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démons

  • Méditation : Jugement et médisance

    « Ceux qui veulent être sauvés ne s'occupent pas des défauts du prochain, mais toujours de leurs propres fautes, et ainsi ils progressent. [...] Et nous, misérables que nous sommes, nous jugeons à tort et à travers, nous avons de l'aversion et du mépris, chaque fois que nous voyons, entendons ou soupçonnons quoi que ce soit. Le pire, c'est que, non contents du dommage que nous nous sommes faits à nous-mêmes, nous nous empressons de dire au premier frère rencontré : « Il s'est passé ceci et cela » et nous lui faisons du mal à lui aussi en jetant le péché dans son cœur. Nous ne craignons pas celui qui a dit : « Malheur à celui qui fait boire à son prochain un breuvage souillé » (Hab. 2, 15). Mais nous faisons l’œuvre des démons, et nous ne nous en soucions pas. Car que peut faire un démon, sinon troubler et nuire ? Voici donc que nous collaborons avec les démons pour notre perte et celle du prochain. Celui qui nuit à une âme travaille avec les démons et les aide, comme celui qui fait du bien travaille avec les saints anges. »

    Dorothée de Gaza (VIe siècle), Instructions, VI, 75, Trad. Dom L. Regnault et Dom J. de Préville, SC N° 92, Éditions du Cerf, Paris, 1963

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  • Méditation : le combat spirituel (3/3)

    Suite de la méditation d'hier

    « Il faut revêtir notre armure. Mais quelle est-elle ? « Revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ », nous dit saint Paul (Rm. 13, 14). Notre armure, c'est avant tout une Personne. Elle est tout intérieure, toute vivante. C'est le Christ avec son Esprit-Saint, le Christ des béatitudes, le Christ terrible aux démons, le Christ sans aucun péché, le Christ de la Croix et le Christ de Pâques : « le Christ derrière moi, le Christ devant moi, le Christ à mes côtés, le Christ au-dedans de moi, le Christ au-dessus de moi », disait saint Patrick.

    Saint Paul a voulu détailler notre armure (1). En plein monde ce serait fou d'avancer poitrine découverte : voici la cuirasse de la foi. Oui, revêtir la foi, endosser la foi, c'est nous cuirasser. Avec elle, nous pouvons combattre. « J'ai gardé la foi », disait Paul peu avant de mourir (2 Tm 4, 6-7). Et saint Jean : « La victoire qui a triomphé du monde, c'est notre foi » (1 Jn 5, 4-5). Mais il faut aussi un casque. Alors voici l'espérance (Ep. 6, 17 ; 1 Th. 5, 8). Dans notre combat, nous avons besoin de voir devant nous, tendus vers l'avenir, vers le Christ qui ne cesse de revenir. Allons, la route des siècles est débouchée. Il faut aussi un glaive. Le voici : celui de la Parole de Dieu. Ne crains pas de t'en servir ; parle hardiment. Il faut encore que tu sois rapide dans ton combat : alors chausse-toi du zèle à propager l’Évangile de la paix (Is. 52, 7 ; Ep. 6, 15). Un bouclier ? Prends encore la foi (Ep. 6, 16). Et par-dessus tout, la charité, l'amour. Avec la foi c'est ta cuirasse. Cuirasse-toi d'amour (1 Th. 5, 8). A présent, tu peux aller en plein monde, tu garderas l'Esprit du Christ. »

    1. Cf. Ep. 6, 10-17 ; 1 Th. 5, 4-9 ; 2 Co. 6, 7-8.

    B.-M. Chevignard o.p. (1909-1996), réconciliés avec Dieu (Le combat chrétien), Les éditions du Cerf, Paris, 1966.

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  • 12 octobre : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "C'est par Béelzéboul, le prince des démons, qu'il expulse les démons" (Lc 11, 15)

    « "Si donc je chasse les démons par la vertu de Béelzébub, par qui vos enfants les chassent-ils ?" Considérez, mes frères, combien il est doux encore et modéré dans cette réponse. Il ne dit pas, mes disciples ou mes apôtres, mais "vos enfants, et il leur donne ainsi le moyen de se rendre dignes de la même grâce qu’avaient reçue ceux qui étaient Juifs comme eux ; mais s’ils voulaient au contraire demeurer toujours dans leur ingratitude, il les rend entièrement inexcusables. Voici donc ce qu'il leur dit : "Si je chasse les démons par la vertu de Béelzébub, par qui les chassent vos enfants ?" Car les apôtres avaient déjà chassé les démons par la puissance que Jésus-Christ leur avait donnée. Cependant les Juifs ne les accusaient point, comme Jésus-Christ, de chasser les démons au nom des démons parce qu ils n’en voulaient pas à la chose même, mais à la personne.

    Ainsi pour leur faire voir que tout ce qu’ils disaient contre lui ne venait que de leur envie, il leur propose ses apôtres qui chassaient aussi les démons, comme s'il leur disait : Si je chasse les démons par la vertu de Béelzébub, c’est aussi par Béelzébub que vos enfants les doivent chasser, puisqu'ils n'ont point d’autre puissance que celle que je leur ai donnée. Cependant vous n'avez point eu d'eux ces pensées. Comment donc les pouvez-vous avoir de moi ? Pourquoi me condamnez vous, lorsque vous les justifiez, quoique je n’aie fait que ce qu’ils font ? Ce jugement favorable que vous portez sur vous, vous rendra encore plus coupables pour l'injustice que vous me faites ; aussi, il ajoute ensuite : "C'est pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges". Juifs comme vous et suivant même loi que vous, ils ont obéi en toute chose ; ils condamneront donc un jour tout ce que vous faites, et tout ce que vous dites contre moi avec tant d’insolence et tant d’imposture.

    "Mais si je chasse les démons par l’Esprit de Dieu, vous devez donc croire que le règne de Dieu est parvenu jusqu’à vous". Quel est ce royaume de Dieu ? C’est ma présence sur la terre. Remarquez encore combien il attire à lui les Juifs, combien il cherche à les guérir, et à faire en sorte qu’ils le connaissent. Il leur représente qu’ils s’opposent eux-mêmes aux grands biens qu’il leur veut faire et qu’ils agissent contre leur propre salut. Au lieu que vous devriez vous réjouir et être ravis de ce que je suis ici pour vous dispenser les grâces que les prophètes ont prédites autrefois, et de ce que le temps de votre bonheur est enfin venu, vous faites tout le contraire, et non seulement vous vous opposez aux grands dons que je vous offre, mais vous me déshonorez même par vos fausses accusations et par vos calomnies.

    Saint Matthieu dit ici : "Que si je chasse les démons par l’Esprit de Dieu" et saint Luc : "Que si je chasse les démons par le doigt de Dieu", ce qui montre que c’est l’ouvrage de la toute-puissance de Dieu de chasser ainsi les démons, et non pas l’effet d’une grâce qui soit ordinaire. Il veut aussi qu’ils puissent conclure de là que le Fils de Dieu est venu. Mais il ne le dit pas clairement. Il se sert d’une expression figurée en disant : "Vous devez croire que le règne de Dieu est parvenu jusqu’à vous". O sagesse admirable du Sauveur ! Il établit son incarnation et prouve son avènement au monde par les accusations mêmes de ses ennemis. Et pour les attirer davantage à lui, il ne dit pas seulement : "Le royaume de Dieu est venu", mais il dit "est parvenu jusqu’à vous" comme s‘il disait : ces grands biens sont venus pour vous. Pourquoi donc recevez-vous avec chagrin et avec tristesse la nouvelle de votre bonheur ? Pourquoi combattez-vous votre salut ? Voici le temps que les prophètes vous ont marqué autrefois. Ils ont prédit que je viendrais, et ils ont donné pour marque de mon avènement, qu’il se ferait alors des miracles par une puissance toute divine. Vous êtes témoins que ces miracles se font, et ils sont assez grands pour faire voir qu’il n’y a que Dieu qui les puisse faire. Le démon ne peut être maintenant plus puissant qu’il l’a été jusqu’ici. Il faut nécessairement qu’il soit plus faible. Et il est impossible que le démon étant faible chasse un autre démon qui est très fort.

    C’est ainsi qu’il leur parlait, pour leur montrer que toute la force vient de la charité et de l’union, et toute la faiblesse de la division et du schisme. C’est pourquoi il exhorte sans cesse et à tout propos ses disciples à la charité, leur représentant que le démon fait tous ses efforts pour la détruire. »

    Saint Jean Chrysostome (v.345-407), Commentaires sur l'Evangile selon Saint Matthieu, Homélie XLI (2), in Oeuvres complètes (Tome VII) traduites pour la première fois sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, 1865.

    Source : Abbaye Saint Benoît.