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  • Méditation : Apostolat et vie intérieure

    « O Jésus, faites-moi bien comprendre que les plus belles œuvres d'apostolat ne sont que vaine agitation, si elles ne dérivent pas d'une vie intérieure profonde. Vous seul êtes la vraie vigne où circule la sève divine de la grâce, donc seul le sarment greffé sur Vous peut la communiquer aux âmes en produisant pour elles des fruits de grâce. Quelle illusion si, me laissant prendre par des œuvres urgentes, je m'y lance tête baissée, en négligeant d'alimenter, de consolider mon union avec Vous ! Cependant, par ces doux avertissements que Vous avez imprimés au plus profond de mon âme, Vous ne cessez de me rappeler : « Sans Moi, vous ne pouvez rien faire... Celui qui demeure en Moi, porte seul des fruits ». O folle agitation, ô vanité de tant de mes œuvres, entreprises d'une façon trop humaine, comme si leur fruit ne dépendait que de mon industrie et de mes capacités ! O mon Dieu, préservez-moi de tant de stupidité ! Non, je ne veux pas gaspiller ainsi mes énergies, perdre mon temps. [...] Même ceux qui ne croient pas en Vous, se consacrent à des œuvres sociales : ils ouvrent des écoles, des hôpitaux, ils impriment des livres et des journaux, font de la propagande... Ce qui doit distinguer mon activité de la leur, c'est l'esprit intérieur dont elle provient : esprit d'union avec Vous, esprit de prière, de sacrifice. Seul cet esprit a le grand pouvoir de transformer la pauvre action humaine en action surnaturelle, en apostolat. Faites, ô Seigneur, que mon action sorte d'un vigoureux sarment, solidement enté sur Vous ; faites qu'elle soit imprégnée de prière et de sacrifice. »

    P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, Intimité Divine Tome I (4e semaine de l'Avent, 25, Colloque), Monastère des Carmélites Déchaussées, Librairie du Carmel, 1963.

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  • Méditation : « Que fais-tu de ta vie ? »

    « Telle est la première règle de ceux qui agissent :
    crois en Dieu
    comme si tout le cours des choses dépendait de toi,
    en rien de Dieu.
    Cependant mets tout en œuvre en elles,
    comme si rien ne devait être fait par toi,
    et tout de Dieu seul. » (*)

    Maxime extraite des Scintillae Ignatianae (1705) de Gábor Hevenesi (1656-1715), jésuite hongrois.


    « « Qu'as-tu fait de ta vie ? » voilà ce que Dieu me demandera. « Que fais-tu de ta vie ? » voilà ce qu'à toute heure me demande ma conscience. La question se pose aussi dans les termes suivants : « Ta vie est-elle manquée ? ou bien ta vie est-elle réussie ? » et non point suivant les jugements du monde, mais suivant les jugements de Dieu. Or, aux yeux de Dieu, est manquée toute vie qui se traîne dans la souillure, toute vie qui ne progresse pas dans le bien, toute vie qui ne porte aucun fruit de salut pour les autres ; est réussie, au contraire, toute vie qui a lutté pour se déprendre de la fange, toute vie qui s'est élevée vers plus de dignité par le travail moral, toute vie qui s'est dépensée et s'est rendue utile par le dévouement. Qui ne gémirait d'avoir manqué sa vie ? Qui n'ambitionnerait de réussir sa vie devant sa conscience et devant Dieu ?
    Or l'expérience journalière montre que le succès ou l'échec de la vie dépend moins de la grâce de Dieu qui est donnée à tous dans la mesure qui convient, que de la volonté, qui existe chez quelques-uns et qui manque chez le plus grand nombre.
    En effet, si je considère les hommes dont la vie a réussi au sens le plus chrétien du mot, qui ont fait de leur vie quelque chose de pur, de noble et d'utile, je découvre sans peine chez eux tous les éléments de la volonté : ils ont de bonne heure résolu d'être bons, et ils en ont pris les moyens. Ils ne se sont pas laissés gouverner par les circonstances ; mais ils ont adapté les circonstances à la réalisation de leur plan de vie. Ils n'ont pas été sans passion ; mais ils ont triomphé de leurs passions. La tentation s'est rencontrée sur leur chemin ; mais ils ont vaincu la tentation. Ils ne pouvaient pas, sans travail, se créer une carrière ; ils ont accepté et vaillamment porté le labeur. Quand ils se sont sentis inférieurs à leur tâche, ils ont invoqué le Dieu qui soutient les mains débiles. Ils ont été des hommes décidés, agissants, persévérants : leur volonté leur a valu le succès.
    Si, au contraire, j'observe quels sont les hommes dont la vie a échoué, dont l'existence a été sans honneur ou sans portée, sans joie et sans fruit, basse ou banale et stérile, il est évident que ce n'est pas la grâce de Dieu qui leur a fait défaut, mais la volonté qui leur a manqué. Ou bien ils n'ont jamais su vouloir ; ou bien, s'ils ont eu de bons mouvements, ils ne les ont pas suivis ou n'y ont pas persévéré. Les uns, timides ou lâches, n'ont jamais osé regarder en face les difficultés et se sont couchés devant toute barrière à franchir. D'autres, violents ou impressionnables par nature, n'ont jamais dompté leurs emportements ou leurs susceptibilités, et ont été perdus par les dispositions même qui pouvaient les sauver. D'autres enfin, ternes, apathiques, au lieu de secouer la langueur de leur tempérament, se sont endormis dans une paresseuse inertie. Tous ont été sollicités au bien par la grâce de Dieu ; mais cette grâce exigeait d'eux des efforts de volonté ; faute de volonté, leur vie s'est dévoyée ou annihilée. »

    J. Guibert, Retraite spirituelle, Douzième méditation (II), Paris, Librairie Vve Ch. Poussielgue, 1909.

    (*) : Maxime souvent déformée en "Agis comme si tout dépendait de toi, prie comme si tout dépendait de Dieu" et faussement attribuée à St Ignace de Loyola, y compris par Pedro de Ribadeneira, in "La vie de saint Ignace de Loyola" (Cf. Angélus de Benoît XVI du Dimanche 17 juin 2012).

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  • Méditation : la douceur, fruit de l'Esprit Saint

    « Réprimer l'impatience, enchaîner la colère, lui arracher ses victimes, arrêter les paroles amères, soumettre enfin à la loi souveraine de Dieu la créature révoltée, ce n'est qu'une des parties du rôle modérateur de la douceur. Réprimer est bien ; agir est mieux.

    C'est alors que la douceur, montant des sources du cœur sous la pression du plus généreux amour, broyant sans pitié tout orgueil et tout égoïsme, se doit répandre dans tout l'être, s'étendre, l'envelopper, l'oindre et le parfumer tout entier, semblable à l'huile qui sort du pressoir où étaient entassées les olives les plus belles, les plus grasses et les plus mûres (Cant. I, I) : c'est à ce prix que le chrétien est digne de Jésus, dont le nom est "une huile répandue", parce que son Cœur est la douceur en sa plénitude.

    Dans l'âme, la douceur est la bienveillance des pensées, l'indulgence des jugements, la créance facile au bien, l'espérance soutenue, l'encouragement donné à tout effort, l'applaudissement à tout succès, la consolation empressée auprès de toute peine ; c'est la condescendance, la patience et la longanimité ; c'est, d'un mot, le plus doux des mots : la bonté : le bon cœur, l'esprit bon, le bon caractère, la bonne humeur.

    Puis, épanchée au dehors, la douceur brille dans le regard simple, limpide et bienveillant ; dans la parole affable, modeste et discrète ; dans le sourire aimable ; dans l'accueil ouvert et prévenant ; dans la modération du ton, de l'attitude et de la démarche ; dans la condescendance à se faire tout à tous, à écouter, à s'intéresser et à se dévouer. Rien de rude, rien de brusque, rien de dur ; pas d'empressement fébrile ; pas de signes, pas de gestes qui trahissent l'impatience devant la lenteur, l'ennui de l'importunité, la fatigue sous la surcharge ; aucune raideur, aucune hauteur, aucun dédain ; même à l'égard de ceux qui ont eu des torts, commis des offenses et fait injure, de ceux qui poursuivent l'assouvissement d'une haine ou la satisfaction d'une rivalité, pas de ressentiment, de dépit, voire de froideur.

    Dieu ! que voilà bien les traits d'une vertu peu ordinaire, toute surnaturelle, le chef d’œuvre de l'Esprit de suavité ! Ne voyez-vous pas réunies dans cette fleur exquise les nuances les plus harmonieusement mêlées de l'amour, que saint Paul énumérait ainsi, les assemblant et fondant en la douceur : "Les fruits de l'Esprit sont l'amour, la joie, la paix, la bénignité, la bonté, la patience et la longanimité, la douceur." (Gal. V, 22). S'il fallait résumer les traits constitutifs et les effets de la douceur, je dirais en deux mots : qu'être doux c'est être parfaitement bon et parfaitement patient ; c'est tout entier se donner à tous, et tout supporter de tous. »

    R.P. Albert Tesnière, Somme de la Prédication Eucharistique - Le Cœur de Jésus-Christ, Livre premier (La douceur, I), Paris, Bureau des Œuvres Eucharistiques, 1896.

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  • Regina Cœli de ce dimanche 7 avril 2013

    Au cours du dimanche concluant l'octave de Pâques, appelé par Jean-Paul II dimanche de la divine miséricorde, le Pape a salué les fidèles réunis Place St Pierre pour l'Angélus par les paroles de Jésus ressuscité : "La paix soit avec vous", et a expliqué que cette paix était plus qu'un salut ou un simple vœu. "C'est un don - a-t-il dit - et même le don précieux que le Christ offre à ses disciples après être passé par la mort et les enfers". C'est une paix "qui est le fruit de la victoire de l'amour de Dieu sur le mal,...du pardon. La véritable paix, la paix profonde, provient de l'expérience de la miséricorde de Dieu".

    Le Saint-Père a ensuite évoqué les apparitions de Jésus à ses disciples enfermés dans le Cénacle. La première fois, il manquait Thomas qui n'a pas cru ce que lui ont raconté les apôtres. La deuxième fois, où Thomas était présent, Jésus lui dit après que celui-ci a touché ses plaies : Parce que tu as vu, tu as cru. Heureux celui qui croit sans avoir vu. Le Pape a ajouté : "Et qui étaient ceux qui avaient cru sans avoir vu ? D'autres disciples, d'autres hommes et femmes de Jérusalem qui, bien que n'ayant pas rencontré Jésus ressuscité, crurent au témoignage des apôtres et des femmes. C'est une parole sur la foi très importante, que nous pouvons appeler la béatitude de la foi. En tout temps et en tout lieu, bienheureux sont ceux qui, par la Parole de Dieu proclamée dans l'Eglise et témoignée par les chrétiens, croient que Jésus Christ est l'amour de Dieu incarné, la Miséricorde incarnée. Et cela vaut pour chacun de nous !".

    Avec la paix, Jésus donne à ses disciples l'Esprit Saint, "pour qu'ils répandent dans le monde le pardon des péchés, ce pardon que seul Dieu peut donner et qui a coûté le sang de son Fils. L'Eglise est envoyée par le Christ ressuscité pour transmettre aux hommes la rémission des péchés, et faire grandir ainsi le Règne de l'amour, semer la paix dans les cœurs, pour qu'elle s'affirme aussi dans les relations, les sociétés et les institutions. Et l'Esprit du Christ ressuscité chasse la peur du cœur des apôtres et les poussent à sortir du Cénacle pour apporter l'Evangile. Ayons davantage de courage, nous aussi, pour témoigner notre foi dans le Christ ressuscité ! Nous ne devons pas avoir peur d'être chrétiens et de vivre en chrétiens !".

    Source : Vatican Information Service (Publié VIS Archive 01 - 8.4.13)

  • 1er février: Toute l'année avec les Pères...

    Paraboles du Règne de Dieu (Mc 4, 26-34)

    « Frères, vous avez appris comment le Royaume des cieux, dans toute sa grandeur, est comparé à une graine de moutarde... Est-ce là tout ce que les croyants espèrent ? Est-ce là tout ce que les fidèles attendent ?... Est-ce là « ce que l'œil n'a pas vu, ce que l'oreille n'a pas entendu, ce qui n'est pas monté au cœur de l'homme » ? Est-ce là ce que promet l'apôtre Paul et qui est tenu en réserve dans le mystère inexprimable du salut, pour ceux qui aiment ? (1Co 2,9) Ne nous laissons pas déconcerter par les paroles du Seigneur. Si, en effet, « la faiblesse de Dieu est plus forte que l'homme, et si la folie de Dieu est plus sage que l'homme » (1Co 1,25), cette toute petite chose, qui est le bien de Dieu, est plus splendide que toute l'immensité du monde.
    Puissions-nous seulement semer dans notre cœur cette graine de moutarde, de sorte qu'elle devienne le grand arbre de la connaissance (Gn 2,9), s'élevant de toute sa hauteur pour élever notre pensée jusqu'au ciel, et déployant toutes les branches de l'intelligence...
    Le Christ est le Royaume. A la manière d'une graine de moutarde, il a été jeté dans un jardin, le corps de la Vierge. Il a grandi et est devenu l'arbre de la croix qui couvre la terre entière. Après qu'il eut été broyé par la Passion, son fruit a produit assez de saveur pour donner son bon goût et son arôme à tous les êtres vivants qui le touchent. Car, tant que la graine de moutarde demeure intacte, ses vertus restent cachées, mais elles déploient toute leur puissance quand la graine est broyée. De même le Christ a-t-il voulu que son corps soit broyé pour que sa force ne reste pas cachée... Le Christ est roi, car il est le principe de toute autorité. Le Christ est le Royaume, car en lui réside toute la gloire de son royaume. »

    Saint Pierre Chrysologue (v.406-450), Sermon 98, 1-2 ; CCL 24A, 602 (Trad. Delhougne, Les Pères commentent, Brepols, 1991 rev.).

  • 30 janvier : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    Parabole du semeur (Mc 4, 1-20 - cf Mt 13, 1-23 ; Lc 8, 4-15)
    "Quand il fut à l'écart, ceux de son entourage avec les Douze l'interrogeaient sur les paraboles."

    « Nous devons ici, mes frères, admirer la retenue des apôtres qui désirant beaucoup de faire une question à Jésus-Christ, savent néanmoins prendre leur temps et attendre une occasion propre pour l’interroger. Car ils ne le font point devant tout le monde. Saint Matthieu le donne à entendre, lorsqu’il dit "Ses disciples s’approchant de lui" (Mc IV,13), et le reste. Que ce ne soit pas là une simple conjecture, saint Marc nous en donne la preuve, puisqu’il marque formellement qu’ils s’approchèrent de lui "en particulier". C’est ainsi que ses frères devaient agir, lorsqu’ils le demandaient, et non le faire sortir avec ostentation lorsqu’il était engagé à parler au peuple. Mais admirez encore la tendresse et la charité qu’ils avaient pour tout ce peuple. Ils sont plus en peine de lui que d’eux, et ils en parlent au Sauveur avant que de lui parler d’eux-mêmes. "Pourquoi", lui disent-ils, "leur parlez-vous ainsi en paraboles ?" ils ne disent pas : pourquoi nous parlez-vous en paraboles ? C’est ainsi qu’en plusieurs rencontres ils témoignent beaucoup de tendresse pour ceux qui suivaient Jésus-Christ, comme lorsqu’ils lui dirent : "Renvoyez ce peuple", etc. (Mc VI,27). "Et vous savez qu’ils se sont scandalisés de cette parole." (Mt XV,10). Que leur répond donc ici Jésus-Christ ?

    "Il vous est donné de connaître les mystères du royaume des cieux, mais pour eux, il ne leur est pas donné" (11). Il parle de la sorte non pour nous marquer qu’il y eut quelque nécessité fatale, ou quelque discernement de personnes fait au hasard et sans choix. Il veut leur montrer seulement que ce peuple était l’unique cause de tous ses maux : que cette révélation des mystères était l’ouvrage de la grâce du Saint-Esprit, et un don d’en-haut ; mais que ce don n’ôte pas à l’homme la liberté de sa volonté, comme cela devient évident par ce qui suit. Et voyez comment, pour empêcher qu’ils ne tombent, les Juifs dans le désespoir, les disciples dans le relâchement, en se voyant les uns privés, les autres favorisés de ce don, voyez comment Jésus-Christ montre que cela dépend de nous.

    "Car quiconque a déjà, on lui donnera, et il sera comblé de biens ; mais pour celui qui n’a point, on lui ôtera même ce qu’il a" (12). Cette parole, quoiqu’extrêmement obscure, fait voir néanmoins qu’il y a en Dieu une justice ineffable. Il semble que Jésus-Christ dise :

    Si quelqu’un a de l’ardeur et du désir, Dieu lui donnera toutes choses. Mais s’il est froid et sans vigueur, et qu’il ne contribue point de son côté, Dieu non plus ne lui donnera rien :

    "On lui ôtera même", dit Jésus-Christ, "ce qu’il croit avoir" ; non que Dieu le lui ôte en effet, mais c’est qu’il le juge indigne de ses grâces et de ses faveurs.

    Nous agissons nous-mêmes tous les jours de cette façon. Lorsque nous remarquons que quelqu’un nous écoute froidement, et qu’après l’avoir conjuré de s’appliquer à ce que nous lui disons, nous ne gagnons rien sur son esprit, nous nous taisons alors ; parce qu’en continuant de lui parler, nous attirerions sur sa négligence une condamnation encore plus sévère. Lorsqu’au contraire nous voyons un homme qui nous écoute avec ardeur, nous l’encourageons encore davantage, et nous répandons avec joie dans son âme les vérités saintes. »

    Saint Jean Chrysostome, Homélie XLV sur Saint Matthieu (1), in Oeuvres complètes (tome VIII) traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, 1865.

    Source : Abbaye Saint Benoît.

  • Méditation : porter du fruit

    "... C'est moi qui vous ai choisis et vous ai établis pour que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure..." (Jn XV, 16)

    « Vous nous "posez" ainsi, mon bon Maître, mais pour que nous allions, marchions et agissions. Partout la paix dans le Christianisme, partout aussi l'activité. La conversion est un réveil ; la grâce, un aiguillon ; la loi, un élément de force. La foi oriente l'âme, l'espérance l'affermit, l'amour nous fait courir ; le zèle nous multiplie, nous étend, nous propage. Le Verbe, qui rend tout stable en nous, y répand l'Esprit-Saint qui fait que tout s'y échauffe, s'y dilate et se communique. Des convictions de notre esprit naissent les élans de notre coeur. Le dogme est le berceau de tous les saints conquérants. "Je vous ai posés, afin que vous alliez." On ne va pas parce qu'on s'agite. Le monde se meut sur place ; il tournoie au lieu d'avancer ; aussi sa vie ressemble à un vertige. Aller, c'est partir du principe pour se diriger vers la fin, par la loi qui est la route royale. Quiconque part de Jésus pour aller à Dieu le Père, en suivant la voie, qui est encore Jésus, Jésus cru, obéi, aimé, imité, celui-là va et progresse.

    Et tous ceux qui progressent ainsi sont féconds ; tous "rapportent du fruit, et du fruit qui demeure". Qui se sauve, en sauve d'autres ; qui se fait saint, forme des saints ; et ce sont là les fruits, ces fruits éternels qu'à si bon droit vous prétendez recueillir. L'homme devient alors un trait de feu que Dieu lance à travers le monde, un mot éloquent qu'il y dit, un arbre de vie qu'il y plante, un ange de lumière et de bonté qu'il députe aux enfants d'Adam. Tels furent, ô mon Sauveur, tous vos premiers élus, vos témoins, vos apôtres, les "douze", hormis le malheureux que vous-même avez nommé "le fils de perdition" (Jn XVII,19). Vous les aviez posés sur vous ; aussi, puisant en vous une vigueur indomptable, ils ont été, il ont prêché partout ; et vous les assistiez, "coopérant à toutes leurs oeuvres" et accréditant leurs discours, par les miracles incessants dont vous faisiez comme leur escorte (Mc XV,20).

    Tels, proportion gardée, devraient être tous vos baptisés. Le même Dieu les a engendrés ; ils ont reçu de lui, par vous, la même semence divine ; ils sont tous établis et véritablement entés sur vous ; ils vous doivent donc des fruits. Que leurs fruits soient divers, à la bonne heure ; que la mesure n'en soit point égale, ou votre sagesse le veut, ou votre miséricorde l'accepte ; qu'il y ait même du déchet dans la récolte, vous le pardonnez avec une clémente indulgence ; mais enfin, vous voulez des fruits, des fruits de garde, des fruits de grâce et de vertu, des fruits inaltérables. Cette loi est essentielle ; elle est universelle ; elle ne souffre pas de dispense, et sa sanction, qui est pour faire trembler, est que tout arbre stérile est maudit (Mt XXI,19 - Mc XI,14). »

    Mgr Charles Gay, Elévations sur la vie et la doctrine de Notre-Seigneur Jésus-Christ (Vingt-septième élévation), Tome I, Oudin Frères Libraires-Editeurs, Poitiers - Paris, 1879.

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  • 16 janvier : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "... bien avant l'aube, Jésus se leva. Il sortit et alla dans un endroit désert, et là il priait." (Mc 1, 29-39)

    « Chaque fois que je parle de la prière, il me semble entendre dans votre coeur certaines réflexions humaines que j'ai entendues souvent, même dans mon propre coeur. Alors que nous ne cessons jamais de prier, comment se fait-il que si rarement nous paraissions expérimenter le fruit de la prière ? Nous avons l'impression de ressortir de la prière comme nous y sommes entrés ; personne ne nous répond un mot, ne nous donne quoi que ce soit, nous avons l’impression d'avoir peiné en vain. Mais que dit le Seigneur dans l’évangile ? « Ne jugez pas sur l'apparence, mais portez un jugement juste" (Jn 7,24). Qu'est-ce qu'un jugement juste sinon un jugement de foi ? Car "le juste vit de la foi" (Ga 3,11). Suis donc le jugement de la foi plutôt que ton expérience, car la foi ne trompe pas alors que l'expérience peut nous induire en erreur.

    Et quelle est la vérité de la foi, sinon ce que le Fils de Dieu lui-même promet : "Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous le recevrez, et cela vous sera accordé" (Mc 11,24). Que donc aucun d'entre vous, frères, ne tienne pour peu de chose sa prière ! Car, je vous l'affirme, celui à qui elle s'adresse ne la tient pas pour peu de chose ; avant même qu'elle ne soit sortie de notre bouche, il la fait écrire dans son livre. Sans le moindre doute nous pouvons être sûrs que soit Dieu nous accorde ce que nous lui demandons, soit il nous donnera quelque chose qu’il sait être plus avantageux. Car "nous ne savons que demander pour prier comme il faut" (Rm 8,26) mais Dieu a compassion de notre ignorance et il reçoit notre prière avec bonté... Alors "mets ta joie dans le Seigneur, et il accordera les désirs de ton coeur" (Ps 36,4). »

    Saint Bernard (1091-1153), Sermons de Carême n°5, 5.

  • Méditation : Paix et Joie

    « Dans les difficultés, qu'elles soient imposées par la vie ou qu'on se les impose, le conseil est clair : "Quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage" (Mt 6,17), ce qui garde le secret du sacrifice pour Dieu, mais peut signifier aussi l'esprit de joie et d'empressement qui caractérise la manière d'être requise pour les fêtes. Le Seigneur aime "celui qui donne avec joie" (2Co 9,7), et nous devons tendre à lui donner de bon coeur ce que nous lui présentons.

    La paix et la joie seront les meilleurs signes de cette emprise grandissante de la charité, premier fruit de l'Esprit. La paix est confiance en Dieu, ajustement à son bon plaisir, et suppose la maîtrise de soi qui tient l'être intérieur dans l'unité contre les dispersions et les humeurs changeantes.

    C'est cette joie que le Seigneur veut rendre parfaite en donnant part à la sienne (Jn 15,11), dans la foi, c'est-à-dire en s'appuyant sur la réalité invisible que nous atteignons par sa parole, sans que la sensibilité y ait part.

    La patience qui supporte sera dépassée par la joie qui donne, même "quand on n'en peut plus" ajouterait Bernadette. »

    P. Joseph-Marie Perrin o.p. (1905-2002), Son Nom est Me Voici - Chrétien en devenir (ch. IX), Mame, 1992.

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  • 17 juin : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « Comme l'a dit notre Seigneur et Sauveur : "Le règne de Dieu vient sans qu'on puisse le remarquer. On ne dira pas : Le voilà, il est ici, ou bien : Il est là. Car voilà que le règne de Dieu est au-dedans de vous".  Et en effet, "elle est tout près de nous, cette Parole, elle est dans notre bouche et dans notre coeur" (Dt 30,14). En ce cas, il est évident que celui qui prie pour que vienne le règne de Dieu a raison de prier pour que ce règne de Dieu germe, porte du fruit et s'accomplisse en lui-même. Chez tous les saints en lesquels Dieu règne et qui obéissent à ses lois spirituelles, il habite comme dans une cité bien organisée. Le Père est présent en lui et le Christ règne avec le Père dans cette âme parfaite, selon sa parole : "Nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui." (Jn 14,23)
    Le règne de Dieu qui est en nous, alors que nous progressons toujours, parviendra à sa perfection lorsque la parole de l'apôtre Paul s'accomplira : le Christ "après avoir soumis" tous ses ennemis, "remettra son pouvoir royal à Dieu le Père pour que Dieu soit tout en tous" (1Co 15,28). C'est pourquoi, priant sans relâche, avec des dispositions divinisées par le Verbe, disons : "Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne" (Mt 6,9). »

    Origène (v.185-253), Traité sur la prière, 25 ; GCS 3, 356 (trad. Bréviaire).

  • 6 mai : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    « "De même a que la branche ne peut porter de fruit par elle-même, si elle ne demeure unie à la a vigne ; ainsi en sera-t-il de vous, si vous ne restez pas en moi". Grande recommandation de la grâce, mes frères, qui instruit le coeur des humbles et ferme la bouche des superbes. Voilà ce à quoi doivent répondre, s'ils l'osent, ceux qui, ignorant la justice de Dieu et voulant établir leur propre justice, ne sont pas soumis à celle de Dieu (Rom X,3). Voilà ce à quoi doivent répondre ceux qui se plaisent à eux-mêmes et qui pensent pouvoir faire le bien sans le secours de Dieu. Ne résistent-ils pas à une pareille vérité, ces hommes à l'esprit corrompu, réprouvés dans leur foi (II Tim III,8), qui parlent et réprouvent d'après leur iniquité, et qui disent : C'est Dieu qui a fait de nous des hommes ; mais c'est à nous-mêmes que nous devons d'être justes ? Que dites-vous, vous qui vous trompez vous-mêmes ? vous n'affirmez pas le libre arbitre, mais vous le précipitez du faîte où veut l'élever votre vaine présomption, jusqu'au fond de l'abîme. Votre parole est que l'homme fait le bien par lui-même : voilà la montagne au sommet de laquelle vous porte votre orgueil. Mais la vérité vous contredit en ces termes : "La branche ne peut porter de fruit par elle-même, si elle ne demeure unie à la vigne". Allez maintenant par vos sentiers raboteux, et, sans vous laisser arrêter par rien, laissez-vous emporter par votre vain bavardage. Voilà le vide de votre présomption. Mais voyez ce qui vous attend, et s'il vous reste encore un peu de sens, vous en serez saisis d'horreur. Celui qui pense porter du fruit de lui-même, n'est pas uni à la vigne. Celui qui n'est pas uni à la vigne, n'est pas uni à Jésus-Christ ; celui qui n'est pas uni à Jésus-Christ n'est pas chrétien. Voilà la profondeur de l'abîme où vous tombez.

    Mais considérez encore ce que la vérité ajoute ensuite : "Je suis la vigne, vous êtes les branches. Celui qui demeure en moi, et en qui je demeure, porte beaucoup de fruits, parce que sans moi vous ne pouvez rien faire". Il veut nous empêcher de croire que, d'elle-même, la branche peut au moins porter quelque petit fruit ; aussi, après avoir dit "Celui-là porte beaucoup de fruit", il n'ajoute pas : sans moi vous ne pouvez faire que peu de chose, mais il dit : "Vous ne pouvez rien faire". Donc on ne peut faire ni peu ni beaucoup sans celui sans lequel on ne peut rien faire. Bien que la branche n'ait porté que peu de fruit, le vigneron l'émonde afin qu'elle en porte davantage ; mais si elle ne demeure pas unie à la vigne, et si elle ne tire pas sa vie de la racine, elle ne pourra jamais porter de fruit, si petit qu'il soit. »

    Saint Augustin, Commentaire sur l'Evangile de Jean, Traité 81 (2-3), In Œuvres complètes de Saint Augustin (Tomes XI), Bar-Le-Duc, 1864.

    Oeuvres complètes de Saint Augustin ici

  • 9 avril : Poésie

    Un Dieu printanier

    « J'aime le grand été dans la somptuosité
    Des hautes journées,
    Quand, épris d'azur, je moissonne le soleil.
    J'aime d'un autre amour le printemps
    Pour sa vulnérabilité,
    Quand le fruit ne repose
    Que sur les promesses de la fleur.
    J'aime d'un autre amour le printemps
    Pour l'humilité de l'espoir silencieux,
    Quand tous les champs du possible
    Sont à ciel ouvert.
    J'aime d'un autre amour le printemps
    Pour la précarité des certitudes,
    Quand l'horizon de la foi prolonge
    L'au-delà du raisonnable.
    Seigneur, je crois.
    J'aime que Tu sois un Dieu printanier.
    J'aime que ma foi en Toi soit la plus frêle des semences. »

    Pierre Talec.

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