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  • Méditation - l'immense douleur humaine...

    « Si nous savions voir, nous remarquerions vite que la souffrance est partout autour de nous. Parfois sa rencontre se fait brutale, alors elle nous choque, elle nous bouleverse, mais elle est toujours là, même lorsque nous n'y portons pas attention. Que de souffrances cachées, ignorées, méconnues ! Certes, tous les hommes ne souffrent pas en même temps, de la même manière, ni avec la même intensité. Mais il n'y a pas un instant où il n'y ait des millions d'hommes qui n'aient à souffrir, tous y passent et y repassent, plus ou moins, un jour ou l'autre.

    Pensons plus souvent à tous ceux qui connaissent la croix dans leur esprit, dans leur coeur, dans leur chair, quelquefois dans les trois à la fois. Communions à cette immense douleur humaine qui purifie l'humanité de ses scories. Unissons cette souffrance à la nôtre, la nôtre à celle de Jésus-Christ et servons d'agent de liaison pour que la Passion du Christ sanctifie celle des hommes et la transfigure. »

    P. Gaston Courtois f.c. (1897-1970), Quand on souffre..., Fleurus, Coll. Feuillets de vie spirituelle n°53, Paris, 1964.

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  • Méditation - En l'Eucharistie, Jésus nous parle : Ecoutons-Le !

    « Combien de catholiques qui ne savent plus ce qu'est l'Eucharistie ! J'ai quelquefois peur d'entendre la plainte du Cœur de Jésus à sainte Marguerite-Marie :
    « Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes, qu'il n'a rien épargné jusqu'à s'épuiser et à se consommer pour leur témoigner son Amour ; et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs et les mépris qu'ils ont pour moi, dans ce Sacrement d'Amour. »
    Mais, non, Jésus-Christ n'est pas un souvenir, l'Eucharistie n'est pas un symbole. C'est ce Corps de Jésus moulé dans le sein de la Vierge Marie, son corps, sa chair pure qui vient purifier ma chair de misère, son Cœur de feu qui vient brûler mon pauvre cœur de pierre. Le Pain Vivant !
    Il y a un homme qu'on appelle le prêtre. Ah ! chers Retraitants, n'acceptez jamais qu'on vous dise que le prêtre est un homme comme les autres. C'est le dernier outrage qu'on puisse faire au Seigneur. Le prêtre, c'est avant tout un consécrateur d'hostie, c'est un « mis à part ». Il est fait pour consacrer le Pain, et vous allez me dire que c'est un homme comme les autres ?
    Cet homme, il est là, il va vous donner le Pain qui fait les forts, le Vin qui va vous rendre capables d'être purs dans vos corps, dans vos cœurs et dans vos âmes.
    Peut-être ce Pain fera-t-il de vous des saints ? des martyrs ? Je ne sais pas, mais... c'est un Pain Vivant. S'il est Vivant, il parle. Alors, s'il parle, écoutez-le.
    Je vous laisse en finale, un mot qui sort de la bouche de Marie, cette femme, la plus belle de toutes, le modèle de toutes les femmes, la pleine de grâce, qui dit à ceux qui l'entourent à Cana :
     
    « FAITES TOUT CE QU'IL VOUS DIRA ! »
     
    Ah ! la belle leçon ! Tendez bien l'oreille.
    Vous êtes cinquante, il y a cinquante cœurs auxquels le Seigneur désire parler, alors, chers Retraitants, faites bien tout ce qu'il vous dira. Amen. »

    P. Armand Roustand (1902-1973), Les Cinq Jours de Paray (Conférences de Retraites données en 1959), Tome II, L'Enfant prodigue, Imprimerie Micolon, Paray-le-Monial, s.d.

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    Eucharistie célébrée par le St Padre Pio

  • Méditation - « Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle »

    « Amen, amen, je vous le dis : il a la vie éternelle, celui qui croit.
    Moi, je suis le pain de la vie.
    Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ;
    mais le pain qui descend du ciel est tel que celui qui en mange ne mourra pas.
    Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde...
    Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
    En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson.
    Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. »

    « À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner. »

    Jean VI 47-56 & 66

    « On n'admire pas assez les discours de Notre-Seigneur. Ils se déploient avec une telle plénitude qu'on ne la remarque pas ; il en est de sa parole comme de sa vie ; la simplicité en masque la perfection et la beauté. « Cherchez, a-t-il dit à ses auditeurs, un aliment qui demeure et donne de vivre à jamais. Demandez-moi cela, et non un pain matériel qui refasse vos corps chaque jour et qui vous laisse dans la vie périssable de la matière. Ce pain, vous l'avez. Le Père vous l'a donné ; je suis ce pain ; si vous entrez en moi par la foi, vous l'y trouvez et vous êtes à l'abri de l'usure ; vous n'aurez plus ni faim ni soif ; vous ne mourrez plus, et même vos corps participeront au dernier jour à cette vie qui demeure. Mais il faut me manger. Comment cela ? En prenant ma chair, en vous unissant à moi dans la chair, comme je me suis uni à vous quand je l'ai prise. Je suis descendu, il faut que vous remontiez ; je suis descendu par elle ; vous devez remonter par elle. Entrez dans ma chair et vous trouverez le Père, le principe de vie qui me la communique, vous accueillerez le souffle de sa vie par lequel il m'engendre, et vous vivrez de cette vie. »
    « Vous ferez ce que je fais, vous vous donnerez comme je me donne. Vous donnerez votre esprit en croyant ; vous donnerez votre volonté en aimant ; vous donnerez votre sensibilité en réalisant votre foi et votre amour. Vous vous donnerez parce que l'Esprit d'amour qui m'unit au Père sera en vous, et vous unira à moi comme je m'unis à lui. Vous ferez ce que je fais comme je fais ce que fait le Père. Nous ne ferons plus tous que nous donner mutuellement : et c'est la vie éternelle. » »

    Dom Augustin Guillerand (1877-1945), Au seuil de l'abîme de Dieu. Élévations sur l’Évangile de saint Jean (VI), Benedettine di Priscilla, Roma, 1961.

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    Semen Zhivago (1807–1863), "La dernière Cène", détail (1879-87)
    Cathédrale Saint Isaac, Saint-Pétersbourg (Russie)

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  • Méditation : A propos des tentations (1/3)

    « St Grégoire dit que c'est une erreur de beaucoup de gens de s'imaginer que, dès qu'ils sont attaqués de quelque tentation violente, tout est perdu, et que Dieu les a déjà abandonnés. Ils s'abusent : tous les hommes sont sujets aux tentations ; et ceux qui aspirent à la perfection y sont encore plus sujets que les autres [...]. Tous ceux qui veulent vivre saintement en Jésus-Christ souffriront persécution (1). Tous ceux qui voudront faire des progrès dans la vertu seront exposés aux tentations. Pour les autres, ils ne savent souvent pas même ce que c'est, et ils ne s'aperçoivent pas de la récolte et du combat de la chair contre l'esprit : au contraire, ils en font trophée. St Augustin, sur ce passage de l'Apôtre : La chair convoite contre l'esprit, dit que c'est dans les gens de bien qu'elle convoite contre l'esprit, parce que dans les méchants elle n'a pas contre qui convoiter ; et que ce n'est qu'où est l'esprit, c'est-à-dire où il y a un véritable désir de la vertu, qu'elle convoite contre l'esprit (2). C'est pourquoi les méchants n'ayant point en eux l'esprit qui combat contre la chair, ne sentent point aussi les révoltes et les contradictions de la chair contre l'esprit ; et le démon n'a que faire non plus de perdre le temps à les tenter, puisque d'eux-mêmes et sans résistance ils se rendent à lui et se livrent entre ses mains. [...] C'est pourquoi non seulement nous ne devons point nous étonner d'avoir des tentations, mais nous devons même les prendre pour une bonne marque, suivant les paroles de St Jean Climaque, qu'il n'y a point de marque plus infaillible d'avoir vaincu les démons que d'en être vivement attaqué (3) ; car ils ne vous attaquent de cette sorte que parce que vous vous êtes révoltés contre eux et que vous avez secoué leur joug : c'est là le sujet de leur haine et des persécutions qu'ils vous font ; sans cela ils ne vous tourmenteraient pas autant. »

    1. 2 Tim. 3, 12. - 2. Aug. de verb. Dom. in Evang. secund. Joan. serm. 43. - 3. Clim. grad. 26 de Dissert. art. 60.

    R.P. Alphonse Rodriguez s.j. (1526–1616), Pratique de la Perfection Chrétienne, Tome III, Part. II, Traité IV, Chap. I, Trad. Abbé Regnier-Desmarais, Poitiers, Henri Oudin, 1866.
    (ne pas confondre avec St Alphonse Rodriguez (1533-1617), autre jésuite espagnol, portier au collège de Majorque, canonisé en 1888.)

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    Gustave Moreau (1826-1898), Saint Michel terrassant Satan

  • Méditation : Vigile de Noël

    « Vigile de Noël !... C'est demain Noël, le doux Noël !... Demain les Anges, émus à l'excès, chanteront la Gloire à Dieu dans les hauteurs des cieux ; et la Paix, promise à toute bonne volonté, planera victorieuse sur le monde que vient consacrer le très pieux avènement de Jésus-Christ, le Fils de Dieu (1).
    [...]
    Il règnera, ce Roi pacifique, que la création salue et magnifie, et dont la terre entière désire contempler le Visage (2). Ce premier pas sur le sol des pécheurs est décisif ; Noël prélude à la Pâque, un Dieu s'incarne pour nous racheter et nous ressusciter avec Lui.

    Seigneur Jésus, nous exultons en cette joie de la douce attente. Permettez donc que nous, qui vous accueillons ainsi joyeux, nous puissions, en sécurité, vous regarder en paix, au jour du jugement (3).

    Et le voilà qui vient. C'est le Seigneur à qui appartiennent l'univers et sa plénitude, à qui sont tous ceux qui l'habitent. C'est Lui qui trône sur les Chérubins étincelants et dont les nuages sont la poussière que foulent ses pieds de Dieu (4).

    Sanctifions-nous et soyons prêts.

    Je vous redis une dernière fois, Seigneur, venez, venez ; car mon âme, éprise et impatiente, vous attend. Venez lui révéler votre Gloire ; permettez à ma chair de s'abîmer enfin dans la contemplation du Salut de mon Dieu.
    [...]
    Anges de Dieu, et Archanges, Séraphins et Chérubins, Trônes et Dominations, Vertus des cieux, Dominations et Puissances, soulevez les portes, jusqu'ici fermées, du ciel d'où descend le Verbe, Paix de Dieu ; escortez en triomphe le Dominateur des Dominateurs, et le Roi de gloire entrera dans l'héritage qui lui revient (5).

    Nous t'adorons, Fils de Dieu, Fils de l'Homme, né de David selon la chair, toi qui nais éternellement de Dieu ton Père. Nous t'adorons Noël !... Noël !... Voici Noël !... Et la sainte nuit, la douce nuit !... Silence, silence, le Verbe-Chair va paraître. »

    1. Annonce de Noël au Martyrologe. - 2. 1ère antienne des Vêpres. - 3. Collecte. - 4. Graduel. - 5. Offertoire.

    Dom Vandeur, Élévations sur la Messe de chaque jour, Avent (Vigile de Noël), Éditions de Maredsous, Namur, 1956.

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    Adoration de l'Enfant, Gerrit van Honthorst (1590-1656)
    Galerie des Offices, Florence (Italie)

  • Méditation : Recevoir dignement le Corps du Christ

    « "Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour." (Jn 6, 54)
    Quand Jésus-Christ promet la vie éternelle à celui qui recevra son sacrement, il parle de celui qui le recevra avec les dispositions convenables. La récompense céleste ne peut pas être le prix de la tiédeur, beaucoup moins encore du sacrilège. Si pour célébrer cette pâque antique, qui n'était que la figure de la nôtre, les Juifs étaient astreints à de grandes préparations, jugeons combien elles sont plus nécessaires encore, lorsque nous recevons le véritable Agneau pascal qui efface les péchés du monde. Si la grâce que les autres sacrements confèrent, nous impose l'obligation de nous y disposer avec soin, quelles ne doivent pas être nos dispositions quand l'Auteur de la grâce vient en personne, avec la plénitude de ses dons, s'établir en nous ! Ce n'est qu'avec ses disciples que Jésus-Christ fait la pâque (1). Dans le mystère de l'incarnation, il se présente humble et pauvre ; il se rend dans une étable. Mais dans le mystère de l'Eucharistie, il veut être reçu avec dignité ; il se fait préparer une salle vaste et ornée (2). Tel qu'un sujet qui s'attend à être honoré de la visite de son souverain, nettoie, embellit, pare sa maison ; tel, à l'approche du Roi des rois qui vient de faire dans lui sa demeure, le chrétien chasse de son cœur tout ce qui pourrait offenser ses regards, et orne son âme de toutes les vertus qui lui plaisent. Distinguons donc avec les saints Pères et les conciles, deux manières de recevoir Jésus-Christ : l'une extérieure et sacramentelle, l'autre intérieure et spirituelle. Ils reçoivent Jésus-Christ sacramentalement, tous ceux qui s'approchent de son sacrement, quels qu'ils soient ; mais il n'y a que les justes qui le reçoivent spirituellement. Les âmes mal préparées le reçoivent, c'est-à-dire qu'il entre dans elles corporellement, mais sa grâce n'y entre pas. Ce n'est pas l'abondance de ses bénédictions, ce sont au contraire des malédictions qu'il leur apporte. Il descend dans nous, accompagné de ses inséparables attributs, de sa justice et de sa miséricorde : de sa justice contre ceux qui le reçoivent sans les préparations qu'il prescrit ; de sa miséricorde pour ceux qui apportent à sa réception les dispositions qu'il désire.
    "... car quiconque mange et boit indignement, mange et boit sa propre condamnation." (1 Co 11, 27-29) »

    1. Apud te facio Pascha cum discipulis meis. Matth. XXVI. 18. - 2. Ostendet vobis coenaculum magnum stratum, et ibi parate. Luc. XXII. 12.

    Cardinal César-Guillaume de La Luzerne (1738-1821), Explication des Évangiles des dimanches, et de quelques-unes des principales fêtes de l'année, Tome 3 (Évangile du jour de la Fête Dieu), Nouvelle édition revue et corrigée, A Lyon, Chez Savy, Libraire, 1807.

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     La dernière Communion de St Jérôme, Sandro Botticelli (1445-1510)

  • Méditation 3ème semaine de Carême : la concupiscence (2)

    « Quand elle prend possession des peuples et déchaîne sur le monde les trois grandes passions qui la composent et sont sa vie elle-même ; quand le monde où elle règne en souveraine, est devenue ce que l’Écriture l'a bien nommé, concupiscence de la chair, concupiscence des yeux, orgueil de la vie, alors le monde se trouble, l'obscurité se fait dans les âmes, le désordre est partout...

    Alors viennent ces heures néfastes où les hommes, ne supportant plus les saines doctrines, se font au gré de leurs désirs des docteurs qui flattent leurs oreilles ; les âmes, fermées à la voix de ces vérités simples et immortelles qui soutiennent le monde, se tournent aux fables inventées hier pour assouvir tous les pervers instincts. Et l'on voit s'accomplir à la lettre ces paroles du grand Apôtre prophétisant aux chrétiens le ravage que la concupiscence allait faire par le mensonge dans l'empire de la vérité : Erit enim tempus, cum sanam doctrinam non sustinebunt, sed ad sua desideria coa cervabunt sibi magistros, prurientes auribus, et a veritate quidem auditum avertent, ad fabulas autem convertentur : "Car un temps viendra où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine, mais au contraire, au gré de leurs passions et l'oreille les démangeant, ils se donneront des maîtres en quantité et détourneront l'oreille de la vérité pour se tourner vers les fables." (2 Tm IV, 3-4). »

    R.P. C.J. Félix s.j. (1810-1891), Le Progrès par le christianisme - Conférences de Notre-Dame de Paris, Année 1857 (Deuxième conférence : la concupiscence obstacle au progrès), 4e édition, Paris, Librairie d'Adrien Le Clere et Cie, s.d.

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  • Méditation 3ème semaine de Carême : la concupiscence (1)

    Omne quod est in mundo, concupiscentia carnis est, concupiscientia oculorum et superbia vitae ; quae non est ex Patre, sed ex mundo est.
    "Tout ce qui est dans le monde - la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l'orgueil de la richesse - tout cela ne vient pas du Père, mais du monde."
    (1 Jn II, 16)

    « Prise dans cette acception éminemment chrétienne et biblique, la concupiscence n'est pas autre que le foyer des passions humaines : ce sont les passions elles-mêmes, mais les passions en tant qu'elles dévient de leur fin et poussent au désordre, les passions retournées contre leur but.
    [...]
    La concupiscence est dans l'humanité la force rétrograde, parce que, par sa nature même, elle retourne et emporte tout avec elle dans un sens opposé à notre marche progressive ; par le mouvement qu'elle imprime à l'humanité, les idées, les affections et l'action, c'est-à-dire tout l'homme marche, en fuyant le but du vrai progrès, vers l'inévitable décadence. »

    R.P. C.J. Félix s.j. (1810-1891), Le Progrès par le christianisme - Conférences de Notre-Dame de Paris, Année 1857 (Deuxième conférence : la concupiscence obstacle au progrès), 4e édition, Paris, Librairie d'Adrien Le Clere et Cie, s.d.

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  • Méditation 2ème semaine de Carême : égoïsme et amour de Jésus-Christ (3)

    « Jésus-Christ régnant dans l'homme substitue sa pensée divine à la pensée humaine : il produit la foi au Verbe divin qui est lui-même ; l'Egoïsme de l'intelligence n'existe plus. L'homme, hier encore, disait en se posant en superbe dans l'empire de la science : « Mon idée, mon opinion, mon système. » Il dit aujourd'hui : « Je crois à Jésus-Christ : ma pensée, c'est sa pensée ; ma parole, c'est l'écho de sa voix ; il est la vérité, toute la vérité ; et c'est la joie de mon intelligence de se perdre et de s'évanouir elle-même dans les splendeurs du Verbe. »

    Jésus-Christ régnant dans l'homme substitue son amour divin à tout l'amour du cœur humain. Le cœur est le foyer de ses passions, et les passions sont égoïstes : elles ne sortent d'elles-mêmes que pour attirer à elles. Leur expansion la plus désintéressée n'est qu'un moyen de bonheur égoïste : elles ne donnent que pour avoir, et plus souvent encore elles prennent sans rien donner. Toutes ces aspirations viles d'un cœur que l'amour n'a pas ouvert se résument dans un mot : jouir ; et pour jouir, que fait le cœur ? Il se répand sur les sens et la chair avec ses trésors d'affections, comme un vase renversé épanche sur la terre et souille dans la boue sa liqueur précieuse. Jésus-Christ change tout ce mouvement égoïste. Il fait remonter le cœur en l'unissant au sien, et il lui donne, en le touchant, une expansion libérale ; et c'est la joie de ce cœur de sortir de lui-même, et de se faire une félicité de tous les dons de son amour, et de toutes les effusions de sa vie.

    Enfin Jésus-Christ régnant dans l'homme substitue sa souveraineté divine à la souveraineté humaine. L'homme, sous l'inspiration de l'Egoïsme, tend de toute manière à se poser en souverain. Jésus-Christ retourne l'ambition humaine de haut en bas, et, entraînant sur ses pas l'homme séduit par son amour, il le fait serviteur ; il lui dit : Regarde : moi Dieu, je suis esclave : toi homme, craindras-tu de servir ? Et l'homme, de souverain qu'il s'estimait, se fait serviteur ; c'est la joie et tout ensemble le triomphe de sa volonté transfigurée par l'amour, d'abdiquer pour servir sa souveraineté personnelle. »

    R.P. C.J. Félix s.j. (1810-1891), Le Progrès par le christianisme - Conférences de Notre-Dame de Paris, Année 1858 (Septième conférence : le progrès moral par la destruction de l'égoïsme), 4e édition, Paris, Librairie d'Adrien Le Clere et Cie, s.d.

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  • Méditation : austérité chrétienne et sainteté (1)

    « Le sensualisme païen vous dégrade ; seule, l'austérité chrétienne aura la puissance de vous relever. L'orgueil nous a perdus, l'humilité nous sauvera. La mollesse païenne vous perd, l'austérité chrétienne vous sauvera. On vous demande la réhabilitation de la chair ; nous vous demandons, nous, la réhabilitation de l'esprit. Car, ce qui est captif de nos jours, ce qui est humilié, ce qui est dégradé enfin, je vous le redis parce que vous ne le comprendrez jamais assez, ce n'est pas la chair, c'est l'esprit.

    Donc, que l'esprit se relève et se réhabilite ; qu'il reprenne son empire, et qu'il le reprenne comme il l'a repris au commencement, en faisant toucher son sceptre à la croix de Jésus-Christ, et en appuyant son trône sur le rocher du Calvaire. Certes, Messieurs, je ne vous demande pas, comme loi de votre vie, la pratique des plus grands chrétiens. Je ne vous dis pas de vous couvrir de haires, de cilices, de chaînes de fer ; je ne vous dis pas de retremper, comme ces hommes héroïques, l'énergie de vos âmes dans le sang de vos blessures ; mais je vous dis : Acceptez dans une mesure la loi qui est la vôtre, la loi de l'austérité. Ne croyez pas ceux qui disent que l'humanité avec le Christ doit descendre de la croix. Prenez votre part de la vie du Calvaire, et gardez pour les héroïsmes que vous ne pouvez imiter une sincère admiration et d'inépuisables respects. »

    R.P. C.J. Félix s.j. (1810-1891), Le Progrès par le christianisme - Conférences de Notre-Dame de Paris, Année 1858 (Quatrième conférence : le progrès moral par l'austérité chrétienne), 4e édition, Paris, Librairie d'Adrien Le Clere et Cie, s.d.

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  • Méditation : "Donnez-nous notre pain quotidien"

    « "Donne-nous notre pain quotidien". Ces paroles peuvent s'entendre au sens spirituel ou au sens littéral : dans le dessein de Dieu, les deux interprétations doivent contribuer à notre salut. Notre pain de vie c'est le Christ, et ce pain n'est pas à tout le monde, mais il est à nous. Comme nous disons "notre Père", parce qu'il est le Père de ceux qui ont la foi, ainsi nous appelons le Christ "notre pain", parce qu'il est le pain de ceux qui forment son corps. Pour obtenir ce pain, nous prions tous les jours ; nous ne voudrions pas à cause d'une faute grave nous priver du pain du ciel, nous séparer du corps du Christ, lui qui a proclamé : "Je suis le pain vivant descendu du ciel : si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement. Et le pain que je donnerai c'est ma chair pour la vie du monde "(Jn 6,51). Le Seigneur nous a mis en garde : "Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme, et ne buvez son sang, vous n'aurez pas la vie en vous" (Jn 6,53). Nous demandons donc tous les jours de recevoir notre pain, c'est-à-dire le Christ, et ne point nous écarter de sa grâce et de son corps. Nous pouvons aussi comprendre cette demande de la façon suivante : nous avons renoncé au monde ; par la grâce de la foi nous avons rejeté ses richesses et ses séductions ; nous demandons simplement la nourriture... »

    Saint Cyprien (v.200-258), La prière du Seigneur (18), Trad. Hamman, DDB, 1982 rev.

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  • Méditation : "seul un cœur vulnérable est capable d'aimer"

    « Qu'est-ce qui différencie le vieillard devenu semeur d'amour et de sagesse et ceux qui ruminent leur passé en se plaignant d'avoir été des victimes ? Ne serait-ce pas d'avoir accepté d'être vulnérable ? Il a connu les mêmes épreuves que les autres, mais il a appris, après des années de lutte contre lui-même, que seul un cœur vulnérable, un cœur de chair, est capable d'aimer.
    Quoi que nous fassions, notre vie est un combat et une suite de crises. Toute crise est là pour nous attendrir, alors que nous cherchons à nous endurcir. Pour nous ouvrir aux autres, alors que nous voulons nous refermer sur nous-mêmes. Pour nous désarmer, alors que nous cherchons à nous défendre et à nous protéger. Pour nous mettre à nu, alors que nous aimons porter des masques et de beaux apparats.
    Pour acquérir la maturité humaine, nos masques doivent tomber, et nos "blindages" se briser. L'amour est à ce prix ! Il faut bien du temps pour que notre cœur de pierre devienne doucement un cœur de chair... »

    André Daigneault, Du cœur de pierre au cœur de chair, A travers les crises de la vie, Paris, Ed. de l'Emmanuel, 2004 (4ème de couverture) - 1ère éd. Le Renouveau, Charlesbourg, 1989.
     

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  • Méditation - Prière : mystère ineffable de l'Incarnation

    « Ô mon Dieu ! faites-moi digne de connaître quelque chose du mystère de la hauteur, quelque chose de cette incarnation, que vous avez faite, de cette incarnation, principe et source du salut. Ô incarnation ineffable ! c'est elle qui apporte à l'homme, avec le rassasiement de l'amour, la certitude du salut. Cette charité est au-dessus des paroles ; mais au-dessus d'elle il n'y a rien : le Verbe s'est fait chair ! Ô secret des entrailles de Dieu ! Vous vous êtes anéanti et dépouillé pour faire de moi quelque chose ; vous avez pris l'habit du dernier des esclaves, pour me donner le manteau d'un roi et d'un Dieu ! Et, prenant la forme de l'esclave, vous n'avez rien diminué de votre substance, vous n'avez fait tort de rien à votre divinité. Mais l'abîme de votre humilité m'ouvre les entrailles et m'arrache les cris : "Ô incompréhensible, fait compréhensible à cause de moi. Ô incréé, vous voilà créé ! Ô inaccessible aux esprits et aux corps, vous voilà, par un prodige de puissance, vous voilà palpable aux pensées et aux doigts ! Ô Seigneur, touchez mes yeux, pour que je voie la profondeur et la hauteur de la charité que vous nous avez communiquée dans cette incarnation ! Ô heureuse faute ! non pas heureuse en elle-même, mais par la vertu de la miséricorde divine. Heureuse faute qui a découvert les profondeurs sacrées et cachées des abîmes de l'amour ! En vérité, une charité plus haute ne peut pas être conçue. Ô Très Haut, faites mon intelligence capable de votre charité très haute et ineffable ! »

    Ste Angèle de Foligno (fêtée ce jour), in Le Livre des visions et instructions de la Bienheureuse Angèle de Foligno (ch.68, dernière lettre), Traduit par Ernest Hello (Troisième édition), Société de Saint-Augustin, Desclée de Brouwer, 1895.

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    Bannière brodée - Couvent des sœurs dominicaines de Stone (Staffordshire, Angleterre)

  • Méditation : progresser...

    « Notre avancée dans la pratique de la vie spirituelle sera l'augmentation progressive de l'habitude de vivre dans l'esprit, non dans la chair ; c'est-à-dire d'identifier notre moi réel avec la "pointe de l'âme", et non pas avec toutes les émotions et les imaginations qui nous troublent. Le "JE" réel est la volonté qui se donne elle-même à Dieu (les émotions et les imaginations ne sont pas moi, elles sont en moi, mais pas sous mon contrôle) ; les sentiments vont et viennent, mais toute ma tâche consiste à concentrer ma volonté sur Dieu. Voilà la charité pure.
    Il y a deux espèces d'amour :
    (1) L'amour qui veut recevoir ; il est bon, mais imparfait.
    (2) L'amour qui veut donner ; c'est la charité.
    Nous ne devons pas penser que la distraction, l'aridité, la désolation, soit simplement un état à travers lequel nous passons dans notre chemin vers la perfection. La perfection en ce monde n'est pas une calme union à Dieu, à moins que Dieu ne le veuille. Notre-Seigneur souffrit la tentation et la désolation pour nous montrer qu'elles ne sont pas incompatibles avec la perfection, mais sont la perfection.
    Le progrès signifiera devenir de plus en plus indifférents à l'état dans lequel nous nous trouvons. Nous devons de moins en moins prendre soin de notre âme, sauf de cette partie supérieure dans laquelle nous devons vivre unis à Dieu. Nous ne devons même pas nous préoccuper de perfection, simplement être ce que Dieu nous permet d'être à ce moment.
    Lorsque nous nous rendrons compte que Dieu est non seulement dans chaque événement extérieur, mais dans chaque événement intérieur - je veux dire dans chaque sentiment involontaire que nous avons -, nous prendrons conscience qu'à chaque moment de notre vie, nous sommes en contact avec Dieu, et que sa main est sur nous ; nous avons seulement à être pris dans ses bras. Notre seul soin doit être de ne pas sauter à terre pour essayer de marcher tout seul...
    Ne regardez pas dans votre âme, mais regardez Dieu. »

    Dom John Chapman, O.S.B. (1865-1933), Lettre 35 [74] à Soeur Mary-Peter d'Ursel (Fête du Corpus Domini, 1922), in "Correspondance spirituelle", Trad. Hervé Benoît, Centre Saint-Jean-de-la-Croix, Paroisse et Famille, 2004.

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    Tympan de l'abbatiale de Conques (Aveyron) - La main droite de Dieu, écoinçon de sainte Foy

  • Méditation : la communion eucharistique

    « Nous mangeons notre Dieu. Quel admirable et innefable amour il a fallu, pour inventer cette merveille ! Cet amour dépasse tous les sens, et cet amour devrait blesser le coeur de tous les hommes, tellement il est au-dessus de tout, l'amour de Jésus pour nous.
    Or, il n'y a point de chose matérielle qui soit aussi proche et aussi intime à l'homme que le boire et le manger reçus dans la bouche de l'homme, et c'est précisément pour cela, c'est pour s'unir à nous de la façon la plus proche et la plus intime, qu'il a trouvé ce merveilleux procédé. [...] De même que la nourriture corporelle est transformée en notre chair, de même celui qui mange dignement l'adorable nourriture est changé en elle. C'est ainsi que Notre Seigneur a pu dire à saint Augustin : "Ce n'est pas moi qui suis changé en toi, c'est toi qui est changé en moi." Cette nourriture s'en va, par les artères, jusqu'au fond intime de celui qui la reçoit dignement. Prenons la parole de saint Bernard : "Quand nous mangeons la nourriture corporelle, nous la mâchons tout d'abord, et ensuite elle descend doucement dans le corps." Qu'est-ce donc que cette mastication ? Saint Bernard le dit : "Quand nous mangeons Dieu, c'est nous qui sommes mangés par Lui, Il nous mange." »

    Bx Jean Tauler (1300-1361), Sermon XXX (3), Le Cerf, Coll. Sagesses, Paris, 1991

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  • 27 janvier : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    "Cette parole de l'Ecriture... c'est aujourd'hui qu'elle s'accomplit." (Lc 4, 14-21)

    « Le Christ devait venir dans notre chair : ce n'était pas un autre, soit un ange, soit un ambassadeur, c'était le Christ lui-même qui devait venir pour nous sauver (Is 35,4)... Il devait naître dans une chair mortelle : un petit enfant, déposé dans une crèche, enveloppé de langes, allaité, qui grandirait avec les années et enfin mourrait cruellement. Autant de témoignages d'humilité profonde. Qui nous donne ces exemples d'humilité ? Le Très-Haut.

    Quelle est donc sa grandeur ? Ne cherche pas sur la terre, monte au-dessus des astres. Lorsque tu seras parvenu jusqu'aux légions des anges, tu les entendras dire : « Monte encore au-dessus de nous ». Quand tu seras monté jusqu'aux Trônes, aux Dominations, aux Principautés, aux Puissances (Col 1,16), tu les entendras encore dire : "Monte plus haut, nous sommes nous-mêmes des créatures", "car toutes choses ont été faites par lui" (Jn 1,3). Élève-toi donc au-dessus de toute créature, de tout ce qui a été formé, de tout ce qui a reçu l'existence, de tous les êtres qui changent, corporels ou incorporels, en un mot, au-dessus de tout. Ta vue ne peut pas encore parvenir jusque-là ; c'est par la foi qu'il faut t'y élever, c'est à elle de te conduire jusqu'au Créateur... C'est là que tu contempleras "le Verbe, qui était au commencement"...

    Or ce Verbe qui était en Dieu, ce Verbe qui était Dieu, par qui toutes choses ont été faites, sans qui rien n'a été fait, et en qui était la vie, est descendu jusqu'à nous. Qu'étions-nous ? Méritions-nous qu'il descende jusqu'à nous ? Non, nous étions indignes qu'il ait eu compassion de nous, mais lui était digne d'avoir pitié de nous. »

    Saint Augustin (354-430), Sermon 293 (5), pour la Nativité de Saint Jean Baptiste.

  • 24 janvier : Toute l'année avec les Pères...

    "Tu es le Fils de Dieu !" (Mc 3, 7-12)

    « Envoyé et sorti du Père, le Verbe est descendu
    et il a habité tout entier dans les entrailles de la Vierge.
    Tout entier il était dans le Père,
    et tout entier il était dans ce sein virginal,
    et tout entier dans le tout, lui que rien ne peut contenir…
    Demeurant inchangé, il a pris la forme d’esclave (Ph 2,7)
    et après avoir été mis au monde, il est devenu un homme en tout…
    Comment affirmer ce qui est impossible à expliquer
    à tous les anges, aux archanges et à tout être créé ?
    On le pense d’une manière véritable,
    mais on ne peut pas du tout l’exprimer,
    et notre esprit ne peut pas le comprendre vraiment parfaitement.

    Comment donc Dieu et homme, et homme-Dieu
    est-il aussi le Fils du Père, tout entier,
    d’une manière qui ne l’en sépare pas ;
    comment est-il devenu fils de la Vierge et est-il sorti dans le monde ;
    et comment est-il resté impossible à contenir pour tous ?…
    Tu resteras silencieux maintenant
    car même si tu voulais parler, ton esprit ne trouvera pas de parole,
    et ta langue bavarde demeure réduite au silence…

    Gloire à toi, Père et Fils et Esprit Saint,
    divinité que l’on ne peut pas saisir, indivisible dans sa nature.
    Nous t’adorons dans l’Esprit Saint,
    nous qui possédons ton Esprit, car nous l’avons reçu de toi.
    Et, voyant ta gloire, nous ne recherchons pas indiscrètement,
    mais c’est en lui, ton Esprit, que nous te voyons,
    Père inengendré, et ton Verbe engendré qui sort de toi.
    Et nous adorons la Trinité indivisible et sans mélange
    dans son unique divinité et souveraineté et puissance. »

    Syméon le Nouveau Théologien, Hymne 21, 468s ; SC 174.

    Source : Christus.

  • Méditation : de la guérison de l'âme

    « Dis-moi, si tu avais reçu une blessure, attendrais-tu quatre et cinq jours pour la faire panser, ou n'appellerais-tu pas aussitôt le chirurgien pour y mettre un appareil ? Si tu étais tombé dans un bourbier, où tu te fusses sali les mains, le visage et les habits, remettrais-tu à la semaine suivante à te nettoyer, ou n'irais-tu pas bien vite chercher de l'eau pour te laver et te remettre en état de propreté ? Et si on t'avait dérobé quelque somme considérable, attendrais-tu un mois pour chercher le voleur, et te mettre en peine de la recouvrer, ou à la même heure ne publierais-tu pas ton malheur, et n'emploierais-tu pas tous les moyens dont tu pourrais t'aviser pour revoir ton bien ? Que dis-tu à cela ? Que réponds-tu ? Ne réponds-tu pas en ton coeur que oui ?

    Pourquoi ne pas agir ainsi pour ton âme ? Pourquoi laisseras-tu s'écouler les semaines et les mois avant de penser à la guérir, à la laver, et à recouvrer les biens immenses que tu as perdus ? As-tu plus en horreur les taches d'un habit et de tes mains que celles de ton âme, crains-tu plus les plaies de ta chair que celles de ton esprit, et estimes-tu davantage un peu d'argent qu'on t'aura volé que la perte de Dieu et de tous tes mérites ?
    Vois donc si, pour toutes ces raisons, tu ne dois pas, aussitôt que tu auras commis un péché, en faire pénitence et te réconcilier avec Dieu. »

    J.-B. Saint-Jure (1588-1657), De la connaissance et de l'amour du Fils de Dieu, L. II, chap. VII.

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  • Audience générale de ce mercredi 9 janvier 2013

    "Dieu s'est incarné pour sauver l'homme"

    Le Saint-Père a consacré la catéchèse de la l'audience générale au sens du mot incarnation, qui caractérise la célébration de Noël. "Comme nous le disons dans le Credo, le Fils de Dieu s'est fait homme". Saint Ignace d'Antioche et saint Irénée de Lyon, a d'emblée rappelé Benoît XVI, ont "utilisé ce terme pour commenter le prologue de l'Evangile de Jean, où figure l'expression : 'Le Verbe s'est fait chair'. Ici, le mot chair indique l'homme dans son intégralité, sous l'aspect de la caducité temporelle, de sa pauvreté et de sa contingence. Cela indique que le salut apporté par Dieu incarné en Jésus touche l'homme dans toute sa réalité et dans la variété des conditions où il se trouve. Dieu a assumé la condition humaine pour la guérir de tout ce qui la sépare de lui, pour permettre à l'homme de l'appeler Père à travers son Fils Unique". Puis il a rappelé que la coutume de l'échange des cadeaux à l'occasion de Noël exprime affection, amour et estime. Dans la liturgie, il "nous rappelle à la conscience du don original qu'est la Nativité. En s'incarnant, Dieu s'est fait don pour tous les hommes... Il a assumé notre humanité pour nous offrir sa divinité, et ce grand don" est le modèle des dons que nous faisons, "de manière à ce que nos rapports, notamment les plus importants, soient guidés par la gratuité et l'amour". L'incarnation "montre le réalisme de l'amour divin. De fait, l'action divine ne se limite pas aux paroles. Dieu, qui ne se contente pas de parler, s'immerge dans l'histoire et se charge du poids de la vie humaine".

    "Ce mode d'action de Dieu constitue un fort encouragement à nous interroger sur notre foi, qui ne saurait se limiter à un sentiment ou à des émotions et doit se concrétiser dans notre existence quotidienne pour l'orienter de manière pratique... La foi revêt un aspect fondamental qui intéresse l'esprit, le coeur et notre vie entière". Citant encore les Pères de l'Eglise qui ont rapproché Jésus et Adam, l'appelant le Second Adam, "l'Adam définitif, image parfaite de Dieu. Avec l'incarnation du Fils de Dieu une nouvelle création s'est manifestée, qui complète la question de savoir qui est l'homme. C'est effectivement en Jésus que s'accomplit parfaitement le projet divin sur l'être humain, car il est selon Dieu l'homme définitif... Il est donc capital de s'émerveiller à nouveau face au Mystère, de se laisser prendre par la grandeur de l'évènement qui voit Dieu parcourir notre humanité pour communiquer sa vie même aux hommes. Et il ne le fait pas avec la majesté d'un souverain soumettant le monde à sa puissance mais avec la petitesse d'un nouveau-né... Dans cet enfant, ce Fils de Dieu que nous adorons à Noël, nous voyons le visage véritable de l'être humain. C'est en nous ouvrant à l'action de sa grâce et en cherchant jour après jour à le suivre que nous réaliserons le projet de Dieu sur chacun de nous".
    Publié VIS Archive 01 - 9.1.13

    Allocution aux pèlerins francophones :

    « Chers frères et sœurs, le mot ‘incarnation’ retentit souvent dans nos églises, en ce temps de Noël. Mais quel est son sens ? Pour l’expliquer, saint Ignace d’Antioche et surtout saint Irénée partent du Prologue de Saint Jean qui dit : "Le Verbe s’est fait chair" (1, 14). Le mot ‘chair’ indique l’homme dans son intégralité. Dieu a pris notre humanité pour nous donner sa divinité et nous permettre d’être ses fils. Voici le grand don de Noël : en son Fils, Dieu s’est donné lui-même pour nous. Il nous montre ainsi le modèle du don. Celui-ci ne doit pas se réduire au matériel. La personne qui est incapable de donner un peu d’elle-même, donne toujours trop peu. Notre foi ne concerne pas seulement notre esprit et notre cœur, mais toute notre vie. Le Verbe incarné était au commencement auprès de Dieu. Par lui, tout a été créé. Son Incarnation réalise une nouvelle création. Le Christ est le Nouvel Adam qui révèle pleinement l’homme à l’homme et lui montre son vrai visage et sa vocation. Chers amis, en ce temps de Noël, méditons la grande richesse du Mystère de l’Incarnation. Laissons Dieu nous transformer toujours plus en image de son Fils fait homme pour nous.

    Je salue avec joie les pèlerins francophones, particulièrement les élèves qui ont fait le voyage à Rome pour me rencontrer ! L’Incarnation de Jésus est centrale dans notre foi. Laissez-vous toucher par la grandeur de cet événement, plutôt que par les aspects extérieurs de la fête. Bon pèlerinage ! »

    A la fin de l’audience générale, Benoît XVI a publié un nouveau tweet : "Suivant l’exemple du Christ, apprenons à nous donner totalement. Qui n’est pas capable de se donner lui-même, donne toujours trop peu."

    Sources : Vatican Information Service et Radio Vatican.

  • 8 janvier : Toute l'année avec les Pères de l'Eglise

    La multiplication des pains, préfiguration de l'Eucharistie (Mc 6, 34-44)

    « Le Christ, pour nous attirer à l'aimer davantage, nous a donné sa chair en nourriture. Allons donc à lui avec beaucoup d'amour et de ferveur... Ce corps, les mages l'ont adoré quand il était couché dans une mangeoire. Ces païens, ces étrangers, quittèrent leur patrie et leur maison, entreprirent un long voyage pour l'adorer avec crainte et tremblement. Imitons au moins ces étrangers, nous qui sommes citoyens des cieux... Ceux-là, voyant l'enfant, le Christ, dans une mangeoire, sous un pauvre toit, tout en ne voyant rien de ce que vous voyez, s'avancèrent avec un très grand respect.

    Vous ne le voyez plus dans une mangeoire, mais sur l'autel. Vous ne voyez plus une femme qui le tient dans ses bras, mais le prêtre qui l'offre, et l'Esprit de Dieu, avec toute sa générosité, plane au-dessus des offrandes. Non seulement vous voyez le même corps que voyaient les mages, mais en outre vous connaissez sa puissance et sa sagesse, et vous n'ignorez rien de ce qu'il a accompli, après toute l'initiation aux mystères qui vous a été donnée avec exactitude. Réveillons-nous donc, et réveillons en nous la crainte de Dieu. Montrons beaucoup plus de piété que ces étrangers, afin de ne pas avancer n'importe comment vers l'autel...

    Cette table fortifie notre âme, rassemble notre pensée, soutient notre assurance ; elle est notre espérance, notre salut, notre lumière, notre vie. Si nous quittons la terre après ce sacrifice, nous entrerons avec une parfaite assurance dans les parvis sacrés, comme si nous étions protégés de tous côtés par une armure d'or. Mais pourquoi parler du futur ? Dès ce monde, le sacrement transforme la terre en ciel. Ouvrez donc les portes du ciel, et alors vous verrez ce que je viens de dire. Ce qu'il y a de plus précieux au ciel, je vous le montrerai sur la terre. Ce que je vous montre, ce n'est ni les anges, ni les archanges, ni les cieux des cieux, mais celui qui est leur maître. Vous voyez ainsi d'une certaine façon sur la terre ce qu'il y a de plus précieux. Et non seulement vous le voyez, mais vous le touchez, vous le mangez. Purifiez donc votre âme, préparez votre esprit à recevoir ces mystères. »

    Saint Jean Chrysostome, Homélies sur la 1ère lettre aux Corinthiens, 24,4 ; PG 61, 204-205 (Trad. Delhougne, Les Pères de l'Eglise commentent l'Evangile, Brepols, 1991).