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  • Méditation - le premier commandement...

    « Chacun peint la dévotion avec sa passion et fantaisie : celui qui est adonné au jeûne se tiendra pour bien dévot pourvu qu'il jeûne, quoique son cœur soit plein de rancune ; et n'osant point tremper sa langue dans le vin ni même dans l'eau, par sobriété, il ne se gênera point de la plonger dans le sang du prochain par la médisance et la calomnie. Un autre s'estimera dévot parce qu'il dit une grande multitude d'oraisons tous les jours, quoiqu'après cela sa langue se fonde toute en paroles fâcheuses, arrogantes et injurieuses parmi ses domestiques et ses voisins. L'autre tire fort volontiers l'aumône de sa bourse pour la donner aux pauvres, mais il ne peut tirer la douceur de son cœur pour pardonner à ses ennemis ; l'autre pardonnera à ses ennemis, mais il ne tiendra raison à ses créanciers qu'à vive force de justice. Tous ces gens-là sont vulgairement tenus pour dévots, et ne le sont pourtant nullement : en vérité ce ne sont que des statues et des fantômes de dévotion.
    La vraie et vivante dévotion présuppose l'amour de Dieu, elle n'est même pas autre chose qu'un vrai amour de Dieu ; quand il est parvenu jusqu'au degré de perfection auquel il ne nous fait pas seulement bien faire, mais nous fait agir soigneusement, en toute circonstance et rapidement, alors il s'appelle dévotion. »

    St François de Sales (1567-1622), Introduction à la vie dévote, I, 1.

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    Henrik Olrik (1830–1890) : Le Sermon sur la montagne
    Retable du Sermon sur la montagne, détail
    Église Saint-Matthieu, Copenhague, Danemark
    (Crédit photo)

  • Hélie de Saint Marc (1922-2013) : « Que dire à un jeune de 20 ans »

    Texte lu par Jean Piat
     
    (si la lecture vidéo est impossible, merci de cliquer ICI)
  • Méditation - « Que dire à un jeune de 20 ans »

    « Quand on a connu tout et le contraire de tout,
    quand on a beaucoup vécu et qu'on est au soir de sa vie,
    on est tenté de ne rien lui dire,
    sachant qu'à chaque génération suffit sa peine,
    sachant aussi que la recherche, le doute, les remises en cause
    font partie de la noblesse de l'existence.

    Pourtant, je ne veux pas me dérober,
    et à ce jeune interlocuteur, je répondrai ceci,
    en me souvenant de ce qu'écrivait un auteur contemporain :

    « Il ne faut pas s'installer dans sa vérité
    et vouloir l'asséner comme une certitude,
    mais savoir l'offrir en tremblant comme un mystère. »

    A mon jeune interlocuteur,
    je dirai donc que nous vivons une période difficile
    où les bases de ce qu’on appelait la Morale
    et qu’on appelle aujourd’hui l’Éthique,
    sont remises constamment en cause,
    en particulier dans les domaines du don de la vie,
    de la manipulation de la vie,
    de l'interruption de la vie.

    Dans ces domaines,
    de terribles questions nous attendent dans les décennies à venir.
    Oui, nous vivons une période difficile
    où l’individualisme systématique,
    le profit à n’importe quel prix,
    le matérialisme,
    l’emportent sur les forces de l’esprit.

    Oui, nous vivons une période difficile
    où il est toujours question de droit et jamais de devoir
    et où la responsabilité qui est l’once de tout destin,
    tend à être occultée.

    Mais je dirai à mon jeune interlocuteur que malgré tout cela,
    il faut croire à la grandeur de l’aventure humaine.
    Il faut savoir,
    jusqu'au dernier jour,
    jusqu'à la dernière heure,
    rouler son propre rocher.
    La vie est un combat,
    le métier d'homme est un rude métier.
    Ceux qui vivent sont ceux qui se battent.

    Il faut savoir
    que rien n'est sûr,
    que rien n'est facile,
    que rien n'est donné,
    que rien n'est gratuit.

    Tout se conquiert, tout se mérite.
    Si rien n'est sacrifié, rien n'est obtenu.

    Je dirai à mon jeune interlocuteur
    que pour ma très modeste part,
    je crois que la vie est un don de Dieu
    et qu'il faut savoir découvrir au-delà de ce qui apparaît
    comme l'absurdité du monde,
    une signification à notre existence.

    je lui dirai
    qu'il faut savoir trouver à travers les difficultés et les épreuves,
    cette générosité,
    cette noblesse,
    cette miraculeuse et mystérieuse beauté éparse à travers le monde,
    qu'il faut savoir découvrir ces étoiles,
    qui nous guident où nous sommes plongés
    au plus profond de la nuit
    et le tremblement sacré des choses invisibles.

    Je lui dirai
    que tout homme est une exception,
    qu’il a sa propre dignité
    et qu’il faut savoir respecter cette dignité.

    Je lui dirai
    qu’envers et contre tous
    il faut croire à son pays et en son avenir.

    Enfin, je lui dirai
    que de toutes les vertus,
    la plus importante, parce qu'elle est motrice de toutes les autres
    et qu'elle est nécessaire à l'exercice des autres,
    de toutes les vertus,
    la plus importante me paraît être le courage, les courages,
    et surtout celui dont on ne parle pas
    et qui consiste à être fidèle à ses rêves de jeunesse.

    Et pratiquer ce courage, ces courages,
    c’est peut-être cela

    « L’Honneur de Vivre ». »

    Hélie de Saint Marc (1922-2013), Ce que je crois, Éditions Little Big Man,
    in "Soyez insatiables, soyez fous - Discours à la jeunesse", Anthologie J'ai Lu, 2014,
    et in "A la jeunesse - De Saint-Exupéry à Steve Jobs...", Anthologie Librio / J'ai Lu, 2016.

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    Dessin de Pierre Joubert (1910-2002)

  • Méditation - jeûner, oui, mais dans l'abondance du coeur

    « Mon Dieu, voici un temps d'abstinence et de privation. Ce n'est rien de jeûner des viandes grossières qui nourrissent le corps, si on ne jeûne pas aussi de tout ce qui sert d'aliment à l'amour-propre. [...] Ô bienheureux jeûne, où l'âme jeûne tout entière et tient tous les sens dans la privation du superflu ! Ô sainte abstinence, où l'âme, rassasiée de la volonté de Dieu, ne se nourrit jamais de sa volonté propre ! Elle a, comme Jésus-Christ, une autre viande dont elle se nourrit. Donnez-le moi, Seigneur, ce pain qui est au-dessus de toute substance ; ce pain qui apaisera à jamais la faim de mon cœur ; ce pain qui éteint tous les désirs ; ce pain qui est la vraie manne et qui tient lieu de tout. [...]

    Je jeûnerai donc, ô mon Dieu, de toute volonté qui n'est pas la vôtre ; mais je jeûnerai par amour, dans la liberté et dans l'abondance de mon cœur. Malheur à l'âme rétrécie et desséchée en elle-même, qui craint tout et qui, à force de craindre, n'a pas le temps d'aimer et de courir généreusement après l’Époux ! »

    Fénelon (1651-1715), Manuel de piété, Pour le Carême (VI, 61), in "Œuvres spirituelles", Aubier, Paris, 1954.

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  • Méditation - De certaines apparences trompeuses

    « Chacun peint la dévotion selon sa passion et fantaisie. Celui qui est adonné au jeûne se tiendra pour bien dévot pourvu qu’il jeûne, quoique son cœur soit plein de rancune ; et n’osant point tremper sa langue dedans le vin ni même dans l’eau, par sobriété, ne se feindra point de la plonger dedans le sang du prochain par la médisance et calomnie. Un autre s’estimera dévot parce qu’il dit une grande multitude d’oraisons tous les jours, quoiqu’après cela sa langue se fonde toute en paroles fâcheuses, arrogantes et injurieuses parmi ses domestiques et voisins. L’autre tire fort volontiers l’aumône de sa bourse pour la donner aux pauvres, mais il ne peut tirer la douceur de son cœur pour pardonner à ses ennemis ; l’autre pardonnera à ses ennemis, mais de tenir raison à ses créanciers, jamais qu’à vive force de justice. Tous ces gens-là sont vulgairement tenus pour dévots, et ne le sont pourtant nullement. [...] ainsi beaucoup de personnes se couvrent de certaines actions extérieures appartenant à la sainte dévotion, et le monde croit que ce soient gens vraiment dévots et spirituels ; mais en vérité ce ne sont que des statues et fantômes de dévotion.

    La vraie et vivante dévotion, ô Philothée, présuppose l’amour de Dieu, mais elle n’est autre chose qu’un vrai amour de Dieu ; mais non pas toutefois un amour tel quel : car, en tant que l’amour divin embellit notre âme, il s’appelle grâce, nous rendant agréables à sa divine Majesté ; en tant qu’il nous donne la force de bien faire, il s’appelle charité ; mais quand il est parvenu jusques au degré de perfection auquel il ne nous fait pas seulement bien faire, mais nous fait opérer soigneusement, fréquemment et promptement, alors il s’appelle dévotion. »

    St François de Sales, Introduction à la vie dévote (Chap.I, 1), in "Œuvres", Éditions Gallimard, 1969.

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  • Méditation - Liberté et don de soi

    « Il n'y a rien de plus faux que d'opposer la liberté au don de soi, car le don de soi est une conséquence de la liberté. Considérez que lorsqu'une mère se sacrifie pour ses enfants, elle a choisi ; et c'est à la mesure de cet amour que se manifestera sa liberté. Plus cet amour est grand, plus la liberté sera féconde ; et le bonheur de ses enfants provient de cette liberté bénie (qui implique le don de soi) ; il procède de ce don bienheureux qu'est justement la liberté.
    [...]
    J'insiste et je voudrais l'imprimer en lettres de feu en chacun de vous : la liberté et le don de soi ne se contredisent pas ; ils se soutiennent mutuellement. On ne donne sa liberté que par amour ; je ne conçois pas d'autre type de détachement. Ce n'est pas là un jeu de mots plus ou moins réussi. Quand on se donne volontairement, c'est à chaque instant que, dans ce service, la liberté renouvelle l'amour. Or se renouveler, c'est être continuellement jeune, généreux, capable de grands idéaux et de grands sacrifices. Je me souviens de la joie que j'éprouvai lorsque j'appris qu'en portugais on appelle les jeunes os novos (1). C'est bien ce qu'ils sont, en effet. [...]

    Par amour de la liberté, nous nous lions. Seul l'orgueil donne à ces liens le poids d'une chaîne. La vraie humilité que nous enseigne Celui qui est doux et humble de cœur nous montre que son joug est doux et son fardeau léger (2) : le joug c'est la liberté, le joug c'est l'amour, le joug c'est l'unité, le joug c'est la vie qu'Il nous a gagnée sur la Croix. »

    1. Os novos (les jeunes) peut aussi se traduire littéralement : les neufs ou les nouveaux (Note du traducteur). - 2. Cf. Mt 11, 29-30.

    St Josemaria Escriva de Balaguer, Amis de Dieu. Homélies (Homélie prononcée le 10.04.1956, La liberté, don de Dieu, 30-31), Fayard / Mame, 1981.

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  • Méditation - Du jeûne de l'esprit

    « Ce que je souhaite le plus pour vous est le recueillement et la cessation un peu fréquente de tout ce qui dissipe. L'action de l'esprit, quand elle est continuelle et sans ordre absolu de Dieu, dessèche et épuise l'intérieur. Vous savez que Jésus-Christ écartait ses disciples de la foule des peuples, et qu'il suspendait les fonctions les plus pressées. ll laissait même alors languir la multitude qui venait de loin, et qui attendait son secours ; quoiqu'il en eût pitié, il se dérobait à elle, et disait à ses apôtres : Requiescite pusillum (1). Trouvez bon que je vous en dise autant de sa part. Il ne suffit pas d'agir et de donner, il faut recevoir, se nourrir, et se prêter en paix à toute l'impression divine. Vous êtes trop accoutumé à laisser votre esprit s'appliquer. Il vous reste même une habitude de curiosité insensible. C'est un approfondissement, un arrangement, une suite d'opérations, soit pour remonter aux principes, soit pour tirer les conséquences.

    J'aimerais mieux vous voir amuser à quelque bagatelle qui occuperait superficiellement l'imagination et les sens, et qui laisserait votre fond vide pour y entretenir une secrète présence de Dieu. Un simple amusement ne tient point de place dans le fond ; mais le travail sérieux, quoiqu'il paraisse plus solide, est plus vain et plus dangereux quand il revient trop souvent, parce qu'il nourrit la sagesse humaine, dissipe le fond, et accoutume une âme à ne pouvoir être en paix. Il lui faut toujours des ébranlements et de l'occupation par rapport à elle-même. Les esprits appliqués auraient autant de peine à se passer d'application, que les gens inappliqués auraient de peine à mener une vie appliquée.

    Faites donc jeûner votre esprit avide ; faites-le taire ; ramenez-le au repos. Requiescite pusillum. Les affaires n'en iront que mieux ; vous y prendrez moins de peine, et Dieu y travaillera davantage. Si vous voulez toujours tout faire, vous ne lui laisserez la liberté de rien faire à sa mode. Ô qu'il est dangereux d'être un ardélîon de la vie intérieure ! Au nom de Dieu, vacate, et videte quoniam ego sum Deus (2) : c'est là le vrai sabbat du Seigneur. Cette cessation de l‘âme est un grand sacrifice. »

    1. Marc VI, 31 : "Reposez-vous un peu". - 2. Ps XLV, 11 : "Vivez en paix (tenez-vous en repos) et reconnaissez que je suis Dieu".
    "ardélîon" : homme qui fait l'empressé, se mêle de tout inopportunément.

    Fénelon (1651-1715), Lettre 122 (Au Duc de Chevreuse), 1699, in "Œuvres de Fénelon" Tome Cinquième, A Paris, Chez Lefèvre, Éditeur, 1858.

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  • Méditation - Devenir saints : l'essentielle intériorité

    « Il ne faut jamais rester au seuil de son âme : il faut entrer à l'intérieur, y descendre, y réfléchir, y méditer, y travailler, et s'y laisser travailler. »
    Marthe Robin (1902-1981)

    « Certaines gens qui prennent la vie spirituelle au sérieux gaspillent tous leurs efforts à élever l'échafaudage, à le rendre de plus en plus solide et durable sans s'occuper de l'édifice lui-même. Ils agissent ainsi par une sorte de crainte inconsciente des véritables responsabilités de la vie chrétienne qui sont solitaires et intérieures, difficiles à exprimer même indirectement, et presque impossibles à communiquer à qui que ce soit. [...]

    Le travail le plus important, le plus authentique et le plus durable du chrétien s'accomplit dans les profondeurs de son âme. Il est invisible à tous, même à celui en qui il s'opère. Dieu seul le voit. Ce travail est d'ailleurs moins une question de fidélité à des idéaux généraux connus qu'à la foi : c'est l'acte intérieur, angoissé, presque désespérément solitaire, par lequel nous affirmons notre soumission totale à Dieu en saisissant Sa parole et la révélation de Sa volonté dans les profondeurs de notre être, et en obéissant à l'autorité qui Le représente.

    [...] Notre foi est alors un don total au Christ en qui nous plaçons toute notre espérance et par lequel nous attendons toute force et toute sainteté de Son amour miséricordieux. »

    Thomas Merton (1915-1968), Vie et Sainteté (chap. III), Traduit par Marie Tadié, Aux Éditions du Seuil, Paris, 1966.

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  • Méditation - Jeûne, pénitence et changement de vie

    « Suffit-il du jeûne et des signes extérieurs de la pénitence ? Non, non, mais il faut changer de vie. En voulez-vous une preuve. Écoutez ce que dit le Prophète. Après avoir parlé de la colère de Dieu et du jeûne des Ninivites, il nous apprend que Dieu leur pardonna, et nous en dit le motif. Dieu vit leurs œuvres (Jon. 111, 10), dit-il. Et quelles œuvres ? Leurs jeûnes ? Leurs habits de pénitence ? Rien de tout cela ; il n'en est pas même fait mention. Tous, dit le Prophète, abandonnèrent leurs voies perverses, et le Seigneur se repentit de les avoir menacés de si grandes calamités. Vous le voyez, ce n'est pas le jeûne qui les arrache au danger ; c'est le changement de vie qui apaise le Seigneur et le leur rend favorable. Si je vous dis ces choses, ce n'est point pour vous faire mépriser le jeûne, mais bien pour vous porter à l'estimer davantage. Ce qui relève le jeûne, ce n'est pas l'abstinence de nourriture, mais la fuite du péché. Ne voir dans le jeûne qu'une privation de nourriture, c'est lui faire outrage. Si vous jeûnez vraiment, montrez-le par vos œuvres ! Quelles seront ces œuvres, me demandez-vous ? Si vous voyez un pauvre, ayez pitié de lui ; si vous voyez votre ennemi, réconciliez-vous avec lui ; si votre ami accomplit une action digne d'éloge, ne lui portez point envie ; si vos yeux aperçoivent une belle femme, ne vous arrêtez point. Ce n'est pas seulement notre bouche qui doit jeûner, mais nos yeux, nos oreilles, nos pieds, nos mains, tous nos membres. Que nos mains jeûnent, c'est-à-dire qu'elles soient pures de toute rapine et de toute avarice. Que nos pieds jeûnent, c'est-à-dire qu'ils s'abstiennent de courir à des spectacles illicites. Que nos yeux jeûnent, c'est-à-dire qu'ils s'habituent à ne jamais lancer de regards immodestes, à ne jamais se fixer avec curiosité sur des objets dangereux. Les yeux vivent de spectacles ; s'ils sont illégitimes et défendus, le jeûne en souffre et le salut de l'âme est en péril : légitimes et permis, ils sont un ornement du jeûne. Ne serait-il pas absurde en effet de se priver d'une nourriture d'ailleurs permise, et de rassasier cependant ses yeux d'un aliment qui leur est interdit ? Vous ne mangez point de viande ? Eh bien ! ne vous nourrissez point d'impureté par vos yeux. Que les oreilles jeûnent aussi ; et leur jeûne consiste à n'écouter ni médisances ni calomnies. Vous ne prêterez point l'oreille aux vains discours (Exod. XXIII, 1), dit la sainte Écriture.

    Que la bouche jeûne, en s'abstenant de toute parole déshonnête et injurieuse. A quoi bon nous priver de la chair des oiseaux et des poissons, si nous déchirons, si nous dévorons nos frères ? Le médisant dévore la chair de son frère, il déchire la chair du prochain. Et c'est pourquoi saint Paul dit cette parole terrible : Si vous vous déchirez et si vous vous dévorez les uns les autres, ne voyez-vous pas que vous allez vous faire mourir les uns les autres (Gal V, 15) ? Vos dents ne se sont point enfoncées dans la chair, mais votre médisance, votre soupçon, s'est enfoncé dans les âmes, vous les avez blessées ; vous les avez accablées de mille maux, la vôtre, celle qui vous écoute et beaucoup d'autres. Celui qui vous entend médire, ne l'avez-vous point rendu pire qu'il n'était ? Pécheur, il péchera plus facilement encore, depuis qu'il a rencontré son pareil ; juste, les péchés d'autrui lui donneront de l'arrogance et de l'orgueil, et il aura de lui-même une haute opinion. Bien plus, c'est l’Église tout entière que vous avez blessée. Ceux qui vous écoutent, ce n'est pas à un seul qu'ils imputent les fautes dont vous parlez, mais à tout le peuple chrétien. »

    St Jean Chrysostome, Troisième Homélie sur les statues (4-5). Œuvres complètes Tome II, Traduites pour la première fois sous la direction de M. Jeannin, Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, éditeurs, 1864.
    (Texte intégral)

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    Le Prophète Jonas et les Ninivites
    (Crédit photo)

  • Mercredi 1er mars 2017

    Mercredi des Cendres
     
    Jeûne et abstinence
     
    Les jours de pénitence : rappel du Droit Canonique en vigueur

    Can. 1249 - Tous les fidèles sont tenus par la loi divine de faire pénitence chacun à sa façon ; mais pour que tous soient unis en quelque observance commune de la pénitence, sont prescrits des jours de pénitence durant lesquels les fidèles s'adonneront d'une manière spéciale à la prière et pratiqueront des œuvres de piété et de charité, se renonceront à eux-mêmes en remplissant plus fidèlement leurs obligations propres, et surtout en observant le jeûne et l'abstinence selon les canons suivants.

    Can. 1250 - Les jours et temps de pénitence pour l'Église tout entière sont chaque vendredi de toute l'année et le temps du Carême.

    Can. 1251 - L'abstinence de viande ou d'une autre nourriture, selon les dispositions de la conférence des Évêques, sera observée chaque vendredi de l'année, à moins qu'il ne tombe l'un des jours marqués comme solennité ; mais l'abstinence et le jeûne seront observés le Mercredi des Cendres et le Vendredi de la Passion et de la Mort de Notre Seigneur Jésus Christ.

    Can. 1252 - Sont tenus par la loi de l'abstinence, les fidèles qui ont quatorze ans révolus ; mais sont liés par la loi du jeûne tous les fidèles majeurs jusqu'à la soixantième année commencée. Les pasteurs d'âmes et les parents veilleront cependant à ce que les jeunes dispensés de la loi du jeûne et de l'abstinence en raison de leur âge soient formés au vrai sens de la pénitence.

    Can. 1253 - La conférence des Évêques peut préciser davantage les modalités d'observance du jeûne et de l'abstinence, ainsi que les autres formes de pénitence, surtout les œuvres de charité et les exercices de piété qui peuvent tenir lieu en tout ou en partie de l'abstinence et du jeûne.

    Code de Droit Canonique

  • Méditation : de l'effacement

    « Si tu veux imiter à fond l'humilité de Jésus, tu devras participer à sa vie cachée, voilant, comme Lui, tout ce qui, en toi, peut attirer l'attention, les louanges d'autrui ; dérobant à leur vue tout ce qui peut te singulariser, te faire remarquer ; fuyant, pour autant qu'il dépende de toi, toute marque de distinction. « Aime à vivre inconnu et tenu pour rien », dit l'« Imitation de Jésus-Christ » (I, 2, 3) car de cette façon tu seras plus semblable à Jésus. « Lui, de condition divine, ... s'anéantit lui-même, prenant condition d'esclave et devenant semblable aux hommes » (Ph. II, 6 et 7). Jésus Lui-même nous a enseigné la pratique de la vie cachée, recommandant avec instance que le bien soit fait en secret, uniquement pour plaire à Dieu, sans aucune ostentation. Il t'enseigne ainsi à garder le secret de ta vie intérieure et de tes rapports avec Lui : « Pour toi, quand tu pries, retire-toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte » ; - à celer aux autres tes mortifications et pénitences : « quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage » ; - à ne pas mettre en évidence tes bonnes œuvres : « quand tu fais l'aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite », car ceux qui font leurs bonnes œuvres devant les hommes pour être vus d'eux... « ils ont déjà leur récompense » et n'en recevront plus de leur Père céleste (cf. Mt VI, 1-17).

    Je le confesse, Seigneur, et Vous le savez déjà, je suis bien loin de désirer, comme les Saints, l'oubli, l'indifférence des créatures, moi qui me sers souvent spontanément de petits artifices pour me faire remarquer, me mettre en évidence. Mais vous le savez, mon Jésus, je suis malade, et Vous savez aussi que je veux guérir en modelant ma vie sur la vôtre. C'est seulement pour Vous ressembler que je puis accepter et aimer l'effacement ; c'est uniquement pour mériter votre amour, vos regards, votre intimité, que je puis renoncer à la bienveillance, à l'estime des créatures... O Jésus, augmentez donc mon désir de vivre uniquement pour Vous, - et il me sera doux de vivre ignoré des hommes. »

    P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, Intimité Divine Tome I (3e Semaine de Carême, 10 : La vie cachée, 1 et Colloque), Monastère des Carmélites Déchaussées, Librairie du Carmel, 1963.

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  • Mercredi 10 février 2016

    Mercredi des Cendres
    Jeûne et abstinence

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    « Quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu, comme ceux qui se donnent en spectacle : ils se composent une mine défaite pour bien montrer aux hommes qu’ils jeûnent […]. Mais toi, quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage ; ainsi, ton jeûne ne sera pas connu des hommes, mais seulement de ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père voit ce que tu fais dans le secret : il te le revaudra. »
    Matthieu VI, 16-18

  • Mercredi des Cendres : Et vous, allez-vous porter la croix avec eux ?

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    « Priez pour que nous puissions rester dans notre pays bien-aimé »
    A la demande des patriarches de Syrie et d'Irak, l'AED lance une journée mondiale de prière auprès de 600 000 bienfaiteurs dans 21 pays

    Dans un appel poignant adressé à "tous ceux qui nous aident à travers l'AED", le patriarche melkite Grégoire III (Syrie), et Mgr Sako, patriarche chaldéen (Irak), demandent une journée de prière et de carême afin que Dieu "accorde enfin à notre pays la paix tant espérée."

    Dans deux lettres, les deux chefs des Églises de Syrie et d'Irak invitent les amis de l'AED à s'associer le mercredi des Cendres à la prière et au jeûne pour les chrétiens en Syrie et en Irak. Ils vous remercient pour votre aide, sans laquelle « beaucoup d'entre nous seraient morts, morts de faim, morts de froid ou se seraient déjà enfuis ».

    IRAK : l'appel de Mgr Sako

    Mgr SakoMgr Sako nous écrit : "Nous sommes tous reconnaissants de cette aide. Mais ce dont nous avons le plus besoin, c'est de miséricorde. Au début de cette période de Carême et particulièrement pour le mercredi des Cendres, je vous demande donc : priez et faites carême pour la paix dans notre pays !

    Priez et faites carême pour que Dieu prenne pitié de nous ! Priez et faites carême pour que nous puissions rester dans notre pays, pour que les réfugiés puissent retourner dans leurs villages et leurs villes." Selon lui, la guerre en Irak et en Syrie "a pris une ampleur d'apocalypse; L'humanité est confrontée à la plus grande catastrophe humanitaire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Des villes jadis florissantes comme Mossoul et les villages de la plaine de Ninive ne sont plus que des champs de ruine. Tous ceux qui ont trouvé les moyens de s'enfuir sont partis. Dans les camps de réfugiés, des millions d'enfants attendent leur pain quotidien, mais ils ont aussi soif d'avenir, ils veulent des écoles et un foyer. Eux, leurs parents et leurs proches veulent retourner dans leur patrie.

    L'AED est comme une mère pour nous. Je sais que vous faites tout cela également par amour du Christ. Je vous implore donc de prier et de faire carême pour que nous puissions rester dans notre pays bien-aimé. Pour qu'il y ait pour nous aussi une résurrection des ruines, une fête de Pâques sur les terres d'Abraham."

    SYRIE : l'appel du patriarche Grégoire III

    Syrie Patriarche Gregoire III Lahham credit AEDLe patriarche Grégoire insiste sur la situation dramatique en Syrie, le berceau de la chrétienté. "Jour pour jour, notre foi est mise à l'épreuve. Nous voyons la souffrance des enfants, la douleur des parents, nous sommes entourés de haine et de mort. Nous aimerions à nouveau vivre en paix dans notre patrie bien-aimée. Cela fait cinq ans que nous traversons maintenant le désert. Votre continuel secours est pour nous comme la manne que le Seigneur a envoyée aux Israélites pour les sauver de mourir de faim. En Syrie, les chrétiens sont inébranlables dans leur foi. Toutefois, le Seigneur lui-même avait également à ses côtés des consolateurs et des soutiens sur son chemin vers le Golgotha : Simon de Cyrène L'a aidé à porter Sa croix, Sainte Véronique lui a tendu son voile pour qu'Il puisse S'essuyer le front, Sa très Sainte mère et l'apôtre Saint Jean se tenaient sous la croix." Les chrétiens de Syrie espèrent "recevoir la consolation et le soutien de nos frères et sœurs" et nous invitent donc cordialement "à nous joindre le mercredi des Cendres à une journée de jeûne et de prière durant laquelle nous implorerons ensemble Dieu pour qu'Il accorde enfin la paix tant espérée à notre pays. Vos prières, votre encouragement et votre soutien nous aident à supporter ce calvaire. C'est pourquoi j'aimerais répéter une fois encore mon invitation : Je vous en prie, faites carême et priez avec nous ! Il est impossible que le Seigneur n'exauce pas les prières conjointes et les sacrifices de Ses enfants. Merci de tout cœur pour tout ce que vous faites !"

    L'AED demande aux chrétiens du monde entier de jeûner et de prier avec ferveur le mercredi des Cendres (10 février 2016). C'est ainsi qu'ils pourront s'unir spirituellement aux souffrances dramatiques de leurs frères et sœurs en Irak et Syrie.

    La campagne sera affichée sur les réseaux sociaux avec les hashtags #JeûneEtPrière, #PorteLaCroix, #MercrediDesCendres, #Careme2016.

    Merci de votre participation !

    Depuis mars 2011, l'AED envoyé en Syrie et en Irak 27,67 millions € pour porter assistance à tous ceux qui souffrent. En janvier 2016, 19 programmes d'aide ont été validés, et 20 autres programmes d'aide d'urgence vont suivre dans les prochains mois.

  • Lettre du Cardinal Robert Sarah aux paroissiens de Fontainebleau

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    Une église a été incendiée à Fontainebleau, en Seine-et-Marne, dans le diocèse de Meaux, dans la nuit du samedi 9 au dimanche 10 janvier. Trois foyers d'incendie ont été allumés dans l'église, provoquant des dégâts matériels. Un autel du XVIIe siècle, qui appartenait autrefois au château de Fontainebleau, a été détruit par le feu, et une Vierge à l'Enfant polychrome du XIVe siècle, dite de Notre-Dame-de-Flanchard, a disparu, brûlée ou volée. Les hosties consacrées ont été jetées sur le sol et un ciboire a été volé.
    Mardi 12 janvier, le parquet a annoncé l'internement en psychiatrie d'un marginal de 48 ans soupçonné d'être l'auteur des profanations et des départs de feu.

    Comme il ne s'agit pas d'un simple acte de vandalisme mais bien d'une profanation, Mgr Jean-Yves Nahmias, l'évêque de Meaux, présidera une Messe de réparation en l'église Saint-Louis ce dimanche 24 janvier à 10h30.

    Depuis Rome, dans une lettre datée du 12 janvier, le Cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, s’associe à la douleur des paroissiens de Fontainebleau, auxquels il avait rendu visite l'an dernier, et les invite au jeûne et à la prière.

    Texte intégral de la lettre du Cardinal Sarah ci-dessous.

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  • Méditation : Qu'est-ce que la ferveur ?

    « Non, la ferveur ne consiste ni dans ces actions éclatantes ni dans ces entreprises sublimes, ni dans ces sacrifices héroïques qui signaleraient si bien votre amour pour Dieu : braver les tyrans, monter sur un échafaud, donner sa tête, passer les mers pour porter ou le flambeau de la foi chez les idolâtres, ou tout son bien pour tirer nos frères des fers sous lesquels les accablent des infidèles barbares. La ferveur ne consiste point dans ce qui paraît excéder votre pouvoir : multiplier vos aumônes, prolonger vos prières, augmenter vos jeûnes, vos austérités, vous exiler de toutes les compagnies, vous interdire tout délassement, vous ensevelir tout vivant dans un bois, dans une caverne. Beaucoup moins la ferveur consisterait-elle dans ces dons extraordinaires que la théologie nous enseigne former une classe particulière de grâces, et qu'elle appelle grâces gratuitement données, parce qu'elles sont moins pour celui qui les reçoit que pour ceux devant qui elles éclatent ; lire, par exemple, dans le sein de l'avenir, chasser les démons, arrêter ou faire reculer le soleil, commander aux vents, à la mer, à la mort, en un mot, tout ce qui caractérise le thaumaturge. Enfin, la ferveur ne consiste point dans ces consolations sensibles et surnaturelles, dans cette joie intérieure, dans ces douces larmes de dévotion que Dieu accorde à qui il lui plaît, quand il lui plaît, aussi abondamment et aussi longtemps qu'il lui plaît, mais qu'il n'a jamais prétendu être la mesure de son amitié pour une âme, supposé qu'elles en soient une marque ; être ravi en extase, trouver du plaisir dans les austérités, de la joie dans l'humiliation, du plaisir dans la douleur ; pleurer au pied de son crucifix ; ce n'est point en tout cela que vous devez faire consister votre ferveur dans le service de votre Dieu.
    [...]
    Si la ferveur ne consiste donc ni dans ces actions éclatantes qui signaleraient si bien votre amour pour le divin maître, ni dans ces consolations spirituelles qui feraient courir les âmes les plus paresseuses dans les voies immortelles de la perfection, quelle idée devez-vous vous en former ? Écoutez saint Basile vous instruire sur ce point. La ferveur, selon ce père de l’Église, est un désir ardent et soutenu de plaire à Dieu dans toutes choses. Pour l'ordinaire, l'âme fervente ne fait rien que de commun ; mais elle ne fait rien d'une manière commune. Voilà son distinctif ; elle ne perd point de vue son bien-aimé, et elle se borne à lui plaire. Il est seul le motif de sa conduite, de lui seul elle attend sa récompense. »

    Abbé Roissard, La Consolation du Chrétien, ou Motif de confiance en Dieu dans les diverses circonstances de la vie (Chap. XII), A Paris, Chez Méquignon-Junior, 1834.

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  • Méditation : Pas de relâchement !

    « L'erreur commune regarde le temps pascal comme un temps de relâchement, de repos, de liberté et de plaisirs... Il n'est que trop vrai que la plupart des fidèles croient avoir droit de se délasser et de donner moins de soins à leur salut éternel, quand une fois ils sont arrivés au bout de cette carrière de pénitence ; qu'ils ne font consister le privilège de la résurrection que dans des mœurs plus douces ; dans un usage plus libre des plaisirs de la table, du jeu, des spectacles ; et dans la rareté des prières publiques, et des autres devoirs de la Religion...

    L’Église en ce saint temps, fournissant moins de secours extérieurs à la piété des fidèles, vous devez remplacer ce défaut par un renouvellement de zèle et d'attention. En effet, dans les jours de pénitence, dont nous venons de sortir, il semble que la foi et la piété étaient soutenues par les dehors tout seuls du culte. L'assistance plus assidue à nos Temples ; la parole de l’Évangile plus souvent et en plus de lieux annoncée ; les prières de l’Église plus longues et plus solennelles ; tout cet appareil de deuil et de tristesse dont elle était couverte ; le souvenir des Mystères douloureux qu'elle nous rappelait ; la loi des jeûnes et des abstinences ; les plaisirs publics suspendus ; la liberté des tables modérée ; [... ] tout cela pouvait servir de soutien à une piété naissante. Mais dans le temps où nous allons entrer, la vertu ne trouve presque plus rien dans les dehors de la Religion, qui l'aide, qui la réveille, qui la défende : toute la beauté de la Fille du Roi est, pour ainsi dire, au-dedans. L’Église supposant que nous sommes devenus des hommes tout spirituels et célestes par la Résurrection, fournit à notre piété moins de secours sensibles : les jeûnes cessent, les prières publiques diminuent ; les chaires chrétiennes se taisent ; les cérémonies du culte sont plus unies et plus simples ; les solennités finissent ; la révolution des Mystères s'accomplit ; l’Église de la terre ressuscitée est une image de celle du Ciel, où l'amour, l'adoration, l'action de grâces et le silence tiennent lieu d'hymnes et de cantiques, et forment toute la religion et tout son culte.

    Or, pour vous, qui êtes encore faible dans la foi, cette privation de secours sensibles, cette vie intérieure et parfaite a des dangers. Il est à craindre que ne trouvant plus autour de vous les appuis extérieurs de la piété, vous ne puissiez vous soutenir tout seul : il est à craindre que la fin des abstinences ne soit pour vous un attrait d'intempérance et de volupté ; que l'éloignement des choses saintes ne vous jette dans l'oubli de Dieu ; [...] que la rareté des prières publiques ne vous désaccoutume d'élever votre cœur à Dieu ; que le silence des chaires chrétiennes ne vous endorme sur les vérités du salut ; en un mot, que la sainte liberté de ce temps ne soit pour vous une occasion de rechute et de libertinage. »

    Jean-Baptiste Massillon (1663-1742), Sermon sur la Résurrection de Notre Seigneur, in "Sermons - Mystères", A Paris, Chez Froullé, 1792.

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    Mitzpe Ramon, Désert du Negev, Israël (Crédit photo)

  • Une journée de prière et de jeûne pour les chrétiens d’Orient le vendredi 20 mars 2015

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    La Neuvaine se joint à l’appel à la prière et au jeûne en soutien aux chrétiens d’Orient lancé par les évêques de la région Rhône Alpes. Prions aussi pour que la France soit fidèle à sa mission envers les chrétiens d’Orient et assume sa responsabilité enracinée dans l’histoire et dans sa vocation !

    Les évêques de la Région Rhône-Alpes proposent une journée de prière et de jeûne pour les chrétiens d’Orient vendredi 20 mars

    « Alors que la tragédie des chrétiens d’Orient et de tant d’autres minorités n’en finit pas d’apporter chaque jour son lot de mauvaises nouvelles, nous invitons les catholiques de nos diocèses et plus généralement les chrétiens et les hommes de bonne volonté qui le souhaitent à une journée de jeûne et de prière à cette intention, le 20 mars 2015.

    En ce vendredi de Carême qui correspond au dernier jour de l’hiver, nous intensifierons notre prière vers Dieu pour qu’adviennent le printemps de la paix et le retour de la vie, dans l’espérance de la Résurrection.

    À Lyon, un rassemblement silencieux se tiendra devant la cathédrale Saint Jean, vendredi 20 mars à 18h30, en présence de Mgr Mouché, archevêque syriaque-catholique de Mossoul.
    À Annecy, une Messe sera célébrée en l’église Notre-Dame de Liesse, vendredi 20 mars à 18h30.
    À Bourg en Bresse, une Messe sera célébrée, à la co-cathédrale Notre-Dame, vendredi 20 mars à 18h30.
    À Valence, une Messe sera célébrée à la cathédrale vendredi 20 mars à 19h30, précédée de la conférence de Carême : « La joie du service des autres ».
    À Viviers, une Messe sera célébrée à la cathédrale, vendredi 20 mars à 12h. »

    Mgr Philippe Ballot, archevêque de Chambéry, Maurienne et Tarentaise
    Cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon
    Mgr François Blondel, évêque de Viviers
    Mgr Yves Boivineau, évêque d’Annecy
    Mgr Guy de Kerimel, évêque de Grenoble-Vienne
    Mgr Dominique Lebrun, évêque de Saint-Étienne
    Mgr Patrick Le Gal, évêque auxiliaire de Lyon
    Mgr Pierre-Yves Michel, évêque de Valence
    Mgr Pascal Roland, évêque de Belley-Ars

    Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l’Œuvre d’Orient

    France - La Neuvaine.

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  • Méditation : austérité chrétienne et sainteté (2)

    « Ah ! je le sais, la pénitence corporelle, le jeûne, l'abstinence, la discipline et la flagellation des saints, prête à rire à des penseurs de ce temps, trop sages pour pratiquer de telles folies. ils ont plus d'égards pour la chair, plus de respect, surtout plus d'amour pour leur corps ; et ils disent en souriant à l'austérité chrétienne : Ascétisme, moyen âge, fanatisme !... Laissons passer le siècle avec ces lâches discours et ces faciles injures. La vérité est, quoi qu'en pensent les faux sages, que réduire, comme saint Paul, sa chair en servitude, ne fût-ce que pour être bien sûr qu'on ne deviendra jamais son esclave, sera toujours un acte de courage et de magnanimité. La vérité est que pour accorder à son corps le plaisir dans un but de satisfaction égoïste, il suffit d'être un misérable ; et que pour infliger à son corps la douleur volontaire dans un but de restauration morale, il faut être courageux, il faut être vraiment grand. La vérité est enfin que cette race de mortifiés, dont on livre l'héroïsme à la risée populaire, ouvre devant le siècle la route du progrès ; parce que, mortifiant la chair pour faire mieux vivre l'esprit, elle maintient et développe en elle la vraie grandeur de l'homme. »

    R.P. C.J. Félix s.j. (1810-1891), Le Progrès par le christianisme - Conférences de Notre-Dame de Paris, Année 1858 (Quatrième conférence : le progrès moral par l'austérité chrétienne), 4e édition, Paris, Librairie d'Adrien Le Clere et Cie, s.d.

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  • Les jours de pénitence : rappel du Droit Canonique en vigueur

    Can. 1249 - Tous les fidèles sont tenus par la loi divine de faire pénitence chacun à sa façon ; mais pour que tous soient unis en quelque observance commune de la pénitence, sont prescrits des jours de pénitence durant lesquels les fidèles s'adonneront d'une manière spéciale à la prière et pratiqueront des œuvres de piété et de charité, se renonceront à eux-mêmes en remplissant plus fidèlement leurs obligations propres, et surtout en observant le jeûne et l'abstinence selon les canons suivants.

    Can. 1250 - Les jours et temps de pénitence pour l'Église tout entière sont chaque vendredi de toute l'année et le temps du Carême.

    Can. 1251 - L'abstinence de viande ou d'une autre nourriture, selon les dispositions de la conférence des Évêques, sera observée chaque vendredi de l'année, à moins qu'il ne tombe l'un des jours marqués comme solennité ; mais l'abstinence et le jeûne seront observés le Mercredi des Cendres et le Vendredi de la Passion et de la Mort de Notre Seigneur Jésus Christ.

    Can. 1252 - Sont tenus par la loi de l'abstinence, les fidèles qui ont quatorze ans révolus ; mais sont liés par la loi du jeûne tous les fidèles majeurs jusqu'à la soixantième année commencée. Les pasteurs d'âmes et les parents veilleront cependant à ce que les jeunes dispensés de la loi du jeûne et de l'abstinence en raison de leur âge soient formés au vrai sens de la pénitence.

    Can. 1253 - La conférence des Évêques peut préciser davantage les modalités d'observance du jeûne et de l'abstinence, ainsi que les autres formes de pénitence, surtout les œuvres de charité et les exercices de piété qui peuvent tenir lieu en tout ou en partie de l'abstinence et du jeûne.

    Extraits du Code de Droit Canonique.

  • Méditation : le Mercredi des Cendres

    « Dès les temps les plus anciens, la cendre imposée sur la tête a été un emblème de pénitence et de douleur. Job, repentant d'avoir plaidé la cause de son innocence dans un langage trop peu mesuré, s'écrie : Je m'accuse moi-même, Seigneur, et je fais pénitence de ma faute dans la poussière et la cendre (1). En pénitence du vol sacrilège commis par Achan à la prise de Jéricho, Josué et les anciens d'Israël se couvrent la tête de cendres (2). Plus tard, Judith, Esther, Mardochée, Judas Machabée, emploient ce moyen pour fléchir la colère du ciel ; Jérémie et tous les prophètes conseillent cette pratique aux Juifs frappés de Dieu (3). Enfin Notre-Seigneur lui-même donne la cendre comme un symbole de pénitence, lorsqu'il dit des habitants de Tyr et de Sidon, que, s'ils eussent vu les miracles opérés par lui au milieu de la Judée, ils eussent fait pénitence dans le cilice et la cendre (4). C'est ce qui explique pourquoi l’Église primitive distinguait par la cendre les pénitents d'avec les fidèles et même, le premier jour du Carême, elle couvrait de cendre la tête de tous ses enfants sans distinction, par cette raison que tout chrétien, dit Tertullien, est né pour vivre dans la pénitence.

    Cette cérémonie des Cendres est donc comme un sceau qui nous dévoue à la pénitence, de telle sorte que recevoir les cendres sur la tête, sans avoir la contrition dans le cœur, c'est simuler un sentiment qu'on n'a pas, c'est une hypocrisie. Entrons de bon cœur dans l'esprit de pénitence, dès le premier jour de cette sainte quarantaine. L'intérêt de notre salut l'exige ; Jésus-Christ le déclare formellement par cette parole : "Si vous ne faites pénitence, vous périrez tous" (5) ; et il nous l'enseigne encore mieux par son exemple : toute sa vie n'a été qu'une pénitence continuelle. Tous les saints, à son imitation, ont fait pénitence, et nous donc, de quel droit nous en dispenserions-nous ? Nous avons péché bien des fois ; or tout péché, même remis, demande pénitence. Nous avons des passions à vaincre, des tentations à combattre ; or la pénitence est le plus sûr préservatif contre les unes et contre les autres. Interrogeons ici notre conscience : avons-nous l'esprit de pénitence propre au saint temps du Carême ? »

    1. Job XLII, 6 - 2. Josué VII, 6 - 3. "Aspergite vos cinere." (Jer. XXV, 34) - 4. Mt XI, 21 - 5. "Si poenitentiam non egeritiis, omnes similiter peribitis." (Luc XIII, 5).

    Abbé André-Jean-Marie Hamon (1795-1874), curé de Saint Sulpice, Méditations à l'usage du clergé et des fidèles pour tous les jours de l'année (Tome I, Mercredi des Cendres), Paris, Victor Lecoffre, 1886.

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