Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

edouard de lehen

  • Méditation : Nous devons persévérer longuement dans la prière

    « Voulez-vous que toutes vos prières soient infailliblement efficaces ? Voulez-vous forcer Dieu à satisfaire tous vos désirs ? Je dis d'abord qu'il ne faut jamais se lasser de prier...
    Écoutez, âmes chrétiennes, un sentiment que je voudrais pouvoir graver dans tous vos cœurs. Quand on a véritablement conçu jusqu'où s'étend la bonté de Dieu, on ne se croit jamais rebuté, on ne saurait croire qu'il veuille nous ôter toute espérance. Pour moi j'avoue que plus je vois que Dieu me fait demander une grâce, plus je sens croître en moi le désir de l'obtenir : je ne crois jamais que ma prière est rejetée que quand je m'aperçois que j'ai cessé de prier ; lorsqu'après un an de prière, je me trouve autant de ferveur à demander que j'en avais en commençant, je ne doute plus de l'accomplissement de mes désirs, et bien loin de perdre courage après tant de délais, je crois avoir lieu de me réjouir, parce que je suis persuadé que je serai plus pleinement satisfait qu'on m'aura laissé prier plus longtemps...
    En effet, la conversion d'Augustin ne fut accordée à sainte Monique qu'après seize ans de larmes ; mais aussi ce fut une conversion entière, une conversion incomparablement plus parfaite qu'elle ne l'avait demandée. Tous ses désirs se terminaient à voir l'incontinence de ce jeune homme réduite dans les bornes du mariage ; et elle eut le plaisir de lui voir embrasser les conseils les plus relevés de la chasteté évangélique. Elle avait seulement souhaité qu'il fût chrétien, et elle le vit élevé au sacerdoce, à la dignité d'évêque. Enfin elle ne demandait à Dieu que de le voir sortir de l'hérésie, et Dieu en fit la colonne de son Église, et le fléau des hérétiques de son temps. Si, après un ou deux ans de prières, cette pieuse mère se fût rebutée ; si, après dix ou douze ans, voyant que le mal croissait tous les jours, que ce malheureux fils s'engageait encore en de nouvelles erreurs, en de nouvelles débauches, qu'à l'impureté il avait ajouté l'avarice et l'ambition ; si alors elle eût tout abandonné par désespoir, quelle aurait été son illusion, quel tort n'aurait-elle pas fait à son fils, de quelle consolation ne se serait-elle pas privée elle-même, de quel trésor n'aurait-elle pas frustré son siècle et tous les siècles à venir ? »

    P. Edouard de Lehen s.j. (1807-1867), La Voie de la Paix intérieure dédiée à Notre-Dame de la Paix (Troisième Partie, Chap. V, Art. I), Nouvelle édition, Paris, René Haton, 1883 (1ère éd. Paris, 1855).

    Sainte_Monique_4.jpg

    Ste Monique et St Augustin
    (Crédit photo)

  • Méditation : de la tristesse

    « Pour ce qui regarde une certaine tristesse qui resserre le cœur et qui l'abat, voici deux règles qu'il me paraît important d'observer. La première est de remédier à cette tristesse par les moyens que la Providence nous fournit : par exemple, ne se point surcharger d'affaires pénibles, pour ne point succomber sous un fardeau disproportionné ; ménager non seulement les forces de son corps, mais encore celles de son esprit, en ne prenant point sur soi des choses où l'on compterait trop sur son courage ; se réserver des heures pour prier, pour lire, pour s'encourager par de bonnes conversations ; même s'égayer pour délasser tout ensemble l'esprit avec le corps, suivant le besoin...
    La seconde règle est de porter paisiblement toutes les impressions involontaires de tristesse que nous souffrons, malgré les secours et les précautions que nous venons d'expliquer. Les découragements intérieurs nous font aller plus vite que tout le reste dans la voie de la foi, pourvu qu'ils ne nous arrêtent point, et que la lâcheté involontaire de l'âme ne la livre point à cette tristesse qui s'empare, comme par force, de tout l'intérieur...
    Ô mon Dieu ! pourvu que je ne cesse de vous voir, je ne cesserai point de me voir dans toutes mes misères, et je me verrai bien mieux en vous qu'en moi-même. La vraie vigilance est de voir en vous votre volonté pour l'accomplir, et non de raisonner à l'infini sur l'état de la mienne.
    Quand les occupations extérieures m'empêcheront de vous voir seul, en fermant dans l'oraison les avenues de mes sens, du moins alors, Seigneur, je vous verrai faisant tout en tous. Je verrai partout avec joie votre volonté s'accomplir, et au dedans de moi et au dehors ; je dirai sans cesse amen ! comme les bienheureux, je chanterai toujours dans mon cœur le cantique de la céleste Sion ; je vous bénirai même dans les méchants, qui par leur volonté mauvaise ne laissent pas d'accomplir malgré eux votre volonté toute juste, toute sainte, toute-puissante. »

    P. Edouard de Lehen s.j., La voie de la paix intérieure, dédiée à Notre-Dame de la Paix (ch. IV, art. XIV), Paris, René Haton, 1876 (1ère éd. Vve Poussielgue-Rusand, 1855).

    larmes-ange_1a.jpg