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  • Une passionnante biographie de Mgr Bugnini, "l'homme clé" de Vatican II

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    Annibale Bugnini
    Yves Chiron
     
    S'il est une figure controversée dans l'histoire de la réforme liturgique qui a suivi le Concile Vatican II, c'est sans nul doute celle de Mgr Annibale Bugnini (1912-1982). On ne compte plus les écrits qui lui sont hostiles, le rendant seul responsable d'une réforme liturgique dévastatrice, ni les rumeurs invérifiées colportées à son égard, telle son appartenance à la Franc-Maçonnerie.

    Yves Chiron, historien dont le sérieux et la compétence ne sont plus à prouver, a rédigé la première biographie complète de celui qui fut l'un des plus proches collaborateurs du Bx Paul VI, avant d'en être définitivement éloigné en 1975. Ni réhabilitation, ni portrait à charge, cette biographie remarquablement documentée replace cet évêque tant contesté dans son contexte historique, avant, pendant et après Vatican II. Impartial, l'auteur s'en tient aux faits, chaque élément étant dûment référencé, et les abondantes notes bibliographiques permettent au lecteur de prolonger ses recherches s'il le désire. Mgr Bugnini ne fut ni un grand théologien, ni un grand liturgiste, c'est une évidence. Mais doué d'un remarquable sens de l'organisation, excellent « communicant » dirions-nous aujourd'hui, il fut durant une grande partie de sa vie secrétaire des organismes successifs qui mirent en œuvre la réforme liturgique : la Commission pour la Réforme liturgique créée par Pie XII (1948-1960), la Commission préparatoire pour la liturgie créée par Jean XXIII (1960-1962), le Consilium créé par Paul VI (1964-1969), et enfin la Congrégation pour le Culte divin de 1969 à 1975. On comprend qu'il ait été le point de mire de tous les regards s'agissant de cette réforme ! A partir de 1960, plus que secrétaire, il fut d'ailleurs le véritable maître d’œuvre des réformes qui allaient s’engager.

    Les témoignages relatés par Yves Chiron, les très nombreuses citations des écrits officiels et privés - à chaque fois qu'il y a eu accès, les notes circonstanciées des commentateurs de l'époque, l'exacte précision chronologique, tout ici concourt à donner à ce récit biographique un caractère vivant, qui le rend passionnant à lire. Des années 1940 aux années 1980, ce sont 40 années d'histoire de l’Église qui sont explorées, 40 années de réformes liturgiques, des plus modérées aux plus radicales, qui ont abouti aux résultats que l'on connaît. Pas de jugement personnel de la part de l'auteur - les écrits parlent d'eux-mêmes - qui laisse le lecteur faire la part des choses, et rendre à Mgr Bugnini ce qui lui appartient. Et l'on oubliera pas que nombre de prêtres et d'évêques, qui outrepassèrent les directives romaines, contribuèrent grandement dès les années 1960 à ce que le Cardinal Ratzinger lui-même appela la « désintégration de la liturgie »...

    Une bibliographie remarquablement complète, indispensable à qui veut comprendre les mécanismes qui ont été mis en œuvre tout au long de cette réforme liturgique, et la part de responsabilité de chacun des protagonistes de cette entreprise réformatrice.

    Desclée de Brouwer - 224 pages - 18,90 €
  • Livre : Un voyage captivant aux origines de Port-Royal

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    Les filles de Dieu
    Aux origines de Port-Royal (1608-1638)
    Emmanuel Pic

     

    C'est à une plongée dans la France du début du XVIIe siècle que nous invite l'auteur, prêtre à Dijon et professeur de théologie au Grand Séminaire de Mayidi (en République Démocratique du Congo), et au Centre universitaire catholique de Bourgogne (CUCDB). En un siècle ou le politique et le religieux sont encore étroitement liés, c'est donc en compagnie de Louis XIII et du duc de Luynes, du cardinal de Richelieu et de son conseiller occulte le père Joseph (l'éminence grise), et en ce temps de richesse spirituelle des Vincent de Paul, Bérulle, Charles de Condren ou encore Monsieur Olier, que nous sommes embarqués dans l'aventure de la réforme de l'ordre de Cîteaux, entre Bourgogne et Paris. Si Port-Royal est surtout connu pour son implication dans les grandes batailles jansénistes qui se déclarèrent après la "prise de pouvoir" par Saint-Cyran en 1635, ces premières années de réforme le sont beaucoup moins, et l'auteur nous mène avec beaucoup d'érudition et en un style captivant en cette découverte. A l'abbaye de Tart près de Dijon tout d'abord, où l'évêque-duc Zamet dirige cette réforme en rêvant à un destin national. Dans cette perspective, il créera en 1627 à Paris l'Institut du Saint-Sacrement, dans une guerre alors ouverte avec l'archevêque de Paris monsieur de Gondi. Près de la capitale ensuite, où nous suivons parallèlement les premiers pas des soeurs Arnauld - Angélique et Agnès - et de leurs frères, de Port-Royal-des-Champs à Paris. Le parcours de l'abbé de Saint-Cyran est remarquablement retracé, de Camdeprats en Gascogne - où il étudie avec Jansen, avant le départ de ce dernier pour Louvain - à Poitiers puis Paris, où son érudition a tôt fait de le faire remarquer. Son influence grandissante dans la direction spirituelle des filles de Port-Royal est décrite non sans humour. « Saint-Cyran s'accrochait à Port-Royal comme le gui à son chêne - comme l'huître à son rocher. » Il est intéressant au passage de voir qu'il bénéficia au cours de ces premières années du soutien déclaré de saint Vincent de Paul, du cardinal de Bérulle, et de bien d'autres prélats, trop peu méfiants des excès de langage et de ses positions de plus en plus marquées contre l'Eglise romaine - que sa correspondance secrète avec Jansenius ne faisait que renforcer. Chacun de ces protagonistes est rendu particulièrement vivant, et la grande érudition de l'auteur lui permet de composer des descriptions précises et colorées, et des dialogues captivants qui rendent ce récit vif et pittoresque. Cela n'ôte en rien le sérieux et la solidité de la réflexion spirituelle qui sous-tend le récit, cette période d'effervescence religieuse particulièrement complexe étant éclairée ici par la grande pédagogie du père Emmanuel Pic, qui ne manque pas d'esprit pour décrire certaines situations plus insolites. Un récit d'une haute tenue, qui fait revivre avec grande précision une facette trop peu connue de l'histoire de la réforme de Cîteaux, et cette lacune est ici comblée avec bonheur. Partez à la découverte de l'origine de Port-Royal (1608-1638), vous y ferez bien des découvertes surprenantes et instructives. Une belle réussite.

    DDB - 264 pages - 19,90 €

  • Dixième anniversaire de la mort de St Jean-Paul II

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    Petite vie de Jean Paul II, par Christophe Henning (Troisième édition actualisée)


  • A la découverte de l'Eglise orthodoxe : "Cinq leçons sur l'orthodoxie"

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    Cinq leçons sur l'orthodoxie
    Guy Fontaine

    Ayant eu à constater de lui-même que l'Eglise orthodoxe est fort méconnue en Occident, le recteur de la paroisse Saint Alexandre Nevsky à Liège (Belgique) a rédigé un petit livre fort clair, qui apporte une multitude de réponses aux questions les plus couramment entendues, comme à celles que tout croyant pourrait être amené à se poser, notamment concernant les sujets de divergence entre l'Eglise catholique et l'Eglise orthodoxe.

    Ce livre s'ouvre sur une présentation générale de l'orthodoxie et de ses Eglises ("là où il y a un évêque, il y a une Eglise"), rappelant son enracinement dans la Tradition (les sept premiers conciles jusqu'à Nicée en 787). Après quelques précisions sur des points qui intriguent souvent l'occidental (comme la raison d'être de la barre oblique de la croix russe), Guy Fontaine propose en quelques chapitres une présentation plus approfondie des piliers de la spiritualité orthodoxe que sont la Tradition, l'Ecriture, l'iconographie et l'hymnographie (icônes et chant sacré fort appréciés de nombreux catholiques).
    Au travers d'informations très accessibles, l'on découvre ainsi de l'intérieur l'église orthodoxe et sa liturgie. Des explications précises sont données concernant le "filioque" du Credo, les métanies (prosternations) et le signe de croix (le "comment" et le "pourquoi"), la grâce divine (surabondante), l'immaculée conception, l'assomption ou la dormition de Marie, ce que signifie la communion eucharistique sous les deux espèces (sans intercommunion ni "réserve eucharistique"), et bien d'autres sujets toujours abordés avec pédagogie.

    Un chapitre d'une grande limpidité explique ce que sont les icônes, et en quoi elles diffèrent essentiellement des représentations figuratives occidentales. Puis l'auteur invite à connaître et approfondir la "Prière de Jésus" (que l'on appelle aussi la "Prière du coeur") : "Seigneur Jésus-Christ, fils de Dieu, prends pitié de moi, pécheur". Rappel historique du Récit d'un pèlerin russe, des grands noms de l'Eglise d'Orient (St Syméon le Nouveau Théologien, le moine athonite Nicéphore, St Grégoire Palamas), de la Philocalie, suivi de l'importance du "nom" et de sa prononciation, des premiers récits bibliques à nos jours. L'auteur livre ici de très beaux développements sur la signification, l'essence de la prière du coeur - chemin de voyage intérieur - et de précieux conseils et suggestions pratiques pour entrer dans cette prière, et l'intérioriser.

    Enfin un dernier chapitre sur le statut de la femme dans l'Eglise orthodoxe fait le point sur cette question, moins controversée qu'en l'Eglise catholique : l'Eglise orthodoxe appelle au dépassement (et non à l'élimination) des différences, à transcender cette différence homme/femme, suivant l'épitre aux Galates, "il n'y a plus l'homme et la femme, car tous vous n'êtes qu'un en Jésus-Christ" (Ga 3, 28).

    Un lexique en fin de volume explicite tous les mots spécifique de cette Eglise, d'acathiste et acédie à zéon, en passant par archimandrite, déisis, hésychasme, métanie, starets... 118 termes sont ainsi détaillés, pour conclure un petit volume d'une grande clarté, et accessible à tous, sans rien ôter de la profondeur et de la rigueur requise par les sujets abordés. Une excellente lecture, pour (mieux) connaître l'Eglise orthodoxe et tout ce qui lui est propre.


    DDB - 160 pages - 14,90 €

  • 3 livres pour réfléchir aux enjeux du Synode sur la famille

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    Ces trois ouvrages, remarquablement documentés et sérieux (même si le premier parsème la justesse de son analyse d'un humour de très bon ton), seront présentés en détail dans les prochains jours. Vous les retrouverez également en page Librairie sur Chemin d'Amour vers le Père.

  • Une sélection de beaux et bons livres pour votre été (3)

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    Gustave Thibon La leçon du silence
    Raphaël Dabailiac
     
    Ce livre bienvenu parce que particulièrement bien accordé à notre temps, s'ouvre sur une biographie courte et concise de Gustave Thibon. L'on y retrouve ces noms familiers qui ont jalonné son existence : Jaques Maritain, Jean de Fabrègues, Gabriel Marcel, Simone Weil, Jacques Loew... sans oublier Mère Marie-Thérèse (au carmel d’Avignon) dont la rencontre fut si déterminante en ses jeunes années. Et tellement présents dans sa vie aussi, les coups frappés à coups redoublés à sa porte par la mort, qui emporta si tôt ses deux premières épouses, et Yvette bien des années plus tard ("Seuls les morts savent aimer : j'apprends cela à mesure que la mort pénètre en moi" écrira-t-il dans l'Ignorance étoilée en 1974). Et c'est donc à pas feutrés que nous sommes invités à entrer dans ce jardin anthologique, cultivé par thèmes avec grande maîtrise, par l'auteur qui nous invite à une promenade aussi instructive que revigorante.

    Rédigé d'une plume alerte, et dans un style que l'on croirait emprunté à Gustave Thibon lui-même, mordant, décapant même, ce livre pourrait se déguster d'un trait si l'esprit n'était sans cesse ramené à la réflexion par les nombreuses citations, fort bien choisies, extraites de la riche bibliographie de l'auteur (elle est donnée en fin d'ouvrage). De toute évidence, Raphaël Debailiac aime Thibon, connaît le philosophe et son œuvre, et adhère à sa pensée. Les commentaires, forts, puissants, sans concession ni compromis, qui présentent et encadrent ces citations, les mettent remarquablement en valeur, et étoffent la réflexion par la justesse de leur analyse. Le regard de l'auteur sur notre monde rejoint celui de Gustave Thibon : aucun fatalisme, pas de "désenchantement" ; seuls la lucidité et la quête de la vérité éternelle servent de fil conducteur à l'ensemble du livre. Ainsi que l'écrivait Thibon dans L'Échelle de Jacob : "Les vérités suprêmes manquent d'arguments. Elles savent se donner, elles ne savent pas plaider leur cause. Nos certitudes les plus intimes, les plus nourricières sont aussi les plus vulnérables sur le terrain dialectique. Les défendre, c'est déjà les trahir. Leur innocence, leur fraîcheur, leur magnétisme divins étouffent sous la cuirasse des arguments." Ici donc pas de longues argumentations, pas de raisonnements soutenus pour défendre tel ou tel point de vue. Un seul regard, aussi juste que peut l'être le regard humain, en lequel se rejoignent les deux écrivains, regard intense posé sur le monde et les hommes, qui effleure, pénètre, ausculte, et dégage avec clairvoyance les ressorts cachés qui animent sa pensée...

    Les familiers de Gustave Thibon se réjouiront de retrouver en ce livre si bien construit et si riche, le philosophe lucide et sans concession, et son inlassable quête de Dieu et de l'éternité en l'homme, et ceux qui viendraient ici à le découvrir seront certainement ravis de voir à quel point ces écrits en lesquels une profonde sagesse sourd derrière leur façade parfois cruelle, demeurent d'une frappante actualité.

    DDB / Artège - 284 pages - 15 x 22cm - 18,90 €