« L'esprit de réparation grandit en nous dans la mesure où grandit la charité. L'amour, ici comme partout, comme toujours, ouvre les yeux, éveille la sensibilité, décide le mouvement vital.
Qui n'aime pas, ne regarde pas le monde sous le jour où il faut le voir pour comprendre le besoin de la réparation. Qui n'aime pas, ne s'inquiète pas de savoir si Jésus est connu, aimé, servi ici-bas ; il ne tourne point ses recherches de ce côté, et, ne regardant pas, il ne voit pas comment on traite le divin amour. Il n'est pas plus en souci de la gloire de Dieu et du sort éternel de ses frères. Que se fait-il autour de lui pour ou contre l'honneur divin ? Que deviennent les âmes ? Voilà des questions qui ne l'occupent guère. Mais comme elles intéressent ceux qui aiment, ces questions souveraines ! Parce qu'ils aiment, et dans la mesure où ils aiment, leurs yeux s'ouvrent ; ils regardent, ils démêlent avec une croissante perspicacité tout ce qui touche ces suprêmes intérêts. Rien ne leur échappe de ce qui peut les réjouir, ou les attrister, dans cet ordre de choses. Leur attention sans cesse en éveil, reste fixée là où est leur coeur...
[...] Parce qu'elles aiment, elles souffrent de tout ce qui blesse l'amour. Da mihi amantem, et sciet quod dico, disait saint Augustin. Elles savent compatir aux douleurs du Coeur Sacré ; elles voudraient les lui épargner, les consoler du moins ; elles sont touchées au vif par ce qui l'atteint ; elles partagent ses sollicitudes, elles ont, comme lui, les angoisses de la charité ; elles s'inclinent vers les pécheurs pour leur prêter secours. Elles aiment ! »
Abbé L. de Bretagne, La vie réparatrice, Desclée, De Brouwer et Cie, Paris-Lille-Bruges-Rome, 1909.
La Dérision du Christ, de Gerrit van Honthorst (1590-1656)
(Los Angeles County Museum of Art, Los Angeles)