont étroitement unis par une sorte de parenté. En troisième lieu : "Quitte la maison de ton père", c'est-à-dire tout attachement au monde actuel qui se présente à nos yeux…
    Contemplons, comme le dit l'apôtre Paul, "non pas ce qui se voit, mais ce qui ne se voit pas ; ce qui se voit est provisoire, mais ce qui ne se voit pas est éternel" (2Co 4,18)… ; "nous, nous sommes citoyens des cieux" (Ph 3,20)… Nous sortirons ainsi de la maison de notre ancien père, celui qui était notre père selon le vieil homme, dès notre naissance, quand "nous étions par nature voués à la colère comme tous les autres" (Ep 2,3), et nous porterons toute l'attention de notre esprit aux choses célestes… Notre âme s'élèvera alors jusqu'au monde invisible par la méditation constante des choses de Dieu et la contemplation spirituelle. »

    Saint Jean Cassien (v.360-435), Conférences 3, 6-7 ; CSEL 13/2, 73-75 (trad. Delhougne, Les Pères de l'Eglise commentent l'Evangile, Brepols).