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  • Audience générale de ce mercredi 27 mars 2019

    Dans le cadre de l'audience générale de ce matin, le Pape François a proposé sa 11e catéchèse sur le Notre Père, en s’arrêtant sur cette phrase : « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ».

    Compte rendu à lire sur Vatican News.

    Texte intégral de la catéchèse du Pape traduite en français sur Zenit.org.

    Résumé en français :

    « Frères et sœurs, nous en venons aujourd’hui à la seconde partie du "Notre Père" dans laquelle nous présentons à Dieu nos besoins. Jésus nous enseigne à demander au Père le pain quotidien, en nous invitant à partir de cette évidence que nous ne sommes pas des créatures auto-suffisantes. Il nous enseigne à le faire, unis à tant d’hommes et de femmes pour qui cette prière est un cri qui accompagne l’inquiétude de chaque jour. C’est à ce niveau que commence la prière chrétienne : elle part de la réalité, du cœur et de la chair des personnes qui sont dans le besoin, ou de celles qui partagent leur condition. C’est pourquoi Jésus nous enseigne à demander ce pain, non pas seulement pour nous-mêmes, mais pour toute la fraternité humaine. Ainsi cette prière comprend une attitude de compassion et de solidarité. Et Jésus éduque son Église à porter à Dieu les besoins de tous. Car le pain que nous demandons au Seigneur a été offert pour l’humanité et il est destiné à être partagé. C’est ce que souligne le récit de la multiplication des pains, où le vrai miracle accompli par Jésus est celui du partage. Ainsi, l’enfant qui a offert ses cinq pains et ses deux poissons a compris la leçon du Notre Père, à savoir que la nourriture est un don de la providence à partager, avec la grâce de Dieu. »

    « Je suis heureux de saluer les pèlerins venus de France et d’autres pays francophones. Je salue en particulier les prêtres du diocèse de Cambrai, avec leur évêque Mgr Dollmann, les membres de la Faculté de Droit canonique de Paris, les pèlerins d’Angers, ainsi que les nombreux jeunes venus de Paris, Rueil-Malmaison, Dreux, Aix-en-Provence, et d’autres lieux. Que la prière du Notre Père nous aide à demander le pain quotidien pour tous. Et que dans la recherche du pain quotidien, nous puissions témoigner que seule l’Eucharistie est susceptible de rassasier la faim d’infini et le désir de Dieu présents en chaque homme. Que Dieu vous bénisse ! »

    Source : site internet du Vatican.

  • Méditation - L'oraison nourriture de l'âme

    « Ce que la nourriture est à l'égard du corps, l'oraison l'est à l'âme ; et comme une personne qui ne prendrait ses repas que de deux, trois, quinze jours l'un, tomberait incontinent en défaillance et se mettrait hors d'état de faire ses fonctions, n'ayant ni force, ni vigueur, de même une âme qui ne vaquera point à l'oraison ou qui ne la fera que rarement, deviendra bientôt toute tiède, languissante, sans force ni vertu, ennuyeuse aux autres et insupportable à elle-même.
    L'oraison est comme l'arrosement de notre âme. Les jardiniers sont soigneux de prendre leur temps pour arroser deux fois par jour leurs plantes durant les chaleurs et les sécheresses de l'été, et ils le font prudemment ; car sans cela, les plantes mourraient. [...] Ainsi la sécheresse venant à donner sur le jardin de notre âme, toutes les plantes y périraient si le soin et l'industrie du jardinier n'y pourvoyait, c'est-à-dire sans l'oraison qui, comme une douce rosée, humecte tous les matins nos âmes par la grâce qu'elle attire sur nous. Sommes-nous fatigués des rencontres et des peines qui arrivent durant le cours de la journée, nous avons encore le soir ce doux rafraîchissement, pour donner vigueur à toutes nos actions. Oh ! que l'âme fera de grands fruits en peu de temps, si elle est soigneuse de se rafraîchir par ce sacré arrosement ! »

    St Vincent de Paul (1581-1660), in "Élévations, Prières et Pensées", J. de Gigord, 1919.

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    (Crédit photo)

  • Méditation - Le bon Pasteur

    « Ô Seigneur, Vous êtes mon Pasteur, je ne manque de rien ; Vous me faites reposer dans de verts pâturages, Vous me conduisez près des eaux rafraîchissantes. Vous renouvelez mon âme et me dirigez dans des sentiers de justice. Même si je marche dans le ravin, par de sombres vallées, je ne craindrai aucun mal, parce que Vous êtes avec moi. Votre bâton et votre houlette, voilà ma consolation. Vous dressez devant moi une table, en dépit de mes adversaires. Vous oignez ma tête de parfum et ma coupe déborde. (cf. Ps. 22). Ô Seigneur, mon doux Pasteur, qu'auriez-Vous pu me donner que je n'ai reçu ? Vous avez voulu devenir Vous-même ma nourriture et mon breuvage. Et quel pâturage plus délicieux et plus salutaire, plus nourrissant et fortifiant, auriez-Vous jamais pu trouver que celui de votre Corps et de votre Sang ?
    Ô très bon Seigneur Jésus-Christ, mon doux Pasteur, que Vous rendrai-je pour tout ce que j'ai reçu de Vous ? Que Vous donnerai-je pour le don que Vous m'avez fait de Vous-même ? Si je pouvais me donner à Vous mille fois, ce ne serait rien encore, puisque je suis néant par rapport à Vous. Vous, l'immensité même, avec eu un amour si grand et si gratuit pour moi, si chétif, si méchant et ingrat ! Je sais, ô Seigneur, que votre amour tend à l'immensité, à l'infini, puisque Vous êtes immense, infini. De grâce, ô Seigneur, dites-moi donc de quelle manière je puis Vous aimer.
    Mon amour, ô Seigneur, n'est pas gratuit, il Vous est dû... Bien que je ne puisse Vous aimer autant que je le devrais, Vous agréez ce faible amour. Je pourrai Vous aimer davantage, lorsque Vous daignerez accroître ma vertu ; mais jamais je ne pourrai Vous donner autant que Vous méritez. Donnez-moi donc votre très ardent amour par lequel, avec votre grâce, je Vous aimerai, Vous plairai, Vous servirai, accomplirai vos préceptes et ne serai séparé de Vous ni dans le temps présent, ni pour l'éternité, Vous demeurant uni dans l'amour pendant les siècles éternels. » (Vén. R. Jourdain *).

    (*) : Raymond Jourdain (9e s.), Chanoine Régulier de Saint Augustin, Prévôt de l’Église d'Uzès, puis Abbé de Celles au diocèse de Bourges, cité par St Jean Eudes dans Le Cœur admirable, fut connu sous le nom d'Idiot qu'il avait pris par humilité (cf. Contemplationes Idiotae).

    P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine O.C.D., Intimité Divine - Méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l'année, Tome I (2e Dimanche après Pâques, Colloque), Monastère des Carmélites Déchaussées, Alost (Belgique) - Librairie du Carmel, Paris, 5ème éd., 1963 (1ère éd. 1955).

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  • Méditation - « Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle »

    « Amen, amen, je vous le dis : il a la vie éternelle, celui qui croit.
    Moi, je suis le pain de la vie.
    Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ;
    mais le pain qui descend du ciel est tel que celui qui en mange ne mourra pas.
    Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde...
    Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
    En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson.
    Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. »

    « À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner. »

    Jean VI 47-56 & 66

    « On n'admire pas assez les discours de Notre-Seigneur. Ils se déploient avec une telle plénitude qu'on ne la remarque pas ; il en est de sa parole comme de sa vie ; la simplicité en masque la perfection et la beauté. « Cherchez, a-t-il dit à ses auditeurs, un aliment qui demeure et donne de vivre à jamais. Demandez-moi cela, et non un pain matériel qui refasse vos corps chaque jour et qui vous laisse dans la vie périssable de la matière. Ce pain, vous l'avez. Le Père vous l'a donné ; je suis ce pain ; si vous entrez en moi par la foi, vous l'y trouvez et vous êtes à l'abri de l'usure ; vous n'aurez plus ni faim ni soif ; vous ne mourrez plus, et même vos corps participeront au dernier jour à cette vie qui demeure. Mais il faut me manger. Comment cela ? En prenant ma chair, en vous unissant à moi dans la chair, comme je me suis uni à vous quand je l'ai prise. Je suis descendu, il faut que vous remontiez ; je suis descendu par elle ; vous devez remonter par elle. Entrez dans ma chair et vous trouverez le Père, le principe de vie qui me la communique, vous accueillerez le souffle de sa vie par lequel il m'engendre, et vous vivrez de cette vie. »
    « Vous ferez ce que je fais, vous vous donnerez comme je me donne. Vous donnerez votre esprit en croyant ; vous donnerez votre volonté en aimant ; vous donnerez votre sensibilité en réalisant votre foi et votre amour. Vous vous donnerez parce que l'Esprit d'amour qui m'unit au Père sera en vous, et vous unira à moi comme je m'unis à lui. Vous ferez ce que je fais comme je fais ce que fait le Père. Nous ne ferons plus tous que nous donner mutuellement : et c'est la vie éternelle. » »

    Dom Augustin Guillerand (1877-1945), Au seuil de l'abîme de Dieu. Élévations sur l’Évangile de saint Jean (VI), Benedettine di Priscilla, Roma, 1961.

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    Semen Zhivago (1807–1863), "La dernière Cène", détail (1879-87)
    Cathédrale Saint Isaac, Saint-Pétersbourg (Russie)

    (Crédit photo)

  • Méditation : Quand faut-il prier ?

    « Avant et après les repas. Ça a été la pratique de tous les temps. Lorsque tu auras été rassasié, est-il dit au Deutéronome, remercie ton Seigneur Dieu (1). Dans l’Évangile, les cinq pains avec lesquels Notre-Seigneur va nourrir la multitude qui l'a suivi au désert, il les bénit, avant de les multiplier (2). Au livre des Actes, nous voyons saint Paul, pendant un voyage qu'il fait par mer, bénir le repas des hommes de l'équipage, en présence de tous les passagers (3). Une des plus belles pages de Tertullien est celle précisément où il dépeint les agapes telles qu'elles se pratiquaient encore parmi les chrétiens : On n'y souffre ni bassesse ni immodestie, on ne se met à table qu'après avoir fait la prière, on converse en sachant bien que Dieu écoute, on mange modérément comme devant prier pendant la nuit qui va suivre. La prière termine le repas. Après qu'il est achevé, on chante un hymne au Seigneur. Pour tout dire en un mot, lorsqu'on sort, c'est plutôt d'une école de vertu que d'un festin (4). Heureux temps, où les mœurs avaient cette retenue !

    Le nôtre s'en est affranchi ! Sans faire aucune autre considération que celle que comporte le sujet : si on excepte nos Communautés religieuses, et quelques rares familles, restées fidèles aux saintes traditions du passé, qui donc prie avant et après les repas ? Qui donc, même parmi les moins accessibles au respect humain, fait le signe de croix ? Je veux bien qu'il n'y ait pas d'obligation ; mais jusqu'à quand nous bornerons-nous à n'accomplir que les choses strictement obligatoires ? La reconnaissance ne devrait-elle pas ici suppléer au précepte ? Qui nous la donne, cette nourriture ? Qui met à nos pieds, pour parler le langage du divin psalmiste, les brebis, les bœufs, les bêtes des champs, les oiseaux du ciel, et les poissons de la mer ? Que n'ajoutons-nous avec lui, car ce serait l'action de grâces : Ô Seigneur, notre Dieu, que votre nom est donc admirable par toute la terre ! (5) »

    1. Deuter. VI. - 2. Joann. VI. - 3. Act. XXVII. - 4. Cité d'après L. de Grenade. - 5. "Domine, Dominus noster, quam admirabile nomen tuum in universa terra !" Psal. VIII, 8 sq.)

    Abbé Plat, Cinquante-deux prônes sur la Prière (La Prière en général, vingt-troisième prône), Paris, P. Lethielleux, 1896.

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  • Méditation : Faim de Dieu

    « "Seigneur Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant qui, sur la Croix, les bras étendus, avez bu, pour la rédemption de tous les hommes, le calice d'inénarrables douleurs, daignez aujourd'hui me porter secours. Moi, pauvre, je viens à Vous qui êtes riche ; misérable, je me présente à Vous, Miséricordieux. Ah ! faites que je ne Vous quitte pas, vide et déçu. Affamé, je viens à Vous ; ne permettez pas que je parte à jeun. Famélique, j'approche de Vous ; ah ! que je ne m'en retourne pas sans avoir été rassasié ! Et si je soupire avant de manger, accordez-moi ensuite la grâce d'être nourri". (St Augustin)

    Oui, j'ai faim de Vous, vrai pain, pain vivant, pain de vie. Vous savez quelle est ma faim, faim de l'âme, faim du corps, et Vous avez voulu pourvoir tant à l'une qu'à l'autre. Par votre doctrine, par votre Corps et votre Sang, Vous rassasiez mon esprit, Vous le rassasiez abondamment, sans garder aucune mesure, sauf celle que je garde moi-même par la froideur de mon amour, l'exiguïté de mon cœur. Vous m'avez dressé une table riche et opulente au-delà de ce que l'on peut imaginer, de laquelle je n'ai qu'à m'approcher pour être nourri ; et non seulement Vous m'accueillez, mais Vous Vous faites ma nourriture et mon breuvage, en Vous donnant tout entier à moi, tout entier dans votre Divinité, tout entier dans votre Humanité. »

    P. Gabriel de Ste Marie-Madeleine, Intimité Divine Tome I (4e Dimanche de Carême, 15, Colloque), Monastère des Carmélites Déchaussées, Librairie du Carmel, 1963.

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  • Méditation : L'Eucharistie : « Si tu savais le don de Dieu ! »

    « L'Eucharistie, c'est le don de Dieu par excellence, le don qui surpasse tous les dons et dans lequel tous les autres sont résumés ; c'est, par conséquent, celui qui nous importe de connaître. Et pourtant, qui dira combien ce don de Dieu est ignoré des hommes : si scires Donum Dei (1) ? C'est parce qu'on ne le connaît pas, parce qu'on ne l'apprécie pas à sa juste valeur, que tant de chrétiens n'en tiennent aucun compte dans leur vie, le négligent, le méprisent et vont même jusqu'à le profaner. Le coeur humain attache cependant tant d'importance à tout ce qui s'appelle don ! Les moindres présents lui deviennent si chers par cela seul qu'ils sont l'offrande et l'expression de l'amitié !
    Pourquoi faut-il que ce don de l'Eucharistie, si excellent et si riche, puisqu'il est le produit de l'amour divin et qu'il contient Dieu lui-même, pourquoi faut-il que ce don soit ignoré, oublié, compté pour rien !
    Combien n'y a-t-il pas de chrétiens pour qui l'Eucharistie n'est guère qu'un symbole, un signe, une relique vénérable, et qui ne savent pas y voir la divine réalité qu'il contient, c'est-à-dire la personne vivante et agissante du Christ ? - Combien à qui la communion, au lieu d'être l'acte vital et capital de la piété chrétienne, n'apparaît que comme une pratique ordinaire de dévotion ? - Inintelligence profonde et déplorable dont Jésus-Christ a bien le droit de se plaindre : « Ah ! si tu savais le don de Dieu ! »

    Sachez donc apprécier désormais à sa juste valeur la divine Eucharistie. Faites-en le sujet de vos méditations fréquentes, de votre étude assidue, afin que, la connaissant mieux, vous l'estimiez aussi toujours davantage. Mais cela ne suffit pas ; il faut de plus :
    Utiliser ce don.

    L'Eucharistie, en effet, n'est pas un présent quelconque que nous fait la libéralité divine et qu'il nous est loisible de faire fructifier ou de laisser improductif. C'est un don que j'oserai appeler éminemment pratique et que Dieu nous fait pour que nous le fassions servir à notre avantage et en extrayions toutes les merveilleuses efficacités qu'il renferme. C'est un dépôt qui demande à être négocié ; c'est une semence féconde que nous devons faire fructifier ; c'est un puissant moyen de salut dont nous devons user. Ce serait donc fort mal répondre aux vues et aux désirs du donateur, Jésus-Christ, que de se contenter d'entourer l'Eucharistie de respect, de vénération et d'hommages, en lui refusant d'ailleurs toute action sur notre vie.
    Comprenez bien, chrétiens, que ce don de l'Eucharistie ne vous a été fait sous la forme d'aliment qu'afin que vous en nourrissiez vos âmes.
    Dites-vous donc bien qu'un don si grand, si excellent que celui de l'Eucharistie, un don qui renferme tant de trésors à exploiter, tant de divines énergies à développer, un don qui vous a été fait au prix de tant d'amour et de sacrifices et qui a traversé dix-neuf siècles pour venir jusqu'à vous, ce don a droit à n'être pas frustré de sa fin, à ne pas demeurer improductif. Il veut être appliqué à vos âmes, dans la bénie communion, pour les nourrir et leur communiquer la vie divine qu'il renferme. »

    (1) : Si tu connaissais le don de Dieu (Jn 4, 10).

    E. Galtier s.s.s., Le Très Saint Sacrement, Février 1923.

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  • Mystère de la Communion Eucharistique (2)

    (suite de la méditation d'hier dimanche)

    « Peut-être avons-nous trop l'habitude de considérer ce mystère sous son aspect intime, dans ce cœur à cœur dont nous parlions, dans cet échange d'amour qui se fait entre Dieu et chacun de nous. Ce mystère, le plus intime en effet de notre religion, est en même temps le plus social. Il n'y en a pas qui ait plus de retentissement extérieur.
    Il est la plus riche expression de ce mystère de la Communion des saints qui fait, de tous les croyants, un seul corps dont Jésus-Christ est la tête, dont nous sommes les membres.
    Il fonde la famille chrétienne. Il nous apparente les uns aux autres par la communication de la même vie. Nous devenons vraiment des frères, puisque dans nos veines coule le même sang, qui est celui du Christ, passé du calice à nos lèvres, et de nos lèvres à nos cœurs. [...]
    Ce mystère réalise la parfaite égalité des âmes devant le don de Dieu. Partout ailleurs éclatent des différences dans le partage des biens. ici le plus humble fidèle recevant une parcelle d'hostie reçoit son Dieu dans la même plénitude que le saint le plus avancé en perfection. Il n'y a d'égalité que là. Elle n'est nulle part ailleurs. [...] Venez à cette table, savant ou ignorant, vieillard ou enfant, corps robuste ou infirme, homme avancé dans la sainteté ou converti d'hier, approchez-vous, mangez la nourriture qui vous est préparée, vous recevrez tous Jésus en plénitude. Les effets de sa présence pourront se diversifier selon vos dispositions et selon les capacités surnaturelles de vos âmes. Le don même du Christ est égal pour tous. »

    R.P. Ponsard, Carême 1928, Retraite Pascale (Jeudi Saint, II), Conférences de Notre-Dame de Paris, Spes, 1928.

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    Quid retribuam Domino ?
    Calicem salutaris accipiam
    et nomen Domini invocabo.


    Comment rendrai-je au Seigneur
    tout le bien qu'il m'a fait ?
    J'élèverai la coupe du salut,
    j'invoquerai le nom du Seigneur.

    (Ps 115, 12-13)
  • Méditation : Mystère de la Communion Eucharistique (1)

    « L'Eucharistie est cette prise de possession de Dieu par l'homme. Dieu se donne vraiment, réellement, substantiellement, sans division, sans partage. Il fait mieux que se donner, il se livre comme la nourriture qui cesse d'être elle-même pour devenir celui qui la reçoit. Il devient nous. Cœur à cœur, fusion de deux cœurs en un. Ce que nous sommes, il le devient ; ce qu'il est, nous le devenons. La force se fait faiblesse, la faiblesse se fait force. Il devient en chacun de nous juste ce qui répond au besoin de chacun de nous. Si nous sommes obscurité, il se fait en nous lumière ; si nous sommes tourment, il se fait en nous paix et quiétude ; si nous sommes égoïsme, il se fait en nous charité. C'est ce qu'indique l'apôtre quand il dit : « Cum infirmor, tunc potens sum. » (*)
    Cet échange merveilleux s'opère par la présence réelle du Christ. Il réalise, au-delà de toute espérance, la promesse qu'il a faite d'être avec nous jusqu'à la consommation des siècles. Le monde peut crouler, les étoiles s'éteindre, ou nos temples se renverser : tant qu'il restera un coeur et une hostie, il restera encore sur terre une raison pour Dieu et pour l'homme de croire à la victoire de l'amour, et à la possibilité du bonheur. »

    R.P. Ponsard, Carême 1928, Retraite Pascale (Jeudi Saint, II), Conférences de Notre-Dame de Paris, Spes, 1928.

    (*) : II Cor XII, 10 : "Lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort."
    Voir le commentaire de Bossuet sur ce verset, dans son Panégyrique de l'Apôtre Saint Paul, ainsi que la remarquable méditation de Benoît XVI sur ce chapitre XII de la 2e Lettre aux Corinthiens, donnée lors de l'Audience générale du Mercredi 13 juin 2012.

    (à suivre demain)

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  • Méditation : de l'assiduité dans la prière

    « Aux premiers moments de chaque jour, disait le Prophète Roi, j'irai me présenter devant vous, Seigneur, pour implorer vos miséricordes. Là je considèrerai que vous êtes un Dieu saint, qui hait infiniment l'iniquité. (Ps 5, 5 ?)
    Que n'ai-je toujours suivi l'exemple de ce saint Roi, ô mon Dieu ! Sous prétexte de satisfaire à de prétendus besoins du corps, souvent je me suis lâchement abandonné au sommeil ; et je me suis privé par là les jours entiers de la nourriture spirituelle que je devais à mon âme, et qu'elle aurait trouvée dans la prière.
    Hélas ! Seigneur, j'éprouve à toute heure ma faiblesse pour le bien, et je m'en plains ; c'est de moi seul que je dois me plaindre. J'envie la force et le courage des saintes âmes pour pratiquer la vertu : c'est le pain de l'oraison qui les leur donne ; que n’imitè-je leur assiduité et leur confiance à s'en nourrir chaque jour dans la prière, et à prévenir pour cela toute autre occupation qui pourrait les en distraire ?
    Les vertus sont les seules richesses de l'homme chrétien : quelle plus grande indigence que la mienne ! mais à qui tient-il, ô mon Dieu, que je ne sois riche ? Ces richesses ne sont pas celles que le hasard donne : elles doivent être le fruit de mes efforts pour seconder la grâce ; et je suis dans une langueur extrême, faute de vouloir prendre la divine nourriture qui me doit fortifier.
    Il est vrai que j'ai souvent du dégoût pour cette divine nourriture : mais c'est faute de la prendre que je m'en suis dégoûté. Le mondain qui cherche la nourriture dans les plaisirs du siècle, ne trouve que du dégoût dans l'usage qu'il en fait. Il arrive tout le contraire à vos serviteurs, ô mon Dieu, qui se nourrissent de la prière : Votre conversation n'a rien d'amer (Sap. 8, 16), l'usage ne fait qu'en augmenter le goût. »

    P. Paul Segneri (1624-1694) s.j., La manne céleste de l'âme, ou Méditations sur des passages choisis de l’Écriture Sainte, pour tous les jours de l'année, Tome II (Juillet Ier jour, Entretien), Traduit de l'italien, A Bruxelles, Chez Simon T'Serstevens, 1714.

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  • Méditation : le Saint Nom de Jésus

    « JÉSUS. Tel est le Nom très saint, le seul Nom en lequel nous puissions être sauvés (1). Chaque fois que je le prononce, avec foi, chaque fois que mon cœur le chante, que tout mon être l'adore, c'est mon Sauveur que j'appelle, c'est à l'Auteur de la vie éternelle que je crie, dirigeant vers Lui, dans cette attente, toutes les énergies de mon être.

    Jésus ! Voilà la Pierre d'angle de l'immense édifice du salut, du temple de ma sainteté.

    Jésus ! Tel est le Nom admirable et saint que j'adore, qui fait exulter le ciel, espérer la terre et trembler l'enfer. C'est le seul devant lequel ma foi s'agenouille, s'incline et se prosterne.

    Jésus ! Ô doux souvenir (2), le seul souvenir qui donne des joies véritables, Jésus ! Nom plus doux que le miel, plus suave que toutes choses quand il s'incarne, pour ainsi dire, et pénètre dans ma pensée.

    Jésus ! Nom en qui le repentir espère, qui est toute bonté pour qui t'implore, si bon pour qui te cherche, et surtout pour qui te trouve. Celui-là seul peut l'exprimer qui l'expérimente.

    Jésus ! Quand ton souvenir me visite et pénètre mon cœur, alors, c'est la Vérité qui l'inonde de lumière, c'est le monde qui lui apparaît en toute sa vanité ; c'est alors l'amour qui brûle dans mon âme devenue fournaise, une fournaise d'amour.

    Jésus ! Nom très doux, espoir de mon âme qui soupire après toi. Regarde mes larmes qui te cherchent, entends le cri poussé des profondeurs de mon être.

    Jésus ! Reste avec moi, ô Lumière ; car la nuit tombe et mon jour est sur son déclin. Délivre-moi de mes ténèbres, ô Jésus, rassure-moi dans ma cécité.

    Jésus ! Je t'ai goûté et je reste affamé. Je t'ai bu comme à la source de Dieu et j'ai toujours soif. Qui t'a goûté, qui s'est enivré de la sorte, ce cœur-là ne peut plus que te désirer.

    Jésus ! Ô Lumière, ô Nourriture, ô Remède céleste ! Je t'adore, Nom descendu du sein paternel, manifesté à Gabriel, révélé à Marie, à Joseph ! Toute sainteté ici-bas, n'est qu'un rayon lointain de ta fulgurance éternelle.

    Jésus ! ô Jésus ! et toujours Jésus !... »

    1. Épitre. - 2. Hymne des Vêpres.

    Dom Vandeur, Élévations sur la Messe de chaque jour - Noël, Épiphanie (Le très saint Nom de Jésus-Christ), Éditions de Maredsous, Namur, Belgique, 1955.

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  • Méditation : l'Eucharistie, nourriture céleste

    « L'Eucharistie est établie pour restaurer et nourrir l'âme dans tous ses besoins (1) ; "pour fortifier le corps et l'âme et pour servir de remède" (2). Comme le corps épuisé de fatigues a besoin de renouveler la vie qui circule en lui, l'âme a besoin de réparer ses défaillances et de refaire ses forces. Ce qui manque à beaucoup de ces âmes que dévore l'ennui, le chagrin, ou simplement le vide de la vie, c'est le froment des élus ; la force des saints, c'est le vin des divines joies. Elles oublient qu'à chaque être il faut un aliment, proportionné à sa nature : "le foin, dit saint Cyrille, est la nourriture de l'animal, le pain l'aliment du corps ; et le Christ est le pain de l'âme."

    Un grand tort, c'est de considérer la Sainte Communion comme une récompense, comme une couronne de sainteté. Non, la Sainte Communion n'est pas une récompense de la vertu, car la vertu la plus haute ne saurait la mériter ; c'est un moyen d'acquérir la vertu, de se fortifier contre le mal, de persévérer et de s'avancer dans le bien. "Elle nous préserve du péché mortel, et c'est l'antidote qui nous délivre des fautes quotidiennes" (3) ; "nous prenons chaque jour le pain céleste afin de remédier à nos infirmités de chaque jour." (4). "Approchez-vous du Christ avec confiance ; vous n'allez pas à lui pour le sanctifier, mais pour être sanctifié par lui." (5). "Deux sortes de gens doivent communier souvent : les parfaits parce qu'ils sont bien disposés et les imparfaits pour travailler à acquérir la perfection ; les forts de crainte qu'ils ne deviennent faibles et les faibles pour qu'ils deviennent forts." (6)

    "Ô Jésus, très doux Seigneur, faites que mon âme ait faim de vous, vous qui êtes le pain des anges, l'aliment des âmes saintes, notre pain quotidien. Que j'aie soif de vous qui êtes la fontaine de vie, de science et de sagesse. Ô Dieu, vous êtes ma paix, mon refuge, ma propriété, mon trésor, mon bonheur. Qu'en vous seul soient fixés et implantés pour toujours, mes entretiens, mes pensées, mes œuvres, mes richesses, mon âme et mon cœur." (St Bonaventure) »

    1. St Thomas - 2. Canon de la Messe - 3. Concile de Trente - 4. St Ambroise - 5. St Bonaventure - 6. St François de Sales

    Abbé F. Maucourant, La vie d'intimité avec le bon Sauveur (Dix-septième méditation), Nevers, 1898.
    (Onzième méditation à lire au 14 novembre 2013)

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  • Méditation : la "nourriture des anges", empreinte de la grâce dans l'âme...

    « Regarde, ma fille bien-aimée, quelle excellence acquiert l'âme qui reçoit comme elle doit le recevoir ce pain de vie, cette nourriture des anges. En recevant ce sacrement, elle est en moi et moi en elle. Comme le poisson est dans la mer, et la mer dans le poisson, moi je suis dans l'âme et l'âme est en moi, l'océan de la paix. Et, dans cette âme, réside la grâce : elle a reçu le pain de vie en état de grâce, et la grâce demeure, quand l'accident du pain est consommé.
    Je lui laisse l'empreinte de la grâce, comme fait le sceau qu'on pose sur la cire chaude : lorsqu'on retire le sceau, l'empreinte du sceau reste, de même la vertu de ce sacrement reste dans l'âme ; elle conserve la chaleur de ma divine charité, la clémence du Saint-Esprit ; elle garde la lumière de la sagesse de mon Fils. L’œil de l'intelligence est éclairé de la sagesse du Verbe, pour qu'elle connaisse et contemple la doctrine de ma Vérité, et cette sagesse, qui reste avec force, la fait participer à ma force toute-puissante, qui fortifie l'âme contre sa propre passion sensitive, contre les démons et contre le monde. »

    Notre Seigneur à Ste Catherine de Sienne, in Auguste Saudreau, "Les divines Paroles ou ce que le Seigneur a dit à ses disciples dans le cours des siècles chrétiens", Tome II, Angers, Ed. de l'Ouest, 1936.

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  • Méditation : le Corps Eucharistique de Notre Seigneur

    « Pour avancer réellement dans la voie de la prière véritable et bien faite, il n'est pas de secours plus grand et plus utile que l'adorable et précieux corps eucharistique de Notre Seigneur Jésus Christ que l'homme doit recevoir en temps convenable, afin de s'y renouveler et de s'y régénérer pleinement. Mes chers enfants, vous devez être extraordinairement reconnaissants de ce que cette grande grâce vous soit plus souvent accordée qu'auparavant et vous devez en user plus que de tout autre secours ; car la nature est aujourd'hui si faible et si prompte à tomber en une foule de fautes et de péchés, que l'homme a grand besoin de puissants secours pour se relever et d'un appui pour se soutenir ; et cela, cette divine nourriture l'est plus que toute autre chose.
    [...]
    Il n'est pas du tout nécessaire d'avoir une grande dévotion bien sentie et d'avoir fait de grandes œuvres extérieures, il suffit qu'on soit sans péché mortel, qu'on ait le désir d'être bon, qu'on se tienne dans une humble révérence, qu'on se confesse indigne et qu'on reconnaisse sa misère. Cela suffit, mais cela est nécessaire et fort utile. Si l'homme veut continuer à se garder des chutes et des fautes graves, il est grandement nécessaire qu'il soit nourri de cette noble et forte nourriture ; elle l'entraîne en avant et l'élève jusqu'au sommet d'une vie divine... Vous devez vous hâter d'aller [à la table sainte], car c'est de là que viennent, c'est là que sont déposées et cachées toute force, toute sainteté, toute aide et toute consolation. »

    Jean Tauler, Sermon 48 (1 & 3, extraits), Éditions du Cerf, Paris, 1991.

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  • Méditation : Institution de la Sainte Eucharistie et du Sacerdoce

    « Mes bien-aimés, aujourd'hui nous rappelons pieusement la veille de la Passion du Seigneur, le jour sacré où il voulut faire un repas avec ses disciples, et, dans sa bonté, accepta d'endurer tout ce qui avait été écrit et annoncé touchant ses souffrances et sa mort, en vue de nous libérer tous. Nous devons donc célébrer dignement de si grands mystères de manière que, par notre participation volontaire à sa Passion, nous méritions d'avoir part à sa résurrection. Car tous les rites sacrés de l'Ancien Testament sont parvenus à leur plein achèvement dans le Christ, lorsqu'il confia à ses disciples le pain qui est son corps et le vin qui est son sang pour qu'ils en fassent l'offrande dans les mystères éternels, et lorsqu'il les donna en nourriture à tous les fidèles pour le pardon de toutes leurs fautes.

    Cette Passion qu'il a endurée dans son corps, par amour pour nous, afin de nous délivrer de la mort éternelle et de nous préparer le chemin du Royaume céleste, il nous a montré qu'il voulait la souffrir journellement chaque fois que nous célébrerions ce même mystère dans le sacrifice du saint autel, en vue de nous emmener avec lui dans la vie éternelle.

    Voilà pourquoi il a dit à ses disciples : "Prenez-en tous, car ceci est mon corps, et ceci est la coupe de mon sang qui sera répandu pour la multitude en rémission de tous les péchés" (cf. Mt XXVI 26-28). "Ainsi, chaque fois que vous en prendrez, vous le ferez en mémoire de moi" (cf. I Co XI 24.26) [...]

    Le Christ est donc présent sur l’autel ; le Christ est mis à mort et sacrifié ; le corps et le sang du Christ sont reçus. Lui qui, en ce jour, a donné le pain et la coupe aux disciples, les consacre lui-même aujourd'hui. Non, vraiment, ce n'est pas un homme qui peut consacrer le corps et le sang du Christ posés sur l’autel, mais le Christ en personne, lui qui a été crucifié pour nous. Les paroles sont prononcées par la bouche du prêtre ; le corps et le sang sont consacrés par la puissance et la grâce de Dieu.

    Aussi garderons-nous purs en toutes choses notre esprit et notre pensée, puisque nous avons un sacrifice pur et saint. Voilà pourquoi nous devons également nous employer à sanctifier nos âmes. [...] Dès lors, nous célébrerons en toute simplicité ces mystères, en faisant attention à ces recommandations, et nous nous approcherons de la table du Christ avec les dispositions qui conviennent, afin de partager éternellement la vie du Christ, lui qui vit et règne avec le Père et le Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen. »

    Sermon pour le Jeudi-Saint attribué à St Augustin, MAI, 143, I.III ; PLS 2, 1238-1239.

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    La dernière Cène, Pascal Dagnan-Bouveret (1852-1929) (Source et crédit photo)

  • Méditation : "L'ignorance des Écritures est l'ignorance du Christ"

    « À propos des textes bibliques médités, ne prenez point prétexte de ce qu'ils vous sont connus, pour faire une moue dédaigneuse ; mais confiez-le à votre cœur avec cette avidité que nous devons toujours avoir, soit à prêter l'oreille aux désirables Paroles du salut, soit à les proférer nous-mêmes. Si fréquemment que les vérités saintes nous soient exposées, jamais une âme qui a soif de la vraie connaissance n'en éprouvera de satiété ni d'aversion. Elles lui seront nouvelles chaque jour, chaque jour également désirées. Plus souvent elle s'en sera nourrie, plus elle se montrera avide de les entendre ou d'en parler.
    Leur répétition confirmera la connaissance qu'elle en a, loin que les conférences multipliées lui donnent un soupçon de dégoût. C'est l'indice évident d'une âme tiède et superbe, de recevoir avec ennui et indifférence la Parole du salut, quand même il y aurait de l'excès dans l'assiduité qu'on met à la lui faire entendre : « Celui qui est rassasié foule aux pieds le rayon de miel ; mais à celui qui est dans le besoin, cela même qui est amer parait doux » (Pr 27,7).
    Recueillie avec empressement, soigneusement déposée dans les retraites de l'âme, munie du cachet du silence, il en sera de la doctrine comme de vins au parfum suave, qui réjouissent le cœur de l'homme. Ainsi que la vieillesse fait le vin, la sagesse, qui tient lieu à l'homme de cheveux blancs, et la longanimité de la patience la mûriront. »

    St Jean Cassien (360-435), Conférence n°14, 13, Trad. SC 54 rev.

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    « Chers jeunes, je vous exhorte à devenir des familiers de la Bible, à la garder à portée de la main, pour qu'elle soit pour vous comme une boussole qui indique la route à suivre. En la lisant, vous apprendrez à connaître le Christ. Saint Jérôme observe à ce propos : "L'ignorance des Écritures est l'ignorance du Christ" (PL 24, 17 ; cf. Dei Verbum, n. 25). Un moyen assuré pour approfondir et goûter la parole de Dieu est la lectio divina, qui constitue un véritable itinéraire spirituel par étapes. De la lectio, qui consiste à lire et relire un passage de l'Écriture Sainte en en recueillant les principaux éléments, on passe à la meditatio, qui est comme un temps d'arrêt intérieur, où l'âme se tourne vers Dieu en cherchant à comprendre ce que sa parole dit aujourd'hui pour la vie concrète. Vient ensuite l'oratio, qui nous permet de nous entretenir avec Dieu dans un dialogue direct, et qui nous conduit enfin à la contemplatio ; celle-ci nous aide à maintenir notre cœur attentif à la présence du Christ, dont la parole est une « lampe brillant dans l’obscurité, jusqu'à ce que paraisse le jour et que l'étoile du matin se lève dans nos cœurs » (2 P 1, 19). La lecture, l'étude et la méditation de la Parole doivent ensuite déboucher sur l'adhésion d’une vie conforme au Christ et à ses enseignements. »

    Benoît XVI, extrait du Message au jeunes du monde à l'occasion de la XXIème Journée Mondiale de la Jeunesse, 22 Février 2006.
    (Texte intégral)

  • Méditation : « Sanctifiez le jeûne » !

    « L’homme est une hostie à la fois vivante et immolée lorsque, sans quitter cette vie, il fait cependant mourir en lui les désirs charnels. La chair satisfaite nous a entraînés au péché ; que la chair mortifiée nous ramène au pardon. L’auteur de notre mort [Adam] a transgressé les préceptes de vie en mangeant le fruit défendu de l’arbre. Il faut donc que déchus des joies du paradis par le fait de la nourriture, nous nous efforcions de les reconquérir, autant que nous le pouvons, par l’abstinence.
    Mais que personne ne s’imagine qu’il nous suffise de cette abstinence, alors que le Seigneur dit par la bouche du prophète : « Le jeûne que je préfère ne consiste-t-il pas plutôt en ceci ? » Et il ajoute : « Partage ton pain avec l’affamé, reçois chez toi les pauvres et les vagabonds ; si tu vois quelqu’un de nu, habille-le, et ne méprise pas celui qui est ta propre chair. » (Is 58, 6-7). Voilà le jeûne que Dieu approuve : un jeûne qui élève à ses yeux des mains remplies d’aumônes, un jeûne réalisé dans l’amour du prochain et imprégné de bonté. Prodigue à autrui ce que tu retires à toi-même ; ainsi, la mortification même de ta chair viendra soulager la chair de ton prochain qui est dans le besoin.
    C’est en ce sens que le Seigneur dit par la voix du prophète : « Lorsque vous jeûniez et que vous vous lamentiez, est-ce pour moi que vous jeûniez tant ? Et quand vous mangez et buvez, n’est-ce pas pour vous que vous mangez et pour vous que vous buvez ? » (Za 7, 5-6). Celui-là mange et boit pour lui-même, qui consomme, sans les partager avec les indigents, les aliments du corps, qui sont des dons du Créateur appartenant à tous. Et c’est pour soi qu’on jeûne, si l’on ne donne pas aux pauvres ce dont on s’est privé pour un temps, mais qu’on le garde pour l’offrir un peu plus tard à son ventre.
    A ce sujet, Joël dit : « Sanctifiez le jeûne. » (Jl 1, 14). Sanctifier le jeûne, c’est rendre son abstinence corporelle digne de Dieu en y associant d’autres bonnes œuvres. Que cesse la colère ; que les querelles s’apaisent. Car il est vain de tourmenter sa chair si l’on ne met un frein aux plaisirs mauvais de l’âme, puisque le Seigneur affirme par la voix du prophète : « Voilà qu’au jour de jeûne, vous ne faites que votre volonté. Voilà que vous jeûnez en vue des procès et des luttes ; vous frappez méchamment à coups de poing, et vous réclamez leurs dettes à tous vos débiteurs. » (Is 58, 3-4). Celui qui réclame à son débiteur ce qu’il lui a donné ne fait rien d’injuste ; mais à celui qui se mortifie par la pénitence, il convient mieux de s’interdire de réclamer même ce qui lui revient de droit. Quant à nous, mortifiés et pénitents, Dieu ne nous remettra ce que nous avons fait d’injuste que si nous abandonnons, par amour pour lui, même ce qui nous revient de droit. »

    St Grégoire le Grand (540-604), Homélie 16 (5-6), Prononcée devant le peuple dans la basilique de saint Jean, dite Constantinienne, le premier dimanche de Carême, 4 mars 591. Traduction et édition papier par les Moines bénédictins de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux (84330 - France). (Source)

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    Grégoire le Grand dictant la réforme liturgique sous l'inspiration de l'Esprit Saint
    Gravure illustrant "Histoire du pontificat de Saint Grégoire le Grand", Maimbourg, 1686.
    (Source et crédit photo)

  • Méditation : le repentir

    « Le Seigneur aime le pécheur repentant ; il le serre avec tendresse sur son cœur : « Où étais-tu, mon enfant ? Je t'attends depuis longtemps. » Le Seigneur appelle ainsi à lui tous les hommes par son Évangile ; sa voix retentit dans le monde entier : « Venez à moi, vous tous qui peinez, et je vous donnerai le repos. Venez et buvez l'eau vive (Mt 11,2 ; Jn 4,10). Venez et apprenez que je vous aime... Je ne peux pas supporter que même une seule de mes brebis se perde. Même pour une seule, le Pasteur va dans les montagnes et la cherche partout. Venez donc à moi, mes brebis. Je vous ai créées et je vous aime. Mon amour pour vous m'a fait venir sur la terre, et j'ai tout enduré pour votre salut. Je veux que vous connaissiez mon amour et que vous disiez comme les apôtres sur le Mont Thabor : "Seigneur, il est bon pour nous d'être avec toi" (Mt 17,4) ». Le Seigneur nous appelle sans cesse vers lui : « Venez à moi, et je vous donnerai le repos ». Il nous nourrit de son Corps très pur et de son Sang. Avec bonté, il nous éduque par sa parole et par le Saint Esprit ; il nous a révélé les mystères. Il vit en nous et dans les sacrements de l’Église, et il nous conduit là où nous verrons sa gloire. Mais chacun verra cette gloire dans la mesure de son amour... Tu as attiré à toi les âmes des saints, Seigneur, et elles coulent vers toi comme des rivières silencieuses. »

    St Silouane (1866-1938), in Archimandrite Sophrony, Starets Silouane, moine du Mont Athos, vie, doctrine, écrits, Tr. Hieromoine Symeon, Ed. Présence, 1975.

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  • Méditation : le repas

    « Quand vous vous mettrez à table, vous vous persuaderez que Notre-Seigneur y est assis le premier, plus désireux de vous repaître selon l'esprit que selon le corps. Il veut toutefois que vous fassiez cette action, puisqu'on ne peut subsister sans cela pour l'entretien de la vie. Imaginez-vous qu'il mange le premier et veut que vous mangiez avec lui ; et croyez que vous ne devez pas prendre votre réfection corporelle avec moins de charité et de révérence en son endroit, que lorsque vous êtes à l'autel pour repaître de lui-même votre âme languissante et affamée de l'aimer et de le posséder.

    Il vous sera facile de conclure de ceci avec quelle gravité vous devez être, et procurer que les autres soient à table, ne souffrant qu'on tienne des propos autres que divins en votre présence, ou, pour le moins, tendant à pareille fin. »

    Jean de Saint-Samson (1571-1636), Le Miroir et les Flammes de l'Amour divin, Oeuvres complètes vol.1, Editions Carmélitaines.

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  • Méditation : la communion eucharistique

    « Nous mangeons notre Dieu. Quel admirable et innefable amour il a fallu, pour inventer cette merveille ! Cet amour dépasse tous les sens, et cet amour devrait blesser le coeur de tous les hommes, tellement il est au-dessus de tout, l'amour de Jésus pour nous.
    Or, il n'y a point de chose matérielle qui soit aussi proche et aussi intime à l'homme que le boire et le manger reçus dans la bouche de l'homme, et c'est précisément pour cela, c'est pour s'unir à nous de la façon la plus proche et la plus intime, qu'il a trouvé ce merveilleux procédé. [...] De même que la nourriture corporelle est transformée en notre chair, de même celui qui mange dignement l'adorable nourriture est changé en elle. C'est ainsi que Notre Seigneur a pu dire à saint Augustin : "Ce n'est pas moi qui suis changé en toi, c'est toi qui est changé en moi." Cette nourriture s'en va, par les artères, jusqu'au fond intime de celui qui la reçoit dignement. Prenons la parole de saint Bernard : "Quand nous mangeons la nourriture corporelle, nous la mâchons tout d'abord, et ensuite elle descend doucement dans le corps." Qu'est-ce donc que cette mastication ? Saint Bernard le dit : "Quand nous mangeons Dieu, c'est nous qui sommes mangés par Lui, Il nous mange." »

    Bx Jean Tauler (1300-1361), Sermon XXX (3), Le Cerf, Coll. Sagesses, Paris, 1991

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