En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
« Au moment de la consécration, les deux mille ans qui nous séparent de la Croix rédemptrice sont abolis ; nous sommes là comme l'étaient la Vierge et Saint Jean. »
Cardinal Charles Journet (1891-1975), Le mystère de l'Eucharistie, Paris, Téqui, 1980.
« La création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu » (Rm 8,19)
Le message du Pape pour le Carême 2019 a été rendu public et présenté ce 26 février lors d’une conférence de presse. Il explique en quoi l’homme peut et doit coopérer à la rédemption de la Création, en rompant avec le péché par le jeûne, la prière et l’aumône.
Commentaire d'Adélaïde Patrignani sur Vatican News.
« En ce qui concerne les douleurs de Marie, l'union de la Mère et du Fils est plus grande que dans aucun autre mystère. Jésus lui-même est la douleur de Marie sept fois répétée, sept fois modifiée, sept fois agrandie. Suivant notre croyance, les douleurs de la sainte Vierge se placent bien haut parmi les mystères divins, et s'y trouvent dans un ordre de privilège plus élevé qu'on ne le soupçonne communément. Mais, dans tous les cas, en tant qu'il s'agit de leur relation avec la Rédemption du monde, ils ne sont pas plus éloignés de cette Rédemption que les mystères non sanglants de Jésus, ils en sont même peut-être plus rapprochés, à cause du caractère immédiat de leur liaison. La vérité paraît être que tous les mystères de Jésus et ceux de Marie n'étaient dans les desseins de Dieu qu'un seul mystère. Nous ne pouvons le briser, le diviser, le morceler, ni classer l'importance de ses beautés nombreuses. C'est là une tâche au-delà de notre science. Qui pourrait douter qu'il ne soit vrai de dire qu'un grand nombre d'âmes, qui sont maintenant sauvées, auraient été perdues sans les douleurs de Marie, et cela, quoique ses douleurs n'aient pas avec nous la même relation que la Passion de Notre-Seigneur, même dans leur degré subordonné ? La période des Trente-trois années, et les cœurs de Jésus et de Marie, dans tous les mystères de ces années, sont tous saturés des teintes de la Passion ; cependant, en dehors de la Passion elle-même, où les couleurs sont-elles plus vives et les traits plus animés que dans les douleurs de la Mère ? La Compassion de Marie était la Passion de Jésus, pour ainsi dire, sentie et devenue réelle dans le cœur de sa Mère. »
R.P. F.W. Faber (1814-1863), Le pied de la Croix ou les douleurs de Marie chap. IX, Paris, Antoine Bray, 4e éd. 1862.
« Saints martyrs, dont le sacrifice a glorifié Jésus-Christ, votre Roi, qui nous offre son Corps et son Sang à l'autel et à la croix, - priez pour moi, - afin que, par un martyre spirituel, avant de recevoir ces saints mystères, je m'immole moi-même comme une victime vivante et agréable.
Saints pontifes, saints confesseurs, prêtres du Seigneur, ministres de Jésus-Christ, fidèles dispensateurs de ses mystères, qui vous êtes saintement acquittés des fonctions du sacerdoce, qui avez souvent offert à Dieu pour le peuple la victime de propitiation, dont vous l'avez nourri en même temps que vous le souteniez de la parole sainte, - priez pour moi, - afin que je m'acquitte de tous les devoirs d'un vrai chrétien, que je ne néglige pas les remèdes que Dieu m'accorde pour mon salut, et que je ne reçoive pas sa grâce en vain. [...] Tous les saints et toutes les saintes, tous les esprits bienheureux et tous les élus de Dieu, pour qui les cieux sont ouverts, qui vous nourrissez avec une sainte joie du pain sacré que nous ne voyons qu'en figure ; vous qui êtes déjà dans le port où nous allons péniblement au milieu des tempêtes, vous qui savez quel grand besoin nous avons d'un saint viatique, - priez pour moi, - afin que ce pain céleste nous soutienne dans cette vie, jusqu'à ce que nous ayons le bonheur d'en être rassasiés avec vous dans notre patrie bienheureuse.
Seigneur, qui, dans ce Sacrement si admirable, nous avez laissé la mémoire de votre passion, faites que nous révérions de telle sorte les mystères sacrés de votre Corps et de votre Sang, que nous sentions continuellement en nous le fruit de votre rédemption, vous qui, avec le Père et le Saint-Esprit, vivez et régnez dans tous les siècles. Ainsi soit-il. »
Jacobus Merlo Horstius (1597-1644), extraits des Litanies de l'Eucharistie, in "Le Paradis de l’âme chrétienne contenant divers Exercices de Piété tirés de L’Écriture Sainte et des SS. Pères. Traduit du latin de Horstius, docteur de l'Université de Cologne, et Curé de la même ville" (Tome Premier, Quatrième Partie, Ch. II). Nouvelle édition revue et corrigée sur celle de 1715, par l'Auteur du Culte Public [Gaspard-Jean-André-Joseph Jauffret (1759-1823)], A Paris, Chez la Veuve Nyon, Libraire, 1802.
« O Cœur aimé plus que toutes choses, le cri de mon propre cœur s'élève vers vous. Ayez souvenir de moi ; que la douceur de votre charité rende, je vous en supplie, le courage à ce cœur. Que votre miséricorde la plus choisie s'émeuve en ma faveur ; car, hélas ! en moi le mal abonde et le bien n'existe pas. Par les mérites de votre précieuse mort, ô mon Jésus, de cette mort qui a suffi pour acquitter la dette universelle, remettez-moi tout le châtiment que j'ai mérité, et restituez-moi en vous-même tous les biens que j'ai perdus ; attirez-moi à vous avec tant d'efficacité que l'ardeur du divin amour m'ayant transformée tout à coup, je trouve grâce à vos yeux, et que j'obtienne cette miséricorde que vous m'avez méritée lorsque, par amour de mon amour, vous avez défailli et êtes mort sur la croix. Donnez-moi, ô mon cher Jésus, de vous aimer vous seul en toutes choses et par-dessus toutes choses, de m'attacher à vous avec ardeur, d'espérer en vous et ne mettre aucune borne à mon espérance. Accordez-moi de rendre à votre mort l'hommage qui lui est dû, en me donnant à goûter sans retard, à l'heure de mon trépas, le très doux fruit de ma rédemption, le mérite infini de votre propre mort, avec toute l'efficacité que vous m'avez souhaitée au moment où, dévoré de la soif de mon salut, vous rendiez l'esprit, ayant racheté mon âme au prix si élevé de votre sang. O amour, que ton adieu me soit doux à l'heure de ma mort, et que mon repos dans ta paix soit rempli de délices ! Amen. »
Ste Gertrude (fêtée ce jour), Prière extraite des "Exercices de Sainte Gertrude" (Septième exercice, A None), Introduction, Traduction et Notes par Dom Albert Schmitt, A Paris, Éditions d'Histoire & d'Art, Librairie Plon, 1942.
Miguel Cabrera (Mexique, 1695-1768), Sainte Gertrude Dallas Museum of Art (Spanish colonial art gallery) (Crédit photo)
« Il est une dévotion qui résume toutes les autres. C'est la dévotion au Cœur adorable de Notre-Seigneur... L'amour divin est l'objet même de cette dévotion avec le cœur de chair qui en est le foyer. Le symbole ou l'image du Sacré-Cœur est le moyen propre à nous rappeler cet amour infini, qui s'est manifesté surtout par les grands mystères de l'Incarnation, de la Rédemption et de l'Eucharistie. La pratique de cette salutaire dévotion résume tout ce qu'il y a de plus affectueux et de plus généreux dans notre sainte religion ; c'est l'amour reconnaissant et fidèle envers Notre-Seigneur, c'est la compassion et la réparation pour les offenses qu'il reçoit, c'est le zèle pour sa gloire, c'est l'abandon sans réserve à sa divine volonté. [...] Le Sacré-Cœur conduit l’Église à un triomphe plus grand que celui qui a couronné les périodes vouées à d'autres grandes dévotions. Il me semble que l’Église elle-même partage cette confiance, qui se manifeste par les efforts constants qu'elle fait pour répondre aux désirs du Sacré-Cœur de Jésus... L’Église fera plus encore. Il ne nous appartient pas de prévoir ce qu'elle fera, mais elle tirera les dernières conséquences de cette parole si connue de Pie IX : « L’Église et la société n'ont d'espérance que dans le Cœur de Jésus ; c'est lui qui guérira tous nos maux. Prêchez partout la dévotion au Sacré-Cœur ; elle doit être le salut du monde. » (1) »
Vénérable Léon Dehon (1843-1925), in P. Ch. Kanters "Le T.R.P. Léon Dehon fondateur de la Congrégation des Prêtres du Cœur de Jésus", Esquisse biographique, 2e édition, Noviciat du Sacré-Cœur, Brugelette, 1932.
« Les souffrances de Marie sur le Calvaire furent réellement les douleurs de l'enfantement dans lesquelles tous les hommes naquirent de Marie. Et ainsi, non seulement sa Compassion la rendit propre à devenir notre Mère, mais c'est encore par sa Compassion que nous sommes devenus réellement ses enfants. De même que ce fut dans sa Compassion que nous naquîmes pour elle, ainsi c'est dans sa Compassion que nous atteignons à ces fondements vastes et profonds sur lesquels peut se construire notre confiance filiale. Si notre Mère bien-aimée était seulement la merveille brillante et heureuse qu'elle serait avec son Immaculée Conception, sa maternité divine et sa glorieuse Assomption, notre confiance en elle ne serait pas si complète qu'elle l'est pour la Mère au cœur brisé qui se tient au-dessous de la croix. Elle semblerait plus éloignée de nous. Nos sentiments envers elle seraient de la même nature que ceux avec lesquels nous regardons les anges, pour lesquels nous sommes pleins d'amour et de vénération, de tendresse et de révérence, d'étonnement et de congratulation, et d'un saint désir d'union avec eux ; mais nous ne sentirions pas, comme nous le faisons maintenant, qu'elle nous appartient, qu'elle est près de nous, et qu'elle est notre vraie Mère. C'est la Compassion qui fait entrer ce caractère filial dans notre dévotion à la Mère puissante de Dieu. Mais ce n'est pas là tout. De même que ce fut dans sa Compassion que nous naquîmes pour elle, comme c'est dans sa Compassion que nous trouvons nos motifs d'amour filial en elle durant notre vie, ainsi ce fut dans sa Compassion que nous gagnâmes notre droit à mourir dans ses bras maternels : car ce fut alors qu'elle reçut le droit de patronage sur les lits de mort, à cause des soins qu'elle donna à Notre-Seigneur sur son lit de mort ; et les services que Marie nous rend, comme elle le fit pour Jésus, à l'heure de la mort, forment une partie de l'office de Marie, sur lequel l’Église s'appuie le plus, en les mentionnant dans l'Ave Maria. Ainsi sa Compassion est liée d'une manière inséparable aux nombreuses fonctions de miséricorde dont, conformément aux décrets de Dieu, Marie s'acquitte envers nous. »>
R.P. Frédéric-William Faber (1814-1863), Le pied de la Croix ou les douleurs de Marie, chap. IX, Paris, Antoine Bray, 4e éd. 1862.
« En ce qui concerne les douleurs de Marie, l'union de la Mère et du Fils est plus grande que dans aucun autre mystère. Jésus lui-même est la douleur de Marie sept fois répétée, sept fois modifiée, sept fois agrandie. Suivant notre croyance, les douleurs de la sainte Vierge se placent bien haut parmi les mystères divins, et s'y trouvent dans un ordre de privilège plus élevé qu'on ne le soupçonne communément. Mais, dans tous les cas, en tant qu'il s'agit de leur relation avec la Rédemption du monde, ils ne sont pas plus éloignés de cette Rédemption que les mystères non sanglants de Jésus, ils en sont même peut-être plus rapprochés, à cause du caractère immédiat de leur liaison. La vérité paraît être que tous les mystères de Jésus et ceux de Marie n'étaient dans les desseins de Dieu qu'un seul mystère. Nous ne pouvons le briser, le diviser, le morceler, ni classer l'importance de ses beautés nombreuses. C'est là une tâche au-delà de notre science. Qui pourrait douter qu'il ne soit vrai de dire qu'un grand nombre d'âmes, qui sont maintenant sauvées, auraient été perdues sans les douleurs de Marie, et cela, quoique ses douleurs n'aient pas avec nous la même relation que la Passion de Notre-Seigneur, même dans leur degré subordonné ? La période des Trente-trois années, et les cœurs de Jésus et de Marie, dans tous les mystères de ces années, sont tous saturés des teintes de la Passion ; cependant, en dehors de la Passion elle-même, où les couleurs sont-elles plus vives et les traits plus animés que dans les douleurs de la Mère ? La Compassion de Marie était la Passion de Jésus, pour ainsi dire, sentie et devenue réelle dans le cœur de sa Mère. »
N.B. : "Compatir" vient du latin, littéralement "souffrir avec, prendre part aux souffrances de".
(à suivre ci-dessus)
R.P. Frédéric-William Faber (1814-1863), Le pied de la Croix ou les douleurs de Marie, chap. IX, Paris, Antoine Bray, 4e éd. 1862.
Une nouvelle audience jubilaire s'est tenue ce samedi 10 septembre 2016, place Saint-Pierre, dans le cadre de l’année Sainte, la première après la longue pause estivale. Le Pape François a proposé une nouvelle réflexion sur le thème de la miséricorde mettant l’accent sur le terme 'rédemption'. Le Saint-Père a clairement précisé quel était le sens de la liberté pour l’homme mettant en garde contre « de nouvelles formes d’esclavages » qui donnent à l’homme l’illusion d’être libre.
Le mot « rédemption » est peu utilisé et pourtant, il est fondamental, car il désigne la libération la plus radicale que Dieu a accomplie pour nous. Le Pape François a ainsi rappelé que seul Dieu peut nous sauver, nous libérer : « Jésus, l’Agneau sans tache, a été sacrifié pour nous afin que nous puissions recevoir une nouvelle vie faite de pardon, d’amour et de joie. » Or, a déploré le Saint-Père « il semble que l’homme d’aujourd’hui n’aime plus penser être libéré et sauvé par l’intervention de Dieu. »
« L’homme d’aujourd’hui s’illusionne sur sa propre liberté, imaginant qu’elle est une force pour tout obtenir. Il s’en vante, même », a-t-il ajouté, en sortant de son texte. « Combien d’illusions sont vendues sous prétexte de la liberté, et combien de nouvelles formes d’esclavages se créent de nos jours au nom d’une fausse liberté ! » Le Pape a alors pris en exemple les personnes qui se droguent affirmant que c’est leur choix, que cela leur plaît et qu’elles sont libres. « En réalité, ce sont des esclaves au nom de la liberté (…) qui à terme finissent par terre », a-t-il déclaré, rappelant que « nous avons tous besoin que Dieu nous libère de toute forme d’indifférence, d’égoïsme et d’autosuffisance ».
Le Saint-Père reconnaît que « la vie nous met à l’épreuve », qu’elle est parfois synonyme de souffrance. Mais c’est précisément dans ces moments, a-t-il indiqué, que « nous devons fixer du regard Jésus crucifié qui souffre pour nous et avec nous, preuve certaine que Dieu ne nous abandonne pas ». N’oublions jamais, a insisté le Pape, qu’au milieu même des angoisses, des persécutions et des douleurs de la vie quotidienne, nous sommes toujours libérés par la main miséricordieuse de Dieu qui nous conduit à une vie nouvelle. Dieu dont l’amour est « immense » et qui éprouve une « grande tendresse pour les plus petits, les plus faibles, les personnes rejetées par la société ».
Au terme de cette audience jubilaire, le Pape François s’est également adressé aux membres du Service national italien de la protection civile, qui ont été contraints d’annuler leur présence ce samedi matin place Saint-Pierre pour poursuivre « leur précieuse œuvre de secours et d’assistance aux populations victimes du séisme aux victimes du séisme, le 24 août dernier dans le centre de l’Italie ». Le Pape les a remerciés « pour leur dévouement et l’aide généreuse offerte ces derniers jours ».
« Frères et sœurs, le terme « rédemption » désigne la libération la plus radicale que Dieu, dans sa miséricorde, a accomplie pour nous par le sang de son Fils Jésus. L’homme d’aujourd’hui s’illusionne souvent sur sa propre liberté, et il s’imagine pouvoir se sauver seul, alors que nous avons besoin du secours de Dieu. Jésus, l’Agneau sans tache, a été sacrifié pour nous afin de nous libérer de la domination du péché et de la mort, et nous donner une vie nouvelle faite de pardon, d’amour et de joie. Certes, notre vie est souvent traversée par la souffrance et nous met à l’épreuve. Mais nous devons alors fixer du regard Jésus crucifié, preuve certaine que Dieu ne nous abandonne pas. Au milieu même des angoisses et des douleurs de la vie quotidienne, nous sommes libérés par la main de Dieu qui nous conduit. Plus nous sommes dans le besoin, plus il éprouve de compassion et plus son regard se remplit de miséricorde. »
« Je salue cordialement les pèlerins de langue française venus, en particulier, de la République Démocratique du Congo et de France. En cette Année jubilaire de la Miséricorde, je vous invite à vous approcher sans crainte de Jésus. Accueillons sa grâce pour qu’il guérisse nos blessures, nous réconcilie avec nos frères et renouvelle nos vies dans la paix et dans la joie des enfants de Dieu. »
« Actuellement le Christ dans le Ciel ne meurt plus, nous dit l'apôtre saint Paul (1), mais il a laissé à son Eglise cette souffrance qui vient de l'opposition entre le péché et la Divinité. Il a laissé aux chrétiens le soin de réaliser la prière d'union, il leur a laissé aussi le soin de continuer la prière douloureuse de Gethsémani. Ici, il ne s'agit pas d'un tourment quelconque, que l'on endurerait uniquement pour se purifier ; il s'agit d'une souffrance qui continue la Rédemption, une souffrance par laquelle l'Eglise et les âmes continuent ce qui manque à la Passion du Christ (2). Le mérite de la Passion du Christ est infini, mais il lui manque quelque chose pour son application dans les âmes. [...] Nous touchons ici au drame de la prière contemplative, à la nécessité des monastères et de la prière contemplative. Les grands contemplatifs, une sainte Thérèse d'Avila, une sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, qu'ont-ils fait ? Ils ont continué la prière de Gethsémani. Sainte Thérèse d'Avila dit pendant que pendant de longues années, tous les soirs avant de s'endormir, elle regardait Jésus à Gethsémani et le reproduisait (3). Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus a fait la même chose ; elle a porté, surtout à la fin de sa vie, la lutte du péché moderne de l'incrédulité et de l'orgueil, contre la sainteté, la grâce qu'elle portait (4). [...] Elle n'a pas porté le péché du monde, mais elle a porté le péché de notre époque. Et à cause de cela, parce qu'elle aussi a été le « buvard » qui a pris ce péché dans les âmes, elle a été rédemptrice, co-rédemptrice. Si nous admirons actuellement qu'elle soit une grande thaumaturge, qu'elle puisse éclairer et sauver tant d'âmes, si elle est la grande missionnaire et la grande apôtre des temps modernes, ce n'est pas parce qu'elle a agi mais parce qu'elle est allée à la fonction essentielle du Christ, c'est-à-dire cette fonction rédemptrice de prendre le péché du monde. Voilà l'utilité de la prière, de la prière d'union et de la prière douloureuse, l'utilité de l'apostolat par la prière, surtout douloureuse. »
Vénérable Marie-Eugène de l'Enfant-Jésus O.C.D. (1894-1967), Au souffle de l'Esprit. Prière et action (Pour une transformation d'amour. La prière contemplative du Christ, III. La prière de Jésus, Tête du Corps mystique), Éditions du Carmel, Vénasque, 1990. (Retranscription des conférences orales du Père Marie-Eugène données en 1956, 1957 et 1962) NB : Le Père Marie-Eugène de l'Enfant-Jésus sera béatifié le 19 novembre 2016.
« Lorsque le Seigneur a pris la coupe, il a rendu grâce (Mt 26,27) ; nous pouvons songer là aux paroles de bénédiction qui expriment certes une action de grâce envers le Créateur, mais nous savons aussi que le Christ avait coutume de rendre grâce chaque fois qu'avant d'accomplir un miracle il levait les yeux vers le Père des cieux (Jn 11,41). Il rend grâce parce que d'avance il se sait exaucé. Il rend grâce pour la puissance divine qu'il porte en lui et par laquelle il va manifester aux yeux des hommes la toute-puissance du Créateur. Il rend grâce pour l’œuvre de rédemption qu'il lui est donné d'opérer, et il rend grâce par cette oeuvre qui est elle-même glorification du Dieu Trinité de qui elle renouvelle en sa pure beauté l'image défigurée.
Ainsi, le sacrifice éternellement actuel du Christ, sur la croix, au cours de la sainte messe et dans la gloire éternelle du ciel, peut se comprendre comme une seule immense action de grâce - c'est le sens du mot « eucharistie » - comme action de grâce pour la création, la rédemption et l'achèvement final. Il s’offre lui-même au nom de tout l'univers créé dont il est le modèle originel et dans lequel il est descendu pour le renouveler de l'intérieur et le conduire à son achèvement. Mais il appelle aussi tout ce monde créé à présenter avec lui au Créateur l'hommage d'action de grâce qui lui revient. »
Ste Thérèse-Bénédicte de la Croix [Edith Stein] (1891-1942), La Prière de l’Église, in "Source cachée - œuvres spirituelles", Le Cerf, Paris, 1999.
« Notre-Seigneur lui-même nous en a fait un précepte : « Celui qui ne porte pas sa croix, n'est pas digne de moi », nous a-t-il dit. Ne devons-nous pas en effet nous conformer à notre chef ? Si Notre-Seigneur a choisi la croix, c'est qu'elle est bonne, c'est qu'elle est nécessaire. Elle répare, elle efface le péché. Elle achète les grâces ; et chez nous, elle comprime les passions et les affaiblit. Elle est si nécessaire, que Notre-Seigneur en a fait la mesure de notre gloire. Quand il viendra nous juger, le signe de la rédemption planera dans le ciel. Ceux qui seront trouvés conformes à la croix, seront sauvés. Toute la vie d'ailleurs est semée de croix, c'est là la condition de notre vie mortelle depuis la chute d'Adam. Ce serait folie de ne pas profiter de ces occasions de réparation et de mérite. Comment devons-nous porter la croix ? Avec résignation d'abord, comme Jésus, qui disait sans cesse : « Mon Père, que votre volonté soit faite et non la mienne ! » - Avec confiance dans la grâce de Jésus-Christ qui nous aidera à porter la croix. - Avec joie, parce que la croix est le chemin du ciel. - Avec amour surtout parce que la croix nous rend semblables à Jésus-Christ, parce que notre générosité console le Cœur de Jésus et nous unit au Sauveur dans son œuvre rédemptrice, parce que nos croix, portées avec courage, sont des sources de grâces pour toutes nos œuvres, pour toutes les âmes que nous recommandons à Notre-Seigneur.
Résolutions - La croix est un mystère, elle répugne à la nature, mais elle a des secrets de grâce et de force. Il faut l'aimer avec sagesse, sans devancer la grâce de Notre-Seigneur. Nous pouvons de nous-mêmes embrasser la mortification avec prudence, dans la mesure de nos forces. Et pour les croix de Providence nous pouvons compter sur le secours de Notre-Seigneur dont le Cœur est rempli de bonté et de miséricorde. »
Vénérable Léon Dehon (1843-1925), L'année avec le Sacré-Cœur, Tome I (Mardi Saint), Établissements Casterman, Tournai - Paris, s.d. (1909).
Jérôme Bosch (Hieronymus Van Haken), Le Portement de Croix avec Sainte Véronique - Musée des Beaux Arts, Gand (Source)
« La liturgie est la joie des hommes ; les hommes sont faits pour Dieu, pour aller à Dieu ; ils ont besoin de rédemption, ils ont besoin de sainteté, pour retrouver ou maintenir le contact avec le Dieu Saint. Or c'est la liturgie qui leur procure tout cela. "En elle, l'Esprit Saint a eu l'art de concentrer, d'éterniser, de diffuser par tout le Corps du Christ, la plénitude inaltérable de l’œuvre rédemptrice, toutes les richesses surnaturelles du passé de l’Église, du présent, de l'éternité." La liturgie est la joie des hommes, parce qu'elle est pour eux le moyen privilégié de l'approche divine, "une voie majeure, quasi sacramentelle" ; la source de leur progrès spirituel : jour après jour, dimanche après dimanche, "la frappe du balancier liturgique imprime dans l'âme baptisée une plus grande ressemblance avec le Seigneur." [...] La liturgie est la joie des hommes, parce qu'elle est la plus haute école d'oraison : d'une manière persuasive, presque sans contrainte, elle nous apprend la contemplation chrétienne, qui est prière et amour. C'est dans le cadre de la liturgie que nous recevons les sacrements, canaux de la grâce, que nous participons au Sacrifice du Calvaire, que nous communions au Corps du Christ. Quand, prêtre, je dis la messe, "j'ai en mains ce qu'il faut pour dire à Dieu un merci digne de Lui, puisque je Lui offre Jésus-Christ. Quand, membre du Christ par le baptême, je communie, je possède Jésus-Christ. Quand on a Jésus-Christ, on a tout. La supplication, l'adoration, l'action de grâce, c'est Lui, et quand je l'offre au bon Dieu, je suis quitte avec le bon Dieu, parce que Jésus-Christ c'est tout, c'est l'Offrande Infinie !" Par l'eucharistie, nous touchons Dieu et Dieu nous touche, c'est déjà pour nous le Ciel anticipé. Où trouverions-nous un plus grand sujet de joie ? »
"Quatre bienfaits de la liturgie" par un moine bénédictin [Dom Gérard], Éditions Sainte-Madeleine, Le Barroux, 1995.
« La prophétie, et l'accomplissement et la continuation du grand mystère de la Rédemption, nous montrent partout et toujours la T. Ste Vierge associée à son divin Fils dans l’œuvre de la rédemption du monde. Déjà la première et la plus solennelle de toutes les prophéties, celle que Dieu lui-même fit au berceau de notre humanité déchue, montrait à l'horizon de l'avenir la réparatrice avec le réparateur. Et Dieu dit au serpent : « Tu as séduit la femme, tu seras maudit ; voici qu'entre toi et la femme, entre ta race et sa race, je mettrai une inimitié implacable ; un jour elle te brisera la tête. » Tout sera rétabli par un Adam nouveau et une Eve nouvelle. Ainsi, vous le voyez, la promesse du réparateur et la promesse de la réparatrice vont ensemble à travers les siècles, portées sur la même parole. Quatre mille ans attendront J.-C. le libérateur ; quatre mille ans attendront Marie la libératrice ; partout où il y aura une prophétie et une figure de l'un, il y aura une figure et une prophétie de l'autre. Ainsi, par exemple, si J.-C. est véritablement la fleur de Jessé, dont l'épanouissement doit produire le salut du monde, Marie est la tige qui doit produire cette fleur de Jessé. J.-C. est le soleil divin qui, s'élevant à l'Orient, illuminera toute la terre ; Marie est l'aurore qui l'annonce. Et lorsque nous feuilletons ce livre mystérieux dont chaque page prophétise, regardons à droite, à gauche, sur deux lignes parallèles qui viennent d'Adam à J.-C. et d'Eve à Marie, à travers quarante siècles : à droite, voici tous les hommes qui ont figuré J.-C., tous ayant au front un rayon de J.-C. qu'ils figurent ; à gauche, voici toutes les femmes qui prophétisent Marie, toutes ayant au front un rayon de la Vierge réparatrice. De sorte que, des portes fermées de l'Eden jusqu'au sommet du Golgotha, vous voyez partout la réparatrice associée au réparateur. Mais que toutes les figurent s'effacent, mais que tous les prophètes se taisent : voici venir la réalité. Isaïe a entrevu le grand mystère, et en le voyant il a tressailli ; il a salué d'un même cri et d'un même enthousiasme la Vierge-Mère et le Dieu réparateur : Ecce Virgo concipiet : « voici que la Vierge va concevoir et que Dieu va habiter avec nous » : et vocabitur nomen ejus Emmanuel (Is VII, 14). »
R.P. Felix s.j. (1810-1891), La Maternité divine (extrait) in "Choix de Discours & Allocutions des plus célèbres orateurs contemporains sur la Très Sainte Vierge" par M. l'Abbé J. Guillermin, Tome I, Paris, Librairie Bloud et Barral, s.d. (1892).
« Le Christ est immolé à la Messe parce que la Messe nous apporte l'effet de sa Passion, actualise pour nous sa Passion, nous rend participants des fruits de cette Passion, accomplit à chaque fois l’œuvre de notre rédemption (1). Qu'on y prenne garde. C'est la pensée, et même les expressions que nous avons rencontrées chez saint Thomas [d'Aquin] quand il enseignait que la Passion du Christ, en tant qu'instrument de la divinité, a opéré notre salut par manière d'efficience, qu'elle exerce son efficience par un contact spirituel malgré la distance des temps et des lieux, qu'elle peut atteindre tous les temps dans leur présentialité, dans leur existentialité. Où la Passion du Christ est réellement présente, l'immolation du Christ est réellement présente...
En d'autres mots, la Messe nous apporte non seulement la présence substantielle du Christ dans son état glorieux, mais encore la présence opérative de son acte sacrificiel rédempteur. Le Christ veut maintenant, et jusqu'à la fin du monde, comme il le voulait sur la Croix, que le rayon de sa Croix sanglante vienne toucher, et racheter par ce contact, chacun des moments du temps. »
(1) : « L'auguste sacrifice de l'autel est comme l'instrument suprême, valut eximium instrumentum, par lequel les mérites venant de la Croix du divin Rédempteur sont distribués aux fidèles : Chaque fois que la commémoration de cette hostie est célébrée, l'oeuvre de notre rédemption s'accomplit. » Encyclique Mediator Dei, 20 novembre 1947, Acta Apost. Sedis, 1947, p. 551.
Charles Journet, La Messe, Présence du Sacrifice de la Croix (ch. IV, 12, c2), Desclée de Brouwer, Fribourg, 1958 (2e édition, revue et augmentée).
Mère du Créateur, Mère du Sauveur, priez pour nous.
Mère du Créateur, Mère du Sauveur, de ce grand Dieu qui a fait le ciel et la terre ; qui, de toute éternité, vous avait prédestinée pour être sa Mère dans le temps, lorsqu’il voudrait bien se faire homme ; Mère de ce Dieu de bonté, qui a daigné verser tout son sang pour nous sauver de la mort éternelle ; à qui nous sommes redevables de la vie de la nature et de celle de la grâce ! Ah ! puisqu’il a bien voulu vous associer à l’ouvrage de notre rédemption, priez-le de créer en nous des cœurs nouveaux, tout remplis et embrasés de l’amour de notre divin Sauveur.
« Nous aussi, nous devons porter notre croix. Notre Seigneur lui-même nous en a fait un précepte : "Celui qui ne porte pas sa croix, n'est pas digne de moi" nous a-t-il dit. Ne devons-nous pas en effet nous conformer à notre chef ? Si Notre-Seigneur a choisi la croix, c'est qu'elle est bonne, c'est qu'elle est nécessaire. Elle répare, elle efface le péché. Elle achète les grâces ; et chez nous, elle comprime les passions et les affaiblit. Elle est si nécessaire, que Notre-Seigneur en a fait la mesure de notre gloire. Quand il viendra nous juger, le signe de la rédemption planera dans le ciel. Ceux qui seront trouvés conformes à la croix, seront sauvés. Toute la vie d'ailleurs est semée de croix, c'est la condition de notre vie mortelle depuis la chute d'Adam. Ce serait folie de ne pas profiter de ces occasions de réparation et de mérite. Comment devons-nous porter la croix ? Avec résignation d'abord, comme Jésus, qui disait sans cesse : "Mon Père, que votre volonté soit faite et non la mienne !" - Avec confiance dans la grâce de Jésus-Christ qui nous aidera à porter la croix. - Avec joie, parce que la croix est le chemin du ciel. - Avec amour surtout parce que la croix nous rend semblables à Jésus-Christ, parce que notre générosité console le Cœur de Jésus et nous unit au Sauveur dans son œuvre rédemptrice, parce que nos croix, portées avec courage, sont des sources de grâces pour toutes nos œuvres, pour toutes les âmes que nous recommandons à Notre-Seigneur. »
P. Léon Dehon (1843-1925), L'année avec le Sacré-Cœur - Méditations pour tous les jours de l'année, Tome I (Mardi Saint, III), Établissements Casterman, Tournai - Paris, s.d. (1910).
« Que ce rameau d'olivier consacré par votre Église, aujourd'hui, me soit, comme celui que la colombe de l'arche rapportait dans son bec, l'annonce efficace de votre paix, de cette Paix que vous êtes, ô Jésus. Vous, mon salut, ma Rédemption, Dieu si grand, devant lequel se tiennent les Trônes et les Dominations, qui venez à moi dans l'abondance de votre miséricorde (1).
Mais les voix des enfants vont s'éteindre ; l'Hosanna va faire place aux cris de haine ; les palmes vont être foulées aux pieds ; vous allez, dans un instant, vous cacher, loin des hommes, ô Vous qui vous humiliez jusqu'à eux, pour les relever jusqu'à Vous (2), qui vous anéantissez, qui vous faites obéissant jusqu'à la mort et la mort de la Croix (3), qui allez m'apprendre la science unique de me taire, qui connaîtrez tous les abandons, et puis le fiel et le vinaigre (4), accueillant le calice de la Volonté de Dieu (5).
Bénie soit votre sainte Passion qui commence, ô Modèle d'humilité parfaite, Dieu qui avez revêtu ma chair pour pouvoir vous soumettre au supplice de la Croix ! Enseignez-moi votre patience afin que j'aie part, un jour, à votre Résurrection (6).
Père des Cieux, vous préférer à tout, vous aimer, c'est la justice. J'espère, par la mort de votre Fils, obtenir ce que je crois ; faites que par sa Résurrection, je parvienne au but où je tends (7). »
1. Préf. à la Procession - 2. Bénédiction des Rameaux - 3. Épitre - 4. Offertoire - 5. Communion - 6. Collecte - 7. Oraison de la Bénédiction
Dom Vandeur, Dimanche des Rameaux, in "Élévations sur la Messe de chaque jour" (Septuagésime - Carême - Passion), Éditions de Maredsous, 1955.
"Ecce Homo" par Antonio Ciseri (1821-1891), Galerie d'Art Moderne, Florence. (Source et crédit photo)
« "Que ta volonté soit faite." Telle doit être la règle de la vie chrétienne, ordonnant la journée du matin jusqu’au soir, le cours de l’année, la vie entière : unique préoccupation du chrétien. Tous les autres soucis, le Seigneur les assume.
Un seul, toutefois, demeure aussi longtemps que nous vivons. Objectivement, nous ne sommes pas définitivement assurés de demeurer toujours dans les voies du Seigneur. Comme nos premiers parents ont pu tomber de la famille de Dieu dans le camp des rebelles, ainsi chacun de nous se tient toujours sur la corde raide entre le néant et la plénitude de la vie divine. Et, tôt ou tard, nous en ferons subjectivement l’expérience.
Dans l’enfance de la vie spirituelle, alors que nous avons tout juste commencé de nous abandonner à la conduite de Dieu, nous savons qu’une main très ferme et très forte nous dirige ; et ce que nous devons faire ou abandonner nous apparaît en pleine clarté. Mais il n’en sera pas toujours ainsi. Celui qui appartient au Christ doit vivre toute la vie du Christ. Comme Lui il atteindra l’âge adulte et, un jour, entrera dans le chemin de la Croix, qui, par Gethsémani, conduit au Golgotha. Et toutes les souffrances qui nous atteignent extérieurement ne sont rien en comparaison de la nuit obscure de l’âme lorsque la lumière divine ne l’éclaire plus et que la voix du Seigneur ne se fait plus entendre. Dieu est là, mais il est caché et se tait.
Pourquoi en est-il ainsi ? Ce sont les mystères de Dieu que nous abordons et ils ne se laissent pas entièrement pénétrer. Nous ne pouvons que commencer à les contempler.
Dieu s’est fait homme pour nous donner de participer de nouveau à sa vie. Participation qui était au principe et qui est l’ultime fin. Mais dans l’intervalle, nous avons à vivre. Le Christ est à la fois Dieu et Homme, et qui veut partager sa vie doit prendre part à sa vie divine et à sa vie humaine. La nature humaine qu’Il revêtit Lui donna la possibilité de souffrir et de mourir. La nature divine qu’Il possède de toute éternité confère à sa souffrance et à sa mort une valeur infinie et une force rédemptrice. La souffrance et la mort du Christ continuent dans son Corps mystique et en chacun de ses membres. Tout homme doit souffrir et mourir. Mais s’il est membre vivant du Christ, sa souffrance et sa mort reçoivent alors, de la divinité du Chef, une puissance de rédemption. C’est la raison objective pour laquelle tous les saints ont appelé la souffrance. Il ne s’agit pas là d’un désir morbide. Ce qui, au regard de l’intelligence naturelle, apparaît presque comme une perversion, se révèle pourtant, dans la lumière du mystère de la Rédemption, comme la raison la plus haute.
Ainsi lié au Christ, le chrétien demeure inébranlé même dans la nuit obscure où Dieu lui paraît lointain et où il se croit abandonné ; et peut-être la Providence divine lui impose-t-elle ce supplice afin qu’un de ses frères, effectivement prisonnier de l’erreur, soit délivré.
Disons-nous aussi : "Que ta volonté soit faite", même au cœur de la plus sombre nuit. »
Édith Stein (Ste Thérèse-Bénédicte de la Croix, 1891-1942), Le mystère de Noël, Éditions de l’Orante, 1955.
« La vie d'amour de Dieu réclame le concours de Dieu. Aussi, deux convictions doivent être fortement enracinées dans nos âmes : la conviction de notre impuissance, la conviction de la nécessité d'appeler Dieu à notre secours. Notre impuissance est radicale : "Sans moi, dit Notre-Seigneur, vous ne pouvez rien faire." Rien, dit saint Augustin, ce n'est pas un peu, si petit soit-il, c'est rien dans sa signification absolue. Or nous sommes aussi réfractaires à cette vérité, qu'aux mystères les plus profonds de l’Évangile. Aussi devons-nous produire souvent, presque sans cesse, des actes de foi à notre néant, à notre impuissance, à notre misère. Voilà pourquoi le bienheureux Jean Eudes nous invite à faire "une confession d'humilité". Seigneur Jésus-Christ, nous reconnaissons que nous ne sommes rien, que nous ne pouvons rien, que nous ne valons rien, que nous n'avons rien sinon le péché, que nous sommes des serviteurs inutiles ; que par nature nous sommes des enfants de colère, que nous sommes les derniers des hommes, que nous sommes les premiers des pécheurs. A nous donc appartient toute confusion et toute ignominie, et à vous, tout honneur et toute gloire dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. L'humilité est la mère de la confiance, aussi la seconde conviction qui nous est imposée, c'est la nécessité absolue de recourir à Notre-Seigneur Jésus-Christ, notre Médiateur, notre Sauveur ; de nous retirer en Jésus-Christ comme dans notre paradis, où nous trouverons très abondamment tout ce qui nous manque, pour nous appuyer et nous confier en lui, comme en Celui qui nous a été donné par le Père éternel pour être notre rédemption, notre justice, notre vertu, notre sanctification, notre trésor, notre force et notre tout. (St Jean Eudes) »
Abbé Granger, Chanoine honoraire de Bayeux, La vie d'amour de Dieu - Ier Traité (IV, I), Avignon, Aubanel Frères, 1921.